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2 août 2025
par Aboubacar Demba Cissokho
QUAND OMAR BLONDIN DIOP MOURAIT EN DÉTENTION
Au vu de son engagement et de ses prises de position, il était devenu le symbole d’une génération de refus d’une politique néocoloniale, un acteur majeur de l’agitation politique et syndicale alors en cours depuis 1968
Le 11 mai 1973, survenait, à Gorée, la mort en détention d’Omar Blondin Diop, jeune opposant à la politique ‘’pro-occidentale’’ et ‘’antipopulaire’’ du pouvoir de Léopold Sédar Senghor, et porteur d’un idéal révolutionnaire, d’idées d’égalité entre tous. Il avait 26 ans.
Le 14 mai 1973, le quotidien gouvernemental Le Soleil, reprenant le communiqué de l’administration pénitentiaire, écrit : « La commission de surveillance des prisons (…) a constaté que le détenu Oumar Blondin Diop s’était donné la mort par pendaison dans sa chambre, aux environs de deux heures du matin ».
Diop est mort dans sa cellule, à la prison centrale de Gorée où il avait été interné, depuis sa condamnation, le 23 mars 1972, à trois ans de réclusion, pour « atteinte à la sûreté de l’Etat »,par un Tribunal spécial. Le journal Le Soleil relayait la version officielle du suicide, alors qu’une partie de l’opinion nationale et internationale penchait plutôt pour la thèse de l’assassinat d’un jeune homme engagé dans le combat pour la libération de l’Afrique.
« Omar Blondin Diop a été assassiné »
Au cours d’un forum de témoignages sur ‘’Omar Blondin Diop : 40 ans après’’, organisé le 10 mai 2013 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), le Dr Dialo Diop, homme politique et frère cadet du défunt, avait soutenu que la version officielle servie par les autorités gouvernementales sénégalaises ne correspondait pas à la vérité.
« Ce n’est pas exactement la vérité. Blondin Diop ne s’est jamais suicidé. Nous croyons fortement à la thèse de l’assassinat. Toute mort en détention doit être considérée comme un crime jusqu’à la preuve du contraire », avait-il dit au cours de cette rencontre organisée à la veille de la commémoration des quarante ans de la disparition de Blondin Diop, et qui avait réuni plusieurs intellectuels, des députés et des membres du gouvernement.
« Il y avait un rapport d’autopsie qui a cautionné la thèse du suicide, mais il y avait surtout un contre-rapport d’autopsie fait par le père de Blondin Diop qui était médecin pour démonter le certificat (de genre) de mort par suicide. Le moment est venu pour dire la vérité aux Sénégalais », a insisté Dialo Diop.
Le ministre d’Etat Amath Dansokho était allé plus loin. « C’est tellement clair comme de l’eau de roche dans ma tête : Omar Blondin Diop a été assassiné. Il a été tué parce que les autorités de l’époque étaient convaincues que par son intelligence il pouvait faire partir le système », avait-il déclaré.M. Dansokho, un leader historique de la gauche sénégalaise, avait plaidé pour la réhabilitation du défunt intellectuel. « Un devoir de mémoire s’impose. Il faut une initiative allant dans le sens d’une reconnaissance nationale. Des établissements, des rues et pourquoi pas des universités, doivent porter le nom d’Omar Blondin Diop », avait-il estimé.
Omar Blondin Diop, au vu de son engagement et de ses prises de position politiques, était devenu le symbole d’une génération de refus d’une politique néocoloniale, un acteur majeur de l’agitation politique et syndicale alors en cours depuis 1968. La thèse officielle selon laquelle le jeune gauchiste s’est donné la mort « par pendaison », est contestée par le père de la victime, le médecin Ibrahima Blondin Diop, qui avait porté plainte à l’époque pour « coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort et pour non-assistance à personne en danger ».
« Il faut que la vérité se rétablisse au nom de la lutte contre l’impunité. Blondin Diop a été victime de l’opacité d’un système. C’est une figure intellectuelle et politique qui mérite d’être réhabilitée », avait pour sa part dit l’historien Babacar Diop dit Buuba Diop, enseignant à l’UCAD, au cours du forum de témoignages sur ‘’Omar Blondin Diop : 40 ans après’’.
Exclu de l’Ecole normale supérieure pour « activités subversives »
Dans son essai intitulé Sénégal notre pirogue (Présence Africaine, 2007), Roland Colin, directeur de cabinet du président du Conseil Mamadou Dia (1957-62), raconte qu’Omar Blondin Diop avait reçu, en détention, la visite de Jean Collin, ministre de l’Intérieur, avec lequel il eut une altercation. « Le ministre de l’Intérieur, a-t-on su en fin de compte, aurait donné l’ordre au gardien de le châtier. Le lendemain, il fut retrouvé pendu dans sa cellule », écrit Roland Colin.
Le juge d’instruction Moustapha Touré, qui avait inculpé les trois gardes de la prison de Gorée pour meurtre, fut relevé de ses fonctions et dessaisi du dossier. « Mohamed (un autre des frères Blondin Diop) a été le premier à dire qu’il n’y avait pas de suicide et que son frère avait été battu à mort. Oumar Blondin gémissait, soupirait, d’après les déclarations de son frère », soutient Moustapha Touré. Alors que des voix soutenaient qu’Omar Blondin Diop a été inhumé en catimini au cimetière des Abattoirs sur la Corniche-Ouest, le ministre de l’Information Daouda Sow signalait, lors d’une conférence de presse, que le défunt a été « enterré samedi (12 mai) en présence de son père et de ses parents proches ». En éludant toute polémique sur le lieu de la sépulture, resté incertain sans doute pour empêcher toute vénération de l’icône disparue.
Issu de la moyenne classe sénégalaise d’après indépendance, Omar Blondin Diop est né le 18 septembre 1946 à Niamey, au Niger. Admis à l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud, il était une figure en vue de la contestation étudiante de mai 1968 à Paris, en tant qu’adjoint de Daniel Cohn-Bendit, animateur du ‘’Mouvement du 22 mars’’, une organisation étudiante antiautoritaire et d’inspiration libertaire, fondée dans la nuit du vendredi 22 mars 1968 à la faculté de Nanterre.
Ce mouvement regroupait des anarchistes, des situationnistes, des trotskistes, entre autres. Daniel Cohn-Bendit en était la personnalité la plus médiatisée. Ses membres considéraient que ce ne sont pas les organisations qui doivent diriger les luttes, mais la lutte qui doit se doter de sa propre organisation autonome par rapport aux partis et aux syndicats. Omar Blondin Diop prend une part active à la campagne électorale du trotskiste Alain Krivine, responsable de la Ligue communiste, et participe aussi aux événements de Mai-68 en France. Pour « activités subversives », il est exclu de l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud et expulsé de France, en 1969.
« Travailler à promouvoir le processus révolutionnaire »
À Paris, le jeune activiste politique avait rencontré Jean-Luc Godard pour qui il joue son propre rôle dans La Chinoise, en 1967. Dans ce film, cinq jeunes gens passent leurs vacances d’été dans un appartement qu’on leur a prêté : Véronique, étudiante en philosophie, Guillaume, acteur, Kirilov, peintre venu de l’ex-Union soviétique, Yvonne, paysanne, Henri, scientifique proche du Parti communiste français.
Ensemble, ils essaient de vivre en appliquant les principes de Mao Zedong. Leurs journées dans cette retraite sont une succession de cours et de débats sur le marxisme-léninisme et la Révolution culturelle. Véronique projette alors d’assassiner un dignitaire soviétique de passage à Paris. Pendant l’hivernage 1969, Landing Savané et Omar Blondin Diop rentrent à Dakar pour « travailler à promouvoir le processus révolutionnaire », rappelle une note publiée en septembre 2011 sur le site Internet de And Jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS). Le premier a terminé ses études et travaille à la Direction de la statistique comme chef de division, le second a décidé de suspendre les siennes. Avec leurs amis, ils avaient créé le Mouvement des jeunesses marxistes léninistes (MJML), en 1970.
Le ministre de l’Information, Daouda Sow, signalait, lors d’une conférence de presse, le 15 mai 1973, que le président Senghor était intervenu « personnellement » et « avec insistance auprès du président de la République française (Georges Pompidou) », pour faire lever la mesure d’exclusion et d’expulsion qui frappait Omar Blondin Diop.
« Malgré la réticence des autorités françaises, le chef de l’Etat devait avoir satisfaction », expliquait M. Sow, précisant qu’Omar Blondin Diop avait pu retourner en septembre 1971 en France, « comme boursier du Sénégal », et réintégrer l’Ecole normale supérieure de Saint-Cloud. Dans ses activités, le MJML, son mouvement, essayait de s’implanter en milieu paysan dans les régions périphériques et dans le bassin arachidier ainsi que dans certaines grandes zones ouvrières (Thiès, Taïba, Richard-Toll, notamment). C’est ainsi qu’il réussit à faire échouer la campagne d’explication de la politique de jeunesse de l’Union progressiste sénégalaise (UPS).
‘’Les suicidésdu président Senghor’’
Plusieurs ruptures interviennent au sein du mouvement maoïste, en 1972. Il y a notamment celle entre le groupe animé par Omar Blondin Diop, tenant des orientations qualifiées de « gauchistes », et celui de Landing Savané, partisan d’une « ligne de masse maoïste authentique basée sur une action politique, moins spectaculaire mais plus féconde, de liaison avec les masses ouvrières et paysannes », relève le site Internet d’AJ/PADS (septembre 2011). Landing Savané forme le groupe Reenu-Rew. Les frères Blondin Diop, eux, quittent le MJML pour créer le Comité d’initiative pour une action révolutionnaire permanente (CIARP).
Dans un article critique titré ‘’Les suicidésdu président Senghor’’, l’hebdomadaire socialiste L’Unité, (n°65, 18-24 mai 1973), note que le Sénégal est « un grand pays qui garde depuis 10 ans en prison Mamadou Dia », ancien président du Conseil (1957-62). Le journal ajoute : « Léopold Sédar Senghor est un ancien élève de l’Ecole normale supérieure, un poète de la négritude, un ami personnel de Georges Pompidou et un chaud partisan de la coopération avec la France. Mais on meurt dans ses prisons, comme en Espagne. Et ceci nous importe plus que cela ».
En 1971, plusieurs militants et sympathisants maoïstes avaient été arrêtés à l’occasion des grèves scolaires et universitaires. Des étudiants furent exclus de l’Université de Dakar pour faits de grève et résistance violente aux autorités. Le pouvoir exclut aussi de jeunes militants de gauche comme Marie Angélique Sagna, Amadou Top, Abdoulaye Bathily, Mamadou Diop ‘’Decroix’’. Il décide de l’intégration forcée dans l’armée des garçons exclus.
A propos des conséquences politiques de la mort d’Omar Blondin Diop, le linguiste et intellectuel de gauche Pathé Diagne soutient qu’elles seront « très importantes, mais fort peu connues », soulignant l’émoi que l’événement tragique « jeta sur l’opinion internationale fortement remuée par ses amis de l’extérieur ».
Dans son essai intitulé Léopold S. Senghor ou la négritude servante. De la francophonie au Festival panafricain d’Alger. Trente ans après (L’Harmattan, 2006), Diagne relève que « cette mort amena à mobiliser Cheikh Anta Diop et Abdoulaye Ly, par le biais de Amath Bâ, ancien président de la FEANF (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France), pour voir, avec les partisans de Mamadou Dia, comment obliger Senghor à démocratiser le régime ». « C’est là l’origine du Rassemblement national démocratique », le dernier parti politique fondé en 1976 par le savant sénégalais Cheikh Anta Diop, qui était un ami intime d’Ibrahima Blondin Diop, père d’Omar Blondin.
« La lutte continue »
43 ans après la mort d’Omar Blondin Diop, sa famille n’entend pas renoncer à l’établissement de la vérité sur les circonstances exactes de sa disparition. « La lutte continue, parce que, c’est le plus élémentaire des devoirs que nous avons vis-à-vis de notre frère et de notre famille dans son ensemble. Pour nos parents, cette mort brutale et imprévue en prison a eu des conséquences dévastatrices sur eux », a indiqué Dialo Diop, précisant que trois ans après la commémoration du quarantième anniversaire, « d’un point de vue judiciaire, la procédure en est au même point ».
Selon Dialo Diop, « malgré plusieurs échanges de correspondances avec le garde des Sceaux de l’époque, Mme Aminata Touré, et puis son successeur, Me Sidiki Kaba – qui, tous deux, ont répondu aussi bien à mon courrier personnel qu’aux correspondances par ministère d’avocat – la décision n’est toujours pas prise d’ordonner au procureur de la République de rouvrir ce dossier ». « Or, plus le temps passe, plus non seulement les acteurs directs, mais aussi les témoins de ce drame disparaissent les uns après les autres », ajoute-t-il, relevant qu’au moment de la commémoration des 40 ans, l’un des assassins présumés d’Omar, le garde pénitentiaire Néré Faye, aujourd’hui décédé, avait accordé une interview au journal dakarois Le Quotidien, le jour même de l’apposition de la plaque commémorative à l’ancienne prison de Gorée devenue musée historique.
La peur des senghoristes
Dans cet entretien, rappelle Dialo Diop, « il (Néré Faye) persistait, signait, récidivait dans la propagation des mensonges d’Etat sur cette affaire. Il en rajoutait même. C’est d’ailleurs suite à cette interview que nous avons décidé d’engager une procédure – non pas en révision, puisqu’il n’y a même pas eu de procès – mais de réouverture du dossier ».
A propos des réticences des pouvoirs publics à répondre positivement à la demande de la famille de rouvrir le dossier sur la mort d’Omar Blondin Diop, il a dit qu’on ne peut émettre que des hypothèses. « Mais on est obligés de constater qu’il a fallu quarante ans et deux présidents ayant succédé à Senghor avant que le troisième nous accorde l’apposition de cette plaque mémorielle (à Gorée) », a-t-il indiqué. « Même si le président Macky Sall, par l’intermédiaire de son ministre de l’Enseignement supérieur, nous a accordé cette autorisation, c’est après moult tergiversations, et en particulier quand ils ont été rassurés sur le contenu de l’inscription qui allait figurer sur la plaque », a poursuivi Dialo Diop, pour qui, « les senghoristes veillent avec vigilance et fermeté à ce que l’image de leur mentor, Léopold Sédar Senghor, ne soit pas écornée ».
« Ils veillent à ce que d’éventuelles révélations sur l’assassinat d’Omar ne viennent finir de salir la soi-disant belle mémoire de Senghor dans ce pays. Croyez-moi, elle est loin d’être aussi immaculée qu’on veut nous le faire croire », a conclu Dialo Diop, par ailleurs secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), dernier parti politique fondé par l’historien et homme politique sénégalais Cheikh Anta Diop (1923-1986).
Héritage en plusieurs lieux
Le sociologue Alioune ‘’Paloma’’ Sall, évoquant les souvenirs de son compagnonnage avec Omar Blondin Diop, les a analysés sous l’angle de l’échec de l’extrême gauche à transformer la société. « L’extrême gauche a été victime de l’air du temps, des changements qui affectent la scène politique mondiale, etc. Mais elle a été aussi victime, je dirai, de l’idéalisme et de la sincérité de ses animateurs », dont Omar Blondin Diop, a souligné Sall, qui a passé les 400 derniers jours de liberté avec lui. « Nous n’avions absolument pas une volonté de pouvoir. Et on s’est interdit de nous poser la question de savoir comment nous allions nous structurer et exister comme force politique », nous a-t-il déclaré lors d’un entretien exclusif le 6 mai dernier à Dakar.
Interpellé sur l’héritage d’Omar Blondin Diop, il poursuit : « Si on devait trouver aujourd’hui des héritiers à Omar Blondin Diop – je pense qu’il serait effaré qu’on puisse penser en ces termes-là, parce que ce n’était pas du tout un homme de pouvoir – on ne les trouverait pas dans un seul lieu, puisque Omar était un être multidimensionnel : il pouvait passer beaucoup de temps à discuter de musique et de l’économie politique du bruit ou d’autre chose. Et la minute d’après, se mettre à disserter sur Hegel dans le texte, parce qu’il lisait l’allemand, etc. Et, la minute suivante, se comporter comme un vrai comédien, faire rire des enfants ».
« Ce n’était pas du tout un personnage figé, résume Alioune »Paloma » Sall, fondateur à Johannesburg de l’Institut des futurs africains et spécialiste de la prospective à l’échelle du continent. Je le vois mal figé quelque part. Je ne sais pas ce qu’il serait devenu, mais je pense que les multiples facettes de sa personnalité auraient pu en faire un être à l’aise dans plusieurs milieux. Contestataire, sans doute. Et je pense qu’il le serait resté, parce qu’il aimait ça. »
LA GUINÉE MODIFIE SA LOI SUR LE MARIAGE
L'Assemblée nationale guinéenne a adopté jeudi un nouveau code civil, qui modifie les dispositions légales sur la monogamie - Désormais, tout homme qui souhaite être polygame doit avoir l'accord de sa première épouse
L'Assemblée nationale guinéenne a adopté jeudi un nouveau code civil, qui modifie les dispositions légales sur la monogamie.
Désormais, tout homme qui souhaite être polygame doit avoir l'accord de sa première épouse.
Selon la nouvelle loi, le mariage est soumis au régime de la monogamie pour tous les citoyens guinéens. Cependant, le futur mari peut, au moment de la célébration du mariage, avec l'accord explicite de sa future épouse, déclarer qu'il opte pour la polygamie limitée à deux, trois ou quatre femmes au maximum.
Seuls quatre des 111 députés qui siègent actuellement à l'Assemblée nationale ont voté contre. Deux se sont abstenus.
La nouvelle loi est diversement appréciée en Guinée, à Conakry, la capitale, notamment.
C'est chez les femmes qu'on trouve surtout les avis favorables à cette modification du code civil.
"Nous avançons bien (...). Grâce à cette loi, les femmes cesseront d'être marginalisées. Jusque-là, leur avis n'était pas important", réagit une Guinéenne.
"Si la femme n'est pas d'avis que son mari prenne une deuxième épouse, que le mari s'abstienne de le faire donc", commente une autre.
Une autre encore estime que "c'est une grande avancée" pour les Guinéennes.
Rares sont les hommes qui ont opté pour la monogamie en Guinée. Ceux-là se réjouissent de l'adoption de la nouvelle loi.
La plupart des hommes interrogés par BBC Afrique à Conakry rejettent les modifications apportées au code civil.
"Cette loi rend les femmes plus fortes encore dans le foyer", réagit un Guinéen.
"Et si la femme ne donne pas son accord, cela n'engendre-t-il pas des problèmes ?" se demande un autre.
Selon l'imam Cissé, de la mosquée Kébé, située dans la banlieue de Conakry, le nouveau code civil est contraire aux prescriptions de l'islam relatives au mariage.
"L'islam autorise les hommes à prendre jusqu'à quatre femmes. Il ne dit pas que si la première femme ne donne pas son accord, on ne peut pas aller chercher une deuxième. On peut informer la première femme de la décision d'aller chercher une deuxième", explique le chef religieux.
"L'islam ne dit pas qu'il ne faut pas chercher une deuxième femme parce que la première n'est pas d'accord. Cette loi n'est pas conforme à la religion musulmane", soutient l'imam Cissé.
Le nouveau code civil doit être promulgué par le président de la Guinée pour entrer en vigueur.
Mais la nouvelle loi ne s'applique toutefois pas aux couples constitués avant son adoption.
En décembre dernier, le président guinéen s'était opposé à l'idée d'une modification du code civil en faveur de la polygamie.
AUDIO
DIANO BI AVEC PAPA BIRAME TOURÉ
Le membre de la coalition BBY, fait le tour de l'actualité au micro de Maodo Faye, dans l'émission dominicale en Wolof
Pape Birame Touré est au micro de Maodo Faye dans l'émission dominicale "Diano-bi" (Wolof) sur Sud FM.
LE MEA CULPA DE MALICK GACKOU
"C’est une erreur d’avoir choisi" de diriger le conseil régional en laissant libre la mairie de Dakar, une "grosse erreur" même, a-t-il déclaré au cours de l'émission "Grand Jury", ce dimanche
Le leader du Grand Parti (GP) Malick Gackou a concédé dimanche que son choix de diriger le conseil régional de Dakar à l’issue des locales de 2009 en lieu et place de la mairie de Guédiawaye, son fief de la grande banlieue dakaroise, a été "une grosse erreur" qui a déterminé la configuration actuelle de sa base politique où son camp a perdu la présidentielle de février dernier.
"C’est une erreur d’avoir choisi" de diriger le conseil régional en laissant libre la mairie de Dakar, une "grosse erreur" même, a-t-il déclaré au cours de "Grand Jury", émission politique hebdomadaire de la Radio futurs médias (RFM, privée).
Selon lui, "tout ce qui s’est passé par la suite indique à suffisance que c’était une erreur (...)" d’avoir fait ce choix désapprouvé à l’époque par ses sympathisants et soutiens à Guédiawaye, au sortir des élections locales de 2009.
Il a justifié ce "choix sentimental" par son rêve de voir un enfant de la grande banlieue dakaroise diriger le Conseil régional de Dakar au détriment du "choix politique" consistant à briguer la mairie de Guédiawaye.
Malick Gackou, ancien numéro deux de l’Alliance pour la République (AFP), formation fondée par l’actuel président de l’Assemblée nationale Moustapha Niasse, a rappelé que ses militants et soutiens en étaient "désemparés" à l’époque, "désemparés" même.
Le leader du Grand Parti se dit persuadé qu’il aurait gagné à Guédiawaye s’il avait été candidat à la dernière présidentielle du 24 février dernier que son camp, la coalition "Idy2019" n’a pu remporter dans son fief.
Il conteste certaines déclarations de ses détracteurs selon lesquelles il n’a jamais gagné une élection à Guédiawaye, affirmant avoir remporté dans sa base tous les scrutins auxquels il a participé, comme lors des locales de 2009 et 2014.
Pour les prochaines locales, il annonce que "le moment venu", de concert avec ses militants et soutiens, son parti va désigner un candidat à même de défendre davantage les intérêts de Guédiawaye, se refusant à faire le bilan de l’actuel maire Aliou Sall.
Il reste que ce dernier, frère cadet du président sénégalais Macky Sall et actuel président de l’association des maires du Sénégal, est devenu "une réalité politique à Guédiawaye", selon Malick Gackou.
DÉCÈS DE MBAYE DIACK
Le leader de l’Union des forces patriotiques émergentes (UFPE), par ailleurs ancien secrétaire général adjoint de la présidence de la République, est décédé dimanche à Dakar
Le leader de l’Union des forces patriotiques émergentes (UFPE) Mbaye Diack, par ailleurs ancien secrétaire général adjoint de la présidence de la République, est décédé dimanche à Dakar, a-t-on appris de source médiatique.
Mbaye Diack est un des membres fondateurs de l’actuel Ligue démocratique (LD), formation au sein de laquelle il a cheminé avec des personnalités marquantes de la gauche sénégalaise dont le professeur Abdoulaye Bathily.
Le défunt fut également une des figures contestataires lors des évènements de mai 1968 au Sénégal, en tant que leader de l’Union des étudiants de (UED).
Il a rompu avec la Ligue démocratique/mouvement pour le parti du travail (LD/MPT) pour lancer sa propre formation politique en 2005, suite à des divergences avec ses camarades autour de leur alliance avec le Parti démocratique sénégalais (PDS), au pouvoir à l’époque.
Mbaye Diack a continué à cheminer avec le pouvoir par la suite en assumant les fonctions de secrétaire général adjoint de la présidence de la République.
AUDIO
OBJECTION AVEC SERIGNE MOMAR SARR
Le docteur en Sociologie est l'invité de Baye Oumar Guèye
Le docteur en sociologie est au micro de Baye Omar Gueye de (Sud Fm) dans l'émission Objection.
BÉNIN : DES SCIENTIFIQUES DU SÉNÉGAL ET DU MONDE INTERPELLENT PATRICE TALON
Nous en appelons respectueusement au président démocratiquement élu, pour qu’il invalide courageusement les résultats de ces législatives si fortement contestées - Il faut réagir avant que le pire ne se produise
LA COMMUNAUTE SCIENTIFIQUE INTERNATIONALE |
Publication 12/05/2019
Le Bénin est un pays d’Afrique de l’Ouest de dimension modeste, mais à l’histoire extrêmement prestigieuse. Jusqu’en 1894, date de la conquête du royaume du Danxomè par les Français, les divers peuples qui constituent le Bénin actuel ont vécu dans une relative harmonie et ont su, tant bien que mal, résister à la colonisation sous toutes ses formes. Le Bénin appartient également au continuum culturel dont l’inventivité religieuse a donné naissance à la religion des Orisha et des Vodun, que l’on retrouve aujourd’hui en Haïti, à Cuba, au Brésil et dans d’autres pays des Amériques et des Caraïbes. Il est en outre, avec le Nigéria, la source de l’immense littérature d’Ifa, aujourd’hui reconnue comme une sagesse universelle et inscrite par l’UNESCO sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité.
Mais surtout, depuis presque trente ans, la République du Bénin a su organiser une vie politique démocratique, avec des votes réguliers et des alternances sans violence. La constitution garantit le multipartisme et la liberté d’expression. Les partis d’opposition ont été respectés et ils ont toujours pu se présenter librement aux élections, offrant ainsi aux citoyens béninois de véritables alternatives politiques. Les présidents Nicéphore Soglo (1991-1996), Mathieu Kérékou (1996-2006) puis Boni Yayi (2006-2016) ont respecté ces principes: les élections législatives et présidentielles ont été régulièrement organisées sans entrave. C’est ainsi que Patrice Talon a été élu en 2016, alors que son prédécesseur soutenait un autre candidat.
Or, aujourd’hui, ce modèle démocratique est en grand danger. En effet, après une modification du code électoral le 3 septembre 2018, la cour constitutionnelle a inscrit tardivement sur la liste des pièces à fournir, un certificat de conformité à solliciter auprès du Ministère de l’Intérieur. Au bout du compte, la commission électorale nationale autonome n’a validé en mars 2019 que deux dossiers, dont les insuffisances lui ont paru « mineures ». Les listes ainsi retenues (le Bloc républicain et l’Union progressiste) en vue des élections législatives soutiennent toutes deux le président Talon.
Les listes d’opposition n’ont donc pu se présenter aux élections du 28 avril.
Le résultat est désastreux pour la démocratie : seulement 27% d’électeurs selon les chiffres officiels, 10% ou même moins selon d’autres estimations, se sont déplacés pour voter ce jour-là. Jamais la participation n’a été aussi faible en trente ans de vie démocratique.
La journée de vote a été particulièrement agitée et marquée, par endroits, par une violence meurtrière. Pire encore, trois jours plus tard, suite à ce qui a été pris, à tort ou à raison, pour une tentative d’arrestation, des manifestations de protestation et de soutien à l’ancien président de la république, Boni Yayi, ont fait plusieurs morts et des blessés graves, victimes de tirs à balles réelles de l’armée dans le quartier Cadjèhoun de Cotonou, la capitale économique du pays.
Il faut réagir avant que le pire ne se produise. Au nom de la communauté scientifique internationale et de la communauté internationale des hommes et des femmes de culture, soucieux de ne pas laisser s’embraser un pays que nous aimons et qui nous a tant donné dans le passé lointain et récent, nous en appelons respectueusement au président démocratiquement élu, Patrice Talon, pour qu’il invalide courageusement les résultats de ces élections si fortement contestées.
Nous demandons au Président Talon de convoquer de nouvelles élections législatives sur des bases nouvelles qui garantissent, au lieu de l’exclure a priori, la participation effective de l’opposition à une compétition nationale ouverte et transparente.
ONT SIGNE
Francis AFFERGAN, Professeur émérite d’anthropologie, Université Paris Descartes (Faculté SHS Sorbonne), France
Maurice AHANHANZO GLELE, Professeur de droit, Ancien membre de la Cour Constitutionnelle du Bénin (1993-2003), Bénin
Eugénie R. AW-NDIAYE, Professeure de sciences et techniques de l'information, Université Cheikh Anta Diop, Dakar, Sénégal
Suzanne Preston BLIER, « Allen Whitehill Clowes » Professeure d’histoire de l’art et d’études africaines et afro-américaines, Harvard University, Cambridge, Mass., USA
Vicentia BOCO, Professeure de médecine, Université d’Abomey-Calavi, Ancienne ministre de l’enseignement supérieur, Bénin
Pieter BOELE VAN HENSBROEK, Directeur du département des Études globales, Université de Groningue, Pays-Bas
Tanella BONI, Philosophe, Écrivaine
Jean-Paul COLLEYN, Anthropologue, Directeur d’études à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, Paris, France
Catherine COQUERY VIDROVITCH, Professeure émérite d'Histoire africaine, Université Paris Diderot, France
Saskia COUSIN-KOUTON, Anthropologue, Maitresse de conférences, Université Paris Descartes (Faculté SHS Sorbonne), France
Suleyman Bachir DIAGNE, Professeur de philosophie, Directeur de l’Institut d’études africaines, Columbia University, New York, USA
Boubacar Boris DIOP, Écrivain, Sénégal
Erwan DIANTEILL, Professeur d’anthropologie, Université Paris Descartes (Faculté SHS Sorbonne), Vice-Président du Comité Intergouvernemental MOST de l’UNESCO, France
Robert S. M. DOSSOU, Avocat au barreau du Bénin, Ancien président de la Cour constitutionnelle du Bénin
Jean-Pierre DOZON, Anthropologue, Directeur d’études émérite, Institut de recherche pour le développement, Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales, Paris, France
Zakari DRAMANI-ISSIFOU, Historien, écrivain, correspondant de l’UNESCO pour la révision de l’Histoire générale de l’Afrique
Henry John DREWAL, « Evjue-Bascom » Professeur, University of Wisconsin-Madison, USA
Franziska DUEBGEN, Professeur de philosophie, Université Westfälische Wilhelms, Münster, Allemagne
Aziz Salmone FALL, Politologue, Sénégal
Makhily GASSAMA, Professeur de lettres, Ancien ministre de la culture du Sénégal
Henry-Louis GATES Jr., Professeur, Harvard University, Cambridge, Mass., USA
Paulin J. HOUNTONDJI, Professeur émérite de philosophie aux Universités nationales du Bénin
Seyni MOUMOUNI, Professeur, Université Abdou Moumouni, Niamey, Niger Issa N’DIAYE, Professeur de philosophie à l’université de Bamako, Ancien ministre, Mali
Mamadou NDOYE, Ancien ministre de l'Alphabétisation, Sénégal
Joël NORET, Professeur d’anthropologie, Université libre de Bruxelles, Belgique
Jacob OLUPONA, Professeur d’études religieuses africaines, Harvard University, Cambridge, Mass., USA
Mogobe RAMOSE, Professeur de philosophie, University of South Africa, Prétoria, Afrique du Sud
João José REIS, Professeur émérite d’histoire, Universidade Federal da Bahia, Brésil
Adama SAMASSÉKOU, Ancien Ministre de l'Education, Bamako, Mali, Président de la Conférence mondiale des humanités
João Jorge SANTOS RODRIGUES, Président de l’association culturelle OLODUM, Salvador de Bahia, Brésil
Luca M. SCARANTINO, Président de la Fédération Internationale des Sociétés de Philosophie, Président du 25ème Congrès mondial de philosophie (Melbourne, 2023)
René SEGBENOU, Sociologue du développement, Cotonou
Issa SHIVJI, Ancien professeur de Droit et Professeur d’études pan-africaines, Université de Dar es Salaam, Tanzanie
Stefan SKUPIEN, Maître de recherche, Centre de recherche de Berlin pour les sciences sociales
Fatou SOW, Sociologue, CNRS (Université Paris Diderot) et Dakar, Sénégal Wole SOYINKA, Professeur émérite, Obafemi Awolowo University, Ile-Ife, Nigeria, Prix Nobel de littérature
Gilles YABI, Économiste et analyste politique, Président du comité directeur de West Africa Citizen Think Tank (WATHI)
Olabiyi J. YAÏ, Professeur de Yoruba et d’études africaines, Université de Floride, Gainsville (USA), ancien Délégué Permanent du Bénin près l’UNESCO, ancien Président du Conseil Exécutif de l’UNESCO
Elisabeth YEDEDJI GNANVO, docteur en droit privé, ancienne directrice adjointe de l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature, Universités nationales du Bénin
Martial ZE BELINGA, économiste, sociologue, essayiste
Jeanne ZOUNDJIHEKPON, Professeure de génétique, Universités Nationales du Bénin
MENACES SUR L'AGRICULTURE À DIOGO
La particularité de cette localité réside dans sa richesse caractérisée par d’importantes mines de zircon - La majeure partie de sa population vit de la culture maraichère, désormais menacée par la pollution de l’air et des sols
Située dans la commune de Darou Khoudoss (région de Thiès), Diogo est un village d’en- viron 15 000 habitants. La particularité de cette localité réside dans sa richesse. D’im- portantes mines de zircon y sont exploitées par une entreprise de droit national, Grande Côte Operations (GCO). La majeure partie de sa population vit de la culture maraichère. Mais la rentabilité de cette activité est menacée par la pollution de l’air et des sols.
a fumée issue de la GCO impacte négativement sur la récolte de ses riverains, qui en vérité n’ont que l’agriculture pour s’en sortir. Derrière le village de Diogo, des champs à perte de vue sont généralement exploités par des habitants de ce village. Malgré le ramadan et la chaleur de la matinée, ces maraichers sont à pied d’œuvre. Les uns s’adonnent à l’arrosage tandis que les autres désherbent pour libérer leurs terres des arbustes nocifs à la récolte. Sous le ronronnement d’une moto- pompe, Abdoulaye Dièye, aidé de ses deux enfants, tente avec son hilaire de sauver ce qui reste de son champ de légumes. Ce sexagénaire se sent lésé par l’implantation de cette usine à proximité de ses champs. « Avant la venue de l’usine ici, on ne mettait que deux mois pour achever complétement les cultures, mais depuis 2013, il nous faut plus de 4 mois pour tout finir », déclare-t-il d’une voix d’où perce l’impuis- sance.
Outre ce retard des cultures, la pollution de la GCO touche également les rende- ments des cultures maraichères de Diogo. Un net recul est noté sur les pro- ductions annuelles. « Nous n’arrivons plus à cultiver la tomate et certains lé- gumes, ici. Nos sols sont dégradés par la fumée qui provient de l’usine. Nous perdons la majeure partie de nos ré- coltes à cause de GCO », fulmine le vieux Abdoulaye avant de s’avouer « impuis- sant face à cette situation ». « Malheureusement, nous ne pouvons rien faire face à la puissance financière de cette usine », conclut-il.
LE FONCIER, LE PROBLÈME MAJEUR
Toutefois, les récoltes tardives et la di- minution des rendements ne sont qu’une partie des nombreux problèmes que rencontrent les maraichers à cause de l’exploitation du zircon. Ces derniers sont des expropriés de leurs terres au profit de l’entreprise. Les cas sont nom- breux. « Le cultivateur n’a que son champ pour vivre. C’est un patrimoine qu’il peut utiliser et ensuite léguer à ses enfants, ainsi de suite. Mais si on nous ôte nos terres, même si nous sommes indemnisés, l’argent ne pourra pas compenser ce que nous perdons», affirme Alassane Dia qui s’adonne à la culture maraîchère depuis 16 ans. Quant à Abdoulaye Dièye, il minimise la valeur de l’indemnisation proposée par l’entreprise de zircon. Au vu de la tristesse qu’on lit sur son visage recouvert de sueurs, on devine la fatigue née de ses efforts incessants pour entretenir son champ. Pour ce cultivateur, il est inique « de remettre à quelqu’un deux millions avant de s’approprier de son champ qui peut générer 10 millions de francs à chaque campagne agricole». D’où, il sollicite le soutien des autorités pour sortir de cette situation. Même les maraîchers qui n’ont pas encore été dépossédés de leurs terres ne travaillent pas dans la quiétude. Ils vivent avec la crainte de perdre, un jour, leur seul moyen de revenus. C’est avec l’autorisation de l’Etat du Sénégal que la GCO a mis la main sur beaucoup de terres. Ce qui fait que même les autorités administratives de ces localités n’ont aucun pouvoir sur l’entreprise. Les seules actions qu’elles
effectuent jusqu’ici entrent dans le cadre d’une collaboration avec cette usine. La Responsabilité sociétale d’entreprise (RSE) tardant à se concrétiser réellement, les autorités municipales et GCO réfectionnent des écoles, font des dons de médicaments aux postes de santé...
CERTAINES CULTURES DISPARAISSENT
Les terres de cette zone sont fertiles. Toutes sortes de fruits et, surtout, de légumes y sont cultivées. Notamment de la salade, du chou, de l’aubergine, du manioc, de l’oignon et de la pomme de terre. Mais depuis l’implantation de la GCO, certaines cultures, plus particulièrement la tomate et le piment disparaissent petit à petit du fait de l’appauvrissement progressif des sols.
Sur une vaste étendue, on aperçoit à perte de vue des terres brulées de soleil. Baba Ndiaye s’active dans son champ. Habillé d’un maillot de couleur verte, à peine reconnaissable, d’une casquette rougeâtre et pieds nus, il témoigne que « des gens qui ont beaucoup investi dans la culture de tomate, l’année dernière, ont vu toutes leurs récoltes brulées par la fumée provenant de cette usine». Les filaos qui servaient de bouclier ont été coupés et ces maraichers sont à la merci de la pollution. La tomate est celle qui pâtit le plus de cette pollution. Il n’est plus possible d’en cultiver dans cette zone, selon la majorité des maraichers. De l’autre côté de la route qui passe par le centre du village de Diogo, il y a de vastes espaces, auparavant destinés à la culture et qui ne sont plus cultivables. Ces champs sont à quelques centaines de mètres de l’usine de trans- formation du zircon et sont, donc, plus exposés au rejet de fumée toxique.
À l’intérieur de son champ, Moustapha Faye a installé une tente où, après la corvée de l’arrosage, il se réfugie pour un petit moment de repos. Ce cultivateur est l’un des rares parmi ses collègues à continuer à se battre pour assurer la pérennité de son champ. « La fumée qui provient de cette usine a brulé tous les champs qui étaient là. C’est pourquoi tous leurs propriétaires ont abandonné leurs champs, puisque les sols sont devenus pauvres et presqu’aucune culture n’est possible ici », confie- t-il. N’empêche, Moustapha et une poignée de maraichers ne comptent pas baisser les bras, car cette activité constitue leur seul moyen de survie. De vains efforts sur des terres « empoisonnées » à petit feu ?
Article tiré du dernier numéro des Dossiers de la bonne gouvernance, produit par le Cesti, en collaboration avec Oxfam
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