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15 août 2025
«L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR A ENREGISTRE DES RECULS INQUIETANTS»
Oumar Dia, invite les autorités à l’achèvement de tous les chantiers en cours, la fin de l’orientation des bacheliers dans le privé, la suppression des UVS ou, à défaut, sa réorientation vers des profils plus adaptés que ceux des nouveaux bacheliers.
L’enseignement supérieur et la recherche a enregistré «des grands reculs inquiétants» en sept ans. C’est conviction Secrétaire général du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/Enseignement supérieur et de la recherche (Sudes/Esr), Oumar Dia qui doute même de l’effectivité des 430 milliards annoncés publiquement en 05 ans. M. Dia relève aussi une dégradation des conditions de travail (déficits d’infrastructures, de personnels et de budgets) et une gouvernance remettant en cause l’autonomie des universités publiques. Au détour d’un entretien, le syndicaliste invite les autorités à l’achèvement de tous les chantiers (universités et ISEP) en cours, la fin de l’orientation des bacheliers dans le privé, la suppression de l’Université virtuelle du Sénégal (U.V.S) ou, à défaut, sa réorientation vers des profils plus adaptés que ceux des nouveaux bacheliers.
Quel bilan tirez-vous du septennat de Macky Sall sur la gouvernance de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ?
Le premier mandat du Président Macky Sall, contrairement à ce que clame son Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (M.E.S.R.I), est un mandat qui s’est caractérisé par des reculs inquiétants dans le secteur de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Pendant le premier mandat du président Macky Sall, son gouvernement s’était publiquement engagé à investir 430 milliards en 05 ans dans l’Enseignement supérieur et la recherche ; ce qui, d’après lui, représente 2,5 fois l’investissement total dans le secteur entre 1960 et 2012. Au vu des résultats modestes obtenus en 07 ans, voire des grands reculs enregistrés, le Sudes/esr doute de l’effectivité de tels investissements dans le secteur. Le constat du Sudes/esr, c’est que le premier mandat du président Macky Sall s’est caractérisé par une grave dégradation des conditions de travail dans l’Enseignement supérieur et la recherche (déficits d’infrastructures, de personnels et de budgets) mais aussi par un recul sans précédent de la gouvernance du secteur (nouvelle loi remettant en cause l’autonomie, actes illégaux et abus de pouvoir de la part de certains recteurs).
«C’est que le premier mandat du président Macky Sall s’est caractérisé par une grave dégradation des conditions de travail»
La détérioration des conditions de travail dans l’Esr : c’est pendant le premier mandat du président Macky Sall que, pour la première fois dans l’histoire du Sénégal, l’effort d’augmentation réelle des infrastructures n’a pas été proportionnel à celui de l’augmentation des effectifs des bacheliers. Alors que le ratio préconisé par l’OCDE est d’un (01) enseignant pour douze (12) étudiants, celui de l’UNESCO un (01) enseignant pour vingt-six (26) étudiants, au Sénégal la moyenne nationale est d’un (01) enseignant pour soixante-sept (67) étudiants avec des variantes pouvant aller jusqu’à un (01) enseignant pour cent trente-sept (137) étudiants à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Cheikh Anta Diop. Une étude du Sudes/esr montre qu’il faut recruter au moins 500 enseignants-chercheurs par an pendant 05 ans pour se hisser au niveau de la norme UNESCO. En plus de ce déficit en personnel enseignant et de recherche, le Sudes/esr déplore également les déficits en infrastructures et en budgets des universités. Malgré la forte augmentation des effectifs des bacheliers, aucune nouvelle infrastructure universitaire d’envergure n’a pu être entamée et achevée entre 2012 et 2018. Les budgets des universités (malgré la très forte massification) n’ont pas connu d’augmentation significative non plus. Ce qui a occasionné un impact négatif non seulement sur l’efficacité interne (taux de réussite) et externe (taux d’insertion du peu de diplômés produits par les universités) mais aussi sur l’autre mission fondamentale de l’université, à savoir la recherche.
Le premier mandat du président Macky Sall s’est aussi caractérisé par un recul dans la gouvernance du secteur de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Avec la nouvelle loi sur les universités publiques, elle a consacré l’avènement, à la tête des universités, de conseils d’administrations constitués majoritairement de personnels non académiques et délibérant sur des questions pédagogiques et scientifiques. Ce qui est une remise en cause de l’autonomie pédagogique et scientifique des universités. Un autre signe de recul dans la gouvernance des universités a trait aux prises d’actes illégaux et aux cas d’abus de pouvoir de la part de certains recteurs qui, mêmes condamnés par la Cour suprême, persistent dans leur refus de respecter la loi de la République.
Le président Macky Sall, réélu, va bientôt procéder à la formation d’un nouveau gouvernement. Quelles sont vos attentes ?
Face à la dégradation des conditions de travail dans l’enseignement supérieur et au recul dans la gouvernance du secteur, le Sudes/esr attend de Macky II l’achèvement de tous les chantiers (universités et ISEP) en cours, la fin de l’orientation des bacheliers dans le privé, la suppression de l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) ou, à défaut, sa réorientation vers des profils plus adaptés que ceux des nouveaux bacheliers, un plan Marshall de recrutement d’au moins cinq cent (500) enseignants-chercheurs et chercheurs par an et la mise en place d’un financement conséquent de la recherche pour assurer l’indépendance scientifique du pays. Nous prônons une révision de la loi cadre sur les universités publiques en vue de préserver leur autonomie gravement menacée et la notification aux recteurs que leur responsabilité personnelle sera engagée dans tous les cas avérés de prise d’actes illégaux ou d’abus de pouvoir pouvant conduire à la condamnation de leurs universités.
«Nous prônons une révision de la loi cadre sur les universités publiques en vue de préserver leur autonomie gravement menacée»
Le Président peut-il, dans le cadre de son deuxième mandat, achever tous les chantiers en cours et mettre complètement en œuvre les conclusions de le Cnaes?
Pour le Sudes/esr, le président de la République peut bien, dans le cadre de son deuxième mandat, terminer tous les chantiers en cours et mettre complètement en œuvre les conclusions de la Cnaes. Des infrastructures moins importantes et moins vitales pour le pays que le Centre de conférence international Abdou Diouf (Cciad) de Diamniadio qui a coûté 80 milliards au contribuable sénégalais a été réalisé en 10 mois. Lors de la pause de la première pierre de l’Université Amadou Mahtar Mbow de Diamniadio en mars 2015, le président Macky Sall avait lui-même reconnu que le Cciad était la preuve que l’Uam pouvait être réalisé en un temps record. Ayant cru à cet engagement du président Macky Sall, le Sudes/esr s’attendait à ce que l’Uam soit livré au plus tard en octobre 2016. À ce jour, les travaux de cette université sont très peu avancés et presque à l’arrêt. Entre temps, l’État a entamé et fini de réaliser d’autres infrastructures très coûteuses et moins importantes pour le pays comme l’Arène de lutte de Pikine (32 milliards) et l’Arena stadium (50 milliards). Pour le Sudes/esr donc, rien n’empêche l’achèvement des infrastructures entamées depuis 2012. Tout dépend de la volonté politique du président Macky Sall de le faire. De même pour ce qui est de la mise en œuvre complète des recommandations de la Cnaes. Sur cette dernière question précisément, le Sudes/esr est surpris par le très peu d’empressement du gouvernement à mettre en œuvre les décisions présidentielles sur l’enseignement supérieur et surtout celle relative à la réorientation du système vers les formations professionnelles courtes, avec au moins un Institut supérieur d’enseignement professionnel (ISEP) dans chaque région.
Quelles sont alors les priorités du Sudes/esr en 2019 ?
La suppression du fonds national de solidarité pour les retraités qui est de fait précaire et aléatoire et son remplacement par une pension digne pour tous. L’exécution des arrêts de la Cour suprême remettant en cause leurs actes illégaux et leurs abus de pouvoir par les recteurs de l’Université Assane Seck de Ziguinchor et Cheikh Anta Diop de Dakar constituent nos principales priorités pour 2019.
«La suppression du fonds national de solidarité pour les retraités»
S’y ajoutent la revalorisation de la prime de recherche de trois-cent mille (300000) francs cfa par an à un million cinq cent mille (1500000) francs cfa par an, la revalorisation du perdiem de voyage d’étude à l’étranger, de seize mille trois-cent quatre-vingt-treize (16393) francs cfa par jour à cent cinquante mille francs (150000) francs par jour. Le respect du droit au voyage d’étude pour les nouveaux collègues après deux ans révolus à la date du 31 juillet par le Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop. Des mesures spéciales et urgentes en faveur de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Cheikh Anta Diop et la fin des discriminations sexistes (ENSETP et CESTI) à l’Université Cheikh Anta Diop.
LE NAVIRE N'A QU'UN SEUL CAPITAINE ET C'EST MACKY SALL
Hamady Dieng, leader de la Rampe exhorte le président de la République à s’organiser pour prendre en charge les préoccupations des Sénégalais, surtout ceux de l’intérieur du pays
Depuis la réélection de Macky Sall avec 58,26%, les commentaires vont bon train sur les ambitions affichées ou pas de certains responsables de l’Apr.
La Rencontre des acteurs et des mouvements pour l’émergence (Rampe) tient à rappeler aux Apéristes que l’urgence est ailleurs. «Le navire n’a qu’un seul capitaine, et c’est Macky Sall. Il n’y a qu’un seul mandat qui lui reste, il a les mains libres. Rien ne le lie. Il va créer les conditions pour faire avancer le Sénégal et les Sénégalais», a dit le président de ce mouvement affilié au parti présidentiel.
Pour Hamady Dieng, cela est «absolument possible» avec l’avènement du gaz et du pétrole. C’est pourquoi, vu la «délicatesse» de la production de ces ressources, il appuie l’appel au dialogue lancé par Macky Sall aussitôt après la proclamation des résultats définitifs. «Il faut s’ouvrir, écouter les Sénégalais, pas seulement les politiques», plaide-t-il. Par ailleurs, le
coordonnateur de la Rampe a salué la «clarté du processus électoral, la maturité des Sénégalais le jour du vote et le professionnalisme de l’administration des forces de sécurité». Et alors qu’un 3ème mandat est agité, il souligne que le seul débat reste la solution aux préoccupations des Sénégalais. «Tout autre débat n’est que de la zizanie, de la torture intellectuelle», dit-il, rappelant «la Constitution a fondamentalement réglé cette question».
Le leader de la Rampe exhorte, donc, le président de la République à s’organiser pour prendre en charge les préoccupations des Sénégalais, surtout ceux de l’intérieur du pays qui «l’ont réélu». «Il faut créer les conditions objectives pour régler les problèmes de l’école, de la santé, de l’électricité, de l’eau. Prendre en charge les préoccupations des jeunes et particulièrement des femmes», a listé Hamady Dieng.
ILS SONT EN PERTE DE VITESSE ET DE REPÈRES
‘’C’est parce qu’ils se sentent menacés qu’ils parlent de réunification ou de retour de Khalifa Sall et autres.’’ - Les précisions de Moustapha Dieng de la coordination des jeunes khalifistes
La coordination des jeunes khalifistes du département de Koumpentoum n’a pas attendu longtemps pour réagir à l’appel du Parti socialiste de voir les dissidents regagner la maison.
«C’est parce qu’ils se sentent menacés qu’ils parlent de réunification ou de retour de Khalifa Sall et autres. Qu’ils sachent qu’on n’acceptera pas d’être tués par les mêmes personnes qui, ensuite, voudraient procéder à nos funérailles. C’est une cause perdue d’avance», avertit Moustapha Dieng, Secrétaire général des jeunes khalifistes. Selon lui, si aujourd’hui, Tanor et Cie pensent aux retrouvailles de la famille socialiste, c’est parce qu’ils sont «conscients que leur compagnonnage dans le Benno tire vers le clash et qu’ils sont vomis par les populations». Ces fidèles de l’ancien maire de Dakar ont, comme Barthélemy Dias hier, convoqué Nelson Mandela : «Quand tu t’es battu si dur pour te remettre debout, ne retourne jamais vers ceux-là qui t’ont mis à terre.»
M. Dieng et ses camarades sont formels : «Nous ne regarderons plus avec eux dans la même direction. Nous appelons les responsables au sommet à ne pas accorder du crédit à cet appel aux desseins inavoués. Ce n’est pas parce que les intérêts du Ps sont aujourd’hui en jeu qu’ils veuillent parler de retrouvailles. Combien de temps aura passé Khalifa en prison sans un quelconque sentiment de compassion de ces actuels faiseurs de bruit. Qu’ils assument leurs actes devant l’histoire et la postérité, et puis c’est tout.»
PAR YORO DIA
LES DEUX POUMONS DE LA DÉMOCRATIE
L’opposition et son chef doivent avoir leur place dans le protocole de la République, parce que le chef de l’opposition est le deuxième choix des Sénégalais après le président de la République
Un être humain a besoin de deux poumons pour respirer. Une démocratie aussi. Les deux poumons de la démocratie sont la majorité et l’opposition.
Le débat sur le statut de l’opposition illustre à merveille comme la classe politique adore user des armes de distraction massive pour ne pas se pencher sur les questions essentielles.
A la fin des années 1990, avant notre première alternance démocratique, le président de la République Abdou Diouf avait nommé le Professeur de Droit constitutionnel El Hadj Mbodj, médiateur pour le statut de l’opposition et le financement des partis politiques. Le Pr Mbodj s’inspira de beaucoup de modèles, comme celui du Canada et de la Grande Bretagne et remit au Président de la République un rapport d’une grande qualité sur ces deux questions. Le Pr Mbodj en était arrivé à la conclusion que le statut du chef de l’opposition existait de fait mais qu’il fallait le «routiniser».
C’était il y a vingt ans. Vingt ans après, on en revient au même débat. Notre classe politique nous enferme dans une sorte de mythe de Sisyphe. Un éternel recommencement, comme ce débat à chaque élection, sur le fichier électoral. Depuis l’ouverture démocratique partielle de Senghor dans les années 70, avec les quatre courants, et le multipartisme intégral de Diouf en 1981, l’opposition existe dans notre système politique. Elle existait aussi du temps de la démocratie des 4 communes. Elle n’a jamais été clandestine. Donc, retournons 20 ans en arrière pour constater qu’il y a de fait un statut de l’opposition, mais il faut le «routiniser ».
«Routiniser», c’est-à-dire l’accepter comme une routine dans l’espace de la République. C’est ce que nous n’avons jamais su faire, même si paradoxalement, l’alternance est devenue la «respiration de notre démocratie», même si nous avons d’anciens opposants au sommet de l’Etat et un ancien président de la République et des anciens Premiers ministres dans l’opposition. «Routiniser» le statut de l’opposition et de son chef, veut dire aujourd’hui urbaniser et civiliser les relations entre la majorité et l’opposition, et mettre fin aux guerres puniques sénégalaises, qui sont avant tout des conflits et règlements de comptes personnels.
L’opposition et son chef doivent avoir leur place dans le protocole de la République, parce que le chef de l’opposition est le deuxième choix des Sénégalais après le président de la République. Le président de la République se doit aussi de le consulter sur les grandes questions qui engagent l’avenir de la Nation.
C’est ainsi que Winston Churchill, le Premier ministre britannique, convia Clement Attlee, le chef de l’opposition, à la conférence de Potsdam de juillet 1947, qui devait le réunir avec Truman des Etats-Unis, et Staline de l’Union soviétique. Churchill voulait qu’il n’y ait pas de rupture dans la défense des intérêts de la Grande Bretagne en cas d’alternance. Quelle grandeur ! Quel sens de l’Etat ! Effectivement, Churchill perdit les élections et Attlee revint à la conférence en tant que Premier ministre, alors qu’il y était convié quelques jours auparavant en tant que chef de l’opposition. Ce niveau d’urbanités n’est possible que pour des gentlemen.
Et nos hommes politiques ne sont pas des gentlemen, parce que le débat politique est trop personnalisé et trop violent. Le meilleur texte n’est rien sans les acteurs et ce sont les acteurs le problème. Si on parvient à «routiniser» le statut de l’opposition et de son chef, on se rend vite compte que l’idée d’un gouvernement fantôme, «shadow cabinet», de l’opposition, n’est pas une si mauvaise idée. Soyons clairs, le shadow cabinet ne veut pas dire gouvernement parallèle. Le shadow cabinet vise à préparer l’opposition à exercer le pouvoir.
Ainsi, le chef de l’opposition se prépare à être Président et dans chaque secteur, il va avoir un spécialiste pressenti à exercer les fonctions de ministre en cas de victoire. Ce qui fera que l’alternance politique ne signifiera pas forcement rupture dans le fonctionnement des affaires. C’est parce que souvent l’opposition ne prépare pas son arrivée au pouvoir qu’après les alternances, nous avons beaucoup de tâtonnements avant que le nouveau pouvoir ne capitule devant la toute-puissance de la technostructure administrative. Aujourd’hui, à part le colonel Kébé, Secrétaire national à la Défense, donc probable ministre des Forces armées si Idrissa Seck devient Président, on ne voit nulle part les spécialistes de l’opposition sur les questions économiques, de politique extérieure ou de défense. Alors que ces questions sont vitales pour notre pays.
Quand on est voisin du Mali, un pays où le chef des services de renseignements, fête ses 50 ans en grande pompe avec Fally Ipupa et Sidiki Diabaté, alors que le pays a été sauvé de la partition par une intervention étrangère, opposition comme majorité devraient se pencher sur la sécurité et la défense de notre frontière orientale. Au Mossad israélien, on apprend aux agents que leur travail est vital pour la survie d’Israël, car un «bon renseignement vaut une division d’infanterie». Et l’histoire des guerres israélo-arabes confirme ce fait. Même si c’est anecdotique, le comportement du chef des services de renseignements du Mali, montre l’écart entre la gravité de la situation dans ce pays et l’insousciance de ses élites.
Etant donné que les Français et le G 5 ne resteront pas éternellement et au vu l’insouciance des élites maliennes, le temps joue en faveur des islamistes et des Touaregs. Nos hommes politiques devraient être jugés aussi sur ces questions, parce que le Mali pour nous n’est pas une question de politique extérieure, mais une question de sécurité nationale. Sans l’opération Serval, on aurait les jihadistes à nos frontières.
La menace se rapproche. Elle était au Nord, elle est maintenant au Centre. Si l’Etat malien s’effondre encore, on les aura à nos frontières. Gouverner c’est prévoir, mais «défendre c’est prévenir», tous nos grands partis politiques ont des spécialistes du code électoral. Il est temps qu’ils cherchent aussi des spécialistes de cette question, entre autres.
«DU MOMENT OU LE PRESIDENT N’A PAS ENCORE PRETE SERMENT…, C’EST LE STATU QUO»
Pour le professeur Momar Thiam, la situation qui prévaut au Sénégal en cette période post électorale est anormale et pour y parer, c’est au président nouvellement réélu de montrer la voie à suivre.
Trois semaines après la proclamation définitive des résultats du scrutin du 24 février 2019 par le Conseil constitutionnel désignant Macky Sall vainqueur au premier tour avec 58,26% des suffrages, le président élu est dan l’obligation d’attendre jusqu’au 02 avril prochain pour faire sa prestation de serment et ainsi former son nouveau gouvernement. De l’avis de Momar Thiam, expert en communication politique et Dg de Heic, ce «retard» s’expliquerait par la tradition républicaine de fixer une date pour la prestation de serment du président nouvellement réélu. Par ailleurs, il juge cette situation anormale et avance que c’est au président de montrer la voie à suivre.
Pour le professeur Momar Thiam, la situation qui prévaut au Sénégal en cette période post électorale est anormale et pour y parer, c’est au président nouvellement réélu de montrer la voie à suivre. Même s’il admet que c’est la tradition républicaine qui fait qu’un président élu se voit fixer une date pour sa prestation de service, le spécialiste en communication politique n’y va pas par quatre chemins pour proposer des solutions à ce qu’il nomme «un désert politique».Il est d’avis que «la première sortie du président réélu, c’est d’appeler au travail », même si, soutient-il, «j’admets que c’est bien d’appeler au dialogue», faisant allusion à l’appel au dialogue du président vers l’opposition, le 07 mars, jour de la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle. Selon Momar Thiam, en lançant cette invite au peuple, le président «fait comprendre que le travail continue, pour faire mieux ».Et cela aurait permis aux services publics et aux ministères en premier de s’adonner à la tâche, parce qu’ il y va de l’intérêt des citoyens », souligne-t-il. Ensuite, poursuit le professeur, «il faut faire comprendre autant au personnel politique, aux membres du gouvernement qu’aux détenteurs du service public que la continuité du service public est un temps». Pour Momar Thiam, c’est pas parce que le président est nouvellement réélu que tous «ceux qui doivent faire fonctionner le service public doivent être dans un attentisme total», dénonce l’expert en communication politique.
« Ce statu quo s’explique par les carences du personnel politique qui n’a pas le sens de la chose publique»
Revenant sur l’inertie des politiques, Momar Thiam constatera qu’effectivement, «à partir du moment où le président n’a pas encore prêté serment, et que l’ensemble du personnel sait qu’il va y avoir la constitution d’un nouveau gouvernement, c’est un peu le statu quo». Poursuivant son analyse, il explique que cela ne devrait pas être pour la bonne et simple raison qu’il y a ce qu’on appelle «la continuité du service public qui voudrait que même si le président annonce qu’il y avoir un remaniement, que les ministères, les agents et les institutions de la République continuent de fonctionner normalement». Et c’est tout le mal de «notre démocratie», se désole le professeur qui fait savoir que deux raisons expliquent cette situation. Souvent, «on a un personnel politique qui n’a pas le sens de la chose publique». Parce qu’au cas contraire, soutient Momar Thiam, la continuité de l’Etat serait un sacerdoce. « Même s’il arrive qu’on dise à un ministre qu’on va vous remplacer demain, celui-ci doit faire son travail jusqu’au moment où il doit être remplacé ». De l’avis du Dg du Heic, « le sens de la chose publique voudrait que les institutions et les agences qui sont rattachées au ministère continuent à fonctionner normalement parce qu’un Etat n’a pas à s’arrêter de fonctionner parce que le président nouvellement élu n’a pas encore prêté serment, et que le gouvernement n’est pas mis en place ». L’autre raison avancée par M.Thiam, c’est que «malheureusement, ceux qui contribuent à créer ce statu quo aussi au-delà d’avoir le sens de la mission de service, n’ont pas le sens de la chose publique». Il avancera que ces deux notions différentes (le sens du service public et de la chose publique-Ndlr), devraient faire l’objet de toute une culture. Pour lui, cette culture de la chose publique voudrait que même un «ancien Premier ministre occupe un poste de simple ministre, si le besoin se fait sentir. Mais vous ne verrez jamais un ancien Premier ministre chez nous et même quelque part en Afrique redevenir un simple ministre. Et c’est une question de culture républicaine qui fait défaut dans notre République», dénonce Momar Thiam.
«La co-responsabilité des médias, détenteurs de l’agenda politico-médiatique»
Pour Momar Thiam, depuis la réélection de Macky Sall à la magistrature suprême, le landerneau politique est pollué par deux facteurs : le débat autour d’un troisième mandat pour Macky Sall qui n’a même pas entamé le second, mais aussi la constitution du nouveau gouvernement. Sur ces sujets à polémique, Momar Thiam « indexe un peu la coresponsabilité des médias», qui sont d’après lui «détenteurs de l’agenda politico-médiatique». Et du coup, arguera-t-il, le personnel politique fait du suivisme et justement dans cette atmosphère de suspicion, «au lieu de travailler, ils sont tous (les politiques-Ndlr) chez les marabouts pour essayer de sauvegarder leur poste », dénonce notre interlocuteur. Et de poursuivre en soutenant qu’il y a autant la «responsabilité du personnel politique par manque de culture républicaine et de manque de service public », le tout corrélé à la coresponsabilité des médias qui dirigent le débat politico- médiatique. Et pour M.Thiam, tout cela continue à polluer la chose publique de sorte que les citoyens n’ont plus d’interlocuteurs au niveau des ministères et des agences. Ce qui n’est pas sans conséquence, à en croire le professeur qui explique que le «premier effet induit, c’est d’abord le ralentissement du service public parce qu’on est en mal d’interlocuteur». Quand au deuxième effet induit, Momar Thiam révèle que cela «déteint même sur le second mandat du président». La preuve, «c’est le débat autour du 3ème mandat, le remplacement supposé ou non de Moustapha Niasse au niveau de l’hémicycle ». Pour l’analyste, cela pollue complètement l’atmosphère politique de sorte que les citoyens, au lieu d’avoir en face d’eux un personnel ou des directeurs généraux qui s’occupent d’eux, se retrouvent un peu dans un «désert ambiant pollué par un débat politique qui constitue un frein au développement des services publics. Donc, le citoyen est lésé», se désole M.Thiam.
LE PARTI SOCIALISTE N'A JAMAIS TENDU LA PERCHE A QUI QUE CE SOIT
Les précisions de Kadialy Gassama sur l’appel au retour des exclus
Le socialiste Kadialy Gassama apporte des précisions par rapport à l’appel du Secrétaire national du Parti socialiste à Khalifa Sall, Aïssata Tall Sall et Cie, leur demandant de regagner les rangs du Parti. Selon le membre du Bureau politique, il n’a jamais été question de demander à leurs anciens camarades exclus «de revenir, encore moins de leur tendre une perche».
«Quand tu t’es battu si dur pour te remettre debout, ne retourne jamais vers ceux qui t’ont mis à terre !». Tels sont les propos Barthélémy Dias, l’édile de Mermoz Sacré-Cœur qui semblait débouter le Parti socialiste suite à la main tendue de son Secrétaire général à ses anciens camarades exclus de cette formation politique de Senghor. Seulement, Dias-fils semble ne pas comprendre la démarche de son ancien Parti.
Par une mise au point faite hier, Kadialy Gassama déclare : «Barthélemy Dias et Aba Mbaye, qui n’ont jamais rien compris au socialisme, voudraient profiter de l’occasion, après leur énième défaite électorale, pour se rappeler injurieusement au bon souvenir des Sénégalais.»
A en croire ce membre du Bureau politique du Ps, «le Parti n’a jamais mentionné une quelconque directive demandant aux anciens camarades exclus de revenir, encore moins tendu une perche à qui que ce soit».
Tout de même, il souligne : «Après avoir entendu certains camarades revenants qui étaient en rupture de ban, dont le camarade Banda Diop, maire de la Patte d’oie, qui avait demandé que le Parti soit ouvert à tous ceux qui ont l’intention de revenir, le Ps ne peut que saluer leur courage politique, leur souhaiter la bienvenue et ouvrir ses portes à ceux qui se sont amendés et voudraient retourner à la maison mère.»
TOUS DANS L’EXPECTATIVE
Le président réélu doit mettre plus d’un mois, pour prêter serment, puis former son nouveau gouvernement - Une attente relativement longue, propice à des supputations et attaques entre responsables de même formation politique
Réélu depuis le 24 février et confirmé par le Conseil constitutionnel le 7 mars dernier, le président doit mettre plus d’un mois, à savoir le 2 avril prochain, pour non seulement prêter serment, mais surtout pour former son nouveau gouvernement. Une attente relativement longue qui laisse presque tous dans l’expectative, limitant ainsi le travail des cabinets ministériels à produire des rapports de synthèse et à gérer les affaires courantes, tout en évitant de prendre de nouvelles initiatives. Un temps propice aussi aux attaques entre responsables de même formation politique.
Le président de la République, Macky Sall, réélu à la tête du pays pour 5 ans depuis le 24 février dernier, ne prêtera serment que ce 2 avril, soit plus d’un mois après sa reconduction à la magistrature suprême. Lors du Conseil des ministres du 27 février dernier, le président Macky Sall avait instruit le Premier ministre, Boun Abdallah Dionne, «de faire prendre toutes les dispositions, en relation avec les services compétents de l’Etat, pour la bonne préparation de l’installation du Président de la République élu à l’issue du scrutin du 24 février 2019».
Depuis lors, rien n’a filtré sur le futur gouvernement qui sera formé après la prestation de serment de Macky Sall. Une situation qui place l’ensemble des ministres dans l’expectative, car ne sachant pas s’ils seront reconduits ou pas. Des informations glanées çà et là font état d’un arrêt des travaux dans les ministères pour ne gérer que les affaires courantes. Ce que semblent confirmer certains agents travaillant dans certains ministères. Pour eux, il est tout à fait normal que chaque ministre fasse son rapport de synthèse. Ledit rapport doit porter, entre autres, sur l’état des activités menées, les crédits engagés, ou encore l’état du parc automobile, etc. Bref, il est question, selon eux, de préparer la passation de service et se préparer à toute éventualité. Ce qui ne militerait pas dans le sens de prendre de nouvelles initiatives, dès lors que les ministres ne savent pas s’ils seront reconduits ou remerciés.
Un autre de préciser, par contre, que pour ce qui concerne le ministère dans lequel il officie, l’ensemble des 11 directions fonctionnent normalement. Il informe que le service démarre à l’heure, le ministre poursuit ses audiences, les courriers sont traités, tout comme les réunions de coordinations, suspendues à cause de la campagne électorale, qui ont repris de plus belle. Donc, pour lui, cette longue attente du prochain gouvernement n’influe pas directement sur le travail des directions qui sont gérées par des fonctionnaires. Pour lui, leur travail n’est pas directement lié à la nomination d’une personne à la tête de leur ministère. Pour autant, il accepte à ce niveau qu’il peut arriver que certains dossiers, liés directement au cabinet du ministre, une structure politique, puissent connaitre certaines lenteurs. Mieux, il dit comprendre que les ministres ne prennent pas certaines initiatives, dans la mesure où ils ne savent pas si ces questions seront prises en charge par leurs successeurs.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette attente de plus d’un mois relativement longue a fini d’installer la psychose et le malaise au sein des ministères. Dès lors que rien n’a encore filtré sur la composition du nouvel attelage gouvernemental de Macky Sall, tous les ministres sont à l’écoute. Une attitude qui du reste bloque tant soit peu le pays, sur bon nombre de domaines, car aucune initiative n’est prise par ces ministres en attente. Au-delà de cette atmosphère qui règne dans les ministères, le malaise a gagné les partis politiques, ou du moins l’Alliance pour la République (Apr) où une guerre fratricide se mène par médias interposés, notamment avec les tentatives de décrédibiliser certaines personnalités. Cela, dans le but d’écorner leur image et de se faire une place au soleil. Quid alors de la traite des marabouts, surtout quand on connait nos réalités africaines, pour ne pas dire sénégalaises ?
LA CONSOLIDATION DE BBY EST LE MEILLEUR GAGE DE STABILITE POUR LE PAYS
Le Parti socialiste et ses alliés souhaitent la poursuite du compagnonnage de la coalition présidentielle
Le Parti socialiste et ses alliés souhaitent la poursuite du compagnonnage de la coalition présidentielle.
Dans un communiqué, Benno ak Tanor «réaffirme son engagement et son ancrage dans la coalition Benno bokk yaakaar et considère que sa consolidation est le meilleur gage de stabilité pour le pays et constitue la garantie nécessaire à la poursuite de la mise en œuvre de la deuxième phase du PSE, le Pap 2». Cette sous-coalition de Bby a accordé une «mention spéciale» à son président, Ousmane Tanor Dieng, pour «la qualité de son management et de son leadership depuis 2012, qui ont permis de faire de la coalition, une véritable force tranquille, consciente de sa responsabilité historique dans le combat pour la consolidation des acquis démocratiques au Sénégal et la stabilité du pays». Tanor et ses alliés considèrent, par ailleurs, que la dissolution de l’Assemblée nationale et le couplage des élections locales et législatives «ne présentent aucun intérêt pour le Sénégal, ni sur le plan du renforcement de la démocratie ni sur la crédibilité des institutions».
Dans ce sens, ils invitent les membres de Bby et de la majorité présidentielle à «faire preuve de plus de sérénité, de solidarité et de favoriser le dialogue et la concertation au sein des instances de la grande coalition». Selon eux, l’intérêt de la coalition au pouvoir est de «maintenir l’unité de tous ses membres pour une bonne entame de ce nouveau mandat du Président Macky Sall, porteur de beaucoup d’espoirs pour le Peuple sénégalais».
Par Clément DUHAIME , Benjamin BOUTIN & Esther DJOSSA
«NOUS, FRANCOPHONES»
Aux quatre coins de la planète, soyons fiers de promouvoir haut et fort la richesse et l’expressivité de notre langue, dans tous les espaces de création, d’innovation, d’économie et de savoir.
La francophonie moderne, voulue par le poète-président Léopold Sédar Senghor, est née il y a cinquante ans d’une idée simple : faire du français un outil de coopération internationale au service du développement. Aujourd’hui, les 300 millions de locuteurs et les 80 millions d’apprenants du français à travers le monde forment une communauté de langue et de destin qui n’a pas dit son dernier mot. Mais pour continuer à peser dans le monde, nous, francophones, devons être sans cesse à l’initiative. Cela commence par une question essentielle : que voulons-nous faire ensemble ?
La langue française est le fondement de notre communauté internationale. Habib Bourguiba l’avait compris : « la langue, disait-il, est un lien remarquable de parenté qui dépasse en force le lien de l’idéologie ». Être francophone, c’est être citoyen d’un espace sans frontières, d’une patrie immatérielle, et avoir la chance inouïe de pouvoir entrer en intercompréhension familière avec des millions de femmes et d’hommes, sur toutes les îles et les continents.
C’est sur la base de cette langue en partage, relationnelle, que nous, francophones, devons organiser notre coopération et nos dispositifs de solidarité de manière à répondre ensemble aux grands enjeux contemporains. Même avec des moyens limités, des solutions pragmatiques et des projets mobilisateurs peuvent émerger d’une coopération renouvelée entre les sociétés civiles et les institutions de la francophonie, en matière d’éducation, d’emploi, d’environnement, de paix, de la culture et de médias.
Nous le disons avec force : l’éducation est la mère des batailles. La plupart des pays en voie de développement y consacrent des moyens insuffisants : 60 millions d’enfants ne sont pas scolarisés dans l’espace francophone. D’ici dix ans, il faudra recruter et former 27 millions d’enseignants, dont cinq millions en Afrique subsaharienne. Un défi considérable.
L’Institut de la Francophonie pour l’Education et la Formation à Dakar peut aider à renforcer les compétences des enseignants, à les former à distance et à favoriser la réussite scolaire par l’enseignement bilingue au primaire dans les écoles rurales. Mais ces initiatives ont vocation à changer d’échelle. L’Organisation internationale de la Francophonie doit mettre sa force diplomatique au service d’une grande ambition pour l’éducation, dans les forums internationaux, auprès des bailleurs de fonds, avec le Partenariat mondial pour l’éducation, et en demandant un réengagement de ses gouvernements membres.
Cet effort concerne aussi l’enseignement supérieur et la recherche. Car comme le fait remarquer la directrice générale de l’UNESCO, « 80% des publications scientifiques sont en anglais ». L’Agence universitaire de la francophonie qui regroupe 909 universités, grandes écoles, réseaux universitaires et centres de recherche utilisant la langue française doit proposer une initiative forte pour repositionner français dans les publications scientifiques. Cela passe également à plus grande échelle par la diffusion d’une offre de cours et de séminaires en ligne, axés sur le savoir et le développement des compétences.
Trop souvent, dans les pays en voie de développement, on constate une inadaptation de l’enseignement avec les réalités économiques. L’Organisation Internationale du Travail prévoit en effet que dans les 10 ans à venir, seuls 100 millions d’emplois seront disponibles dans le secteur de l’économie formelle alors que ce seront 400 millions de jeunes qui chercheront un emploi. La mise en place de formations axées sur le renforcement des capacités entrepreneuriales, l’ouverture d’incubateurs de la francophonie, d’instituts techniques et technologiques, de coopératives d’emploi et de production : tout doit être fait pour éviter ce hiatus entre la surqualification et les besoins du marché, et préparer l’avenir des jeunes.
Autrement, cette inadéquation est de nature à engendrer des migrations subies aux conséquences humaines parfois dramatiques. Cette préoccupation devrait logiquement trouver dans les instances de la francophonie, qui compte des pays de départ, de transit et de destination des migrations internationales, un cadre multilatéral privilégié de co-élaboration de mécanismes de mobilité légale, sécurisée et circulaire. À quand un Office francophone des migrations ?
De même, la sécurité et le développement durable sont indissociables. De plus en plus de migrations subies, d’entraves au développement et à la paix résultent de la raréfaction des ressources naturelles, de l’élévation des températures, de la désertification ou de l’érosion côtière.
Ce sont autant de phénomènes que connaît le Sahel, région peuplée d’un demi-milliard d’habitants dont les deux tiers vivent de l’agriculture et de l’élevage. La francophonie doit accompagner la mobilisation des pays de la région, soutenus par l’Alliance Sahel, et qui se sont réunis à Niamey le 25 février dernier pour convenir d’un plan d’investissement climatique ambitieux comprenant six projets de terrain. L’expertise de l’Institut de la Francophonie pour le Développement Durable doit être mise à contribution. Mais au-delà de l’indispensable appui technique, c’est l’énergie de sa jeunesse qui constitue le trésor de la francophonie.
Partant de ce constat, des programmes d’échanges et de mobilité autour de thématiques mobilisatrices (forêt, accès à l’eau, propreté des océans, citoyenneté…), aptes à partager des bonnes pratiques, à autonomiser les jeunes et à devenir des cas d’école sont requises ! Si un cultivateur burkinabé, Yacouba Sawadogo, est parvenu à planter seul une forêt de trente hectares dans la région sèche de Ouahigouya au Burkina Faso, imaginons ce qu’une cohorte de jeunes volontaires francophones dépositaires de son savoir-faire pourrait réaliser dans l’optique d’« arrêter le désert » ! Faire coopérer des jeunes parlants-français de tous les pays permet aussi de leur donner un but et de créer un sentiment d’appartenance à la francophonie.
Enfin, sans prétendre à l’exhaustivité, nous, francophones, devons être à l’avant-garde des nouveaux combats pour la diversité culturelle et le pluralisme de l’information. Dans un espace géoculturel mondial bouleversé par les technologies, la bataille des plateformes, de l’accès et de l’attractivité des contenus et des œuvres d’expression française, ne sont pas des vains mots. Il s’agit d’offrir une offre culturelle et linguistique alternative au divertissement et à l’information de masse, en créant un espace médiatique commun au-delà de TV5 Monde et un programme de soutien fort à la diversité culturelle.
Aux quatre coins de la planète, de Montréal à Cotonou, de Kinshasa à Bucarest, d’Alger à Erevan, de Port-au-Prince à Nouméa, soyons fiers de promouvoir haut et fort la richesse et l’expressivité de notre langue, dans tous les espaces de création, d’innovation, d’économie et de savoir.
Par Abdoulaye THIAM
LA DEMOCRATIE A UN COUT
Au Sénégal, il n’y a aucune institution officielle ou privée qui quantifie ce que des élections coûtent au contribuable. Les sources de financement de nos partis politiques restent opaques pour ne pas dire nébuleuses.
Le député apparenté Parti Socialiste, René Dosière, spécialiste de la gestion des dépenses publiques, réagissant sur le coût des élections françaises en 2012, évaluées à 604 millions d’euros (plus de 395 milliards F CFA), selon un rapport de l'Inspection générale de l'administration (IGA), avait déclaré que «la démocratie n’a pas de prix, mais elle a un coût».
D’ailleurs, pour entrer à l’Elysée lors de la Présidentielle de 2007, les candidats, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal arrivés au second tour, avaient dépensé respectivement 21,17 millions d’euros (plus de 13,887 milliards F CFA) et 20,81 M€ (plus de 13,651 milliards F CFA).
Au Sénégal, il n’y a aucune institution officielle ou privée qui quantifie ce que des élections coûtent au contribuable. Pis, si en France, les dons et autres financements des campagnes sont encadrés et/ou vérifiables, chez nous, les sources de financement de nos partis politiques restent opaques pour ne pas dire nébuleuses.
Mais le comble dans tout ça, c’est que pour diriger un petit pays, pauvre et endetté de 14 millions d’habitants, plus de 100 personnes se permettent de se bousculer au portillon du conseil constitutionnel pour déposer leur candidature.
Au nom du pluralisme, on se retrouve aujourd’hui avec plus de 350 partis politiques disposant tous d’un récépissé en bonne et due forme. Pourtant plus de trois quarts d’entre eux, n’ont jamais pris part à une seule élection. Fut-elle locale !
Mais, l’establishment politique décidant de fouler au pied, les lois et règlements qui régissent les partis politiques, les secrétaires généraux en profitent pour se momifier à leur tête, imposant un diktat sans aucune possibilité d’alternance. La preuve, exceptée la LD/MPT d’alors, avec Professeur Abdoulaye Bathily qui a remplacé Babacar Sané en 1984, aucun autre leader n’a réussi à prendre les rênes du parti de son «géniteur» par des élections. Tout se passe dans la douleur et la division avec des rajouts au sigle initial, tels : Authentique, Debout, FC, Rénovation, etc.
Amadou Moctar Mbow avait donc raison de dire qu’un pays comme le Sénégal ne devrait pas avoir plus de trois voire quatre partis politiques. La même idée était théorisée alors par le Président Léopold Sédar Senghor avec ses fameux quatre courants.
Donnant l’exemple des assises nationales qu’il a dirigé avec brio et professionnalisme, l’ancien directeur général de l’Unesco avait confié à Sud Quotidien ceci : «Quand j’ai commencé les Assises, j’ai demandé au ministère de l’intérieur, la liste de tous les partis politiques. On m’a donné une liste de 200 partis. J’ai envoyé des convocations et il y’a une soixantaine qui m’ont répondu. Les autres n’ont pas répondu parce que ce sont des boites aux lettres. Le parti est composé de quelqu’un avec sa femme, son frère. Dans la constitution nouvelle (celle proposée par la CNRI, Ndlr), nous avions défini les critères pour être un parti politique». Hélas, ces propositions ont été déchirées sous un fallacieux prétexte que Professeur Mbow aurait outrepassé ses prérogatives. La suite, on la connaît.
Nécessité de coupler les locales et les législatives
Le récépissé est devenu une véritable monnaie de change et/ou une mère-porteuse dans certaines situations. Pour rester dans la logique de prolifération des partis politiques, nos hommes politiques nous font croire qu’aucun parti politique à lui, tout seul, ne peut remporter une élection au Sénégal. Certes ! Mais, cette théorie est savamment orchestrée et entretenue pour justifier l’émiettement des partis. Conséquences : le tenant du pouvoir subit toutes sortes de pressions, l’empêchant d’avoir des coudées franches. En témoigne la levée de bouclier contre toute initiative visant à coupler les élections législatives et locales.
L’idée pourtant émise par Me Aïssata Tall Sall ne visait que l’harmonisation du calendrier électoral. D’où la nécessité de coupler les Locales et les Législatives en décembre 2019. Ce qui permettra au Sénégal de souffler face à la frénésie électorale où tous les 18 mois, les électeurs sont appelés aux urnes.
Après la Présidentielle du 24 février, les Sénégalais seront ainsi appelés à élire leurs autorités déconcentrées (maire, présidents de conseils régionaux), en décembre 2019. Des joutes qui devraient pourtant se tenir en juin, avant d’être reportées à décembre. Parce qu’un éventuel second tour de la présidentielle passée allait dérégler ce calendrier dont certains y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. Mais qui est dupe ? Ce qui les intéresse, c’est plutôt la conservation de leur fauteuil, grâce à une coalition hétéroclite et autres alliances contre-nature. La spirale des élections engagée en 2017, va donc s’enchainer en 2023, avec les Législatives. Soit, moins d’un an avant la Présidentielle de 2024.
Voilà pourquoi, coupler et pour de bon, les locales et les législatives, apparaît à nos yeux comme un acte plus que consolidant pour notre démocratie. Le Sénégal n’aurait à gérer que deux échéances. Ce qui offrira aux tenants du pouvoir, quatre années de travail ininterrompues. Mais surtout, nos finances publiques ne souffriront plus le martyr. Autrement dit, on gagnerait en temps et en argent.
D’ailleurs, faites vos calculs entre les coûts de l’impression des bulletins, la confections des cartes et toute la logistique y afférente. Sans occulter, le déficit économique enregistré à cause des pré-campagnes et la période des campagnes où tout le pays est à l’arrêt.
Nous conviendrons tous alors avec René Dosière que la démocratie n’a pas de prix. Mais, elle a un coût !