DE NOUVELLES RÈGLES DE VIE QUOTIDIENNE POUR LES MOURIDES
Les responsables de Touba en ont assez des débordements, notamment des cérémonies de sabar. Le grand khalife qui dirige la confrérie a diffusé un long communiqué dans lequel il rappelle les règles fondamentales qui organise la ville sainte
Les responsables de la ville sainte de Touba, capitale des mourides, en ont assez des débordements, notamment des cérémonies de sabar, les célèbres percussions.Le grand khalife qui dirige la confrérie a diffusé un long communiqué dans lequel il rappelle les règles fondamentales qui organise la ville sainte. Il promet des sanctions à tous ceux qui ne les respecteront pas.
Serigne Mountakha Mbacke ouvre son communiqué avec l’extrait d’une sourate du Coran : « Rappelle, car le rappel profite aux croyants. » Le khalife général des mourides indique ensuite qu’il « réitère son engagement à faire respecter tous les interdits et pratiques prohibées dans la ville sainte ».
Six points sont détaillés. D’abord l’interdiction de vendre et de consommer tabac, alcool et drogues dans les lieux publics comme privés. En application des principes de l’islam, de nombreuses activités sont également illégales : le sport, la lutte, le football, la musique et les jeux de hasard. Toujours pour respecter les règles religieuses, la magie, le charlatanisme et la sorcellerie sont illégaux à Touba.
En outre, l’utilisation de produits de dépigmentation de la peau et les cheveux artificiels sont interdits, ainsi que le port de vêtements indécents, rappelle aussi le khalife général. Au niveau de l’éducation, les ouvertures d’écoles et de daara, les écoles coraniques, ne peuvent se faire qu’avec l’autorisation de la commission de la confrérie mouride. Le khalife général conclut en indiquant que de sévères sanctions seront prises par le comité de supervision et les autorités publiques si ces règles ne sont pas respectées.
L'HOMME LE PLUS RICHE DE TOUS LES TEMPS ÉTAIT MALIEN
L’Américain Jeff Bezos et le Français Bernard Arnault sont en tête des classements de milliardaires. Mais leur fortune fait pâle figure en comparaison de celle de Mansa Moussa, souverain qui a régné au XIVe siècle
francetvinfo.fr |
Eléonore Abou Ez |
Publication 03/07/2019
Avec des fortunes estimées à plus de 100 milliards de dollars chacun, le patron d’Amazon ou le fondateur de LVMH sont de "petits joueurs". Il suffit de remonter le temps pour trouver un homme encore plus fortuné. Ni ventes en ligne, ni produits de luxe. Mansa Moussa, ou l’empereur Moussa, a amassé une fortune colossale estimée à 400 milliards de dollars d'aujourd'hui, grâce aux ressources des terres d’Afrique.
Un Empire en or
L’histoire se déroule au XIVe siècle. Une période riche et prospère pour l’Empire du Mali, immense territoire d’Afrique de l’Ouest. Le sol regorge d’or et le souverain de l’époque, Mansa Moussa (qui a régné entre 1312 et 1337), ne rate pas l’opportunité d’exploiter ce précieux métal. Sous sa houlette, l’Empire représente près de la moitié des réserves d’or de l’Ancien monde, comme le souligne la BBC, qui cite le British Museum. Apprécié pour sa pureté, l’or africain est utilisé pour frapper des devises ou fabriquer bijoux et objets religieux.
Le pèlerinage fastueux
Malgré un commerce florissant, les performances économiques du royaume et de son dirigeant, appelé le "Seigneur des mines", sont peu connues au-delà de ses terres. C’est en 1324, lors de son voyage à la Mecque, qu’il exhibe sa richesse. Dans son long périple, le Mansa (roi des rois) embarque avec lui 60 000 hommes, 12 000 esclaves et une centaine de chameaux transportant chacun 150 kilos d’or pur, souligne L’Orient-Le Jourqui se réfère à une exposition aux Etats-Unis, Les caravanes de l’or, dédiée au rôle central de l’Afrique à l’époque médiévale. Le roi Moussa se fait remarquer en distribuant de l’or. Il inonde le marché du Caire au point de provoquer une crise financière.
L'homme qui valait 400 milliards
Roi providentiel ou souverain mégalomane ? Le nom de Mansa Moussa est en tout cas associé à la prospérité de l’Empire du Mali, l’un des plus vastes au monde à cette époque. A la fin du XIVe siècle, le "Lion du Mali", figure dans l'Atlas Catalan de 1375, une référence importante pour navigateurs de l'Europe médiévale.
On y voit Moussa assis sur un trône tenant dans la main une pépite d'or (photo d'illustration de l'article). Mais après sa mort en 1337, son Empire ne résiste pas aux divisions et aux rébellions. Mansa Moussa laisse un héritage culturel important à Tombouctou et dans d'autres villes de l'actuel Mali. Sa fortune, estimée à 400 milliards de dollars par le site américain Celebrity Net Worth, fait de lui l’homme le plus riche de tous les temps.
par Abdou Diaw
MONNAIE UNIQUE, L'ÉQUATION DES CRITÈRES DE CONVERGENCE
L’horizon de 2020 fixé par les chefs d’Etat pour mettre en circulation cette monnaie semble trop idéaliste. Au regard des conditions qu’exige l’institution d’une monnaie unique, l’on s’interroge réellement sur la faisabilité de ce projet
« Eco » ! Ainsi sera appelée la nouvelle monnaie que les 15 pays membres de la Cedeao comptent mettre en place d’ici 2020. Suite à la réunion des ministres des Finances (Abidjan : 17-18 juin) qui avaient déjà trouvé un consensus sur ce nom, les chefs d’Etat de la Cedeao réunis, samedi 30 juin 2019 à Abuja, ont entériné cette décision ainsi que le calendrier d’adoption. Cette conférence, tenue dans la capitale nigériane, marque un tournant décisif dans la réalisation de ce projet d’intégration monétaire dans les coffres depuis les années 80. Les dirigeants ouest-africains se sont fixés un nouveau deadline : 2020. Ce, après en avoir épuisé plusieurs. L’institution de cette monnaie a été reportée successivement en 2003, 2005, 2009 puis en 2015. Manque de préparation des Etats ou délai prématuré ? Quoi qu’il en soit, ce n’est pas encore demain la veille pour voir « Eco » dans nos portemonnaies.
Dans le principe, la création d’une monnaie unique peut être une opportunité pour les Etats ouest-africains en ce sens qu’elle constitue un instrument permettant de faciliter les échanges commerciaux au sein de la future zone monétaire. L’artisan de Ngaye Mékhé qui exporte ses chaussures « Made in Senegal » en Côte d’Ivoire, au Bénin, au Togo n’aura pas de soucis en termes de convertibilité monétaire puisqu’il échange avec des pays utilisant la même monnaie (le franc Cfa). Ce qui n’est pas le cas, si ce même artisan écoule ses articles au Nigéria ou au Ghana qui n’appartiennent pas à la même zone Cfa. Du coup, il devra faire face à des couts de convertibilité. Une monnaie unique permet également d’avoir un marché beaucoup plus vaste, donc plus d’opportunités d’échanges – des économies d’échelle. L’utilisation d’une même monnaie entre pays contribue à la réduction des coûts de transaction liés aux échanges. Cela, grâce à suppression de frais de convertibilité des monnaies. Bref, « l’Eco » serait, sans doute, cet accélérateur de l’intégration monétaire de la zone ouest-africaine d’autant qu’elle remplacera, à termes, le franc Cfa (XOF) en cours dans les huit pays de l’Uemoa et les sept autres monnaies nationales utilisées respectivement au Ghana, au Nigéria, en Gambie, au Libéria, en Sierra Léone, au Cap-Vert et en Guinée Conakry.
Vouloir démanteler une union monétaire (en l’occurrence celle de l’Uemao) vieille de plusieurs décennies et autres monnaies nationales relèverait d’une véritable mission herculéenne. Il faut le reconnaître, la tâche ne sera pas facile. C’est pourquoi, l’horizon de 2020 fixé par les chefs d’Etat pour mettre en circulation cette monnaie semble trop idéaliste. Au regard des conditions qu’exige l’institution d’une monnaie unique, l’on s’interroge réellement sur la faisabilité de ce projet. Sur les six mois qui nous séparent de l’échéance, nombreux sont les Etats de la Cedeao qui n’ont pas encore respecté certains critères de convergence économique comme l’inflation, le déficit budgétaire, le ratio dette/Pib… Même à l’intérieur de l’Uemoa, connue pour être une union monétaire, il y est noté des divergences sur certains agrégats macroéconomiques. Par exemple, pendant que l’encours de la dette du Sénégal se situe à 51,5 % en juin 2019, au Togo, en fin février dernier, le taux d’endettement était de l’ordre de 70,7 %, soit légèrement au-dessus de la norme communautaire fixée à 70 %.
Outre la question de la convergence des indicateurs macroéconomiques de la zone ouest-africaine, qui pourrait être difficilement atteinte à cette échéance, il faudra également penser à la création de réserves de change devant couvrir les premiers mois d’importations. En effet, l’importance de la convergence économique puise sa source dans la théorie des zones monétaires optimales de l’économiste canadien Robert Alexander Mundell. Donc, l’hétérogénéité des économies ouest-africaines constitue ainsi une autre paire de manche. Non sans compter la question institutionnelle avec la création de la banque centrale en charge de l’émission de la masse monétaire dans le circuit économique de la zone et le choix du type de régime (parité fixe, flottant ou panier de devises). L’autre grosse équation reste le géant nigérian – la première puissance économique du continent – qui se montre de plus en plus réticent sur certaines questions d’enjeux régionaux y compris la Zleca, les Accords de partenariats économiques, et bien évidemment, la monnaie unique. Le Nigeria acceptera-t-il de se ranger derrière un autre pays de la Cedeao pour présider aux destinée de la monnaie unique ? Mystère autour du leadership. A défaut d’instituer une monnaie unique en 2020 pour toute la Cedeao, les Etats qui sont parvenus à respecter les critères pourront, de manière graduelle, commencer à adopter l’Eco en attendant que les autres puissent suivre et prendre le train en marche.
Publication prise de son profil Facebook
THIONE NIANG, DE LA MAISON BLANCHE AUX CHAMPS DU SÉNÉGAL
Ancien responsable des jeunes démocrates aux États-Unis et proche de Barack Obama, Thione Niang est de nouveau basé au Sénégal où il cultive des champs. Son projet : former des jeunes et travailler la base de toute activité économique, l’agriculture
Cette célébrité internationale au profil musclé reçoit chez lui en toute simplicité, en pantalon wax et T-shirt noir. Sa maison, discrètement plantée au bord d’une plage, à une heure de Dakar, est à son image. Pour y entrer, il faut traverser un garage transformé en hall, dont les murs sont peints comme une rue de Brooklyn. Se succèdent en noir et blanc les portraits géants de Nelson Mandela, Martin Luther King, Rosa Park,Bob Marley et Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie musulmane des mourides au Sénégal.
Au salon, à l’étage, un portrait de Barack Obama trône près de la télévision, plus petit que celui de Bob Marley, sous un immense cadre en verre posé à même le sol. Ici, des livres et là, une guitare. Sur le mur, une autre fresque représente Thione Niang aux États-Unis, entouré par ce qu’on devine être sa famille, ses amis, sa communauté. Le portrait de son défunt grand-père Mam Thione, en médaillon dans le ciel, veille sur son monde.
Sans façon, le maître des lieux propose un dîner à ses visiteurs du soir. Il ne donne de consignes à personne et passe en cuisine pour le préparer lui-même. Il sert poulet, oeuf, salade et niébés, un plat simple et délicieux, tout frais sorti de ses champs.
De Kaolack à Cleveland
Son parcours relève de l’une des success-stories les plus emblématiques des États-Unis. À 30 ans, en 2008, Thione Niang s’illustre dans la campagne électorale de Barack Obama. Il fait sien le slogan « Yes, we can » jusqu’au bout des ongles, et apprend au premier président noir des États-Unis deux mots de wolof chers à son coeur : Nio far (« On est ensemble »).
Issu d’une famille pauvre et polygame du quartier de Medina Baye, à Kaolack, une ville du centre du Sénégal, il part à 16 ans terminer ses études secondaires au lycée Blaise Diagne à Dakar. En 1998, comme tant d’autres, il rêve des États-Unis où est déjà partie toute une vague de jeunes Sénégalais depuis le début des années 1990. Son objectif, des plus banals au Sénégal : aider financièrement sa mère, ses frères et ses soeurs. À quatre reprises, il demande le visa, avant d’atterrir en 2000 à New York, dans le Bronx, avec 20 dollars en poche. La solidarité qui prévaut dans la communauté sénégalaise des États-Unis fonctionne à plein. Il est accueilli par des contacts, et trouve vite un emploi dans un restaurant.
Ses connexions le mènent à Cleveland, Ohio, où il travaille dans un hôtel Marriott tout en poursuivant ses études et en enseignant le français dans un quartier noir de la ville. « Ce travail m’a réveillé, raconte-t-il. Je voyais beaucoup de jeunes Africains-Américains de 14 et 15 ans qui allaient en prison. Je me suis demandé comment faire une différence dans cette grande ville où les jeunes Noirs sont laissés à des familles de mères célibataires, sans mentor ni rôle modèle. La crise économique frappait dur, à cause de la délocalisation des industries de Cleveland vers l’Asie ».
De Cleveland à Washington
Il s’engage en 2005 comme volontaire dans la campagne d’un conseiller municipal démocrate, Kevin Conwell, en espérant qu’il pourra changer la vie de ces jeunes. Remarqué pour son dynamisme et sa capacité de mobilisation, il participe la même année en tant que directeur adjoint à la campagne du candidat à la mairie Frank Jackson, démocrate métis réélu trois fois depuis et toujours en fonctions. Il oeuvre ensuite aux côtés de la députée noire Shirley Smith, présidente du Black Caucus pour l’Ohio, candidate aux sénatoriales.
Elle lui permet de rencontrer le sénateur Barack Obama en 2006, à Columbus. Il rejoint quelques mois plus tard la campagne du candidat déclaré à la présidentielle en tant que « community organizer » des jeunes démocrates pour le comté de Cuyahoga. Il contribue à lever des fonds et diffuser des messages de proximité sur les réseaux sociaux. En 2009, après une élection historique, il est nommé président chargé des affaires internationales des jeunes démocrates des États-Unis.
De Washington au Sénégal avec Give1 Project
En 2012, il appelle de nouveau les jeunes Américains à soutenir Barack Obama pour « protéger le rêve américain » et lance à ses côtés la campagne officielle. Président national de Generation 44 (Gen44), Obama étant 44e président des États-Unis, Thione Niang dirige le comité financier de la campagne destiné aux moins de 40 ans. Il est sélectionné la même année par le Center for American Progress parmi les 10 activistes noirs les plus « audacieux » des États-Unis.
Dès 2009, inspiré par un discours d’Obama, il pense à lancer sa fondation, qu’il baptise Give1 Project. Présente dans 34 pays à travers le monde, dont 23 en Afrique, elle se préoccupe du sort et de l’autonomie des jeunes. Il se sent concerné par le sort des jeunes migrants, jusqu’au Salvador ou au Guatemala qui tentent l’aventure vers les États-Unis au péril de leur vie. Thione Niang veut les aider à se construire un avenir chez eux, dans leur pays, en les formant et incubant des porteurs de projets. « Je suis allé à Ceuta, à la frontière entre le Maroc et l’Espagne, et j’ai vu le même phénomène, témoigne-t-il. Des gens traversent l’océan pour chercher des opportunités en Europe. Je les ai rencontrés, ils vivent dans les forêts, dans des conditions difficilement explicables. »
Son expérience avec Give1 Project lui vaut des invitations dans bien des conférences, au Medef en France et pour un discours TEDx notamment. Elle l’a conduit à faire une tournée dans dix pays d’Asie pour parler d’entrepreneuriat social. « Le capitalisme tel qu’il est pratiqué aux États-Unis ne fonctionne pas, dit-il. Au final, il oublie la base, les masses, et génère des inégalités impossibles à combler. L’entrepreneuriat social vise ces inégalités, il se situe entre le monde des affaires et les associations à but non lucratif, pour faire du bien tout en faisant de l’argent. »
Entrepreneur social avec JeufZone au Sénégal
« Nous ne faisons que du concret et du sérieux, poursuit-il. On ne vend pas du vent, car nous sommes ici chez nous ». Nationaliste africain, très attaché au rêve panafricain de ses aînés, il a repris pied au Sénégal en 2015. Il critique le contrôle exercé par des capitaux étrangers sur les économies africaines, mais ne veut surtout pas faire de politique chez lui, où il est redouté pour sa force de frappe potentielle. Pour éviter de devenir une boule dans un jeu de quilles, il ne parle plus à la presse depuis deux ans. « Il est possible de changer les choses par l’entreprise », résume-t-il, tout en pointant la responsabilité de tous dans sa société, dans la longue chaîne de « dépendance » qui fait qu’un actif fait vivre « 30 personnes en moyenne ».
Persuadé que tout leadership consiste à donner l’exemple, il a décidé voilà quatre ans de cultiver des champs au Sénégal. Sur 75 hectares, il pousse les jeunes à changer de perspective sur l’agriculture et l’initiative en général. « Ce n’est pas un travail de pauvre dans des villages sans eau ni électricité qu’il faut absolument quitter pour trouver un job de gardien à Dakar. L’agriculture est noble, elle compte parce qu’elle est la base de notre indépendance économique. C’est elle qui nourrit le pays. »
Dont acte : il fournit des terres, de l’eau, du matériel avec son entreprise JeufZone (« Zone d’action » en anglais et wolof), mais pas de salaire. JeufZone se rembourse en prenant 50% des bénéfices sur les ventes de tomates, et veille à construire un réseau de distribution indépendant, pour créer toute une chaîne sans intermédiaires. L’entreprise approvisionne ses propres restaurants jusqu’à Dakar, et a monté un site Internet pour délivrer ses produits frais. JeufZone propose aussi des formations de six mois à l'agriculture et la gestion.
Également actif dans le mégaprojet Akon Lighting Africa, qu’il porte avec le rappeur Akon et leur associé Samba Bathily, Thione Niang voyage constamment. Il revient tout juste du Japon où il a rencontré des partenaires qui ont développé des drones pour gérer l’irrigation des champs. Ce jeune quadra a déjà écrit ses Mémoires d’un éternel optimiste (Washington Publishing), pour raconter sa jeunesse et motiver ses lecteurs. Il a la vie devant lui, pour réaliser ses nombreux projets.