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9 août 2025
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SERIGNE SALIOU GUÈYE
LA MENOPAUSE DU MODÈLE MÉDIATIQUE SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Si les médias mainstream ont été les vedettes des présidentielles de 2000, 2007 voire 2012, tel n’a pas été le cas en 2019 où ils ont été cloués au pilori par ceux-là qui les portaient naguère au pinacle
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 26/03/2019
Les médias jouent un rôle très efficace dans la conduite des élections et la proclamation des résultats. En sus de fournir des informations nécessaires aux électeurs pour leur permettre d’opérer un choix rationnel entre candidats en lice et de fournir une tribune permettant aux candidats d’atteindre le public, les médias doivent jouer un rôle de guide, d’alerte et d’informer les citoyens sur les questions électorales. Si les médias mainstream ont été les vedettes des élections présidentielles de 2000, 2007 voire 2012, tel n’a pas été le cas en 2019 où ils ont été cloués au pilori par ceux-là qui les portaient naguère au pinacle.
En 2000, au moment où l’on doutait encore de la fiabilité de la proclamation des résultats électoraux comme cela l’avait été aux différentes élections précédant ladite année, les dispositions réglementaires de l’Organisation nationales des élections (Onel), - structure indépendante, chargée, conformément à la loi n° 97-15 du 8 septembre 1997, qui l’a créée, de la supervision et du contrôle des opérations électorales et référendaires - permettaient aux médias surtout radiophoniques de donner en temps réel les scores des candidats en lice. Ce travail de la presse accompagnait la transparence électorale, pierre angulaire du processus démocratique enclenché depuis 1997. La nouveauté dans la transmission des informations électorales, notamment des résultats des deux tours de scrutin, a été le fait des téléphones cellulaires. Jamais au cours des précédentes élections, ces résultats n’ont été diffusés, comme ils l’ont été le 27 février et surtout le 19 mars 2000, à partir de 19-20h et toute la nuit du dimanche à lundi, à l’occasion de ces deux tours. Ainsi par la magie du téléphone portable, il n’est plus possible de modifier les procès-verbaux contenant les résultats électoraux.
En vertu de l’article L81 du code électoral qui autorise l’affichage des résultats électoraux, les médias sont libres de les diffuser comme des éléments d’actualité. Et si à la présidentielle de 2000, l’alternance a pu être une réalité à laquelle n’a jamais cru, au préalable, Abdoulaye Wade, le grand vainqueur de ladite élection, c’est grâce l’apport inestimable des médias Sud et Walf dans la transparence électorale. Mais ce rôle de la presse, quand bien même il serait primordial dans la transparence électorale, ne devrait pas pousser certains observateurs, analystes, journalistes doctes à soutenir prétentieusement que sans la presse, l’alternance en 2000 ne serait encore qu’illusion. Une telle perception parcellaire et réductrice détonne avec la réalité politique de l’époque puisque la presse, nonobstant le rôle moteur qu’elle a joué dans la transparence électorale, n’a été qu’un maillon dans la chaine de l’alternance démocratique en 2000 comme l’a été la combinaison du bouillonnement intellectuel, de l’effervescence politique et de l’engagement citoyen. L’utilisation de ces médias de façon responsable et appropriée a permis de renforcer le processus démocratique et de contribuer à des élections plus crédibles que celles vécues depuis 1963. Ainsi comme en 2000, le citoyen, dans l’expectative de la délibération démocratique, a pu se faire une opinion au soir de la proclamation des résultats des présidentielles de 2007 et 2012 sur les tendances avec la diffusion équidistante des suffrages exprimés sur l’ensemble du territoire national.
Mais depuis lors, il y a eu le développement des NTIC avec l’émergence des réseaux sociaux qui peuvent jouer le même rôle que les médias mainstream dans la diffusion en temps réel des résultats électoraux. L’adoption de ces outils technologiques révolutionnaires a aidé à rendre plus fiable et transparent le processus électoral de 2000 dans notre pays. Aujourd’hui, les utilisateurs des réseaux sociaux, les états-majors des différents candidats avec leurs arsenaux technologiques devancent même la presse, bousculent et souvent relèguent au second plan les médias classiques dans leur rôle de diffuseurs des résultats à chaud. Ainsi au soir 24 février 2019, la méthode plus ou moins tendancieuse et tendancielle des médias diffuseurs de l’information électorale a été décriée fortement par certains candidats et partisans de l’opposition. Ainsi, la presse qui était adorée en 2000, 2007 et 2012 est abhorrée en 2019 dans sa façon sclérosée de transmettre les résultats issus des urnes. C’est la ménopause du modèle médiatique en matière de diffusion électorale. Ousmane Sonko et Idrissa Seck, challengers du candidat Macky Sall lors de la dernière présidentielle, par le canal de WalFadjri ont fustigé à tort ou à raison la manière avec laquelle des médias privés comme, la RFM, la TFM, la 2 STV, RFI et France 24 ont annoncé et prononcé les résultats issus du scrutin.
C’est ainsi le 25 février, qu’un communiqué signé conjointement par le Syndicat des Professionnels de l’Information et de la Communication du Sénégal (SYNPICS), le Conseil des Diffuseurs et Editeurs de Presse du Sénégal (CDEPS), l’Association des Editeurs et Professionnels de la Presse en Ligne (APPEL), l’Association de la Presse étrangère au Sénégal (APES) et la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS) a dénoncé que « reprocher à des médias, sur la base de remontées des résultats issus des urnes et d’un travail statistique, de donner les tendances du moment, alors qu’en même temps on s’arroge le droit d’orienter l’opinion vers une issue de l’élection, c’est vouloir nier à la presse son rôle de sentinelle de la démocratie et mettre à la poubelle son habituel rôle de témoin des faits électoraux ». Et c’est là où nos doctes confrères commettent tous la même erreur : scruter et gloser statistiquement sur les résultats électoraux n’est pas du ressort des journalistes. Les rédactions ne sont pas des agences de statistiques électorales. Il ne leur incombe point de produire des statistiques qui classent les différents candidats en fonction de la diffusion de résultats dont la moitié n’était même pas accessible au moment de la sortie vespérale critique des leaders de l’opposition. La statistique électorale est une science tellement complexe et sérieuse qu’elle ne peut pas être gérée et élaborée par une seule personne en l’espace de quelques heures.
On ne peut pas conclure sans évoquer l’appartenance ou la proximité politique de certains patrons de presse au parti au pouvoir qui a été fortement conçue ou perçue à tort ou à raison par certains opposants comme un moyen d’influer sur le travail de leurs journalistes. L’appartenance à un parti politique est un droit fondamental pour tout citoyen, donc y compris les journalistes et autres proprios d’organes de presse. Si des journalistes et propriétaires de médias ont des postures politiques ou sont membres de partis politiques, ce sont leurs droits les plus absolus. Toutefois, si un journaliste, ayant des responsabilités éditoriales pendant une campagne électorale, s’active dans son parti politique, il devrait s’abstenir de confondre mission médiatique et engagement politique.
Pendant la période électorale, il est important que les journalistes soient perçus par les citoyens comme étant équidistants et impartiaux dans le traitement de l’actualité politique. Aussi est-il nécessaire de faire une nette distinction entre la propriété médiatique et l’indépendance éditoriale. Les propriétaires ou journalistes partisans ne doivent pas porter atteinte aux dispositions d’impartialité et d’équidistance en interférant dans le travail objectif des employés ou reporters. Ce qui n’a pas été le cas des médias d’Etat tels - le Soleil et la RTS - dont la posture partisane de leurs directeurs a fortement déteint pendant le processus électoral sur l’orientation éditoriale des organes qu’ils dirigent. L’examen de l’espace faitier des organes de la presse d’Etat que sont le Soleil et la RTS, a montré comment, pendant le processus électoral, Yakham Mbaye et Racine Talla, ont mené indéfectiblement une politique éditoriale loyale au président Macky Sall tout en anéantissant les discours de l’opposition. L’essentiel des Une du Soleil a été consacré au candidat Macky Sall au grand dam de ses concurrents, et la RTS a eu le toupet de donner en direct le micro et la caméra au coordonnateur du pôle programme du candidat Macky Sall, Boun Abdallah Dionne, pour qu’il proclame les résultats de son mentor à travers la télévision qui appartient à tous les Sénégalais. Curieusement ces regroupements, groupements ou groupes de journalistes cités supra, qui se sont hâtés pour s’indigner sélectivement de la sortie du duo Sonko-Idy au soir du 24 février, se sont abstenus d’en faire autant devant cette iniquité constatée dans l’utilisation des médias d’Etat.
CE QU'ILLUSTRE LA PERSISTANCE DE LA MENDICITÉ DES ENFANTS
’’La persistance d’un phénomène comme l’exploitation des enfants par la mendicité, la forme de traite la plus courante et visible au Sénégal, illustre parfaitement les défis auxquels le pays fait face pour garantir le respect des droits de ces enfants
Mbour, 26 mars (APS) – La persistance du phénomène de la mendicité des enfants est l’illustration parfaite des défis auxquels l’Etat du Sénégal doit faire face pour garantir le respect des droits de l’enfant, a souligné mardi à Mbour (ouest), Aminata Kébé, analyste programme au Haut conseil des Nations-Unies aux droits de l’homme (HCDH).
’’La persistance d’un phénomène comme l’exploitation des enfants par la mendicité, la forme de traite la plus courante et visible au Sénégal, illustre parfaitement les défis auxquels le pays fait face pour garantir le respect des droits de ces milliers d’enfants laissés à la merci de gens peu soucieux de leur bien-être’’, a-t-elle indiqué.
Elle intervenait notamment à l’ouverture d’un atelier de renforcement de capacités des acteurs sur la lutte contre la traite des personnes. Des magistrats, policiers et gendarmes ont participé à cette rencontre organisée à Saly Portudal.
‘’Aujourd’hui encore, malgré les sanctions prévues par la loi, de nombreux enfants sont exposés à la mendicité forcée et à plusieurs formes de maltraitance. Nous les voyons quotidiennement arpenter nos rues, marchés, gares routières et autres lieux publics s’adonner à cette pratique au profit de personnes adultes qui ne sont nullement inquiétées’’, a déploré Mme Kébé.
’’Les nombreuses réformes judiciaires engagées au cours des dernières années, la hausse des effectifs des acteurs de la chaine judiciaire, les actions de renforcement des connaissances et compétences, bref l’amélioration global de l’environnement du travail, sont autant d’initiative développées par les autorités publiques pour garantir l’effectivité de l’application de la loi’’, a-t-elle dit.
RELANCE DES OLYMPIADES NATIONALES DE MATHÉMATIQUES
Le ministère de l’éducation nationale, en partenariat avec Ecobank, a relancé les olympiades nationales de mathématiques en vue de présenter une équipe du Sénégal à celles panafricaines de 2020, a appris l’APS, mardi
Dakar, 26 mars (APS) - Le ministère de l’éducation nationale, en partenariat avec Ecobank, a relancé les olympiades nationales de mathématiques en vue de présenter une équipe du Sénégal à celles panafricaines de 2020, a appris l’APS, mardi.
Un test de présélection a été organisé pour la constitution d’une équipe nationale, a indiqué le ministère dans un communiqué, soulignant que ce test a enregistré la participation des 16 académies du Sénégal.
Selon le texte, au total 777 élèves des classes de seconde et 508 des classes de première venant de 233 établissements publics et privés ont composé sur une même épreuve répondant aux exigences des olympiades internationales de mathématiques.
La même source précise que la correction des copies au niveau de chaque académie a permis de présélectionner les 6 meilleures filles et les 6 meilleurs garçons de chaque académie.
Les copies de ces présélectionnés ont été acheminées au niveau national pour une seconde correction par un jury composé de trois inspecteurs de spécialité mathématiques et trois professeurs de mathématiques, selon le ministère, précisant que la meilleure note est de 18,5 sur 20 au terme de cette double correction.
La délibération du jury national ’’a donné d’excellents résultats pour les 18 élèves constituant ainsi la présélection nationale (...)’’.
Ces 18 élèves, en parité absolue, forment ainsi la présélection de l’équipe nationale du Sénégal qui va être regroupée en plusieurs camps d’entraînement ;
L’objectif est de ’’constituer une sélection nationale de 3 filles et 3 garçons qui va représenter le Sénégal aux olympiades panafricaines de mathématiques de 2020’’.
La relance des olympiades nationales de mathématiques entre dans le cadre de la politique de promotion de l’enseignement des mathématiques telle que retenue dans la décision N°1 du conseil présidentiel sur les Assises de l’éducation et de la Formation, rappelle le ministère.
SOULÈYEMANE NIANG PRÔNE UN ’’JOURNALISME DE SITUATION’’ ET ’’MIS EN PERSPECTIVE’’
’L’évolution survenue sur les médias, avec ces masses importantes d’informations qui arrivent aux citoyens par des canaux autres que les médias traditionnels, indique que l’on doit passer d’un journalisme purement factuel à un journalisme situationnel
Dakar, 26 mars (APS) - Le journaliste Souleymane Niang a préconisé mardi à Dakar le passage d’un journalisme purement factuel à un journalisme de situation pour une meilleure mise en perspective de l’information.
’’L’évolution survenue sur les médias, avec ces masses importantes d’informations qui arrivent aux citoyens par des canaux autres que les médias traditionnels, indique que l’on doit passer d’un journalisme purement factuel à un journalisme situationnel ou contextuel’’, a le directeur de l’information du Groupe futurs médias.
Il s’exprimait à l’ouverture de la première matinée des médias du Centre des hautes études de défense et de sécurité ( CHEDS). Le thème central de cette rencontre portait sur "Médias, paix démocratie et stabilité : le cas du Sénégal".
Dans sa communication axée sur ’’rôle des médias et perception par les différents groupes’’, M. Niang a souligné que cette tendance à privilégier le factuel découle du rôle assigné aux médias.
La volonté de mettre en perspective l’information à travers des analyses et des commentaires relèverait du rôle acquis du journaliste.
’’Le journaliste de profession n’a plus le monopole de la diffusion de l’information’’,a t-il dit, soulignant que le rôle du journaliste ne peut plus se limiter à transmettre l’information, mais à la mettre en contexte et ainsi susciter un débat autour.
’’Jusqu’à une époque assez récente, les médias constituaient de canaux d’impulsion de nouvelles idées ayant trait notamment au développement économique’’, a fait remarquer le panéliste.
Devant ces information qui arrivent en masse aux citoyens à travers notamment les réseaux sociaux, Souleymane Niang a estimé que ’’le plus grand danger qui pèse sur nos sociétés actuelles est la problématique des fake news (fausses informations).’’
A cet effet, il a appelé à une ’’synergie d’actions’’ entre forces de défense et de sécurité et les médias pour mieux combattre ce fléau.
Interrogé sur le regard et la perception de la société sur les médias de nos jours, M. Niang dit noter que la presse garde toujours une certaine estime, même si au niveau mondial ’’son crédit est extrêmement bas’’.
’’Il ne devrait pas y avoir de hiatus entre la presse et la société qu’elle reflète’’, a-t-il soutenu.
A en croire M. Niang, avec ce ’’soupçon ambiant’’, on assiste à une ’’démolition d’un pilier important de la démocratie.’’
Face à cette méfiance, Soulèyemane Niang recommande la ’’posture professionnelle’’, qui à elle seule vaut protection, selon lui. Il a insisité sur le fait que le métier de journaliste doit nécessairement faire appel à des ressources ou valeurs individuelles et personnelles.
Le représentant du Directeur du CHEDS, le colonel Mamadou Sambe, s’est pour sa part félicité de cette rencontre d’échanges avec les médias. Il a par la même occasion magnifié cette ouverture aux médias pour mieux partager certaines questions liées aux enjeux sécuritaires.
OUMAR GUEYE DÉMENT SON IMPLICATION DANS UNE AFFAIRE DE CORRUPTION AU CAMEROUN
"Je n’ai jamais mis les pieds au Cameroun, même dans l’exercice de mes fonctions - Je ne connais aucune autorité de ce pays, encore moins la société espagnole incriminée dans cette affaire Defex et ses dirigeants"
Oumar Guèye n’a jamais fait partie d’un réseau de corruption dans lequel il aurait perçu plus de 9000 euros. Le ministre de la Pêche a fait face à la presse pour se laver à grande eau. «En aucun moment, dans l’exercice de mes fonctions ministérielles, je n’ai eu à m’occuper de questions d’armement. Je n’ai jamais été dans ma vie au Cameroun. Je n’ai jamais mis les pieds au Cameroun, même dans l’exercice de mes fonctions. Je ne connais aucune autorité de ce pays, encore moins la société espagnole incriminée dans cette affaire Defex et ses dirigeants. Ces derniers ne me connaissent pas non plus. Aucun des départements que j’ai eu à diriger n’a eu de contacts avec Defex », a-t-il déclaré.
Dans des informations relayées par certains journaux, le ministre aurait reçu 9973 euros dans un compte bancaire logé en Suisse. Faux, a-t-il déclaré. «J’ai par devers moi tous les relevés. De l’ouverture du compte à aujourd’hui. Et c’est le seul compte que j’ai. Vous n’y verrez aucun virement de 9973,02 euros ou de 6 432 328 francs Cfa. Cela n’existe pas. Je n’ai jamais eu de comptes bancaires ni en Suisse, ni en Espagne, ni ailleurs. Le seul compte bancaire que j’ai c’est à la banque Atlantique.», a-t-il précisé.
Mais M. Guèye ne compte pas s’en arrêter là. Il va envoyer aux différents journaux, des citations directes pour qu’ils apportent la preuve de leurs allégations mensongères et diffamatoires.
SENEGAL 2 - 1 MALI
Sadio Mané a marqué le but égalisateur avant de délivrer une passe décisive à Moussa Konaté qui donne l'avantage aux Lions.
Mené au score, le Sénégal s'est finalement imposé dans les dernières minutes face au Mali en amical, ce mardi au stade Léopold Senghor.
Sadio Mané a marqué le but égalisateur avant de délivrer une passe décisive à Moussa Konaté qui donne l'avantage aux Lions.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SERIGNE SALIOU GUÈYE
DAKAR DOIT ÊTRE DÉTRUITE
EXCLUSIF SENEPLUS - On a honte de voir que ce sont de vieilles cantines rabibochées, un vieux marché ravagé par les flammes, des immeubles sans norme architecturale, qui constituent le quartier des affaires de la capitale sénégalaise
En parcourant l’avenue Emile Badiane où les cantines Sandaga ont pignon sur rue, on a l’impression que les autorités gouvernementales et municipales se sont inclinées devant la force de l’entêtement des occupants du marché qui rechignent à respecter les règles les plus élémentaires en matière d’occupation d’espace. Sur ladite avenue, c’est l’encombrement total. Des tabliers et des voitures en stationnement irrégulier rétrécissent la largeur de la route au point que les chauffeurs des bus Dakar Dem Dikk manœuvrent et slaloment avec toutes les peines du monde pour s’ouvrir un passage jusqu’au terminus Malick Sy. Devant les cantines, l’insalubrité fait loi même si les agents de nettoiement passent régulièrement. Si ce ne sont pas des gobelets de café qui inondent la devanture des cantines, c’est l’eau des ablutions ou des crachats puants. Bien qu’il y ait ramassage constant d’ordures, l’espace de Sandaga reste encore sale car l’ensemble des commerçants manque du minimum d’hygiène.
Toutefois les cantiniers déplorent qu’il n’y ait pas de poubelles en permanence dans l’avenue Emile Badiane qui puissent leur permettre d’y déposer leurs ordures. La seule grande poubelle est celle qui se trouve sur l’avenue Lamine Guèye en face de la rue Sandiniéry. Et avant la mi-journée, elle est pleine jusqu’au bord. Les camions de ramassage d’ordures font des va-et-vient constants pour ne pas laisser les montagnes d’immondices envahir cet espace de Sandaga aux abords desquels les vendeuses de légumes et autres produits alimentaires ont pris places. En face de la grande poubelle, l’imposant bâtiment central de Sandaga âgé de plus de 80 ans menace toujours de s’effondrer d’un instant à l’autre. Il faut rappeler que ce vieil édifice a été ravagé par le feu la nuit du 25 au 26 octobre 2013 après que ses occupants ont été déguerpis le 17 septembre par le préfet de Dakar de l’époque, Alioune Badara Diop.
Au rond-point, aux abords de l’intersection dépourvue de feu tricolore qui mène vers les avenues Lamine Guèye et Pompidou, c’est l’anarchie totale. Le seul bémol, c’est la présence occasionnelle des forces de l’ordre qui régulent la circulation et l’ordre dans cette aire géographique de commerce. Certains marchands ambulants circulent dans tous les sens, d’autres étalent leurs marchandises par terre. A cela s’ajoute la pollution sonore des cireurs de chaussures qui eux aussi ont débordé de leur place de travail habituelle. Et les mendiants complètent le décor pitoyable de cette pétaudière nichée au cœur de la capitale.
Sandaga au cœur d’un enjeu électoraliste
Depuis l’alternance en 2000, l’Etat s’échine à trouver une solution aux ambulants qui ont essaimé dans la capitale comme des sauterelles. Les premières opérations de déguerpissement se sont soldées par des échecs lamentables. Devant l’absence de proposition de site de relogement, les déguerpis, tels des voyous, se sont regimbés. On se rappelle les scènes de guérilla urbaine les 22 et 23 novembre 2007 devant l’autorité publique, seule détentrice de la violence légitime. Des agences de banques, des édifices publics sont mis à sac s’ils ne sont pas incendiés. Devant ces actes de banditisme injustifiables, l’Etat, au lieu de réprimer, avait reculé pour dérouler, in fine, le tapis rouge à ces hors-la-loi. Le ministre qui les avait sous sa tutelle avait payé de son poste et l’alors maire de Dakar, Pape Diop, les avait reçus en grande pompe avec des promesses mielleuses mensongères. C’était la première grande erreur à ne pas commettre par l’Etat mais puisque Abdoulaye Wade était plus préoccupé par sa longévité au pouvoir que par le bien-être des populations, il avait préféré verser dans la démagogie plutôt que de tenir un langage de vérité à ces parias ambulants. Dans le même registre, l’Etat avait nettoyé le Plateau – centre administratif, commercial et financier de Dakar – des mendiants et autres talibés qui inondaient ses rues avant de reconsidérer sa position devant les pseudo-marabouts et prêcheurs qui menaçaient le président de la République et son régime de sanction électorale en 2012. Pourtant les premiers jours, où les mesures d’interdiction sur la mendicité ont été appliquées, elles ont été couronnées de succès mais l’obsession électoraliste du Président avait fini par prendre le dessus sur le bien-être des populations.
Depuis mars 2009, avec l’avènement du socialiste Khalifa Sall à la tête de la mairie, on pensait que la situation d’étouffement et d’encombrement de Dakar allait s’améliorer mais que nenni. Quand le maire de Dakar avait inscrit dans son programme pour la ville de Dakar une opération de salubrité urbaine qui passerait nécessairement par le déguerpissement des ambulants et la libération des artères et boulevards du centre urbain des voitures en stationnement irrégulier, Serigne Mbacké Ndiaye, porte-parole du Président Wade de l’époque, avait exhorté les ambulants de ne point céder aux injonctions de l’édile de Dakar. Mais malgré tout, après huit mois de négociation infructueuse, la mairie de Dakar avec l’appui des forces de l’ordre avait procédé, le matin du 13 septembre 2010, au déguerpissement des marchands, lesquels forts de leur première résistance victorieuse avaient enjoint sur un ton comminatoires aux autorités municipales de ne point recourir à une éventuelle opération de délogement. Avec les volontaires de la mairie, l’ordre était maintenu à Petersen, à Sandaga et à Pompidou. Mais ce maintien de l’ordre ne se faisait pas souvent sans heurts puisque les volontaires étaient très souvent pris à partie par les marchands ambulants rétifs et indisciplinés.
Les marchands ambulants de Sandaga sont devenus un enjeu électoraliste au point qu’on assiste à un crêpage de chignon permanent et enquiquinant entre le pouvoir central et la municipalité de Dakar. Le projet de recasement des ambulants se heurtait à l’autorité du Président Wade qui pensait que cette affaire était trop politiquement importante pour qu’il la laisse aux seules mains de l’opposant Khalifa Sall. C’est pourquoi Wade avait promis de recaser à Petersen une bonne frange des ambulants avec l’assentiment du maire de Dakar.
Avec l’avènement de Macky Sall au pouvoir, le problème de Sandaga est loin de connaitre son épilogue. D’ailleurs il s’est empiré puisqu’avec l’Acte III de la Décentralisation, l’édile de Dakar est délesté de plusieurs de ses prérogatives mais en sus la possibilité de trouver sur le marché financier un prêt de 20 milliards lui a été refusée par le ministre des Finances Amadou Bâ. Et il a fallu pour l’actuel pouvoir, concocter tout un complot pour embastiller le premier magistrat de la ville de Dakar avant de le faire remplacer. Aujourd’hui Dakar souffre de l’incarcération et de la destitution de son maire Khalifa qui, à partir 2009, avait comme ambition d’en faire une ville de référence.
Sandaga « delenda est »
Aujourd’hui le problème de Sandaga ne concerne pas seulement l’épineuse question des marchands ambulants mais le marché dans sa globalité. Comme disaient les Romains à propos de la destruction de Carthage, Sandaga « delenda est ». Tout Sandaga et même d’autres endroits du centre-ville doivent être détruits et reconstruits selon un plan urbanistique directeur moderne. C’est une œuvre de salubrité et de sécurisation publiques. Quand on se rend au Plateau de Dakar, partant de l’avenue Emile Badiane en continuant par les avenues Pompidou ou Lamine Guèye pour déboucher respectivement par la Place de l’Indépendance ou le Boulevard de la République avant d’atterrir au palais présidentiel, on a même honte de voir que ce sont de vieilles cantines exiguës rabibochées n’importe comment avec des installations électriques d’un autre âge, un vieux marché de poisson et légumes ravagé par les flammes, des bâtiments vieillots qui abritent des commerces et des habitations, des immeubles flambant neufs disproportionnés sans cohérence urbanistique et sans norme architecturale qui constituent le quartier des affaires de la capitale sénégalaise. Dakar est loin d’être comme Paris comme le souhaitait le Président Senghor. Cette ville de Paris qui, au milieu du XIXe siècle, se présentait à peu près sous le même aspect qu'au Moyen-âge avec ses rues étroites, peu éclairées et insalubres, avait été détruite et reconstruite par le préfet Georges Eugène Haussmann sur initiative de l’empereur Napoléon III. Lors de son exil en Angleterre entre 1846-1848, l’empereur fut fortement impressionné par les quartiers ouest de Londres. Et inspiré par la reconstruction de la capitale anglaise à la suite du grand incendie qui l’avait ravagé en 1666, Napoléon III voulait faire de Paris une ville aussi prestigieuse que Londres devenue une référence pour son hygiène et son urbanisme moderne. Le Baron Haussmann avec la devise « Paris embellie, Paris agrandie, Paris assainie » fit, en l’espace de 15 ans, de la capitale française ce qu’elle est devenue aujourd’hui.
Le Dakar Plateau de Senghor est à des années-lumière du Plateau d’Abidjan de Houphouët Boigny. La capitale ivoirienne que l’on surnomme le « Manhattan des Tropiques » ou « la Perle des Lagunes » se caractérise par ses nombreux gratte-ciels et ses immeubles de prestige qui surplombent la lagune Ébrié, ses institutions de la République telles que la Présidence de la République et l’Assemblée nationale, ses hôtels grand standing, la grande Mosquée du Plateau, la majestueuse cathédrale Saint-Paul d’Abidjan sans comparaison en Afrique de l’ouest. Il faut aujourd’hui une volonté et un courage politiques pour reconstruire le centre urbain de Dakar et lui donner le vrai visage d’une capitale. Cela commence par la prise d’une mesure politique hardie pour raser entièrement Sandaga et le reconstruire. Ensuite redessiner, selon un plan directeur urbanistique, les rues comprises enveloppées du sud au nord par l’avenue Faidherbe et la rue de Thiong et d’ouest en est par Petersen et la rue Moussé Diop.
En janvier 2004, le marché du Plateau d’Abidjan a été rasé après avoir que les vendeurs ambulants et les taxis collectifs (sorte de taxis clando) dit « woros-woros » aient été déguerpis. Cela s’inscrivait dans le programme de réhabilitation de l’aire communale du centre d’affaires de la capitale ivoirienne conduite par la municipalité de Plateau. Aujourd’hui au Sénégal, c’est ce même courage politique dont les autorités municipales et gouvernementales doivent s’armer pour désengorger le Plateau de Dakar qui étouffe l’activité économique du pays.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SERIGNE SALIOU GUÈYE
AMADOU CLEDOR SALL, UN HOMME DE FORTES CONVICTIONS
EXCLUSIF SENEPLUS - Il aura marqué la vie politique par les différents postes qu’il a eu à occuper dans la sphère de l’Etat - Retour sur les grands moments de sa vie
Personnalité emblématique ayant marqué la vie politique sénégalaise pendant les années 60, Amadou Clédor Sall, l’un des derniers congénères de Léopold Sédar Senghor, s’est éteint dans la nuit du 29 au 30 mars 2015. Il aura marqué les esprits en laissant l’empreinte d’un homme pétri de convictions humanistes. Retour sur les grands moments de la vie d’Amadou Clédor Sall.
Il aura marqué la vie politique par les différents postes de responsabilité qu’il a eu à occuper dans la sphère de l’Etat. Il était l’un des plus fidèles compagnons du président Léopold Sédar Senghor qui se distinguait par sa capacité d’écoute, son sens du dialogue et son courage dans l’exécution de sa mission. Ces qualités et vertus ont beaucoup contribué à sa responsabilisation aux postes de gouverneur, de ministre, de député et de maire qu’il a eu à occuper en 22 ans.
1952 à 1957 : Conseiller à l’Assemblée territoriale de Mauritanie et au Grand Conseil de l’AOF
Amadou Clédor Sall est né le 21 octobre 1915 à Rufisque. Sorti de la prestigieuse école William Ponty, il devient tour à tour instituteur, inspecteur de l’enseignement et administrateur civil. Sa trajectoire politique a commencé lorsqu’il a été élu conseiller et vice-président de l’Assemblée territoriale de Mauritanie de 1952 à 1957 avec ses camarades de parti (l’Union progressiste mauritanienne) en l’occurrence Sidi El Mokhtar Ndiaye, Ahmed Saloum Ould Haïba, Maurice Compagnet et Amadou Diadié Samba Diom. Au sein du Grand conseil de l’Afrique occidentale française (AOF), Amadou Clédor Sall occupa alors le poste de Secrétaire et Rapporteur de la Commission des affaires sociales et fut par ailleurs désigné de siéger à la Commission fédérale des bourses. Ainsi en 1955-1956, 825 bourses ont été accordées pour l’enseignement supérieur aux étudiants ressortissants des huit territoires de l’AOF. La même année, Clédor dirigea un petit groupe d’élus qui alla en France visiter les étudiants africains et prendre contact avec les autorités académiques métropolitaines. Sur place, il constatait une inadaptation quantitative de la répartition des diplômés à celle des emplois, déplorait que le nombre des étudiants en droit aille croissant au détriment des sciences et de la médecine. 55 ans après les indépendances, cette constatation de Clédor relative à la désarticulation formation/emploi reste d’actualité dans nos universités et écoles de formation.
C’est au sein de ce Grand Conseil dirigé par Boissier-Palun que Léopold Sédar Senghor, membre de ladite entité, apprécia le travail remarquable que son compatriote Clédor abattait au sein de sa commission. Il décida de rentrer au Sénégal en 1957 nonobstant le poste de ministre qui lui fut proposé dans le premier Conseil de gouvernement mauritanien de huit membres formé par le vice-président Mokhtar Ould Dada. Il fut l’un des premiers administrateurs avec Alioune Diagne Mbor, Diarga Cissé à être envoyé en France pour effectuer un stage de perfectionnement. En 1962, il remplaça Abdou Diouf au poste de Gouverneur de la région de Sine Saloum. Comme un coup du hasard, Clédor Sall a terminé ses études en septembre 1935, période pendant laquelle le président Abdou Diouf est venu au monde. Il a partagé aussi avec Abdou Diouf le même immeuble à Fass (non loin de l’actuelle demeure d’Ahmed Khalifa Niass) avant de se retrouver avec lui en 1968 dans un même gouvernement.
Homme de consensus et de dialogue
En fin d’année 1963, il est nommé gouverneur de Dakar. Mais il était en quelque sorte gouverneur-maire puisque dès 1964, c’est le gouverneur de région qui exerce, par un statut spécial, sous l’autorité du président de la République et du ministre de l’Intérieur, l’ensemble des attributions confiées auparavant au maire. Mais si on en est arrivé à ce statut du gouverneur étendu aux autres régions du Sénégal, c’est parce que Clédor a été l’un des premiers à avoir eu le courage de dénoncer le mode de gestion du personnel municipal par les « maires-administrateurs » et les effets du clientélisme. « Le personnel de la mairie comme dans nombre de communes et notamment les manœuvres de la voirie sont recrutés sur des bases politiques », dénonçait-il. En outre, il a fustigé les pratiques des « maires-administrateurs » contradictoires aux règles de gestions telles que la réembauche d’agents municipaux licenciés pour faute lourde.
Tout le temps qu’il était resté gouverneur, il était confronté à nombreuses opérations de déguerpissement puisqu’il fallait donner un visage nouveau à la capitale défiguré par des occupations illégales. Mais en tant que bâtisseur du lien social, pétri d’humanité, il n’utilisait jamais la force publique pour mener à bien ces opérations car il privilégiait toujours la concertation avec les populations autochtones concernées.
Quand il s’est agi, sur instruction de la hiérarchie étatique, de déménager les habitants des quartiers Gibraltar et Al Minkou pour construire les allées Centenaires, il a su négocier et trouver des solutions avec les occupants autochtones. Et certains ont acquis des habitations décentes à Guédiawaye grâce à son entregent et cela avec un accompagnement financier consistant. Concernant le déguerpissement de la Médina envisagé par le président Senghor, Clédor y joua un rôle de premier plan lorsque les occupants réticents lébous s’opposèrent audit projet.
A l’approche du festival mondial des Arts nègres de Dakar de 1966, le Président Senghor avait voulu raser les cantines de Sandaga pour embellir la capitale. Mais puisqu’une telle initiative s’avérait difficile et grosse de dangers, il fallait beaucoup de diplomatie pour réussir une mission aussi délicate. Sur ce, l’alors gouverneur de Dakar fit appel à Ameth Diène, responsable socialiste lébou, pour trouver les solutions idoines. Ce dernier lui recommanda de s’en référer au khalife général des mourides Serigne Fallou Mbacké. En compagnie d’El Hadji Ndiaga Guèye de Touba Sandaga, ils se rendirent à la capitale du mouridisme pour rencontrer le khalife qui, mis au parfum, intercéda en conseillant au président Senghor de renoncer à un tel projet. Et c’est cette intervention califale qui sauva les cantines de Sandaga de disparition.
La capacité d’écoute de Clédor Sall, son sens de la négociation, son ouverture, son humanisme lui ont toujours permis de venir à bout de situations complexes et difficiles à résoudre. Cela n’est point une faiblesse mais une qualité puisque quand il fallait sévir pour les intérêts de la République, il ne tergiversait point.
Un ministre de l’Intérieur intrépide
En 1968, année de turbulences en France avec la grève des étudiants et des ouvriers en mai-juin qui eut des ramifications à Dakar, le gouverneur Amadou Clédor Sall joua un rôle prépondérant pour le rétablissement de l’ordre et la pacification du climat social en ébullition. Le monde des travailleurs et des étudiants sénégalais plongèrent le pays dans un cycle de perturbations difficilement maîtrisables. Et c’est là qu’il étala tout son savoir-faire en matière de sécurité. Il prit langue avec les grévistes, entama des négociations et adopta des mesures strictes et nécessaires pour le rétablissement de l’ordre dans la capitale. Et son travail fut récompensé au léger remaniement du 6 juin 1968 avec une nomination au poste du ministre de l’Intérieur en remplacement d’Amadou Cissé Dia qui fit les frais de ses relations exécrables avec le colonel Jean Alfred Diallo, l’alors chef d’Etat-major des armées.
Il faut préciser que le ministre de l’Intérieur était très proche de Senghor, lequel sollicitait constamment son opinion sur la marche de la République. C’est pourquoi, il était reçu quotidiennement en audience au palais de la République à 18 heures. Et le fait que le président le raccompagnait systématiquement et ostensiblement aux portes du palais laissait croire à un certain moment qu’il était le futur Premier ministre dont Senghor avait besoin après les événements de mai-juin 68. Abdou Diouf relate dans ses mémoires que même la préférence du chef d’état-major des armées Jean Alfred Diallo pour le poste de Premier ministre qui aiguisait plusieurs appétits allait à Clédor Sall.
Un jalonneur important du code de la famille
Le 10 avril 1971, il fut nommé ministre de la Justice et Garde des Sceaux dans le troisième gouvernement du Premier ministre Abdou Diouf jusqu’en février 1974. Et là, il joua un rôle capital consensualiste pour le vote du code de la famille qui était combattu par certaines forces coutumières et religieuses. Pour lui, la famille, qui est considérée comme la cellule de base de la société, doit être placée au cœur de l’édification de la nation avec pour socle, le principe de laïcité. Donc il fallait concilier le respect des principes proclamés par la Constitution, celui des règles religieuses considérées comme intangibles pour les croyants et celui de certaines valeurs traditionnelles pour asseoir un code consensuel. Et c’est ainsi que le 12 juin 1972, le code de la famille fut adopté par l’Assemblée nationale au terme du vote de la loi n°72-61.
A partir du 16 février 1974, il occupa le ministère des Forces armées jusqu’au 1er janvier 1981, date du départ volontaire de Léopold Sédar Senghor du pouvoir. Et là aussi, à sa demande, le nouveau président Abdou Diouf ne l’a pas reconduit dans le gouvernement du Premier ministre Habib Thiam. Il prenait de l’âge et ensuite il ne voulait pas gêner Abdou Diouf qui avait pris l’option de rajeunir son gouvernement.
Un responsable politique pétri de convictions
Quand, ministre de l’Intérieur, on lui a demandé de militer à la base pour intégrer l’Union progressiste sénégalaise, il a refusé parce que le contexte post-mai/juin 68 ne s’y prêtait pas. C’est après avoir quitté l’Intérieur pour la Justice qu’il a commencé à militer à la base. Devant les tendances qui minaient la coordination de Grand-Dakar, il a déployé ses talents de rassembleur et pacificateur. Et c’est ce qui lui permit plus tard d’occuper ladite instance. Il a aussi pesé de tout son poids pour qu’Adja Arame Diène accéde à la présidente de l’Union régionale de Dakar en remplacement d’Adja Ndoumbé Ndiaye atteinte par l’âge.
En 1979, il remplaça à la tête de mairie de Dakar Lamine Diack relevé par Senghor sur décret. Le jour de son sacre à la tête de la municipalité de Dakar, le tout nouveau maire de Dakar chanta les mérites de Lamine Diack qui, malgré la situation qui lui était défavorable, était présent dans la salle. Et c’est au congrès de 1984, avec les renouvellements des instances du parti socialiste, sous l’influence de Jean Collin, théoricien de la désenghorisation, qu’Abdou Diouf décida d’expurger tous les amis de Senghor dont Amadou Clédor Sall, Alioune Badara Mbengue, Amadou Cissé Dia, Magatte Lô, Assane Seck pour ne citer que ceux-là. Mais, ces derniers auréolés de gloire sortirent par la grande porte en cessant volontairement toute activité au sein du PS. L’édile Clédor fut alors remplacé par Mamadou Diop à la tête de la mairie de Dakar.
C’est cet homme d’une dimension exceptionnelle et au parcours exemplaire, pour reprendre les mots de son ami Baro Diène, cet homme droit et juste, cet homme debout pétri de tolérance, d’humanité et de fortes convictions qui entretenait des rapports saints avec tous les politiques, les guides religieux et la société civile, qui nous a quittés il y a quatre ans.
Amadou Clédor Sall en sept dates
1952 : Conseiller à l’Assemblée territoriale de Mauritanie et au Grand Conseil de l’AOF
Des petites pièces théâtrales des nawétanes de la Cité millionnaire aux planches des grands théâtres sénégalais, Dramane Touré a arpenté les marches les pieds collés à ses patins. Plusieurs fois désigné meilleur artiste dans des compétitions de quartiers, il roule aujourd’hui son patin sur des scènes mythiques du Sénégal. Patin le mytho de son nom d’artiste, a accordé un entretien exclusif à www.seneplus en marge de la célébration de la journée du théâtre, ce mercredi.
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PAR MARIEME HELIE LUCAS
TRAHIR LES FEMMES ET LA LIBERTÉ DE PENSER AU NOM DES MASSACRES DE CHRISTCHURCH
Si nous sommes sensibles à l’intention généreuse qui a présidé aux actions symboliques vis-à-vis des victimes, nous nous démarquons fermement de certaines d’entre elles qui sont, en fait, de nature à accroître la confusion
Aux massacres dans deux mosquées en Nouvelle Zélande le 15 mars 2019, perpétrés par des membres de l’extrême-droite xénophobe, ont répondu diverses actions symboliques destinées à manifester aux musulmans - attaqués en tant que tels, puisqu’ils priaient à la mosquée lors de l’assaut – que la solidarité de leurs concitoyens leur était acquise. Le monde entier s’est accordé à féliciter la Première Ministre de Nouvelle Zélande de l’humanité et de l’empathie vis-à-vis des victimes dont elle avait fait preuve.
Si nous sommes sensibles à l’intention généreuse qui a présidé à ces actions symboliques, nous nous démarquons fermement de certaines d’entre elles qui sont, en fait, de nature à accroître la confusion, qui hélas prévaut déjà, entre foi religieuse personnelle et politiques identitaires communautaristes.
Nous en citerons deux exemples.
Ainsi, la Première Ministre de Nouvelle Zélande, Mme Jacinda Ardern, puis d’autres personnages publics et des présentatrices télé (suivies de simples citoyennes) ont choisi de couvrir leur tête de façon supposément islamique lors de leurs apparitions publiques dans le cadre de leurs fonctions.
Nous pensons qu’il y avait bien d’autres symboles qui auraient pu être choisis pour soutenir les croyants musulmans, plutôt que celui-ci qui est contesté dans le monde entier par les femmes issues de contextes musulmans, qu’elles soient croyantes ou pas.
Ce sont plutôt les intégristes que cela a soutenu dans leur effort pour gagner en visibilité politique à travers leur promotion du port du voile généralisé, - parachevant ainsi leur mainmise sur les musulmans et sur l’islam lui-même.
Ne s’en sont certainement pas senties réconfortées les femmes iraniennes actuellement emprisonnées, fouettées, torturées, pour avoir ôté publiquement ce même voile auquel la loi les contraint depuis des décennies, et pour l’avoir brandi au bout d’un bâton aux carrefours, dans des protestations individuelles, silencieuses et pacifiques. Elles ne semblent hélas pas bénéficier du même degré de solidarité de la part des autorités et de la population de Nouvelle Zélande.
Les Algériennes non plus, qui commémoraient dans les rues il y a quelques jours les nombreuses femmes et jeunes filles qui ont été assassinées dans les années 90 par les groupes armés intégristes, pour avoir refusé de se couvrir la tête.
Et non plus les femmes qui, partout dans les contextes musulmans, du Mali à l’Afghanistan, du Soudan à Aceh en Indonésie, en passant par le Moyen Orient, ont subi la répression et/ou la mort pour la même raison, que ce soit aux mains des états intégristes ou des acteurs non-étatiques intégristes.
Sans aucun doute, ni la Première Ministre de Nouvelle Zélande ni aucune de celles qui lui ont emboité le pas n’ont conscience d’avoir fait là un choix politique douteux en se trompant de symbole pour exprimer leur solidarité aux victimes. Mais n’est-ce pas problématique à un si haut niveau politique ? Au temps d’El Qaïda et de Daesch, quand nul ne peut plus ignorer le sort qu’ils réservent aux femmes qui ne se conforment pas à leurs diktats, est-ce bien raisonnable de choisir de porter le voile ?
Ne pouvaient elles choisir un autre symbole, moins contesté, moins chargé en termes d’oppression des femmes ? Si elles tenaient absolument à se focaliser sur l’identité musulmane des victimes, n’importe quel théologien musulman progressiste leur aurait aisément suggéré des alternatives plus progressistes et moins antiféministes. (Pourquoi pas la zakat (charité) qui est l’un des piliers de l’Islam, ce que n’est certes pas le voile…) Mais elles auraient pu également réfléchir à des symboles plus laïques pour réaffirmer aux musulmans attaqués que leurs droits de citoyens à être protégés et traités avec équité seraient pleinement défendus.
Par ailleurs – également sous prétexte de respect des victimes de Christchurch – les autorités de l’Université de Mont Royal à Calgary, Canada vient de déprogrammer la conférence de Mr Armin Navabi prévue ces jours-ci. Celui-ci, Canadien d’origine iranienne, persécuté dans son pays d’origine pour athéisme, est le fondateur de La République Athée, un site d’information en ligne dont le but est ‘de venir en aide aux incroyants persécutés dans le monde’. Mr Navabi avait été invité par l’Association Athée de Calgary .
‘Que veulent-ils donc ?’ a déclaré Arvin Navabi en apprenant sa déprogrammation : ‘Moins de débats d’idées ? Mais c’est exactement ce qui amène les gens à prendre des positions radicales extrémistes ! Ce que je veux dire c’est que moins il y a d’échanges verbaux entre nous, plus il y en a au moyen de poings et de balles. Echanger, converser, c’est exactement ce dont on a besoin pour faire face à une tragédie comme celle-ci’. N’est-ce pas là un point de vue très raisonnable et dépassionné, qui ne mérite certainement pas d’être censuré ?
Désinviter M. Navabi, cela revient clairement à prendre parti contre celles et ceux d’entre nous qui se battent pour la liberté de conscience et la liberté d’expression et pour les intégristes musulmans qui nous les dénient. Les autorités universitaires n’ont d’ailleurs pas fait mystère des demandes pressantes qu’ils avaient subies de la part ’d’étudiants et d’employés’.
Les manifestations de solidarité sont plus nécessaires que jamais. Nous appelons les personnes bien intentionnées à trouver d’autres symboles pour exprimer leur solidarité avec les victimes de la tuerie de Christchurch. Des symboles qui ne les amèneraient pas à se compromettre idéologiquement avec l’extrême-droite musulmane, sous prétexte de s’opposer à l’extrême-droite xénophobe anti-musulmans. L’une ne vaut pas mieux que l’autre ; toutes deux commettent des crimes, s’attaquent aux vies et aux droits fondamentaux des peuples, femmes y compris.
Toutes deux se renforcent l’une l’autre, les crimes commis par les uns légitimant à leurs yeux les crimes commis par les autres.
Ce serait un désastre majeur si les homicides racistes perpétrés à Christchurch contre des croyants musulmans, au final, apportaient de l’eau au moulin de l’extrême droite musulmane. Il nous appartient de faire que cela n’arrive pas.