L’image était belle, mais elle a en fait été sortie de son contexte. Une photographie de la tour Eiffel « aux couleurs de l’Algérie » a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux dans la nuit du vendredi 19 au samedi 20 juillet. Mais contrairement à ce qu’affirment ceux qui l’ont diffusée, elle n’a en fait rien à voir avec le deuxième sacre des « Fennecs » à la CAN 2019 après leur victoire contre le Sénégal (1-0) au Caire.
À l'image de Sadio Mané et Riyad Mahrez, en dedans lors de la finale de la CAN remportée par l'Algérie (1-0), les gros noms du continent n'ont pas forcément porté leur sélection lors de ce mois égyptien
Il y en avait, du beau monde. Des flèches sur le papier capables de mettre n'importe quelle défense à l'amende, des artistes qui font lever les foules dans les gros championnats européens et des noms qui donnent une dimension suprême à un évènement, à commencer par les têtes d'affiche de Premier League et les figures de la Ligue 1... Avec tout ça, cette Coupe d'Afrique des nations s'annonçait spectaculaire, avec l'espoir que chacune de ces stars allait porter sur ses épaules les attentes d'un pays et assumer sur le pré. Alors, qui aurait cru que le 19 juillet, au terme de la finale, le MVP du tournoi serait un milieu de terrain d'Empoli né en 1997, à la réputation encore toute relative il y a quelques semaines ?
Koulibaly, les absents ont toujours tort
Car oui : à la suite du sacre de l'Algérie ce vendredi au Caire, c'est le succulent Ismaël Bennacer qui a raflé le titre de meilleur joueur de la compétition. Un résultat loin d'être immérité tant le séduisant gaucher - en partance pour le Milan - a bluffé les observateurs au pays des Pharaons, mais qui met également en lumière une chose : très peu des étoiles du continent auront tenu leur rang ou marqué la Coupe de leur empreinte. Riyad Mahrez, homme de la qualification de l'Algérie en finale dimanche dernier, a par exemple signé une prestation toute timide au cœur de la bouillie de football offerte par Fennecs et Lions de la Téranga sur la dernière marche.
Mais le Citizen est peut-être le gros poisson ayant le moins déçu : son homologue Sadio Mané, incapable de renverser le cours du match, a lui bouclé dans la déprime une édition qui l'aura vu manquer deux penaltys, même s'il compte trois buts plantés par ailleurs lors de ces mêmes matchs de poule et pourra se targuer d'avoir emmené les siens en finale. Côté sénégalais, la deuxième idole Kalidou Koulibaly ne pouvait même pas participer à la fête de ce vendredi après avoir pris la biscotte de trop en quarts : une jolie lose, puisque c'est son remplaçant Salif Sané qui a malgré lui plombé l'équipe en déviant la tentative de Baghdad Bounedjah.
Quand Klopp ronchonne
Et c'est le même refrain dans les autres sélections : sortant d'une saison époustouflante et historique, Hakim Ziyech a traversé l'épreuve comme un fantôme avec le Maroc ; au top de la hype et alors que des clubs huppés lui font la cour, Nicolas Pépé a connu un gros moment de doute lors des deux semaines et demie de parcours des Éléphants. Et que dire de Mohamed Salah, qu'on a pu voir époustouflant lors du premier tour avant de disparaître des radars en huitième lors d'une élimination face à l'Afrique du Sud qui a placé le pays hôte dans une grosse tourmente.
Pour une première CAN depuis le passage à l'organisation estivale, dans des conditions atroces et avec un format plus costaud, il n'est pas forcément étonnant de voir ces garçons, parfois auteurs d'une saison marathon entamée juste après la Coupe du monde, baisser en intensité au mois de juillet : Jürgen Klopp ne disait d'ailleurs pas autre chose quand il s'agaçait, avant la finale, de la « saison à 13 mois » de son poulain Mané. Car, évidemment, à peine les hostilités internationales terminées que les championnats nationaux vont re-pointer le bout de leur nez : quand ce scénario se répète tous les ans, ça commence à devenir problématique. En attendant, profitons d'Ismaël Bennacer avant que la pression d'une nation et les saisons à 13 mois lui tombent dessus.
LES DÉCEPTIONS DE LA CAN 2019
La 32e édition de la Coupe d'Afrique s'est clôturée ce vendredi avec le deuxième sacre de l'histoire de l'Algérie. Si l'équipe de Djamel Belmadi a impressionné, certaines sélections ont beaucoup déçu. Mais pas que...
France Football |
Hanif Ben Berkane |
Publication 20/07/2019
C'est peut-être l'une des plus grosses déceptions de cette Coupe d'Afrique. Devant son public, l'Egypte est sortie prématurément et par la petite porte en huitièmes de finale face à l'Afrique du Sud. Au regard du niveau de jeu produit par les Pharaons, ce n'est pas une surprise. Durant toute la compétition, l'Egypte ne s'est reposée que sur ses deux individualités à savoir Mohamed Salah et Mahmoud Trezeguet. Même si elle parvenait à sortir avec trois victoires en trois matches de poules, ce n'était en réalité que des victoires en trompe-l'œil. Les hommes de Javier Aguirre n'ont jamais été flamboyants et ont même parfois été malmenés comme face à l'Ouganda. Bien loin de cette génération dorée qui réalisait le triplé en remportant la CAN 2006, 2008 puis 2010, l'Egypte a déçu avec ce visage aussi pauvre à domicile.
Le Maroc
L'autre grosse déception de cette CAN, c'est évidemment le Maroc. Cette année semblait être l'année ou jamais pour les Marocains. Un groupe arrivé à maturité, des joueurs qui sortaient d'une grosse saison, un entraîneur «spécialiste» de la compétition et pourtant le Maroc a quitté la compétition bien trop vite, en huitièmes de finale face au Bénin. Au regard de l'effectif des Lions de l'Atlas, cette élimination est un véritable coup de massue, surtout pour les supporters qui rêvaient de revoir ce trophée qui leur échappe depuis 1976. D'autant plus que le début de compétition du Maroc pouvait laisser espérer de meilleures choses. Trois victoires avec un match solide et presque référence face à la Côte d'Ivoire mais les hommes d'Hervé Renard devaient lutter davantage face à des bloc bas. Face au Bénin, ils se sont heurtés au même problème que face à la Namibie et l'Afrique du Sud, mais n'ont pas su faire la différence pour se qualifier. Une énième désillusion pour la génération de Boussoufa et El Ahmadi qui, malgré un talent certain, n'aura jamais gagné.
Hakim Ziyech
Il était l'une des stars attendues de cette Coupe d'Afrique. L'équation était claire : sans un grand Hakim Ziyech, le Maroc ne pouvait rêver d'une deuxième étoile. Et malheureusement pour les Marocains, le maître à jouer de l'Ajax est passé au travers de cette Coupe d'Afrique, en témoigne son penalty manqué à la 90e+5 face au Bénin, qui causait sans aucun doute l'élimination des siens. Auteur d'une saison exceptionnelle avec l'Ajax Amsterdam (sans doute la meilleure de sa carrière), le Marocain avait pourtant réalisé une bonne préparation avec les Lions de l'Atlas (2 buts) et était considéré comme l'élément offensif clé pour Hervé Renard (12 buts en 24 sélections). Et pourtant, il apparaissait largement en dessous, surtout physiquement. Son manque de fraicheur ne l'a pas aidé, surtout qu'il aura dû jouer tous les matches du Maroc. Hakim Ziyech s'est heurté à la dure réalité du football africain, lui qui jouait sa première CAN. Le maestro marocain devra relever la tête après cet échec.
Nicolas Pépé
Révélation du Championnat de France cette saison avec 22 buts et 11 passes décisives, Nicolas Pépé n'aura pas su briller avec la Côte d'Ivoire dans cette Coupe d'Afrique. Pas au niveau physiquement, l'ailier de 24 ans a même fini par perdre sa place dans le onze type au profit de Wilfried Zaha. Lui qui découvrait la Coupe d'Afrique mais surtout le football africain (avant la CAN, il n'avait disputé que 9 petits matches avec les Eléphants), n'aura jamais su faire la différence sur son couloir droit au contraire de ses coéquipiers Max-Alain Gradel et Wilfried Zaha. Le Lillois a peut-être aussi souffert de sa réputation. Avec sa saison, les défenseurs étaient prévenus et ont parfaitement su gérer le un contre un avec Pépé. Souvent bien muselé, il a connu une première expérience délicate. Une expérience qui par contre lui servira sans doute à l'avenir, lui qui incarne le futur d'une sélection ivoirienne vieillissante et qui cherche peu à peu à se renouveler.
Les stades vides
Si vous avez regardé un match de cette Coupe d'Afrique, vous avez forcement remarqué que la plupart des stades étaient quasiment vides. Une faible affluence qui n'a pas aidé à donner une meilleure image du football africain souvent décrié. Le contraste est encore plus flagrant avec les matches de l'Egypte. Un stade de 70 000 places rempli parfois 2 heures avant le coup d'envoi pour les Pharaons et à peine 10 000 personnes sur les autres rencontres. Les raisons de ce manque d'affluence sont diverses. Outre le chauvinisme connu du peuple égyptien qui s'est totalement désintéressé de la compétition après l'élimination des Pharaons, la grille tarifaire jugée excessive avait également provoqué la colère des supporters. Ajoutez à cela une attribution tardive de la CAN à l'Egypte qui n'a pas pu mettre en place un vrai dispositif d'accueil pour les fans et vous obtenez des stades au trois quarts vides. On notera peut-être aussi un manque d'aide des fédérations pour les supporters des autres sélections avec sans doute aussi une incapacité économique pour certains. La CAF a même été obligée de distribuer des places gratuites pour la finale afin de remplir le stade. Un problème récurrent en Afrique qui devrait toujours être présent en 2021 au Cameroun si les instances ne changent pas de braquet...
QUE RETENIR DE LA PREMIÈRE CAN À 24 ?
De cette CAN à 24, on retiendra le parcours extraordinaire des Malgaches, qui accédaient pour la première fois à la phase finale. Qui aurait pu imaginer que les Barea joueraient un quart de finale pour leur première sortie ?
Les Sénégalais ont pleuré et les Algériens ont hurlé leur joie. La première Coupe d’Afrique des nations à 24 équipes s’est achevée vendredi 19 juillet avec la victoire de l'Algérie dans l’enceinte du Stade international du Caire, là où tout avait commencé un mois plus tôt avec la victoire de l’Égypte face au Zimbabwe. Que faut-il retenir ?
Il faudra en premier lieu retenir que le pays hôte, avec sa star Mohamed Salah, s’est pris les pieds dans le tapis à domicile, après un premier tour prometteur (3 victoires). Les Pharaons, mondialistes en 2018, sont tombés face aux Sud-Africains lors des huitièmes de finale (1-0). Un coup dur pour Salah, vainqueur de la Ligue des champions et dont le visage est affiché absolument partout dans le pays. Véritable icône, Mo Salah a fait pleurer tout un peuple.
Sacrés Malgaches !
De cette CAN à 24, on retiendra le parcours extraordinaire des Malgaches, qui accédaient pour la première fois à la phase finale. Qui aurait pu imaginer que les Barea joueraient un quart de finale pour leur première sortie ? Les hommes de Nicolas Dupuis ont sorti la RDC en huitième de finale (2-2/TAB : 4-2) avant de s’incliner lourdement face à la Tunisie (3-0). Auparavant, les coéquipiers de Carolus s’étaient offert une victoire de prestige face au Nigeria (2-0) pour prendre la tête du groupe B à l’issue du premier tour.
Le Cameroun, vainqueur sortant, n’a pas réussi à enchanter la compétition. Les Lions indomptables sont sortis par la petite porte après une élimination face au Nigeria en huitièmes. Depuis, Clarence Seedorf n’est plus le sélectionneur. La Fédération camerounaise de football a rapidement décidé de mettre un terme aux fonctions du Néerlandais et son adjoint Patrick Kluivert a également été écarté.
L’exploit des Écureuils du Bénin
Il faudra bien sûr garder en mémoire l’exploit des Écureuils du Bénin. En huitièmes de finale, les Béninois ont éliminé des Marocains ultra-favoris aux tirs au but (4-1, 1-1 après prolongations). Hervé Renard, sélectionneur des Lions de l’Atlas, vainqueur de la CAN à deux reprises (2012 avec la Zambie et 2015 avec la Côte d’Ivoire), a pris une claque phénoménale. S’ils sont ensuite tombés face au Sénégal, les Béninois ont gagné le respect du continent, eux qui n’avaient jamais remporté le moindre match en phase finale de la Coupe d’Afrique des nations.
Évidemment, impossible de passer à côté du parcours des Algériens. Eux qui avaient essuyé un véritable revers lors de la précédente édition au Gabon (éliminés au premier tour), sont revenus transformés grâce au sélectionneur Djamel Belmadi. La meilleure attaque du tournoi – 13 buts – quitte l’Égypte avec le trophée, 29 ans après son dernier sacre.
"L'ALGÉRIE MÉRITE SON TITRE"
Martial Yéo, l’ancien sélectionneur de la Côte d’Ivoire championne d’Afrique en 1992, a observé avec attention la finale de la CAN 2019 remportée par l’Algérie face au Sénégal (1-0), grâce à un but chanceux de Bounedjah
Jeune Afrique |
Alexis Billebault |
Publication 20/07/2019
Jeune Afrique : Avant de parler de la rencontre, l’Algérie est-elle un beau champion d’Afrique ?
Oui. C’est l’équipe qui a pratiqué le meilleur football. Un football offensif, plaisant, mais aussi qui a montré qu’elle pouvait très bien défendre. Longtemps, les équipes maghrébines avaient surtout la réputation d’avoir un jeu surtout technique. C’est le cas, mais l’Algérie possède une défense très solide, avec des défenseurs eux aussi technique. Donc, pour moi, l’Algérie mérite son titre.
L’unique but de la rencontre a été marqué très vite. Trop vite ?
Déjà, c’est un but un peu chanceux. Un ballon mal apprécié par un défenseur sénégalais (Kouyaté), un tir de Bounedjah dévié par Sané… Mais sur ce but, j’ai plutôt l’impression que c’est le gardien sénégalais (Gomis) qui commet l’erreur de ne pas suivre assez le ballon, car je pense qu’il pouvait peut-être l’intercepter. L’Algérie a vite marqué et cela a changé les choses. Psychologiquement, ils ont pris un très gros ascendant.
On a vu des Algériens adopter très vite une stratégie défensive…
En effet. Ils ont joué très bas. Et je crois que cela a perturbé le Sénégal, qui a un peu trop abusé des longs ballons, alors que les défenseurs et le gardien algériens sont très bons dans le domaine aérien. Je pense que les Lions auraient dû davantage poser le ballon, jouer au sol. Ils ont mis tout de même plus de trente minutes pour se créer une occasion (Niang, 37e)… Le Sénégal avait pourtant la possibilité de jouer plus à terre. Cela dit, je pensais qu’en seconde période, l’Algérie allait jouer autrement, de manière moins défensive. Mais peut-être manquait-elle de fraîcheur…
Est-ce dû à un excès de précipitation ?
Absolument. De la précipitation, et de la nervosité. D’expérience d’entraîneur, je sais qu’il est presque plus difficile de remonter un but que deux. Je m’explique : quand votre adversaire mène 1-0, il va défendre son avantage avec beaucoup d’énergie. A 2-0, il va évoluer de manière plus relâchée. Or, c’est le premier scénario qui s’est produit. Les Algériens savent très bien défendre. Souvenez-vous du match du premier tour, déjà remporté par l’Algérie (1-0). Ils avaient très bien défendu après avoir marqué leur but.
On ne peut pas reprocher aux Sénégalais de ne pas avoir tiré au but…
C’est vrai. Ils ont eu des occasions, mais en face, il y avait M’Bolhi, un très bon gardien. Ce qui m’a cependant surpris, c’est le déchet sénégalais sur les coups de pied arrêtés. Je ne sais pas combien de coup-francs ou de corners ils ont eus, mais c’est tout de même dommage de ne pas en avoir profité. Aucun n’a véritablement été dangereux, car ils ont été la plupart du temps mal tirés.
C’est donc surtout dans le jeu que les Sénégalais ont été dangereux…
Ils ont mis peut-être quinze minutes à se remettre du but algérien. Ils ont eu la possession du ballon, mais la plupart des occasions proviennent de tirs assez lointains. Cela montre à quel point il était difficile de prendre en défaut la défense algérienne, qui s’est battue sur tous les ballons avec beaucoup d’énergie. Je pense que c’est l’équipe qui en voulait le plus qui a gagné.
A l’heure de jeu, l’arbitre camerounais, Alioum Alioum, a sifflé un penalty pour une main de Guedioura sur un centre de Sarr. Puis il est revenu sur sa décision après avoir eu recours à la VAR. A t-il eu raison ?
Oui. Même si on a vu des penalties être accordés sur ce genre d’action. Mais en regardant bien les images, on voit bien, que le joueur algérien n’a aucunement l’intention de mettre la main. Au contraire, il cherche à éviter le ballon.
Lors de ce match, on a beaucoup plus vu Mané que Mahrez…
Mané a semblé en forme. Il a été beaucoup sollicité, il s’est beaucoup démené, notamment sur son côté gauche. Il a fait un bon match. Mahrez a beaucoup défendu, il n’était pas dans le même rôle que d’habitude.
Ce fût une finale plus que moyenne…
Les deux équipes s’étaient affrontées au premier tour. Elles se connaissaient, se méfiant beaucoup l’une de l’autre. Nous n’avons pas assisté à un beau match. Ça a été haché, tendu, physique. Peut-être que l’arbitre a mis un peu trop de temps pour sortir son premier carton. Finalement, l’Algérie a disputé le moins bon de ses matches de toute la CAN, mais cela n’enlève rien à son mérite…
par Jean Pierre Corréa
ENTRE VOULOIR ET…POUVOIR
Si nous avions gagné cette CAN, nous aurions jubilé, oubliant que nous n’avons même pas un stade digne de ce nom, pas un championnat attrayant, pas un seul club qui depuis 20 ans n’a passé un seul tour de coupe d’Afrique
Aux pieds des Pyramides d’Egypte, il nous aura manqué « Le Sens de l’Histoire ». Déjà en 1986, la meilleure équipe d’Afrique, voire du monde, que nous avions, était passée à côté de son destin. Cette fois-ci, l’équipe N°1 au classement FIFA Afrique s’en va encore, battue en finale, sans avoir toujours compris que justement « une finale ne se joue pas…elle se gagne ». Nous avons perdu un match sans l’avoir joué, affichant avec application notre sens du désordre et de l’à-peu-près, qui nous est consubstantiel, convoquant à chacun de nos gestes une grâce tombée du bon vouloir de Dieu, dont tous les sénégalais sont persuadés qu’il ne parle que Wolof, et qu’en bon garçon commissionnaire, il nous suffit de lui demander ce qu’on veut pour que Sa Magnanimité à nous seuls due, vienne combler nos vaines espérances.
Nous avons montré plein de velléités lors de ce match perdu sans que notre gardien de but n’ait eu à toucher un seul ballon, c’est un comble. Mais de volonté, point. La marche sur laquelle avec une obstination jubilatoire nous trébuchons toujours est celle où reposent les vertus du travail, de la patience, du patriotisme mobilisateur et de l’humilité.
Il ne suffit pas de vouloir…Il faut créer les conditions de Pouvoir, en sculptant avec patience les armes qui vous portent au combat, et qui parce que vous en maîtrisez l’usage, deviennent des armes fatales. En fait, si nous avions gagné cette CAN, nous aurions perdu 20 ans, persuadés que nous aurions été que nous n’avions plus à persévérer dans nos efforts à bâtir une véritable nation de football. Nous aurions jubilé, oubliant que nous n’avons même pas un stade digne de ce nom, pas un championnat attrayant, pas un seul club qui depuis 20 ans n’a passé un seul tour de coupe d’Afrique et des joueurs qui sont pour la plupart formés à l’étranger, nous contentant sous nos cieux de les former comme on élève des moutons de Tabaski, en vue de les vendre.
Il serait temps que nous apprenions à sucer les bonbons que l’on nous propose, au lieu de tout de suite les croquer sans en savourer le goût.
Hier soir, il nous aura manqué de la folie et de l’insouciance pour entrer dans l’Histoire du Football africain. Ce sont souvent des qualités que les hommes présomptueux dédaignent, trop sûrs qu’ils sont de leur prestance. Le paon fait de superbes roues… mais jamais ne s’envole. Aux pieds des pyramides, nous avons benoîtement pensé qu’avec Augustin Tine et le fils du président pour nous représenter, nous allions impressionner notre monde, alors que Youssou Ndour et Coumba Gawlo mettant le feu au Caire lors d’une fête géante, avec 300 sénégalais tirés au sort conviés par un président engagé et présent auprès de ces joueurs, cela aurait quand même eu plus de gueule, et aurait été au diapason de cette jeunesse enthousiaste qui ne demandait qu’à avoir droit au rêve et qui avait fait de nos villes un festival de couleurs joyeuses. Il est à noter que la victoire est allée aux combattants plus qu’aux brillants. D’ailleurs le quotidien algérien national s’appelle « El Moujaïdine », le « combattant. Le nôtre s’appelle juste « Le Soleil ». Et parfois il ne nous éclaire même pas. A chacun son histoire.
par Abdoulaye Wade
CHERS LIONS, NE RENTREZ PAS LA TÊTE BASSE !
Vous avez honoré vos admirateurs et partisans qui sont partout dans le monde - Je suis sûr qu’en analysant votre comportement avec votre encadrement, notamment Aliou Cissé que je félicite, vous découvrirez rapidement, la faille, l’erreur qui nous a été f
Ne rentrez pas la tête basse car vous n’avez pas démérité. Vous avez été merveilleux et Sadio Mané étincellent. Toute l’équipe a été brillante. Par votre jeu intelligent, courtois et obstiné vous avez honoré vos millions de supporters au Sénégal, en Afrique et à l’étranger.
Vous avez honoré vos admirateurs et partisans qui sont partout dans le monde. Vous devez avoir la tête haute, parce que vous avez été près de la victoire, battus de justesse.
L’Algérie a mérité la victoire mais vous la méritiez aussi.
Au demeurant je suis heureux que ce soit l’Algérie, ma 2ème patrie, qui gagne. Car, ainsi que vous le savez, comme Joséphine Baker chantait ‘’J’ai deux amours, mon pays et Paris’’, je chante ‘’j’ai trois patries, le Sénégal, l’Algérie et l’Angola,’’ ces deux derniers pays étant ceux auxquels j’ai consacré mon adolescence hardie et pleine d’audace, indépendantiste et panafricaniste, hardie et combattante, engagée très tôt dans la lutte pour l’indépendance de l’Afrique.
J’ai été avocat du FLN d’Algérie et de sa Fédération en France et Europe. Nous étions trois défenseurs du Collectif des avocats des Algériens : Maître Oussedick, algérien, Avocat du barreau de Paris, coordonnateur de la défense, moi-même Avocat en 3ème année de fin de stage, à Besançon (stage) et Grenoble (fin de stage) et Maître Mathieu, avocat à Marseille. Les autres avocats refusaient de défendre des ‘’fellaghas, ennemis de la France’’ et évoquaient la clause de conscience.
Le FLN avait remis la liste de nos trois noms, avec adresse et numéro de téléphone, à tous ses militants en France et en Europe avec la consigne : ‘’Si tu es arrêté en France ou en Europe, indiques à la police et au juge l’instruction le nom de l’avocat que tu choisis, l’un de ces trois noms, pour t’assister. Ton défenseur sera aussitôt avisé et il prendra ses dispositions pour te rendre visite et assurer ta défense. Plus tôt tu indiqueras le nom de ton avocat, plus tu auras de chance de ne pas être torturé ou expédié en Algérie où t’attend le pire.’’
Mon frère et ami Ben Bella m’a bien renvoyé la balle. Un jour, à Genève, alors que j’étais accompagné de Boubacar Sall, il m’a fait remettre par son beau-fils une somme de 300 millions CFA en me disant : ‘’Frère Wade, si un jour tu peux me rembourser, c’est bon. Sinon tant pis. Ceux qui devraient aider les révolutionnaires africains ne le font pas. Regardes notre frère Kadhafi, il préfère acheter des armes et des avions de combat dernier cri, comme s’il devait faire la guerre. A qui ? J’espère que ce ne sera pas contre un pays africain frère bien qu’on puisse s’attendre à tout de sa part. Il a déjà envoyé des expéditions guerrières dans certains pays africains comme l’Ouganda. D’autres, comme les pays francophones qui avaient peur de lui, ont signé des accords de défense et de protection avec les anciens colonisateurs.
S’agissant de l’Angola, j’ai été un des deux financiers du MPLA, Mouvement de Libération Nationale , de l’Angola, comme l’a souvent rappelé feu mon frère et ami, Agostino Neto, Président du MPLA et Premier Président de la République Populaire d’Angola qui a souhaité que je fusse présent à Luanda, le jour de la fête de l’indépendance, pour me faire présenter au peuple angolais par son Vice-Président Seydi Mingas, Ministre des Finances , comme l’une des deux personnes qui ont financé le MPLA pendant sa lutte pour l’indépendance, la 2ème personne tant un portuguais blanc.
Mes chers Lions,
Je ne crois pas à la chance dans le jeu de football comme tous les jeux d’adresse mais à la finesse des joueurs, leur résistance, agilité et intelligence à composer et tisser le jeu, ainsi qu’à leur complicité. Vous avez tout cela.
Je suis sûr qu’en analysant votre comportement avec votre encadrement, notamment Aliou Cissé que je félicite et embrasse affectueusement, vous découvrirez rapidement, la faille, l’erreur qui nous a été fatale.
Comme vous avez tous les talents requis, je suis sûr qu’un jour vous nous ramènerez la coupe. Pour l’instant, après un repos mérité, entrainez-vous, habituez-vous à jouer ensemble, tissez entre vous la complicité gagnante qui, finalement, est le secret de votre future victoire.
À LA FIN, C'EST LE SÉNÉGAL QUI PERD
Qu'a-t-il manqué aux Lions ? Certainement leur roc en défense Kalidou Koulibaly, suspendu pour la finale. Mais aussi de la présence en attaque, où Mané a semblé parfois trop seul, peu aidé par Mbaye Niang, transparent
Souvent favori mais jamais titré, le Sénégal de Sadio Mané a prolongé sa longue série de déceptions à la CAN, en chutant face à l'Algérie (1-0), vendredi au Caire, lors d'une finale qu'il a dominée.Mais son futur reste dégagé.
Cruels détails
Durant tout le tournoi, les Lions de la Teranga ont donné tort à ceux qui moquaient leur fébrilité mentale qui les avait fait tressaillir dans les moments chauds lors des précédentes éditions.Ils ont encore été costauds face aux Fennecs pour se remobiliser après le but encaissé dès la 2e minute.
Mais cette fois-ci, malgré plusieurs occasions, le sort ne leur a pas souri: tibia de Salif Sané qui dévie la frappe de Baghdad Bounedjah pour l'ouverture du score, penalty accordé puis refusé après consultation de l'assistance vidéo à l'arbitrage (VAR)...
"On ne démérite pas.On méritait d'égaliser", a assuré le sélectionneur Aliou Cissé, pour qui le résultat s'est joué sur des "détails".
Qu'a-t-il manqué aux Lions?Certainement leur roc en défense Kalidou Koulibaly, suspendu pour la finale.Mais aussi de la présence en attaque, où Mané a semblé parfois trop seul, peu aidé par Mbaye Niang, transparent.Et peut-être leur gardien titulaire Edouard Mendy, blessé à un doigt durant la compétition.
Aliou Cissé, revanche manquée
Capitaine de la sélection finaliste malheureuse en 2002, Cissé rêvait de prendre sa revanche, une fois passé sur le banc.Pour lui aussi, le sort est cruel.
"On n'a connu que des désillusions, que des déceptions.Aller en finale, ce n'est pas une fin en soi", a-t-il reconnu.
Mais le coach aux dreadlocks, l'une des personnalités de cette CAN égyptienne, incarne aussi le futur prometteur des Lions.Son bilan - première Coupe du monde en 16 ans, première finale de la CAN en 17 ans - plaide pour lui.
Sous contrat jusqu'en 2022, l'ancien joueur du Paris SG a balayé vendredi une question sur son avenir: "Mon cas n'est pas important.Ce qui est important, c'est le travail que je fais avec les garçons, le fait que la Fédération ait confiance en moi."
Mission régularité
Première nation africaine au classement Fifa, le Sénégal garde des arguments pour rester à sa place dans les prochaines années: un coach sous contrat, et des cadres en pleine force de l'âge, comme Mané (27 ans), Idrissa Gueye (29 ans) et Koulibaly (28 ans).
"Ce qui nous manque, c'est d'être régulier.Il nous manque l'expérience de ces grands rendez-vous, on demande à y être plus souvent pour gagner cette CAN.On s'y approche.L'équipe est en progression sur ces cinq dernières années", a estimé Cissé.
Sur le plan continental, la mission CAN-2021 au Cameroun commencera par sortir d'une poule de qualifications face au Congo, la Guinée-Bissau, et l'Eswatini.Pour démarrer un nouveau cycle, enfin victorieux ?
LE PRÉSIDENT DOIT ACTER UNE DATE RAISONNABLE EN RESPECTANT LA LOI
Valdiodio Ndiaye, membre de la société civile, sur le report des Locales
Le président de la République, Macky Sall, doit trouver une date raisonnable en conformité avec la loi électorale pour l’organisation des prochaines Locales. Mais les acteurs des différents pôles peuvent aussi faire des propositions. C’est la proposition faite hier par Valdiodio Ndiaye, membre de la société civile.
Peut-on parler de «consensus fort», comme indiqué par le Général Mamadou Niang, sur le report des Locales alors que le Crd, le Pastef et le Pds sont contre ?
Je pense qu’on peut parler de consensus par rapport aux acteurs qui ont participé aux travaux. Sur ce point, c’est clair. Cependant, il ne faut pas faire la confusion entre consensus et unanimité. L’unanimité, c’est une extorsion où on intègre des personnes qui ne sont pas parties prenantes directes. Mais là, on a fait des discussions avec des acteurs qui étaient là dans la salle.
Et ces acteurs-là, sans exception, ont tous accepté et acté le principe du report. C’est tout. Un consensus effectivement, c’est un consensus. Par contre, le Pastef était dans la salle et avait approuvé. C’est peut-être après que leur leader s’est rétracté. Mais leur représentant était dans la salle. Ils étaient tous d’accord.
Je n’aime pas les aspects de polémique, mais quand même, je pense qu’il faut que les gens soient sérieux dans leur démarche. Toutes les parties prenantes qui étaient dans la salle étaient d’accord et c’est sur cette base que le consensus a été acté. Maintenant, il faut souligner que le Pds ne participe pas au dialogue politique.
Faut-il reporter ces élections ou attendre la fin des travaux du dialogue politique ?
Je pense qu’il va falloir quand même que le président de la République prenne des dispositions pour caler le report de manière très claire, étant entendu que nous savons tous que les travaux sont calés dans le temps et dans l’espace. Il va falloir que les acteurs politiques s’entendent autour de ce principe du report et que cela soit acté au moins pour 4, 5 mois au maximum. Parce qu’aussi il faut qu’on tienne en compte d’un aspect qui me semble important : les maires vont bénéficier au moins maintenant d’une seconde prolongation de leur mandat.
Est-ce que c’est au président de la République de fixer la date ou cela doit faire l’objet de discussions dans le cadre du dialogue politique ?
Les acteurs peuvent faire une proposition de date. Le Président également doit tirer les conséquences de ce consensus et acter une date raisonnable, respectant également les dispositions de la loi très rapidement. Les élections locales normalement devaient se tenir en juin 2019. Mais compte tenu du processus électoral de 2019, c’est-à-dire la Présidentielle de février 2019, s’il y avait un second tour, ce second tour serait acté au mois de mars.
Et donc, en termes de projection, il n’était pas matériellement possible compte tenu de l’ensemble des dispositions entre le mois de mars 2019 et le mois de juin 2019 où devaient se tenir les élections locales, l’organisation d’une révision exceptionnelle des listes électorales, l’organisation d’un cycle de parrainage pour aller aux élections locales en juin 2019.
J’AI PERDU UN FILS
«Tanner est resté, jusqu’à sa mort, un homme loyal qui n’a jamais trahi de secrets d’Etat. C’est le Sénégal, l’Afrique tout entière, le monde entier, qui pleurent sa disparition.» C’est le témoignage fait hier par Abdou Diouf à l’endroit du défunt
Abdou Diouf s’est rendu hier au domicile du défunt Ousmane Tanor Dieng pour présenter ses condoléances. L’ancien président de la République a salué la mémoire d’un «homme d’Etat qui n’a jamais trahi de secrets d’Etat».
«Ousmane Tanor Dieng est resté, jusqu’à sa mort, un homme loyal qui n’a jamais trahi de secrets d’Etat. C’est le Sénégal, l’Afrique tout entière, le monde entier, qui pleurent sa disparition.» C’est le témoignage fait hier par Abdou Diouf à l’endroit du défunt secrétaire général du Parti socialiste (Ps). L’ancien président de la République a effectué le déplacement au domicile du disparu à Fann Résidence pour présenter ses condoléances. Il était en compagnie de son épouse Elisabeth Diouf.
Par la voix de El Hadji Mansour Mbaye, communicateur traditionnel, par ailleurs membre du Ps, l’ex-chef de l’Etat a déclaré s’être déplacé pour présenter les condoléances à la famille de son «fils et ami». Il a salué la mémoire d’un «homme d’Etat» qui lui a toujours apporté satisfaction pour toutes les missions qu’il lui confiait, notamment la gestion du parti qui lui a été légué.
Durant tout le temps passé ensemble, dit-il, jamais il n’a été un jour choqué à cause d’un quelconque comportement de Ousmane Tanor Dieng. Il a aussi confié qu’il a été «touché» lorsqu’il a appris la disparition de son ancien collaborateur avant de s’en remettre à la volonté divine. Avant de finir son discours, Abdou Diouf a remercié Macky Sall pour «l’assistance apportée à la famille du défunt pendant ces circonstances douloureuses».
La salle s’est révélée exiguë pour contenir tout le monde. La présidente des femmes du Ps a, au nom de toute la famille socialiste, salué le geste de Abdou Diouf qui, après avoir assisté à la levée du corps en France, est venu jusque chez le défunt. «Président, Tanor était quelqu’un de bien. Il n’a jamais renié vos enseignements. Il n’a non plus jamais renié ce que vous lui avez fait. C’est moi qui parlais avec lui. J’étais tellement proche de lui qu’il me considérait comme ses propres sœurs. Il n’a jamais cessé de vous remercier», a témoigné Aminata Mbengue Ndiaye.
Et de renchérir :«Président, vous avez mis dans la tête de Tanor ce qu’est un républicain, la démocratie, mais également le comportement que doit adopter un dirigeant. Tanor avait beaucoup de qualités humaines qui sont en vous. Tout le monde savait que Tanor était quelqu’un de courtois, de discret et de respectueux. Tout le Sénégal est d’accord que personne n’a vu Tanor proférer un mot déplacé à l’encontre de son semblable.»
Aminata Mbengue Ndiaye : «Le congrès sans débat n’a jamais existé»
Revenant sur l’histoire du parti, Aminata Mbengue Ndiaye a déclaré que le «congrès sans débat, ça n’a jamais existé dans le Parti socialiste». Selon elle, en 1996, ce sont les 46 coordinations du pays qui avaient choisi Tanor comme premier secrétaire du Parti socialiste. A l’époque, dit-elle, chaque coordination avait 200 membres.
Aujourd’hui, Ousmane Tanor Dieng est parti, mais Aminata Mbengue Ndiaye reste convaincue que son départ apportera du nouveau au sein de leur formation. Aux membres de la formation politique des «Verts de Colobane», elle a exhorté à s’inspirer de la collaboration qui existait entre Tanor et Diouf.