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12 août 2025
COMMENT LE POUVOIR FAIT LES AFFAIRES DE SONKO
Tenter de gagner en s’accrochant au maillot de son adversaire. Sonko n’est pas Lance Armstrong, mais le leader des Patriotes, a fait de cette philosophie, une stratégie de bataille politique contre le régime de Macky
En politique, Ousmane Sonko a adopté une stratégie payante. Une confrontation directe avec le régime de Macky Sall, dont il a réussi à faire du chef son alter ego, soulevant l’ire des hauts responsables du parti présidentiel. Renforçant du coup, son aura de jeune loup politique aux dents longues et acérées.
Dans le cyclisme, c’est ce qu’on appelle avoir de la laine sous les ongles. Tenter de gagner en s’accrochant au maillot de son adversaire, se servant de cet appui pour se propulser en avant. Ousmane Sonko n’est pas Lance Armstrong, mais le leader des Patriotes, a fait de cette philosophie des champions, une stratégie de bataille politique contre le régime de Macky Sall qu’il ne lâche pas d’une semelle. Troisième lors de la course présidentielle de 2019, le boss de Pasteef tient à avoir les clés du Palais pour 2024. Un objectif qui passera forcément par une adhésion massive des Sénégalais à sa cause. Une tâche ardue que le régime en place depuis 2012 est pourtant en train de lui faciliter. Par sa volonté farouche de le snober, de l’humilier, le pouvoir de Macky Sall pose des actes qui se retournent toujours contre lui, en la faveur du chantre de l’antisystème. De Ousmane Sonko, l’empêcheur de tourner en rond.
Une forme de publicité
Le dernier acte en date a eu lieu le dimanche 30 juin 2019. L’Assemblée nationale convoque une plénière pour le vote du projet de Loi de finances rectificative (Lfr) 2019. Le tour de parole de Ousmane Sonko est annoncé par le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse. Sans perdre de temps, le député s’extirpe de sa chaise et se dirige, le pas mesuré, vers le présidium niché devant le Perchoir. L’instant d’après, main dans la main, tous les députés de la majorité présidentielle quittent l’Hémicycle. En conformité au mot d’ordre décidé quelques minutes plus tôt : «Ne pas assister au temps de parole de Sonko.» Pendant ce temps, le chef de file de Pastef/les Patriotes affiche un sourire narquois. Et lance ses piques aux boudeurs. «On me facilite la tâche, car je ne suis pas venu à l’Assemblée pour m’adresser à une majorité mécanique transparente, qui ne connaît pas les enjeux». Qu’à cela ne tienne ! Ousmane Sonko devra revivre le même scénario à l’Hémicycle. Puisque la majorité parlementaire a pris l’option de ne plus assister au temps de parole du député. La raison est toute simple. Aymérou Gningue, président du Groupe parlementaire Benno bokk yakaar (Bby) : «Cette attitude va continuer, tant que Sonko ne change pas de comportement.» Seulement, dans sa tentative «d’humilier» le leader des Patriotes, en boudant son discours, les députés de Benno participent implicitement à lui donner plus de crédit et de visibilité. Ousmane le sait, d’ailleurs et «exploite cette attitude du pouvoir à fond», analyse le politologue Moussa Diaw. C’est pourquoi, l’homme entretient davantage sa posture de tireur attitré du «Macky». «Par rapport aux autres leaders de l’opposition, Sonko apparaît comme un incisif, qui interroge la majorité sur les questions qui fâchent. De cela, il constitue leur cible. Et la réaction de la majorité contribue à renforcer sa position dans l’espace politique et à lui faire une forme de publicité», explique l’enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Ugb. Pr. Diaw croit fermement que le pouvoir a tort de répondre, coup par coup, aux attaques de Sonko. Contribuant involontairement à renforcer son image et sa position dans la sphère politique sénégalaise.
«Le pouvoir devrait se calmer, sinon…»
Dépeint comme un chantre de l’antisystème, Ousmane Sonko s’attaque à tout ce qui touche le régime. Mais pas aveuglément. Ses sorties au vitriol contre le Président Sall répondent à une tactique de guerre contre un régime qui réplique du tic au tac. Sans en mesurer les conséquences. Ibou Sané, enseignant-chercheur en Sciences politiques à l’Ugb : «Le pouvoir montre à Sonko que plus, il le dénonce et le méprise, plus il lui fait la guerre et le méprise aussi. Alors que le pouvoir devrait se calmer et laisser l’opinion en juger. Sinon, il risque de fabriquer un opposant.» L’ex-inspecteur des impôts et domaines a gagné en aura et est devenu, au fil du temps, l’un des politiciens les plus populaires du pays. Par la force du… Macky. Il truste même le haut classement des leaders de l’opposition. Lors de la dernière Présidentielle, le candidat antisystème est arrivé en troisième position, avec 15,67%, derrière l’ancien Premier ministre et patron du Rewmi, Idrissa Seck (20,51%). Ses résultats ne sont pas fortuits. Et expliquent, en gros, la percée du leader des Patriotes. Avant et pendant la campagne électorale, le pouvoir a contribué à «vendre» le programme présidentiel du candidat révolutionnaire et antisystème, «Sonko Président». Moussa Diaw : «Lors de la campagne présidentielle, les répliques coup par coup aux attaques de Sonko, ont participé à faire de lui un candidat très médiatisé et présent dans l’espace politique. Son image s’est renforcée au niveau de l’opinion et il a cristallisé toute l’attention des citoyens.»
Et il y a peu, sa radiation de la Fonction publique par Décret N°2016-1239 du Président Macky Sall, pour «manquement au droit de réserve», à la Direction générale des Impôts et Domaines, structure dans laquelle il a occupé le poste de Premier Secrétaire général du syndicat, d’avril 2005 à juin 2012, avait déjà tracé les contours de son avenir politique. Cet épisode, largement relayé et entretenu par le pouvoir, a permis de révéler l’homme au grand public. De simple «coupable», Sonko est passé à une victime à qui, le Premier des Sénégalais, usant de ses pouvoirs de faire et de refaire des destins, a voulu détruire. Avant cette page sombre qui marqua la vie de Sonko, deux ans auparavant, Ousmane avait créé le parti Pastef/les Patriotes, en janvier 2014. Sa formation politique ira seule aux Législatives de 2017, en glanant un siège à l’Assemblée nationale. Où depuis son installation, son discours est bu avec délicatesse et ses positions dépréciées par une majorité parlementaire. Toujours aux aguets. Toujours prompte à vouer aux gémonies les «tromperies» du député non inscrit. Pour autant, Ousmane Sonko n’est ni ébranlé ni embrouillé. Il continue, chiffres à l’appui, à relever les mille anomalies fiscales et budgétaires du régime en place, à l’occasion des plénières.
«La grande contribution de la majorité»
Un des premiers, après Me Wade, à mettre à nu de présumés scandales sur le pétrole et le gaz du Sénégal, il publie le 31 janvier 2018, son livre intitulé : «Pétrole et gaz au Sénégal. Chronique d’une spoliation». Un ouvrage dans lequel, il accuse, les preuves détaillées, le président de la République, Macky Sall et son entourage de malversations dans la gestion des ressources naturelles du Sénégal. Outre, il y dénonce une mise en l’encan de l’économie sénégalaise au profit de puissances étrangères et de gens pauvres comme Job avant 2012, qui se sont retrouvés bizarrement riches comme Crésus, aujourd’hui. L’œuvre va soulever un tollé national, indisposant au plus haut sommet, dans les rangs de la majorité. Laquelle va tenter, par tous les subterfuges, de déchirer le livre. «Qu’ils répondent à mes accusations sur le fond, plutôt que d’user d’arguments politiciens. Ils refusent de débattre et je ne suis poursuivi devant aucun tribunal. Je laisse les Sénégalais en tirer leurs propres conclusions», avait invité Sonko. Le Macky tentera de déminer, via ses lieutenants. Les sorties pullulent, les accusations contre l’ennemi numéro 1 du pouvoir volent comme des pierres. Quelques mois plus tard, Sonko enfonce le clou. Avec la publication, le 16 septembre 2018, de son Livre programme dénommé «Solutions». Où il livre un diagnostic sans complaisance des problèmes socio-économiques du pays au bord du gouffre Sall ; et décline, en même temps, des propositions pour y remédier. Dans la foulée, Sonko annonce sa candidature à la Présidentielle de 2019. Et invite les experts et spécialistes à une conférence publique, en défiant tous les défenseurs du pouvoir. Mais, les répondeurs automatiques du régime vont, encore une fois, refuser d’afficher leur silhouette à la rencontre, ils ont préféré inonder les médias pour contre-attaquer le pourfendeur de leur mentor. Là aussi, le régime va contribuer à donner du buzz à l’enfant de la Capitale du Rail (il est né le 15 juillet 1974, à Thiès). Ibou Sané, politologue : «La majorité a grandement contribué à donner une visibilité à Sonko, en s’intéressant de très près à tout ce qu’il fait et dit. Même si ce dernier a une stratégie de communication, qui consiste à déstabiliser le pouvoir. Pour qui, plus il laisse l’espace politique à Sonko, plus celui-ci va embrigader des gens dans son mouvement. Malheureusement, le pouvoir tend à le suivre dans cette démarche, au point de lui laisser la possibilité de paraître aux yeux de l’opinion publique, comme quelqu’un qui fait la politique autrement.» Comme l’une des alternatives au régime de Macky Sall.
SUR LES TRACES DE KARIM XRUM XAM
Abdoul Karim Guèye est un activiste devenu célèbre grâce à ses multiples arrestations. De 2012 à aujourd’hui, le rappeur a fait l’objet de plusieurs séjours carcéraux
Abdoul Karim Guèye alias Xrum Xax est un activiste devenu célèbre grâce à ses multiples arrestations. De 2012 à aujourd’hui, le rappeur a fait l’objet de plusieurs séjours carcéraux. Une situation qui s’explique par le fait que le quadra est sur tous les fronts. Même si son discours est, selon certains, sans consistance.
Vendredi 28 juin, Karim Xrum Xax a remis ça. Il a été encore arrêté par la police à la Place de la Nation (ex-place de l’Obélisque), lors de la manifestation interdite du mouvement «Aar li gnu Bokk». Et, c’est la énième fois. Abdoul Karim Guèye, à l’état civil, cet artiste-rappeur converti en activiste, s’illustre par ses multiples arrestations. «J’ai été arrêté plusieurs fois. J’ai vécu 9 garde à vue, dont 4 déferrement devant le Procureur». Karim Xrum Xax résume ainsi ses frictions avec la Justice depuis qu’il est dans l’activisme. Comme si c’est ce qu’il cherchait dans chaque manifestation. L’homme trouve toujours le moyen de se faire interpeller.
La première arrestation de Karim Xrum Xax remonte à 2012. Lors des manifestations post électorales de 2012, des jeunes de Colobane avaient été arrêtés. A la suite du régime de Me Abdoulaye Wade, Xrum Xax espérait que ces jeunes allaient être libérés. En vain. Les jours passent et ces jeunes continuent de croupir en prison. Alors, Karim décide d’engager le combat pour leur libération. Il initie une première manifestation pour les défendre. La suite est connue : Karim et ses amis vont payer de leur liberté. «Nous avons été déférés et avons passé une semaine à Rebeuss», explique-t-il.
Un discours qui manque de relief
Xrum Xax va vivre une deuxième arrestation qui s’est soldée par une garde à vue. C’était lorsqu’il avait décidé d’organiser une manifestation contre les homosexuels de Kaolack. Dans la capitale du Saloum, Xrum Xax fait d’une pierre deux coups. En plus du dossier des homosexuels, il a eu connaissance du dossier de Imam Alioune Badara Ndao, accusé alors de terrorisme. Convaincu de l’innocence de l’accusé, Xrum Xax décide de porter ce combat. Il initie ses actions pour sa défense. Et, pour la troisième fois, Karim est arrêté et conduit à la prison de Rebeuss où il séjourne pendant une semaine.
En février 2019, Xrum Xax est de nouveau arrêté. Le rappeur a été interpellé au niveau de la place de l’indépendance, alors qu’il enregistrait une vidéo pour demander aux populations de manifester contre la sortie de l’ancien Premier ministre, Mahamad Boun Abdallah Dionne annonçant son candidat, Macky Sall, vainqueur de la Présidentielle 2019. Il est placé en garde à vue, avant d’être déféré au Parquet et jugé. Au mois de juin dernier, le rappeur fait l’objet d’une nouvelle arrestation. Il voulait manifester contre l’affaire Petrotim.
Qui trop embrasse. Les séries d’arrestations de Xrum Xax se justifient, en grande partie, par le fait que l’homme s’intéresse à tout. L’homme est sur tous les fronts. Il s’est lancé dans plusieurs combats. Il a initié la contre-marche de Dakar pour dénoncer la présence des chefs d’Etat africains à Paris suite aux évènements de Charlie hebdo ; un combat contre Auchan… C’est lui qui avait fait arrêter le Sabar du chanteur Pape Diouf, lorsque ce dernier avait invité Diaba Sora à Dakar. Et, aujourd’hui, il est dans le combat contre les supposées prévarications dans la gestion des ressources naturelles (Pétrole et Gaz) aux côtés du mouvement «Aar li nu bokk».
Karim Xrum Xax est dans tout. Ce qui ne fait pas forcément de lui un bon activiste. Karim a, certes, son petit public, des gens qui disent de lui qu’il est «véridique», mais le garçon manque de credo. On ne comprend pas où il veut aller. Pour les spécialistes, la stratégie de Xrum Xax ne peut pas fonctionner toute seule, parce qu’il n’a pas de contre-proposition derrière. Cet activiste sous le couvert de l’anonymat soutient que Karim Xrum Xax n’est pas quelqu’un qui va être très efficace dans son combat d’activiste. Même si, précise notre interlocuteur, il n’existe pas un guide du bon activiste et que chacun cherche à atteindre ses objectifs. «En activisme, la question du choix stratégique revient à chacun. D’ailleurs, les gens ne sont même pas d’accord pour dire qui est activiste et qui ne l’est pas», souligne-t-on. «En plus, techniquement, Karim ne semble pas avoir de connaissance. La preuve, son discours manque terriblement de relief, de consistance. On a l’impression même qu’il ne maîtrise pas ses sujets.» C’est comme si, le leader du mouvement «Nitou deug» se fond dans la masse et hurle comme tout le monde, sans avoir grand-chose à dire.
«Karim est un révolté, il est pour le moins dispersé»
Mamadou Oumar Ndiaye est son boss à la radio Top FM. Il décrit Karim comme un électron libre, un défenseur des causes perdues. «Karim est apparu comme un justicier. Il a été de toutes les manifestations, il est pour le moins dispersé. Il combat toutes les causes, même les plus impopulaires, les plus improbables. Ça c’est Karim, on ne peut pas le changer, c’est un révolté qui proteste contre tout ce qui bouge.»
Karim Xrum Xax excellerait plutôt dans l’invective. «C’est son jeu favori», souffle un pourfendeur. L’homme s’attaque presque à tout le monde. Il n’épargne personne. Et, quand il décide de s’attaquer à une personne, il n’y met pas de forme. Il utilise de gros mots qui font souvent très mal. Il avait accusé le journaliste Cheikh Yérim Seck, une de ses victimes, de n’avoir pas posé les bonnes questions au Président Macky Sall, le 31 décembre 2018, lorsque le chef de l’Etat recevait les journalistes au Palais, après son discours à la Nation. Il a également accusé Cheikh Yérim Seck d’être le rédacteur de l’ouvrage du Président Macky Sall. Joint au téléphone, le journaliste n’a pas souhaité parler de Karim.
Un autre journaliste victime des attaques de Karim Xrum Xax, c’est le Directeur général de la Rfm. Le petit frère du Président Macky Sall, non plus, n’a pas été épargné. Aliou Sall a reçu sa dose d’insultes de Karim Xrum Xax qui le traite de comédien. L’activiste s’est aussi attaqué à l’Imam Kanté à qu’il reproche d’avoir quitté le mouvement «Aar Li Nu Bokk». Karim ferait tout cela à la recherche du buzz ? Une de ses victimes se confie en messe basse. «Karim s’attaque juste au plus célèbre pour chercher à devenir célèbre. Il ne mérite pas qu’on s’attarde sur lui», minimise-t-il. Le constat est qu’aucune des victimes de Karim Xrum Xax n’a jugé opportun de lui apporter une quelconque réplique. Est-ce par peur de se faire attaquer à nouveau ou un simple mépris ? Contactés par L’Observateur, ils ont tous décidé de ne pas parler du rappeur-activiste. Qui, lui, se défend : «Je n’ai pas besoin d’un quelconque buzz, je suis déjà connu. Je me bats pour des principes. Notre conception, c’est de défendre certaines valeurs.» Quitte en à trahir d’autres.
Xrum Xax, le pieux ? Guy Marius Sagna, lui, a une autre vision de l’homme. Il voit en Krum Xax un patriote, un panafricaniste, un anti-impérialiste. Le leader de «France dégage» est très proche de Karim. Leur compagnonnage remonte à 2014. Les deux hommes se sont connus sur le terrain de la contestation. «Nous sommes ensemble sur le terrain à dire non aux accords de partenariat économique, à dire non au Franc Cfa, à dire non aux importations de poulets, à dire ‘’Auchan dégage, France dégage’’, à dire non à tout ce que nous considérons comme oppression des peuples africains et particulièrement sénégalais. Nous sommes des frères, nous partageons la famille anti-impérialisme», témoigne Guy Marius Sagna. Même s’il note une différence entre eux, Guy Marius dit partager avec Xrum Xax des traits de caractère qui ont pour noms le courage, l’engagement, la détermination. «Il y a des choses sur lesquelles nous ne sommes pas totalement en phase, mais pour l’essentiel, nous nous comprenons. C’est un homme courageux, prêt à tout. Nous avons des traits de caractère commun, c’est-à-dire que nous n’avons aucune crainte, aucune peur face à l’oppression, nous sommes prêts à aller en prison». Aussi, Guy Marius Sagna de révéler sur la spiritualité de son compagnon de lutte. A l’en croire, Karim est un musulman convaincu, un fervent talibé de Baye Niasse. «C’est un homme extrêmement pieux. Il peut nous laisser en pleine réunion pour aller prier à la Mosquée la plus proche. Il répond toujours à l’appel du Muezzin».
«20 ans de carrière, 2 albums et 4 singles»
Rappeur. Xrum Xax avait pourtant bien tracé sa vie. Il avait opté pour la musique, notamment le Rap. Se définissant artiste-rappeur, Karim Xrum Xax a intégré le mouvement Hip Hop très tôt. Il était encore mineur. «J’ai commencé le rap à l’âge de 17 ans», révèle-t-il. Mais sa vie d’artiste-rappeur ne semble pas avoir trop décollé. Xrum Xax n’a pas beaucoup produit en vingt ans de carrière musicale. Xrum Xax n’a signé que deux albums et quatre singles officiels. «Nous avons produit plus de sept singles, mais seuls quatre sont officiels», informe-t-il. Des limites constatées dans le Hip-Hop, il faut trouver d’autres canaux pour combler ce gap. Ce choix est vite fait. Xrum Xax trouve refuge dans l’animation. Il intègre la radio Top-Fm de Dakar, sans sortir de son domaine de prédilection qui est le rap. Karim Xrum Xax anime une émission Hip-Hop à la radio Top-Fm et y anime une émission hebdomadaire, les mardis de 22h à 1 h matin.
Mais, c’est par le pire des hasards que Xrum Xax a intégré la chaîne radio où il boucle aujourd’hui au moins dix ans. Mamadou Oumar Ndiaye, patron de la boîte, revient sur cet épisode : «Karim était invité dans une émission de Rap à Top-Fm animée à l’époque par une dame du nom de Kia. Ensuite, il y a un animateur de Rap du nom de Lamaye Sène. On a eu l’idée de leur demander d’animer ensemble une émission de Rap qui passait les mardis soir appelée «Style mbed (le style de la rue)». C’était une émission libre où on invitait des rappeurs qui retraçaient leur itinéraire et on ouvrait le téléphone. «Il y avait une totale liberté de ton. Souvent, il y avait même des insultes à l’antenne. Et, c’est cette émission qui a propulsé Karim Xrum Xax», renseigne Mamadou Oumar Ndiaye.
Mais, un malentendu va émailler l’émission. Des problèmes sont survenus entre Karim Xrum Xax et Lamaye Sène. Lequel a fini par se retirer, laissant Karim qui continue à animer l’émission. «Il en a profité pour mener certains combats très courageux». Il se servait de son antenne pour «conscientiser» les citoyens. «A la radio, je faisais des appels à la citoyenneté, au droit de vote, à la démocratie, au patriotisme etc», révèle Xrum Xax avec fierté. Seulement, Karim n’est pas un employé assidu. Il travaille selon son rythme. «Karim vient quand il veut, il part quand il veut. Il peut venir faire son émission cette semaine et rester un mois sans venir, après il dira qu’il avait voyagé ou bien qu’il avait des manifestations à l’intérieur du pays. J’avais pensé donner l’émission à quelqu’un de plus assidu, mais comme c’est une icône de la maison, quelque part, on ne peut pas le chasser, on est obligé de s’en accommoder», déclare Mamadou Oumar Ndiaye.
Y en a marre. Comme beaucoup d’artistes rappeurs sénégalais, Karim Xrum Xax a milité dans le mouvement «Y en a marre». Il a combattu aux côtés de la bande à Fadel Barro, Fou Malade, Thiat, Kilifieu etc. Mais, le compagnonnage n’a duré que le temps d’une rose. Xrum Xax s’est séparé d’eux. Le divorce est consommé au lendemain des élections de 2012. Après la chute du régime de Me Abdoulaye Wade, un des combats phares du mouvement Y en a marre. Et, Karim brandit un problème de vision pour justifier cette séparation. «Avec Y en a marre, on n’avait plus les mêmes idéaux, alors j’ai quitté le mouvement. Nous ne sommes pas un mouvement qui accepte les financements des Ong qui ont des agendas à imposer», explique-t-il sans entrer dans les détails. Du côté des membres de Y en a marre, on ne souhaite pas parler de Karim Xrum Xax, encore moins de son départ de leur mouvement. Toutefois, dans une de ses vidéos diffusées sur le net, Karim Xrum Xax accusait les membres du mouvement Y en a marre de «corrompus». Karim n’a pas de problème avec les membres du mouvement Y en a marre seulement. Dans le milieu du Hip-Hop, il a eu à sortir un morceau pour s’attaquer à ses collègues rappeurs, dont certains lui en ont voulu à mort. C’était le fameux son intitulé : Bic rouge. «Karim est contre tout le monde, y compris ses collègues rappeurs», affirme son patron Mamadou Oumar Ndiaye.
Son Bad buzz. La vie de Xrum Xax, c’est également la récente histoire de mœurs dans laquelle le rappeur a été cité. Le leader du mouvement «Nitou Deug» a été récemment victime d’un bad buzz. Tout est parti d’une accusation de son ex-épouse. La dame du nom de Maïmouna Senghor a publiquement accusé Karim Xrum Xax d’être un imposteur, un chasseur de «femmes riches». Selon la dame, l’artiste-rappeur passe tout son temps à chercher des femmes qui ont une bonne situation financière, leur propose le mariage dans le seul but de leur soutirer de l’argent. Une rocambolesque histoire de mœurs que Karim refuse de commenter. «Je ne souhaite pas parler de cette affaire», freine-t-il net.
"IL NE SERT À RIEN D'ALLER À CES ÉLECTIONS QUI NE REFLÈTENT PAS LA RÉALITÉ"
La rencontre des acteurs politiques d’hier a permis de se pencher sur la chronologie des points à discuter par ordre de priorité lors du dialogue. Et la question des Locales semble être essentielle, à en croire Déthié Faye
«Les termes de référence ont été finalisés, les objectifs spécifiques validés.» La rencontre des acteurs politiques d’hier a permis de se pencher sur la chronologie des points à discuter par ordre de priorité lors du dialogue. Et la question des Locales semble être essentielle pour les partis politiques. «Nous sommes obligés de voir si on ne devrait pas échanger en priorité sur les questions liées aux élections locales», soutient Déthié Faye. En effet, les principes de base, à en croire le plénipotentiaire du pôle des non-alignés, devraient, entre autres, être la révision exceptionnelle des listes, un code électoral consensuel. Certains se demandent d’ailleurs s’il ne faut pas commencer par l’évaluation du processus électoral, l’audit du fichier ou encore l’examen des questions liées à l’organisation des élections. Pour lui, il ne sert à rien d’aller à «des élections qui ne reflètent pas la réalité». M. Faye d’ajouter dans ce sens : «Quand nous discuterons, nous poserons les conditions qu’il faut pour aller à des élections transparentes. L’intérêt du dialogue politique, c’est de parvenir enfin à un processus électoral qui découle d’un consensus fort.»
Sur la question de la caution qui devrait être fixée aujourd’hui comme annoncé par Aly Ngouille Ndiaye lors de sa rencontre avec les partis politiques, lundi, Déthié Faye se veut clair. «Le ministre de l’Intérieur ne peut que respecter les dispositions actuelles de la loi et du code électoral. Mais si nous arrivons à un consensus, elle va impacter la décision du ministre», a-t-il dit.
MACKY PRÉFÈRE UNE RÉFORME DU FCFA
Le Sénégal, comme beaucoup de ses pairs de la zone Franc, ne voit pas d’un bon œil une monnaie unique qui serait arrimée à la monnaie nigériane, le Naira
Au-delà des sourires de façade, les dirigeants de la zone Uemoa vont s’engager vers l’instauration de la monnaie unique de la Cedeao, l’Eco, à reculons. Des confidences du Président Macky Sall, recueillies auprès de certains de ses proches, indiquent nettement que le dirigeant sénégalais, comme certains de ses pairs, ne voudrait pas trop vite brûler les étapes et s’engager dans une aventure aux conséquences non maîtrisées.
Les personnes qui ne cachaient pas leur scepticisme de voir la future monnaie de l’Afrique de l’Ouest, l’Eco, prendre son envol pourraient finir par avoir raison. Il semblerait que même certains des plus importants acteurs de cette mise en œuvre n’y croient pas beaucoup. Le Quotidien a appris de personnes très proches du chef de l’Etat sénégalais que le Président Macky Sall est l’un de ceux qui pensent que, dans ce domaine, il urge de se hâter lentement. Le Sénégal, comme beaucoup de ses pairs de la zone Franc, ne voit pas d’un bon œil une monnaie qui serait arrimée à la monnaie nigériane, le naira.
Le chef de l’Etat sénégalais a confié à des proches que les dirigeants de la zone Cfa de l’Afrique de l’Ouest ne se sentaient pas enclins à abandonner une monnaie forte, garante de la stabilité économique et sociale de ses pays membres, pour se lancer dans l’aventure d’une monnaie à l’avenir incertain. Indiquant à ses confidents que certains de ses pairs comme Alassane Dramane Ouattara pensaient comme lui, le dirigeant sénégalais a souligné qu’ils étaient disposés à une réforme de la zone Cfa, et même à abandonner l’appellation, pour pouvoir attirer d’autres pays, tels que la Guinée ou même le Ghana, s’ils souhaitaient venir dans la zone ainsi réaménagée.
Macky Sall a indiqué que la monnaie Cfa de l’Uemoa a assis sa crédibilité sur une forte discipline financière et budgétaire que se sont imposés les Etats membres. Aucun desdits pays n’était disposé à y renoncer pour accrocher son économie à la monnaie du Nigeria, dont les cours risqueraient de dépendre des humeurs de certains dirigeants politiques à Abuja, la capitale politique du pays.
C’est lors de son dernier sommet, tenu à Abuja, que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a décidé que la future monnaie unique de la zone, dénommée l’Eco, entrera en vigueur en 2020. Cette décision découlait de la proposition issue de la rencontre des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des pays de la zone, lors de leur rencontre les 17 et 18 juin dernier à Abidjan. En passant, il faut noter que Macky Sall n’avait pas pris part à la rencontre de la Cedeao à Abuja.
L’enthousiasme passé, beaucoup des dirigeants, à tête reposée, ont commencé à mesurer les
effets et les conséquences de leurs décisions. Et pour le cas du Sénégal, il faut déclarer que même les plus ardents pourfendeurs du Franc Cfa ont considéré que les dirigeants de la Cedeao brûlaient les étapes et risquaient de s’engager vers une voie sans issue. C’est peut-être également cela que Macky Sall a voulu prendre en compte.
"JULES BOCANDÉ, MON TUTEUR EN FRANCE"
L’ancien attaquant des Eléphants de Côte d’Ivoire, Abdoulaye Traoré dit Ben Badi, a indiqué à l’APS que l’Egypte et plus précisément sa capitale, Le Caire, lui rappelle à la fois des "bons et douloureux souvenirs".
Le Caire, 3 juil (APS) - L’ancien attaquant des Eléphants de Côte d’Ivoire, Abdoulaye Traoré dit Ben Badi, a indiqué à l’APS que l’Egypte et plus précisément sa capitale, Le Caire, lui rappelle à la fois des "bons et douloureux souvenirs".
"De très bons souvenirs parce que nous avions réalisé une belle performance avec la 3-ème place à la CAN 1986", s’est souvenu l’ancien attaquant des Eléphants, buteur contre les Lions du Sénégal lors du 3-ème match du groupe A.
Il y a aussi qu’en évoquant cette compétition, "je pense à mon grand frère et ami, feu Jules Bocandé qui m’avait accueilli et chouchouté à mon arrivée à Metz, en France", a indiqué Ben Badi, trouvé au Al Salam stadium du Caire.
Ben Badi se dit convaincu que le Sénégal aurait pu remporter facilement cette Coupe d’Afrique des nations de 1986 tellement "son groupe de performance était de grande qualité et équilibré".
"Il avait manqué certainement de la chance et peut-être de l’expérience, mais du talent, il y en avait partout sur toutes les lignes", a-t-il dit au sujet de cette génération portée par feu Jules Bocandé, devenu quelques mois plus tard après la CAN, meilleur buteur en France.
"Lui, en plus d’être un grand footballeur, c’était un Monsieur qui sait [être] à la disposition de son prochain", a-t-il rappelé, soulignant que le "grand frère" l’avait "hébergé et chouchouté".
"Ce n’est pas comme maintenant où il y a plein d’Africains en France. A cette époque, il s’est mis à ma disposition en devenant mon tuteur et en m’aidant à m’intégrer", a dit Ben Badi.
En plus de Jules Bocandé, cette équipe du Sénégal que la Côte d’Ivoire avait battue (0-1) et éliminée, "comptait sur des joueurs exceptionnels, Sarr (Boubacar), Youm (Thierno), Sène (Oumar Guèye), sans compter Mendy (Roger)", a décompté Traoré.
"C’était la meilleure de toutes les générations du Sénégal", a-t-il estimé, soulignant que la Côte d’Ivoire et l’Egypte avaient aussi de très grands joueurs.
"A l’époque, il fallait être bon et être prêt sur le plan mental pour se qualifier à une phase finale de CAN", a indiqué Ben Badi, estimant que le niveau était largement plus élevé que les actuelles éditions des coupes d’Afrique des nations.
"Ces jeunes sont arrivés et on peut dire qu’ils ont beaucoup de chance", a poursuivi l’ancien attaquant ivoirien, qui présente cette 32-ème édition comme une compétition très ouverte.
Beaucoup d’équipes sont prétendantes au titre, a-t-il analysé, soulignant qu’on peut s’attendre à tout avec la qualité des pelouses.
Après avoir joué dans son pays au Stella et ensuite à l’ASEC d’Abidjan, Abdoulaye Traoré a été transféré au FC Metz où il a joué entre 1985 et 1987.
Il n’a pas connu un grand succès chez les Grenats qu’il a quittés pour le championnat portugais.
LES ASSURANCES DE MACKY SALL SUR L’EXPLOITATION DU PÉTROLE EN EXERGUE
Dakar, 3 juil (APS) - Les "gages de transparence" donnés par le président de la République Macky Sall concernant l’exploitation des ressources pétrogazières sont relevés par la plupart des quotidiens parvenus mercredi à l’APS.
"Il n’y a aucune inquiétude à se faire sur les contrats pétroliers ; les intérêts du Sénégal seront préservés", a déclaré le chef de l’Etat dans des propos rapportés par Le Témoin quotidien.
"Les gages de transparence de Macky Sall", titre le même journal, évoquant l’intervention du président de la République au cours d’un atelier sur le "contenu local" sur le pétrole et le gaz, une rencontre tenue la veille, dans un contexte marqué par la polémique sur les contrats pétroliers.
Un documentaire de la chaîne publique britannique BBC, publié le 3 juin dernier, rapporte des allégations de corruption portant sur les contrats pétroliers conclus par le Sénégal avec la société Pétro-Tim, des accusations constamment réfutées par le gouvernement.
"Macky Sall réitère son attachement à la gestion transparente des ressources naturelles", rapporte le quotidien Le Soleil, selon lequel pendant cinq tours d’horloge au cours de cet atelier sur le "contenu local" dans les hydrocarbures, "le chef de l’Etat et les différentes parties prenantes ont échangé sur les voies et moyens permettant au privé national de profiter de l’exploitation du pétrole et du gaz".
Selon Vox Populi, cet atelier "a servi de tribune (…) au chef de l’Etat, pour solder ses comptes avec ses opposants qui, depuis le reportage de la BBC sur le +scandale à 10 milliards+, lui mènent la vie dure".
Macky Sall "a juré, la main sur le cœur, que la transparence entoure les contrats pétroliers et gaziers. Le président de la République se dit +trop conscient+ de l’importance de ces ressources pour laisser le +moindre hasard porter atteinte+ aux intérêts du Sénégal", indique le journal Le Quotidien.
"Macky assène ses 4 vérités" et recommande "la prudence et la décence, quand on aborde ces questions" relatives aux hydrocarbures, souligne Enquête à sa une. Libération parle du "serment de Diamniadio", en évoquant les déclarations du président de la République.
"Au présent et pour les générations futures, le président de la République s’engage à respecter les intérêts de la nation quoiqu’il en coûte. Macky Sall a fait ce serment (...)" lors de cet atelier sur le "contenu local" dans les hydrocarbures, écrit Libération.
D’où ces propos du chef de l’Etat relayés par le quotidien L’As à sa une. "Ce pays ne sera pas un no man’s land". "Je ne laisserai personne porter atteinte à l’intérêt des ressources naturelles", ajoute-t-il dans d’autres déclarations rapportées par Tribune.
"Je veux un Sénégal prospère dans la paix et dans la sécurité", dit-il en première page de Sud Quotidien, avant d’assurer de sa volonté de mettre le Sénégal "à l’abri des convulsions symptomatiques de l’exploitation du pétrole", comme rapporté par ce journal.
Selon Walquotidien, Macky Sall tente surtout de "laver à grande eau son frère, Aliou", mis en cause par le documentaire de la BBC. "Que ceux qui s’agitent sur le pétrole dorment tranquille, semble indiquer le chef de l’Etat qui assure avoir pris toutes les dispositions sécuritaires pour éviter la dilapidation des ressources qui appartiennent à tous les Sénégalais", écrit Kritik’.
Sur un tout autre sujet, Vox Populi et Le Témoin quotidien reviennent sur les interdits à Touba, la capitale du mouridisme, et annoncent que le khalife va faire à ce sujet une "importante déclaration".
"Serigne Mountakha va rééditer les fatwas de Baye Lahat. Aucun écart de conduite ne sera plus toléré", écrit Vox Populi, ajoutant que le khalife général des mourides "rassemble aujourd’hui toute la descendance du fondateur du mouridisme pour une séance d’explications".
Cette déclaration annoncée fait suite à une séance de tam-tam (sabar) organisée "par des femmes mbacké-mbacké dans la ville religieuse. Un évènement dénoncé par la hiérarchie religieuse de Touba", écrit Le Témoin quotidien.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
LE RÊVE DE MES AMIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Aucune barrière ne peut contenir la fumée papale du feu brûlant du rêve - Le rêve de mes amis est l’ombre qui m’accompagne - Tantôt compagnie des jours noirs, tantôt rappel de notre destinée commune - LE RETOUR À COUBANAO
On ne rêve jamais seul. Du moins, on ne devrait jamais. Rêver en bande est la recette pour échapper à l’égoïsme et vivre son bonheur au miroir des autres. Voir la joie s’épanouir dans plusieurs regards aura toujours plus de saveurs, et de noblesse, que de la voir éclore dans un seul. De la joie au malaise, il n’y a souvent qu’un rien : il suffit d’être le seul à la vivre dans un océan de malheur pour comprendre très vite que le privilège est en réalité poison. Contrairement au mythe en vogue, on ne réussit jamais seul. L’utopie capitaliste, l’illusion de la débrouille individualiste, à coup de « yes we can », de « just do it » de « impossible is nothing », est la promesse désirable d’un monde heureux pour tout le monde. Le constat est amer, la promesse mensongère.
L’utopie reste encore l’horizon de ceux qui peuvent regarder l’avenir. Pour les autres, il y a le miracle. Bien trop rare. Une main tendue, un bras, un conseil, une rencontre, une aide, multitude de choses interviennent toujours dans une ascension. Nous sommes toujours redevables, à quelques échelles que ce soit, de quelqu’un ou de quelque chose. Peut-être une des voies du salut se trouve-t-elle là, dans la chaîne humaine, pour faire de l’utopie un élargissement des champs du possible.
Au milieu des années 90, quand je suis arrivé à Coubanao, j’ai eu un accueil royal. J’avais sept ans et des étoiles dans les yeux. Mon comité d’accueil était composé d’une bande de trois copains, qui deviendront dès le mois suivant, ma fratrie d’adoption. Il y avait Capitaine, grand et costaud. Il s’appelait ainsi parce qu’un jour, le coach de l’équipe des jeunes lui avait demandé à quel poste il voulait jouer, il avait répondu Capitaine avec aplomb. Le surnom est resté comme une prémonition, car il avait tous les attributs de meneur. Taillé dans la ferraille. De quelques années mon aîné, il était le fils d’un dignitaire respecté du village. On voyait tout de suite qu’il avait la carrure d’un chef avec son appétence à diriger la bande, à mener les troupes, avec la bienveillance d’un grand frère, jamais avec le despotisme d’un caïd. Il me prit sous son aile. Fit de moi son protégé. S’établit comme le grand frère que je n’avais pas eu. Et étendit son ombre protectrice sur le fragile garçonnet que j’étais.
Il y avait aussi Agustu, relais de Capitaine. Il résidait à l’entrée du village. Fils de l’ivrogne du coin, et de la vendeuse d’huile de palme, il était agile et débrouillard. Il nous tirait d’affaire à chaque écueil. Quand le poisson se faisait rare dans les eaux maigres des Kalounayes, il se faisait pêcheur émérite. Quand la forêt rechignait à nous livrer ses trésors, il ressortait ses talents d’habile négociant et de fin filou. Agustu savait tout faire, cultiver, pêcher, jouer au foot. Il lui fallait simplement apprendre pour exceller. Il fit aussi de moi son favori. M’apprit à trouver des pommes de terre sauvages et à griller des noix de cajou. Il rassura mes parents et facilita mon intégration dans le village. Il m’apprit le Joola en un temps record.
Il y avait aussi Sembé, plus timide, plus introverti. Il venait d’une famille d’éleveurs réputés dans la région. Footballeur de talent, il était la figure sage, sobre. Il calmait les ardeurs des plus hardis. Nos équipées en brousse étaient toujours de magnifiques moments d’évasion, de bêtise, de science. Je me sentais couvé, aimé, protégé. Nous formions une bande heureuse et complémentaire. On eût dit que le seigneur avait souhaité calibrer une telle équipe pour lui confier les clés précieuses de l’insouciance.
Qu’est-il permis de rêver quand on est un enfant à Coubanao dans les années 90 ? On n’avait rien pour nous. Dans notre village, rien ne nous parvenait. Nous étions comme dans une cuvette. Le monde tourbillonnait en haut. On le regardait d’en bas, sans rien voir de son spectacle. On n’avait aucun droit. Pas même celui de rêver les grandes ambitions. On n’avait pas même droit à la question candide « que veux-tu devenir plus tard ?». Tout était plus au moins réglé pour nous. Les grands destins étaient pour les autres. On apprenait à se suffire. Mais il nous restait ce peu d’énergie, qui fait battre le cœur de tous les enfants, alors on se révoltait quand même. On rêvait clandestinement.
Autant que je m’en souvienne, Agustu voulait devenir médecin. Il n’était pas allé à l’école. Mais le jour où il vit un pansement sur mon mollet, il eut une fascination pour soigner. La compresse, la bétadine, leur application sur mon mollet, ça l’hypnotisait. Capitaine lui, voulait aller à la grande ville, Dakar, pour prendre disait-il son petit déjeuner avec deux mains. Dans l’une la tasse avec du café au lait, dans l’autre le pain. Fini la bouillie de mil qui ne mobilisait qu’une main. La fortune se mesurait à cela au village. On en riait de bon cœur. Il se joignait à nos éclats. Sembé gardait le culte de la discrétion. Je pense qu’il voulait être footballeur, comme moi. A moi, il m’était permis d’autres rêves, j’étais un privilégié. Je voulais voyager, apprendre. Devenir journaliste, enseignant.
Partir était notre rêve commun. Quitter Coubanao. Comme un vieil habit qui réchauffe mais qui brûle aux changements de saison. Partir. Presque 25 ans après, le bilan est triste. En avril 2017, quand j’ai revu Capitaine, c’était toujours à Coubanao. Une grande barbe sauvage emprisonnait son visage. Tout rêve y avait disparu. La vie avait volé l’enfant qui aurait dû rester dans son regard. Il s’était contenté d’un poste à l’armée nationale. Il continuait de rêver. Mais son rêve avait goût de fuite, de désespoir. Agustu lui, avait le corps détruit, il avait vieilli. L’alcool avait fait des ravages sur son visage. Il me serra avec honte, se déroba à mes bras pour essuyer ses larmes. « Je veux aller chez les blancs aide-moi », avait-il pu sortir. Sembé était resté le même. Il s’était marié, avait repris les affaires du patriarche. Il paraissait si vieux, si loin. Le pacte de la bande de mômes s’était fissuré de partout. En 25 ans, nous avons mesuré la durée de vie d’un rêve à Coubanao.
Alors, forcément, on apprend. Le regard mouillé quand on repart, fragile, impuissant, coupable, on n’oublie pas. On le sait, qu’on n’est pas le délégué du rêve et de la réussite des autres. Qu’une loterie monstrueuse règle nos vies, surtout au village. Quand il me reste un peu d’énergie, je rêve que les échos du monde parviennent à Coubanao. Que les littératures du monde viennent y remplir les greniers du rêve des enfants. Que notre village ne soit pas une terre morte et oubliée. Qu’elle soit une demeure d’où on peut sortir et où on peut rentrer. Qu’elle communique son universalité et son humanité au monde. J’invite le monde à Coubanao. Je veux que le monde invite Coubanao au banquet du rêve. Aucune culture, aucune confession, aucune barrière ne peut contenir la fumée papale du feu brûlant du rêve. Le rêve de mes amis est l’ombre qui m’accompagne. Tantôt compagnie des jours noirs, tantôt rappel de notre destinée commune. Toujours, mon propre horizon.
PRÉCISIONS SUR LA SORTIE DE WADE DANS L'AFFAIRE PETROTIM
Il n’a jamais été question d’une rencontre avec la presse, mais d’une rencontre interne avec les cadres du PDS qui ont sollicité une communication du Secrétaire Général National sur la gestion du pétrole - COMMUNIQUÉ DES CADRES LIBÉREAUX
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de la Fédération Nationale Des Cadres (Fncl) du PDS, reçu le 3 juillet 2019, relatif à la sortie annoncée de Wade dans l’affaire Petrotim.
« La presse fait état d’une conférence de presse que le Secrétaire Général National du PDS, Me Abdoulaye WADE, devait tenir sur le pétrole.
La FNCL tient à préciser qu’il n’a jamais été question d’une rencontre avec la presse, mais d’une rencontre interne avec les cadres du PDS qui ont sollicité une communication du Secrétaire Général National sur la gestion du pétrole au Sénégal.
A cet effet, la date, le lieu ainsi que les qualités de participation seront communiqués au moment opportun aux intéressés. »
CAN 2019, TOPS ET FLOPS DES POULES
L'Algérie impressionne, Madagascar aussi, les stades sont vides et Nicolas Pépé apprend dans la difficulté : tops et flops de la première phase de la compétition égyptienne, avant le début des huitièmes de finale vendredi
L'Afrique du nord en force.Avec trois victoires sur trois et aucun but encaissé, l'Egypte, le Maroc et l'Algérie ont dominé.Chacun à sa manière.Sans surprise, les Pharaons s'appuient sur leur star Mohamed Salah, deux buts, et leur bouillant public.Les Lions de l'Atlas d'Hervé Renard, en quête d'un troisième sacre comme coach, sont très solides mais peuvent attendre plus de leur maître à jouer Hakim Ziyech.Enfin, les Fennecs de Riyad Mahrez, après une élimination dès les poules en 2017, sont redevenus dangereux.Leur rigueur tactique a impressionné face au Sénégal (1-0).
La surprise Madagascar.La nouvelle formule à 24, au lieu de 16, a invité de nouveaux pays à la table des festivités, comme Madagascar qui n'a pas hésité à se resservir.Les Zébus du Français Nicolas Dupuis ont étonné tout le monde en terminant premiers de leur poule, devant le Nigeria, qu'ils ont même battu (2-0).
Les pelouses.Désastreuses au Gabon en 2017, les pelouses ont reverdi en Egypte."Je n'ai pas à me plaindre de la qualité des installations.Elles sont bonnes", a déclaré le coach du Cameroun Clarence Seedorf depuis Ismaïlia.Sous la chaleur, parfois autour des 35 degrés, c'est la bonne surprise du début de CAN.
Entraîneurs français.Ils étaient huit au départ, ils sont six après la phase de poules.De la grande délégation d'entraîneurs français à la CAN, seuls Sébastien Migné (Kenya) et Corentin Martins (Mauritanie) n'ont pas franchi le cut.Mention pour Michel Dussuyer et Nicolas Dupuis, qui ont qualifié le Bénin et Madagascar pour leur première phase finale, et Sébastien Desabre, surprenant avec l'Ouganda. Hervé Renard, deux fois titré, est lui resté invaincu avec le Maroc.Alain Giresse (Tunisie) et le Franco-Allemand Gernot Rohr (Nigeria) auront encore leur mot à dire en huitièmes.
Flops : stades cherchent public
Où sont les fans ?A part pour les matches du pays hôte, les enceintes de la CAN-2019 sonnent très souvent creuses."Tout le monde aimerait jouer dans un stade plein mais ce n'est pas le cas malheureusement", a déploré Belmadi.Le spectre des tensions sécuritaires, qui accompagne cette CAN depuis le début, a peut-être dissuadé certains.Le prix des places également, jugé trop cher par la population locale.
L'arbitrage.L'arbitrage africain avait déjà fait parler de lui en mal avant la compétition, pendant les deux manches de la finale de Ligue des champions.La colère du coach sénégalais Aliou Cissé, qui a jugé le travail du Zambien Janny Sikazwe "catastrophique, inadmissible" lors de la défaite face à l'Algérie, a jeté une nouvelle lumière crue sur ses insuffisances.Hervé Renard s'est également plein du refus de siffler une pause fraîcheur lors d'un match joué à plus de 35 degrés.Qu'en sera-t-il avec la mise en place de la VAR à partir des quarts ?
Nicolas Pépé, dur apprentissage.L'étoile montante de la Côte d'Ivoire Nicolas Pépé est là pour "apprendre", martèle son sélectionneur Ibrahim Kamara.Pour le moment, il n'a pas la moyenne.Avec lui, les Eléphants ont semblé empruntés, avec un seul but en deux matches.Sans la pépite de Lille, remplacé par Wilfried Zaha, ils ont régalé face à la Namibie (4-1).Mais le jeune ailier, 24 ans, peut rapidement prouver qu'il retient ses leçons, lors du 8e de finale lundi à Suez contre le Mali.
«C’EST UNE INSTRUMENTALISATION DE MARIONNETTES AVIDES DE POUVOIR»
Les membres de la coalition présidentielle monte, un à un, au créneau pour défendre le frère du président de la République « trempé » dans le pétrole et le gaz sénégalais
Les membres de la coalition présidentielle monte, un à un, au créneau pour défendre le frère du président de la République « trempé » dans le pétrole et le gaz sénégalais. Aliou Sall est ainsi cité comme l’un des principaux bénéficiaires du scandale à 10 millions de dollars révélé par la BBC. Mais pour «Benno ak Tanor», des forces obscures sont derrière tout ça en instrumentalisant des marionnettes avides de pouvoir.
La coalition Benno ak Tanor considère que le documentaire de BBC et la récupération qui en a été faite par une certaine partie de l’opposition minoritaire, au-delà de la personne de Aliou Sall, ne visent qu’à déstabiliser le Sénégal. Ceci est tellement vrai, selon la conférence des leaders de Benno ak Tanor, que cette polémique intervient au moment où toutes les forces vives et conscientes du pays ont répondu favorablement à l’appel au dialogue inclusif fait par le Président Macky Sall.
SOLIDARITE AVEC ALIOU SALL
Les alliés de Ousmane Tanor Dieng marquent ainsi toute leur solidarité à Aliou Sall qui, à les en croire, n’a commis de faute que d’être le frère du Président Macky Sall. De ce fait, Benno ak Tanor appelle également tous les citoyens sénégalais à se mobiliser par tous les moyens pour défendre la République. D’autant que, souligne-t-elle, des forces obscures tentent de déstabiliser le Sénégal en s’appuyant sur «des marionnettes avides de pouvoirs» qui ont perdu toutes les élections auxquelles elles ont participé depuis l’avènement du président Macky Sall au pouvoir en 2012.
DEMISSION DE LA CDC, SALUEE
La conférence des leaders n’a pas manqué par ailleurs de saluer, après l’Alliance des forces de progrès (AFP), la démission d’Aliou Sall à la tête de la caisse des dépôts et consignations (CDC). La Coalition Benno ak Tanor se félicite de la démission d’Aliou Sall de la direction de la Caisse des dépôts et consignations pour permettre à la justice de faire son travail et favoriser la manifestation de la vérité. Elle considère que cet acte posé par Aliou Sall à la suite d’accusations de corruption présumée, est le reflet d’un courage politique face à un reportage «truffé de mensonges et de contrevérités», saisi au rebond par une opposition revancharde qui n’arrive pas à digérer sa cuisante défaite du 24 février 2019. «Les réponses pertinentes fournies par Aliou Sall lors de sa conférence de presse du lundi 03 juin 2019 montrent clairement le caractère tendancieux du reportage de BBC qui n’a pas voulu tenir compte des réponses qu’il a apportées par le biais de ses avocats », lit-on dans la note parvenue à la Rédaction. Aussi, ajoute-t-elle, le mémorandum produit par le gouvernement de la République du Sénégal, le 05 juin 2019, rétablissant la vérité par le rappel chronologique de la procédure d’attribution dans le dossier PETRO-TIM LTD concernant les blocs Saint-Louis offshore profond et Cayar Offshore profond, devait servir à taire les velléités d’une «opposition malhonnête, en mal de popularité et qui ne cherche qu’à ‘’brûler’’ le pays». C’est pourquoi la Coalition Benno ak Tanor dit souscrire à la décision du gouvernement, par le biais du ministre de la justice, de saisir le Procureur général de la cour d’appel de Dakar pour l’ouverture d’une enquête portant sur les faits. Ainsi, par ce fait, déclare-t-elle, l’occasion est donnée à tous ceux qui détiennent des éléments sur la question de les mettre à la disposition de la justice.
D’ailleurs, Benno ak Tanor rappelle que le gouvernement du Sénégal s’est attelé depuis 2013 à poser des actes favorisant une gestion transparente des ressources naturelles du pays par l’adhésion volontaire à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), par la publication systématique de tous les contrats miniers et pétroliers, par la création du Comité d’orientation stratégique du Pétrole et du Gaz et son ouverture même à l’opposition et à la société civile.