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12 août 2025
par François Backman
JEUNESSES AFRICAINES : « PANSER L’AFRIQUE QUI VIENT ! »
Hamidou Anne critique dans son livre, la génération des pères fondateurs qui, selon lui, a tout raté en matière de développement. Il étrille celle de leurs continuateurs qu’il considère comme la plus coupable dans le drame de l’Afrique - NOTE DE LECTURE
Jean-jaures.org |
François Backman |
Publication 04/07/2019
François Backman propose une analyse critique du récent essai Panser l’Afrique qui vient !(Éditions Présence africaine, 2019), qu’un jeune intellectuel sénégalais, Hamidou Anne, consacre à la jeunesse africaine, ses perspectives d’avenir et son rapport au politique, pour appréhender plus largement la situation du continent.
Hamidou Anne, jeune intellectuel sénégalais « afro-responsable »[1] et ancien chroniqueur au Monde Afrique, a publié il y a quelques semaines aux Éditions Présence africaine Panser l’Afrique qui vient !. Ce court et riche travail pose nombre de questions sur la jeunesse africaine, son rapport au politique, sa capacité à faire bouger les choses et, plus globalement, sur l’avenir du continent[2]. La thèse de l’auteur est simple : il s’agit de « faire advenir l’Afrique autrement, [ce qui] requiert d’offrir un autre horizon à la jeunesse ». Ce petit livre aux accents gramsciens se place dans le renouveau de la pensée africaine, de Felwine Sarr à l’incontournable Achille Mbembe, en passant par Souleymane Bachir Diagne ou le défunt Fabien Eboussi Boulaga. Rapide coup de projecteur.
I - UN CONSTAT LUCIDE : LA JEUNESSE EST UN PRÉTEXTE
Selon Hamidou Anne, la jeunesse n’est qu’un prétexte pour bon nombre de ceux, Africains ou non, qui parlent en son nom et entendent la placer au centre du développement du continent sans trop se pencher d’ailleurs sur ses conditions de vie et ses aspirations. L’auteur renvoie dans leurs cordes ceux qui abordent l’Afrique comme un continent d’entrepreneurs start-upeurs ou comme une immense zone de codeurs en informatique. Rappelons que l’Afrique doit créer plus de 450 millions d’emplois dans les vingt ans à venir. Le code et les start-ups ne suffiront pas à absorber l’entrée sur le marché du travail de dizaines de millions de jeunes…
Il critique la génération des pères fondateurs qui, selon lui, a tout raté en matière de développement. Il étrille celle de leurs continuateurs qu’il considère comme « la plus coupable dans le drame de l’Afrique » se contentant de copier/coller un modèle « néo-libéral » avec « les récits hors-sol de l’émergence ».
Soit dit en passant, cette deuxième génération de leaders n’en finit pas de se référer aux pères des indépendances mis à toutes les sauces. Il n’y a qu’à voir la Côte d’Ivoire où en janvier dernier, lors du congrès du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), tout le monde, partisans ou opposants d’Alassane Ouattara, jouait le registre du « plus houphouëtiste que moi tu meurs ». Quand on n’a pas grand-chose à dire, on se réfugie dans un passé mythifié, que l’on ressasse en convoquant les fondateurs. Dès lors, l’indifférence de la jeunesse, qui vit au présent et qui n’a guère de visibilité sur son avenir vis-à-vis de ce discours convenu, est peu étonnante… On peut d’ailleurs se demander ce que signifie Félix Houphouët Boigny pour le jeune Jean-Paul qui se « débrouille » à Yopougon, Modibo Keita pour Ibrahima, chauffeur de taxi à Bamako, Barthélémy Boganda pour César, lycéen à Bangui, ou encore Senghor pour Mariama de Kaolack…
Il n’y a d’ailleurs qu’à regarder l’âge des responsables de la jeunesse de certaines organisations et les entendre s’adresser à leur auditoire en commençant par un « chers amis jeunes », le tout rempli de poncifs soporifiques de type « vous êtes l’avenir et la promesse de ce pays ». Pour le microcosme politique, la jeunesse n’est au mieux qu’un passage obligé, au pire une question que l’on s’avère peu à même de vraiment traiter. Que dire du désarroi de nombreux leaders face aux mobilisations de jeunes sur tel ou tel point : ne les comprenant pas, incapables de leur parler, ils essayent soit d’acheter leurs leaders, soit de les endormir ou de les réprimer par divers moyens : la carotte, la natte ou le bâton, avec en prime la coupure d’Internet. Ceci dit, plusieurs gouvernements tentent quand même – et c’est heureux – de s’atteler à la question à l’instar de la récente création en Côte d’Ivoire d’un ministère de la Promotion de la jeunesse et de l’Emploi des jeunes.
Sur un continent où l’âge médian est de dix-neuf ans, on voit des septuagénaires au pouvoir, des octogénaires s’y accrochant ou voulant y revenir, ou encore des nonagénaires tenter d’influer sur le jeu politique (qu’on se souvienne de la fin de Robert Mugabe au Zimbabwe, des sorties d’Abdoulaye Wade lors de l’élection présidentielle sénégalaise de 2019, ou encore des déclarations du leader ivoirien Henri Konan Bédié en vue de l’élection présidentielle de 2020). Que dire des « toujours-mêmes-discours » du « toujours-président » camerounais Paul Byia, né en 1933, lors de la fête de la jeunesse ou de ceux d’Ibrahim Boubacar Keïta lors de sa campagne électorale de l’été 2018[3] ?
II - ÉDUCATION, RELIGION ET EXIL
Hamidou Anne évoque, un peu trop rapidement peut-être, l’état du système éducatif dans les pays africains. Il déplore à juste titre l’inadaptation de l’université à la « construction de l’émergence économique » mais ne parle pas, malheureusement, de l’état de l’enseignement primaire et secondaire, que ce soit au niveau des infrastructures, des personnels enseignants, des programmes ou de la corruption. Les « années blanches » sont toujours d’actualité dans de nombreuses zones, à l’instar de certaines régions de la République centrafricaine ou du Mali qui a connu pendant cinq mois une grève de ses enseignants. Dans des pays, où pour un jeune peu favorisé, avoir le BEPC et plus encore le baccalauréat relève du parcours du combattant – en Côte d’Ivoire, par exemple, en 2018, à peine 60 % d’une classe d’âge scolarisée obtient son brevet et le taux de réussite au bac est de moins de 50 % chez les élèves de terminale (à peine plus de 25 % des inscrits en Guinée) –, l’école n’est pas nécessairement un moyen de s’en sortir et ce, même si certains États entendent adapter et rénover leur système éducatif.
Rare moyen de supporter le réel dans ces conditions : la religion. « La jeunesse est invitée à se tourner vers Dieu pour pleurer sur son sort », note Hamidou Anne qui voit dans l’émergence d’une oligarchie religieuse – « les nouveaux rentiers de la foi », souvent en lien avec les pouvoirs politiques – une nouvelle façon de (con)tenir la jeunesse. Au Mali par exemple, il suffit de voir les stades que remplissent les imams Haïdara ou Dicko et leur poids politique pour s’en apercevoir[4]. Quand il ne reste plus grand-chose, on s’en remet à Dieu. Mais ce Inch’Allah ou cet Ad Majorem Dei Gloriam et autres « Réveils » ne pourront pourtant pas assurer un avenir un tant soit peu tangible aux jeunesses africaines. Même chose pour les dérives extrémistes dont on sait d’ailleurs que les motivations des jeunes qui y participent ne sont pas nécessairement religieuses.
Autre moyen d’essayer de s’en sortir : l’exil, que ce soit vers les grandes métropoles, les pays limitrophes ou l’Europe, avec les risques que cela comporte. Et, là encore, Hamidou Anne n’est pas particulièrement tendre avec les leaders africains : « La jeunesse veut quitter par tous les moyens l’Afrique à cause du bilan de nos pères. (…) Les dirigeants africains, avec leurs complices, hommes d’affaires, imams et prêtres, sont les premiers responsables de ces vies perdues. (…) La jeunesse d’Afrique part, car elle n’a plus le choix. On ne l’a jamais incluse dans une ambition globale de construction de nos pays ». On retrouve ici la question de l’impuissance du politique à penser et à agir pour sa jeunesse ainsi que le problème du leadership et de la gouvernance. Certes, le phénomène n’est pas propre à l’Afrique.
III - LA POLITIQUE COMME HORIZON ?
Aujourd’hui, un jeune africain – pas celui des classes favorisées ayant bac + 5, ni même le repat passé par les bonnes écoles occidentales, mais celui qui « galère » au quotidien – n’a guère d’appétence pour un monde politique à mille lieues de ses préoccupations.
La jeunesse africaine est-elle allergique ou indifférente au politique ? Oui, si par politique on pense aux formes traditionnelles d’engagements. En Côte d’Ivoire, par exemple, la moitié des 18-24 ans n’est pas inscrite sur les listes électorales[5]. Lors de la dernière élection présidentielle malgache, les jeunes ne se sont pas non plus déplacés en masse. Ce type de comportements touche d’ailleurs tous les continents, à des degrés divers. De nombreuses études le montrent : la jeunesse africaine ne s’intéresse pas au politique[6], pire, elle le fuit et n’attend « plus grand-chose de l’Afrique » et de ses dirigeants.
Évidemment, le rôle de la jeunesse dans le « dégagisme » africain est réel et patent[7], il n’y a qu’à voir son rôle au Burkina Faso dans la chute de Blaise Compaoré en 2014 ou les récentes manifestations anti-Bouteflika en Algérie[8]. Mais une fois le « but » atteint, tout redescend.
La jeunesse se mobilise sur des causes plus que sur des projets à long terme. À cet égard, l’exemple de la Tunisie « post-printemps » est paradigmatique[9]. Ainsi en octobre 2011, lors des premières élections législatives depuis le départ de Ben Ali, 84 % des électeurs inscrits volontairement sur les listes électorales s’étaient mobilisés. Trois ans plus tard, ils sont 69 %. Ainsi, sur un total de 5,2 millions d’électeurs inscrits, on est passé de 4,3 millions de votants en 2011 à un peu plus de trois millions en 2014, une baisse d’environ 25 %.
Dans cette optique, comment mobiliser activement ? L’auteur plaide pour des modes d’action et de sensibilisation endogènes, convaincu, à juste titre selon nous, que ce n’est pas avec des solutions toutes faites et souvent importées ou par des artefacts éphémères que les choses avanceront : « Les réponses pertinentes à long terme aux interrogations sur le devenir des jeunesses africaines seront endogènes ou ne seront que leurre ». On mesure la difficulté de la tâche et le travail de Sisyphe auquel appelle Hamidou Anne. D’autant plus que l’on voit périodiquement des « jeunes » leaders, jouant les Macron africains, émerger le temps d’une ou deux pirouettes médiatiques, mais n’ayant pas de solutions réelles et pérennes. Tout au plus reprennent-ils les usages et les méthodes de leurs aînés, les cheveux blancs en moins et un fil twitter en plus.
Si l’on peut ne pas toujours être en phase avec certaines thèses développées par l’auteur, si son optimisme n’est pas toujours contagieux, une chose est sûre : ce livre est l’émanation d’une jeunesse africaine qui veut prendre les choses en main et ne plus se laisser dicter son avenir par de vieux crocodiles, que ceux-ci vivent dans la lagune d’Abidjan, sur les rives du fleuve Sénégal ou dans le bassin du Niger.
par Amadou Tidiane Wone
LE PRIX DU PROGRÈS
Ni les liens de parenté, ni les accointances partisanes, ni les amitiés d'enfance ne doivent passer avant une appréciation objective des capacités, de tel ou tel, pour occuper telle ou telle station du service public
Une des magies des réseaux sociaux, c'est qu'ils transportent jusqu’à nous des informations, des connaissances, des savoirs qui nous seraient restés lointains, voire inaccessibles autrement. A cet égard j'ai reçu, comme beaucoup d'autres certainement, une vidéo diffusant un témoignage fort instructif du Professeur Kishore Mahbubani, fils d'immigrants indiens venus s'installer à Singapour. Né à Singapour il y'a un peu plus de 70 ans, il livre en des mots simples le secret qui a fait passer ce pays du Tiers-monde à un statut de pays émergent. Disons au rang d'un pays vraiment en voie de développement en 60 ans…Le Professeur Mahbubani estime ce temps à celui de sa propre vie, lui qui est entré à l’école en bénéficiant du programme de soutien aux enfants atteints de malnutrition, en raison de la pauvreté d’alors. Tout a donc changé dans son pays sous ses yeux ! Le Professeur Mahbubani, qui a mené 30 ans d'une carrière diplomatique qui lui aura permis d'observer le mode de fonctionnement de plusieurs pays du monde, résume le secret du développement fulgurant de Singapour en une fondation soutenant trois piliers structurants :
Le fondement de l’édifice repose sur une lutte, sans merci, contre la corruption en commençant par sanctionner, de manière exemplaire, les plus hauts responsables qui s'y adonnent. Il cite, au début de l'essor de Singapour, l'exemple d'un ministre emprisonné pour avoir accepté le paiement de ses vacances par une entreprise ! Cette chaude alerte a eu pour effet de convaincre la masse que nul ne serait plus désormais au dessus de la Loi. Avec pour conséquence que Singapour est devenu l'un des pays les moins corrompus au monde.
Les valeurs structurantes qui s'enfoncent dans cette fondation et maintiennent l’édifice debout et solide sont : la promotion au prix du mérite ou la méritocratie, le pragmatisme et enfin l’honnêteté !
On le voit , il n'est nulle part question de richesses naturelles qui couleraient à flot, ni d'homme providentiel qui , d'un coup de baguette magique transformerait le destin de son pays. Il s'agit d'un énoncé de valeurs simples mais fortes, intelligibles par tous, et mises en œuvre collectivement. Mais nous le voyons également, l’exemple doit impérativement venir d'en haut, des dirigeants. En effet, aucun dirigeant compromis, ou même suspect, ne peut avoir l’aura et le leadership nécessaire à une entreprise de redressement national et de progrès. On le voit enfin les exemples de bonnes pratiques existent à travers le monde. Il suffit de s'en inspirer. Mais, il n'est jamais trop tard pour bien faire si la sincérité, autre valeur nécessaire, est au rendez-vous. La bonne volonté fera le reste.
La méritocratie doit être le seul levier de promotion des serviteurs de la République. Ni les liens de parenté, ni les accointances partisanes, ni les amitiés d'enfance ne doivent passer avant une appréciation objective des capacités, de tel ou tel, pour occuper telle ou telle station du service public. Cela peut sembler surréaliste de le dire dans nos pays où des mensonges grossiers se sont érigés en vérités bibliques. Mais le progrès a un prix. IL va falloir le payer.
Le Pragmatisme : « Attitude de quelqu'un qui s'adapte à toute situation, qui est orienté vers l'action pratique. » Selon le Petit Larousse. Il en faut, notamment dans notre pays le Sénégal où la plupart des gens s’écoutent parler… En toutes circonstances, la parole est reine. La tendance générale est à la flatterie et aux mots de circonstances. On en oublie les maux de la circonstance…Il faudrait évaluer et transformer profondément notre système éducatif et l'orienter vers une conquête quotidienne du mieux-être dans la droiture et le culte du travail bien fait .
L’Honnêteté : elle commence par soi et s’évalue de soi à soi. Car, on est jamais à l'abri de son propre regard ! Il faut alors l’aiguiser et le rendre intransigeant. C'est alors que l'on devient fort vis-à-vis du regard des autres. Seul devant son plan de travail, on ne triche pas. Ni sur les horaires, ni sur les cadences. Au sommet de l’État, on devrait , encore davantage sentir le poids de son propre regard et entendre cette voie intérieure qui nous dit « non…pas ça…l’avenir de quinze millions de personnes dépend de cette signature… »
Si toutes ces valeurs sont promues au rang de culte et sont défendues et protégées par la loi, et si les contrevenants sont sanctionnés de manière exemplaire, on construit progressivement une société harmonieuse, capable en 30 ans de rattraper tous les retards et de construire un pays où il fait bon vivre. Certains esprits chagrins me diront qu'avec des "si " on mettrait Paris en bouteille…
L’Autre Dialogue national qui relève de l'urgence, à mon sens, devrait porter sur la (Re)définition de nos valeurs. La protection de nos identités culturelles, spirituelles et sociales est, concomitamment, prioritaire. Refusons de ne devenir que des clones (des clowns ?) irréels et comiques de l’Occident ou de l’Orient. Assumons nos différences positives, et donnons nous les moyens des les défendre et de les illustrer. Le projet divin pour l'homme n'est pas une création en séries. C'est, tout au contraire, l’unicité de chaque être, de chaque espèce. La différence absolue d'une empreinte digitale à l'autre...
Pour dire que le progrès commence par se connaître, se reconnaître et se respecter. Alors que, dans le discours public ambiant, lorsque le pouvoir et l’opposition s'apostrophent, on croirait entendre aboyer deux chiens ennemis. On dirait parfois des étrangers les uns aux autres. Alors qu’hors caméras…L'homme vaut mieux. Il est capable de beaucoup mieux que de se livrer à ces « jeux » qui finissent toujours par des arrangements hors la vue de la majorité. Changeons de méthode et d'approche. Cela est possible. Il suffit juste de s’écouter. De se parler. On devrait finir par s'entendre sur un grand projet pour le Sénégal puisque la Providence nous en donne désormais les moyens. Si parler veut encore dire quelque chose…
Que Dieu nous protège de l'esprit malin et de ses suppôts !
OUMAR YOUM AVANCE DES DONNÉES SANS PREUVES SUR LES ACCIDENTS DE LA ROUTE
Le ministre des infrastructures terrestres, a récemment indiqué que le pays enregistre en moyenne 4 554 accidents par an pour 550 décès
Africa Check |
Mame Gor Ngom |
Publication 04/07/2019
Les accidents ont atteint une moyenne annuelle de 4 554 accidents avec au moins 550 décès
Source : Oumar Youm, ministre sénégalais des infrastructures terrestres et du désenclavement
Verdict
Explication: Il n'existe pas de données qui corroborent les chiffres avancés par le ministre Oumar Youm
Les accidents ont atteint une moyenne annuelle de 4 554 accidents avec au moins 550 décès (ministre des infrastructures terrestres)
234 morts sur 149 accidents en 2018 (chiffres non exhaustifs de la direction des transports terrestres).
16 373 accidents pour 612 morts dans le tout le pays en 2018 (Brigade nationale sapeurs pompiers).
Pas suffisamment de données disponibles pour calculer une moyenne annuelle des victimes d'accidents de la circulation.
VIDEO
RICHARD TOLL, QUAND LE PONT SÉPARE LA POPULATION
Le Pont Sermat date de l'époque coloniale. Aujourd'hui il ne reste plus qu'une infrastructure extrêmement dégradée et dangereuse pour les centaines de personnes qui y passent tous les jours
Le Pont Sermat date de l'époque coloniale Des dizaines d'années ont eu raison de sa solidité. Aujourd'hui il ne reste plus qu'une infrastructure extrêmement dégradée et dangereuse pour les centaines de personnes qui y passent tous les jours. Des travaux de réhabilitation avaient été lancés il y a près de 2 années mais aujourd'hui le chantier est à l'arrêt du fait d'un défaut de financement. Une situation qui coupe presque plusieurs quartiers de Richard Toll du reste de la commune.
LA RÉALITÉ PAYSANNE ARDUE DE L'AUTOSUFFISANCE EN RIZ
Annoncée pour 2017 puis repoussée en 2019, l’autosuffisance en riz, peine toujours à être atteint - Ouestaf News s’est intéressé aux producteurs dont la majorité s’active dans la vallée du fleuve Sénégal, principal foyer de la production rizicole
Annoncée à l’horizon 2017 puis repoussée en 2019, l’autosuffisance en riz, un des objectifs phares du Plan Sénégal émergent (PSE) du gouvernement sénégalais peine toujours à être atteint. Avant même le PSE, l’ancien président Abdoulaye Wade avait lui aussi promis l’autosuffisance en riz. Sans succès. Au-delà des discours officiels, Ouestaf News s’est intéressé aux producteurs dont la majorité s’active dans la vallée du fleuve Sénégal, principal foyer de la production rizicole. Ce premier reportage s’intéresse à la question des terres.
Quarante degrés à l’ombre en ce mois de Ramadan, la période de jeûne des musulmans. Il est quatorze heures à Colona, village situé à 17 km de Richard-Toll (commune située, à 106 km de la ville de Saint-Louis (nord). La chaleur est suffocante.
De Richard Toll, les motos taxis vous déposent à Colona en moins de dix minutes. Le décor est fait de petites cases et de quelques habitations en dur. Suit un vaste espace presque désert, puis au loin de la verdure.
Trouvé debout au milieu de son vaste champ, Samba Sow, agriculteur de 43 ans, vérifie le fonctionnement de la machine d’eau pour le drainage, coordonne avec les «siffleurs d’oiseaux » et donne les dernières consignes de la journée.
Sur cette étendue rizicole qui s’étend sur «au moins 150 hectares», ce producteur dénonce l’insuffisance d’espaces aménagés pour la culture du riz, qui serait un obstacle «majeur» à une production massive, passage obligé vers l’autosuffisance en riz.
Le riz, pour le Sénégal constitue un aliment de base. Le pays en consomme 1.080.000 tonne par an, dont 650.000 tonnes provenant des importations et 430.000 tonnes de la production nationale, selon le Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture Sénégalaise (Pracas).
En 2018, les importations du riz ont été estimées à 1,3 million de tonnes, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
C’est à cette dépendance que les autorités veulent mettre fin depuis, sans y parvenir. Pour les paysans, il s’agit d’abord d’un problème de terres et de superficies cultivables.
«Les superficies n’ont pas augmenté. Nous avons les mêmes superficies depuis le temps du président Abdoulaye Wade (2000-2012) », déplore Samba Sow, tout en montrant du doigt les limites de son champ.
En 2008, l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade avait lancé, la Grande offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana), une initiative agricole qui visait à mettre fin à la dépendance alimentaire du Sénégal avec, entre autres objectifs, la production de 500.000 tonnes de riz paddy (riz à l’état brut, non encore décortiqué) en l’espace de six mois, à partir du mois d’octobre 2008. Mais, la Goana n’avait atteint ses objectifs. Abdoulaye Wade avait quitté le pouvoir en 2012 sans assurer aux Sénégalais l’autosuffisance en riz.
Pourtant, avec ce programme, une augmentation sensible de la production avait été notée, passant de 193.000 tonnes en 2007-2008, à 604.000 tonnes durant la campagne 2010-2011, selon des chiffres de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD).
Selon M. Sow, depuis l’arrivée au pouvoir du président Macky Sall, en 2012, les espaces aménagés n’ont connu aucune augmentation dans cette zone.
Prenant congé du village de Colona, cap sur Ross Béthio, localité située à quelques kilomètres de là, dans la commune de Dagana pour rencontrer les membres de Société nationale d’aménagement et de l’exploitation des Terres du Delta du Fleuve Sénégal et des Vallées du Fleuve Sénégal et de la Falémé (Saed).
Chef de la Division d’appui à la production et à l’entreprenariat rural au sein de l’antenne locale de la Saed, Mansour Cissé, nuance les propos du cultivateur Samba Sow.
Depuis le lancement du Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture Sénégalaise (Pracas), en 2014 sous le président Macky Sall, les espaces aménagés ont connu une hausse dans la Vallée du fleuve Sénégal, passant «de 37 mille ha en 2013 à 49 mille en 2018», selon M.Cissé, « soit une progression de 32% en valeur relative et 12 mille ha en valeur absolu. Cela est extrêmement important».
Le Pracas est un programme qui vise à atteindre, à moyen terme, la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Pour ce faire, l’un de ses objectifs prioritaires est d’atteindre l’autosuffisance en riz avec une production annuelle de 1.600.000 tonnes de paddy.
Mais, «il faudra augmenter les superficies cultivables pour atteindre l’autosuffisance en riz », concède toutefois, Mansour Cissé.
De la terre, on en redemande
Retour à Richard-Toll vers 17 heures sous un soleil devenu plus clément. A 19 km d’ici se trouve Mbagam, un autre village d’agriculteurs.
Avec ses habitations modernes, Mbagam offre un visage moins rustique. Les maisons sont longées par des champs d’oignon. On y trouve un poste de santé et une école élémentaire, «construite par les habitants eux-mêmes», expliquent non sans fierté les villageois.
Selon Oumar Bouya Niang, le président de l’Union de Mbagam, organisation qui regroupe les Groupements d’intérêt économique du village, il y a ici à 500 ha de terres cultivables. Mais tout comme Colona, Mbagam a soif de terres. L’augmentation des superficies cultivables constitue ici aussi une doléance. A cela s’ajoute le problème d’aménagement des terres, insiste Oumar Bouya Niang, qui souligne au passage la difficulté qu’ont les cultivateurs à accéder à leurs champs durant la saison des pluies.
Un champ demande de l’aménagement avec «des pistes de productions», un «bon drainage», jusqu’à ce que ce que «le cultivateur à n’importe quel moment, en saison des pluies ou en saison sèche, puisse accéder à sa terre», souligne-t-il.
Dans la Vallée du Fleuve Sénégal, il y a une pratique de la double culture. Une première période d’hivernage qui commence de juillet à novembre-décembre et une autre en saison sèche qui débute au mois de février jusqu’en juin. Avec les aménagements et la maitrise de l’eau, les producteurs ont la possibilité de faire deux campagnes de riz pour une même année, confirme Mansour Cissé.
Cependant, selon Oumar Bouya Niang, la pratique de cette double culture du riz «n’existe» presque pas. Pendant la saison des pluies, il est souvent très difficile d’accéder à sa terre à tout moment, «que ce soit en voiture ou à pied». Et par conséquent, «il y a beaucoup d’agriculteurs qui ne peuvent pas faire deux cultures de riz parce qu’ils n’ont pas les moyens pour accéder à leur terre».
«Si nous avons 50 mille ha en saison sèche ; en saison des pluies, on n’aura même pas 20 mille ha à cultiver», explique-t-il.
"TROP NOIRE, JE REFUSAIS D'ALLER À L'ÉCOLE"
Jusqu'à 14 ans, la jeune Sénégalaise Khoudia Diop se sentait obligée de se cacher ou d'essayer de s'éclaircir la peau, sans succès
Khoudia Diop avait peur de quitter sa maison et d'aller à l'école à cause de la couleur de sa peau.
Jusqu'à 14 ans, la jeune Sénégalaise se sentait obligée de se cacher ou d'essayer de s'éclaircir la peau, sans succès.
A 17 ans, elle devient "Melaniin goddess" (compte Instagram) et fait la une des magazines de mode.
Trois ans plus tard, avec plus de 500.000 abonnés sur Instagram, elle devient l'un des visages de la marque de maquillage de la star de la musique, Rihanna.
Une interview de Ata Ahli Ahebla pour l'émission économique Question d'Argent.
EN AFRIQUE DE L'OUEST, UN PROJET RISQUÉ DE MONNAIE COMMUNE
Quinze Etats souhaiteraient lancer l’« eco » en 2020 mais cet objectif semble irréaliste. Les préparatifs techniques n’ont, en effet, pas du tout avancé depuis trente ans
Le Monde Afrique |
Marie de Vergès |
Publication 04/07/2019
Elle s’appellera « eco ». Voilà au moins un point qui ne fait pas débat concernant le projet d’une monnaie commune pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Les dirigeants des quinze Etats membres ont adopté ce nom lors d’une réunion samedi 29 juin, à Abuja (Nigeria).
Le lancement de cette devise, présentée comme un futur vecteur d’intégration régionale, est prévu pour 2020. Une échéance irréaliste selon tous les observateurs. L’objectif d’une monnaie unique a beau être discuté depuis une trentaine d’années, les préparatifs techniques n’ont pas avancé d’un iota. Et les critères de convergence requis pour intégrer la zone, en matière de dette, de déficit public ou d’inflation, ne sont respectés que par une poignée de pays.
Renoncer à utiliser le franc CFA
Les différences de structures économiques entre pays risquent aussi de compliquer l’élaboration d’une politique monétaire commune. Des disparités illustrées par le poids du Nigeria, qui représente à lui seul les deux tiers du produit intérieur brut du futur ensemble. Le cycle économique de ce gros exportateur de pétrole est très dépendant des cours mondiaux de l’or noir, à rebours de la plupart des autres pays de la zone qui en sont importateurs nets.
Pour adopter l’eco, huit des membres de la Cedeao devraient renoncer à utiliser une autre monnaie commune : le franc CFA, arrimé à l’euro par une parité fixe, et garanti par le Trésor français. L’utilisation de cette devise fait polémique, compte tenu des liens qu’elle entretient avec l’ancien colonisateur. Mais elle a aussi des vertus, comme la stabilité du taux de change qui envoie un signal positif aux investisseurs. « Ils ne s’en déferont pas tant que les avantages et la solidité de l’eco n’auront pas été clairement démontrés », présume un observateur averti établi à Abidjan.
LES PRIMES POLLUENT L'AVANT-MATCH DE L'OUGANDA CONTRE LE SÉNÉGAL
À deux jours de son huitième de finale contre le Sénégal, l’équipe de l’Ouganda ne se prépare pas dans les meilleures conditions. Les Cranes sortent de deux jours de grève pour réclamer une revalorisation de leurs primes pour la CAN 2019
À deux jours de son huitième de finale contre le Sénégal, l’équipe de l’Ouganda ne se prépare pas dans les meilleures conditions. Les Cranes sortent de deux jours de grève pour réclamer une revalorisation de leurs primes pour la CAN 2019. Résultat : un entraînement zappé et un autre commencé plus de trois heures après l’heure prévue. Pas de bon augure avant de faire face aux Lions.
Encore une affaire de primes... Après le Cameroun, le Nigeria, avant le début de la CAN, c’est au tour de l’Ouganda de s’offrir sa crise, après un premier tour réussi (2e du groupe A derrière l’Egypte). Les Cranes ont ainsi boycotté leur séance d’entraînement de mardi, et retardé celui de mercredi jusqu’à 22h 30 pour inciter leur fédération à accéder à leur demande. Les joueurs de Desabre réclamaient une revalorisation de leurs primes, sans doute galvanisés par leurs performances. La fédération, elle, ne voulait rien attendre, affirmant, dans un communiqué que tout « avait été discuté depuis le 13 mai dernier, y compris les bonus en cas de victoire et de qualification ».
Trois jours (presque) sans entraînement…
S’ensuivit un bras de fer entre la Fédération ougandaise, qui a rappelé que les 23 joueurs avaient signé un code de bonne conduite, et les Cranes qui n’ont voulu rien lâcher. Ce sont eux qui ont eu le dernier mot puisque la Fufa a décidé mercredi dans la soirée de verser 6 000 dollars américains supplémentaires à chaque joueur en guise de revalorisation, tout en leur rappelant leurs devoir « dans la préparation du huitième de finale contre le Sénégal », vendredi 5 juillet à 19h TU.
Laissés au repos lundi après leur qualification en huitièmes de finale, en grève, mardi et une bonne partie de la journée de mercredi, les Cranes ne se sont donc pas entraînés véritablement depuis trois jours. Il ne leur reste que jeudi, la veille du match, pour réfléchir à l’équation Sénégal. Cela fait peu et avec la pression qu’ils se sont mise, ils seront plus que jamais attendus.
PAR Félix NZALE
POUR UN DÉBAT INCLUSIF
Le débat sur le pétrole, le gaz et autres découvertes minières, est aussi celui des intellectuels et de la classe religieuse. Les voix de ces catégories doivent être entendues
Toutefois, certains ne sont pas d’accord avec cette approche inclusive. En l’occurrence, des voix de politiciens se sont élevées pour exclure d’office du champ de la réflexion et de l’argumentation celles des « non savants » dans le domaine des hydrocarbures. Ce n’est pas tout à fait injuste. C’est même, en soi, faire preuve de responsabilité que de s’abstenir de s’immiscer dans des problématiques auxquelles on ne comprend rien.
Toutefois, restreindre exclusivement le champ de rationalité aux seuls experts et savants, ce serait faire preuve d’une surdité ‘’suspecte’’ à l’appel de l’essentiel. En effet, le débat sur le pétrole, le gaz et autres découvertes minières, est aussi celui des intellectuels et de la classe religieuse. Les voix de ces catégories doivent être entendues parce qu’intellectuels et religieux sont normalement investis d’une responsabilité sociale, celle de nourrir le lien… social.
Précisément, nous voyons comment déjà la classe politico-savante et experte commence à s’entre-déchirer même sur ce qui pourtant paraît fondamental, à savoir le contenu local dans la perspective de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières. Il n’est alors pas superfétatoire que le débat soit d’abord articulé autour des préoccupations d’ordre principiel, moral et éthique… Des sortes de balises pour guider et éclairer les décideurs. Actuels et futurs. Que l’on regarde autour de nous : paradoxalement, la prospérité des pays engendre quasi fatalement la misère. L’accumulation des richesses dans certains pays se fait au prix d’abus souvent sanguinaires, sous le couvert de mensonges et de désinformation. L’abondance (de quelques individus) y résulte d’extorsions, de spoliations.
Et le raffinement n’y est qu’un dérèglement, un sensualisme désabusé qui exprime le divorce entre les populations gérées comme des masses anonymes et vouées au sacrifice, et des élites politico-affairistes. Un développement responsable, faut-il le souligner, est toujours solidaire. Et rien ne devrait objectivement s’y opposer. Prêcher un « être-ensemble », une régulation du devenir en commun, c’est également la tâches des intellos et des religieux soucieux de préserver la paix et la concorde nationales. Responsabilité, oui.
A propos de ce concept d’ailleurs, il n’y a en principe rien à dire que chacun ne sache vraiment en son for intérieur. Il est seulement demandé aux politiques et autres d’entendre l’appel des générations futures et d’y répondre. A ceux qui l’ignorent ou feignent de l’ignorer, il faut rappeler que ce qu’une génération doit à l’autre, c’est la limite. Pas le chaos.
LA SOCIÉTÉ MAURITANIENNE HANTÉE PAR SON PASSÉ ESCLAVAGISTE
En 1981, la Mauritanie est devenue le dernier pays au monde à abolir l'esclavage. Mais le problème persiste, et le gouvernement ne fait pas grand-chose pour régler la situation
En 1981, la Mauritanie est devenue le dernier pays au monde à abolir l'esclavage. Mais le problème persiste, et le gouvernement ne fait pas grand-chose pour régler la situation. Même si des organisations indépendantes aident les anciens esclaves désormais libres, les victimes doivent encore faire face à de nombreux obstacles dans leur nouvelle vie.