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15 août 2025
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HARO SUR LA DISSOLUTION DU PARLEMENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Abdoulaye Wilane est contre toute dissolution de l'Assemblée nationale qu'il assimile à un coup de poker suscpetible de porter préjudice à Macky Sall
"Pourquoi faire un coup de poker ?", s'interroge Abdoulaye Wilane à propos d'une éventuelle dissolution de l'Assemblée nationale afin de coupler les locales et les légilatives. A en croire l'élu socialiste, ce débat n'a pas de raison d'être, d'autant qu'il n'y a pas de crise majeur qui justifierait une telle mesure. "On ne scie pas la branche sur laquelle on est assit. Si vous coupez les élections dans un contexte où l'opposition n'a pas encore digéré la défaite à la présidentielle, vous les (l'opposition) amenez à être ensemble", indique-t-il.
Concernant sa dernière rencontre avec l'ancien maire de Dakar incarcéré, Khalifa Sall, le porte-parole du Parti Socialiste répond laconiquement : " je ne me souviens pas. Je ne suis pas là à penser à des individus’’.
COURSE CONTRE LA MONTRE POUR SAUVER LES "PRISONNIERS" DES EAUX EN AFRIQUE AUSTRALE
Les secouristes s'activent pour sauver des milliers de personnes toujours réfugiées sur des arbres et des toits, cinq jours après le passage du cyclone Idai, qui pourrait être "le plus meurtrier" jamais survenu dans la région
Le cyclone, qui a balayé la semaine dernière le centre du Mozambique puis l'est du Zimbabwe voisin, a fait au moins 182 morts.Mais le bilan pourrait dépasser le millier de morts au seul Mozambique, épicentre des destructions, a prévenu lundi son président Filipe Nyusi.
Selon l'organisation Care, Idai "pourrait être le #cyclone le plus meurtrier en Afrique australe" à ce jour.
"Nous parlons d'un désastre majeur", a renchéri le porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, mardi à Genève.
Au Mozambique, l'un des pays les plus pauvres au monde, une surface d'un rayon de 100 km est totalement inondée, selon le ministre de l'Environnement Celson Correia.
Il y a un "océan" dans les terres, isolant complètement des villages, a expliqué à l'AFP une humanitaire qui a requis l'anonymat.
Et la situation ne devrait pas s'améliorer car des pluies abondantes sont attendues dans les prochains jours, a prévenu le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a commencé à acheminer de l'aide pour plus d'un demi-million de personnes.
Pour compliquer la situation, plusieurs barrages menacent de céder au Mozambique, leur capacité approchant du niveau maximum.
Filipe Nyusi a demandé à ses concitoyens qui habitent près de rivières dans la région "de quitter la zone pour sauver leur vie".
Car les autorités pourraient n'avoir d'autre choix que d'ordonner l'ouverture des vannes de barrages, alors que les terres sont déjà totalement submergées.
Au Mozambique comme au Zimbabwe, de nombreux ponts et routes ont été emportés par les eaux, compliquant les opérations de secours et l'évaluation des besoins.
En bateaux pneumatiques et en hélicoptères, des humanitaires ont continué mardi au Mozambique à porter secours à des personnes réfugiées sur la cime d'arbres et des toits.
"Dans les arbres, les gens doivent se battre avec des serpents, des insectes, des animaux", a témoigné à l'AFP Ian Scher, président de l'organisation sud-africaine Rescue SA qui participe aux opérations de secours depuis Beira (centre).
Mais les hélicoptères ne sont pas assez nombreux."On sauve qui on peut et les autres vont périr, a prévenu Ian Scher.On doit prendre des décisions difficiles.Parfois on ne peut sauver que deux personnes sur cinq.Parfois on leur laisse de la nourriture et on va secourir une autre personne qui est plus en danger."
- 'Comme un tsunami' -
Rescue SA a ainsi identifié une île formée par les inondations où quelque 350 personnes ont trouvé refuge en attendant les secours.
"L'eau est arrivée d'un coup, comme un tsunami, et a détruit presque tout sur son passage", a raconté à l'AFP Jose Batio, dont la maison a été détruite.
Pendant un jour, "on était des prisonniers sur le toit" d'un voisin jusqu'à ce que les secours arrivent en bateau, a-t-il ajouté, aux côtés de son épouse et de ses enfants, au sec sur une route à quelque 60 km de Beira.
"On a survécu, mais beaucoup de nos voisins ont été emportés par les eaux."
Beira, ville d'un demi-million d'habitants, était toujours privée d'électricité, d'eau courante et d'internet mardi, cinq jours après avoir été balayée par Idai.
La salle d'opération et plusieurs services de l'hôpital de la ville ont été gravement endommagés, et la totalité des 17 centres de santé de Beira se retrouvent sans toit, selon l'organisation Médecins sans frontières (MSF).
Au Zimbabwe voisin, où les habitants enterraient leurs morts, le président Emmerson Mnangagwa s'est rendu mardi dans la province du Manicaland (est), la plus touchée par le cyclone, pour évaluer les dégâts.
Au moins 200 personnes sont encore portées disparues dans la région, notamment après l'effondrement d'habitations occupées par des fonctionnaires.
L'organisation Amnesty International a appelé la communauté internationale à se mobiliser devant l'ampleur de la catastrophe, mais aussi devant les conséquences du changement climatique.
"Alors que les effets du changement climatique s'intensifient, on peut s'attendre à ce que ces conditions climatiques extrêmes se produisent plus fréquemment", a prévenu Amnesty, appelant à "des mesures ambitieuses pour lutter contre le changement climatique".
L'arrivée du cyclone avait été précédée de très fortes précipitations au Mozambique mais aussi au Malawi voisin, des intempéries qui avaient fait au moins 122 morts.Le Malawi a finalement été épargné par Idai.
PAR AARON AKINOCHO
ET SI L'AFRIQUE AIMAIT SES DICTATEURS ?
L’argument du « moi ou le chaos » a cimenté plus d’un pouvoir en Afrique - En outre, il faut croire que parfois, les peuples eux-mêmes, font l’option de la continuité avec des pouvoirs qu’on peut rapidement qualifier de « dictatures »
Ces dernières semaines ont vu en Algérie, un séisme politique. La prise de la rue par la jeunesse algérienne face au cinquième mandat du président Bouteflika est, à plus d’un titre, un motif d’espérance pour le continent africain. Cette action est la preuve que les peuples sont de moins en moins des troupeaux que l’on peut diriger vers tous les gouffres sans que jamais ils ne se cabrent.
Les jeunes Algériens ont pris leur destin en main et ont décidé de fermer un chapitre de l’histoire de leur pays. Et peu importe si beaucoup prédisaient qu’après Bouteflika, l’Algérie pourrait sombrer dans le chaos. Peu importe le spectre des années de plomb. Le peuple algérien peut désormais aller de l’avant. Une victoire donc, même si aujourd’hui il est encore trop tôt pour en évaluer la portée.
Néanmoins ce triomphe algérien suscite des questions quand on essaie de faire un parallèle avec d’autres mouvements du genre sur le continent africain, qui eux, ont connu des issues moins favorables. On peut légitimement se demander: pourquoi les autres n’arrivent-ils pas à se débarrasser de leurs dirigeants qui s’éternisent au pouvoir?
Si généralement, on avance comme argument pour justifier le long règne de certains dirigeants africains par leur mainmise sur l’appareil sécuritaire, et le contrôle des moyens de répression, cette hypothèse n’explique pas tout. Et, l’idée du “clan” qui contrôle tout le pays au détriment de la grande masse, semble plus un fantasme qu’un reflet de la réalité.
Bien-sûr, une minorité a tous les pouvoirs, mais généralement, le gâteau est partagé entre des élites, elles-mêmes issues de toutes les sphères d’influences (ethnies, congrégations religieuses, groupes socio-professionnels, etc.) qui rythment la vie sociale et politique du pays. La preuve en est que les nominations aux différents postes de pouvoirs dans nos pays tient de l’exercice d’équilibriste.
Certes, cette représentativité relative, ne concerne qu’une minorité, mais on ne peut en nier la réalité. D’ailleurs, le président béninois Patrice Talon affirmait avec lucidité et non sans cynisme: « Ce qui fait qu'un président de la République obtient un deuxième mandat, ce n'est pas son bilan. C'est la manière dont il tient le pays, c'est la manière dont il tient les grands électeurs, les faiseurs d'opinion ; c'est la manière dont il empêche la compétition.»
En outre, il faut croire que parfois, les peuples eux-mêmes, font l’option de la continuité avec des pouvoirs qu’on peut rapidement qualifier de « dictatures » ou même de « démocratures ».
L’argument du « moi ou le chaos » a cimenté plus d’un pouvoir en Afrique. A cet titre, la Libye post-Khadafi est devenue, pour le continent, l’exemple à ne pas imiter. Il est vrai que si on demandait aux citoyens lambdas s’ils préférent les systèmes autoritaires qui prévalent actuellement dans certains pays, à un autre plus représentatif, les partisans de la démocratie, ils crieraient « non » d’un air scandalisé. Et à plusieurs reprises des pays africains ont donné la preuve que les populations pouvaient faire tomber des régimes dont elles ne voulaient plus.
Dans le même temps, le Mobutisme, cette religion qui ressurgit en République démocratique du Congo, peut laisser songeur. En outre le sous-jacent psychologique de la fascination exercée sur bien des Africains par un Paul Kagame, souvent décrié sur le terrain de la démocratie et des droits de l’homme, parle mieux que beaucoup de discours pro-démocratie.
Pour comprendre ce qui coince, il faut aussi garder à l’esprit que la démocratie est, à l’échelle de l’histoire humaine, une idée toute neuve, à peine vieille de deux siècles et demi. En Afrique, sauf de très rares exceptions, elle n’a même pas encore trente ans. Les populations ne connaissent qu’un parti ou deux, et quelques personnalités, les mêmes, qui animent la vie politique de leur pays depuis des décennies.
Près de 8 ans après la crise la plus sanglante de son histoire, la Côte d’Ivoire pourrait revoir s’affronter dans un processus électoral, les mêmes candidats qu’en 2011. Les leçons se tirent d’elles-mêmes et on se demande si, finalement, cette révolte de la jeunesse algérienne dont on ne connaît pas encore l’issue, ne vient pas surtout donner raison au président Paul Biya qui affirmait, non sans humour, face à François Hollande: «Ne dure pas au pouvoir qui veut. Mais dure qui peut.»
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LES PARADOXES DE LA CIMENTERIE AU SÉNÉGAL
EXCLUSIF SENEPLUS - Rareté du ciment de qualité, surenchère tous azimuts des prix - Le secteur national de la cimenterie est en proie à plusieurs diffucultés, malgré la présence de trois usines de production
Suite à l’augmentation de 3 500 fcfa décidée par les cimentiers puis annulée par le gouvernement sur le prix de la tonne de ciment, www.seneplus.com a tendu son micro aux citoyens qui exercent dans le domaine. ‘’ Nous sommes face à un paradoxe inexplicable. Il y a trois usines de production au Sénégal, pourtant on ne trouve pas de ciment. Cette situation est due au fait que ces usines préfèrent exporter ce matériau plutôt que de le distribuer ici’’, tonne Daouda Ndiaye, propriétaire d’un dépôt de ciment, qui déplore également la hausse du prix.
Boury Sène vendeur de briques estime que l’augmentation notée sur la tonne du ciment impacte négativement sur leurs revenus quotidiens. ‘’A chaque fois que le prix du ciment enregistre une hausse, nous sommes les premiers impactés. Il faut que les autorités pensent à toutes ces personnes qui travaillent dans le domaine", déclare Boury Sène.
MACKY APPELÉ À NE PAS FLÉCHIR FACE AUX MAUVAIS PERDANTS
Refusant de faire bonne figure, ils s'attèlent à faire dans la menace - Qu’Idrissa Seck et ses sbires se le tiennent pour dit : cette entreprise de déstabilisation ne peut prospérer - COMMUNIQUÉ DES JEUNESSES DE LA MAJORITÉ PRÉSIDENTIELLE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué des jeunesses de la majorité présidentielle, daté du 18 mars 2019, relatif au scrutin du 24 février et aux contestations qui s’en sont suivies.
« L’élection présidentielle du 24 février 2019 ont encore démontré, si besoin en était, la maturité du peuple sénégalais, gardien de la démocratie de notre pays, le Sénégal. Après des élections transparentes, la proclamation des résultats définitifs du scrutin, par le Conseil constitutionnel, n’a fait l’objet d’aucun recours et a consacré la victoire éclatante de notre candidat, le président Macky Sall.
Nous, Jeunesses de la majorité présidentielle, saluons alors vivement la maturité du peuple sénégalais pour avoir encore une fois, opéré le bon choix, en réélisant le président Macky Sall. Lui seul, détenteur de la vraie souveraineté, ne s'est pas laissé emporter par les chants des sirènes pessimistes d'une opposition en déroute totale. Au président Macky Sall, nous adressons une fois de plus nos sincères félicitations. L'honneur en revient également à tous les membres de notre coalition Benno Bokk Yakaar qui se sont donnés corps et âme afin d'aboutir à cette large victoire, au premier tour, avec 58,26% des suffrages valablement exprimés. Qu'ils en soient tous remerciés.
Aujourd'hui, le verdict des urnes est sans appel : le peuple sénégalais, dans sa majorité, a choisi l'émergence en votant massivement pour le candidat Macky Sall. Ses immenses chantiers, dans l’ensemble des secteurs de l’économie nationale auxquels s’ajoute une politique sociale innovatrice ont fini de convaincre plus d'un sceptique. C'est pourquoi nous nous interrogeons, à juste raison, sur l'attitude des candidats de l’opposition, mauvais perdants.
Refusant de faire bonne figure, ils s'attèlent à faire dans la menace. Qu’Idrissa Seck et ses sbires se le tiennent pour dit : cette entreprise de déstabilisation ne peut prospérer. Le leader du parti «Rewmi» doit comprendre que nous sommes dans un Etat de droit et que nous ne laisserons personne ébranler les fondements de nos institutions, si chèrement acquises.
Nous, Jeunesses de la majorité présidentielle, encourageons l'Etat à ne point fléchir face à ces semeurs de désordre. Nous renouvelons également notre engagement sans faille auprès de son Excellence Monsieur Macky Sall, président de la République du Sénégal, et nous l’invitons, dans le même temps, à continuer la dynamique de progrès déjà enclenchée afin de propulser notre cher pays sur les rampes de l'émergence. »
LA GRANDE ÉMISSION RADIO "CONFLUENCES"
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LITTÉRATURE AFRICAINE, UN GRAND CADAVRE À LA RENVERSE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Les acteurs, les oeuvres, l'aspect de la critique, la démocratisation de la lecture, les maisons d'édition - Panorama du monde littéraire sur le continent avec l’écrivain et professeur de littérature francophone Boniface Mongo-Mboussa
Faible réseau de libraires, production éditoriale insuffisante, secteur de l'édition peu professionnalisé. Le monde littéraire africain n'est pas des plus reluisants. Il est même extrêmement déplorable, à en croire le tableau dressé par les participants de Confluences. Selon l'invité de l'émission, Boniface Mongo-Mboussa, l’absence du pavillon Afrique au Salon du livre de Paris cette année est un signe du désordre ambiant en cours sur le continent en matière de politique culturelle. "Cela devrait nous servir de leçon", estime-t-il, pointant du doigt une production littéraire africaine complètement extravertie et qui ne pense plus sur elle-même. L'écrivain regrette d'ailleurs la génération des auteurs tels que Senghor, Camara Laye, Ferdinand Oyono, entre autres, qui dit-il, avaient une curiosité sur le monde. À en croire Mbougar Sarr, les écrivains se contentent de décrire le monde au lieu de l'interpréter.
Cette pauvreté dans les productions est également notée au niveau de la critique qui ne se porte guère mieux. Boniface Mongo-Mboussa y décrit notamment, un domaine caractérisé par les coteries, la complaisance et une culture de l'entre-soi. "Les conditions ne sont pas réunies pour débattre", affirme-t-il sans ambages.
Comment démocratiser la lecture ?
Sur la problématique de la lecture, l'invité de l'émission estime qu'il faudrait inclure l'école et les œuvres para-littéraires, entre autres. "Il n'y a pratiquement pas de récits de voyages, de correspondances entre écrivains et très peu d’autobiographies. Nous n'avons que des romans", déclare-t-il, ajoutant que la lecture doit être une culture de tous les instants. L'option de la cession des droits peut-être une solution pour l'aspect de la démocratisation du livre, selon Mbougar Sarr. Ce dernier fait d'ailleurs partie, selon Boniface Mongo-Mboussa, des grandes promesses susceptibles d'éclaircir l'horizon de la littérature africaine.
La traditionnelle revue de presse internationale et la rubrique Guillotine consacrée cette fois à l'auteur de l'attentat en Nouvelle zélande, ont clos cette dernière émission que vous pouvez écouter en intégralité ci-dessus.
«IL FAUT ENCADRER L’ACTIVITE POUR QU’ELLE SOIT PROFITABLE AUX ENTREPRISES SÉNÉGALAISES»
Le député Aymérou Gningue s'exprime sur l'exploitation prochaine du pétrole et du gaz par le Sénégal
Le président du groupe parlementaire Benno bokk yaakar, Aymérou Gningue, qui intervenait hier à une conférence sur le thème «Promesses et défis de l’offshore pétrolier et gazier en Afrique de l’Ouest : le cas du Sénégal», a invité l’Etat à ne ménager aucun effort pour que les entreprises sénégalaises puissent profiter des ressources pétrolières et gazières.
Aymérou Gningue estime que le Sénégal doit disposer d’un nouveau Code pétrolier qui soit à la dimension de notre statut de pays pétrolier. «Avant on courait vers les compagnies pétrolières, on vendait presque gratuitement notre destination. Aujourd’hui, nous avons un nouveau statut, donc il y a des bonus de signatures qui sont introduits dans le nouveau Code pétrolier. Il faudra dans le cadre du contenu local arriver à des décrets d’application», a indiqué hier le président du groupe parlementaire de Benno Bokk Yaakar.
Il s’exprimait lors d’une conférence sur «Promesses et défis de l’offshore pétrolier et gazier en Afrique de l’Ouest : le cas du Sénégal». Pour lui, «le tout n’est pas de voter la loi, mais d’avoir des décrets d’application conformes avec ce que nous voulons faire de notre pays». En effet, explique-t-il, «au-delà de la rente pétrolière, il y a un élément encore beaucoup plus important. C’est comment encadrer l’activité pour qu’elle soit profitable aux entreprises sénégalaises. Cet encadrement dans le cadre du contenu local apportera beaucoup plus que le pétrole en tant que ressource».
Le Réseau des parlementaires dont il fait partie a partagé hier, avec les experts régionaux et internationaux, les défis liés à l’exploitation du pétrole et du gaz découverts au Sénégal. Ces deux produits dans leur phase d’exploitation posent souvent des problèmes liés à l’environnement, à la transparence dans la gestion, mais aussi à la question de l’utilisation de la rente. Pour prévenir la «malédiction pétrolière», les parlementaires en partenariat avec le Parlement régional pour la conservation de la zone côtière ont tenu un atelier de partage d’expériences avec les membres du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), les élus locaux, les membres du Conseil économique, social et environnement (Cese), la Société civile. La rencontre vise une mise à niveau de leurs connaissances sur les défis qui vont se poser au Sénégal de demain à partir de la phase d’exploitation du pétrole et du gaz.
Aymérou Gnigue s’est réjoui de la découverte du pétrole et du gaz dont l’exploitation va aussi permettre de connaître le fond marins Sénégalais. «Jamais nous n’avons été à des profondeurs de deux mille à trois mille mètres. Cela permettra également de savoir ce qu’il y a au niveau de cet écosystème, ses réalités», a-t-il souligné. Le député qui est revenu sur les enjeux liés à l’exploitation pétrolière et gazière, estime que l’Etat doit connaître les précautions à prendre pour ne pas épuiser ces ressources. «Avec l’évolution de la science, il ne se pose pas de risques majeurs si on prend toutes les précautions. Au niveau des protocoles que nous allons mettre en place justement pour assurer la protection de l’environnement, il ne se posera pas de soucis majeurs. Mais le risque zéro n’existe pas. Nous allons justement partir des connaissances que nous avons tirées des pays pétroliers qui aujourd’hui, préservent leur environnement», rassure le député.
Pour lui, le Sénégal doit et peut relever les défis liés à la préservation de l’environnement, au niveau de la gestion des ressources, au niveau de la redistribution de la rente pétrolière.
NOUS SOMMES À PLUS DE 20% D'ÉNERGIES RENOUVELABLES DANS LA PRODUCTION ÉLECTRIQUE
Djiby Ndiaye, responsable de l’APR à Linguère et DG de l’Agence nationale pour les énergies renouvelables (Aner), liste les réalisations de sa structure
Responsable de l’APR à Linguère et Dg de l’Agence nationale pour les énergies renouvelables (Aner), Djiby Ndiaye invite «très fortement» l’opposition à répondre à l’appel au dialogue du chef de l’Etat et parle du choix du prochain maire de Linguère. Il demande aux alliés qui s’agitent de calmer le jeu et décline les réalisations et les ambitions de l’Aner.
Vous êtes responsable de l’APR à Linguère. Quelles sont vos attentes par rapport au nouveau mandat du président de la République ?
Le 2ème mandat du Président, ce sera essentiellement consacré à la réalisation de la deuxième phase du Plan Sénégal émergent dont les projets sont identifiés et le financement trouvé. Ces projets ont pour la plupart fait l’objet d’études de préfaisabilité et seront entamés aussitôt après la prestation de serment. Ce deuxième mandat s’inscrit dans la continuité. Ce que nous attendons du Président, c’est ce que tous les Sénégalais attendent de lui. Ce sont des emplois pour les jeunes, accompagner davantage les entreprises et industries sénégalaises dans leur développement, améliorer les conditions de vie des populations rurales avec le développement d’activités économiques, la fourniture d’eau, d’électricité, etc.
Le Président a déjà beaucoup fait, mais il en reste encore. Facilité à toutes les populations rurales comme urbaines, l’accès à une éducation de qualité, et à une santé peu coûteuse. Nous faisons entièrement confiance au président de la République, à son intelligence, à sa vision et à sa volonté de faire du Sénégal un pays émergent. Souscrivez-vous entièrement à son appel au dialogue ou bien vous pensez que c’est un Président qui a sa majorité parlementaire et qui a été élu par plus de 58% des Sénégalais, qui doit gouverner seul et que l’opposition n’a qu’à s’opposer ? Appeler l’opposition au dialogue ne veut pas dire demander à l’opposition de ne pas s’opposer. L’opposition va certes s’opposer, mais dans un pays il est toujours bon que les gens s’asseyent pour discuter des problèmes majeurs qui impactent l’avenir du pays. Nous constatons que l’opposition a souvent contesté des décisions prises à son insu et pourtant elle avait pour la plupart la possibilité de donner et défendre son point de vue à travers des dialogues souhaités par le Président. Peut-être que si l’opposition avait accepté de dialoguer, le Président n’aurait pas pris certaines des décisions contestées.
Je suis d’accord que certaines décisions, quelle que soit la légitimité qu’on a, on ne doit pas les prendre seul. Ça concerne tout un pays, sa vie, son avenir ; on doit associer toutes les Forces vives du pays, prendre les avis des uns et des autres ; ce que le Président a toujours voulu faire. Avant d’en arriver là, il faut que les responsables politiques installent un climat serein, et acceptent de discuter des problèmes du Sénégal pour l’intérêt des Sénégalais. Même sans dialogue, le Président va dans tous les cas prendre les décisions. Il a la légitimité et l’obligation de le faire sur toutes les questions d’intérêt national. Alors je leur conseille très fortement de répondre à l’appel du Président et de mettre sur la table leurs préoccupations. Certains partis de la majorité s’agitent pour réclamer plus de postes et vont même jusqu’à dire qu’ils auront leur candidat en 2024. Croyez-vous en l’avenir de Benno ou vous pensez que la coalition va imploser ? C’est tout à fait normal, j’ai suivi un peu. L’Afp dit qu’elle aura un candidat en 2024. Chacun de nous aura un candidat, mais qui sera ce candidat ?
Ça peut être le candidat d’une coalition qui s’appellera toujours Benno bokk yaakaar, comme ça peut être le candidat d’une autre coalition ou de l’Afp tout court. Ils n’ont pas précisé qu’ils auront un candidat militant de l’Afp, et même si c’est le cas c’est tout à fait normal. Mais je crois que la coalition va demeurer. Le Président Macky Sall, pour le peu que je connais de lui, dira que nous avons gagné ensemble, nous allons rester ensemble. Et je ne crois pas que les autres alliés aient intérêt à partir. Maintenant, s’ils ont des ambitions pour leur parti, ce qui est tout à fait légitime, ils pourront les faire valoir bien après. Eux, comme nous de l’APR, nous avons intérêt à rester ensemble. Les élections locales auront lieu en décembre. Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que vous soyez candidat à la mairie de Linguère, et quels sont vos rapports avec le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye ? Le prochain candidat de la coalition à la mairie de Linguère sera désigné par notre coalition, et nous trouverons le meilleur candidat pour la ville. J’ai de très bons rapports avec le ministre Aly Ngouille Ndiaye. Je profite de l’occasion pour le féliciter encore de la bonne organisation de l’élection présidentielle et féliciter le président de la République pour sa belle victoire. Aly Ngouille est le responsable politique de la coalition Benno bokk yakaar du département de Linguère et l’actuel maire de la ville. S’il n’est pas candidat à sa propre succession, nous allons choisir quelqu’un d’autre que nous croyons avoir le meilleur profil pour diriger la commune de Linguère. Et ce ne serait pas vous ? Je ne sais pas. Ça pourrait être moi ou quelqu’un d’autre.
Le plus important, ce n’est pas la personne. L’essentiel est qu’il faut qu’on sache que l’avenir de Linguère, c’est au-delà des considérations politiques. Nous souhaitons avoir quelqu’un qui soit capable de gérer cette ville et de la faire avancer. Vous pouvez avoir un bon profil politique, avoir tout ce qu’il faut, mais si l’on pense que vous n’êtes pas en mesure de présider aux destinées de la ville, on ne pourra mettre la ville entre vos mains. Qu’est-ce qu’on peut retenir en termes de réalisations dans le domaine des énergies renouvelables ? L’Aner existe depuis 2013 et beaucoup de réalisations ont été faites dans le sous-secteur des énergies renouvelables, sous la conduite du ministre du Pétrole et des énergies (Ndlr : Mansour Elimane Kane). D’abord au niveau des grandes centrales connectées au réseau, le Sénégal a déjà eu à installer 6 centrales solaires d’une puissance cumulée de plus de 140 mégawatts, et un projet d’une centrale éolienne de 150 mégawatts est en cours de réalisation à Taïba Ndiaye. Dans l’accompagnement du monde rural, nous avons eu à installer dans des villages isolés et non électrifiés, des kits solaires pour électrifier des bâtiments publics et communautaires, principalement les écoles, les cases des tout-petits, les postes de santé, les cases de santé, les lieux de culte, les postes de garde des eaux et forêts, de la douane, de la gendarmerie et de la police, etc. Nous avons également électrifié les postes au niveau du parc Niokolo Koba, le parc de Djouth. Nous avons aussi accompagné les femmes dans la transformation des produits halieutiques en leur installant des séchoirs solaires.
Il y en a au niveau des quais de pêche de Ziguinchor, de Sendou, de Kayar, de Saint-Louis et du Cap Skirring. Près de 100 pompes solaires ont également été installées dans la zone des Niayes pour les maraîchers, en remplacement des groupes motopompes pour réduire les charges d’exploitation et contribuer à la protection de l’environnement. Nous sommes en train de mettre en place un programme de remplacement des motopompes et électropompes dans la zone des Niayes, au niveau de la vallée du fleuve avec les riziculteurs et des bananeraies du Sénégal oriental. Dans le cadre de l’autoconsommation, nous avons eu à installer des mini-centrales solaires à la gouvernance de Ziguinchor et aux hôpitaux régionaux de Thiès, Ndioum, Tambacounda et Diourbel pour prendre en charge leur besoin en consommation d’énergie. Ces installations sont des pilotes d’un programme qui vise à installer au niveau de l’ensemble des bâtiments publics, des centrales solaires pour prendre en charge les besoins en consommation énergétique. Nous travaillons en partenariat avec le Fongip et les banques locales sur un projet d’installation de kits solaires au niveau des ménages urbains et périurbains. Le potentiel du pays en termes d’énergies renouvelables est-il important, moyen ou faible ?
Ça dépend du type d’énergie. Il y a l’énergie solaire, avec un grand potentiel réparti dans tout le Sénégal. Pour l’énergie éolienne, nous avons un bon potentiel à la Grande côte, entre Dakar et Saint-Louis où nous avons des vitesses de vent d’environ 6 mètres par seconde à 50 mètres de haut, ce qui permet une production rentable d’électricité. Nous avons également la biomasse, qui est bien présente au niveau de la Vallée du fleuve Sénégal, de la partie sud du pays, avec un potentiel moins important dans le reste du pays. Nous avons dans le domaine de la géothermie programmé des recherches avec des partenaires étrangers pour évaluer le potentiel. La marée motrice avec les vagues de la mer, les chutes d’eau, les cours d’eau présentent un potentiel hydroélectrique important. Les énergies renouvelables dont on a un potentiel avéré et exploité, c’est l’énergie éolienne, le solaire, la biomasse et l’hydroélectricité avec les barrages de Diama, de Manantali et de Kaléta. Est-ce que tout ce que vous faites pour aider à l’économie de l’énergie pour les services de l’Etat peut être considéré comme la contribution de l’Aner dans la mise en œuvre de la politique énergétique du pays ? La part de contribution de l’Aner dans la politique énergétique du pays va au-delà de l’économie d’énergie qui est particulièrement gérée par l’Agence pour l’économie et la maîtrise d’énergie (Aeme). Aujourd’hui nous sommes à plus de 20% d’énergies renouvelables dans la production électrique.
Mais au-delà de ces centrales connectées, il y a beaucoup d’autres installations hors réseau qui sont faites pour alimenter des bâtiments communautaires, des villages entiers ou pour développer l’autoconsommation. Des installations sont également faites pour développer des activités économiques telles que le pompage solaire, le séchage solaire, des plateformes solaires avec des équipements productifs, des unités de production, des unités de conservation, des moulins à mil, des menuisiers métalliques et bois ainsi de suite. La participation des énergies énergétique a facilité l’électrification rurale des zones enclavées et isolées. Cela a fortement contribué au taux d’électrification rurale au Sénégal. Le programme d’accompagnement des ménages urbains à installer des kits solaires pour prendre en charge leur besoin en consommation d’énergie va soulager la Senelec par rapport à la demande et réduire la facture d’électricité des ménages. Quelles sont les contraintes auxquelles vous faites face dans la mise en œuvre de vos missions ? Les contraintes majeures, c’est l’insuffisance des moyens financiers. Nous n’avons pas tout ce dont nous avons besoin pour réaliser tous les projets dans notre base de données. Mais néanmoins, on s’efforce à réaliser nos projets phare avec l’accompagnement de certains bailleurs. Pour le pompage solaire, on a pu faire un montage qui nous a permis d’installer près de 100 pompes solaires avec la CNCA comme banque partenaire, le Fongip comme institution partenaire pour apporter la garantie, le Padem, programme du ministère de l’Agriculture, pour l’appui à l’encadrement technique des maraîchers et l’Aner pour l’encadrement et l’accompagnement technique côté énergie.
Ces derniers mois, on avait parlé de l’installation de 50 000 lampadaires solaires. Où en êtes-vous avec ce dossier ? Pour ce dossier, nous sommes partis du constat que le pays était mal éclairé, avec environ 8 milliards de facture d’éclairage public par an, non payés par les collectivités locales. Il fallait trouver une solution pour bien éclairer au moins les villes sans augmenter la facture d’électricité des collectivités locales. C’est dans ce cadre que le président de la République a mis en place un programme d’installation des lampadaires solaires. Cette première phase concerne 50 mille lampadaires pour un besoin estimé à 236 mille lampadaires. Le projet est en phase de démarrage, une partie des lampadaires est déjà livrée à Dakar. Les villes concernées seront bien éclairées et l’avantage est qu’il n’y aura pas de facture à payer.
Le pays est entré dans des difficultés politiques quand les règles du jeu ont changé sur le terrain des élections - Aujourd’hui, l’exigence majeure est de revenir très clairement à un nouveau consensus
Au sortir du scrutin présidentiel du 24 février 2019, l’opinion publique a pris acte de la pos- ture des acteurs politiques, pouvoir et opposition. Tandis que ceux du pouvoir se félicitent des résultats issus, selon eux, d’une élection transparente et honnête, ceux de l’opposition, dont je suis, les rejettent au motif qu’ils ne reflètent pas l’expression du suffrage des Sénégalais. Toutefois, alors qu’elle se considère comme spoliée de sa victoire et était en droit de contester les résultats dans la rue, advienne que pourra, l’opposition, à l’unanimité de ses candidats, a opté pour la paix en dépit de multiples provocations. Cette attitude a été largement saluée notamment par cette haute instance de légitimation qu’est le Khalif général des mourides qui l’a caractérisée de grande victoire. Les très larges franges du peuple qui ont rongé leurs freins pendant de longues années, attendant sagement l’occasion, comme en 2012, de se choisir un (e) Président (e) de la République dans la transparence et la sincérité, et qui pouvaient naturellement être très frustrées, se sont globalement satisfaites du climat de calme qui caractérise le contexte post-électoral. Mais la question que tout le monde se pose est celle-ci : Et après ? on tourne la page des élections et chacun vaque à ses occupations jusqu’à la prochaine élection et c’est fini ? Le principal acteur devant répondre à cette question est le Président de la République. Il a annoncé son intention d’ouvrir un dialogue après son investiture par le Conseil constitutionnel. Que faut-il en penser ?
Il me semble qu’après la décision prise par l’opposition de ne pas engager la confrontation, le pouvoir se trouvait ipso facto interpellé. L’opinion publique et de nombreux milieux attendaient de lui une réaction à la hauteur de cette posture patriotique de sa-gesse et de retenue manifestée par l’opposition. Est-ce là la raison de l’annonce par le Président déclaré élu, d’un dialogue ? Ou est-ce un facteur parmi d’autres ? Laissons ces aspects aux politologues et autres observateurs, du moins pour l’instant. La question posée et à résoudre aujourd’hui est plutôt celle de savoir s’il faut prendre part, le cas échéant, au dialogue annoncé ou pas. Selon un célèbre dicton, un problème bien posé est à moitié résolu. Répondre à cette question commence donc par bien poser le problème en écartant certains à-priori. Tout d’abord refuser ou accepter un dialogue ne relève pas de raison de principe mais de question d’opportunité. S’il s’agissait de principe, Nelson Mandela ne se serait jamais assis avec Pieter Botha. L’un a fait 27 années de prison sous un régime personnifié par le second. Mandela, icône de la lutte africaine et planétaire contre l’apartheid recherchait, à partir de cette position, l’éradication du système après des décennies de résistance populaire. Plus près de nous, le Président Abdou Diouf et Maître Abdoulaye Wade ont accepté de s’asseoir et de dialoguer après que le premier a envoyé en prison le second, dès la fermeture des bureaux de vote en février 1988, avant même le décompte des voix. L’avènement au Sénégal de règles consensuelles de dévolution démocratique et pacifique du pouvoir en vigueur pendant un quart de siècle, provient précisément de ces événements de 1988. Cela nous a permis d’éloigner notre pays du spectre de la guerre civile résultant d’élections non fiables.
D’autres exemples pullulent dans le monde qui illustrent cette vérité selon laquelle accepter ou refuser de discuter avec un adversaire ou un ennemi relève d’une question d’opportunité et non de principe. L’opportunité renvoie aux éléments du contexte politique, économique, social, aux objectifs recherchés et aux perspectives qui s’offrent pour les atteindre. Lorsque l’analyse du contexte montre que s’asseoir avec l’autre pour discuter n’apporte rien quant aux objectifs, alors il n’y a pas opportunité. Sous ce rapport, l’analyse du contexte au lendemain des législatives de 2017, montrait nettement que l’objectif du pouvoir n’était pas de retrouver un consensus. Ce fameux dialogue, qui a d ’ailleurs fini par être boycotté même par la frange qui avait décidé d’y prendre part, n‘était qu’une modalité dans le processus global de chamboulement des règles de 1992. La preuve en est que le principal résultat déclaré issu de cette concertation, à savoir le parrainage, n’a été accepté par aucun des partis d’opposition qui y avaient pris part, à fortiori ceux qui l’avait rejetée. Il était donc juste en 2017 de s’abstenir de prendre part à ce qui n’était en son temps qu’un montage. Le même problème se pose aujourd’hui. Faut-il rejeter l’idée d’un dialogue avec le pouvoir ? il faut, me semble-t-il, appliquer la même méthode qu’en 2017, c’est-à-dire en évaluer l’opportunité sur la base du nouveau contexte et de notre objectif qui est de ramener le pays sur des règles consensuelles de dévolution démocratique et pacifique du pouvoir. Le régime en place ne peut pas, ou ne peut plus s’arc-bouter sur des règles non consensuelles pour organiser des élections. Tel est donc le nœud gordien qu’il faut trancher pour ouvrir de nouveau la voie à des élections crédibles. Tout refus ou tout atermoiement du pouvoir sur cette question capitale sera perçu tout naturellement par le peuple, seul juge, comme la preuve manifeste que l’appel au dialogue n’est pas sincère. Comment cependant éviter, le cas échéant, le piège de 2017 ? Il nous faut fixer trois repères :
• Premièrement : Les TDR (termes de références). Pour aller vite : Que nous faut-il faire pour retrouver des règles permettant d’avoir des élections sans contestations sérieuses ?
• Deuxièmement : Qui doit modérer les discussions ? L’opposition doit être partie-prenante dans le choix du ou des facilita- teur (s) comme en 1991-92 avec le juge Kéba Mbaye et son équipe et, en 1997, avec le Pro-fesseur Diaïté et son équipe. Il est vrai, hélas, que ces illustres personnalités ne sont plus de ce monde (qu’Allah swt les ac- cueille dans les jardins de fir- daws), mais le peuple Sénégalais compte d’éminents fils pouvant parfaitement faire l’objet d’un large consensus autour de leur personne pour leur honnêteté, leur courage, leur sens de l’entregent, en sus d’une bonne connaissance du personnel politique, pouvoir comme opposition.
• Troisièmement : La destinée des conclusions. Dans la plateforme du FRN, il est dit que le Président doit s’engager à appliquer et faire appliquer rigoureusement les conclusions consensuelles. Comme le fit le Président Diouf en son temps. « Je n’y changerai pas une virgule ». Il avait respecté sa parole. Il me semble que ces indications peuvent servir de grille de lecture du niveau de lucidité politique de celui qui appelle au dialogue et de sa volonté de tourner la page de ces longues années de confrontations. Il demeure évident que, dans ce contexte, toute l’opinion nationale et internationale s’attend à voir Karim Wade et Khalifa Sall recouvrer leurs droits injustement spoliés. Ces deux cas ne devraient donc ni faire l’objet, ni être le prétexte du dialogue. Il s’agit plutôt d’une attente nationale et internationale, juridictionnelle et politique à satisfaire.
Concluons : le pays est entré dans des difficultés politiques quand les règles du jeu ont changé sur le terrain des élections. Je rappelle que de 1960 à 1993 jamais une élection ne s’est tenue dans les conditions optimales de transparence et de sincérité au Sénégal, mais les acteurs de l’époque ont lutté sans relâche, accumulant échecs et succès, jusqu’au consensus de 1992. Aujourd’hui, l’exigence majeure est de revenir très clairement à un nouveau consensus. Si cela n’est pas possible, il ne restera qu’à poursuivre et intensifier la lutte, comme l’avaient fait nos devanciers, jusqu’à ce que ce soit de nouveau possible. Donc dans ma compréhension, il ne peut être question d’entrer dans un quelconque gouvernement ou une quelconque com- promission que ce soit, mais de faire bouger les lignes sur cette question vitale du système électoral. Macky Sall a travaillé pendant 7 ans à «réduire l’opposition à sa plus simple expression», selon ses propres termes sans y parvenir, bien au contraire.. De son côté, l’opposition n’a pas non plus réussi à le déloger pour les raisons que nous connaissons tous. Lorsqu’un pays en arrive à cette situation, le courage politique au vrai sens du terme consiste à mettre les égos de côté pour trouver les solutions idoines aux problèmes posés. Le peuple qui n’a pas compris l’opposition en 2017 lorsque celle-ci a rejeté l’appel au dialogue du pouvoir, serait satisfait d’un retour à la normale si cela advenait à l’issue de discussions.
Si par contre, il découvrait à la pratique, que les craintes de l’opposition étaient somme toute justifiées, alors il ferait indubitablement corps avec ses franges réellement démocratiques et patriotiques pour poursuivre le combat à la manière du peuple algérien jusqu’au retour à un consensus sur les règles du jeu. Cette position me semble en adéquation avec la posture post-électorale de sagesse et de retenue de l’opposition sénégalaise largement saluée et magnifiée dans et hors de nos frontières. Il reste que l’unité la plus large de celle-ci - dans le respect des différences - dans la défense ferme et résolue de sa plateforme, est le garant de son succès. Aucune échappée solitaire ne sera salutaire. Vaincre ensemble ou périr séparément.
Mamadou Diop Decroix est député à l’Assemblée nationale, Secrétaire Général d’And-Jëf/Pads