LA GUERRE AU MALI EST D'ABORD UNE GUERRE CONTRE NOUS-MÊMES
On ne doit pas être surpris que la collectivité régresse car elle se vide de son sens, le leadership étant discrédité et dévalorisé, la loi de la jungle sera la règle
Jeune Afrique |
Moussa Mara |
Publication 11/04/2019
À poser un mauvais diagnostic, il est certain qu’on proposera un traitement inadéquat. La crise multidimensionnelle dans laquelle nous sommes embourbés depuis sept ans offre une bonne illustration de ce constat.
Nous nous focalisons trop souvent sur les conséquences et manifestations de la crise plutôt que sur ses causes et racines profondes. Quand on s’essaye à l’analyse, on se trompe de diagnostic et on se perd dans des viatiques et des évidences commodes.
Théories du complot et pompiers pyromanes
Nous sommes ainsi devenus de fervents adeptes des théories du complot, souvent fomentées de l’extérieur avec des puissances étrangères à la manœuvre. Complots dont la motivation varie selon les orientations de ceux qui les « révèlent ». Comme jadis sous d’autres cieux. Comme souvent pour nous dédouaner de nos errements ou pour trouver des explications simples à des situations complexes.
Il ne sert donc pas à grand-chose de pointer les autres du doigt. Il n’est pas non plus efficace de se focaliser sur les terroristes supposés ou réels car ces derniers ne font qu’exploiter nos failles. Ils existent parce que nous avons offert un cadre propice à leur apparition et à leur installation.
Dans la même veine, il n’est pas constructif de monter les citoyens et les communautés les uns contre les autres, d’armer des milices pour se « défendre » et de tourner le regard quand elles utilisent ces armes pour attaquer, voler, piller et régler de vieux comptes.
Le pompier devient le pire des pyromanes dans cette posture. Comme il l’est quand il donne un blanc-seing aux chasseurs traditionnels, les laisse établir des camps et réglementer la vie publique dans de nombreuses zones de Macina ou de Djenné. Cela n’ouvrira que des brèches entre nous, élargissant encore plus le fossé entre Maliens.
Séparatisme et instrumentalisation
Nous nous éloignons ainsi des vraies causes et donc des solutions durables aux problèmes du Mali. Il devient impératif pour nous d’essayer l’exercice difficile d’adresser les causes profondes de nos malheurs, de situer nos responsabilités pour espérer identifier quelques solutions pertinentes.
En empruntant ce chemin de manière lucide, nous verrons rapidement que notre responsabilité n’est pas négligeable dans nos souffrances actuelles. En somme, s’il y a une guerre à mener vraiment au Mali, c’est d’abord et avant tout contre nous-mêmes et les maux que nous avons laissé nous gangrener au point de détruire notre pays.
Nous sommes ainsi responsables quand nous engageons notre pays dans les voies du séparatisme pour des convenances individualistes. Certains fauteurs de troubles au Nord, qui prennent en otage tout un pays pour leurs privilèges indus et leurs acolytes à Bamako, sont responsables des malheurs de notre pays. Ils sont de mauvaise foi, emploient tour à tour l’argument sécessionniste, les brimades supposées contre les minorités Tamasheqs ou encore la religion, alors qu’il n’en est rien !
Nous sommes responsables lorsque nous agissons en tant qu’administration, à notre seul profit et pour notre propre confort au lieu de ceux des usagers. Lorsque l’administration n’est pas sensible au sort de ceux qu’elle doit servir, ou, pire, les exploite au profit de ses responsables, le citoyen se replie sur lui-même et voue l’État aux gémonies. C’est ainsi que l’administration blesse chaque jour la société et fragilise son unité, au lieu de donner corps à notre vivre ensemble.
Exactions et corruption
Nous sommes surtout responsables quand nous utilisons la force (armée, services de sécurité, services d’ordre…) pour brimer ceux que nous devons protéger. Chaque fois que les militaires commettent des exactions contre des populations maliennes, chaque saisie arbitraire d’animaux par la gendarmerie à Youwarou ou de marchandises par les Douanes à Kouri, ravivent nos tensions internes, fermentent le sentiment d’injustice chez les Maliens et créent des occasions pour que plus de compatriotes aillent rejoindre les rangs des ennemis du pays.
Nous sommes encore plus responsables quand nous rendons des décisions de justice fallacieuses, motivées par la corruption et des intérêts personnels. Les conflits fonciers innombrables, très mal dénoués par des jugements donnant tort à ceux qui ont raison, ont généré des frustrations profondes dans de nombreux terroirs, entaillant ainsi profondément le tissu social. Certaines attitudes criminelles au Centre du Mali sont sans doute expliquées par cela.
Nous sommes évidemment responsables quand nous exerçons des mandats et responsabilités publics sous l’emprise de la quête d’avantages matériels. Lorsque nous sommes notoirement corrompus et que nous nous enrichissons sans cause, de manière ostentatoire, nous contribuons à éloigner nos compatriotes de la vertu, la citoyenneté et l’amour de la patrie.
Quand nous sommes incompétents, nous ne disposons pas de programme pour agir efficacement et encore moins d’idées pour améliorer le sort des Maliens. Ne soyons pas étonnés de voir se généraliser des attitudes irresponsables et prédatrices parmi nos concitoyens.
Quand le souci du résultat est absent, l’évaluation des responsables publics devient une vue de l’esprit, la sanction n’est jamais envisagée et les dépositaires du pouvoir s’éloignent de leurs mandats et de la vérité, les normes s’inversent et les valeurs disparaissent. On ne doit pas être surpris que la collectivité régresse car elle se vide de son sens, le leadership étant discrédité et dévalorisé, la loi de la jungle sera la règle.
Nous sommes aussi responsables lorsque nous abandonnons l’initiative de la réflexion et des propositions pour céder à la mode ambiante de la prévarication ou de la course vers les postes. Une collectivité est composée d’élites intellectuelles qui constituent l’avant-garde, s’impliquent dans la recherche des idées nouvelles, suscitent le débat et le foisonnement des idées et aident les décideurs à penser et à construire l’avenir. Toute panne de cette élite se ressent par le rabaissement de la qualité des politiques publiques et donc de leur efficacité.
Nous sommes ensuite responsables quand, en tant qu’opérateurs économiques, nous cédons à l’égoïsme et devenons inconscients de notre responsabilité de contribuer à bâtir une économie indépendante, compétitive, créatrice d’emplois qui portera notre pays et contribuera à nous faire conquérir, chaque jour, de nouveaux horizons.
Le Jihad véritable
Nous sommes enfin responsables lorsque la société civile n’est plus vigoureuse, citoyenne, indépendante, exigeante vis-à-vis des décideurs pour les amener à emprunter, à chaque occasion, le chemin utile de la vertu.
Nous ne ferons pas l’économie de ces introspections pour identifier nos responsabilités dans ce qui nous arrive et trouver les voies et moyens pour engager les changements intimes qui nous permettront de remonter la pente. Il est dit dans la religion musulmane que le Jihad véritable est celui qu’on mène contre soi-même, c’est le plus difficile. Il est temps que nous entamions notre vrai Jihad et que chaque Malien devienne ainsi un jihadiste authentique !
Moussa Mara est ancien Premier ministre du Mali
PLUIE D'HOMMAGES POUR MOMAR SEYNI NDIAYE
La disparition ce mercredi d'un des plus grands collaborateurs de SenePlus, a ému au-delà du monde médiatique dont il était un illustre personnage - Florilège de ces témoignages poignants parvenus à notre rédaction
Alioune Tine, expert indépendant de l’ONU au Mali : "Mes condoléances les plus attristées à toute la rédaction. Une perte immense et brutale. Que sa demeure soit le firdawsi ! Bon courage."
Ibe Ibrahima Niang : "Mon cher frère, Je viens d’apprendre à l’instant le décès de mon confrère Momar Seyni et j’imagine aisément ta douleur, sachant l’affection que tu avais pour lui. Je partage cette douleur et cette tristesse et t’adresse mes condoléances. Courage et prières pour le défunt."
Mody Niang, éditorialiste de SenePlus : "Très mauvaise nouvelle, mauvaise et surprenante ! Une grande perte pour le Sénégal et surtout pour le débat démocratique."
Abdoulaye Elimane Kane, philosophe, écrivain et ancien ministre de la Culture : "Triste nouvelle. Je le suis chaque jour presque dans les débats auxquels il prenait part souvent en duo intelligent et complémentaire avec Momar Diongue. C’est une grande perte. Condoléances à René Lake à l’équipe de SenePlus et à sa famille."
Mohamed Sall Sao, membre de Fippu Alternative Citoyenne et éditorialiste de SenePlus : "Oh, très mauvaise nouvelle !... Sincères condoléances. C’est vraiment une grande perte ! C'est une grande figure du journalisme qui disparaît."
Makane Kane, Directeur Bureau des investissements ambassade des USA à Washington : "Une grande perte mon ami pour notre pays. Un agitateur d’idées et grand patriote. Paix à son âme !"
Ndene Ndiaye, ancien magistrat, ancien directeur du BSDA et expert en droits d’auteur et propriété intellectuelle : "Mes condoléances les plus émues. Je vens d'apprendre le décès du journaliste Momar Seyni Ndiaye. Je ne le connaissais pas personnellement mais j'ai toujours suivi avec intérêt ses analyses et interventions à la TV. C’était un journaliste de grand talent. SenePlus perd un éditorialiste remarquable."
MACKY POUR UN GOUVERNEMENT D'ACTION
Le chef de l'Etat demande de lui proposer, sans délai un programme de travail gouvernemental pour le reste de l’année avec une déclinaison des chantiers prioritaires conformes à ses orientations politiques - COMMUNIQUÉ DU CONSEIL DES MINISTRES
SenePlus publie ci-dessousn le communiqué du Conseil des ministres du 10 avril 2019.
"Le président de la République, Macky Sall a réuni le Conseil des ministres, mercredi 10 avril 2019 à 10 heures au Palais de la République.
A l’entame de sa communication, le chef de l’Etat a remercié et encouragé, à nouveau, le Premier ministre Mouhammed Boun Abdallah Dionne, reconduit et nommé cumulativement avec ses fonctions, ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République.
Le président de la République, a félicité, également, les nouveaux membres du Gouvernement.
Poursuivant sa communication autour du nouvel élan institutionnel marquant le quinquennat, le chef de l’Etat a rappelé au Gouvernement les priorités et initiatives majeures inscrites dans la phase II du PSE (Plan Sénégal émergent).
Il a, à cet égard, demandé aux ministres, de constituer, dans la collégialité, un Gouvernement d’action ; un Gouvernement de transformation publique, méthodique, efficace et performant dans le déploiement cohérent du travail sectoriel et interministériel.
Dans ce cadre, le chef de l’Etat a réaffirmé sa volonté de superviser, en permanence, l’action du Gouvernement et de l’Administration, sous le sceau du culte du résultat.
Il a, à ce titre, instruit le Gouvernement de mettre en place, dans les meilleurs délais, un plan global de simplification des procédures, de déconcentration et de rationalisation des ressources humaines, financières et logistiques.
Dans le même sillage, le chef de l’Etat, a rappelé la nécessité de mettre en œuvre le programme législatif et réglementaire du Gouvernement (pour l’année 2019), avec une stratégie pragmatique de simplification du droit à travers des textes législatifs et réglementaires clairs et cohérents avec les objectifs et urgences politiques, économiques et sociales.
Par ailleurs, le président de la République, a exhorté, le Gouvernement à mieux maîtriser la communication gouvernementale, et à toujours cultiver la confidentialité, la proximité avec les populations, le sens de l’écoute, le dialogue social avec les acteurs des différents secteurs, ainsi que l’ouverture à toutes les forces vives de la Nation.
S’agissant de l’impératif d’accélération de l’émergence fondée sur une croissance forte et durable, l’inclusion sociale et l’équité territoriale, le chef de l’Etat, a ordonné au Gouvernement de concentrer ses efforts sur les priorités essentielles du quinquennat, notamment : la jeunesse, la condition féminine ; la propreté, l’hygiène publique, la lutte contre la spéculation foncière, la préservation des écosystèmes, en particulier les Niayes la transformation dynamique de l’Administration publique ; la promotion du secteur privé.
Dans cette perspective, le chef de l’Etat a demandé au Gouvernement de lui proposer, sans délai un programme de travail gouvernemental pour le reste de l’année avec une déclinaison des chantiers prioritaires conformes à ses orientations politiques fondamentales.
Ainsi, le président de la République a instruit le Premier ministre de préparer la tenue d’un Séminaire gouvernemental de cadrage des priorités et du travail des ministres.
Au sujet de l’urgence de la promotion de la discipline et de la citoyenneté, le chef de l’Etat a invité le Gouvernement à finaliser, avant fin mai 2019, la Stratégie nationale de promotion de la citoyenneté impliquant, dans son élaboration participative et sa mise en œuvre efficace, l’ensemble des acteurs institutionnels publics et tous les segments du corps social concernés.
Le chef de l’Etat, est revenu sur la célébration du 59ème anniversaire de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale, pour remercier les présidents de la République de Madagascar (Son Excellence Andry Rajeolina), du Libéria (Son Excellence Georges Weah) et de Gambie (Son Excellence Adama Barrow) qui ont rehaussé, par leur participation, le succès éclatant de notre fête nationale.
Il a, par ailleurs, félicité le Gouvernement, les forces de défense et de sécurité les anciens combattants, les autorités administratives déconcentrées, les collectivités territoriales, les élèves, encadreurs et toutes les personnes et forces vives de la Nation qui ont permis l’organisation remarquable des prises d’armes, défilés civils et militaires sur l’ensemble du territoire national.
Le premier ministre, prenant la parole, est revenu sur tous ces points, avec une insistance particulière sur les délais prescrits dans la mise en œuvre de la phase 2 du PSE, non sans exhorter les membres du collège des ministres à plus de solidarité et d’engagement au service de nos compatriotes."