AU SÉNÉGAL, LA PRISON DEVIENT LE REFUGE DES HOMMES LIBRES
Les écarts de langage dans une démocratie mature peuvent être combattus de façon plus intelligente et plus mesurée - Quand on règne sur des hommes, et parfois de façon abusivement injuste, la moindre tribu à payer, c’est de subir les armes des dominés
L'état d'une démocratie se mesure d'abord par la liberté d'expression des journalistes, des lanceurs d'alerte et des intellectuels engagés. Il y a trop d’hommes « libres » dans les prisons sénégalaises, il y a trop d’idées libres dans les prisons sous Macky Sall.
Aujourd'hui je fais mienne la formule de Dostoievski selon laquelle « On peut mesurer le degré de civilisation d'une société en visitant ses prisons ». Mais en l'adaptant à notre contexte sénégalais, je dirais plutôt ceci : en visitant les prisons sénégalaises d'aujourd'hui, on est révolté par le fait qu'elles sont remplies par la crème tandis que les médiocres et les ripoux sont dehors ; et aux commandes !
Adama Gaye paie et paiera encore le prix de sa liberté de ton qu'aucun pouvoir n'a jusqu'ici réussi à encastrer dans l'asphalte de la corruption qui a fini de museler une bonne frange de la presse.
Tout le monde savait que le verbe viril et virulent de cet homme finirait pas le faire tomber dans les mailles de la justice aux ordres. Mais on a entendu pire que ça. On a vu un président et son ministre être peints sous les aspects de violeurs dont la victime aurait été la Constitution. On a entendu et lu des allégations sur un président qui porterait des couches… Les écarts de langage dans une démocratie mature peuvent être combattus de façon plus intelligente et plus mesurée : la prison ne peut rien contre les idées. Le pamphlet, l’ironie, etc., dans une démocratie sont des procédés littéraires qui peuvent parfois prendre la forme de l’injure. C’est vrai que l’injure ne peut être excusée, mais ce qui fait la grandeur des autorités dans une démocratie, c’est de faire preuve de mansuétude à l’égard des dérapages parfois inévitables en démocratie. Quand on règne sur des hommes, et parfois de façon abusivement injuste, la moindre tribu à payer, c’est de subir les armes des dominés.
Adama Gaye est certes passionné quand il défend ses positions et les intérêts de son pays, mais son arrestation ne se justifie nullement. Il ne faut pas pousser les citoyens dans une situation d’insurrection verbale en s’emparant éhontément de tous leurs espaces de liberté. Il ne faut jamais écraser ses adversaires, or depuis qu’il est au pouvoir, Macky Sall n’a fait autre chose que réduire ses adversaires au néant après les avoir diabolisés à outrance dans ses réseaux de la presse.
S'il est vrai que les lâches ont toujours la partie belle dans l'histoire (ils sont les charognards de l'humanité) et que les martyrs sont les vraies roues de l'histoire de l'humanité, il est aussi vrai que leur histoire s'écrit uniquement au présent. Les lâches tombent dans l'oubli dès que les accidents qui les ont créés s'évanouissent dans le décor embrouillé des événements bruyants qui empêchent de réfléchir.
par l'éditorialiste de seneplus, demba ndiaye
LES SALES COUPS D’HIVERNAGE D’UN ÉTAT VOYOU
EXCLUSIF SENEPLUS - Les petits pas d’une pernicieuse régression démocratique sont en œuvre - Faire taire les voix audibles d’un désarroi social profond - Il n’y aura pas d’averses pour noyer le scandale Petrotim
Chaque année, l’hivernage recule ses pluies ; les paysans pleurent le retard et la qualité des semences ; les éleveurs pleurnichent sur la rupture de l’alimentation du bétail, et les sénégalais pleurnichent sur les « prix exorbitants » du mouton de Tabaski. Ritournelles d’une société qui, entre le surplace et la régression, égrène ses misères comme un serpent de mer. Etat en faillite, Etat menteur, Etat voyou, commode on disait il y a quelques années.
Ils voulaient noyer le scandale du pétrole et du gaz dans les pluies d’un hivernage qu’on espérait généreux. Il nous nargue et distribue parcimonieusement son liquide précieux. Dakar, la capitale du vol, des scandales et des décideurs véreux, est servie tardivement et à dose homéopathique. Il n’y aura pas d’averses pour noyer (cacher) et faire oublier le scandale Petrotim. Le Procureur n’aura pas le plaisir de voir sa comédie noyée dans les averses de l’hivernage.
Les étudiants des écoles et Universités privées revivront l’angoisse de la suspension des cours du fait d’un Etat menteur qui ne tient pas ses engagements. À partir du 31 juillet, les pauvres se retrouveront dans les rues, seuls. On se rappelle tous, les grandes promesses de Mai dernier avec un chronogramme pour le solde des dettes dues à ces établissements.
On se rappelle tous la sentencieuse sortie du président le 1er mai dernier : « l’augmentation des salaires, n’y pensez même pas », devant des syndicalistes « participationnistes» médusés par la sentence d’un président auréolé d’une victoire « dès le premier tour » avec plus de 58%. Gueule de bois et aphasie dans les rangs de responsables syndicaux qui espéraient tout sauf le carrousel présidentiel sur les salaires.
Mais ils vont boire leur bouille, bissap et vin jusqu'à la glotte obtruée : non seulement les salaires ne connaîtront aucun coup de pouce, mais le président qui vogue, pense-t-il dans le nirvâna d’un dernier mandat sans aspérités, annonce d’autres « bonnes nouvelles » pour les travailleurs, les syndicats et le peuple : finie la comédie électorale du blocage des prix et de la subvention de certains produits de première nécessité. Hop, on libère les prix des sirènes de la présidentielle.
Merde alors ! On vivait donc dans l’anachronisme économique le plus « anti-vérité des prix », une entorse à l’orthodoxie du libéralisme : quand les prix de certaines denrées et autres produits pétroliers augmentent, on doit augmenter les prix pour les consommateurs !. Mais le prix de ces mêmes produits baissent, on ne baisse pas les prix pour les consommateurs.
Gageons qu’après la Tabaski, après les produits pétroliers, d’autres produits plus importants pour les citoyens (tout le monde n’à pas de véhicule, mais tout le monde doit bouffer) vont prendre l’ascenseur... Tout cela devait se faire dans un large consensus national avec une puissante anesthésie : le dialogue national.
Mais voilà, cette vieille « salope » de BBC s’est cru obligée de creuser dans nos merdes nationales, notre marée noire d’un pétrole qui n’est pas encore sorti des entrailles de nos mers et côtes. En éclaboussant de ses degueulis puants notre bien élu président et son frangin qui décidément fait tout pour lui pourrir le dernier quinquennat.
La parenthèse de la CAN de foot devait en mettre une couche d’anesthésie sur les neurones du bon peuple. Opium, va!. Mais voilà, des algériens comédiens footeux sans fair-play, aidés par un arbitre au sifflet aphone, ont mis fin au rêve d’une coupe au pays et donc, un mois d’enfumage social pour oublier la marée noire de Petrotim. Bah, ils ont bien essayé de forcer le rêve avec un accueil « populaire spontané » des Lions pour une défaite ; ils ont voulu aussi user de la candeur du meilleur de nos Lions, Mané pour aller dans le « no man’s l’and universitaire ». Rien ! Tous ! d’ara ! Haye baté ! Pschiit !
Alors quoi ? Tout est bon à prendre dans cette République délitée et sans repères. Même la mort est convoquée pour un hypothétique consensus national. En effet, la perte dans la même semaine du secrétaire général du PS et de l’industriel quasi inconnu de son vivant, tellement il était modeste et discret, vont être appelés à la rescousse d’un « ndeup » impossible.
Et quand tout cela ne soigne pas le profond malaise national, on en revient à la bonne vieille recette du bâton : on embastille les grandes gueules qui crient plus fort que la colère silencieuse du peuple. C’est l’affaire Guy Marius Sagna d’abord et Adama Gaye ce lundi pour un motif encore inconnu au moment où ces lignes sont écrites. Les petits pas d’une pernicieuse régression démocratique sont en œuvre. Faire taire les voix audibles d’un désarroi social profond.
Je suis opposé au délirant slogan de « France dégage », mais je serai toujours aux côtés de ceux qui le hurlent ; pour qu’ils aient ce droit. Un slogan doit toujours avoir un contenu de classe ; être précis. La France, c’est un pays, un gouvernement, des entreprises, des travailleurs, des citoyens qui combattent leur propre gouvernement, leurs propres capitalistes (syndicats, partis de gauche, et le dernier phénomène des Gilets jaunes. Alors « France dégage » vise qui ? En France et en Europe, des crétins politiques ont aussi leurs mots d’ordre imbéciles : « immigrés dehors », et autre « préférence nationale ».
Mais la démocratie, c’est permettre et accepter que toutes les imbécilités s’expriment. Faire tout pour libérer Guy Marius est un combat démocratique, pour les libertés. Se traire parce que leur activisme ou leurs slogans fâchent, c’est le premier pas du renoncement aux nécessaires combats au quotidien contre les abus d’un régime en sursis.
Le 29 juillet, toutes les ressources renouvelables de la planète pour 2019 ont été épuisées. Ce « jour du dépassement » survient chaque année un peu plus tôt
Lundi 29 juillet, l’humanité aura épuisé toutes les ressources renouvelables de la planète pour l’année 2019. Cette date intervient, chaque année un peu plus tôt : en 2018, le « jour du dépassement » mondial tombait le 1er août. Il y a vingt ans, la date fatidique était le 29 septembre, deux mois plus tard donc que cette année. En 1979, le jour du dépassement survenait au tout début de novembre.
Cette date, calculée par le Global Footprint Network – un think tank, créé en 2003 et basé aux Etats-Unis, en Belgique et en Suisse, spécialisé dans les causes environnementales et l’empreinte écologique –, signifie qu’à compter d’aujourd’hui, l’humanité vit à crédit, dévorant bien plus que ce que la nature peut offrir au cours d’une année.
Elle a consommé plus de poissons, abattu plus d’arbres, augmenté de façon considérable la superficie des terres agricoles. « Cette date toujours plus précoce traduit la rapacité et le caractère prédateur de l’homme sur les ressources naturelles. Nous détruisons toujours plus vite les capacités de renouvellement des ressources de la planète », dénonce Arnaud Gauffier, co-directeur des programmes au WWF-France.
Ce calcul, établi au niveau mondial, ne dit pas les différences que l’on peut établir en fonction des modes et des niveaux de consommation dans les différentes régions. Si toute la population mondiale vivait comme celle des Etats-Unis, il faudrait 5 planètes Terre pour une année de consommation, 3,2 pour celle de la Russie, 3 pour l’Allemagne, 2,2 pour la Chine mais seulement 0,7 si l’humanité vivait au diapason de la population de l’Inde. En moyenne mondiale, on estime qu’il faudrait 1,75 planète pour satisfaire les besoins annuels de la population mondiale.
2,7 planètes pour le mode de vie des Français
Le mode de calcul est basé sur « la comptabilité précise de l’utilisation et de la capacité de régénération des ressources écologiques de plus de 200 pays et régions de 1951 à nos jours », en se basant sur les données des Nations unies (ONU), explique Global Footprint Network. Cette équation est contestée par ceux qui estiment que l’on ne peut pas agglomérer, par exemple, l’émission de gaz à effets de serre, la destruction des forêts tropicales ou encore le rendement du maïs dans le monde.
Pour la France, le calcul montre qu’il faudrait 2,7 planètes si toute la population mondiale adoptait notre style de vie. Et la date de ce jour symbolique du dépassement est tombée le 5 mai pour le pays. C’est d’ailleurs ce 125e jour de l’année qui a inspiré la campagne menée par ANV-COP21 (Action non-violente-COP21) de décrochage de 125 portraits officiels d’Emmanuel Macron, dans les mairies, pour dénoncer le « vide » de la politique climatique et écologique de la France. Des portraits qui doivent être exposés lors de la tenue du G7 à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) fin août.
« On constate qu’après la signature symbolique de l’Accord de Paris, lors de la COP21 en décembre 2015, rien n’a été fait. Les émissions de CO2 ont recommencé d’augmenter dans le monde entier dans des proportions inquiétantes, avance Arnaud Gauffier. Les chances de rester dans les limites décidées alors d’un réchauffement à + 1,5 °C sont de plus en plus minces et les efforts vont devoir être beaucoup plus importants. »
Pour autant, l’avancée régulière de cette date dans le calendrier n’est pas inéluctable. « Vivre selon les moyens que nous accorde notre planète est technologiquement possible, financièrement bénéfique et notre seule chance pour un avenir prospère », déclarait Mathis Wackernagel, le PDG de Global Footprint Network, co-créateur de l’empreinte écologique en août 2018.
Loin de vouloir lancer un message désespérant, le WWF insiste sur les leviers d’action possibles. « S’agissant des émissions de gaz à effet de serre, qui représentent 60 % de l’empreinte écologique mondiale, en les diminuant de 50 %, nous pourrions gagner 93 jours dans l’année, soit faire reculer le jour du dépassement en octobre », explique l’ONG. La division par deux de protéines animales, elle, permettrait de gagner une quinzaine de jours par an. Dix jours pourraient encore être grignotés en divisant par deux le gaspillage alimentaire, avance encore le WWF, rappelant que 30 % de la production agricole mondiale était perdue ou gaspillée. « Si l’on continue comme cela, le réchauffement atteindra les + 4 °C à + 5 °C en 2100. C’est un monde que personne ne souhaite et pourtant on va droit vers un bouleversement total de la planète », dénonce encore Arnaud Gauffier.
« Ne pas signer le CETA »
Il y a un an, le 1er août 2018, Nicolas Hulot, encore ministre de la transition écologique et solidaire, déclarait vouloir faire reculer ce jour du dépassement. « Nous devons apprendre à produire et à consommer différemment, car la poursuite des comportements actuels conduira inexorablement à des effondrements d’écosystèmes qui auront des conséquences tragiques sur notre économie, notre santé, notre alimentation », déclarait-il, avant de démissionner quelques semaines plus tard, en dénonçant une « politique des petits pas ».
Aujourd’hui, c’est la secrétaire d’Etat, Brune Poirson, qui monte au créneau pour défendre l’action du gouvernement. Sur son compte Twitter, dimanche 28 juillet, elle écrivait : « demain, c’est le jour du dépassement. Avec Elisabeth Borne [qui remplace François de Rugy à la tête du ministère de la transition écologique et solidaire] et [la secrétaire d’Etat] Emmanuelle Wargon, nous travaillons quotidiennement pour une économie circulaire à la rentrée. RDV en septembre au Sénat ! »
Un message qui appelle ce commentaire d’Arnaud Gauffier : « Supprimer les touillettes en plastique ne sera pas suffisant pour faire reculer le jour du dépassement. Ce qu’il faut, c’est ne pas signer le CETA [l’accord économique et commercial de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Canada ratifié le 23 juillet par l’Assemblée nationale] et ne pas s’engager dans un accord comme avec le Mercosur [projet d’accord entre l’UE et les pays d’Amérique latine composant le Mercorsur] ».
par Yann Gwet
FRANCE-AFRIQUE, L'HEURE DU RÉÉQUILIBRAGE
Comment s’approprier les manettes politiques de nos pays afin de les relever, et ainsi mieux profiter des opportunités qu’offre un monde en profonde mutation ? Un monde dans lequel plus que jamais la France n’aura que le pouvoir que nous lui donnerons
Jeune Afrique |
Yann Gwet |
Publication 29/07/2019
L'affaiblissement de l’influence de la France en Afrique permet de mieux se focaliser sur le véritable enjeu : comment s’approprier les manettes politiques de nos pays afin de les relever, et ainsi mieux profiter des opportunités qu’offre un monde en profonde mutation.
Le 11 juillet dernier, Emmanuel Macron recevait à l’Élysée des membres « des diasporas africaines de France » pour un « grand débat ». Comme cela était prévisible, cette initiative a été fortement critiquée par de nombreux internautes, activistes et intellectuels africains. Emblématique du tollé suscité par cette rencontre, la réaction de l’intellectuel Achille Mbembe qui, dans un texte à charge sur sa page Facebook, a dénoncé un « bal des cyniques ».
Les critiques formulées à l’encontre de cette rencontre étaient souvent fondées. Mais elles trahissaient aussi chez beaucoup une incompréhension des évolutions du monde et des conséquences de celles-ci sur la relation entre la France et l’Afrique. Pour beaucoup, manifestement, la France reste, en Afrique, l’hyperpuissance qu’elle a été par le passé. Rien n’est plus discutable.
Hyperpuissance
Dans son livre Modern Times, l’historien britannique Paul Johnson rappelle que déjà en 1957, François Mitterrand déclarait : « sans l’Afrique, la France n’aura pas d’histoire au XXIe siècle ». De son côté, dans un remarquable livre consacré à la diplomatie franco-britannique au Cameroun au milieu du XXe siècle, l’historienne Mélanie Torrent confirme que « les relations avec l’ex-Afrique française faisaient partie intégrante de “la grandeur française” telle que conçue par de Gaulle ». Mais on peut remonter jusqu’aux conseils prodigués par Charles Gravier de Vergennes, diplomate et homme politique français, à Louis XVI, pour apercevoir les racines d’une politique de puissance française reposant essentiellement sur l’embrigadement d’une coalition d’États vassaux (africains) à son service.
Emmanuel Macron, qui est l’héritier de cette histoire, ne peut pas ne pas avoir compris que plus que jamais la France dépend de sa « clientèle tiers-mondiste » pour exister dans le monde qui vient. Car le monde a bien changé depuis de Gaulle. La globalisation, la révolution des technologies de l’information et l’émergence de nouvelles puissances ont davantage, et considérablement, diminué l’influence de la France en Afrique.
Des ruptures en cours
Certes, trop bien insérés dans les éternels réseaux françafricains, peu de représentants de l’élite francophone ont pris la mesure des ruptures en cours. Et pourtant : là où par le passé les Africains francophones accédaient au monde par le filtre de RFI, aujourd’hui c’est ma belle-mère qui m’envoie la dernière vidéo virale anti-franc CFA via WhatsApp. Le Bénin, en compagnie du Rwanda et de Djibouti, vient de rejoindre la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures. Les cours de mandarin prolifèrent dans les écoles primaires du continent.
La controverse sur « la diplomatie de la dette » ne s’estompera pas, mais elle masque l’autre pan de la réalité : la présence massive d’entrepreneurs individuels chinois sur le continent qui, ainsi que le montre la chercheuse Irene Yuan Sun dans son livre, The Next Factory of the World, investissent sur le long terme, embauchent essentiellement de la main-d’œuvre locale, sont une majorité à proposer des stages professionnels et même à embaucher des managers locaux. Et donc si une partie de l’Afrique d’en haut reste désespérément françafricaine, celle qui se lève tôt et celle des salles de classe préparent la sécession d’avec le monde d’hier. Mais il n’y a pas que la Chine, loin de là.
L’Afrique est le continent où s’ouvrent le plus d’ambassades dans le monde (320 entre 2010 et 2016, selon The Economist) ; des panneaux publicitaires écrits en russe émergent dans les rues de Bangui. Résultat de tous ces bouleversements, alors qu’en 2006 la France était encore le 3e partenaire commercial de l’Afrique, en 2018 elle occupait le 7e rang. Même sa présence militaire, qui reste importante et continue d’entretenir son influence politique, cache mal son affaiblissement : plusieurs rapports américains font en effet état de la dépendance française à la logistique américaine sur les théâtres d’opération africains. Fin juin, Le Figaro rapportait les propos d’un ancien haut-responsable du ministère français de la Défense, selon lequel la France « n’a plus les capacités d’endiguer la crise » dans le Sahel.
Nouvelle donne
Est-ce à dire que la France est finie ? Non. Son armée parvient encore, au Tchad par exemple, à servir sa politique de grandeur. Son poids politique, dont le F CFA est un des instruments, reste considérable. Mais c’est son influence psychologique qui est aujourd’hui la plus forte. La France reste puissante en partie parce que l’élite francophone a décidé qu’elle le soit. Elle a capitulé. Pourtant l’opportunité d’un rééquilibrage des relations n’a jamais été aussi grande. Il faut donc se libérer de l’emprise psychologique que la France continue d’exercer pour mieux se focaliser sur le véritable enjeu : comment s’approprier les manettes politiques de nos pays afin de les relever, et ainsi mieux profiter des opportunités qu’offre un monde en profonde mutation ? Un monde dans lequel plus que jamais la France n’aura que le pouvoir que nous lui donnerons.
LE COMBAT DES GILETS NOIRS POUR LEUR DIGNITÉ
"C’est pas parce que tu nous traites de “nègre” ou “noir” que ça va nous faire peur. Sans ces sales nègres, la France n’est rien. L’économie française, l’économie européenne n’est rien"
"C’est pas parce que tu nous traites de “nègre” ou “noir” que ça va nous faire peur. Sans ces sales nègres, la France n’est rien. L’économie française, l’économie européenne n’est rien. Tu te lèves demain à 5 heures du matin, tu prends le métro, les personnes que tu trouves dans le métro ce n’est pas les français, c’est des noirs et des arabes."
PAR Cissé Kane NDAO
MAHAMMAD N'A PAS LEUR TEMPS
Certaines personnes vous croient faible quand vous ne répondez pas à leurs attaques, car le fait de se contenir exige une force qui les dépasse absolument
« Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite», disait Henry Ford. Qui d’autre que Macky Sall a réussi cette performance au Sénégal ? Voici un homme politique, un homme d’Etat qui aura su mettre en place la plus grande coalition politique de l’histoire de notre jeune République. Il a dirigé le Sénégal avec cette coalition exceptionnelle durant son premier mandat marqué par une réforme constitutionnelle des plus ambitieuses qui a plongé le Sénégal dans le gotha des démocraties majeures et posé les jalons d’une nouvelle gouvernance politique et économique garantissant aux citoyens sénégalais la pleine jouissance de leurs libertés et droits. Dans un contexte marqué par l’exploitation prochaine du pétrole et du gaz, Macky Sall a su par son expertise et sa vision mettre en place les conditions d’une gestion équitable de ces richesses, pour le bénéfice exclusif du peuple sénégalais. Le succès de son PSE qui entame la phase 2 de sa mise en œuvre aura consacré son plébiscite par le peuple sénégalais, au soir du 26 février 2019, par sa réélection dès le 1er tour pour un second mandat à la tête de notre pays, avec la même coalition politique, renforcée par d’autres forces politiques convaincues par la pertinence de son projet pour le Sénégal.
Au cœur de son dispositif politique et institutionnel, fidèle à lui comme son ombre, un homme aura réussi à donner corps à sa vision, chevillé à sa tâche, en véritable métronome aussi efficace qu’invisible : Mahammed Boun Abdallah Dionne.
Cet homme a très trop compris que l’humilité consiste à être affranchi de l’importance de soi, à penser moins à soi-même, car elle est d’abord une décence, un équilibre. Il s’est si totalement dissous dans l’institution présidentielle dont il était une émanation que seules son efficacité, sa compétence et sa haute maitrise des dossiers de l’Etat ont pu le faire remarquer, et confirmer sa réputation méritée d’Homme d’Etat, fidèle et loyal et dévoué à son Patron.
Certains de ses prédécesseurs qui ne l’avaient sans doute pas suffisamment appréhendé comme tel n’ont pas fait long feu à ce poste aussi stratégique que délicat. Aujourd’hui encore, avec la suppression de la primature, la confiance du Président Macky Sall lui a été grandement renouvelée. Il est au cœur de l’Etat. Prêt à accompagner le Président de la République dans son exaltante mission de développer le Sénégal, d’accélérer l’atteinte de l’émergence par la mise en œuvre du PSE dans sa phase 2, en mode fast track.
Cela a le mérite d’horripiler des adversaires encagoulés tapis dans l’ombre qui semblent déterminés à l’atteindre. Ces gens ne reculent devant rien. Ils ont annoncé sa mort, et ils ont poussé leur haine et leur aversion envers Mahammed Boun Abdallah Dionne au point d’oser réaliser les photomontages les plus avilissants pour lui nuire. Cela montre combien ses ennemis, dont il n’a même pas le temps de s’occuper tellement l’homme est dans les urgences et les affaires de l’Etat sont prêts à descendre dans la fange, pour l’atteindre.
Son silence les rend plus enragés.
Leur haine explose. Leur bêtise ne connait plus de limites.
Voilà le landerneau politique et le microcosme social sénégalais, dans le pire de leurs travers : certaines personnes vous croient faible quand vous ne répondez pas à leurs attaques, car le fait de se contenir exige une force qui les dépasse absolument. Elles ignorent que dans la vie, la raison commande de répondre aux imbéciles par le silence, et aux cons par la patience. La méchanceté est la caractéristique principale de ces personnes souffrant d’infériorité, et se sentant obligées de salir quiconque peut potentiellement paraitre plus brillant à leurs yeux.
L’ambition devient un péché, l’humilité et la probité morale un crime. Mahammed Boun Abdallah Dionne est ainsi coupable du délit de compétences, et il a commis à leurs yeux une faute grave en continuant de truster le sommet de l’Etat, fort de sa proximité avec le Président Macky Sall.
Mahammed Boun Abdallah Dionne est un homme qui a prouvé ses compétences et donné la preuve de son statut. La confiance du Président de la République lui est acquise. Et c’est justement cela le problème fondamental de ces adversaires tapis dans l’ombre, qui ne lui pardonnent pas ce mérite.
Il est vrai, malheureusement, que « jamais un envieux ne pardonne au mérite » car il lui « (…) semble que ce qu’on accorde de mérite aux autres est retranché du sien » !
Rien de leurs manœuvres et combines ne peuvent pourtant entacher la crédibilité de Mahammed Boun Abdallah Dionne, ou affaiblir sa détermination à servir le Président de la République. Ses détracteurs ignorent certainement que l’humilité rend invulnérable, et que, surtout, « les grands hommes sont comme les plus belles fleurs. Ils croissent sous le fumier et à travers le fumier que jettent sur eux les envieux et les imbéciles. »
Mahammed les a en pitié certainement, ils paraissent tellement accablés en effet qu’ils lui inspirent presque certainement la velléité de les plaindre !
Il y a de quoi, car ils ne savent pas, ces ennemis du Président du Président Macky Sall qui en veulent à Mahammed Boun Abdallah Dionne qu’ « il y a deux choses qui abrègent la vie : la folie et la méchanceté » !
Ceux qui orchestrent cette cabale contre lui et parviennent à dormir la nuit sans remords ni regrets sont absolument dangereux et pour le Président, et pour l’Etat et pour eux-mêmes. Leurs ambitions leur font violer toutes les règles éthiques et démocratiques, ainsi que nos vertus et valeurs morales ; leurs excès deviennent la seule limite à leur obsession de pouvoir, ils sont prêts pour assouvir leurs desseins à commettre les plus vils actes et même à sacrifier honneur et dignité.
Ils veulent le pouvoir, et ils sont prêts à tout pour succéder à Macky Sall ; ils devraient pourtant savoir que Mahammed Boun Abdallah Dionne n’est candidat à rien. Le défi de remplir sa mission auprès du Président de la République lui suffit comme unique challenge.
Il est grand temps que ces Iznogood et autres futurs chabanisés abattent leurs masques, ou qu’ils soient démasqués, et mis hors d’état de nuire, une fois pour toutes.
par BOY CASA
QUI EN VEUT À ADAMA GAYE ?
Ces sombres instants, où une république bien organisée peut basculer dans l’autoritarisme, sonne la promesse d’une dictature sans masque et dont la mélodie parvient jusqu’aux oreilles des plus sourds
Les multiples arrestations imputées à la Division des investigations criminelles (Dic) nous rappellent une époque bien révolue, fondée sur la chasse et la cueillette et qui se confond avec les débuts de l’humanité. La Dic a cueilli un tel ce matin, la Dic va cueillir un tel cet après-midi …Cette cueillette abusive est une vraie menace pour la survie de nos journalistes, activistes et « opposants politiques », des « espèces » rares en voie de disparition. Il faudrait donc arrêter la montée de cette glu froide et opaque avant que la nature ne lui prodigue des fleurs, car ces pratiques policières sont d’un autre âge. Il existe d’autres proies plus comestibles, pour la Dic, de subvenir à ses besoins en nourriture.
Mais on a comme l’impression que ceux qui sont censés « évoluer » ne veulent plus regarder en face le sourire et les dents éclatantes de cette vérité qui doit pourrir. Dés lors, à l’image de ces hommes que la lucidité ramène à la raison, c’est Macky Sall lui-meme qui doit écouter attentivement son peuple pour sentir le parfum de son cri. Pour marcher à la rencontre de l’amour et des désirs des Sénégalais, il ne devrait pas y avoir de faiblesse, pour le président de la République, à se décharger du poids de sa propre vie d’homme puissant, c’est-à dire, au sens le plus précis, se ramener à lui hors de son somptueux palais.
La démocratie sénégalaise a trop de jeunesse en elle pour être emprisonnée dans la certitude consciente d’une mort sans espoir. Ce qui m’étonne toujours alors que nous sommes si prompts à raffiner sur d’autres sujets, tels que le sport et la musique, nous ne cessons de gravir les pentes de cette aventure horrible. Et ceci dépeint bien le peuple enfant de ce pays adepte des plaisirs faciles, et où, la notion de révolte est devenue une aimable plaisanterie.
Désormais, au Sénégal, la perte d’une CAN ou un combat de lutte suffit pour animer toute une cour de récréation de plusieurs jours. Et, avec la complicité d’une certaine presse qu’on reproche une certaine mentalité, tout ce qui touche à la lutte pour les libertés individuelles devient de plus en plus ridicule. Pire encore, nous sommes beaucoup à observer, sans agir, ce nouveau code de la rue.Comment peut-on rester muet alors que certains confrères osent affirmer « qu’il a été reproché à Adama Gaye la diffusion via son compte Facebook de propos jugés contraires aux bonnes mœurs » sans prendre en compte les récentes révélations du consultant international, lesquelles sont relatives à des pratiques de corruption incriminant le président et son frère ?
En isolant « ces crimes » de ce dossier, de bonne foi ou de mauvaise foi, on réduit les motifs de l’arrestation du journaliste à des insultes publiques. Une manière très subtile donc de jeter l’activiste à la vindicte populaire, sachant que les gros mots sont exclus du système de valeurs des Sénégalais.