SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
7 août 2025
LA SONACOS CROULE SOUS DES INVENDUS
Modou Diagne Fada, le nouveau patron de la Sonacos, était ce jeudi, à l’usine de Bel-Air - Occasion pour lui de constater des problèmes d'écoulement de la société d'un stock estimé à 12 milliards de francs Cfa
Après sa prise de fonction, le 3 mai, Modou Diagne Fada, le nouveau directeur général de la Sonacos, a réservé, ce jeudi, sa première visite de terrain et de travail à l’usine de Bel-Air. Occasion pour lui de constater les défis qui l’attendent. A commencer par l’écoulement du stock d’invendus estimé à 12 milliards de francs Cfa. Compte non tenu des huiles brutes stockées au niveau de l’usine de Dakar.
Dans les magasins de stockage de produits finis jouxtant l’unité de conditionnement que nous avons visité, des cartons 4×5 litres s’étendent à perte de vue. Tout ce stock attend acquéreur. Pourtant, l’huile d’arachide commercialisée par la Sonacos est réputée être de meilleure qualité que l’huile végétale importée et consommée massivement par les Sénégalais. D’où l’appel patriotique que le nouveau directeur lance aux Sénégalais pour qu’ils consomment l’huile de la Sonacos.
« La Sonacos est revenue sur le marché, il faut que les populations soutiennent cette politique de relance en consommant local », plaide Modou Diagne Fada. Il annonce un nouveau plan global de redressement et d’investissement de la Sonacos et l’arrivée de nouveaux équipements pour relancer la production.
Les détails dans notre édition papier de demain.
MANAGER D'ARTISTES, MÉTIER EN MAL DE STRUCTURATION
Ayant un caractère fondamental dans la vie de ceux qui veulent se lancer dans une carrière professionnelle, le manager d’artistes ou agent d’artistes n’est pas assez valorisé au Sénégal
Ayant un caractère fondamental dans la vie de ceux qui veulent se lancer dans une carrière professionnelle, le manager d’artistes ou agent d’artistes n’est pas assez valorisé au Sénégal. Ce métier souffre d’un problème de structuration. Les acteurs, pris entre précarité et déficit de formation, n’arrivent pas à jouer pleinement leur rôle.
Pendant plus de 40 ans, Moustapha Goudiaby a managé plusieurs artistes sénégalais qui ont, aujourd’hui, pignon sur rue. L’homme, ayant pris de l’embonpoint, au fil des années, peut bien s’enorgueillir d’avoir participé à la construction de la carrière de bon nombre de stars parmi lesquelles la diva de la musique sénégalaise Coumba Gawlo Seck. Au Sénégal, la profession de manager d’artistes, agent d’artistes ou impresario, ne traduit pas forcément tout le travail de développement et de gestion de carrière qui se cache derrière ce métier. Le rôle fondamental que ces professionnels de la culture sont censés jouer est très souvent biaisé. Peu d’entre eux sont mandatés pour négocier les contrats et cachets, ou qui assurent de façon légale la carrière professionnelle de leur mentor. « C’est un milieu qui se caractérise par la précarité de l’emploi et l’absence de protection sociale. Il n’y a pas d’encadrement », regrette Moustapha Goudiaby. Et le président de l’Association des managers et agents d’artistes (Amaa) de relever l’absence de structuration dans le métier. « Il s’agit d’un secteur à moraliser, car peu de personnes en vivent. Le reste, ce sont des gens qui cherchent une certaine visibilité », ajoute-t-il.
En l’absence d’un cadre législatif et réglementaire, les acteurs doivent négocier leur propre contrat et mode de rémunération qui peuvent aussi dépendre des humeurs de leur patron. Une telle situation s’explique par l’inexistence d’un statut. Les managers d’artistes ou agents d’artistes doivent faire face à ce sempiternel problème qui mine leur profession. « Si on n’a pas un statut légal, le système de rémunération ne peut pas être identique à celui des autres secteurs », soutient Moustapha Ndiaye, manager d’artiste et secrétaire général de l’Amaa. Selon lui, ceci oblige les managers à négocier leurs cachets avec les artistes et autres services. La bonne nouvelle, c’est que l’Etat du Sénégal, à travers le ministère de la Culture, s’est engagé, depuis quelque temps, à résoudre définitivement cette équation avec l’élaboration d’un texte de loi sur le statut de l’artiste, qui engage également les professionnels du secteur de la culture. « Nous avons besoin d’assainir ce secteur. L’Etat est en train de régler le problème », se félicite le président de l’Amaa.
L’écueil de la formation
L’évolution rapide des industries culturelles, associée à l’expansion des technologies de l’information et de la communication, a fini de garantir à cette profession une réelle légitimité. Chaque artiste qui ambitionne d’évoluer et de rester dans le milieu professionnel a besoin d’un manager dont la mission est de mettre en place une stratégie de développement et de gestion de carrière. « Chaque artiste doit avoir un manager. Aujourd’hui, celui-ci doit comprendre que ce qui est important, ce n’est pas seulement la créativité, mais aussi la rentabilité. Il faut des stratégies de développement en considérant l’artiste comme une entreprise avec des revenus et des charges », note Moustapha Ndiaye. Pour ce dernier, le constat selon lequel « nos » artistes ont du mal à percer sur le plan international peut bien avoir un lien avec l’absence de managers bien formés et dont le rôle est primordial dans le développement des artistes. Il juge que la formation constitue la principale contrainte et le niveau des managers d’artiste sénégalais est « assez » bas par rapport à celui de l’international. « La formation sur le management d’artiste n’existe pas. Si certains artistes arrivent à s’en sortir, par contre, la gestion sur le plan du management manque énormément », avance-t-il.
Absence de cadre réglementaire
Contrairement à certains pays, au Sénégal, il n’y a pas encore de cadre réglementaire régissant le métier de manager d’artistes ou impresario. Face à la mutation du secteur de la culture et aux urgences dans la pratique de ce métier, les acteurs ont porté sur les fonts baptismaux, en 2017, l’Amaa. L’objectif est de faire en sorte que celle-ci soit représentative des attentes et besoins des managers et agents d’artistes et en même temps qu’elle prenne part aux réflexions sur tous les grands dossiers du secteur. Aujourd’hui, explique M. Ndiaye, « plus que jamais, le manager d’artiste est au centre des problématiques du développement d’artistes et son rôle est encore essentiel dans le nouvel écosystème de la musique ». Néanmoins, il reste confronté à la nécessité d’une stratégie pertinente.
NON, L'AFRIQUE N'EST PAS QUE LE CONTINENT DES ENFANTS AUX VENTRES BALLONNÉS
Des photographes africains s'associent pour raconter le quotidien d'un continent "dynamique" - Une Afrique aux mille facettes, à l'opposé de l'image négative qui lui colle à la peau
franceinfo |
Martin Mateso |
Publication 23/05/2019
Ils en ont assez des clichés présentant une Afrique misérable, peuplée d’enfants aux ventres ballonnés, un continent déchiré par la faim et par des guerres interminables. Non, l’Afrique, ce n’est pas que cela, explique à franceinfo Afrique, le photographe gabonais Désirey Minkoh. Il est le fondateur d’Afrikimages, une agence panafricaine qui regroupe une quinzaine de photographes africains.
"Nous voulons raconter le quotidien du continent africain en tant que photographes africains. Je ne crois pas qu’il y ait quelqu’un d’autre mieux placé que nous pour le faire. Nous sommes sur le terrain en permanence. Nous sommes opérationnels 24 heures sur 24", explique le fondateur d’Afrikimages.
Combler un vide
Désirey Minkoh sait de quoi il parle. Il a dirigé pendant plusieurs années le service photo du quotidien national gabonais L’Union avant de travailler pour l’Agence France Presse comme correspondant en Afrique centrale et occidentale. Des années de collaboration pendant lesquelles il a mûri son projet. Il a très vite réalisé la difficulté, pour les envoyés spéciaux des grandes agences, d’appréhender les réalités très complexes du continent africain.
Les envoyés spéciaux viennent pour quelques jours. Ils doivent rentabiliser leur séjour. Il est très difficile pour eux de s'intéresser à la vie quotidienne des gensDésirey Minkoh, fondateur de l'agence Afrikimages à franceinfo Afrique.
Des reportages authentiques auprès des gens
Afrikimages Agency, c’est la plateforme sur laquelle Désirey Minkoh et ses camarades proposent à leurs clients, des photos du continent africain dans toute sa diversité. On peut s’abonner ou acheter en ligne des éléments choisis dans une banque de 50 000 images déjà disponibles.
Ce sont des photos prêtes à être publiées autour d’événements politiques, économiques, culturels et scientifiques. Et des reportages authentiques sur la vie quotidienne des gens vivant loin des centres urbains. Là-bas, on y trouve aussi la joie de vivre, contrairement aux idées reçues, témoigne Désirey Minkoh.
"J’ai devant mes yeux la photo d’un jeune garçon tout heureux, qui se baigne dans une rivière. Cet enfant vit dans une case d’un village reculé. Son regard est rayonnant. Ce n’est pas parce qu’on vit dans un building qu’on est forcément heureux. Il faut arrêter de penser que le continent africain est une terre de désespoir", plaide Désirey Minkoh.
Aucun partenaire étranger n’a été associé au projet
Le fondateur d’Afrikimages reste modeste. Son agence démarre avec un petit budget. Aucun partenaire étranger n’a été associé au projet. Il n’est donc pas question d’entrer tout de suite en concurrence avec les grandes agences. "Nous n’avons ni les moyens humains, ni les moyens financiers pour le faire", reconnaît-il.
Désirey Minkoh explique à franceinfo Afrique que sa priorité est de travailler avec ses camarades photographes pour faire connaître l’agence Afrikimages et la rendre crédible auprès de la presse internationale notamment. Ils espèrent que leur travail permettra de mieux faire connaître le continent.
Notre défi est de constituer une mémoire photographique de l'Afrique. C'est à nous de mettre en place cette banque d'images qui servira aux générations futuresDésirey Minkoh, fondateur de l'agence Afrikimagesà franceinfo Afrique
Le fondateur d’Afrikimages se souvient avec amertume que pour réaliser deux projets d’exposition consacrés à son pays, il avait été obligé d’acheter plus de la moitié des photos à des agences étrangères. Un problème auquel son agence entend remédier.
LES DJIHADISTES ONT TROUVÉ UN NOUVEAU TERRAIN DE CHASSE
Les mouvements jihadistes s’étendent progressivement sur toute la région sahélienne et visent surtout le Burkina Faso - Le Sahel serait-il en passe de devenir le sanctuaire du terrorisme international ?
franceinfo |
Martin Mateso |
Publication 23/05/2019
Face au péril islamiste, les autorités du Burkina Faso avouent leur impuissance. Le terrorisme jihadiste auquel fait face le pays depuis 2015 "tisse sa toile dans tout le pays", s’inquiète le Premier ministre, Christophe Dabiré. Il dénonce "un terrorisme brutal et cruel" qui frappe désormais tout le pays, y compris les espaces qui donnaient l’illusion d’être en sécurité. Le Burkina demande au Conseil de sécurité de l’ONU de réagir sans tarder par la mise en place d’une coalition internationale antiterroriste.
"Ces fléaux doivent être traités avec la même détermination que celle qui a prévalu en Irak et en Afghanistan", estime le chef de la diplomatie burkinabè, Alpha Barry. Son appel est resté lettre morte même si l’ONU se dit préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire dans la région.
Partout, la menace gagne du terrain
Au Sahel, les groupes terroristes se propagent à très grande vitesse. Partout, la menace gagne du terrain. Du Mali au Burkina, en passant par le Niger et le Nigéria, les attaques visent aussi bien les civils que les militaires. La peur gagne tout le monde. Le risque est de voir cette région devenir le nouveau sanctuaire du terrorisme international.
Comment arrêter les dégâts ? Faut-il envisager la création d’une nouvelle coalition internationale comme celle qui a combattu en Irak et en Afghanistan? On sait que plusieurs dispositifs militaires sont déjà en place au Mali. En plus de la mission des Nations Unies (Minusma), la France y a déployé l’opération anti-jihadiste Barkhane, venue appuyer les armées nationales. A cela s’ajoute le G5 Sahel qui regroupe des troupes fournies par les pays de la région. En tout, pas moins de 12 à 13 000 soldats sont déployés au Sahel. Pourquoi cette présence n’arrive-t-elle pas à éradiquer l’insécurité ?
On ne peut pas mener une guerre contre un ennemi invisible sans disposer d'une base politique solide, aussi large que possibleAhmedou Ould Abdallah, ancien secrétaire général adjoint de l'ONUà BBC Afrique
Si l'on est en guerre, explique Ahmedou Ould Abdallah, il faut constituer des fronts internes solides et élargir la base pour faire face l’ennemi. Et il n’est pas le seul à estimer que le Sahel est surtout victime de la mal-gouvernance qui mine les pays de la région. Il faut faire extrêmement attention aux crises politiques. Ce sont des failles, souligne Alioune Tine, défenseur des droits de l'Homme.
La mal-gouvernance et la corruption sont les alliés objectifs des groupes jihadistes qui profitent de la faiblesse des Etats pour opérerAlioune Tine, expert indépendant de l'ONU pour les droits de l'Homme au Malià Africa Radio
Chaque fois que les sociétés sont divisées sur le plan politique, les jihadistes exploitent les divisions interethniques, constate Alioune Tine, convaincu que l’Afrique n’a jamais eu autant besoin d’unité que maintenant face à ces agressions.
"Les jihadistes avancent avec audace"
Alioune Tine a suivi, ces dernières années, le basculement des pays du Sahel dans la violence jihadiste. Pour lui, il faut une stratégie régionale face à la dégradation de la situation sécuritaire dans la région.
"On est en train de tâtonner, alors que les terroristes avancent avec audace et des moyens surprenants. Il faut reconnaître que les réponses actuelles ont échoué. Il faut réunir un sommet de toute urgence pour définir une stratégie régionale. C’est ça qu’il faut aujourd’hui", soutient-il.
Comment arrêter le financement des mouvements jihadistes au Sahel ? Comment assécher leur approvisionnement en armes ? Autant de questions qui devraient retenir l’attention des chefs d’Etat africains pour stopper le péril islamiste, estime Alioune Tine. Il faut, insiste-t-il, que l’Afrique renonce à la sous-traitance de sa politique sécuritaire et recouvre sa pleine souveraineté dans ce domaine.
L'ÉPAVE DU DERNIER NÉGRIER AFRICAIN RETROUVÉE
Les restes du Clotilda ont été trouvés au fond de la rivière Mobile en Alabama - Le navire servait à faire entrer clandestinement des hommes, des femmes et des enfants d'Afrique en Amérique
Le dernier navire connu pour avoir fait passer clandestinement des esclaves d'Afrique aux États-Unis aurait été découvert après un an d'enquête.
Les restes du Clotilda ont été trouvés au fond de la rivière Mobile en Alabama.
Le navire servait à faire entrer clandestinement des hommes, des femmes et des enfants d'Afrique en Amérique.
Il opérait en secret, des décennies après que le Congrès eut interdit l'importation d'esclaves, et fut délibérément coulé en 1860 pour cacher des preuves de son utilisation.
"La découverte du Clotilda est une découverte archéologique extraordinaire", a déclaré Lisa Demetropoulos Jones, directrice exécutive de l'Alabama Historical Commission (AHC), à l'agence Associated Press (AP).
Le voyage du navire "a représenté l'une des périodes les plus sombres de l'histoire moderne" et l'épave constitue "une preuve tangible de l'esclavage", a-t-elle dit.
Le Clotilda a été découvert par la société d'archéologie Search Inc, qui a été appelé à l'aide par la Commission historique de l'Alabama pour enquêter sur l'épave, dit la National Geographic Society, qui a signalé la découverte.
Les chercheurs ont découvert un navire avec ses caractéristiques d'identification sous l'eau, dans une section de la rivière Mobile, explique National Geographic.
Les dimensions et la construction de l'épave correspondent à celles du Clotilda, tout comme les matériaux de construction, selon la commission.
"Nous sommes prudents lorsqu'il s'agit d'attribuer des noms à des épaves non identifiées par une plaque ou quelque chose comme une cloche portant le nom du navire ", a déclaré l'archéologue maritime James Delgado dans un communiqué.
"Mais les preuves physiques et légistes suggèrent fortement qu'il s'agit du Clotilda."
Le Pari
Les États-Unis ont interdit l'importation d'esclaves en 1808, mais la traite des esclaves s'est poursuivie au-delà de cette date, car il y avait encore une demande de travailleurs de la part des propriétaires de plantations du Sud.
Un riche propriétaire terrien et constructeur naval de Mobile aurait parié avec des hommes d'affaires du Nord qu'il pourrait faire passer une cargaison d'esclaves africains à la Baie de Mobile sous le nez des fonctionnaires fédéraux, selon National Geographic.
Le Clotilda a transporté 110 hommes, femmes et enfants du Bénin à l'Alabama en 1860, selon les historiens.
"C'est l'histoire la mieux documentée d'un voyage d'esclaves dans l'hémisphère occidental", a déclaré à National Geographic l'historienne Sylviane Anna Diouf, qui s'est appuyée sur les témoignages des marchands d'esclaves et de leurs prisonniers, dont certains ont vécu au 20e siècle.
Certains descendants des personnes transportées à bord du navire vivent toujours à proximité, dans une région qui a pris le nom d'Africatown.
Ils se sont réjouis de cette découverte.
"Je pense aux gens qui nous ont précédés, qui ont travaillé si dur et se sont battus ", a déclaré Joycelyn Davis, petite-fille d'un esclave de sixième génération, à AP. "Je suis sûr que les gens avaient renoncé à l'idée de le trouver. C'est un facteur d'étonnement."
PAR Youssoupha Diop
TOUS COUPABLES !
Notre fleuron autoroutier est à ce jour, la seule autoroute à travers le monde où il m’ait été donné de constater avec étonnement qu’il n’y a aucune interdiction de circuler - Il semble que, même des bovins et des animaux domestiques peuvent y déambuler
Au Québec, il y a autant de véhicules en circulation que d’habitants, plus de six (6) millions de véhicules selon les statistiques de la Société de l’Assurance Automobile du Québec (bilan 2017 dossier statistique SAAQ). Cela représente environ 10 fois le nombre de véhicules existant sur l’ensemble du territoire Sénégalais.
Mais là où le Sénégal enregistre en 2017, plus de 635 pertes en vies humaines dues à un accident routier (Direction de la protection civile), la Province du Québec n’en compte que 359 en 2017 soit 1,5 accidents mortels pour chaque tranche de 20 mille véhicules et, figurez-vous, au Sénégal, 22 accidents mortels pour chaque tranche de 20 mille véhicules.
On est encore très surpris lorsqu’on réalise qu’au Québec, les conducteurs représentent près de 50 pour cent des victimes tandis que les passagers ne représentent que 14 pour cent.
Cela veut dire que les pertes en vies humaines ne proviennent pas de manière prédominante, des véhicules de transport en commun contrairement au Sénégal où un lourd tribut est supporté par des voyageurs à bord de véhicules de transport public de voyageurs..
Comment est-ce possible ? Toutes les conditions sont réunies pour éviter d’exposer la vie des tiers à des périls. L’État veille à prendre des mesures préventives et coercitives pour ne pas mettre en danger la vie d’autrui. Point n’est besoin de les énumérer ici mais, cependant, il est important que nous mettions l’accent sur quelques manifestations de la mise en danger de la vie d’autrui dans notre écosystème routier.
La première fois que j’ai entendu parler de mise en danger de la vie d’autrui au Sénégal, c’était en pleine panique sur Ébola lorsque l’ancien ministre des affaires étrangères actuel Ministre des forces armées et brillantissime avocat Maître Sidiki Kaba avait menacé un jeune Guinéen qui s’était frauduleusement introduit au Sénégal alors qu’il était porteur ou suspecté de porter le virus Ébola.
J’étais surpris car si une telle infraction est expressément définie dans certains codes en vigueur à travers le monde, ici au Sénégal, il ne m’avait pas encore été donné de la retrouver aussi explicitement dans notre droit positif.
Il y a quelques jours, selon la presse, l’Autorité militaire a, de nouveau, invoqué cette infraction au titre de poursuites, intentées à l’encontre d’un faux informateur du MFDC qui aurait tenté de tendre un traquenard à nos brillants soldats.
Je suis presque enclin à penser que, devenu ministre des Forces Armées, Maître Kaba a dû influer fortement sur la prise d’une telle décision par l’autorité militaire, si tant est que ce que relate la presse est vérifié.
Reconnaissons à l’Autorité, la claire conscience qu’il ne peut y avoir de peine sans loi et qu’en conséquence, cette infraction souvent invoquée doit avoir une base juridique avérée.
Tant mieux, qu’à cela ne tienne. L’essentiel est qu’elle puisse être applicable car son impact serait plus que salutaire. Elle a pour vocation de constituer un arsenal préventif dont la finalité est de sensibiliser tous les acteurs socioéconomiques sur les conséquences éventuelles de leurs agissements ou de leurs négligences sur la vie d’autrui.
Dès lors essayons de faire une énumération succincte de cas impliquant la mise en danger de la vie d’autrui.
Sur l’autoroute à péage, en pleine nuit, circule ou est arrêté un camion sans aucune lumière visible à l’arrière. Mieux, il roule sur la voie la plus à gauche ou sur la voie centrale. Des accidents ayant entraîné, notamment, la mort d’un touriste italien ont eu lieu, récemment, dans les mêmes circonstances
Laisser un tel véhicule circuler sur une autoroute à cette heure, sans signalisation visible, représente, certainement, une mise en danger de la vie d’autrui. Surtout, fait aggravant, lorsqu’un membre des forces de sécurité est posté au péage et a vu un tel véhicule emprunter l’autoroute du soleil.
Mais, après de tels accidents, le défaut par les autorités diverses d’en tirer des enseignements, ne représente-t-il pas une négligence coupable pouvant mettre en danger la vie d’autrui ?
Notre fleuron autoroutier est à ce jour, la seule autoroute à travers le monde où il m’ait été donné de constater avec étonnement qu’il n’y a aucune interdiction de circuler. Tous les véhicules terrestres à moteur y circulent. Tiens, même des bicyclettes sur le tronçon Malick Sy échangeur de Hann.
Il semble que, même des bovins et des animaux domestiques peuvent y déambuler. Les panneaux nous renseignent que nous devons faire attention à leur présence éventuelle.
À l’évidence, la prépondérance d’une logique économique face à une logique de prévention et de protection n’est elle pas une menace à la vie des populations, face à de telles négligences ?
Aucune obligation de rouler à une vitesse minimale et aucune interdiction de circuler sur les voies centrales et de gauche pour les gros porteurs ne sont en vigueur.
Je suis loin de suggérer que ces négligences coupables soient le fait de l’exploitant de cette autoroute, sauf si le cahier des charges auquel il était astreint comportait des contraintes inhérentes à la sécurité. Jusqu’à preuve du contraire, une entreprise de travaux publics n’a pas de prérogative de prescription légale ou réglémentaire.
Cette omission concernant des dispositions tirées du code de la route ne constitue-t-elle elle pas une mise en danger de la vie d’autrui ?
Pas besoin d’épiloguer sur l’état manifeste de danger public que représentent certains tombeaux roulants transportant de pauvres concitoyens n’ayant d’autre choix que de s’agglutiner dans ces véhicules indignes du minimum de confort et de sécurité, représentant un droit naturel de l’être humain. En Europe, par respect de la dignité de la vie des animaux, des directives très drastiques sont prises pour assurer un confort et une sécurité optimale au transport des animaux
En somme, tout le monde est coupable :
Ceux qui ont abandonné l’entretien des routes et qui laissent les citoyens construire des ralentisseurs sans pré signalisation et infranchissables sur des routes nationales
Ceux qui ne remettent pas les panneaux de signalisation routière préexistants au prétexte que des citoyens malveillants risquent de voler lesdits panneaux et leur support métallique. Oui c’est carrément stupide mais c’est une triste réalité.
Ceux qui n’appliquent pas les sanctions prévues au Code pénal en restant sans réaction aucune face à tous ceux qui encombrent la voie publique en restreignant la liberté de passage.
Les bonbonnes de gaz sont librement transportées en pleine agglomération sur des véhicules non équipés pour ce faire. Mais c’est vrai aussi que des charrettes font ce transport et circulent librement dans les rues de la banlieue et des quartiers huppés de temps en temps.
Chercher les causes de la sinistralité déraisonnable dans notre pays relève d’une fuite de responsabilité quand, éclatants comme un soleil au zénith, tous les éléments d’appréciation sont là sous nos yeux. Mais il faut reconnaître que nous avons la fâcheuse habitude de nous réveiller spontanément après un accident grave. Hélas, on y pense quelques jours, puis on oublie.
VIDEO
COMMENT LES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS ONT PLOMBÉ LE CINÉMA AFRICAIN
Les politiques d'ajustements structurels imposées au continent dans les années 90 sont l’une des causes de la chute des sociétés cinématographiques en Afrique, selon le réalisateur sénégalais Ousmane William Mbaye et le burkinabè, Berni Gordblat
e-media |
Ibrahima Camara, Lala Ndiaye & Adama Ba |
Publication 23/05/2019
Les politiques ajustements structurels des pays en voie de développement imposées par la Banque mondiale dans les années 90 sont l’une des causes de la chute des sociétés cinématographiques en Afrique. C’est l’avis du réalisateur sénégalais de Ousmane William Mbaye et du cinéaste burkinabè, Berni Gordblat.
Si aujourd’hui, certains comptent sur les chaînes de télévision pour se mettre sur pied, eux soutiennent la reconstruction de nouvelles salles de cinéma à l’image du Cinegimbi de Bobo Dioulasso.
par Abdourahmane Ndiaye
MAMADOU LAMINE DIALLO, ANTECHRIST OU LEVIATHAN ?
Un présidant de la République, deux fois choisi par son peuple et dont tous les projets proposés à ce même peuple ont été adoubés, n’est pas une cible ordinaire pour quelqu’un qui cherche sa voie vers le tékki
Il est de notoriété publique que le député M. L. Diallo est un Lucky Luck à rebours, dans son genre. Si le célèbre héro de bande dessinée « tirait plus vite que son ombre » au service du bien et de la justice, il a trouvé son pendant - antéchrist plutôt - au Sénégal.
Voilà un homme du mal, issu d’un mal, et qui vit par le mal. Voilà un homme qui ne fait apparemment pas la distinction entre « adversité » et « haine ».
Mamadou Lamine Diallo est parvenu à l’hémicycle par un wagon, le même qu’il a toujours emprunté à défaut de construire sa propre locomotive. Ce qui est en soi louable parce qu’il n’est pas donné à tout le monde d’être leader.
Le mouvement qu’il a créé depuis lors s’appelle « tékki ». En wolof, le terme est une projection d’une position de « non-signifiant » (ku tekki woul) vers une position de notoriété (tékki). Apparemment, les trajectoires suivies ne l’ont pas encore satisfait puisqu’il doit sentir un manque, une insuffisance en lui-même qui l’empêche d’être accompli (autre définition de « tekki »). Tékké goul.
Alors, pour compenser, il trempe sa plume dans le fiel et ajuste sa cible.
Ce qu’il ignorait et ignore toujours, c’est qu’un éléphant est hors de portée d’une fourmi « bou tékké goul ». Un présidant de la République, deux fois choisi par son peuple et dont tous les projets proposés à ce même peuple ont été adoubés, n’est pas une cible ordinaire pour quelqu’un qui cherche sa voie vers le tékki.
Ses questions orales, aussi ineptes les unes que les autres, sont un magma de contradictions répétées et finalement oublié dès le dépôt à l’Assemblée.
Sa dernière sortie n’est rien d’autre que l’étalage de ses limites et contradictions. L’histoire d’un peuple, de tous les peuples, est jalonnée d’événements douloureux parfois. Les tsunamis du Japon et d’Indonésie, les tremblements de terre de Pompéi ou d’Agadir, ou même le crash de Dahran (qui nous a coûtés 90 diambars) et le naufrage du Diola n’ont vu un représentant du peuple à un si haut niveau pointer du doigt un régime politique. En chercher systématiquement les responsables est un aveuglement volontaire et coupable. C’est surtout ignorer Dieu ou pire, l’accuser comme le faisait le Léviathan.
C’est cette attitude qui sert de carburant à ces jeunes agresseurs qui roulent en motocyclettes les veilles de fête et volent à la tire avec des « tisers » et des armes blanches.
Voila le niveau de responsabilite de Diallo et des gens qui pensent comme lui.
Selon M. L. Diallo, notre regrettée Fatoumata Matar Ndiaye était une jeune femme ! Cette respectable dame, militante de la première heure du parti du président Sall pourrait être sa mère. La regrettée Binta Camara passait tout son temps à capitaliser les réalisations du président Macky Sall. Elle a été assassinée, non pas par un chômeur et un révolté comme le prétend le député, mais par quelqu’un qui avait son travail et qui l’exerçait. Dans leur paradis, elles se garderont pourtant de maudire ce député. Parce que tékké goul.
Pour M. Diallo, ce serait donc Macky qui tuerait ses militants ? N’en rions pas.
Les chavirements catastrophiques de pirogues dans les Iles du Saloum et de la Casamance ? Ce n’est ni la surcharge, ni le mouvement des flots, encore moins le manque de ports de gilets de sauvetage !
Ces pêcheurs qui disparaissent en mer ? Ne chercher pas loin les coupables. Tendez-lui le micro ou prêtez-lui la plume, il vous dira que c’est le régime de Bénnoo Bok Yaakaar.
Cette scène de ménage qui a viré au drame à Thiès, c’est toujours le même coupable.
Ce que le président Macky Sall a déjà fait pour ce pays et qui lui vaut d’avoir été reconduit est patent, manifeste et palpable (excusez ces redondances). Il a équipé nos forces de défense et de sécurité, construit des ports et des aéroports, allongé et bitumé des centaines de kilomètres de routes, construit des ponts et des passerelles, creusé des puits et des forages, élargi l’accès à l’énergie et diminué le coût de la vie pour ses concitoyens. Il ne s’en fatiguera pas, parce que ce n’est pas son genre que de renoncer à faire le bien et à traquer les prévaricateurs.
Ce que le président ne réussira jamais parce qu’il ne le peut pas et ne le veut pas, c’est entrer dans toutes les chaumières en inquisiteur, ni entrer dans les petites cervelles de comploteurs et des assassins à la manière du Big Brother d’Orwell.
M. L. Diallo, vous êtes parmi les principaux responsables de cette situation d’insécurité.
Parce que, comme tes semblables qui embouchent la même trompette aux effluves nauséabondes, tékki wo !
Et la route est encore longue vers ton tékki !
Abdourahmane Ndiaye est Secrétaire Administratif National de l’APR
SAINT-LOUIS A L’ÉPREUVE D’UNE ATTAQUE TERRORISTE
Les forces de défense et de sécurité de la région de Saint-Louis ont procédé, hier, à un test grandeur nature de leurs capacités de réaction et d’intervention face à une attaque terroriste
Mouhamed SENE (Correspondant - Vox Populi ) |
Publication 23/05/2019
Les forces de défense et de sécurité de la région de Saint-Louis ont procédé, hier, à un test grandeur nature de leurs capacités de réaction et d’intervention face à une attaque terroriste, lors d’un exercice de simulation qui a été jugé concluant.
SAINT-LOUIS - Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, l’armée et les forces de défense basées à Saint-Louis ont effectué, hier, précisément sur la route nationale 2, une opération de simulation d’un attentat terroriste. Une attaque menée par trois individus armés en prenant, avec prise d’otage, un camion citerne contenant des produits inflammables. L’exercice s’est déroulé dans la route nationale 2, vers le quartier Ngalléle.
L’opération coordonnée par le Commandant de la Légion Nord de la gendarmerie, le Colonel Pape Souleymane Cissé et le gouverneur de Saint-Louis, Alioune Aïdara Niang, a été bien exécutée par les forces de défense et de sécurité. En effet, faisant le point face à la presse, au terme de l’exercice, le Colonel Cissé, a expliqué le synopsis de l’opération. «C’est un exercice qui, dans son contexte, a allié une opération de dépollution et une opération de prise d’otages. Nous avions comme mission de mener un assaut sur un véhicule dangereux, déjà parce que transportant des produits dangereux, qui a été pris d’assaut par des terroristes dont l’objectif est de faire une tuerie de masse. C’est dans ce contexte que le CRCO (Centre régional de coordination des opérations) a été activité depuis ce matin. Vous avez pu voir, à travers les séquences les opérations qui ont été menées», a-t-il indiqué. «Dans un premier temps, des primo intervenants, à savoir les unités de police et de gendarmerie qui sont régulièrement sur les axes, ont effectué les opérations de bouclage et de régulation de la circulation routière pour sécuriser l’axe.
Ensuite, il y a eu un bouclage renforcé avec les interventions des unités mobiles, notamment les escadrons de police et de la gendarmerie pour un bouclage beaucoup plus hermétique autour du site de crise. Ils ont eu également à sécuriser les populations environnantes et isoler complètement la zone de crise, en attendant que des éventuelles décisions d’intervention soient prises par l’Etat-major, le CRCO et le gouverneur qui en est le coordinateur principal», a-t-il expliqué. «La troisième phase, c’était la phase d’intervention des unités d’élite du GIGN (Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale) qui sont installées ici à Saint-Louis dans le cadre de la décentralisation des moyens dans les régions pour mener une intervention contre un groupe terroriste.
Globalement, nous avons tiré un bilan positif de cet exercice que nous avons l’habitude de faire sous la conduite du gouverneur de la région»,s’est félicité le Colonel Cissé, espérant à l’avenir avoir d’autres thématiques qui s’insèrent dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Sur la capacité de réaction de la région de Saint-Louis en cas d’attaque terroriste, le Colonel Cissé s’est voulu rassurant. «Je voudrais vous rassurer que, au niveau de la région de Saint-Louis, nous avons un dispositif d’intervention capable de prendre en charge tous les chocs de moindre envergure. En tout cas, tout dépendra du niveau de danger que présente la menace. Nous avons un dispositif pour prendre des chocs de certains niveaux», a-t-il confié. Coordonnant l’opération avec le Comité régional de coordination des opérations (CRCO), Alioune Aïdara Niang a loué la capacité de réaction des forces de sécurité et de défense. Selon lui, cette opération d’exercice de simulation a permis au transporteur Total de tester son plan d’urgence, de tester la réactivité de sa cellule de crise. «Les forces de défense, ont également testé leur capacité à absorber un choc lié à un accident de camions transportant de produits inflammables, mais aussi à absorber un choc lié à une action terroriste. Nous avons planifié cette opération pendant deux mois. Et aujourd’hui, ce qui a été vu a démontré qu’on a les capacités pour absorber un choc, selon la situation», a soutenu le gouverneur.
PROCÈS THIONE SECK, UNE AFFAIRE DE FAUX BILLETS DIGNE DES PIEDS NICKELÉS
La procédure contre le chanteur a été annulée, ce jeudi 23 mai, quatre ans après ce qui avait été annoncé comme la saisie de 50 millions d’euros de faux billets chez l’artiste - Retour sur une affaire de fausse monnaie qui a tourné au naufrage judiciaire
Jeune Afrique |
Manon Laplace |
Publication 23/05/2019
L’affaire s’annonçait comme la saisie du siècle. Une prise pharaonique de faux billets, une main sur un potentiel réseau de faux-monnayeurs et l’implication d’une star locale de la chanson. « L’affaire Thione Seck : l’effondrement d’un mythe », résumait même la presse locale suite à l’arrestation du leader de « Raam Daan », le 27 mai 2015, pour son rôle présumé dans un trafic de faux billets estimé à plusieurs dizaines de millions d’euros.
À l’époque, Thione Ballago Seck, star du mbalax qui a longtemps rivalisé avec Youssou Ndour, est arrêté. La section de recherche de la gendarmerie de Colobane, à Dakar, affirme avoir saisi chez lui un sac contenant cinquante millions d’euros de fausses coupures. Une somme faramineuse, répartie en « quarante trois paquets emballés avec un papier transparent portant des impressions de billet de cent euros », selon le procès-verbal de la gendarmerie datant de mai 2015.
L’artiste est alors inculpé pour « association de malfaiteurs, falsification de contrefaçon, altération de signes monétaires ayant cours légal à l’étranger, blanchiment d’argent et tentative d’escroquerie ». Remis en liberté en 2016, son procès ne s’est ouvert que le 9 mai 2019. Ce jeudi 23 mai, la procédure judiciaire contre lui a été annulée, le tribunal correctionnel estimant qu’il n’avait pas été prévenu de son droit à l’assistance à un conseil dès leur interpellation. Le Procureur avait requis deux ans de prison, dont huit mois fermes.
Quatre ans plus tôt, Thione Seck s’était retrouvé mêlé à une enquête visant le Malien Alaye Djiteye et le Gambien Joachim Cissé. Le premier avait été arrêté lui aussi en mai 2015 en possession de quelque 10 000 euros de fausse monnaie, « destinés à des films », selon ses dires. Des coupures réalisées au scanner, à l’imprimante, découpées à la lame et à la règle… loin d’une imprimerie offset nécessaire à la production d’une grosse quantité de faux billets. Ce jeudi 23 mai, la procédure contre lui a également été annulée, pour les mêmes motifs.
Quant au second, toujours en fuite, c’est lui qui aurait approché Thione Seck en lui proposant un contrat mirobolant : une centaine de dates en Europe pour cent millions d’euros. Un cachet exorbitant pour une vedette certes très populaire au Sénégal, mais peu connue à l’international. « Il a cru à l’aboutissement de sa carrière », confie l’un de ses avocats. En « gage de sa bonne foi », Joachim Cissé lui verse la moitié de la somme promise, en liquide, avant même la signature d’un contrat. Les « 50 millions » sont empaquetés dans des ballots plastifiés. Personne n’y touche, jusqu’à l’arrivée des gendarmes le 27 mai.
« De grossières imitations »
À mesure que le dossier avance, ce qui ressemblait à un grandiose coup de filet des autorités sénégalaises prend de de plus en plus des airs d’affaire claudicante, émaillée d’incohérences et d’annonces contradictoires. D’abord, la prise semble trop grosse. En une seule opération, les autorités sénégalaises auraient mis la main sur une somme représentant 255 % de l’ensemble des saisies réalisées dans la zone euro en 2014. Par ailleurs, la somme avancée n’aurait pas pu tenir dans un seul sac, d’après un expert français interrogé par Jeune Afrique à l’époque. Selon cette source, il aurait fallu « l’équivalent de dix belles valises » pour contenir 50 millions d’euros en fausses coupures.
Emballement médiatique ? Coup d’éclat précipité des autorités ? Sans doute un peu des deux. La presse parle évoque un « pactole en euros et en dollars », comme l’écrit un journal français en mai 2015, pendant que la presse sénégalaise avance des chiffres allant de 6 millions à quinze milliards de francs CFA. Pourtant, dès le premier procès-verbal des gendarmes, les 50 millions d’euros sont présentés comme des « papiers verts ».
« Il n’y avait pas de faux billets ! s’insurge la défense de l’artiste. Une fausse coupure est destinée à tromper celui qui l’a entre les mains. Or, les ballots ne contenaient que de grossières imitations de billets de 100 euros, au mauvais format et dépourvus de signes monétaires. Ils n’auraient pu tromper personne, les papiers verts étant entourés de kleenex au menthol. »
Les scellés partiellement ouverts
Quatre ans après l’arrestation de Thione Seck et de ses co-accusés, la défense l’assure, seuls les échantillons des scellés ont été ouverts et présentés à l’ouverture du procès, le 9 mai dernier. Il n’y aurait donc jamais eu de décompte de la totalité des coupures saisies, contrairement à ce qu’avait affirmé la presse nationale et internationale, qui rapportait que les gendarmes sénégalais avaient « mis une journée à compter les faux billets ».
Par conséquent, les accusations de faux monnayage ont été abandonnées à l’encontre de Thione Seck. Pas celles d’ « association de malfaiteurs » et de « détention de faux billets », puisque deux fausses coupures de cent euros auraient tout de même été retrouvées dans sa poche lors de son arrestation.
Aujourd’hui, les interrogations demeurent. Pourquoi les ballots n’ont-ils pas tous été ouverts ? S’ils ne contenaient que des papiers colorés, comme ceux montrés lors de l’audience, comment Thione Seck a-t-il pu croire être en possession de 50 millions d’euros ?
La défense évoque volontiers un complot qui viserait son client, lequel s’est même constitué partie civile contre les faussaires qu’il accuse de l’avoir escroqué. « Ils m’ont assuré que je gagnerais des milliards de francs CFA avec une série de concerts, avant de me demander de leur prêter 85 millions de francs CFA », avait-il déclaré peu après son placement en garde à vue.
Escroquerie et maraboutage
Reste toutefois la possibilité, toute hypothétique soit-elle, que l’artiste se soit retrouvé au cœur d’une arnaque dont il aurait été le « dindon de la farce ». Une escroquerie façon « billets noircis », consistant à faire croire à sa victime qu’il était en possession de vrais billets en passe d’être retirés de la circulation, donc « colorés » à l’encre indélébile, mais que l’arnaqueur se dit en capacité de « laver » grâce à un produit miracle. Produit miracle onéreux pour la victime, qui aurait avancé une somme d’argent à l’escroc… qui a pris la poudre d’escampette, laissant sa victime avec un stock de vulgaire papier coloré.
Il n’existe aucune preuve que Thione Seck ait trempé dans ce genre de magouilles, mais un élément de l’enquête pose question. Pourquoi le chanteur a-t-il remis 85 millions de francs CFA en liquide à ce même Joachim Cissé qui lui avait livré « 50 millions d’euros » quelques jours plus tôt ? En audience, l’artiste a assuré qu’il n’avait pas conscience de ses actes au moment des faits, laissant entendre qu’il avait peut-être été marabouté. À en croire sa défense, Joachim Cissé lui aurait initialement réclamé 100 millions de francs CFA pour « diverses dépenses urgentes de voyage, d’hôtel, etc. » Pour l’accusation, il s’agit simplement de la somme versée par Thione Seck pour acheter les faux billets.