SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
18 août 2025
« L’ABSENCE DE KHALIFA ET KARIM ÉTAIT UNE AUBAINE POUR IDY ET SONKO »
L’ingénieur-statisticien Moubarack Lo revient sur les conclusions de son ude sur l’évolution des intentions de vote pour le compte des cinq candidats à la dernière présidentielle
e-media |
Oumou Kalsoum Ba |
Publication 13/03/2019
Au terme de sondages effectués entre janvier 2018 et février 2019 dans tous les départements du pays, Moubarack Lo a publié une étude sur l’évolution des intentions de vote pour le compte des cinq candidats à l’élection présidentielle du 24 février dernier. L’ingénieur-statisticien revient sur les conclusions de cette étude marquée par la constance des pourcentages recueillis par Macky Sall et le report de voix au profit d’Idrissa Seck et Ousmane Sonko.
Qu’est-ce qui a motivé votre étude ?
Depuis janvier 2018, nous avons conduit une série d’enquêtes d’opinion dont les résultats ont été gardés confidentiels. Ce qui nous a permis de voir l’évolution continue des intentions de vote en faveur des candidats déclarés. Si nous prenons le cas de Macky Sall, il était à 57 % en janvier avant de chuter à 51 % en avril du fait de l’effet négatif de la condamnation de Khalifa Sall. Il a commencé à reprendre des couleurs à partir de juillet (54 %) avant de se réinstaller à 57 % en octobre jusqu’à l’élection. Le dernier sondage à la veille de l’élection lui donnait 58,28 %. Même au soir du scrutin, les résultats que nous avons recueillis à la radio ont fait état de 58,8 %. Ces résultats sont constants depuis lors.
Dans le rapport, vous indiquez que l’absence de Khalifa Sall et Karim Wade était une aubaine pour Idrissa Seck et Ousmane Seck ?
S’ils étaient là, ils auraient certainement récupéré les deuxième et troisième places. En leur absence, leurs électeurs sont restés longtemps indécis. Certains, déboussolés, ne savaient que faire. Une bonne partie des électeurs de Khalifa Sall s’est affilié à Idrissa Seck, sachant qu’ils étaient dans la même liste aux législatives. Au fur et à mesure de l’approche de l’élection, Idrissa Seck a résorbé le gap le séparant d’Ousmane Sonko car celui-ci le devançait de très loin. Les indécis ou ceux qui ne se sont pas prononcés ont finalement voté pour eux.
Vous avez parlé de baisse d’intention de vote pour Karim Wade…
Ses électeurs sont restés constants, malgré les péripéties, dans l’espoir de sa candidature. C’était la même chose aussi pour Khalifa Sall avec son recours à la Cour de justice de la CEDEAO. Désillusionnés, certains ont commencé à aller vers Sonko notamment Idy à la fin de l’année 2018. En janvier, quand la sanction était claire, ils se sont déplacés carrément. Dans une simulation économétrique, nous avons trouvé que si Khalifa Sall et Karim Wade étaient candidats, Idrissa Seck aurait eu autour de 5 % des voix et Ousmane Sonko 7 %.
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
UCAS JAZZ BAND, GOÛT & DÉGOÛT DE L’ENDOGÈNE
EXCLUSIF SENEPLUS - La gloire locale de la bande Ucas n’a pas embrassé la gloire nationale - Aujourd’hui, dans les rues de Sédhiou, il n’est pas rare de rencontrer d’ex-pensionnaires de ce groupe, démunis et quelconques - INVENTAIRE DES IDOLES
Ils étaient nombreux, les groupes de musique sénégalais, à faire le pari du terroir et de l’authentique. Chanter et danser local. S’extraire des tendances et des modes dominantes, tout au plus revendiquer des influences. Importer des rythmes parce qu’ils n’appartiennent à personne sinon au vent de l’humanité. Les assimiler, les mélanger à la teinte locale. Faire cohabiter le génie local et le talent d’ailleurs. Ramener la Rumba cubaine à la terre mère. Donner corps et âme à l’universel ce qu’il doit être : « l’enracinement et l’ouverture ». Sortir la formule des vœux pieux et lui donner une véritable existence. Ne pas se diluer. Garder l’attachement coûte que coûte à une forme de récit, de vocation ; en un mot être pour le peuple, la bouche chez Césaire et la trompette ou le grain de millet chez Senghor. Donner une vie et un élan au chant traditionnel, garder l’amour du terroir au risque parfois de l’idéaliser. Voyager pour émerveiller et partager, mais revenir toujours comme dans une romance sans fin avec sa terre.
Ils étaient bien nombreux au Sénégal à s’inscrire dans cette logique. Qu’il s’agisse du « Super étoile », de « l’orchestra Baobab », du « Daande leñol » du « Super Diamono », de « Touré Kunda », du « PBS », de « Fogny », des « frères Guissé... » L’art, qu’il s’en défende ou pas, était bien le véhicule du politique. L’étendard sur lequel l’émotion côtoie le désir d’évasion et le combat. Dans ces années 70, la fièvre du contexte avait fécondé le génie de groupes devenus l’identité sénégalaise dans la lumière vive. A force d’éclipse, le temps a couvert de son ombre certains groupes. Comme dans un sacrifice, il leur fallait disparaître, ou vivre in petto, pour que les têtes de ponts puissent représenter le reste. Il en faut bien de la fortune au talent pour durer et conquérir. Mais de l’autre côté du miroir, gisent presque inanimés, les talents sabrés par le destin, désailés par les circonstances, et qui ne volent plus, et marchent à l’ombre de la gloire et du succès.
L’Ucas Jazz Band de Sédhiou semble être dans cette deuxième catégorie. Presque le prototype du groupe que le temps ensable petit à petit dans l’oubli. Ce temps, l’ennemi Baudelarien, sans pitié ni pudeur, qui détruit le rêve. Pour qui cherche la véritable histoire de ce groupe mythique, encore plus leur devenir, il n’y a guère que dans le répertoire en ligne de RFI musique, ou encore possiblement dans le blog rempli de pépites culturelles de Kibili Demba Cissokho, ou bien dans les anecdotes des amateurs, que l’on trouve les récits énamourés sur un groupe qui avait réussi à fusionner le Pakao et la Casamance, deux régions méridionales du Sénégal. Dans ces régions, on était initiés à l’Ucas comme on l’est au sein de la mère. Les vieux aimaient rappeler leur jeunesse et avaient gardé cette nostalgie générationnelle. Ils le disaient avec tant d’étoiles dans les yeux qu’on avait l’impression d’être nés trop tard. Regret empoisonné par la perspective de ne point les revoir à l’œuvre.
Je l’ai vécu à domicile cette mélancolie. Peu bavard et réservé, dans ces rares joies que j’ai pu voir, mon père fredonnait les airs du groupe de Sédhiou. En Joola ou en Mandingue, on devinait son bonheur comme de retrouver une jeunesse éperdue. Et je puis vous dire, que vivre le bonheur du père, ou même le revivre en souvenir, ça reste la joie béate et inégalée que la vie sait offrir. Du bougeureub au Jambadong, le groupe savait réveiller le démon des soirées.
Ses membres, de divers âges, aux talents pluriels, avaient bien dépassé la famille à l’origine du groupe dans les années 70. La famille s’était élargie pour devenir une plus grande, le groupe fanion, le groupe phare dont le chant était le pouls d’une région et d’un pays provincial lointain. Jeunes, vieux, danseurs occasionnels comme réguliers des soirées de la bourgeoisie de province, tous se trémoussaient dans les hôtels ou dans les quartiers, en écoutant ce groupe. Mais la gratitude qu’on leur témoigne n’est pas suffisante pour rattraper leur futur presque condamné.
La gloire locale de la bande Ucas n’a pas embrassé la gloire nationale. Encore moins la gloire internationale. Leurs concerts extérieurs semblent lointains. Trop locale, trop petite, typée, leur gloire était comme plafonnée à ce succès de palier, que l’on communique de case en case, de famille en famille, mais incapable de toucher au fertilisant du succès inter-national. Aujourd’hui, dans les rues de Sédhiou, me confie un ami, il n’est pas rare de rencontrer d’ex-pensionnaires de ce groupe, sans le sous, démunis et quelconques. Toute la gloire a été brûlée par le soleil impitoyable d’une condition d’artiste difficile. Viennent les problèmes de santé, les ennuis, ces héros anonymes, crèvent dans le silence.
Et le deuil national ou local reste le seul soin qu’on a pour nos artistes. Je l’avais écrit dans une chronique Encrages pour le journal Le Quotidien, suite à la disparition de Médoune Diallo et Joe Ouakam : l’art est le parent pauvre de notre culture. Hors des gloires aux soleils vifs, il y a tant de malheureux qui disparaissent des centres d’intérêt parce qu’aucune ingénierie nationale n’a été pensée pour les maintenir à flot, ou à minima, les garder à un niveau élémentaire de dignité.
Au fond, ce que l’on célèbre à longueur de journée s’agissant de l’endogène, n’est que du registre du discours. On aime assez peu le local finalement. On s’en réjouit comme le pittoresque de l’authenticité mais on l’oublie ou s’en débarrasse dès que l’urgence demande de nous une implication réelle. On poétise les décors, les paysages, les savoir-faire, les traditions, les sagesses sociales, la beauté dans le dénuement ; on paraît se battre dans des discours enfiévrés sur l’endogène, mais à la vérité, au jour le jour, dans la nudité du quotidien violent, on le méprise l’endogène, car trop proche, trop vif symbole d’une vie difficile. Alors les pèlerinages de retour chez soi sont autant de moments où l’on redécouvre avec nostalgie les visages oubliés qu’on l’on idéalise. Mais les blessures restent. Dès que la parenthèse du mensonge poétique se referme, on retrouve, dans l’errance des marchés et des endroits de palabres, ceux qu’on est censé aimer et qui sont dans la pénombre de la honte et de la désaffection.
Réflexe sans doute humain, trop humain, on n’aime pas trop le mal portant, le moche, le pauvre. Dès qu’on l’embrasse, c’est toujours une forme de pitié. La pitié est le poison de l’amour. Elle magnifie plus celui qui donne que celui qui reçoit. Nous donnons plus à l’endogène que nous en recevons. Les luttes deviennent les enjeux d’un petit nombre alors que les destinataires n’en bénéficient jamais, et c’est d’ailleurs chez eux les pauvres que la tentation de la déculturation est forte, parce qu’elle est synonyme de prospérité, d’espoir marchandé et démarché par les vendeurs de rêve à pas cher.
Vérité sans doute encore plus désagréable, tous les groupes qui ont pu avoir une pérennité, un succès sur des générations, et qui peuvent encore postuler à d’autres années de succès, ont construit une part majeure de leur capital à l’étranger. Faisons court, en occident. Qu’il s’agisse des écuries de Youssou Ndour, Omar Pène, Baaba Maal, la part d’endogène a surtout connu la fécondation de l’international. C’est chez l’accultureur que se façonne en partie le costume de héros. La gloire est donc souvent rapatriée chez soi, elle garde toujours la dette de l’ailleurs. Curiosités et cruautés de l’histoire sans doute.
Mais l’endogène n’est pas vendeur déjà au niveau national. Le talent local reste déprécié. Les populations n’ont pas assez « émergé » pour le savourer et le sanctifier. C’est bien souvent des dénicheurs, en quête d’exotisme ou parfaitement sincères, qui repayent le mérite d’un génie local que les populations méprisent. Face à cet inextricable situation, l’endogène devient juste le mythe politique, lointain et captif de discours idéologiques. Les porte-parole, jamais investis, n’ayant reçu aucun mandat, en font commerce pour des retombées rarement collectives. Ils entretiennent l’illusion d’une autarcie heureuse, d’une pureté identitaire salvatrice alors ceux qui la vivent le font dans la pénitence. Ceux qui ont joué le jeu - sincèrement – de l’endogène, sont sortis de la scène de l’histoire et à eux, pour tombeaux, on offre que quelques anecdotes et quelques reconnaissances pré & posthumes.
La bande de Dandan Diédhiou, comme plusieurs petits groupes, le « Fogny » par exemple, a été trompée par l’Histoire. Il leur reste de petites scènes comme ce dernier meeting de Macky Sall à Sédhiou pour revivre timidement. Leur mise a été raflée par d’autres. C’est l’histoire de petits pillages internes et nationaux. On parlera commodément de fortunes et d’infortunes car c’est sans doute le jeu de la vie. Aussi de la pauvreté, ennemi tout trouvé. Avant même le succès matériel pourtant, les artistes ne demandent pas grand-chose d’autre que de l’attention et de l’intérêt, surtout des leurs. Voilà le grand raté.
Ils ont chanté, parlé, écrit, dansé, enseigné dans leurs langues sans demander des médailles. L’authentique était la vérité de chaque instant pour toutes les populations, leurs calendriers, leur naturel… Atteindre les rivages de la capitale Dakar depuis Sédhiou et son intérêt, est un défi ; parler des ailleurs faiseurs de succès, c’est carrément trop leur demander. Voici ramassés, les goûts et les dégoûts de l’endogène ; les élans qui butent sur le plafond. L’endogène en devient presque le mythe aveuglant : de ceux qui voient très bien très loin, et si mal de très près.
800 A 900 PERSONNES SUR LA LISTE D'ATTENTE POUR UNE DIALYSE
La maladie rénale est un problème de santé publique, dont la prise en charge est difficile et onéreuse. Elle est une maladie évitable. en effet, la prévention primaire, dans la plupart des cas, est possible.
Actuellement, au Sénégal, 800 à 900 personnes sont sur la liste d'attente pour une prise en charge en dialyse pour le traitement de l’insuffisance rénale. Un chiffre très alarmant, selon les spécialistes du rein.
La maladie rénale est un problème de santé publique, dont la prise en charge est difficile et onéreuse. Elle est une maladie évitable. en effet, la prévention primaire, dans la plupart des cas, est possible. Telle est la thèse défendue par le Pr El hadji Fary Ka. Il l’a dite, hier, lors d’une conférence de presse organisée par la direction de la maladie du ministère de la santé, en prélude à la Journée mondiale de lutte contre la maladie rénale prévue demain. une journée qui porte cette année sur le thème : «la santé des reins pour tous partout».
Evoquant l'évolution et la complexité de cette pathologie au Sénégal, dans son exposé, le professeur titulaire agrégé de néphrologie a informé : «un sujet sur 10, soit 850 millions de cas dans le monde, souffre d'une insuffisance rénale (Ir). et sa progression est estimée à 17% dans les 10 prochaines années. Au Sénégal, la prévalence est estimée à 4,9%». «Chaque année, en raison d'un diagnostic tardif, des millions de personnes décèdent prématurément d'insuffisance rénale chronique et des complications cardiovasculaires qui lui sont associées. elle constitue un lourd fardeau économique consommant 2 à 3% du budget de la santé pour 0,03% des patients», a précisé le pr el hadj fary ka.
«La maladie rénale peut être prévenue dans certains cas»
d'après le Pr Ka, «les signes varient en fonction du type d'Ir. dans les cas aigus, les signes sont pauvres et marqués par une baisse de la diurèse. en cas d'Ir chronique, les signes sont polymorphes et tardifs, survenant lorsque plus de 70% des reins sont détruits». les causes d'Ir aiguës sont en général d'ordre obstétrical, infectieux, toxique. en ce qui concerne les chroniques, les causes sont dominées par l'hypertension artérielle, le diabète, les glomérulopathies, les ludopathies obstructives, les maladies héréditaires comme la drépanocytose, la polyskystose rénale. «compte tenu du caractère silencieux de l’affection, un dépistage est nécessaire passant par un contrôle de la pression, une consultation en cas d'apparition d'œdème des membres inférieurs, la recherche de protéine dans les urines et un dosage de la créatinine. le dépistage doit être fait en cas de diabète, d’hta, d’uropathie, de prise de médicaments néphrotoxiques, d’épisodes d'insuffisance rénale aiguë», a-t-il énuméré
Les 9 règles d’or à respecter pour se prémunir
Poursuivant, il a ajouté que c’est également le cas «d’un bas poids de naissance (inférieur à 2,5 kg), de maladie cardiovasculaire, de personnes âgées plus de 60 ans, d’obésité supérieur à 30kg/m2, de femme enceinte ayant des antécédents de la pré-éclampsie». le responsable du service de néphrologie-dialyse- transplantation de l’hôpital Aristide Le Dantec est d'avis que «la maladie rénale peut être prévenue dans certains cas. cette prévention passe par un bon suivi et un contrôle optimal de l'hypertension artérielle et du diabète. également, d’éviter l'automédication et d’avoir un traitement correct des obstructions urinaires». Il a avancé aussi «le respect des 9 règles d'or. a savoir pratiquer au moins 30 minutes d'exercices physiques par jour, contrôler régulièrement votre glycémie, surveiller votre tension artérielle, manger sainement et éviter le surpoids et l'obésité, maintenir un apport en liquides adéquat, réduire votre consommation de sel, ne pas fumer, éviter l'automédication, contrôler l'état de vos reins si vous êtes sujet à risque».
753 patients dialysés dans le public, 200 dans le privé à la charge de l’Etat
Abondant dans le même sens, le Dr Amadou Doucouré, directeur de la maladie, a indiqué : «en avril dernier, on avait répertorié 753 patients dialysés dans le public et 200 autres dans le privé qui sont pris en charge par l'état. Mais on ne peut pas donner le chiffre exact des patients souffrants d'insuffisance rénale au Sénégal. Parce qu'il arrive très souvent que des patients s'inscrivent jusqu'à 3 fois dans des centres différents». «Actuellement, a-t-il encore précisé, nous avons 800 à 900 personnes qui sont sur la liste d'attente. pour ce qui est de la transplantation rénale, on attend le décret qui va porter nomination des membres. Mais, il faut déjà rappeler que les ressources humaines dédiées à la prise en charge existent».
«LA CONSTITUTION EST SANS EQUIVOQUE, C’EST LE DERNIER MANDAT DE MACKY SALL»
Après la sortie du ministre de Justice, Garde des sceaux, Ismaïla Mador Fall, c’est le Secrétaire général de la Ligue Démocratique (LD), Nicolas Ndiaye, qui a affirmé, hier, que ce présent mandat du président Macky Sall «est le dernier mandat».
Macky Sall, le candidat heureux au soir du 24 février 2019 à la présidentielle, avec 58,27% des suffrages, ne pourra plus se présenter pour la prochaine présidentielle. C’est l’avis de Nicolas Ndiaye, secrétaire général de la Ligue démocratique (Ld), un parti membre de la coalition Benno Bokk Yakaar. «La constitution du Sénégal dit que nul ne peut faire plus de deux mandats successifs. Donc c’est clair que ce deuxième mandat est le dernier mandat de Macky Sall. La constitution est sans équivoque, c’est le dernier mandat de Macky Sall», a déclaré, hier, Nicolas Ndiaye. en conférence de presse pour faire l’évaluation complète de l’élection présidentielle passé qui s’est soldé par la victoire au 1ère tour du candidat que sa formation soutenait, le secrétaire général de la Ld n’a pas manqué de tacler me Aïssata Tall Sall par rapport à sa proposition de couplage des élections législatives et locales. «c’est vrai que nous sommes en démocratie et que chacun a le doit de convoquer la presse et de livrer ses réflexions. Mais nous pensons que, quand on est dans un groupe, ce qui est le mieux, c’est de discuter à l’intérieur de ce groupe des proposions pour chercher un consensus, avant de les transmettre à l’extérieur», a-t-il analysé.
Ainsi, dira-t-il, «nous (Ld), pensons que la dissolution de l’assemblée nationale n’est pas pertinente. mais, dans tous les cas, nous pensons que c’est prématuré, alors que le président de la république a été réélu et qu’il n’a pas encore prêté serment, ce qu’il ne fera que le 2 du mois prochaine, qu’on vienne poser ces genres d’hypothèses. C’est des questions et de propositions qui nous semblent prématuré». a la question de savoir si la ld va présenter un candidat à la présidentielle en 2024, Nicolas Ndiaye a indiqué que «c’est trop tôt pour y penser. le président de la république vient d’être réélu, au cours de ces cinq années, on ne sait pas ce qui va se passer. Il peut se passer beaucoup de choses d’ici 2024. faire des projections actuellement, franchement, nous pensons que c’est prématuré».
L’OPINION PIÉGÉE PAR LA CLASSE POLITIQUE
Alors que le président réélu n’a même pas encore prêté serment, l’espace public est déjà secoué par le débat sur la dissolution de l’Assemblée nationale ainsi que celui relatif aux dispositions constitutionnelles d’un éventuel troisième mandat
Alors que le président Macky Sall, récemment réélu suite au scrutin présidentiel du 24 février 2019, n’a même pas encore prêté serment, l’espace public est déjà secoué par le débat sur la dissolution de l’Assemblée nationale ainsi que celui relatif aux dispositions constitutionnelles d’un éventuel troisième mandat présidentiel du chef de l’Etat. L’opinion publique, par le biais des medias, se voit encore entrainer dans un spectacle sur fond de schémas politiques avec des acteurs aux visées occultes. Décryptage de cette nouvelle atmosphère politique aux contours flous, inopportuns.
Suivisme ou manipulation ? L’opinion publique, récemment sortie d’une élection présidentielle, est encore prise dans les filets d’une classe politique qui pose déjà les premiers enjeux d’un supposé troisième mandat de Macky Sall. La dissolution de l’Assemblé nationale et la question d’un éventuel troisième mandat sont précipitamment agitées par des acteurs politiques de l’opposition et de la mouvance présidentielle. Qu’est ce qui se dessine derrière ces spéculations à l’évidence prématurées ? Les analyses froides des experts en la matière contactés par nos soins, sont révélatrices de zones d’ombres aux relents de puzzle. Car, pour Bakary Domingo Mané, journaliste, « c’est un débat artificiel pour détourner l’opinion et empêcher les populations de poser les véritables questions qui attendent Macky Sall durant son second mandat ». A travers cette effervescence politico-médiatique autour des dispositions constitutionnelles régissant le mandat présidentiel, l’analyste politique entrevoit une sorte de traquenard des consciences. « C’est un moment de convoitises, cette agitation autour d’un second mandat est l’œuvre de gens qui se positionnent en faisant diversion pour se faire remarquer dans l’espace médiatique en vue de bénéficier de postes dans le futur gouvernement qui sera formé après la prestation de serment du président Macky Sall » soutient-il.
Sur la question d’un troisième mandat présidentiel, le peuple est dubitatif au vu des précédents revirements à 360 degrés du président Sall »
Dans un contexte où les parjures se multiplient, le peuple ne sait plus à quel saint se vouait. C’est ce que laisse entendre le journaliste formateur Bakary Domingo Mané. « Sur la question d’un troisième mandat présidentiel, le peuple est dubitatif vu les précédents revirements à 360 degrés du président SALL », soutient il, faisant allusion à la promesse non tenue du président relative à la réduction de son premier mandat. En tout état de cause, l’opinion publique semble piégée dans des tournures et interprétations constitutionnelles selon les contextes du climat politique en faveur des « pouvoiristes ». Ça craint encore, à en croire l’analyste politique Momar Seyni Ndiaye. Interrogé sur la sortie polémique du ministre de la Justice, Ismaila Madior Fall, à propos de la limitation du mandat présidentiel dans la dernière mouture de la Constitutionnel, l’expert ne cache pas le doute qui l’habite. Car, pour lui, le « en principe » brandi par le garde des Sceaux dans son discours sème le doute dans l’esprit des Sénégalais. Ce n’est guère rassurant.
3ème mandat, le Forum du Justiciable clôt le débat
« La sortie du ministre de la Justice sur la question ne peut nullement semer le doute ou la confusion sur l’interdiction absolue faite par le constituant au président Macky Sall de briguer un troisième mandat », martèle le Forum du Justiciable dans un communiqué. Selon cette organisation, « le deuxième alinéa de l’article 27 de la constitution ci-dessus combiné avec l’article 103 règle définitivement la question du nombre de mandats qu’un Président peut briguer, puisqu’il est précisé que nul Sénégalais ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. L’élu du peuple ne peut plus rester au pouvoir au-delà d’une décennie », rappelle le Forum du justiciable. « Les deux mandats consécutifs dont fait état le constituant sénégalais sont indifférents d’un mandat de 7 ou de 5 ans. Alors peu importe qu’il soit un mandat de 7 ou de 5 ans, ce qui prévaut en l’espèce, c’est uniquement le nombre de mandats qu’aura exercé le Président en exercice. Ainsi au titre de la « nouvelle » constitution, le mandat de 7 ans (2012-2019) déjà exercé par le Président de la République est considéré comme un mandat et comptabilisé dans le décompte des mandats » conclut le Forum du Justiciable.
Momar Seyni ndiaye, analyste politique : « Je ne vois pas pourquoi Macky Sall serait tenté de dissoudre l’Assemblée nationale »
Sur la question de la dissolution de l’Assemblée nationale, l’éminent éditorialiste et analyste politique Momar Seyni Ndiaye estime qu’un tel débat est prématuré dans la mesure où le président Macky Sall bénéficie d’une majorité confortable au sein du Parlement. En ce sens, ce doyen de la presse estime que le leader de Benno Bokk Yaakar n’est pas confronté à un besoin impératif de mettre en cohérence l’élection présidentielle et l’élection législative. Or, c’est le seul facteur qui devrait justifier une telle démarche politique, d’autant plus que le chef de l’Etat est à son dernier mandat. « Je ne vois pas pourquoi Macky Sall serait tenté de dissoudre l’Assemblée nationale», confie le consultant politique et ancien directeur de publication de votre quotidien préféré. Par ailleurs, pour Momar Seyni Ndiaye, les raisons de l’enclenchement de ce débat par Me Aïssata Tall Sall, juste au lendemain de l’échéance présidentielle, sont à chercher dans la nouvelle posture politique de cette dernière. Selon lui, la mairesse de Podor est dans une dynamique de vouloir se racheter après sa décadence politique engendrée par son acte de transhumance ayant surpris plus d’un. Une stratégie de communication visant à masquer simplement l’horreur que constituer sa transhumance. Donc, pour l’analyste politique, le but recherché par l’ancienne baronne socialiste est de faire oublier la gravité de son geste en décidant de rejoindre le pouvoir à la veille du scrutin présidentiel. Et pour mieux oublier la gravité de ce geste, quoi de mieux que d’offrir à l’opinion publique un os à ronger et un instrument de diversion ?
IMPOSSIBLE PARRAINAGE
Le débat sur la dissolution de l’Assemblée nationale et le couplage Législatives-Locales continue d’animer le landerneau politique. Mais au-delà, il y a la question de la faisabilité pratique même qui se pose.
Les Locales enregistrent en général une pléthore de listes. Et un filtre est nécessaire à ce titre. Seulement, en l’état actuel de la loi sur le parrainage, il est quasi impossible, techniquement, d’organiser des élections municipales et départementales. Aussi bien pour la collecte que pour le dispositif de contrôle. Il est, par conséquent, évident qu’on ne peut en rajouter un couplage avec des Législatives. Voilà pourquoi des réformes s’imposent. Et au plus vite.
Le débat sur la dissolution de l’Assemblée nationale et le couplage Législatives-Locales continue d’animer le landerneau politique. Mais au-delà, il y a la question de la faisabilité pratique même qui se pose. En amont, il y a d’abord des réformes à apporter sur le processus, notamment le parrainage. Si le Conseil constitutionnel, malgré les limites pratiques du contrôle des signatures, s’en est sorti plus ou moins, c’est parce que le nombre de candidats (27) était quand même «gérable». Il n’empêche que les 7 observateurs de la Société civile invités aux opérations de contrôle avaient souligné dans leurs recommandations, la nécessité de la mise en place d’un «dispositif de vérification et de contrôle en présence de l’ensemble des représentants des candidats à l’image du fonctionnement de la Commission nationale de recensement des votes (Cnrv)». Pr Babacar Guèye et Cie avaient également proposé des «mesures adéquates pour rendre plus souple la gestion des parrainages en vue des élections départementales et municipales (des élections plus complexes)». Justement pour les Locales, le parrainage sera davantage compliqué. Sans doute que le Président réélu, Macky Sall, en est conscient au point de le souligner dans sa déclaration à la Nation qui a suivi la proclamation des résultats définitifs de la Présidentielle du 24 février que le parrainage pourrait être revu dans le cadre du dialogue. En effet, aux dernières municipales et départementales de 2014, il y avait environ 2700 listes candidates. Encore que pour les prochaines élections de la même nature, le nombre pourrait augmenter. Qui plus est, s’il doit y a avoir couplage, il faudra compter sur une pléthore de listes à contrôler. En 2017 déjà, l’on était à 47, ce qui avait motivé l’instauration du parrainage.
Collecte et contrôle fastidieux
Le système de contrôle des signatures pour les Locales et les Législatives est tout de même différent de celui de la Présidentielle. Pour les départementales, la Loi n° 2018-22 du 04 juillet 2018 portant révision du Code électoral prévoit en son article L.239 : «Pour pouvoir valablement présenter une liste de candidats, les partis politiques légalement constitués, les coalitions de partis politiques légalement constitués, les entités regroupant des personnes indépendantes doivent recueillir la signature d’un (01 %) au minimum et un virgule cinq (1,5%) au maximum des électeurs inscrits dans le département. Ces signatures sont réparties dans la moitié au moins des communes constitutives du département, à raison d’un virgule cinq (1,5%) au moins dans chacune de ces communes. Si le nombre de communes est impair, il est augmenté d’une unité pour en déterminer avec exactitude la moitié.»
En clair, si le département de Dakar a 663 020 électeurs dont 19 communes, la liste candidate doit réunir au moins 6 630 signatures dans au moins 10 communes. Or, rien qu’aux Parcelles Assainies, il faudra au moins 1 443 signatures. C’est déjà un gros défi pour les concurrents. Le filtrage est vite fait, mais devant cette mission presqu’impossible, il y a lieu de baisser le nombre de signatures requises pour ne pas bloquer notamment les candidatures indépendantes et, par conséquent, tuer la démocratie participative. Il faut souligner, en revanche, que pour les Locales, le contrôle des signatures est effectué par la commission de réception des candidatures, sous le contrôle et la supervision de la Commission électorale nationale autonome (Cena) et en présence des mandataires des listes. Contrairement à la Présidentielle où les candidatures sont reçues par le Conseil constitutionnel. Mais en plus, «le nombre de signatures exigées dans chaque département, la moitié des communes constitutives de chaque département ainsi que le nombre de signatures requises dans chacune de ces communes sont fixés par arrêté du ministre chargé des Elections». C’est presque valable pour les Municipales. L’article L.275 du même Code dispose : « Pour pouvoir valablement présenter une liste de candidats, les partis politiques légalement constitués, les coalitions de partis politiques légalement constitués, les entités regroupant des personnes indépendantes doivent recueillir la signature d’un (01%) au minimum et un virgule cinq (1,5%) au maximum des électeurs inscrits sur la liste électorale de la commune.
C’est dire que déjà pour les seules Locales, le contrôle est fastidieux. En rajouter un couplage avec des Législatives serait, par conséquent, impossible. Des réformes s’imposent avant décembre.
IMF DANS TOUS SES PRINCIPES
Ismaïla Madior Fall, même s’il n’a pas soulevé le débat sur un 3ème mandat, l’a quand même relancé par son «en principe» qui vaut une fenêtre d’interprétation.
Le Président Macky Sall avait pourtant clos le débat en déclarant être dans une logique de faire deux mandats et de partir. Son ministre de la Justice aussi. Mais Ismaïla Madior Fall, même s’il n’a pas soulevé le débat sur un 3ème mandat, l’a quand même relancé par son «en principe» qui vaut une fenêtre d’interprétation.
«Pour moi, la Constitution est claire, mais j’ai entendu des professeurs de droit dire que, telles que les dispositions ont été rédigées, le Président peut faire un autre mandat. En principe, c’est le deuxième et dernier mandat. (…) A mon avis, les dispositions sont claires. D’autres ont donné leur avis en disant que les dispositions ne sont pas claires. Il appartient au président de la République d’apprécier.»
Dans son entretien avec le journal EnQuête, le ministre de la Justice a jeté le trouble sur l’éventualité d’un 3ème mandat pour Macky Sall. Si la déclaration de Ismaïla Madior Fall tend vers un 2ème et dernier mandat, les expressions telles «en principe, c’est le deuxième et dernier mandat» ou encore «c’est au président de la République d’apprécier» alimentent la polémique. Pourtant, il était plus formel que cela.
Ismaïla Madior : «La Constitution ne laisse place à aucune interprétation»
Et curieusement, le Garde des sceaux semble avoir dilué son discours qui tranche avec ses déclarations d’avant la réélection de Macky Sall. En effet, deux constitutionnalistes relevaient en octobre 2017 l’absence de dispositions transitoires mentionnant que le premier septennat était le premier de Macky Sall. Par conséquent, Jacques Mariel Nzouankeu et Babacar Guèye avaient conclu qu’un 3ème mandat était «juridiquement possible» en 2024 pour le Président qui cherchait un second mandat. Et là aussi, le ministre de la Justice avait tenu à clore le débat. «Vous savez que la Constitution du Sénégal est très claire sur la question et ne laisse place à aucune interprétation. L’article 27 de la Constitution dit clairement que “le président de la République est élu pour un mandat de 5 ans renouvelable une fois”. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs», contre-attaquait Ismaïla Madior Fall. Et le concerné lui-même a fermé à double tour cette porte ouverte à toutes les conjectures.
Macky Sall : «Après le quinquennat, il faudra partir»
A l’époque, ce débat s’était même invité à la visite du Président Roch Marc Christian Kaboré au Sénégal. Devant son homologue burkinabè, Macky Sall s’était montré plus ou moins ferme : «Nous devons être très sérieux dans ce pays lorsque nous voulons apporter une contribution positive à la marche de notre pays. Cette question a été définitivement fixée par la Constitution. Le nombre de mandats, c’est réglé depuis très longtemps. Pourquoi engager une réflexion sur un débat de 2024 ? Ce débat ne doit pas nous faire perdre du temps (…). Je reste dans la logique de ne pas dépasser les 2 mandats si le Peuple sénégalais me fait confiance», déclarait le président de la République. Et lors de son entretien avec la presse le 31 décembre 2018, le Président sortant concluait : «J’ai mis dans la Constitution que nul ne peut faire plus de 2 mandats. Donc, si je suis réélu, c’est la somme de 7 ans et 5 ans. Après, il faudra partir. Je suis dans cette logique.» Sauf que son conseiller en chef en matière constitutionnelle indique que c’est au Président Sall d’apprécier.
Par Yoro DIA
LE MONSIEUR JOURDAIN DU DIALOGUE
Le dialogue politique est une arme politique de distraction massive, parce que le Sénégal n’a pas un problème politique
Intellectuellement parlant, le débat politique au Sénégal est une torture. Depuis des décennies, le débat ne porte jamais sur les vraies questions, c’est-à-dire apporter des réponses aux questions que les citoyens se posent. Le débat porte toujours sur les questions que les politiciens se posent, c’est-à-dire sur les règles du jeu électoral. Il semble y avoir un consensus solide pour ne jamais aborder les vraies questions. Nous venons de sortir de la Présidentielle, le Président réélu n’a même pas encore prêté serment qu’on ouvre encore le débat politicien sur le couplage des élections ou sur des Législatives anticipées. Même l’idée du dialogue participe à renforcer le consensus pour ne pas aborder les vraies questions.
Le dialogue politique est une arme politique de distraction massive, parce que le Sénégal n’a pas un problème politique. En sept ans, notre pays a organisé 6 élections et cela s’est parfaitement déroulé. Nous savons élire un Président et nous savons le virer sans problème. Nous savons élire des maires et nous savons aussi les virer. A l’Assemblée nationale, nous sommes passés d’une majorité socialiste à une majorité Apr en passant par une majorité libérale sous Wade. L’Assemblée vote les lois et les juges tranchent les litiges. Evi¬demment, notre système n’est pas parfait, parce qu’il n’y a pas de système parfait, parce que la démocratie et la République sont des œuvres humaines.
Notre système n’est pas parfait mais il fonctionne. Nous devons laisser le temps le parfaire, comme les institutions américaines, qui sont très complexes mais que le temps a rendu sa¬crées, donc presque parfaites. C’est tout ce qu’il nous faut aujourd’hui : exiger que les hommes s’adaptent au système et non que les majorités adaptent le système à leurs intérêts et agenda politique.
Le dialogue est donc une arme de distraction massive parce que, dans une démocratie où les institutions fonctionnent, le dialogue est permanent. On dialogue en permanence dans les medias et de façon temporelle à l’Assemblée nationale. Le Sénégal serait ainsi une sorte de Monsieur Jourdain du dialogue. On dialogue en permanence sans s’en rendre compte. Tous les Sénégalais savent ce que la majorité et l’opposition pensent du parrainage, du Pse (Plan Sénégal Emergent pour les uns et plan Sénégal Emprisonnement pour les autres), du Ter (œuvre d’un visionnaire pour les uns et dépense somptuaire à la gloire de Macky pour les autres)… Les élections dans une démocratie, servent justement à abriter et à trancher ces débats permanents.
Et les sénégalais viennent de trancher de la plus belle des façons, c’est-à-dire en toute maturité. Un pays a besoin de dialogue national quand il sort d’une guerre ou d’une crise grave, comme ce fut le cas pour notre pays après la Présidentielle de février 1988, qui avait débouché sur des émeutes et un état d’urgence pendant 6 mois. C’est pourquoi le dialogue national avait permis de décrisper en fixant de nouvelles règles du jeu comme le code consensuel de 1992. Contrairement à 1988, qui était une crise politique réelle, aujourd’hui nous n’avons que des crises politiciennes. Quand le Président Chirac, pour des raisons politiciennes, avait dissous l’Assemblée nationale en 1997, où il avait déjà une majorité, le Peuple l’avait sanctionné en lui imposant cinq ans de cohabitation avec Jospin.
Ainsi, Chirac qui avait écouté les apprentis sorciers politiques, est passé de président de la République à «résident de la République» pour reprendre l’expression de Jean-Marie Colombani. Aujourd’hui, pour Macky Sall, dissoudre l’Assemblée nationale ou coupler les élections, est un pari pascalien à l’envers : il n’a rien à y gagner mais risque de tout y perdre. Un deuxième mandat ne doit pas être un mandat politique. C’est un mandat pour conforter sa place dans l’histoire. C’est un premier mandat qui est politique car, dès le premier jour, on travaille pour sa réélection. Le deuxième mandat permet de s’affranchir un peu plus de la politique pour se projeter dans l’histoire. Un deuxième mandat est tellement court qu’il faut faire l’essentiel dans les trois premières années. Quand on a que 3 ans pour conforter sa place dans l’histoire, on ne devrait pas se laisser divertir par des questions politiciennes. Senghor est dans l’histoire pour avoir fait la Nation, Diouf pour avoir renforcé l’Etat de droit, Wade pour l’alternance. Pour Macky, ce sera peut-être l’Emergence, s’il ne laisse pas son cerveau être piraté par les questions politiciennes.
En plus, le deuxième mandat de Macky Sall est particulier parce que c’est la première fois que nous avons un Président réélu qui ne brique pas un autre mandat. Ce qui fait que la lutte pour la succession commence dès la réélection. A la fin du mandat, Macky Sall finira «résident de la République» parce que la bataille de la succession l’emportera sur l’agenda du Président sortant, d’où la nécessité pour lui de ne pas perdre du temps sur des armes politiciennes de distraction massive comme le débat sur le couplage, ou les Législatives anticipées, qui auraient eu plus de sens s’il y avait alternance comme en 2000, où Wade avait besoin de trouver une majorité pour gouverner.
ÇA SE BOUSCULE DANS LES BUREAUX
Les mendiants du Baol ne perdent plus de temps. Leur lieu de prédilection ? Les services à la rencontre des salariés.
C’est une région qui ploie sous le poids de la pauvreté. Face à la tarification des sites habituels de donation habituelle, les mendiants échafaudent une nouvelle stratégie pour récolter assez de sous. Trouvé à l’entrée d’un service de la place, un talibé confie qu’il sillonne un bon nombre de bureaux durant la journée pour avoir de l’aumône. «Dans les bureaux, on te donne de l’argent dès que tu arrives. Les personnes que nous trouvons sur les lieux sont très gentilles. Elles nous remettent des 100 F, 200 F ou même 300 F, nous avons plus d’argent en demandant de l’aumône dans les bureaux», a-t-il dit. En écho, un autre renchérit : «Le fait de sillonner les services est plus bénéfique pour nous que de rester dans la rue. Car, nous sommes obligés de ramener de l’argent à notre maître coranique et c’est impossible de réunir une somme consistante en restant dans la rue ou d’entrer dans les maisons.»
Quant aux handicapés visuels, ils n’ont pas renoncé à leurs bonnes vieilles habitudes. L’essentiel est d’amener quelque chose à la maison. Pour cette jeune dame non-voyante accompagnée d’une petite fille, sillonner les rues ou envahir les bureaux pour avoir de l’argent afin de pouvoir se prendre en charge n’a aucune différence. «Nous ne faisons pas la différence entre les bureaux et les rues, tout ce qu’on nous donne, on le prend», a-t-elle déclaré. Une vision que ne partage pas sa camarade qui n’approuve pas cette manière de mendier. «C’est inadmissible ! Parce qu’on va déranger les gens. Tu peux rester sur place là où tu as l’habitude de t’installer pour demander de l’aumône comme je le fais actuellement tout en ayant la chance de voir les gens venir te donner de l’argent. Mais entrer dans les bureaux franchement ce n’est pas normal. Ce n’est pas du tout normal», a-t-il signalé.
«Plus de 900 cartes d’égalité des chances distribuées aux handicapés»
Pourquoi les handicapés visuels persistent dans la mendicité alors qu’ils devraient bénéficier d’une assistance sociale de la part de l’Etat ? Au service de l’Action sociale de Diourbel, l’on rappelle qu’un nombre important de cartes d’égalité des chances est destiné aux handicapés visuels. De sources sûres, la distribution de plus de 900 cartes d’égalité des chances aux personnes souffrant de handicap toutes formes confondues a été faite. Sans compter, a poursuivi notre interlocuteur, ces handicapés ont aussi bénéficié des bourses familiales et de l’enrôlement dans les postes de santé. «On peut dire que s’ils mendient encore c’est simplement par vice, ils ont l’habitude de mendier. C’est impossible de les obliger à arrêter la mendicité», a déploré un interlocuteur. «Il y a un handicapé visuel qui est au coin d’un institut de la localité, il bénéficie d’une bourse de sécurité familiale et de l’enrôlement dans une mutuelle de santé mais chaque jour il est là-bas en train de mendier. Donc c’est une volonté», a-t-il murmuré.
En tous les cas, la mendicité dans les bureaux prend de l’ampleur dans la commune de Diourbel. Quels moyens pour juguler le phénomène ?`
UN OPERATEUR ECONOMIQUE PERD 150 MILLIONS
Un cas d’escroquerie portant sur de l’or d’une valeur de 150millions,a été enrôlé, hier, à la barre de la troisième chambre correctionnelle de Dakar.
Un cas d’escroquerie portant sur de l’or d’une valeur de 150millions,a été enrôlé, hier, à la barre de la troisième chambre correctionnelle de Dakar. En attendant le délibéré de cette affaire rocambolesque, la partie civile réclame 200millions de francs CFA de dommages et intérêts au prévenu poursuivi pour association de malfaiteurs et escroquerie
Lamine Diaw, spécialisé dans la vente d’or, et Moussa Bèye, vendeur d’appareils électroménagers, étaient en relation d’affaires depuis des années. Mais depuis 2015, une transaction portant sur de l’or qui a mal tourné plombe la relation entre ces deux commerçants. Le 26 octobre 2015, Lamine Diaw a déposé une plainte devant le procureur de la République. Il accusait Moussa Bèye de l’avoir escroqué à hauteur de 150 millions de francs Cfa. L’opérateur économique, par ailleurs Directeur de la société Africa Gold, spécialisée dans l’achat et la vente d’or, expliquait que le prévenu lui avait fait croire que ses amis vivant en Gambie disposaient de 700 kilogrammes d’or à vendre.
Ainsi, il s’est rendu en Gambie pour tester la marchandise. Il s’agissait effectivement d’or en poudre de 22 carats. Selon toujours la partie civile, Moussa Bèye est venu plus tard lui dire qu’un de ses amis nommé Yaya Diallo voulait vendre 20 kg. Le marché conclu, il a envoyé à l’entremetteur un premier acompte de 3 millions pour transformer la poudre en lingots. Il versera également 9 millions pour les frais de transit à un certain Abass de la société Alas Company.
Seulement, lorsqu’ils sont sortis du bureau du transitaire, ils ont été arrêtés par des policiers, au motif qu’il y avait une différence entre la quantité déclarée sur les papiers et celle trouvée dans le véhicule. C’est ainsi qu’un certain Jao Menda les a mis en rapport avec un avocat du nom d’Edward Anthony Gomez. Ce dernier lui a réclamé 30 millions pour les frais d’honoraires et de dédouanement. Cependant, Lamine Diaw n’a versé que 22 millions par chèque remis à Moussa Bèye. Un montant que le nommé Mamadou Bamba Gaye a reconnu, à l’enquête, avoir retiré et mis à la disposition du sieur Bèye. Comme si cela ne suffisait pas, un certain Mamadou Diallo s’est présenté comme étant le véritable propriétaire. Ce qui fait que l’opérateur économique s’est retrouvé à la police gambienne avec ses vendeurs.
Par la suite, les policiers lui ont demandé de retourner au Sénégal, le temps que l’enquête détermine le propriétaire de l’or. Lorsqu’il a été entendu, Moussa Bèye s’est dit innocent dans cette affaire. Il a nié avoir mis Lamine Diaw en contact avec des vendeurs d’or. A l’en croire, il s’est contenté de l’accompagner, à sa demande, en Gambie, où il devait rencontrer un certain Angel Romani qui lui a présenté 780 kg. En revanche, il a reconnu avoir retiré un chèque de 100 millions qu’il a remis à Lamine Diaw. Ce dernier a, à son tour, versé l’argent à l’avocat qui s’est également présenté comme ancien ministre de la Justice gambienne.
Hier, face aux juges, les deux parties se sont mises à se renvoyer la balle. Et malgré les dénégations du prévenu, le conseil de la partie civile a réclamé 200 millions au titre de dommages et intérêts. Cette demande ne se justifie pas, aux yeux de la défense, d’autant plus que la partie civile a reconnu à la barre avoir remis les 100 millions à celui qui lui a vendu l’or et un autre montant à l’avocat. Me Baboucar Cissé et ses confrères constitués pour Moussa Bèye estiment que le plaignant ne doit s’en prendre qu’à lui-même, car il a acheté 45 kg, mais n’a déclaré que 20 kg. Selon leurs explications, non seulement Lamine Diaw dispose d’un agrément qui se limite au Sénégal, mais il a fait une sous déclaration de l’or qui se trouve entre les mains des policiers gambiens. Pour étayer de la bonne foi de leur client, les conseils du prévenu ont fait savoir que ce dernier avait même écrit au ministre des Affaires étrangères de l’époque, Mankeur Ndiaye, pour demander son soutien. Seulement, lorsqu’il est retourné en Gambie, celui-ci n’a jamais voulu repartir. Le tribunal rend son délibéré le 26 mars