QUE SONT DEVENUS LES ANCIENS CANDIDATS APRÈS LA PRÉSIDENTIELLE ?
Au lendemain du scrutin du 24 février qui a consacré Macky pour un second mandat, chacun des quatre candidats malheureux de l’opposition s’organise pour garder le cap - Nous avons cherché à savoir ce qu’ils font de leur temps entre deux élections
S’il y a un temps pour les élections, au Sénégal la politique ne connait pas pour autant, de vacances. Au lendemain de la présidentielle du 24 février qui a consacré le président Macky Sall pour un second mandat, chacun des quatre candidats malheureux de l’opposition s’organise pour garder le cap. Nous avons cherché à savoir, pour ce qu’ils font de leur temps entre deux élections ?
Fin février, le Sénégal allait à une élection présidentielle. Si elle était gagnée d’avance, elle a fait objet de critiques d’autant que le président sortant a éliminé la plupart de ses adversaires de tailles. Trois mois après, nous avons cherché à savoir ce que sont devenus les candidats. S le parti d’Idrissa Seck qui a réalisé le meilleur score derrière le président sortant est secoué par le départ de Abdou Rahmane Diouf, Rewmi tient le coup et prépare déjà les prochaines législatives. L’ancien Inspecteur des impôts et domaines qui a créé la surprise en se positionnant à troisième place avec plus de 15% des voix continue à faire la Une des journaux. Invité à répondre à la commission d’enquête parlementaire, pour l’affaire des 94 milliards dans laquelle il accuse le directeur des domaines d’avoir détourné l’équivalent de près de 150 millions d’euros à partir d’un titre foncier de l’État, Ousmane Sonko ne s’est pas présenté. Le président de Pastef/Les patriotes préfère se présenter devant le procureur de la République. Quant à Madické Niang, il a perdu son siège de député après avoir démissionné du Parti démocratique sénégalais (Pds). En attendant, il gère ses juteuses affaires d’avocat à Dakar.
Idrissa Seck, la patriarche n’a cessé de contester les résultats
En termes de participation à une élection présidentielle, Idrissa Seck était le doyen des cinq candidats en lice. Il fête ses 60 ans en août prochain. Après 2007 et 2012, l’ancien premier ministre du Sénégal a réalisé son meilleur score avec 20, 50% des suffrages exprimés. Hélas au lendemain de la présidentielle 2019, son parti le Rewmi a subi une secousse d’une magnitude élevée avec la démission de Abdou Rahmane Diouf. Le désormais ex-porte-parole, coordonnateur de la Cellule des cadres, coresponsable de la Commission de collecte de fonds et responsable du département de Rufisque, a annonce son départ le 23 mars. Malgré cette énième démission d’un cadre influent de son parti, le président Idrissa Seck est resté constant dans sa volonté de mener le combat de l’opposition dont il est devenu le naturel chef de file. Après avoir rencontré Ousmane Sonko, le Pr Issa Sall chez Me Madické Niang pour parler de la situation politique du Sénégal récemment, il a publié un livre blanc de 56 pages, le 30 avril pour dénoncer un « Hold-up » électoral du président Macky Sall. Un réveil tardif selon une bonne partie de la presse mais cela n’empêche en rien la volonté du candidat de la coalition Idy 2019 de parler de lui.
Ousmane Sonko, la révélation qui tient tête au parlement
A 44 ans, Ousmane Sonko, l’ancien Inspecteur des impôts et domaines s’est révélé un nouveau phénomène de la politique sénégalaise avant de créer la surprise pendant l’élection présidentielle du 24 février. Classé troisième derrière le président Macky Sall et Idrissa Seck avec plus de 687 000 voix soit 15,67 %, le président du parti Pastef/Les patriotes n’a pas eu droit à un temps de répit. Après la campagne électorale et la présidentielle, il a été convoqué par la Commission d’enquête parlementaire de l’assemblée nationale sur l’affaire des 94 milliards qu’il avait lui-même soulevée. Ousmane Sonko décline la convocation de ses collègues députés. Il réitère sa volonté de répondre au Procureur de la République si ce dernier ouvre un dossier judiciaire sur le détournement présumé en question. Le samedi 04 mai, il boycotte l’assemblée nationale qui votait le projet de loi portant sur la suppression du poste de premier ministre ; préférant plutôt se rendre à une cérémonie religieuse à Bignona. Ce vendredi 10 mai, il vient prendre part à la cérémonie de lancement du livre du journaliste Ababacar Sadikh Top intitulé « Ousmane Sonko : trajectoire, parcours et discours de l’espoir ». Ousmane qui se dit être habitué aux menaces y compris celles qui viennent d’en haut, a rappelé que sur le plan politique, il ne croit pas au messie. « Je crois à l’action collective, qualitative. Je crois à la nécessité d’avoir une masse critique de Sénégalais qui ont suffisamment conscience des enjeux de l’heure », a-t-il renseigné. Selon lui, c’est à la jeunesse sénégalaise de gagner le combat pour la démocratie, le progrès et la bonne gouvernance. « C’est à nous de gagner ce combat, c’est à nous de le parachever et de faire bénéficier à nos fils et petits-fils les fruits de cette lutte», a-t-il soutenu. Patron d’un cabinet d’expertise fiscale, il vaque à ses activités au quotidien tout en restant député de Thiès.
Pr Issa Sall, entre deux avions pour des cours et conférences dans le monde
Coordonnateur national du Parti pour l’unité et le rassemblement (Pur), le Pr Issa Sall avait créé la surprise aux élections législatives du 30 juillet 2017. Sous les couleurs vert-blanc de son parti, il réussit à gagner trois sièges au sein de l’assemblée nationale. Classé quatrième de la dernière présidentielle avec 4,7% des suffrages exprimés, le Pr Issa Sall auréolé d’un doctorat à l’université Georges-Washingtondemeure avant tout, un ingénieur en informatique. Consultant international dans le domaine du traitement informatique des élections, El Hadji Issa Sall a pris part à l’organisation technique des scrutins électoraux qui se sont déroulés au Sénégal de 1993 à 2012, ainsi qu’aux élections présidentielles, législatives et locales du Burkina Faso en 2005 à 2007. Président et fondateur de l’Université du Sahel qui accueille des étudiants venus des quatre coins de l’Afrique il a vite redoré la tunique d’enseignant après sa défaite en février dernier. En même temps, le Professeur Issa Sall a toujours répondu présent aux différentes réunions des quatre candidats malheureux de l’opposition en compagnie d’Idrissa Seck, Ousmane Sonko et Me Madické Niang et dispense des cours et formations de part le monde. Au moment où la rumeur lui prête l’ambition de créer sa propre formation politique, du fait d’un supposé malentendu entre lui et Serigne Moustapha Sy, le président du Pur, le Pr Issa Sall dément. A l’occasion du lancement des travaux en prélude du dialogue national ce 09 mai, il était le seul candidat de l’opposition à répondre présent. Il est le plus modéré des quatre et l’assume et entretient quelques contacts avec Macky Sall. Et enseigne à la prestigieuse Université Cheik ANta Diop de Dakar.
Me Madické Niang
Ancien ministre de l’Habitat, de l’Énergie, des Mines, Ministre d’État, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Affaires étrangères, de 2002 à 2012 sous le président Abdoulaye Wade ; Me Madické Niang s’est fait une place dans le landerneau politique sénégalais. Alors président du groupe parlementaire de l’opposition « Liberté et Démocratie » à l’Assemblée nationale, l’avocat natif de Saint-Louis a pris son destin politique en main le jour où il décida de se présenter à l’élection présidentielle du 24 février. Suite à son choix, il est exclu du Parti démocratique sénégalais qui défendait la candidature de Karim Wade ; le fils du patron des libéraux. Contre toute attente, Me Madické Niang figure par les cinq candidats retenus par le Conseil constitutionnel et se lance dans la course au pouvoir. Malgré qu’il soit classé cinquième sur cinq avec moins de 2%, Me Madické Niang a officiellement démissionné des instances du Pds, le 09 mars. Quatre jours plus tard, il perd son siège de député suite à la demande du Pds formulée auprès du président de l’Assemblée nationale ; Moustapha Niass. La lettre signée par son remplaçant à la tête du groupe parlementaire « Liberté et Démocratie », convoquait l’article 60 de la Constitution et l’article 7 de la loi portant règlement intérieur de l’assemblée. Selon ces textes Madické Niang devrait être « automatiquement déchu de son mandat et remplacé », suite à l’annonce de sa démission du PDS. Depuis le divorce avec le président Abdoulaye Wade, son mentor en politique ; Me Madické Niang reçoit les réunions des quatre candidats malheureux de l’opposition dans son domicile à Dakar.
En attendant, il réfléchit à une Alliance de l’opposition pour les prochaines conquêtes électorales mais des questions de leadership les divisent d’autant Niang ne supporte pas que Seck en soit le « chef naturel ».
LA GUINÉENNE FADIMA DIAWARA CRÉE UN SMARTPHONE ADAPTÉ AUX RÉALITÉS AFRICAINES
Kunfabo - « être en contact » en malinké - est le nouveau smartphone qui souhaite conquérir le marché africain d'ici la fin 2019
Jeune Afrique |
Fatoumata Diallo |
Publication 24/05/2019
Kunfabo - « être en contact » en malinké - est le nouveau smartphone qui souhaite conquérir le marché africain d'ici la fin 2019. Encore en phase de prototype, ce téléphone créé par la Guinéenne Fadima Diawara veut se différencier avec des applications 100 % africaines.
Avec un prix affiché à 100 euros, le smartphone Kunfabo souhaite concurrencer les géants du low-cost sur le marché africain, comme le hongkongais Infinix Hot 2 et le chinois Tecno. Par ailleurs, il va se démarquer en intégrant des applications pré-installées « purement africaines », à l’instar de Dikalo le « WhatsApp africain » , et une application de géo-localisation créée en Guinée qui, selon la fondatrice, répondront aux besoins des Africains qui vivent sur le continent.
Derrière Kunfabo – « être en contact » en langue malinké -, se cache Fadima Diawara, une Guinéenne de 33 ans. Si cette aventure se concrétise – son projet, encore en phase de prototype, est en négociation avec des investisseurs pour lancer la commercialisation d’ici la fin de l’année -, elle marquera un grand virage pour celle dont rien ne destinait à l’univers de la « tech ».
À 23 ans, l’étudiante en droit à l’université de Conakry quitte son pays pour s’installer en Catalogne, dans la ville espagnole de Gérone. Très vite, la jeune femme se trouve confrontée aux réalités de nombreux étudiants africains : ses études de droit validées dans son pays natal n’ont aucune équivalence en Espagne. Fadima Diawara se réoriente donc en comptabilité et reprend tout à zéro.
Un passage en tant que commerciale chez un grossiste – qui vend des produits de décoration à travers toute l’Europe – permet à Fadima Diawara de comprendre les rouages du commerce à l’échelle régionale. Elle y « apprend beaucoup », souligne-t-elle aujourd’hui. En 2016, sa passion pour la technologie prend le dessus « pourquoi l’Afrique n’est pas capable de créer son propre smartphone ? » s’interroge-t-elle. Alors, elle quitte son emploi et décide de créer sa marque, Kunfabo, dans laquelle elle a investi plus de 100 000 euros, en fonds propres et avec l’aide de business angels.
Des applications africaines
Les smartphones Kunfabo seront munis d’un système d’exploitation Android 8.1, avec une couverture 4G, d’un écran 5 72 pouces avec un format 18/9. Sur la base d’un business model de « low-cost », la fondatrice mise sur la quantité de produits vendus pour marger.
Son modèle phare (F99), qui devrait être lancé d’ici la fin de l’année, sera doté d’applications de géolocalisation des centres de santé : hôpitaux et pharmacies de proximité. Développée par Eguitec, une start-up guinéenne, cette application – spécifique à ce portable – va se déployer dans les pays d’Afrique de l’Ouest notamment en Guinée, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Togo.
Les utilisateurs y trouveront également une application de recettes africaines visant à revaloriser l’art culinaire du continent, et pourront communiquer via Dikalo, « WhatsApp africain », développé par une start-up camerounaise avec laquelle Kunfabo vient de signer un accord.
Parfois critiquée parce que ses smartphones ne sont pas confectionnés en Afrique mais en Chine, Fadima Diawara tempère « nous avons à ce stade peu de moyens. À long terme, nous souhaitons nous implanter en Afrique, en Guinée plus particulièrement, si les autorités nous aident à y installer une usine d’assemblage ». Pour sa première année de vente, la start-up espère dégager au moins 300 000 euros de bénéfice.
PAR Aboubacar Demba Cissokho
SI LES LUMIÈRES DE LA CROISETTE POUVAIENT NOUS ÉCLAIRER
Il est vrai que c’est au Fespaco, au Maroc, à Berlin, à Cannes…que les professionnels sénégalais bénéficient de formidables tribunes, mais les ingrédients de la cuisine sénégalaise qui leur ont permis d’être là peuvent et doivent être mieux mis en valeur
La présence de Mati Diop au Festival international de Cannes, en compétition officielle avec son film Atlantique offre une nouvelle occasion exceptionnelle – une de plus – pour parler des avancées, succès, problèmes et promesses de progrès dans un secteur artistique dont la capacité symbolique (image du pays) et le potentiel économique doivent être sérieusement pris en compte dans les dimensions culturelles des politiques de développement.
Il y a d’abord des faits qu’il faut saluer et dont il faut se réjouir sans modération :
un film présenté sous la bannière du Sénégal, c’est le résultat du travail d’un producteur, Oumar Sall, directeur de la structure Cinékap (deux fois Etalons d’or au Fespaco, Ours d’argent à Berlin, notamment), qui s’efforce à poser les bases d’un embryon d’industrie à développer, et à satisfaire les exigences d’une qualité de production répondant aux normes reconnues internationalement. Sur ce film, on a eu neuf mois de casting, 65 techniciens, plus de 700 mille euros dépensés dans l’économie (hôtel, cachets des comédiens et des techniciens, décors, logistiques diverse…). Oumar Sall est le symbole visible d’une nouvelle génération de producteurs qui osent et proposent des produits – dont on peut certainement discuter de la qualité – qui parlent aux Sénégalais qui s’intéressent à l’image et peuplent leur imaginaire ;
de jeunes professionnels qui, depuis une quinzaine d’années maintenant insufflent une nouvelle dynamique au cinéma au Sénégal – Abdou Khadir Ndiaye, Fatou Touré, assistants de Mati Diop sur Atlantique, Fabacary Assymby Coly, son conseiller artistique, en sont des symboles visibles. Ils ont soif d’apprendre. Ils traient de divers sujets, travaillent en équipe, réalisent des films, s’améliorent, acquièrent la reconnaissance en gagnant des prix des prix.
En dépit donc de tous les discours restrictifs sur la ‘’nationalité’’ du film Atlantiqueet de ceux qui sont sélectionnés dans des festivals, des propos alarmistes sur l’expérience de tel ou tel réalisateur ou les compétences de fonctionnaires de la culture, il y a une mise en lumière d’une expertise d’un savoir-faire que, très souvent, des professionnels étrangers sollicitent pour leurs productions et tournages au Sénégal. Ils ne peuvent plus d’ailleurs faire sans la participation des techniciens sénégalais : Arona Camara, Demba Dièye, Pape Sarr, Amath Niane… En plus des comédiens confirmés et ceux qui émergent au fil des années et des productions.
Un tel constat impose une sérieuse réflexion sur les ‘’dividendes’’ d’une telle exposition médiatique. Les lumières de la Croisette ne doivent pas éblouir et faire oublier la dure réalité. Le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (FOPICA), qui a permis, depuis 2014, un soutien à des projets, bat de l’aile aujourd’hui parce que sa mise en œuvre n’a pas été suivie d’une évaluation qui aurait permis d’en corriger les manquements. Elle aurait certainement permis de voir que l’on ne peut pas, avec seulement deux appels, résorber le gap que des années de léthargie n’ont cessé de creuser.
Tant que l’argent mis à disposition des professionnels ne dépassera pas le milliard de francs CFA, il faudra faire la politique de ses moyens en n’essayant pas de satisfaire, par pur saupoudrage, un grand nombre de porteurs de projets. Une autre difficulté est liée, elle, à la bureaucratie et aux procédures d’administration des crédits. Lorsque ceux-ci sont destinés à la culture, les considérations des fonctionnaires de la Direction du Budget relèguent le secteur loin derrière d’autres « priorités ».
Il est temps, en attendant la mise en place d’un Centre national de la cinématographie doté de l’autonomie budgétaire, que la volonté présidentielle de soutenir la culture – deux milliards de francs CFA inscrits pour le FOPICA au budget 2018 mais alloués à peine au dixième – soit comprise au ministère des Finances. C’est important parce que cela participe de la satisfaction d’un droit à l’expression d’une frange de la population qui a décidé de participer à l’édification du récit national par le biais de la culture qui n’est pas un appendice résiduel mais un élément important du développement économique et social. Il est vrai que c’est au Fespaco, au Maroc, à Berlin, au Canada, à Cannes…que les professionnels sénégalais bénéficient de formidables tribunes, mais les ingrédients de la cuisine sénégalaise qui leur ont permis d’être là peuvent et doivent être mieux mis en valeur.
OUSMANE MBENGUE ÉCROUÉ ET JUGÉ LUNDI PROCHAIN
La blague qu’il a lancée sur Facebook a pris une mauvaise tournure
Car l’internaute est en prison depuis hier. Selon nos sources, il a été écroué par l’adjoint au procureur, le substitut Aly Ciré Ndiaye. Ce dernier, dit-on, l’a inculpé sur la base, entre autres, des articles 250, 290, 291 du Code pénal. En d’autres termes, il devra répondre des chefs de menace de mort ou d’assassinat, par le biais d’un système informatique, incitation à la commission de provocation de délit ou de crime contre des personnes non suivi d’effet.
Le nouvel pensionnaire de la prison de Rebeuss sera jugé lundi prochain devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. En attendant, il souhaite la clémence de la justice car, d’après nos sources, lors de son inculpation, il a fait son mea culpa, en implorant la magnanimité du magistrat. Une posture qu’il a déjà eue après le tollé soulevé par son post. S’identifiant sous le nom de “Usmaan Mbengue’’, l’internaute a voulu réagir à sa manière à l’affaire Bineta Camara et, d’une manière générale, sur les violences faites aux femmes. Il a tout simplement appelé à l’extermination de ces dernières.
Dans son post, il disait à une autre internaute : “… Satou, avec tout le respect et l’amour que j’ai pour toi… je ne suis pas un psychopathe, je ne déteste pas non plus les femmes, mais je pense personnellement qu’on devrait diminuer leur effectif pour espérer se développer un jour. On doit en tuer beaucoup même, car tous les problèmes du pays viennent des femmes…’’ Quelques instants plus tard, le jeune garçon, sans doute rappelé à l’ordre ou conscient de sa grosse bêtise, est revenu se repentir. En disant : “Je m’excuse pour le malentendu qu’il y a eu sur un commentaire que j’ai fait sur un post et qui a créé la polémique. Je vous jure que je suis vraiment désolé pour ce commentaire qui est parti plus vite que ma tête (sic).
Les gens qui me connaissent savent que je suis loin d’être insolent, encore loin d’inciter à la haine… ’’ Poursuivant, Usmaan ajoutait : “Je suis simple citoyen du Sénégal et je suis plutôt connu pour mon ironie, ma comédie. Je plaisante beaucoup, mais je ne suis même pas capable de faire mal à une mouche. … J’ai fait une erreur, je délirais…’’ Hélas pour lui, le repentir semble être venu un peu trop tard. Puisqu’il sera arrêté par la Section de recherches de la gendarmerie.
DANS L’IMBROGLIO JUDICIAIRE
Quels sont les effets du non-respect du règlement n°5 de l’Union économique et monétaire ouest-africaine ? A cette même question, Malick Lamotte, Demba Kandji et Magatte Diop ont donné trois réponses discordantes, selon nombre de spécialistes
À quel juge se fier ? La question mérite d’être posée, en ce qui concerne l’application du règlement n°5 de l’Uemoa. Sur cette question, il y a désormais autant de décisions que de magistrats dans les affaires Khalifa Ababacar Sall et Thione Ballago Seck. Selon que le magistrat se nomme Lamotte, Kandji ou Diop, ou bien selon que le prévenu s'appelle Khalifa ou Thione Ballago, la décision diffère. La confusion, à en croire cette robe noire, va bien au-delà de ces deux affaires. “On a vraiment intérêt à ce qu’il y ait une harmonisation de la jurisprudence sur cette question. Tantôt c’est jaune, tantôt c’est bleu. Ce n’est pas rassurant pour les justiciables’’, tempête-t-il. En effet, dans l’affaire de la caisse d’avance, les avocats de la défense avaient crié sur tous les toits que la procédure devait être annulée, parce que leur client n’avait eu droit à la présence de son avocat aux premières heures de l’interpellation, conformément audit règlement.
En première instance, le président du tribunal de grande instance, Malick Lamotte, avait dit niet. Il bottait en touche cet argument et continuait son procès, comme si de rien n’était. Finalement, il prononça une peine de 5 ans de prison ferme contre l’ancien maire de Dakar. Mécontents, Khalifa et ses avocats interjettent appel et, en même temps, avaient porté l’affaire devant la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Pendant que les juridictions nationales tergiversent, le tribunal communautaire prônait, sans équivoque, une application du règlement, dont la sanction du non-respect est la nullité de la procédure. Forts de cette décision, les avocats de la défense reviennent à la charge et exigent l’annulation de la procédure contre leur client. Contrairement à Lamotte, Demba Kandji, Président de la Cour d’appel, bénit la décision de la Cedeao, mais partiellement.
Le procès-verbal est ainsi annulé, mais la procédure a continué, au grand dam des conseils de l’ancien édile de la capitale. Or, à en croire ces derniers, tous les actes subséquents devaient être annulés et Khalifa Ababacar Sall libéré. Les conseils s’étaient plus tard pourvus en cassation, mais sans succès. Le verdict rendu en première instance fut confirmé et le débat sur le règlement n°5 jeté aux calendes grecques. Plusieurs mois après cette affaire de la caisse d’avance de la mairie de la capitale, revoilà le même tribunal de Dakar qui rend une décision un peu aux antipodes de ce qui avait été décidé par le juge Malick Lamotte. Ironie de l’histoire, c’est l’assesseur de ce dernier qui vient de faire un revirement à 180 degrés, si l’on en croit les avis des experts. Motif invoqué : le même règlement n°5 de l’Uemoa. Maitre Bamba Cissé a eu la chance de vivre les deux expériences de l’intérieur. Avocat et de Khalifa et de Thione, il refuse de faire tout parallélisme entre les deux affaires. Se bornant à saluer la décision rendue au bénéfice de son client. Acculé, il finit par admettre que les arguments avancés par la défense ont été les mêmes et que les positions des juges ont varié. Pourquoi ? “Moi, je suis resté constant et ce sont des arguments de droit qui ont, à chaque fois, été avancés. Mais comprenez que je ne peux pas commenter les décisions qui ont été rendues dans ces deux affaires’’.
ÉCLAIRAGE
À en croire cette source judiciaire, “s’il y a une constance, quelque chose qui est claire, c’est que la conséquence du non-respect du règlement n°5 est la nullité de la procédure’’. Mais pourquoi, dans l’affaire de la caisse d’avance, il a été question d’une annulation partielle, alors qu’ici l’annulation est totale ? Notre interlocuteur déclare : “Il ne faut pas tirer de conclusion hâtive. Il faut au moins voir les motivations du juge avant de se faire une idée.’’
Poursuivant, il explique : “L’annulation de ce procès-verbal entraine normalement l’annulation de la procédure subséquente. Car celle-ci est fondée sur le procès-verbal. Toutefois, si la procédure est fondée, entre autres, sur le Pv et sur d’autres pièces, l’annulation peut se limiter au Pv, mais à condition que les autres pièces puissent justifier cette poursuite de la procédure.’’ Il semble, selon l’expert, que dans le dossier Khalifa Sall, le juge d’appel avait considéré que le rapport de l’Inspection générale d’Etat, qui était à la base des poursuites, pouvait justifier la poursuite de la procédure, nonobstant l’annulation du Pv. Or, analyse-t-il, dans cette affaire du musicien chanteur Thione Ballago Seck, il se pourrait que les poursuites soient uniquement basées sur le Pv. Dans tous les cas, il y a lieu de mettre de l’ordre dans ce qui ressemble à une pagaille qui conforte l’idée d’une justice à plusieurs vitesses.
L’ORAL DU MINISTRE DE L’INTERIEUR
Selon Aly Ngouille Ndiaye, il y a juste une perception d’insécurité et non un problème d’insécurité au Sénégal
Aly Ngouille Ndiaye s’est aussi prononcé sur la question du terrorisme, des meurtres, viols, enlèvements... lors de l’émission “Quartier général’’.
“L’ insécurité est juste une perception. Chacun a sa façon de le voir. Avec les récents événements, beaucoup ont le sentiment de vivre une insécurité, mais si l’on se fie à ce qui se passe dans ce pays, par rapport aux pays voisins, on peut dire que nous sommes sécurisés’’. Cette précision est du ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique. Aly Ngouille Ndiaye était, avant-hier, l’invité de l'émission “Quartier général’’, sur la Tfm. Pour lui, il y a beaucoup de choses qui se passent dans ce pays et qui ne sont pas nouvelles. Elles ont pour origine les maisons. “Que ce soit les viols, incestes et autres, ils ont longtemps existé dans ce pays. Ce n'est pas nouveau, sauf qu’avec les réseaux sociaux, il y a une certaine amplification. Mais ces faits ne sont pas nouveaux. Ils existent dans les maisons. L’insécurité dans ce pays est à un degré minime. Au Sénégal, par la grâce de Dieu, il n’y a pas de guerre civile, de sécession ; et cela existe dans les pays voisins. On a des problèmes, certes, mais pas à ce point’’, poursuit-il. Sur l’affaire Penda Yade, la jeune fille violée et tuée, il y a de cela une dizaine de jours à Thiès, le premier policier jure que l’auteur sera interpellé et dans un futur proche. “Soyons calmes et sereins. Ce que je peux dire est que l’auteur sera arrêté. Nos forces de l'ordre sont assez bien outillées et elles donnent leurs preuves chaque jour. Il sera mis aux arrêts, je vous le dis’’, a insisté le ministre.
Terrorisme
Il a aussi réagi à la déclaration de son homologue français, Christophe Castaner, qui a soutenu que le terrorisme est présent au Sénégal. Le ministre Aly Ngouille Ndiaye souligne que personne n'est à l'abri du terrorisme. “Mais, poursuit-il, chez nous, nous avons pris de bonnes initiatives qui font que, depuis lors, nous faisons face. N’eût été cela, peut-être qu’on allait passer à autre chose. On a pris toutes nos dispositions pour faire face. Ceux qui ont été identifiés dans ce sens ont été mis aux arrêts. On anticipe. Il y a un cadre créé par le président de la République, logé au ministère de l'Intérieur, qui fait qu'on pourrait faire face, en cas de frappe. D'ailleurs, vous avez vu les simulations qui ont été faites dans ce sens’’.
Effectifs et matériel roulant renforcés
Pour faire face à l’insécurité, il estime que le pays est outillé. Entre 2012 et 2019, indique-t-il, le nombre d'agents des forces de l'ordre a triplé, en termes d'effectif. Il y a de cela 7 ans, renseigne-t-il, la police sénégalaise n'avait pas 100 voitures. Depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, plus de 700 nouvelles voitures et des centaines de motos ont été achetées. Sous ce registre, il a promis la création de nouveaux commissariats, dans les chefs-lieux de région, dans les capitales régionales. C’est un plan de développement que la police a prévu. De même que la Dic qui aura des antennes dans les régions et la construction de 10 commissariats dans la banlieue, qui ont vu leur budget bouclé. “Nous avons beaucoup investi en termes de logistique. Mais l’indiscipline des Sénégalais fait que nos forces de l’ordre n'ont toujours pas accès aux sinistres, mais elles viennent très tôt sur les lieux. A cela s'ajoute les embouteillages auxquels sont confrontées nos voitures, quand elles vont pour chercher de l'eau. Les gens ne cèdent pas la place aux ambulances’’, dit-il avec dépit.
Fusion entre la police et la gendarmerie
Interrogé sur une probable fusion entre la police et la gendarmerie, Aly Ngouille Ndiaye déclare qu’il n’a jamais été question de cela. “Cela n’a jamais été à l'ordre du jour. Il faut savoir aussi que le ministre de l'Intérieur a toujours le pouvoir de mobiliser la gendarmerie, en cas de besoin. Cela a toujours existé. Je l’ai trouvé sur place. Je vous signale aussi qu’il y a un projet de vidéosurveillance à Dakar et la banlieue. Tout Dakar sera quadrillée. Moi, depuis mon bureau, je sais ce qui se passe dans plusieurs endroits de Dakar. C’est opérationnel’’, déclare le ministre, sourire aux lèvres.
“Les sanctions peuvent être beaucoup plus sévères’’
La question des viols est aussi revenue sur le tapis. A ce propos, Aly Ngouille Ndiaye fait remarquer que la réflexion est en cours pour le faire passer de délit à crime. Il soutient que le phénomène existe chez les deux sexes, même s’il y a plus de “bruit’’ du côté des femmes. “Pour le changement, je pense que vous les femmes, vous savez la procédure à prendre. Je reconnais aussi que les sanctions peuvent être beaucoup plus sévères’’, ajoute-t-il. Tout en remarquant que les parents ont abandonné le contrôle de leurs enfants, concernant le suivi sur les réseaux sociaux. “L'éducation ne se fait pas uniquement à l'école, mais aussi à la maison. On doit veiller sur ça. De notre côté, nous allons déployer d'autres nouvelles voitures qui seront proches de la population. On va tout faire pour qu’elles soient visibles et partout dans la ville. Le président nous a instruit dans ce sens’’, dit-il.
POURQUOI L’IMPUNITE PERSISTE
“La violence sexuelle et l’accès à la justice pour les femmes rurales de l’Afrique de l’Ouest : l’exemple du Sénégal et de la Mauritanie’’, est le sujet d’un projet de recherche-action participative mené par le Radi
“La violence sexuelle et l’accès à la justice pour les femmes rurales de l’Afrique de l’Ouest : l’exemple du Sénégal et de la Mauritanie’’, est le sujet d’un projet de recherche-action participative mené par le Réseau africain pour le développement intégré (Radi). Les résultats sont édifiants
Le projet de recherche-action participative a ciblé les femmes rurales et les relais communautaires de 4 communes de la région de Kolda. Les résultats ont fait l’objet de l’atelier tenu, hier, avec la présence de toutes les organisations nationales et internationales qui intervenaient dans le projet. Il ressort des travaux que l’impunité sur les violences sexuelles persiste, malgré l’existence d’un cadre législatif très favorable au Sénégal. Le projet recherche-action s’est voulu innovant, en impliquant les populations locales pour changer la donne. ‘‘On a changé d’approche pour faire de la recherche-action participative qui permet d’inclure les communautés dans le projet et de créer des opportunités d’utilisation des résultats de pérennisation, mais aussi d’acceptation. Et la recherche nous a permis de fonder nos sensibilisations et plaidoyers sur des bases scientifiques. C’est pourquoi, notre modèle d’intervention repose sur un système de suivi-évaluation avec une théorie du changement de comportement’’, explique la coordinatrice du projet, Mme Oumoul Khairy Coulibaly, enseignante-chercheure à l’Ucad.
Problèmes d’établissement des preuves
Les résultats du projet ont également montré que les difficultés d’établissement de la preuve constituent un facteur bloquant dans l’application de la loi sur les violences sexuelles. Selon l’enseignante-chercheure, le mode d’établissement des preuves au Sénégal pose problème, parce qu’il relève du travail de la médecine légale et de la police scientifique. Or, dans les contrées enclavées, l’accès à la santé pose déjà problème et les médecins compétents en la matière sont presque absents dans ces endroits. En plus, les frais pour l’établissement d’un certificat médical sont souvent hors de portée des victimes. Ce qui fait que prouver les agressions sexuelles reste problématique, pour ces femmes.
Manque de confiance envers les autorités judiciaires
L’étude a également montré que les populations locales ne saisissaient pas souvent la justice, à cause d’un manque de confiance envers les autorités judiciaires. “La population nous disent que, même si elle est prompte à saisir la justice, elle est sûre de ne pas avoir de satisfaction, parce que le fonctionnement de la justice est trop complexe ou qu’elle n’est pas pour les pauvres. C’est pourquoi le projet a essayé de mieux faire comprendre la justice aux populations, grâce à la participation du juge de Kolda qui a fait des tournées dans les villages pour sensibiliser les communautés’’, renseigne l’enseignante-chercheure. L’objectif principal du projet était d’améliorer l’accès à la justice pour ces femmes, avec trois objectifs spécifiques. D’abord, l’établissement de la prévalence réelle des violences sexuelles, leurs formes ainsi que la typologie des victimes et des auteurs. Ensuite, voir les facteurs entravant l’accès à la justice, y compris l’influence des normes sociales et les pesanteurs socio-culturelles dans l’application de la loi. Enfin, proposer un modèle alternatif d’axer à la justice. Pour la réalisation de ce programme de recherche, le Radi a d’abord mené un diagnostic de la situation des violences sexuelles faites aux femmes dans ces localités en 2016. Ce qui a permis d’établir la prévoyance et les différentes contraintes d’axer à la justice. Les acteurs du projet ont ainsi élaboré des outils pour la sensibilisation de la population, avec des bandes d’images qui ont permis de toucher toutes les femmes, y compris celles non instruites, dans les programmes de formation. “Nous sommes partis des facteurs objectifs, pour essayer d’influencer les facteurs subjectifs. Les facteurs objectifs, c’est la connaissance de la loi, des moyens et conditions d’applicabilité et d’acceptabilité de la loi par ces populations. Mais aussi, voir comment faire pour que les contraintes techniques d’accès à la loi soient levées’’, confie Mme Oumoul Khairy Coulibaly, enseignante-chercheure à l’Ucad, Coordinatrice scientifique du projet.
SOUS « L’OMBRE FRAICHE » D’AHMED BABA COUNTA
Journaliste, Ahmed Baba Counta a fait sa carrière à la radio. Il a sorti un recueil de poèmes intitulé “Ombre fraiche’’ et édité par Damelles du Sénégal, en 2017
“Il ne se considère ni comme Hugo, Baudelaire ou Kocc Barma, mais il se veut baol-baol bon teint, témoin de son temps’’, écrit un ancien directeur d’école et formateur à l’Ecole normale régionale de Bambey, Sidy Cheriff Thiam, à la page 7 d’un recueil de poèmes. Il n’empêche qu’il est poète tout de même avec son style. Il s’appelle Ahmed Baba Counta et est auteur d’un recueil de poèmes intitulé “Ombre Fraiche’’.
Il est publié aux éditions Damelles du Sénégal, en 2017. “De quoi peut bien vouloir s’entretenir, avec ses lecteurs, un journaliste qui renonce à la prose pour la poésie ? Comment, par quelle savante et obscure alchimie, l’encre du scribe, historien du présent, a-t-elle opéré une véritable transmutation pour charmer les cœurs et les oreilles, plutôt que de continuer à titiller notre esprit critique ?’’. Des questions que se pose la docteure en lettres, spécialiste de la littérature africaine francophone et préfacière du recueil de poèmes, Andrée Marie Diagne. “On peut être surpris de voir Baba Counta se lancer dans la poésie. Certes, c’est devenu une ritournelle de dire que le journalisme mène à tout, à condition de savoir en sortir (…)’’, semble répliquer le journaliste-éditeur, consultant média et formateur, Mohamadou Tidiane Kassé dont un texte sur l’œuvre et son auteur figure dans l’ouvrage.
L’homme reste attaché à son métier, comme pour dire “journaliste un jour, journaliste toujours’’. Son premier poème, il le dédie à Moussa Kaka. Il est ce journaliste nigérien, correspondant de Radio France internationale (Rfi) et directeur de la radio privée Saraounia, emprisonné en 2007. Il a passé un an en prison, car accusé par les autorités “de complicité d’atteinte à l’autorité de l’Etat’’, parce qu’il avait des contacts avec la rébellion touarègue. “Halte à la Barbarie’’, est le poème que lui dédie M. Counta. “(…) Ton incarcération sera un module que tu expliqueras aux journalistes dans leur école. Dans la pratique de ton métier, tu n’as pas franchi de barrières (…)’’, écrit le poète. Il célèbre dès la 15e page l’ancien hebdomadaire devenu quotidien, “Le Témoin’’. “Dans tes rangs, tu comptes des séniors que contestent parfois des juniors autoproclamés grands reporters méprisés par les jeunes reporters’’, analyse-t-il.
Que dire de “La balle trouée’’. Il ressemble fort à un texte d’analyse qui ne pâlirait pas dans les colonnes d’un journal sportif. “Le foot sénégalais est sur la touche, par la faute de dirigeants sans touche’’. Savourez les deux premiers vers qui donnent le ton sur ce qui reste. En outre, les thématiques traités par Ahmed Baba Counta sont très variés. Il parle de politique à travers divers textes, par exemple “Bonjour monsieur le maire’’, comme le titre de l’émission de Pierre Bonté qui passait sur Europe 1. L’amour, l’essence de la poésie, est bien présent dans “Ombre fraiche’’, comme pour rafraîchir les lecteurs.
L’amour filial y est chanté avec de “Moi à toi’’. A peine soupire-t-on d’aise, après lecture de ce poème, que l’auteur nous plonge dans “Le rubis’’. Un bel hommage à la Femme. Après lecture des divers poèmes, l’on se rend compte que la préfacière avait tout à fait raison. Les qualités humaines de Baba Counta “irradient sa poésie, “pilule agréable’’ quoique parfois “amère’’ qui, sans prétendre nous guérir de tous nos maux, nous aide à les voir, non sans un certain humour, à en rire sous cape, car Baba, avec habileté, sait les montrer sans nous stigmatiser : chaque lecteur/lectrice peut, en effet, regarder ses points faibles et vouloir les corriger : grâce à un emploi quasi constant du pronom “je’’, le poète se met à la place d’autrui et “corrige les mœurs’’, en amusant son lecteur, avec ses jeux de mots, son regard plein de tendresse sur nos vilénies’’, analyse Andrée Marie Diagne.
UNE VALEUR DE 12 MILLIARDS EN SOUFFRANCE
Une importante quantité d’huile d’arachide reste dans les magasins de la Sonacos de Dakar, alors que 70% des ventes de cette huile devraient servir à rembourser les dettes de la société
Une importante quantité d’huile d’arachide estimée à 12 milliards CFA est en souffrance dans les magasins de la Sonacos de Dakar, alors que 70% des ventes de cette huile devraient servir à rembourser les dettes de la société.
L’usine de la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (Sonacos) de Bel Air semble avoir des difficultés pour écouler sa production. En effet, c’est une importante quantité d’huile raffinée d’une valeur de 12 milliards de francs CFA en souffrance que le nouveau directeur général de la Sonacos, Mamadou Diagne Fada, a trouvée hier dans les magasins de la société, lors d’une visite, compte non tenu des huiles brutes aussi stockées dans les entrepôts. Fada invite ainsi les Sénégalais à consommer cette huile locale. «Les 12 milliards, Sonacos en a besoin. Elle a des engagements envers des partenaires et 70% des ventes de cette huile doivent servir à rembourser des dettes. La totalité de l’huile brute doit aussi être écoulée pour rembourser cette dette. Si nous consommons et que nous continuons à produire, il y aura une partie qui ira dans l’investissement. Raison pour laquelle il faudra rapidement évacuer ces stocks et aller vers d’autres chantiers», a plaidé M. Diagne.
Il visitait hier l’usine de raffinage de l’huile brute et de conditionnement sise à Hann Bel Air. Il s’agissait d’une prise de contact et d’une séance de travail avec les responsables de la Sonacos de Dakar, suivies d’une visite des magasins de stockage des produits finis. Le premier magasin de stockage a permis de constater d’importants stocks. «Pour la fête de Korité et même de la Tabaski, le Sénégal ne devrait pas manquer d’huile d’arachide qui est l’une des meilleures au monde avec ses différentes marques présentes dans le marché», a déclaré Mamadou Diagne Fada. Auparavant, la délégation a suivi le processus de remplissage des sachets de ¼ de litre, le remplissage des seaux de 60 sachets de cette quantité et puis l’emballage suivi de l’acheminement vers les magasins de stockage. Le même processus concernant les bidons d’huile a été contemplé. Cependant, malgré l’importance de la production, les conditions de travail des ouvriers laissent à désirer. Ils n’avaient pas de gants, ni de chaussures de protection alors que les lieux sont glissants par endroits.
«Malgré les équipements un peu vieux et les taux de rendement un peu faibles, la Sonacos produit une bonne huile qu’il faudra vendre à nos compatriotes», a dit le nouveau Dg de la société qui insiste dans son appel patriotique aux Sénégalais pour consommer cette huile produite à partir de la première matière première nationale, notamment l’arachide, qui intéresse 4 à 5 millions de Sénégalais. «Sonacos est revenue dans le marché et il faudrait que nos compatriotes soutiennent cette volonté du président de la République de faire en sorte que les besoins des Sénégalais puissent être produits ici. Avec son soutien et celui du gouvernement, elle va se réhabiliter, aller de l’avant et produire davantage», a-t-il soutenu. La deuxième étape de la visite a été l’unité de raffinage Sonacos Eid Dakar, située dans la même zone. Ici, tout le matériel de production à l’air vétuste. Les engins encrassés par l’huile ont perdu jusqu’à leur couleur.
«C’est pourtant du matériel récent», affirment certains travailleurs, sans donner les dates de référence, alors que d’autres parlent d’installation datant de 27 ans. «Nous aurons certainement de nouveaux équipements, de nouveaux investissements pour faire en sorte que la Sonacos renaisse de ses cendres. Nous allons prendre des dispositions pour rapprocher le produit des Sénégalais», a dit Mamadou Diagne Fada.