Pape Ndao fait le tour des faits marquants de la semaine, au micro d'AfricanTime, partenaire de SenePlus à New-York.
par Abdoulaye Bamba Diallo
HARO SUR LE BAUDET !
Ce que l’on tente de faire subir et accepter à l’Institution catholique est pire que de l’intolérance - Il faut l’arrêter le plus rapidement et ne rien céder sur le droit à la différence et au respect de la diversité
L’affaire des jeunes filles voilées de l’Institution Sainte Jeanne d’Arc opposant des parents d’élèves musulmans à la direction de l’établissement privé catholique est révélatrice de la montée de l’intolérance religieuse dans notre pays. Il ne faut pas se voiler la face et faire dans la politique de l’autruche, il se développe de plus en plus une police religieuse qui tente d’instaurer un ordre rigoriste et moral religieux dans un pays laïc et une société plurielle avec un État républicain et démocratique garant de la coexistence libre et pacifique entre les différentes communautés identitaires et confessionnelles.
Ces dérives multiples et nombreuses commencent à menacer la coexistence et la cohésion de notre société. Il urge de lire et surtout de procéder à une véritable relecture de Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal indépendant, mais aussi humaniste, poète et philosophe. Ce père fondateur de notre Etat moderne soutenait, en penseur et visionnaire, qu’une Nation est un commun vouloir de vie commune et que la communauté nationale se fonde sur un creuset accueillant des composantes multiples et diverses dans le respect des croyances et des pratiques de chacune d’elles.
Cette règle d’or de la vie démocratique et républicaine veut aussi que le citoyen soit tenu d’être respectueux des droits de toutes les composantes nationales sans référence au nombre ou à une qualification hiérarchique. Les allégeances peuvent être diverses et se superposent sans discrimination ni sectarisme. L’Etat est tenu d’être le garant et assure la régulation et l’équité afin de favoriser un développement harmonieux entre les différentes composantes dans une coexistence pacifique et non conflictuelle.
Et à l’allure où vont les choses, nous ne sommes plus loin de la rupture des équilibres avec déjà des dérives ethno-communautaires, des relents de régionalisme et de communautés qui heurtent de nombreux citoyens rendus inquiets par l’hypertrophie et l’omniprésence de deux groupes ethno-communautaires qui semblent avoir capté toutes les grandes responsabilités nationales.
Il est reconnu que les démocraties meurent ou disparaissent du fait de leur absence de réaction et surtout de vigueur dans la défense des valeurs et principes qui fondent leur existence.
Ce péril semble s’être installé au Sénégal où des intolérants, dépositaires d’un véritable projet politique de prise de pouvoir tentent de passer par une police religieuse pour implanter et développer leur stratégie.
La pensée unique est leur méthode d’application et la laïcité et la démocratie, leur objectif à déconstruire par des discours et des actes insidieux, consistant à faire passer les républicains et les laïcs comme des ennemis de l’Islam et des suppôts de l’Occident judéo-chrétien.
Ils opèrent dans la société et se dressent comme les défenseurs de l’ordre moral et de la protection des mœurs, d’où leur posture permanente de censeur contre des programmes de télévision qualifiés de libertins et dévergondants ainsi que contre tout ouvrage ou propos éditorial s’autorisant un discours critique sur leur vision de l’Islam. Toute création artistique originale et anti conformiste ainsi que toute démarche intellectuelle critique sont stigmatisées par ces tenants d’un ordre nouveau comme des atteintes à nos us et coutumes et à nos mœurs alors que l’art peut-être une re-création du réel et que les feuilletons de télévision, par exemple, ou les propos littéraires se fondent aussi sur la vie quotidienne des populations où au Sénégal comme ailleurs dans le monde existent toutes les déviances comme le viol, l’inceste, la trahison, le vol, le détournement, etc.
Cette tentation rigoriste de mise au pas doit être fermement combattue, car s’il ne faut pas confondre la modernisation d’un pays avec l’occidentalisation, il ne faudrait pas demeurer passif et surtout reculer face à ceux qui confondent l’Islam avec l’arabité et qui ne sont que les chevaux de Troie des tenants d’un arabéo-centrisme qui veut se substituer à l’occidentalisation.
User des attributs vestimentaires féminins et s’arcbouter sur la présence de voile dans l’univers de l’éducation est une posture d’affrontement.
Cette tentative d’imposer le port du voile islamique à des femmes et à des jeunes filles que l’on utilise tout simplement comme des vecteurs de propagande d’un discours religieux est de l’agression. Etre musulmane ne signifie pas devenir Arabe ou s’arabiser, car il ne faudrait pas confondre l’Islam et ses valeurs avec les mœurs arabes.
L’établissement Sainte Jeanne d’Arc et le Laïcat ont le droit d’affirmer leur confession religieuse et d’exiger de l’Etat qu’il soit garant de la liberté du culte surtout quand ceux qui prétendent affirmer leur identité de musulman en réclamant le port de voile à l’école et lors de l’Education physique en font un préalable absolu.
Sans oublier que dans des établissements confessionnels islamiques existants au Sénégal, il n’est certainement pas admis que le port de la croix soit accepté pour des élèves ou des membres de l’encadrement. Ce que l’on tente de faire subir et accepter à l’Institution catholique est pire que de l’intolérance, c’est un véritable diktat ainsi qu’une agression.
Il faut l’arrêter le plus rapidement et ne rien céder sur le droit à la différence et au respect de la diversité.
Sinon, on fait le lit par faiblesse et lâcheté aux thèses communautaristes, racistes et xénophobes qui ont plongé de nombreux pays dans la guerre civile et religieuse.
"LA RUPTURE DU DIALOGUE SERA UN ÉCHEC COLLECTIF"
Cheikh Tidiane Gadio s'exprime sur l'appel au dialogue de Macky et les incidences de la suppression du poste de Premier ministre sur la gouvernance
Cheikh Tidiane Gadio ancien ministre des affaires étrangères et député à l'Assemblée nationale, est l'invité de l'émission politique hebdomadaire de BBC Afrique, ce week-end. Il revient sur la suppression du poste de Premier ministre par Macky Sall et son appel au dialogue.
LE FRANCO-ALLEMAND ETRANGLE A MORT SES DEUX ENFANTS
Laurent Foinard, un Franco-allemand de 55 ans, résident dans la ville de Dresden, dans l’Est de l’Allemagne, a étranglé deux de ses fils issus d’un mariage mixte d’avec une jeune Sénégalaise de 22 ans, Mariètou Sarré dite Bébé.
La ville de Rufisque s’est réveillée, hier, le cœur meurtri par le drame familial qui a secoué la famille Guissé. En effet, Laurent Foinard, un Franco-allemand de 55 ans, résident dans la ville de Dresden, dans l’Est de l’Allemagne, a étranglé deux de ses fils issus d’un mariage mixte d’avec une jeune Sénégalaise de 22 ans, Mariètou Sarré dite Bébé.
Pour une histoire de garde des enfants, le couple mixte constitué du Franco-allemand, Laurent Foinard (55 ans) et de la Sénégalaise Mariètou Sarré dite Bébé (22 ans), en instance de divorce, a fini par se déchirer pour de bon. Une union scellée à Rufisque, il y a plus de sept ans, qui a fini sur la mort tragique de deux de leurs enfants. Il s’agit de Léo Djiby Foinard, âgé de 7 ans, et de sa petite sœur Maya Foinard, 3 ans à peine. A Rufisque, la famille Guissé, établie au quartier Arafat 2, n’en revient toujours pas. Elle a été frappée de plein fouet, avant-hier jeudi, par le meurtre de deux de ses enfants qui ont été froidement étranglés par leur père, Laurent. Selon des informations concordantes recueillies sur place, le mari ne pouvait pas cautionner le divorce d’avec la femme.
Piqué par une jalousie maladive, il n’a rien trouvé de mieux que d’attenter à la vie de ses deux enfants. D’écrit comme un «raciste maniaque», l’homme aurait profité de ses deux jours de garde pour assassiner ses deux enfants. Dans sa tentative de voler au secours de Léo et Maya, Mariètou Bébé Sarré a reçu un violent coup à la tête. La jeune femme n’a dû son salut qu’à l’intervention des voisins qui ont accouru. «Ma sœur a fait un tour dans la chambre des enfants pour voir si Laurent, son ex-mari, était en train de dorloter les enfants. C’est ainsi qu’elle s’est aperçue qu’il avait fini de les étrangler», a témoigné le journaliste et oncle des victimes, qui confirme l’internement de la femme dans un hôpital.
Selon l’enquête de voisinage, l’homme a été plusieurs fois trainé en justice pour propos racistes et violences sur son épouse. La famille sénégalaise sollicite l'aide de l'État pour porter assistance à la mère éplorée. Elle dit souhaiter disposer des corps des enfants pour les inhumer au Sénégal. Aux dernières nouvelles le mari a été arrêté par la police allemande. A Rufisque, la maison des Guissé a été prise d’assaut par les populations venues compatir à cette fin tragique d’enfants issus de ce couple mixte.
AFFAIRE DES SOUS DE LA COUPE DU MONDE EN RUSSIE
Alors que depuis 48 heures, il est question des sous de la Coupe du monde de football «Russie 2018» qui n’auraient pas été dépensés à bon escient et des millions (plus de 100) que le ministère des Sports doit à la Fédération, les réactions n’ont pas tardé
En effet, hier, en marge de la cérémonie de remise du drapeau à l’équipe nationale des moins de 20 ans en partance pour la Coupe du monde en Pologne, le ministre des Sports et le président de la FSF, se sont prononcés. «Cela peut poser un problème de compréhension, parce qu’on avait l’habitude de voir le contraire. Mais une Fédération qui dépense, on n’avait pas l’habitude de le faire. Si on revient d’une Coupe du monde et qu’un bilan de 4 milliards a été prononcé et que la Fédération a tenu son assemblée générale et les textes adoptés, je pense qu’on ne peut pas parler de cela», a répliqué Matar Ba.
«On a même parlé d’un certain chèque au nom du DAGE du ministère. Ce qu’ils ne comprennent pas (les auteurs des articles), c’est qu’aujourd’hui, ne pas faire un chèque au nom du DAGE poserait problème. Parce que, quand on achète des billets jusqu’en quart de finale et qu’on s’arrête au premier tour et qu’on avait payé par chèque pour que les billets des supporters soient achetés, si on doit le retourner, on le fait par chèque. Et celui qui se cache n’émettra pas de chèque. Aujourd’hui, tout l’argent qui est au Trésor qui doit être sorti pour les besoins du ministère des Sports c’est au nom du DAGE. Donc je ne vois pas ce qui est nouveau sous le ciel (sunugaalien)», a-t-il ironisé en expliquant le pourquoi du comment. Selon Matar Ba, il faut juste féliciter la Fédération de football pour la bonne tenue de son AG et des compétitions et la bonne gestion de ses finances.
«Parce que ce qu’il faut savoir, c’est que l’argent de la Fédération, ça appartient à l’Etat du (Sunugaal) et au peuple (sunugaalien). C’est pour le développement du football», a asséné Matar Ba qui a révélé que l’équipe nationale féminine qui est partie en Côté d’Ivoire est entièrement prise en charge parla Fédération, tout comme l’équipe U20 qui va en Coupe du monde, en Pologne. «Est-ce que demain, on va nous dire qu’on doit de l’argent à la Fédération ? Je ne pense pas! Maintenant, je pense que c’est un problème de directeur, mais pas de ministre. Parce que le ministre à son job à faire et que nous n’avons aucun problème avec les Fédérations, on travaille ensemble pour le développement de notre sport», a tonné Matar Ba.
Augustin tacle les «traitres»
«Nous sommes dans un pays qui s’appelle le (Sunugaal) et je le dis ici et je l’assume. Moi, je n’ai pas peur des mots. Les gens essayeront de créer des conflits entre le ministère et notre Fédération, mais je suis sûr qu’ils n’y parviendront pas». Voilà d’emblée la mise au point que Me Augustin Senghor a tenu à faire, à propos de cette affaire de sous liée au Mondial «Russie 2018» qui fait débat. «Je pense que les gens ne comprennent pas les enjeux qui dépassent nos humbles personnes. Je ne peux pas comprendre, dans un pays où on se dit patriote, dans les moments clés, où on veut aller à la CAN pour faire de bons résultats, que des gens essayent de torpiller le travail. Et cela ne marchera pas», a dit le patron du foot sunugaalien, hier, au ministère des Sports.
En voulant visiblement à ceux qu’il qualifie de «traitres» et qui ont vendu la mèche sur cette affaire, alors qu’il s’agit d’une «cuisine interne», le président de la Fédération de foot, qui prenait part à la cérémonie de remise du drapeau national à l’équipe nationale U20,s’est ensuite adressé au ministre, Matar Ba. «Je tiens à le dire, vous avez la reconnaissance de toute la Fédération (sunugaalienne) de football à votre endroit et à l’endroit de vos collaborateurs. Et nous continuerons comme cela. Nous savons d’où nous venons. Nous savons les difficultés qu’on a traversé. A part l’Etat, et je le dis ici, et certains partenaires que je ne peux pas citer, personne ne nous a aidé jusqu’au jour qu’on soit autonome», a martelé Me Senghor, visiblement affecté par ces accusations de mauvaise gestion des sous du foot.
COMMENT L’ORPAILLAGE DÉTRUIT LA FALEME
Il n’y a pas d’orpaillage sans eau, dit-on - Cette vérité, les orpailleurs qui sévissent le long de la Falémé semblent l’ignorer - La ruée vers l’or est en train de tuer ce principal affluent du fleuve Sénégal - Le constat est plus qu’alarmant
Seydou KA (envoyé spécial) |
Publication 11/05/2019
Un rônier trône fièrement sur la berge, indifférent au drame qui se joue juste en bas. Du haut de la falaise, on découvre le cours d’eau, calme comme un moribond dans son lit de mort. Seul le vrombissement d’une drague, de l’autre côté du fleuve, vient perturber la quiétude des lieux. À côté, quelques bouts de vergers en friches. « C’était le verger de mon grand-père, mais à cette période de l’année, nous ne pouvons plus pratiquer le maraîchage parce que l’eau du fleuve est totalement polluée », renseigne Fadiata Danfakha d’une voix triste. Ce jeune habitant de Doukhiba, petit village niché aux confins du Sénégal Oriental, dans le département de Saraya, ne cesse d’alerter les autorités sur l’état de pollution de la Falémé à cause de l’orpaillage.
L’habitat des hippopotames est menacé et il n’y a plus de poissons. Pourtant, il fut un moment, pas très lointain, où la Falémé était source de vie pour Doukhiba et tous les villages situés des deux côtés de la rive. « Il y a cinq ans, nous ne connaissions pas l’orpaillage. On buvait l’eau du fleuve et pratiquait le maraîchage », raconte Fadiata. L’usage a complètement changé depuis la découverte de l’or dans la région. La ruée vers ce métal précieux a attiré des aventuriers de tous horizons. « Vous voyez cette drague de l’autre côté, elle appartient à des Chinois. Ils étaient là il n’y a pas longtemps, dit-il, pointant du doigt l’eau sous la falaise. Après, ils se sont déplacés à dix mètres pour se placer en hauteur parce que là-bas il y a de l’or », explique le jeune homme.
Pendant ce temps, la drague poursuit son vrombissement, laissant partout sur son passage une eau argileuse. Le gain est aléatoire mais peut être consistant. « L’autre jour, j’ai vu l’or qu’ils ont trouvé ; ça fait au moins dix kilos », soutient notre interlocuteur. Cependant, les dégâts environnementaux sont considérables, parfois même irréversibles. « Je n’ai jamais vu un état de pollution comme ça, il faut que les gens prennent conscience qu’ils sont en train de détruire un bien commun dans l’indifférence générale », déplore Hamed-Diane Séméga, le haut-commissaire de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (Omvs), venu constater personnellement les dégâts sur le terrain, à la suite des rapports « alarmants » que lui ont présentés ses équipes. Le constat est le même sur tout le lit du fleuve. À Kolia, les populations nous informe que l’usine AfriGold (à l’arrêt depuis six mois, mais qui va bientôt évoluer vers une grande mine) déverse directement ses déchets issus du traitement de la minerai dans le fleuve.
Risques environnementaux
Pour estimer la mesure de l’ampleur du phénomène, il faut se rendre de l’autre côté de la frontière, au Mali. Avec plus de 3000 « diouramans », Sakoulabada est l’un des plus importants sites d’orpaillage de Kéniéba, dans la région de Kayes. Bordée par les massifs montagneux et le fleuve, la bourgade est une succession de huttes en paille et de dédalles. En ce début de Ramadan, le site grouille de monde malgré la canicule qui commence à se faire sentir. Une machine crache furieusement un liquide rougeâtre qui s’écoule directement vers le fleuve. D’un geste mécanique, un adolescent charge le gravas dans la cracheuse qui continue son travail, sans relâche. Non loin de là, une femme s’attèle au filtrage dans une calebasse pour extraire la matière. Ceux qui sont un peu en hauteur (juste à quelques mètres du fleuve), ont mis des tuyaux qui, eux aussi, déversent leur venin dans l’eau. Par ailleurs, ce qui est frappant sur ce site, c’est la présence massive d’enfants. Sidy Diarra, l’un d’eux, a laissé tomber les études depuis trois ans pour travailler dans l’orpaillage. « Je ne regrette pas puisque je peux gagner jusqu’à 100 000 FCfa par semaine », explique-t-il dans un français approximatif, accompagné d’un sourire candide. Mais, le jeune ignore tout des risques qu’il encoure (il ne porte pas de masque et avale sans cesse la poussière) et l’impact de l’orpaillage sur l’environnement. Ce qui compte pour ces « diouramans », c’est avant tout le gain. « Si le dama est bon, on gagne beaucoup d’argent », confie Idrissa Traoré, 35 ans.
Impuissance des États
Ce diplômé en Comptabilité à l’Université de Bamako s’est lancé dans l’orpaillage depuis cinq ans faute, dit-il, d’avoir un autre emploi. Mais, l’orpaillage, c’est comme au loto. Parfois on gagne, d’autres fois non. « On peut rester trois à quatre mois sans faire de découverte et, tout d’un coup, tomber sur un kilo d’or », informet-il. Idrissa, contrairement à Sidy, n’ignore rien des risques environnementaux. « Je sais que notre activité pollue le fleuve. Quand nous sommes arrivés sur ce site, on pouvait encore boire l’eau ; ce qui n’est plus possible. Mais, il faut qu’on vive, nous n’avons pas le choix », se défend-il. Du côté des autorités étatiques des deux côtés, c’est l’impuissance qui prédomine pour le moment, notamment à cause du manque de coordination dans la répression. Côté sénégalais on déplore le fait que quand les forces de sécurité pourchassent les orpailleurs, ces derniers se réfugient de l’autre côté, les narguant presque, avec la bienveillance des gardes maliens. Des accusations que rejettent les autorités maliennes. « Toutes les pratiques malsaines sont réprimées. Par exemple, des actions sont en cours pour lutter contre le dragage », soutient Adama Maïga, conseiller du gouverneur de Kayes, que nous avons rencontré à Djidjang, dans le cercle de Kéniéba. Et dire qu’une vingtaine de machines opèrent tranquillement sur ce site. Pour lutter contre le fléau, l’idée d’une brigade mixte a été avancée par les autorités sénégalaises et maliennes. « Il s’agit, aujourd’hui, de mener des actions concertées entre les deux pays. La base juridique est là parce qu’il ne sert à rien de réprimer d’un côté si, de l’autre, il n’y a pas de suivi », explique, pour sa part, Jean-Paul Malick Faye, adjoint au gouverneur de Kédougou. Seulement, le temps presse.
«MAINTENIR TOUJOURS L’EXCELLENCE A L’UGB»
Nommé recteur de l’université Gaston Berger de Saint-Louis, le Pr Ousmane Thiaré avait pris fonction dans une ambiance délétère marquée par la mort de l’étudiant Fallou Sène.
Propos recueillis par Amadou Maguette NDAW |
Publication 11/05/2019
Dans cet entretien, il tire le bilan d’une année de gestion et décline son ambition pour cet établissement d’enseignement supérieur qu’il compte hisser au premier rang.
Monsieur le recteur, il y a presque une année, vous arriviez à la tête de l’Ugb dans une atmosphère un peu tendue. Cela n’a certainement pas été facile pour vous ?
Tout à fait. Je suis arrivé dans une ambiance assez difficile. Un contexte où notre université a connu, pour la première fois de son histoire, une mort d’homme suite aux évènements malheureux de mai 2018. Elle avait enregistré aussi d’importants dégâts matériels. Un contexte caractérisé aussi par un calendrier académique déséquilibré et des tensions budgétaires. C’est pourquoi nos premières actions pour apaiser le climat social ont été d’organiser des rencontres avec tous les acteurs externes, y compris les autorités académiques et coutumières de la région, et les acteurs internes, tels que les étudiants, le personnel enseignant et de recherche, le personnel administratif, technique et de service, les syndicats... Grâce à ces bonnes volontés, un climat serein s’est installé à l’Ugb et les activités pédagogiques ont pu redémarrer.
Quel bilan tirez-vous après près d’une année de gestion ?
Cela fait presque une année que nous sommes en place, et il faut dire que la reconstruction se fait correctement, grâce à l’engagement de toutes les composantes de l’université. Avec le soutien de Promovilles, le réseau routier a été réhabilité sur 4,3 km. Aussi, l’appui de la Société des eaux (Sde) et le dynamisme du directeur du Crous nous ont permis d’entamer la construction d’un château d’eau pour améliorer l’alimentation en eau potable. Pour l’apaisement du climat social, un comité de pilotage des Assises de l’Ugb a été installé et travaille à l’élaboration d’un plan d’actions pour relancer le dialogue social afin de parvenir à des années académiques normales. Concernant la gouvernance, un manuel de procédures administrative, financière et comptable régit maintenant la gestion de l’université. Quant aux enseignements, ils se déroulent normalement et nous pensons pouvoir atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés pour juillet 2019.
Qu’en est-il du concept de « Cercle de qualité » que vous avez initié ?
Ce sont des rencontres avec les acteurs de notre communauté universitaire. Lors de ces échanges, nous parvenons à prendre des mesures pour remédier à des urgences identifiées. Dès ma prise de fonction, j’ai rencontré chaque composante, qu’il s’agisse du personnel enseignant et des étudiants, pour faire le point sur les préoccupations qui ont été notées et comment j’entends les aborder avec eux au cours de cette année. J’entends, dès la fin du mois de mai, proposer à l’Assemblée de l’université le programme d’activités de l’année en cours, même si nous avons commencé à en dérouler une partie. Le diagnostic institutionnel se poursuit et l’élaboration du plan stratégique 2019-2023 est également en phase de finition. Avec les événements douloureux que notre université a vécus, nous avons décidé d’organiser les Assises de l’Ugb. Ces rencontres seront inclusives et verront la participation de toutes ses composantes. L’Assemblée de l’université, qui est l’instance suprême de décision, a validé leur organisation et un comité a été mis en place. Nous comptons tenir ces assises avant la fin du mois de mai, car notre ambition est de hisser l’Ugb au premier rang des institutions universitaires.
L’Assemblée de l’université avait entériné certaines mesures pour réaménager le calendrier académique. Comment se passe, aujourd’hui, les enseignements ?
L’Assemblée de l’université, instance suprême de décision, a pris certaines mesures lors de sa dernière rencontre tenue au mois d’août dernier, après plusieurs réunions des instances, telles que les conseils d’Ufr. Elle avait pris acte des décisions prises par des instances pédagogiques et exhorté toutes les Ufr à s’engager à tout mettre en œuvre pour une rentrée académique normale à partir du mois d’octobre 2019. Aussi, les Ufr devront solder tous les passifs des années précédentes, au plus tard au mois d’août 2019. L ’Assemblée de l’université a, en outre, invité les responsables pédagogiques à veiller au respect scrupuleux du calendrier universitaire et, au besoin, à produire un rapport circonstancié en cas de manquements ou de difficultés, tout en demandant au ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation de répondre favorablement aux mesures d’accompagnement sollicitées par les Ufr. Actuellement, nous pouvons dire que les enseignements se déroulent normalement. Même si quelques soubresauts sont relevés, nous tenons le cap pour maintenir l’excellence dans cette université. Nous faisons, tous les mois, la situation pédagogique, pour anticiper sur les éventuelles difficultés et essayer d’y apporter des solutions. Le personnel enseignant et de recherche s’est également bien comporté lors de la 40ème édition des Comités consultatifs interafricains (Cci) du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (Cames) en 2018. Elle s’est enrichie de 4 nouveaux Professeurs titulaires, 8 Maîtres de conférences et 20 Maîtres assistants, soit un taux de réussite de 89 %.
Sur le plan social, quels sont les mécanismes qui ont été mis en œuvre, de concert avec le Crous, pour accompagner les étudiants ?
Je le dis souvent, le Rectorat et le Crous doivent obligatoirement travailler ensemble pour la préservation de la paix, aussi bien dans les campus social que pédagogique. Il ne faut pas oublier aussi que le recteur est le Pca du Crous. Dès qu’il y a perturbation au niveau social, cela se répercute sur le pédagogique. C’est pour cela que nous devons tous travailler conjointement pour apporter des solutions aux problèmes de nos étudiants.
Le retard de paiement des bourses est souvent l’une des causes des perturbations. Comment cette question est-elle prise en charge à votre niveau ?
C’est vrai que le paiement des bourses crée souvent des perturbations au niveau du campus social. De notre côté, nous essayons toujours de discuter avec les responsables d’Ecobank pour attirer leur attention sur cette question sensible. Je rappelle qu’Ecobank a plutôt signé une convention avec le ministère des Finances et non le ministère de l’Enseignement supérieur. Néanmoins, chaque fois que je les interpelle sur la question des bourses, ils réagissent avec diligence. Nous devons aussi tirer des leçons de ce qui s’est passé l’année dernière. Je voudrais profiter de cette tribune pour demander à cette institution financière de poursuivre les efforts allant dans ce sens.
La réforme de l’enseignement supérieur prône une adéquation entre la formation et l’emploi. L’Ugb dispose, à cet effet, d’un centre d’incubation. Que fait cette structure ?
Les réformes qui ont été faites dans l’enseignement supérieur recommandent une adéquation entre la formation et l’insertion professionnelle de nos étudiants. Cela a poussé l’Ugb à disposer d’un incubateur de référence au Sénégal. C’est un outil qui fait un excellent travail dans la formation en entrepreneuriat. Plus de 5417 personnes, dont 409 issues de la communauté environnante, en ont bénéficié en partenariat avec des structures comme Eqwip Hubs, Anpej, Oim, Fao, Adepme, Africa Rice, entre autres. Nous avons accompagné 107 porteurs de projets de la zone nord sur l’élaboration de plans d’affaires pour le compte d’Africa Rice et de Mon3. Aussi, 25 étudiants ont pu profiter de ce centre d’incubation en 2018. Par ailleurs, il nous a permis de lever plus de 40 millions de FCfa pour financer une vingtaine de jeunes avec la Délégation à l’entrepreneuriat rapide (Der).
Côté Responsabilité sociétale d’entreprise (Rse), que rapporte l’Ugb à ces voisins ?
Nous nous situons entre les villages de Sanar Peulh, Sanar Wolof et plusieurs autres localités environnantes. Naturellement, ces villages doivent ressentir la présence de l’université. Bien que l’Ugb ne dispose pas de beaucoup de moyens, des efforts sont faits en termes d’emploi en faveur des riverains. Une grande partie du personnel habite dans ces villages, et c’est une excellente chose. Toujours par rapport à l’impact socio-économique, ces villages profitent à moindre coût des services offerts par la Direction de la médecine et du travail de l’Ugb.
A quand la réception des infrastructures en construction ?
Il y a encore des infrastructures pédagogiques et sociales en construction. Par contre, le bâtiment du Rectorat n’a pas été réhabilité depuis les évènements malheureux. Nous avions sensibilisé le ministère de tutelle sur ces chantiers et il est prévu l’achèvement de toutes ces constructions dans le courant de l’année 2019. Elles sont importantes aussi bien sur le plan pédagogique que social, car devant contribuer à améliorer les conditions d’enseignement-apprentissage et aussi d’hébergement à travers l’augmentation du nombre de lits au campus social. Nous louons ces efforts de l’Etat et l’exhortons à renforcer son appui pour terminer au plus vite ces chantiers, pour un fonctionnement plus efficient de notre administration et une amélioration des conditions de travail.
Pouvez-vous revenir sur l’importance des projets initiés dans le cadre du partenariat ?
Le label de l’excellence reste en vigueur à l’Ugb. C’est pourquoi de grands projets de recherche, existent aujourd’hui, dans notre université. Cela est dû en partie à l’expertise de nos enseignants-chercheurs. Tous ces projets d’envergure internationale démontrent la confiance que les partenaires accordent à l’institution. Le Cea-Mitic, par exemple, est un projet de la Banque mondiale pour un montant de plus de 4 milliards de FCfa pour sa phase 1. Il est venu pour changer la dynamique de l’accès à l’emploi en formant une main-d’œuvre de qualité dans les domaines des mathématiques, de l’informatique et des Tic.Les bons résultats obtenus dans la première phase nous ont valu la phase 2. Aussi, le Matic est un Master réputé dans le domaine de la traduction et de l’interprétariat avec plusieurs nationalités. C’est le premier Master du genre dans la sous-région. Nous avons obtenu ce projet grâce à l’accompagnement de l’Agence universitaire de la Francophonie (Auf) et de l’Union européenne. Ce Master a fêté sa 5ème promotion il y a quelques semaines. On peut citer aussi le projet Nelga qui est un centre d’excellence sur la gouvernance foncière. Il est venu renforcer les concepts, outils et pratiques innovants en matière de gouvernance foncière. C’est un projet important pour la sous-région parce que le foncier est, aujourd’hui, une grande problématique dans les pays africains. Nous pouvons en citer d’autres financés par l’Union européenne, l’Usaid, la Coopération espagnole, entre autres partenaires. Globalement, tous ces projets sont là pour renforcer nos moyens dans la recherche et permettre à nos chercheurs de réfléchir sur les problématiques de nos Etats. La Banque africaine de développement (Bad) annonce aussi un centre d’excellence sur le numérique à l’Ugb. Dénommé « Codage pour l’emploi », ce centre s’appuiera sur le numérique pour permettre à nos étudiants de mieux s’insérer dans le tissu professionnel.
LE PUBLIC ATTENDU POUR LA REPRISE
Enfin ça repart aujourd’hui pour deux jours de course où les bolides vont se donner à fond pour le titre du vainqueur de l’édition 2019 des « 6h de Dakar ».
Le circuit de Dakar Baobab de Sindia s’ouvre à nouveau au public friand de sports mécaniques pour assister à la compétition phare de la Fédération sénégalaise de sports automobile et motocycliste (Fsam).
Les 21 membres du comité d’organisation s’activent dans les différentes commissions pour réussir le pari de la reprise. Et pour rendre la manifestation populaire, il a été décidé de laisser l’entrée libre et gratuite au public. Une manière certainement pour les organisateurs de permettre une entrée massive aux riverains de Sindia qui d’habitude regardaient cette compétition de loin. Sur le plan technique, les choses sont en place puisque les véhicules ont commencé à arriver et certains ont même procédé à une inspection des lieux de la course afin de se familiariser avec le circuit. En tout cas, dès ce matin, les concurrents passeront aux vérifications techniques (8h-9h15), ensuite à la conférence des pilotes (9h30- 10h), avant d’effectuer les essais libres (10h30-11h15) et les essais qualificatifs (12h-12h45).
Et c’est dans l’après-midi que sera disputée la première manche de 3h (14h-17h). Demain dimanche, les derniers essais libres seront effectués entre 10h30 et 11h30 avant que les pilotes ne disputent la deuxième et dernière manche de 3h également (13h-16h). C’est après cela seulement qu’on connaîtra le vainqueur de la 38e édition. S’il y a des favoris dans cette course, les outsiders joueront crânement leurs chances. Ce sera le cas du président de la fédération, Abdou Thiam, qui a décidé de reprendre le volant après quelques années d’absence, mais aussi Ignace Sène, Jean André Collard, Paul Libens, Yohan Azar fils de son père Jean et la grande dame de la compétition, Abibatou Fall, qui sera la seule femme à se mettre au volant pour braver les hommes. Du beau monde donc sur le circuit pendant ces deux jours de course pour tenter de détrôner le détenteur du trophée Nagy Kabaz.
PAR Modou Mamoune FAYE
LE SÉNÉGAL, UN PAYS SANS BIBLIOTHEQUE NATIONALE !
Le pays de Senghor, de Birago Diop, de Cheikh Anta, d’Ousmane Sembène et de tant d’autres illustres écrivains dont les livres sont devenus des classiques de la littérature africaine, n’a toujours pas un endroit où ses archives pourraient être conservés
Le pays de Léopold Sédar Senghor, de Birago Diop, d’Abdoulaye Sadji, de Cheikh Anta Diop, d’Ousmane Sembène, de Cheikh Hamidou Kane, d’Aminata Sow Fall, de Mariama Bâ et de tant d’autres illustres écrivains dont les livres sont devenus des classiques de la littérature africaine, n’a toujours pas un endroit où ses archives, ses livres, ses manuscrits historiques, ses journaux, ses revues, ses films et documents audiovisuels pourraient être conservés dans d’excellentes conditions.
Actuellement, les Archives nationales jouent ce rôle, mais cet espace logé au rez-de-chaussée du Building administratif est devenu trop exigu. En dépit de cela, tout un pan de notre histoire et celle d’une partie de l’Afrique coloniale y est conservé dans des conditions parfois précaires.
Dans un reportage de notre confrère Jean Pires (Soleil du 8 juin 2012), Fatoumata Cissé Diarra, directrice des Archives du Sénégal, tirait la sonnette d’alarme en décrivant cette « cave aérée où sont stockés des milliers de documents jaunis par le temps et le climat ».
Parmi ces archives, certaines ont traversé deux à trois siècles. « Le record de longévité est détenu par le récit d’un explorateur daté de 1672 », révélait-elle. Les locaux, aménagés en 1954 pour une capacité initiale de 8 kilomètres linéaires, avoisinent actuellement les 18 kilomètres linéaires, avertissait Mme Diarra dans le même reportage. Sept ans plus tard, la situation demeure presque la même. Et si rien n’est fait, ces archives qui représentent une bonne partie de notre patrimoine risquent d’être anéanties à jamais. L’urgence de la construction d’une bibliothèque nationale répondant aux standards modernes s’impose plus que jamais.
Pourtant, le projet existe bel et bien, mais dort dans les tiroirs du ministère de la Culture. Il y a quelques décennies, un terrain lui avait même été alloué à côté de l’Enam, pas très loin du centre culturel Blaise Senghor, en plein cœur de Dakar.
De Léopold Sédar Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, aucun président n’est encore parvenu à matérialiser le projet. Dès 1976, l’État avait décidé de construire une bibliothèque nationale, mais des « difficultés conjoncturelles » freinèrent ses ardeurs. Quelques décennies plus tard, la loi 2002-17 du 15 avril 2002 portant création de la Bibliothèque nationale du Sénégal a été publiée dans le Journal officiel.
Cette loi, promulguée par le président Wade et préalablement adoptée par l’Assemblée nationale le mercredi 3 avril 2002, stipulait clairement dans son exposé des motifs que la Bibliothèque nationale bénéficiera d’une personnalité juridique et d’une autonomie financière qui lui permettront d’exploiter ses collections et services pour accroître ses recettes propres. C’était il y a 17 ans ! Depuis cette date, rien ou presque n’a été fait pour que le projet sorte enfin de terre. La bibliothèque nationale n’est-elle plus une priorité pour nos autorités ?
On est tenté de répondre par l’affirmative, même si des initiatives en sa faveur n’ont pas manqué, notamment ce grand projet des « 7 merveilles » que l’ex-président Abdoulaye Wade voulait concrétiser et dans lequel figurait en bonne place la maquette d’une Bibliothèque nationale parmi celles du Grand théâtre, du Musée des civilisations noires (déjà réalisés), de l’Ecole d’architecture, du Musée des arts contemporains, de la Maison de la musique et de l’Ecole des arts. Ce parc culturel de Dakar d’une superficie de 10 hectares était prévu entre la Gare de Dakar, le boulevard de l’Arsenal et l’avenue Lamine Guèye. Avec le changement de régime intervenu en 2012 et l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, les nouvelles autorités avaient promis de réactiver le projet de bibliothèque nationale.
Et le 14 décembre 2013, Ibrahima Lô, directeur du Livre et de la Lecture, annonça sa création prochaine, car, pour lui, « il n'est pas normal que le Sénégal, pays de tradition, de créativité et de production intellectuelle qui a vu naître de grands hommes de Lettres, n'en dispose pas ». Les acteurs culturels s’étaient alors remis à rêver, croyant ferme que, cette fois-ci, le projet sortira enfin de terre. Ils allaient vite déchanter.
Quatre ans plus tard, le mardi 7 novembre 2017, lors de la Journée internationale de l’écrivain africain, le ministre de la Culture, Abdou Latif Coulibaly, apporta la bonne nouvelle : « Le président de la République a décidé de mettre en place une grande bibliothèque dont l’objectif est de ressusciter le goût à la lecture ». Dans la foulée, il annonçait que les services culturels régionaux seront également dotés de bibliothèques, de salles de cinéma et de musées.
Face à toutes ces promesses non tenues, il y a de quoi se poser des questions sur le projet de bibliothèque nationale dont la réalisation est toujours repoussée aux calendes grecques. Peut-être que, dans la mouvance du « fast-track », le processus sera accéléré pour que le Sénégal puisse disposer d’une telle infrastructure à l’instar des autres pays du monde. Il suffit juste de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs, comme en France où la Grande bibliothèque nationale, inaugurée le 30 mars 1995 par le président Mitterrand, est riche de 15 millions de livres et de 250 000 manuscrits. Plus près de nous, le Mali a, depuis des décennies, une bibliothèque nationale dont le fonds documentaire est estimé à 60 000 pièces, tandis que celle de la Côte d’Ivoire, inaugurée en 1974 par le président Félix Houphouët Boigny, est tout aussi fournie. Une telle infrastructure permettrait sans doute au Sénégal de combler un vide et, en même temps, de favoriser une meilleure politique du livre et de la lecture dans un pays où l’habitude de bouquiner est en train de se perdre, surtout du côté des jeunes plus fascinés par la froideur des écrans tactiles que par la chaleur du papier imprimé. Est-ce leur faute ?
Sûrement pas car rares sont les villes, quartiers ou communes qui disposent d’une bibliothèque ou d’un centre culturel où l’on peut consulter des livres et autres supports éducatifs. On dit que la lecture est à notre cerveau ce que le sport est à notre corps. Elle muscle nos neurones et améliore nos capacités cognitives. A l’ère du texto et des mots abrégés, bon nombre de pédagogues notent d’ailleurs chez les jeunes un vocabulaire pauvre et un manque d’esprit critique qui sont certainement la conséquence de la baisse du temps consacré à la lecture.
LA LINGUERE AU BORD DU GOUFFRE
La Linguère de Saint-Louis, distancée de cinq points par Niary Tally et Gorée, n’a plus son destin en main, dans la course pour le maintien.
Le champion du Sénégal 2009 peut retourner en 2e division dès ce dimanche, si l’un de ses devanciers gagne sa confrontation.
L’ enjeu de la 24e journée du championnat national de football sénégalais est la lutte pour le maintien. Génération Foot s’est emparée du titre depuis deux semaines, grâce à son succès (3-0) acquis aux dépens de Mbour Pc dans son fief du stade Djibril Diagne de Déni Birame Ndao. La Sonacos de Diourbel est la première formation reléguée en Ligue 2, après sa quinzième défaite concédée devant l’Union sportive de Gorée (1- 2) le même jour. Il reste maintenant à déterminer la deuxième formation qui accompagnera le club fanion de la capitale du Baol en 2e division.
Le combat pour la survie en Ligue 1 concerne trois formations : Linguère (13e, 23 pts), Niary Tally (12e, 28 pts-6) et Us Gorée (11e, 28 pts 0). Mais l’équipe fanion de la capitale du Nord est la plus menacée des trois au classement. Les ‘’Samba Linguère’’, largués à cinq points par Gorée, ont une obligation de victoire ce dimanche contre le Stade de Mbour. Ils doivent s’imposer sur le terrain des Mbourois et compter sur deux défaites simultanées des Galactiques et des Goréens, respectivement devant la Douane et l’As Pikine.
Le cas échéant, ils maintiendraient le suspense jusqu’à la 26e et dernière journée. Mais cette situation ne semble pas probable a priori. Niary Tally et Gorée sont sur une bonne dynamique. Ces deux formations ont déjà pris une avance sur la Linguère, ces derniers jours. Le club de Grand Dakar - Niary Tally - Biscuiterie l’a éliminée avant-hier (1-0) en quarts de finale de Coupe du Sénégal. L’équipe goréenne l’a tenue en échec (1-1) dimanche dernier en championnat, en match comptant pour la 24e journée.
Les Insulaires se sont également qualifiés, jeudi dernier, en demi-finales de Coupe du Sénégal. Ils ont battu Diambars de Saly (2-1) en quarts de finale du trophée dédié au chef de l’Etat. Les ‘’Samba Linguère’’ peuvent donc faire leurs adieux à la Ligue 1 dès ce dimanche, si leurs devanciers gagnent leurs matches. Le Jaraaf (2e, 38 pts) aura l’ambition de conserver son statut de dauphin, derrière Génération Foot (1er, 48 pts). Le champion du Sénégal en titre ira affronter le Ndiambour (7e, 31 pts) au stade Alboury Ndiaye de Louga. Dakar SacréCœur (4e, 34 pts) reçoit Mbour Pc (9e, 30 pts). La Sonacos de Diourbel (14e, 14 pts), reléguée en Ligue 2 depuis la 23e journée, se déplace sur le terrain du Casa Sport de Ziguinchor (8e, 30 pts). La 24e et avant-dernière journée est un jour de bonheur pour les joueurs de l’Académie Génération Foot.
La Ligue sénégalaise de football professionnel a décidé d’honorer les joueurs de cette formation. Les Grenats, sacrés champions du Sénégal depuis deux semaines, reçoivent leur trophée ce dimanche, après le match avec Teungueth Fc au stade Djibril Diagne de Déni Birame Ndao. Mais les Académiciens viseront un autre objectif supplémentaire : garder leur invincibilité jusqu’à la fin de la saison. Ils sont restés invaincus depuis le coup d’envoi du championnat. Jean-Louis Barthélémy Diouf et ses coéquipiers ont enregistré 12 victoires et 12 matches nuls sur leurs 24 rencontres disputées.