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14 août 2025
SUR LES TRACES DES HACKERS DE LA BDK
Selon la BCEAO, les fraudeurs ont manipulé le système Rtgs de la Bsic Côte d'Ivoire et ont pu effectuer deux virements frauduleux dans les comptes ouverts à la CBAO Sénégal
Libération révélait que la Banque de Dakar (BDK) a été victime de pirates, avec à la clé des opérations frauduleuses. Selon nos informations, il s'agit d'une attaque informatique d'ampleur menée par de redoutables hackers en complicité avec des bénéficiaires de comptes bancaires. Par exemple, un dépôt de 20 000 francs Cfa devenait par la magie de l'informatique… 50 millions de francs Cfa. Trois directeurs généraux de sociétés privées très connues sont activement recherchés pour arrestations alors que les interpellations se poursuivent. Révélations exclusives sur une mafia qui, selon un décompte provisoire, a pompé plus de 250 millions de francs Cfa.
L'affaire est telle qu'un comité a été installé au sein de la Banque de Dakar (BDK) pour tenter de comprendre ce qui s'est passé. Selon nos informations, des clients d'un genre particulier se sont présentés auprès des différentes agences de la banque pour ouvrir des comptes courants. Suite à l'ouverture des comptes, les clients ont procédé à des versements de faibles montants entre 20 000 francs CFA et 50 000 francs CFA, pour approvisionnement de leurs comptes. Rien de plus normal, jusque-là.
Mais voilà, entre la période du 4 mars jusqu'au 11 mars 2019, ces personnes se sont curieusement retrouvées millionnaires avant de procéder à des retraits portant sur de fortes sommes auprès des différentes caisses d'agence de la BDK situées sur la VDN, à la Zone industrielle et à la Place de l'indépendance. Parmi ces drôles de clients, trois hommes d'affaires sénégalais, directeurs généraux de sociétés privées très connues. Le trio est activement recherché.
12 000 "s'envole" à 12 millions puis 52,5 millions
Le premier a ouvert un compte dans les livres de BDK le 26 février 2019. Il a versé, lors de l'ouverture de son compte, la somme de 50 200 francs CFA. Toutefois, ledit montant a été frauduleusement porté à 50 millions 50 mille francs CFA. Dès lors, il s'est présenté à l'agence de la VDN, le 4 mars 2019 pour effectuer des retraits respectifs de 5 millions et de 36 millions. Mieux ou pire, le 8 mars 2019, il a effectué un retrait de 4 millions 800 mille à l'agence de la BDK sise à la zone industrielle. Au total, il a fait des opérations frauduleuses pour la rondelette somme de 45 millions 800 mille.
Le deuxième a ouvert son compte le 4 février 2019 et, le 26 février, y a versé un montant de 12 000 francs Cfa. Puis, comme par magie, son compte est crédité de 12 millions 12 mille francs CFA. De suite, il a effectué deux retraits respectifs par chèque de 500 mille et de 3 millions 500 mille à l'agence de la VDN. Dans cette mouvance, il a fait un "tour" aux agences de la Zone industrielle et de la Place de l'indépendance pour effectuer respectivement des retraits frauduleux par chèque de 4 millions 500 mille et de 3 millions 300 mille. En somme, il aura exécuté quatorze opérations frauduleuses portant sur 52 millions 500 mille.
Le troisième, qui se fend parfois de contributions dans la presse pour donner des leçons de… bonne gouvernance au régime a fait quatre 4 retraits d'un montant total de 38 millions 688 mille 700 francs Cfa.
"Nigerian connexion"
A côté de ces hommes d'affaires sénégalais sous le coup d'un avis national de recherche, on retrouve le clan des Nigérians et des Burkinabé, en l'occurrence les nommés Onwuma Victor Oderochukwu, Onwuma Chiké et Tougma Hermann tous arrêtés et déférés au parquet depuis avant-hier. Ils ont effectué respectivement des transactions frauduleuses d'un montant de 45 millions 100 mille francs Cfa, 50 millions et 15 millions, toujours suivant le même mode opératoire.
L'enquête ouverte par la Division spéciale de lutte contre la cybercriminalité (Dsc) a permis, dans un premier temps, d'arrêter en flagrant délit un des mis en cause présumés. En effet, comme le reste de la bande Mkawor Tochukwa Christian, de nationalité nigériane, a ouvert son compte le 7 mars 2019 avec un versement initial de 10 mille francs Cfa. Ledit dépôt a été manipulé frauduleusement pour être porté à… 27 millions 409 mille 800 francs Cfa.
Voulant tenter de retirer ladite somme, à la date du 12 mars 2019, Mkawor s'est présenté à l'agence Place de l'indépendance de la BDK en possession d'un chèque de 27 millions. Alors qu'il se frottait déjà les mains dans un salon en attendant la remise des fonds, il sera cueilli sur place et conduit au siège de la Dsc, à la Cité police. Pour parer à toute éventualités, la BDK prend immédiatement des mesures conservatoires internes pour faire une opposition sur les comptes incriminés.
Interrogé sous le régime de la garde à vue, Mkawor, avoue avoir ouvert son compte dans les livres de la BDK sur la demande de son compatriote Odera Ayanwu qui l'héberge dans son appartement. Ce dernier lui aurait fait savoir que son passeport est expiré et que son frère résidant en Chine devait lui envoyer de l'argent pour ses affaires. Le transport effectué par les enquêteurs dans l'appartement sis à la Cité Fadia a permis d'interpeller sur place les nommés David Chibuike Emereole, de nationalité nigériane, et Marie Angèle Banna Djiba de nationalité sénégalaise. Interrogés sommairement sur les faits objet de l'enquête, ils ont clamé fermement leur innocence tout en niant avec véhémence toute participation à cette affaire.
Entendu à son tour, David Chibuike Emereole, a déclaré être un colocataire du nommé Eke Ugbu Ukiwe alias Kris suspecté d'avoir bénéficié d'un important virement d'argent. Il a soutenu qu'il ignore les activités de ce dernier et la provenance de ce virement. Les investigations menées ont permis d'identifier, de localiser et d'interpeller un autre bénéficiaire des virements frauduleux : le Sénégalais Assane Diarra. Ce dernier a confirmé avoir ouvert un compte à son nom sur demande du nommé Chima Njoku. Cuisiné sur la provenance de ces fonds frauduleux, il a expliqué qu'un jour, le nommé "Chima" qui se trouve être son voisin à Malika, l'aurait approché en lui disant que son frère établi en Malaisie devait lui envoyer de l'argent mais il ne détenait pas de compte. Sur ce, il l'a sollicité pour ouvrir un compte au niveau de la Banque de Dakar.
Croyant avoir affaire à une personne de bonne foi, dit-il, il s'est rendu personnellement au niveau de l'agence se trouvant à la place de l'indépendance où il a ouvert un compte courant. A son retour, soutient-il, il lui a communiqué le numéro du compte. Deux jours après, a-t-il-affirmé, le nommé Chima a eu à le contacter au téléphone afin de lui faire savoir que son frère a effectué un virement de cinq millions. Sur ce, ils se sont rendus à l'agence BDK se trouvant à la VDN pour retirer l'argent. En guise de commission, il assure n'avoir reçu que 150 mille.
Le précédant Poste Finance
Intercepté, Chima Ndoku a reconnu les faits tels que décrits par Assane Diarra. Selon ses dires, l'argent en question est envoyé par un individu dont il ignore son nom et qu'il a connu par le biais de son compatriote dénommé Onuwabuchi Innoncent Madumere. Interrogé sur la destination du restant de l'argent, il a répondu sans convaincre que le restant a été envoyé à Guinée au profit d'un certain "Zeze".
Mais comment les hackers ont-ils pu procéder à des opérations ? Une chose est sûre : l'enquête de la Dsc a d'ores et déjà écarté une complicité interne. Selon les premières informations, les majorations frauduleuses ont été effectuées à l'aide d'un programme informatique malveillant qui a permis d'accéder à la base de données pour pouvoir augmenter frauduleusement les soldes.
Cette affaire qui intervient au moment où deux dossiers de piratage sur l'axe Abidjan-Dakar secouent le monde des banques, à la suite de l'interpellation de plusieurs chefs d'agence, rappelle le même modus operandi qui a permis de "pomper" PosteFinances.
Dans cette affaire, un ressortissant ivoirien du nom de Gilbert Aman Kolora ainsi que les nommés Samba Niang, Mouhamed Mahmoud Diop et Serges Jean Marie Serdjebi avaient été pris. A la suite de l'arrestation de Gilbert Aman Kolora, les investigations supplémentaires avaient permis de découvrir que les comptes de Mamadou Faye et Samba Niang, ouverts le 9 octobre 2018, affichaient respectivement des soldes créditeurs de 24 millions de francs Cfa et 22 millions de francs Cfa au 1 septembre 2018, date bien antérieure à l'ouverture desdits comptes.
L'alerte de la BCEAO
Avec l'appui de la sécurité de PosteFinances, Mouhamed Mahmoud Diop avait été interpellé alors qu'il tentait de retirer de l'argent à l'agence PosteFinances de Thiès. Il sera immédiatement transféré sur Dakar. Interrogé sous le régime de la garde à vue, il déclarait avoir ouvert un compte à l'agence PosteFinances de Dakar-Peytavin le 8 octobre 2018 à la demande du nommé "Yves Magloire" dont il a fait la connaissance lors du sommet international de Marrakech en 2015. Après l'ouverture du compte, il y a versé la somme de 20 mille 500 francs Cfa puis a contacté "Yves" via whatsapp pour lui communiquer le numéro. A la date du 16 octobre, "Yves" l'a informé qu'il avait positionné la somme de 5 millions de francs Cfa dans le compte. Le lendemain, dit-il, il a effectué un retrait de 4 millions à l'agence de Colobane.
Selon toujours ses propos, sur instruction de "Yves", il a envoyé au nommé O.C se trouvant en Côte d'Ivoire la somme de 1, 9 million de francs Cfa en deux tranches, via Money Gram et Western Union. Il a également fait parvenir à "Yves" un montant d'un million. Le reste dit-il, "Yves" lui a demandé de l'utiliser dans le cadre ses activités. D'après toujours ses dires, "Yves Magloire" est administrateur d'un compte Facebook attribué au "Parlement africain de la société civile". Il serait identifiable sous le pseudo "Pasoci" mais dispose d'un compte personnel dénommé "Yves Yves".
Samba Niang pour sa part a reconnu avoir ouvert un compte au niveau de PosteFinances le 9 octobre 2018 sur demande de son partenaire Serges Jean Marie Serdjebi, lequel lui a fait parvenir un virement de 22 millions de francs Cfa qu'il a ensuite retiré en diverses tranches pour ensuite financer ses projets de construction. Pris, Serges Jean-Marie Serdjebi a confirmé les déclarations de Samba Niang.
Interpellé sur l'origine de l'argent, il a allégué que c'est l'un de ses bailleurs dénommé Olga Maa, domicilié en région parisienne qui lui a fait le virement pour financer des projets. Ce dernier, dit-il, lui avait demandé d'ouvrir un compte PosteFinances pour que cela aille vite mais, comme il ne disposait pas de carte consulaire, il a demandé à Samba Niang de procéder à l'ouverture du compte. Après le virement, Olga Maa lui aurait demandé de remettre les 14 millions de francs Cfa à Aly Cissé et Ibrahima sans autres précisions. Pour dire que ces affaires de piratage, posent encore le problème de la vulnérabilité des systèmes des banques.
Comme nous le révélions, la BCEAO elle-même a eu à déjouer un piratage informatique d'ampleur qui visait des établissements de la sous-région. Dans sa plainte, la BCEAO informait de l'existence d'un réseau international de pirates informatiques, sévissant entre la Côte d'Ivoire, le Bénin, le Togo, le Burkina et le Sénégal. La banque centrale ajoutait que le réseau s'était attaquée à son système informatique mais l'opération n'a pu prospérer.
Mieux, selon toujours la BCEAO, les fraudeurs ont manipulé le système Rtgs de la Bsic Côte d'Ivoire et ont pu effectuer deux virements frauduleux dans les comptes ouverts à la CBAO Sénégal et appartenant à Boubacar S. et à la société Opbw Sénégal Sa pour des montants respectifs de 67 millions et 170 millions. Elle précisait que d'autres transferts frauduleux de 190 millions à Uba Cotonou, 58 millions à Ecobank Niamey, 157 millions à Orabank Cotonou et 180 millions à Uba Cotonou, ont également été effectués. D'après la BCEAO, la CBAO a pu bloquer les fonds frauduleusement virés avant de les rapatrier.
«C’EST AVEC CES GENS QUE MADICKE A BATTU CAMPAGNE POUR N’AVOIR QUE 1,4%»
Pour le chargé de communication du Pds, Condetto Niang, Tiobane, Moustapha Konté et Cie n’ont fait qu’«aérer l’espace du parti».
26 responsables libéraux ont quitté le Pds pour rejoindre Me Madické Niang. Mayoro Faye, joint par téléphone hier, minimise leur poids et rappelle que ces derniers étaient déjà partis depuis la campagne de collecte du parrainage. Pour le chargé de communication du Pds, Condetto Niang, Tiobane, Moustapha Konté et Cie n’ont fait qu’«aérer l’espace du Pds».
Que pensez-vous du départ des 26 responsables du Pds ?
Non, ils étaient partis depuis le parrainage. Donc, on ne peut pas parler de départ. Ils avaient trahi la consigne du parti pour ne plus revenir. Et le parti a pris la responsabilité de ne plus les convoquer dans les instances. C’est avec ces gens (les démissionnaires) que Madické Niang avait battu campagne, qu’il est allé à l’élection présidentielle pour avoir 1,4%. Eux-mêmes ont dit que, de fait, ils n’étaient plus dans le Pds parce qu’ils n’étaient plus convoqués tout comme leur mentor. Cela n’est pas une nouveauté. Ils n’ont pas empêcher le fait que Madické soit dernier à Saint-Louis et avant dernier à Touba où il dit que c’est sa base politique.
Vous semblez négliger leur représentativité ?
Il faut demander à Moustapha Konté, combien de voix il a donné à son mentor (Madické Niang) à Sédhiou ? A Amadou Yoro Sy, quelle a été sa contribution ? A Bassirou Ndiaye qui n’ose même pas aller à Diourbel. Ils ont tous été derniers chez eux. Dans ces conditions, est-ce que le Pds a quelque chose à regretter ? Non ! Au contraire, ils sont partis pour aérer un peu l’espace du Pds et nous permettre de mieux souffler.
Pour vous, ce n’est pas une saignée alors qu’ils sont membres du Comité directeur ?
Il y en a qu’ils citent comme membres du Comité directeur du Pds, c’est faux ! Ils parlent des gens du Mali, de la Côte d’ivoire, du Burkina... Cheikh Abdou Ndiaye n’est pas le président de la Fédération de Louga. Le parti ne le connaît pas. Peut-être qu’il est membre du Pds, mais il n’est pas du Comité directeur. On sait que le Pds n’a rien perdu avec des gens qui ont donné à leur leadeur moins de 1,5%. Par conséquent, on ne peut pas dire que le Pds a connu une saignée. Madické n’est plus membre du Pds et ceux qui se réclament de lui ne sont plus membres du Pds. Le Pds est un grand parti et tous ceux qui ont pensé pouvoir le couler l’ont appris à leurs dépens. Le Pds reste debout et travaille sur des stratégies de remobilisation pour la reconquête du pouvoir.
LA FIERTE JUSTIFIEE DES TALIBES CHEIKH
Rarement, la fierté n’a été un sentiment aussi partagé par une confrérie religieuse, la tijaniya sénégalaise, la sainte au cœur de ce Cayor au passé païen, dont les héros tant chantés par les griots ont mené des batailles contre le colon
Rarement, la fierté n’a été un sentiment aussi partagée par une confrérie religieuse - la tijaniya sénégalaise, capitale Tivaouane la sainte au cœur de ce Cayor au passé païen, dont les héros tant chantés par les griots ont mené des batailles épiques et sanglantes contre l’impitoyable envahisseur colonial- et ses racines émanent d’un érudit algérien adopté par le Maroc : Cheikh Ahmeth Tijane Chérif Aboul Abassi, descendant direct du prophète Mohammed (Psl). De Cheikh Oumar Al Foutiyou Tall disparu dans les falaises de Bandiagara, le conquérant pulaar, le fameux wird, célébré tous les vendredis, par des millions fidèles entourant dans des mosquées bondées des draps blancs immaculés (malanou wazifa), égrenant leurs chapelets et criant à haute voix «le salatoul fatiha» et le «Jawartoul kamal». Ce drap blanc-là est le réceptacle des «anges» satisfaits de cette piété non feinte, selon la doctrine incontestée ; ce wird, disons nous, est passé entre plusieurs mains d’érudits, mais sa splendeur spirituelle a éclos chez Maodo, le savant discret et l’intellectuel organique. Donc, le legs spirituel et l’engagement citoyen ont, chez les Sy de Tivaoune, traversé les décennies et leur revivification permanente a été démontrée avec un brio exceptionnel par les deux grands guides vivants devant une forte assistance ébahie et des autorités attentives : Serigne Pape Malick Sy, le cadet de Serigne Babacar Sy, le calife suprême et Serigne Mbaye Sy, (jamais deux sans trois) le fils unique de Serigne Mouhamadoul Mansour Sy (Balkhawmi), le frère aîné de Dabakh.
Ce troisième millénaire consacre un néolibéralisme ravageur et destructeur, enfantant le terrorisme, la misère et la mort dans tous les continents (récemment la Nouvelle Zélande, un pays paisible et accueillant, a vu quarante-neuf de ses citoyens tombés sous les balles d’un extrémiste australien dans deux mosquées lors des prières du vendredi, Rohingyas, migrants, etc.) Toute cette actualité angoissante de ce monde a radicalisé les guides spirituels de Tivaouane afin de conscientiser les fidèles. Car, la Tijaniya reste et doit rester ce rempart moral contre toutes les dérives, qu’elle a toujours incarné.
Compte-rendu de ce 17 décembre 2019,commémoration d’une journée inoubliable : la Ziarra générale 2019 instituée par le calife suprême depuis plusieurs décennies, Serigne Baba - car Sy... Habituellement, la Ziarra générale a toujours été un moment de retrouvailles fraternelles et religieuses entre les milliers de disciples du père du Mourchid feu Abdoul Aziz Sy Al Amin, le phare éternel, dispersés sur tout le territoire national et au-delà, les «talibé Cheikh» de tous horizons. Cette réjouissance peut être analysée doublement. Elle est considérée par certains comme mal placée. Pourtant, elle repose sur la clairvoyance citoyenne de nos différents khalifes généraux, de Serigne Babacar Sy à Serigne Babacar Sy Mansour, l’actuel guide suprême de la confrérie tidiane se réclamant de Tivaouane. Même si on ne le rappelle assez aux jeunes générations, Seydi Hadji Malick Sy a été toujours un citoyen modèle de son époque, de l’envoi de son fils aîné au front Seydi Sidy Ahmeth Sy (tombé sous les balles allemandes à Salonique (Grèce 14-18), à l’appel pour la vaccination contre la peste à Saint-Louis.
Mais, cette Ziarra 2019 rentre dans la riche histoire des exploits de la famille Sy de Tivaouane que la calomnie, la mauvaise foi, et la jalousie provenant de personnes insoupçonnables n’ont pu reléguer aux poubelles de notre prestigieuse histoire religieuse. Avec son éloquence habituelle, héritée de son frère Cheikh Ahmeth Tidiane Sy Al Makhtoum, Serigne Papa Malick Sy a fustigé ceux qui dénoncent l’engagement politique des marabouts. Elégant dans son super grand boubou vert fluo, un bonnet et un chapelet de la même couleur, montre luxueuse à la main droite et un chapelet, il a rappelé qu’il a failli s’engager avec -Feu Charles Gueye, un marxiste pur et dur, militant du Pai emprisonné dans les geôles senghoriennes pendant plusieurs années- dans une guérilla guevariste du nom Ernesto Che Guevara, ce révolutionnaire argentin tombé sous les balles de la Cia en Bolivie en 1967. Mais, la sagesse islamique a repris le dessus. Poursuivant son allocution devant la délégation gouvernementale dirigée par M. Ismaïla Madior Fall, le Garde des sceaux, le corps diplomatique, la famille Sy et diverses autorités religieuses, le porte-parole de la famille Sy a mis en exergue la lutte politique d’Al Makhtoum en créant avec Al Amin et feu Oumar Diop, avocat saint-louisien et beaucoup d’autres personnes, un parti politique qui n’a pas fait long feu pour des raisons électorales. Doufi lou bess. Ensuite, il a prôné la piété et la paix dans ce monde où la cupidité, la quête perpétuelle de biens mal acquis, source de riiba, perturbe l’harmonie sociale et religieuse,donc, vigilance.
Le Khalife général a abondé dans le même sens, toujours le visage austère et la mise soignée. Adepte de la vérité quoi qu’elle puisse lui en coûter, il a exhorté les hommes politiques de tous bords à reconnaître les faits. Un Président a été officiellement élu et cela faciliterait les choses que de le reconnaître. Cette reconnaissance même déboucherait sur une paix durable car, la grâce divine est tombée sur notre Patrie avec ses nouvelles ressources que beaucoup de pays nous envient. Auparavant, le ministre de la Justice, inspiré, a rappelé que nos érudits et fondateurs de nos confréries ont prié pour notre pays. L’effet est perceptible. «Le jihadisme n’a pas encore frappé à nos portes et toutes nos querelles finissent par le dialogue. Donc, nous demandons à nos chers marabouts de renouveler les prières si bénéfiques, à l’image de Maodo qui est entré dans l’histoire par la grande porte», conclut Ismaïla Madior Fall, le ministre de la Justice.
«L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR A ENREGISTRE DES RECULS INQUIETANTS»
Oumar Dia, invite les autorités à l’achèvement de tous les chantiers en cours, la fin de l’orientation des bacheliers dans le privé, la suppression des UVS ou, à défaut, sa réorientation vers des profils plus adaptés que ceux des nouveaux bacheliers.
L’enseignement supérieur et la recherche a enregistré «des grands reculs inquiétants» en sept ans. C’est conviction Secrétaire général du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/Enseignement supérieur et de la recherche (Sudes/Esr), Oumar Dia qui doute même de l’effectivité des 430 milliards annoncés publiquement en 05 ans. M. Dia relève aussi une dégradation des conditions de travail (déficits d’infrastructures, de personnels et de budgets) et une gouvernance remettant en cause l’autonomie des universités publiques. Au détour d’un entretien, le syndicaliste invite les autorités à l’achèvement de tous les chantiers (universités et ISEP) en cours, la fin de l’orientation des bacheliers dans le privé, la suppression de l’Université virtuelle du Sénégal (U.V.S) ou, à défaut, sa réorientation vers des profils plus adaptés que ceux des nouveaux bacheliers.
Quel bilan tirez-vous du septennat de Macky Sall sur la gouvernance de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ?
Le premier mandat du Président Macky Sall, contrairement à ce que clame son Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (M.E.S.R.I), est un mandat qui s’est caractérisé par des reculs inquiétants dans le secteur de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Pendant le premier mandat du président Macky Sall, son gouvernement s’était publiquement engagé à investir 430 milliards en 05 ans dans l’Enseignement supérieur et la recherche ; ce qui, d’après lui, représente 2,5 fois l’investissement total dans le secteur entre 1960 et 2012. Au vu des résultats modestes obtenus en 07 ans, voire des grands reculs enregistrés, le Sudes/esr doute de l’effectivité de tels investissements dans le secteur. Le constat du Sudes/esr, c’est que le premier mandat du président Macky Sall s’est caractérisé par une grave dégradation des conditions de travail dans l’Enseignement supérieur et la recherche (déficits d’infrastructures, de personnels et de budgets) mais aussi par un recul sans précédent de la gouvernance du secteur (nouvelle loi remettant en cause l’autonomie, actes illégaux et abus de pouvoir de la part de certains recteurs).
«C’est que le premier mandat du président Macky Sall s’est caractérisé par une grave dégradation des conditions de travail»
La détérioration des conditions de travail dans l’Esr : c’est pendant le premier mandat du président Macky Sall que, pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, l’effort d’augmentation réelle des infrastructures n’a pas été proportionnel à celui de l’augmentation des effectifs des bacheliers. Alors que le ratio préconisé par l’OCDE est d’un (01) enseignant pour douze (12) étudiants, celui de l’UNESCO un (01) enseignant pour vingt-six (26) étudiants, au Sénégal la moyenne nationale est d’un (01) enseignant pour soixante-sept (67) étudiants avec des variantes pouvant aller jusqu’à un (01) enseignant pour cent trente-sept (137) étudiants à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Cheikh Anta Diop. Une étude du Sudes/esr montre qu’il faut recruter au moins 500 enseignants-chercheurs par an pendant 05 ans pour se hisser au niveau de la norme UNESCO. En plus de ce déficit en personnel enseignant et de recherche, le Sudes/esr déplore également les déficits en infrastructures et en budgets des universités. Malgré la forte augmentation des effectifs des bacheliers, aucune nouvelle infrastructure universitaire d’envergure n’a pu être entamée et achevée entre 2012 et 2018. Les budgets des universités (malgré la très forte massification) n’ont pas connu d’augmentation significative non plus. Ce qui a occasionné un impact négatif non seulement sur l’efficacité interne (taux de réussite) et externe (taux d’insertion du peu de diplômés produits par les universités) mais aussi sur l’autre mission fondamentale de l’université, à savoir la recherche.
Le premier mandat du président Macky Sall s’est aussi caractérisé par un recul dans la gouvernance du secteur de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Avec la nouvelle loi sur les universités publiques, elle a consacré l’avènement, à la tête des universités, de conseils d’administrations constitués majoritairement de personnels non académiques et délibérant sur des questions pédagogiques et scientifiques. Ce qui est une remise en cause de l’autonomie pédagogique et scientifique des universités. Un autre signe de recul dans la gouvernance des universités a trait aux prises d’actes illégaux et aux cas d’abus de pouvoir de la part de certains recteurs qui, mêmes condamnés par la Cour suprême, persistent dans leur refus de respecter la loi de la République.
Le président Macky Sall, réélu, va bientôt procéder à la formation d’un nouveau gouvernement. Quelles sont vos attentes ?
Face à la dégradation des conditions de travail dans l’enseignement supérieur et au recul dans la gouvernance du secteur, le Sudes/esr attend de Macky II l’achèvement de tous les chantiers (universités et ISEP) en cours, la fin de l’orientation des bacheliers dans le privé, la suppression de l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) ou, à défaut, sa réorientation vers des profils plus adaptés que ceux des nouveaux bacheliers, un plan Marshall de recrutement d’au moins cinq cent (500) enseignants-chercheurs et chercheurs par an et la mise en place d’un financement conséquent de la recherche pour assurer l’indépendance scientifique du pays. Nous prônons une révision de la loi cadre sur les universités publiques en vue de préserver leur autonomie gravement menacée et la notification aux recteurs que leur responsabilité personnelle sera engagée dans tous les cas avérés de prise d’actes illégaux ou d’abus de pouvoir pouvant conduire à la condamnation de leurs universités.
«Nous prônons une révision de la loi cadre sur les universités publiques en vue de préserver leur autonomie gravement menacée»
Le Président peut-il, dans le cadre de son deuxième mandat, achever tous les chantiers en cours et mettre complètement en œuvre les conclusions de le Cnaes?
Pour le Sudes/esr, le président de la République peut bien, dans le cadre de son deuxième mandat, terminer tous les chantiers en cours et mettre complètement en œuvre les conclusions de la Cnaes. Des infrastructures moins importantes et moins vitales pour le pays que le Centre de conférence international Abdou Diouf (Cciad) de Diamniadio qui a coûté 80 milliards au contribuable sénégalais a été réalisé en 10 mois. Lors de la pause de la première pierre de l’Université Amadou Mahtar Mbow de Diamniadio en mars 2015, le président Macky Sall avait lui-même reconnu que le Cciad était la preuve que l’Uam pouvait être réalisé en un temps record. Ayant cru à cet engagement du président Macky Sall, le Sudes/esr s’attendait à ce que l’Uam soit livré au plus tard en octobre 2016. À ce jour, les travaux de cette université sont très peu avancés et presque à l’arrêt. Entre temps, l’État a entamé et fini de réaliser d’autres infrastructures très coûteuses et moins importantes pour le pays comme l’Arène de lutte de Pikine (32 milliards) et l’Arena stadium (50 milliards). Pour le Sudes/esr donc, rien n’empêche l’achèvement des infrastructures entamées depuis 2012. Tout dépend de la volonté politique du président Macky Sall de le faire. De même pour ce qui est de la mise en œuvre complète des recommandations de la Cnaes. Sur cette dernière question précisément, le Sudes/esr est surpris par le très peu d’empressement du gouvernement à mettre en œuvre les décisions présidentielles sur l’enseignement supérieur et surtout celle relative à la réorientation du système vers les formations professionnelles courtes, avec au moins un Institut supérieur d’enseignement professionnel (ISEP) dans chaque région.
Quelles sont alors les priorités du Sudes/esr en 2019 ?
La suppression du fonds national de solidarité pour les retraités qui est de fait précaire et aléatoire et son remplacement par une pension digne pour tous. L’exécution des arrêts de la Cour suprême remettant en cause leurs actes illégaux et leurs abus de pouvoir par les recteurs de l’Université Assane Seck de Ziguinchor et Cheikh Anta Diop de Dakar constituent nos principales priorités pour 2019.
«La suppression du fonds national de solidarité pour les retraités»
S’y ajoutent la revalorisation de la prime de recherche de trois-cent mille (300000) francs cfa par an à un million cinq cent mille (1500000) francs cfa par an, la revalorisation du perdiem de voyage d’étude à l’étranger, de seize mille trois-cent quatre-vingt-treize (16393) francs cfa par jour à cent cinquante mille francs (150000) francs par jour. Le respect du droit au voyage d’étude pour les nouveaux collègues après deux ans révolus à la date du 31 juillet par le Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop. Des mesures spéciales et urgentes en faveur de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Cheikh Anta Diop et la fin des discriminations sexistes (ENSETP et CESTI) à l’Université Cheikh Anta Diop.
LE NAVIRE N'A QU'UN SEUL CAPITAINE ET C'EST MACKY SALL
Hamady Dieng, leader de la Rampe exhorte le président de la République à s’organiser pour prendre en charge les préoccupations des Sénégalais, surtout ceux de l’intérieur du pays
Depuis la réélection de Macky Sall avec 58,26%, les commentaires vont bon train sur les ambitions affichées ou pas de certains responsables de l’Apr.
La Rencontre des acteurs et des mouvements pour l’émergence (Rampe) tient à rappeler aux Apéristes que l’urgence est ailleurs. «Le navire n’a qu’un seul capitaine, et c’est Macky Sall. Il n’y a qu’un seul mandat qui lui reste, il a les mains libres. Rien ne le lie. Il va créer les conditions pour faire avancer le Sénégal et les Sénégalais», a dit le président de ce mouvement affilié au parti présidentiel.
Pour Hamady Dieng, cela est «absolument possible» avec l’avènement du gaz et du pétrole. C’est pourquoi, vu la «délicatesse» de la production de ces ressources, il appuie l’appel au dialogue lancé par Macky Sall aussitôt après la proclamation des résultats définitifs. «Il faut s’ouvrir, écouter les Sénégalais, pas seulement les politiques», plaide-t-il. Par ailleurs, le
coordonnateur de la Rampe a salué la «clarté du processus électoral, la maturité des Sénégalais le jour du vote et le professionnalisme de l’administration des forces de sécurité». Et alors qu’un 3ème mandat est agité, il souligne que le seul débat reste la solution aux préoccupations des Sénégalais. «Tout autre débat n’est que de la zizanie, de la torture intellectuelle», dit-il, rappelant «la Constitution a fondamentalement réglé cette question».
Le leader de la Rampe exhorte, donc, le président de la République à s’organiser pour prendre en charge les préoccupations des Sénégalais, surtout ceux de l’intérieur du pays qui «l’ont réélu». «Il faut créer les conditions objectives pour régler les problèmes de l’école, de la santé, de l’électricité, de l’eau. Prendre en charge les préoccupations des jeunes et particulièrement des femmes», a listé Hamady Dieng.
ILS SONT EN PERTE DE VITESSE ET DE REPÈRES
‘’C’est parce qu’ils se sentent menacés qu’ils parlent de réunification ou de retour de Khalifa Sall et autres.’’ - Les précisions de Moustapha Dieng de la coordination des jeunes khalifistes
La coordination des jeunes khalifistes du département de Koumpentoum n’a pas attendu longtemps pour réagir à l’appel du Parti socialiste de voir les dissidents regagner la maison.
«C’est parce qu’ils se sentent menacés qu’ils parlent de réunification ou de retour de Khalifa Sall et autres. Qu’ils sachent qu’on n’acceptera pas d’être tués par les mêmes personnes qui, ensuite, voudraient procéder à nos funérailles. C’est une cause perdue d’avance», avertit Moustapha Dieng, Secrétaire général des jeunes khalifistes. Selon lui, si aujourd’hui, Tanor et Cie pensent aux retrouvailles de la famille socialiste, c’est parce qu’ils sont «conscients que leur compagnonnage dans le Benno tire vers le clash et qu’ils sont vomis par les populations». Ces fidèles de l’ancien maire de Dakar ont, comme Barthélemy Dias hier, convoqué Nelson Mandela : «Quand tu t’es battu si dur pour te remettre debout, ne retourne jamais vers ceux-là qui t’ont mis à terre.»
M. Dieng et ses camarades sont formels : «Nous ne regarderons plus avec eux dans la même direction. Nous appelons les responsables au sommet à ne pas accorder du crédit à cet appel aux desseins inavoués. Ce n’est pas parce que les intérêts du Ps sont aujourd’hui en jeu qu’ils veuillent parler de retrouvailles. Combien de temps aura passé Khalifa en prison sans un quelconque sentiment de compassion de ces actuels faiseurs de bruit. Qu’ils assument leurs actes devant l’histoire et la postérité, et puis c’est tout.»
PAR YORO DIA
LES DEUX POUMONS DE LA DÉMOCRATIE
L’opposition et son chef doivent avoir leur place dans le protocole de la République, parce que le chef de l’opposition est le deuxième choix des Sénégalais après le président de la République
Un être humain a besoin de deux poumons pour respirer. Une démocratie aussi. Les deux poumons de la démocratie sont la majorité et l’opposition.
Le débat sur le statut de l’opposition illustre à merveille comme la classe politique adore user des armes de distraction massive pour ne pas se pencher sur les questions essentielles.
A la fin des années 1990, avant notre première alternance démocratique, le président de la République Abdou Diouf avait nommé le Professeur de Droit constitutionnel El Hadj Mbodj, médiateur pour le statut de l’opposition et le financement des partis politiques. Le Pr Mbodj s’inspira de beaucoup de modèles, comme celui du Canada et de la Grande Bretagne et remit au Président de la République un rapport d’une grande qualité sur ces deux questions. Le Pr Mbodj en était arrivé à la conclusion que le statut du chef de l’opposition existait de fait mais qu’il fallait le «routiniser».
C’était il y a vingt ans. Vingt ans après, on en revient au même débat. Notre classe politique nous enferme dans une sorte de mythe de Sisyphe. Un éternel recommencement, comme ce débat à chaque élection, sur le fichier électoral. Depuis l’ouverture démocratique partielle de Senghor dans les années 70, avec les quatre courants, et le multipartisme intégral de Diouf en 1981, l’opposition existe dans notre système politique. Elle existait aussi du temps de la démocratie des 4 communes. Elle n’a jamais été clandestine. Donc, retournons 20 ans en arrière pour constater qu’il y a de fait un statut de l’opposition, mais il faut le «routiniser ».
«Routiniser», c’est-à-dire l’accepter comme une routine dans l’espace de la République. C’est ce que nous n’avons jamais su faire, même si paradoxalement, l’alternance est devenue la «respiration de notre démocratie», même si nous avons d’anciens opposants au sommet de l’Etat et un ancien président de la République et des anciens Premiers ministres dans l’opposition. «Routiniser» le statut de l’opposition et de son chef, veut dire aujourd’hui urbaniser et civiliser les relations entre la majorité et l’opposition, et mettre fin aux guerres puniques sénégalaises, qui sont avant tout des conflits et règlements de comptes personnels.
L’opposition et son chef doivent avoir leur place dans le protocole de la République, parce que le chef de l’opposition est le deuxième choix des Sénégalais après le président de la République. Le président de la République se doit aussi de le consulter sur les grandes questions qui engagent l’avenir de la Nation.
C’est ainsi que Winston Churchill, le Premier ministre britannique, convia Clement Attlee, le chef de l’opposition, à la conférence de Potsdam de juillet 1947, qui devait le réunir avec Truman des Etats-Unis, et Staline de l’Union soviétique. Churchill voulait qu’il n’y ait pas de rupture dans la défense des intérêts de la Grande Bretagne en cas d’alternance. Quelle grandeur ! Quel sens de l’Etat ! Effectivement, Churchill perdit les élections et Attlee revint à la conférence en tant que Premier ministre, alors qu’il y était convié quelques jours auparavant en tant que chef de l’opposition. Ce niveau d’urbanités n’est possible que pour des gentlemen.
Et nos hommes politiques ne sont pas des gentlemen, parce que le débat politique est trop personnalisé et trop violent. Le meilleur texte n’est rien sans les acteurs et ce sont les acteurs le problème. Si on parvient à «routiniser» le statut de l’opposition et de son chef, on se rend vite compte que l’idée d’un gouvernement fantôme, «shadow cabinet», de l’opposition, n’est pas une si mauvaise idée. Soyons clairs, le shadow cabinet ne veut pas dire gouvernement parallèle. Le shadow cabinet vise à préparer l’opposition à exercer le pouvoir.
Ainsi, le chef de l’opposition se prépare à être Président et dans chaque secteur, il va avoir un spécialiste pressenti à exercer les fonctions de ministre en cas de victoire. Ce qui fera que l’alternance politique ne signifiera pas forcement rupture dans le fonctionnement des affaires. C’est parce que souvent l’opposition ne prépare pas son arrivée au pouvoir qu’après les alternances, nous avons beaucoup de tâtonnements avant que le nouveau pouvoir ne capitule devant la toute-puissance de la technostructure administrative. Aujourd’hui, à part le colonel Kébé, Secrétaire national à la Défense, donc probable ministre des Forces armées si Idrissa Seck devient Président, on ne voit nulle part les spécialistes de l’opposition sur les questions économiques, de politique extérieure ou de défense. Alors que ces questions sont vitales pour notre pays.
Quand on est voisin du Mali, un pays où le chef des services de renseignements, fête ses 50 ans en grande pompe avec Fally Ipupa et Sidiki Diabaté, alors que le pays a été sauvé de la partition par une intervention étrangère, opposition comme majorité devraient se pencher sur la sécurité et la défense de notre frontière orientale. Au Mossad israélien, on apprend aux agents que leur travail est vital pour la survie d’Israël, car un «bon renseignement vaut une division d’infanterie». Et l’histoire des guerres israélo-arabes confirme ce fait. Même si c’est anecdotique, le comportement du chef des services de renseignements du Mali, montre l’écart entre la gravité de la situation dans ce pays et l’insousciance de ses élites.
Etant donné que les Français et le G 5 ne resteront pas éternellement et au vu l’insouciance des élites maliennes, le temps joue en faveur des islamistes et des Touaregs. Nos hommes politiques devraient être jugés aussi sur ces questions, parce que le Mali pour nous n’est pas une question de politique extérieure, mais une question de sécurité nationale. Sans l’opération Serval, on aurait les jihadistes à nos frontières.
La menace se rapproche. Elle était au Nord, elle est maintenant au Centre. Si l’Etat malien s’effondre encore, on les aura à nos frontières. Gouverner c’est prévoir, mais «défendre c’est prévenir», tous nos grands partis politiques ont des spécialistes du code électoral. Il est temps qu’ils cherchent aussi des spécialistes de cette question, entre autres.
«DU MOMENT OU LE PRESIDENT N’A PAS ENCORE PRETE SERMENT…, C’EST LE STATU QUO»
Pour le professeur Momar Thiam, la situation qui prévaut au Sénégal en cette période post électorale est anormale et pour y parer, c’est au président nouvellement réélu de montrer la voie à suivre.
Trois semaines après la proclamation définitive des résultats du scrutin du 24 février 2019 par le Conseil constitutionnel désignant Macky Sall vainqueur au premier tour avec 58,26% des suffrages, le président élu est dan l’obligation d’attendre jusqu’au 02 avril prochain pour faire sa prestation de serment et ainsi former son nouveau gouvernement. De l’avis de Momar Thiam, expert en communication politique et Dg de Heic, ce «retard» s’expliquerait par la tradition républicaine de fixer une date pour la prestation de serment du président nouvellement réélu. Par ailleurs, il juge cette situation anormale et avance que c’est au président de montrer la voie à suivre.
Pour le professeur Momar Thiam, la situation qui prévaut au Sénégal en cette période post électorale est anormale et pour y parer, c’est au président nouvellement réélu de montrer la voie à suivre. Même s’il admet que c’est la tradition républicaine qui fait qu’un président élu se voit fixer une date pour sa prestation de service, le spécialiste en communication politique n’y va pas par quatre chemins pour proposer des solutions à ce qu’il nomme «un désert politique».Il est d’avis que «la première sortie du président réélu, c’est d’appeler au travail », même si, soutient-il, «j’admets que c’est bien d’appeler au dialogue», faisant allusion à l’appel au dialogue du président vers l’opposition, le 07 mars, jour de la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle. Selon Momar Thiam, en lançant cette invite au peuple, le président «fait comprendre que le travail continue, pour faire mieux ».Et cela aurait permis aux services publics et aux ministères en premier de s’adonner à la tâche, parce qu’ il y va de l’intérêt des citoyens », souligne-t-il. Ensuite, poursuit le professeur, «il faut faire comprendre autant au personnel politique, aux membres du gouvernement qu’aux détenteurs du service public que la continuité du service public est un temps». Pour Momar Thiam, c’est pas parce que le président est nouvellement réélu que tous «ceux qui doivent faire fonctionner le service public doivent être dans un attentisme total», dénonce l’expert en communication politique.
« Ce statu quo s’explique par les carences du personnel politique qui n’a pas le sens de la chose publique»
Revenant sur l’inertie des politiques, Momar Thiam constatera qu’effectivement, «à partir du moment où le président n’a pas encore prêté serment, et que l’ensemble du personnel sait qu’il va y avoir la constitution d’un nouveau gouvernement, c’est un peu le statu quo». Poursuivant son analyse, il explique que cela ne devrait pas être pour la bonne et simple raison qu’il y a ce qu’on appelle «la continuité du service public qui voudrait que même si le président annonce qu’il y avoir un remaniement, que les ministères, les agents et les institutions de la République continuent de fonctionner normalement». Et c’est tout le mal de «notre démocratie», se désole le professeur qui fait savoir que deux raisons expliquent cette situation. Souvent, «on a un personnel politique qui n’a pas le sens de la chose publique». Parce qu’au cas contraire, soutient Momar Thiam, la continuité de l’Etat serait un sacerdoce. « Même s’il arrive qu’on dise à un ministre qu’on va vous remplacer demain, celui-ci doit faire son travail jusqu’au moment où il doit être remplacé ». De l’avis du Dg du Heic, « le sens de la chose publique voudrait que les institutions et les agences qui sont rattachées au ministère continuent à fonctionner normalement parce qu’un Etat n’a pas à s’arrêter de fonctionner parce que le président nouvellement élu n’a pas encore prêté serment, et que le gouvernement n’est pas mis en place ». L’autre raison avancée par M.Thiam, c’est que «malheureusement, ceux qui contribuent à créer ce statu quo aussi au-delà d’avoir le sens de la mission de service, n’ont pas le sens de la chose publique». Il avancera que ces deux notions différentes (le sens du service public et de la chose publique-Ndlr), devraient faire l’objet de toute une culture. Pour lui, cette culture de la chose publique voudrait que même un «ancien Premier ministre occupe un poste de simple ministre, si le besoin se fait sentir. Mais vous ne verrez jamais un ancien Premier ministre chez nous et même quelque part en Afrique redevenir un simple ministre. Et c’est une question de culture républicaine qui fait défaut dans notre République», dénonce Momar Thiam.
«La co-responsabilité des médias, détenteurs de l’agenda politico-médiatique»
Pour Momar Thiam, depuis la réélection de Macky Sall à la magistrature suprême, le landerneau politique est pollué par deux facteurs : le débat autour d’un troisième mandat pour Macky Sall qui n’a même pas entamé le second, mais aussi la constitution du nouveau gouvernement. Sur ces sujets à polémique, Momar Thiam « indexe un peu la coresponsabilité des médias», qui sont d’après lui «détenteurs de l’agenda politico-médiatique». Et du coup, arguera-t-il, le personnel politique fait du suivisme et justement dans cette atmosphère de suspicion, «au lieu de travailler, ils sont tous (les politiques-Ndlr) chez les marabouts pour essayer de sauvegarder leur poste », dénonce notre interlocuteur. Et de poursuivre en soutenant qu’il y a autant la «responsabilité du personnel politique par manque de culture républicaine et de manque de service public », le tout corrélé à la coresponsabilité des médias qui dirigent le débat politico- médiatique. Et pour M.Thiam, tout cela continue à polluer la chose publique de sorte que les citoyens n’ont plus d’interlocuteurs au niveau des ministères et des agences. Ce qui n’est pas sans conséquence, à en croire le professeur qui explique que le «premier effet induit, c’est d’abord le ralentissement du service public parce qu’on est en mal d’interlocuteur». Quand au deuxième effet induit, Momar Thiam révèle que cela «déteint même sur le second mandat du président». La preuve, «c’est le débat autour du 3ème mandat, le remplacement supposé ou non de Moustapha Niasse au niveau de l’hémicycle ». Pour l’analyste, cela pollue complètement l’atmosphère politique de sorte que les citoyens, au lieu d’avoir en face d’eux un personnel ou des directeurs généraux qui s’occupent d’eux, se retrouvent un peu dans un «désert ambiant pollué par un débat politique qui constitue un frein au développement des services publics. Donc, le citoyen est lésé», se désole M.Thiam.
LE PARTI SOCIALISTE N'A JAMAIS TENDU LA PERCHE A QUI QUE CE SOIT
Les précisions de Kadialy Gassama sur l’appel au retour des exclus
Le socialiste Kadialy Gassama apporte des précisions par rapport à l’appel du Secrétaire national du Parti socialiste à Khalifa Sall, Aïssata Tall Sall et Cie, leur demandant de regagner les rangs du Parti. Selon le membre du Bureau politique, il n’a jamais été question de demander à leurs anciens camarades exclus «de revenir, encore moins de leur tendre une perche».
«Quand tu t’es battu si dur pour te remettre debout, ne retourne jamais vers ceux qui t’ont mis à terre !». Tels sont les propos Barthélémy Dias, l’édile de Mermoz Sacré-Cœur qui semblait débouter le Parti socialiste suite à la main tendue de son Secrétaire général à ses anciens camarades exclus de cette formation politique de Senghor. Seulement, Dias-fils semble ne pas comprendre la démarche de son ancien Parti.
Par une mise au point faite hier, Kadialy Gassama déclare : «Barthélemy Dias et Aba Mbaye, qui n’ont jamais rien compris au socialisme, voudraient profiter de l’occasion, après leur énième défaite électorale, pour se rappeler injurieusement au bon souvenir des Sénégalais.»
A en croire ce membre du Bureau politique du Ps, «le Parti n’a jamais mentionné une quelconque directive demandant aux anciens camarades exclus de revenir, encore moins tendu une perche à qui que ce soit».
Tout de même, il souligne : «Après avoir entendu certains camarades revenants qui étaient en rupture de ban, dont le camarade Banda Diop, maire de la Patte d’oie, qui avait demandé que le Parti soit ouvert à tous ceux qui ont l’intention de revenir, le Ps ne peut que saluer leur courage politique, leur souhaiter la bienvenue et ouvrir ses portes à ceux qui se sont amendés et voudraient retourner à la maison mère.»
TOUS DANS L’EXPECTATIVE
Le président réélu doit mettre plus d’un mois, pour prêter serment, puis former son nouveau gouvernement - Une attente relativement longue, propice à des supputations et attaques entre responsables de même formation politique
Réélu depuis le 24 février et confirmé par le Conseil constitutionnel le 7 mars dernier, le président doit mettre plus d’un mois, à savoir le 2 avril prochain, pour non seulement prêter serment, mais surtout pour former son nouveau gouvernement. Une attente relativement longue qui laisse presque tous dans l’expectative, limitant ainsi le travail des cabinets ministériels à produire des rapports de synthèse et à gérer les affaires courantes, tout en évitant de prendre de nouvelles initiatives. Un temps propice aussi aux attaques entre responsables de même formation politique.
Le président de la République, Macky Sall, réélu à la tête du pays pour 5 ans depuis le 24 février dernier, ne prêtera serment que ce 2 avril, soit plus d’un mois après sa reconduction à la magistrature suprême. Lors du Conseil des ministres du 27 février dernier, le président Macky Sall avait instruit le Premier ministre, Boun Abdallah Dionne, «de faire prendre toutes les dispositions, en relation avec les services compétents de l’Etat, pour la bonne préparation de l’installation du Président de la République élu à l’issue du scrutin du 24 février 2019».
Depuis lors, rien n’a filtré sur le futur gouvernement qui sera formé après la prestation de serment de Macky Sall. Une situation qui place l’ensemble des ministres dans l’expectative, car ne sachant pas s’ils seront reconduits ou pas. Des informations glanées çà et là font état d’un arrêt des travaux dans les ministères pour ne gérer que les affaires courantes. Ce que semblent confirmer certains agents travaillant dans certains ministères. Pour eux, il est tout à fait normal que chaque ministre fasse son rapport de synthèse. Ledit rapport doit porter, entre autres, sur l’état des activités menées, les crédits engagés, ou encore l’état du parc automobile, etc. Bref, il est question, selon eux, de préparer la passation de service et se préparer à toute éventualité. Ce qui ne militerait pas dans le sens de prendre de nouvelles initiatives, dès lors que les ministres ne savent pas s’ils seront reconduits ou remerciés.
Un autre de préciser, par contre, que pour ce qui concerne le ministère dans lequel il officie, l’ensemble des 11 directions fonctionnent normalement. Il informe que le service démarre à l’heure, le ministre poursuit ses audiences, les courriers sont traités, tout comme les réunions de coordinations, suspendues à cause de la campagne électorale, qui ont repris de plus belle. Donc, pour lui, cette longue attente du prochain gouvernement n’influe pas directement sur le travail des directions qui sont gérées par des fonctionnaires. Pour lui, leur travail n’est pas directement lié à la nomination d’une personne à la tête de leur ministère. Pour autant, il accepte à ce niveau qu’il peut arriver que certains dossiers, liés directement au cabinet du ministre, une structure politique, puissent connaitre certaines lenteurs. Mieux, il dit comprendre que les ministres ne prennent pas certaines initiatives, dans la mesure où ils ne savent pas si ces questions seront prises en charge par leurs successeurs.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette attente de plus d’un mois relativement longue a fini d’installer la psychose et le malaise au sein des ministères. Dès lors que rien n’a encore filtré sur la composition du nouvel attelage gouvernemental de Macky Sall, tous les ministres sont à l’écoute. Une attitude qui du reste bloque tant soit peu le pays, sur bon nombre de domaines, car aucune initiative n’est prise par ces ministres en attente. Au-delà de cette atmosphère qui règne dans les ministères, le malaise a gagné les partis politiques, ou du moins l’Alliance pour la République (Apr) où une guerre fratricide se mène par médias interposés, notamment avec les tentatives de décrédibiliser certaines personnalités. Cela, dans le but d’écorner leur image et de se faire une place au soleil. Quid alors de la traite des marabouts, surtout quand on connait nos réalités africaines, pour ne pas dire sénégalaises ?