L'actualité de l'arène commentée par Khadim Samb, sur les antennes d'AfricanTime, partenaire de SenePlus à Nex-York.
PAR JEAN-BAPTISTE PLACCA
PERDRE LE POUVOIR LA TÊTE HAUTE...
Ceux qui, pour continuer à prospérer au bord de la mangeoire, refusent la liberté pour tous, risquent de finir leur vie dans la haine et l’aigreur - Parce que chute, il y aura - Un jour ou l’autre
Plus que jamais, l’Algérie semble au bord de la rupture. Au point que les généraux estiment devoir mettre en garde contre un retour au chaos des années 90, auquel vous faisiez allusion, ici, la semaine dernière. Quel peut donc être le poids des intérêts individuels dans l’obsession de ce cinquième mandat si dévastateur?
Pour expliquer le zèle que déploie l’entourage présidentiel pour maintenir au pouvoir un homme qui devrait aspirer à mieux qu’à cette candidature propre à mettre sa patrie à feu et à sang, il n’y a, hélas, que deux raisons sincères possibles. La première, peu glorieuse pour les courtisans, collectivement et individuellement, est qu’aucun d’eux ne se sent suffisamment solide, assez crédible et un tant soit peu légitime, pour briguer le suffrage de leurs concitoyens. Deuxième raison, en droite ligne de la première : ils ont tous besoin de Bouteflkika pour conserver leurs privilèges et leurs positions au bord de la mangeoire. Ce qui nous conduit à une troisième raison, jamais avouée, qui est que ces gens sont tellement accrochés aux avantages qu’induit pour eux le maintien au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika, qu’ils sont prêts à lui conseiller des choix politiquement suicidaires, qui pourraient compromettre sa place dans l’histoire de l’Algérie, dans l’Histoire, tout court.
A la différence d’un Ben Ali, d’un Moubarak ou d’un Kadhafi, alors suffisamment conscients de l’entêtement qui allait leur coûter le pouvoir, il n’est pas certain que Abdelaziz Bouteflika, diminué par la maladie, réalise la dangerosité du jeu auquel d’autres, en son nom, semblent entraîner l’Algérie.
En d’autres termes, le président Bouteflika est donc un cas à part, à nul autre assimilable. Est-ce bien cela ?
Non ! A bien des égards, sa situation rappelle celle du Tunisien Habib Bourguiba, mais à une nuance près : nul ne sait qui, exactement, autour de lui, remplit la fonction de manipulatrice en chef qui était celle de Wassila Bourguiba, aux côtés de son mari, jusqu’à ce que Ben Ali le déclare sénile, et le dépose. Toutes ces fins de règne, au fond, se ressemblent. Mais l’entêtement et une évidente indigence dans l’analyse et la réflexion conduisent les uns à couler à pic après les autres, sans jamais tirer les leçons des mésaventures de leurs pairs.
Non pas que les expériences malheureuses de certains eussent pu aider d’autres à se maintenir aux affaires. Mais, quitte à perdre le pouvoir, autant le perdre la tête haute, en entrant dans l’Histoire ! Or, refusant d’analyser ou analysant mal ce qui est arrivé à Ben Ali, Moubarak s’est évertué à démontrer que l’Egypte n’était pas la Tunisie, et que ce qui était arrivé à Ben Ali ne pouvait lui arriver, à lui, sous-entendu plus fort, à la tête d’une véritable puissance régionale, et de l’armée qui va avec. Il est donc tombé, exactement comme Ben Ali, mais en ayant moins d’excuses, car, pour reprendre la célèbre formule de Magic System, il était le « Deuxième Gaou ».
Kadhafi, dans cette lignée, serait le « Troisième Gaou », Compaoré, le « Quatrième Gaou », et Yahya Jammeh, le « Cinquième ». En attendant le vote des bêtes sauvages...
Mais d’aucuns vous diront aussi que des forces extérieures ont été pour beaucoup dans leurs chutes…
Oui ! Certains vous diront même que ces peuples aimaient leurs dirigeants et adoraient la dictature, et qu’il n’y avait aucune urgence de liberté ni de démocratie dans ces pays. Croire que les populations revendiquant l’état de droit ne peuvent qu’être manipulées par des mains étrangères est une méprise aussi grave que l’indigence intellectuelle évoquée plus haut. Evidemment, il y a toujours un contexte. Mais Mohamed Bouazizi ne s’est pas immolé par le feu sur commande de quelque mystérieux ordonnateur. Ce qui est arrivé dans chacun de ces pays ne serait jamais survenu dans l’une ou l’autre de ces nations que nous citons souvent en exemple ici.
Pour comprendre pourquoi ce type de changement brutal de régime pouvait survenir en Tunisie et pas au Ghana, en Egypte et pas au Cap-Vert, en Libye et pas au Botswana, au Burkina et pas en Namibie, il suffit de se pencher sur la réalité du pouvoir politique dans chacun de ces Etats, au moment concerné.
Les peuples les plus soumis, un jour ou l’autre, finissent par dire : assez !
Ainsi va, au fond, l’histoire des nations…
Et tous ceux qui croient que leur pays peut demeurer indéfiniment une exception s’en mordront les doigts, un jour ou l’autre. Dans le petit pays d’où je viens, une règle morale dicte que l’on ne doit pas déduire du fait qu’une poignée de gens mangent à leur faim dans une contrée, pour proclamer que tout le monde y est repu. Ceux qui, parce qu’ils prospèrent au bord de la mangeoire, s’entêtent à penser que toute revendication visant la liberté est un complot contre leur patrie, courent le risque de vivre le restant de leur vie dans la haine et l’aigreur, à la chute du pouvoir qui les a rendus prospères. Parce que chute, il y aura, un jour ou l’autre.
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NOUS TRAVAILLONS POUR VOIR DES FEMMES PILOTER NOS AVIONS
‘’La présence de la première femme pilote au Sénégal montre que nous pouvons avec un peu de travail, voir des femmes piloter nos avions’’ - Maimouna Ndoye Seck décline son carnet de vol
‘’La présence aujourd’hui de la première femme pilote au Sénégal montre que nous pouvons avec un peu de travail, voir des femmes piloter nos avions’’, a déclaré Maimouna Ndoye Seck, lors de la célébration de la journée mondiale des droits de la femme. Le ministre des transports aériens et du développement des infrastructures aéroportuaires, affiche son optimisme même si elle reconnaît que le pourcentage des femmes estimé à 24% dans les métiers d’ingénieurs et des techniciens de l’aéronautique, reste toujours très faible. ‘’ Nous avons acquis les droits mais ce qui nous reste, c’est la présence. Et comme le projet Hub aérien sous régional du Plan Sénégal Emergent vise à développer les ressources humaines, nous allons donc travailler à y intégrer davantage les femmes’’, a-t-elle assuré, exhortant les parents à encourager leurs filles à s’intéresser aux séries scientifiques.
IDY ET LE RÉFÉRENTIEL MOURIDE
Bakary Sambe, spécialiste des religions, explique les raisons de la victoire d’Idrissa Seck dans la région de Diourbel, considérée comme le bastion électoral de la confrérie mouride
Jeune Afrique |
Manon Laplace |
Publication 09/03/2019
Pour chacun des cinq candidats, qui s’y sont succédé avec ferveur durant la campagne, la région de Diourbel n’est pas une circonscription comme une autre. Historiquement acquis au Parti démocratique sénégalais (PDS) d’Abdoulaye Wade, qui se retrouvait cette année sans candidat, le « pays mouride » a porté son choix sur Idrissa Seck, boudant une nouvelle fois le président sortant Macky Sall.
Avec 48,49 % des suffrages remportés dans les départements de Bambey, Diourbel et Mbacké, « le candidat talibé » a devancé Macky Sall (40,21 %) et laissé Ousmane Sonko loin derrière lui, avec seulement 6,48 % des voix. Madické Niang, pourtant très introduit au sein de cette influente confrérie, n’a quant à lui récolté que 3,61 % des suffrages.
Quelle approche a été privilégiée par chacun pour attirer à lui les voix de cette région symbolique ? Comment se positionnent traditionnellement les héritiers de Serigne Touba lors d’une présidentielle ? Enseignant-chercheur au Centre d’étude des religions de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, par ailleurs directeur du think-tank Timbuktu Institute et auteur de l’ouvrage Le Sénégal entre diplomatie d’influence et islam politique (Ed. Afrikana), Bakary Sambe décrypte pour Jeune Afrique le vote du « pays mouride ».
Jeune Afrique : Chaque candidat, durant sa campagne, a recueilli la bénédiction du khalife général des mourides. Pourquoi la région de Diourbel revêt-elle une importance particulière en temps d’élection ?
Bakary Sambe : En plus d’être un individu affilié, l’électeur sénégalais est surtout un citoyen social qu’il faut toujours appréhender dans un environnement fait de logiques d’appartenance. Le vote mouride fait partie de ce que l’on appelle les votes homogènes : il est motivé par une fibre d’appartenance et d’identification à une communauté religieuse.
C’est pourquoi les régimes successifs ont toujours cherché à obtenir les faveurs de cet électorat. Abdou Diouf en a bénéficié en 1988 de manière spectaculaire, avec le fameux « ndiguel » [consigne] du khalife général de l’époque, qui avait déclaré solennellement que quiconque ne voterait pas pour Abdou Diouf trahirait le message de Cheikh Ahmadou Bamba [fondateur du mouridisme]. En dépit des difficultés qu’il traversait à l’époque, du fait des politiques d’ajustement structurel et de la crise économique, Abdou Diouf avait été largement réélu dès le premier tour.
Après son élection, en 2000, Abdoulaye Wade a cultivé une relation particulièrement étroite avec cette confrérie…
Il a renouvelé son allégeance au khalife dès son arrivée au pouvoir. Mais il a surtout privilégié, comme personne avant lui, la relation entre le système étatique et la confrérie. Sous Wade, les mourides étaient au centre de l’État. Cette relation entre l’électorat mouride et Abdoulaye Wade était si forte que c’est la seule région où Macky Sall n’a pas été en tête au second tour en 2012.
Depuis 1988, les khalifes successifs se sont toutefois abstenus de donner des consignes de vote…
Malgré l’absence de « ndiguel », le khalife général est très courtisé à chaque élection. En 2007, Abdoulaye Wade a fait croire à une consigne implicite en faisant diffuser en boucle, sur la RTS, la déclaration du guide religieux le remerciant des chantiers entamés à Touba, ajoutant qu’il les achèverait après la présidentielle. Pendant cette même campagne, on a aussi assisté à une forme de manipulation des symboles religieux et confrériques, et pas uniquement de la part parti au pouvoir.
En sept ans, Macky Sall a multiplié les réalisations à Touba, comme l’autoroute Ila-Touba, la réalisation d’un nouveau commissariat, la mise en place d’un projet d’assainissement… Pourquoi ne parvient-il toujours pas à arriver en tête dans cette région ?
À Diourbel, la fibre d’appartenance au mouridisme l’emporte de loin sur les logiques politiques. Macky Sall a connu des débuts difficiles avec la confrérie, notamment après avoir dit que les marabouts étaient « des citoyens ordinaires ». Par souci de « bonne gouvernance », il a notamment fait confisquer les voitures allouées par Abdoulaye Wade à certains marabouts et dignitaires, des passeports diplomatiques généreusement octroyés ont également été retirés…
Ces gestes ont été vécus comme une humiliation et ont donné le ton des relations entre Macky Sall et certains marabouts mourides. À Touba, des intellectuels ont vu dans la gouvernance de Macky Sall une forte influence des anciens gauchistes et des « laïcards ».
Paie-t-il encore ces propos et décisions qui remontent au début de son septennat ?
La manière dont Macky Sall est souvent présenté n’est pas négligeable pour expliquer ce phénomène. À tort ou à raison, il est considéré par certains comme un suppôt de la France. Or ce discours fonctionne très bien à Touba, quand on sait que la geste mouride se nourrit, entre autres, du rejet du colonialisme et en particulier de l’influence française, considérée comme une domination culturelle par l’assimilation des « colonisés ».
Macky Sall a pallié cela en investissant massivement dans les zones périphériques, loin du fameux centre « islamo-wolof ». Ce qui lui a permis de faire un bon score y compris dans des villes où il a perdu. Même en dehors de Touba, il a inauguré un véritable programme de modernisation des cités religieuses. À Tivaouane, dans le Fouta ou à Kaolack, chez les Niassènes, il est parvenu à revaloriser les foyers religieux qui se sentaient marginalisés dans les régions périphériques.
Idrissa Seck est arrivé en tête dans la région, avec près de 49% des suffrages. A-t-il avant tout bénéficié d’un report des voix des électeurs du parti d’Abdoulaye Wade, auquel il a appartenu autrefois ?
Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un simple report des voix du PDS. Bien que diplômé de Sciences Po et de Princeton, Idrissa Seck a une profonde culture coranique et a été perçu comme un candidat issu des daaras, ce qui est important au Sénégal dans la guerre des perceptions entre « école française » et « école coranique ». Dans son discours à Mbacké, Idrissa Seck a revendiqué un programme inspiré des écrits fondateurs de Cheikh Ahmadou Bamba. Et durant sa campagne, il a puisé dans le référentiel mouride pour présenter son projet de société, ce qui a fait mouche.
Ce n’est qu’entre 2016 et 2017 qu’Idrissa Seck a rendu publique son allégeance à Cheikh Ahmadou Bamba. Mais avant même cela, il avait des liens privilégiés avec la famille de Darou Minam, à laquelle appartient l’actuel khalife. Il a bénéficié d’un jeu d’influences important au sein de la communauté, et aussi du fait que la population de Touba n’a jamais digéré ce qu’elle considère comme des gestes d’irrespect de la part de Macky Sall.
Comment expliquer que Madické Niang, très introduit à Touba, n’ait pas dépassé 4% des voix dans la région ?
En effet, Madické Niang, bien qu’originaire de Saint-Louis, est très introduit dans la région – à Touba, notamment, où il possède une résidence et où il vote. Il fait partie des intellectuels mourides les plus influents, mais je pense que les mourides ont préféré miser sur quelqu’un qu’ils estimaient capable de remporter l’élection.
LA GUERRE DE SÉCESSION
A l’Ong Jamra, c’est la fin d’une longue histoire comme le confirme cette confrontation à communiqués interposés - Accusations et contre-accusations
«Jamra, la scission est actée pour sauvegarder le noble héritage de Abdou Latif Guèye.» C’est le résumé du communiqué envoyé jeudi par Mactar Guèye pour annoncer leur départ en réaffirmant néanmoins que Jamra «reste plus que jamais attachée au noble credo, adopté depuis février 1983, par son regretté créateur et ses camarades co-fondateurs». Qu’estce qui explique cette décision ?
«Considérant qu’après avoir maintes fois (mais en vain) déploré les sorties intempestives de Bamar Guèye qui s’attribue tantôt les fonctions de directeur exécutif tantôt de responsable moral de Jamra, et qui s’autorise toujours à faire de la médisance systématique, par voie de presse, sur tout acte posé par le président exécutif de Jamra, imam Massamba Diop, ou son second, Mame Mactar Guèye, dont les seuls torts sont de privilégier pardessus tout la farouche défense des idéaux de Jamra et considérant, par conséquent, que Bamar Guèye, multirécidiviste dans sa manie du dénigrement public et systématique (l’opinion peut en témoigner suffisamment) de toute action, dès lors qu’elle a été vaillamment conduite et réussie par des responsables de Jamra autres que lui ; l’autre tort de ces derniers étant d’avoir su, contre vents et marées, restés adossés à une foi inébranlable, et d’avoir constamment en bandoulière une abnégation sans faille et une ferme volonté de contribuer à juguler la propagation des contre-valeurs qui ternissent les bases de nos valeurs religieuses ; et de s’être toujours dressés contre la banalisation de toutes formes de déviances qui ont déjà suffisamment porté de sérieux préjudices à de larges franges de la couche la plus fragile de notre société, la jeunesse», justifie imam Massamba Diop et Cie, qui rappellent que les «incompréhensibles et inadmissibles actions fractionnistes à répétition de Bamar Guèye ne pouvant perdurer éternellement, au risque de ternir l’image de Jamra et de semer durablement le trouble et la confusion dans les esprits».
A la suite de cette scission, Mame Mactar Guèye a assumé le poste de vice-président en charge de la Communication de l’Organisation islamique nongouvernementale Jamra. Alors qu’imam Moustapha Diop, cumulativement à sa charge de Coordonnateur national de l’Observatoire de veille et de défense des valeurs culturelles et religieuses, Mbañ gacce, continuera d’assurer la mission de Chargé des relations avec les organisations externes.
Les responsables de l’Ong Jamra n’ont pas tardé à réagir pour soutenir que «la confusion, la désinformation, l’intoxication ne passeront point». Bamar Guèye et Cie disent : «L’Ong Jamra, reconnue d’utilité publique, n’est pas le sujet à l’ordre du jour. Le problème, c’est la démarche des responsables de l’organisation islamique et du parti politique Rds qui disent parler au nom de l’Ong pour des intérêts politiques alors que tout le monde sait qu’une organisation non gouvernementale est par essence apolitique. C’est ce que ces derniers n’ont pas apprécié et ont voulu jeter le discrédit sur un outil de la société civile et son responsable que beaucoup de partenaires nationaux et internationaux vouent un respect eu égard à son engagement et à ses convictions et croyances religieuses dans la constance et la détermination.»
En tout cas, la direction exécutive de l’Ong Jamra annonce qu’elle «ne va pas verser dans un ping-pong puéril, ni répondre aux personnes rédactrices de cette missive et recroquevillées derrière l’organisation islamique pour créer la zizanie. Elle ne va pas non plus s’attarder sur des propos pour démontrer son engagement et sa posture d’avant-gardiste, de veille et d’alerte». Mais elle rappelle à imam Massamba Diop «qu’il ne peut pas décider au cours d’une réunion de changer le nom de l’Organisation islamique Jamra en Organisation islamique non gouvernementale sans la tenue d’une Assemblée générale. Et pour son information, une Ong ne se décrète pas. Il faut un accord avec le gouvernement qui vous reconnaît comme telle pour prétendre être une Ong à travers une lettre d’exécution technique»
PAR DIEYNABA KANE
TOUJOURS LE FOLKLORE ET LES MÊMES DISCOURS
Au Sénégal, l’on gagnerait à revoir la façon de célébrer la Journée internationale des droits de la femme en mettant l’accent sur les actions à mener pour améliorer la situation de la gent féminine
A l’instar de la communauté internationale, le Sénégal a célébré hier la Journée internationale des droits de la femme. Cette journée doit être «un moment privilégié pour permettre aux femmes et aux filles de s’arrêter et de faire leur introspection sur les avancées de leurs droits et pour les acteurs étatiques, les institutions, la société civile de faire le point et de s’engager vers de nouvelles stratégies et actions pour relever les défis auxquels font face les femmes». Seulement, le constat est tout autre dans notre pays où le folklore prend le dessus sur l’essentiel. Chaque 8 mars, des activités sont organisées pour marquer cette journée. Elles sont rythmées par des animations, des femmes habillées de tissus de même couleur qui font oublier le sens de cette journée. Ce folklore autour de la célébration de cette journée prend le dessus sur l’essentiel qui est de parler des droits de la femme, de faire l’état des lieux des avancées notées, des obstacles à l’autonomisation des femmes. Au lieu de ce débat de fond, au Sénégal, chaque année, cette journée est célébrée, mais à peu près avec les mêmes activités que celles des années précédentes. Il n’y a pas d’évolution dans les discours ou dans la manière d’aborder la lancinante question de respect des droits de la femme.
Prenons l’exemple de la cérémonie organisée par le ministère de la Femme, de la famille et du genre ! Prévue à 9h, elle n’a démarré qu’à 11h 30, avec les mêmes discours sur le plan ou stratégie du gouvernement pour l’autonomisation économique des femmes. Les discours sont bien beaux, mais il faut arriver à bâtir quelque chose de concret. La meilleure façon de célébrer cette journée serait de dire concrètement ce qui a été fait et quels sont les défis à relever. C’est en mettant l’accent sur les avancées notées qu’on pourra progresser pour arriver «à une société solidaire dans un Etat de droit sans discrimination, où les hommes et les femmes auront les mêmes chances de participer à son développement et de jouir des bénéfices de sa croissance».
Pour atteindre cet objectif, il faudra mettre fin aux violences basées sur le genre, à la discrimination en milieu professionnel etc. Cela nécessite des actions, pas des discours tenus chaque année à l’occasion de cette journée de 8 mars et qui sont relégués au second plan pour le reste de l’année. Certes des panels sont organisés avec des thèmes intéressants sur les droits de la femme, mais ils sont noyés par la tournure folklorique que prend cet événement. L’introspection devrait permettre de revoir la manière avec laquelle cette journée est célébrée pour enfin mettre fin aux violences dont sont victimes les femmes, à la discrimination et veiller à leur autonomisation, bref faire le point sur leurs droits. Le 8 mars est une oc casion pour magnifier la femme, mais on ne devrait pas oublier l’essentiel : Faire en sorte que le respect de ses droits soit une réalité.
PLUS DE FEMMES DANS LES PARTIS NOUS FERA DU BIEN
Le chef de l’Etat a promis de consacrer son prochain mandat à l’amélioration de la condition féminine - Une manière de récompenser les femmes qui, selon lui, ont joué un rôle important dans sa réélection
Le Sénégal a célébré hier la Journée internationale de la femme à l’instar du reste du monde sur le thème «Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement». En écho, Macky Sall a rendu hommage aux femmes pour «leur rôle capital dans les transformations positives majeures réussies dans la quête d’émergence du pays». «J’en sais quelque chose, car ma réélection je le dois en grande partie aux femmes. Merci à vous les femmes, spécialement aux pionnières qui ont été le fer de lance pour notre grande marche pour l’amélioration de la condition féminine», a salué chef de l’Etat.
Il a incité les femmes à entrer «en force» dans les partis politiques, puisque c’est dans ces instances que se décide la distribution des responsabilités. «Il ne faut pas qu’elles aient peur de rentrer dans les partis. Plus de femmes dans les partis politiques nous fera tous du bien pour avoir plus de femmes ministres, premiers ministres, peut-être demain présidente de la République, plus de femmes dans toutes les sphères. Mais il faut rentrer là où se décident les choses, c’est essentiel», a appelé le président de la République.
Les femmes ont profité de la rencontre pour lui soumettre leurs doléances parmi lesquelles le renforcement de leurs moyens en vue de contribuer équitablement à l’édification d’une économie solide et inclusive propice à l’amélioration des qualités de vie et du bien-être, de promouvoir un modèle d’innovation participante qui renforce le leadership féminin ainsi que l’accès des femmes à la commande publique. Enfin, la valorisation du travail domestique non rémunéré pour une déconstruction des stéréotypes socioculturels, entre autres.
Par ailleurs, Macky Sall a dit sa volonté d’œuvrer à l’éradication de toutes les formes de discrimination des femmes et des filles. Pour ce faire, il va consacrer son prochain mandat aux jeunes et aux femmes. «Mon Mandat consacrera davantage de droits de protection aux femmes et aux filles contre les violences, mais également sera principalement orienté vers l’autonomisation des femmes avec des moyens importants. Il s’agit d’une conviction, car j’ai inscrit au cœur de ma politique la lutte contre les inégalités et les injustices sociales», a dit le président de la République. Le respect des droits des femmes est essentiel, pour lui, «dans la construction d’une société ouverte, équitable et juste, porteuse d’une prospérité durable et partagée». Une minute de silence a été observée en hommage à Maïmouna Kane, ancienne ministre de la Femme qui, selon M. Sall, «est un modèle d’engagement pour la promotion de la femme, le bien-être familial et le développement social et solidaire». Déroulant une opération de charme, le chef de l’Etat a promis de financer toutes les femmes qui sont dans les start-up. La journée a servi de cadre pour distinguer et primer des professeurs de mathématiques et de technologies numériques dans les universités, entre autres. «Cela prouve que la connaissance ne connaît pas le genre», s’est réjoui M. Sall qui indique que le bien-être familial et la promotion de toutes les femmes et de toutes les filles sont parmi ses plus grandes priorités. «C’est pourquoi mon gouvernement va consolider les réalisations pour l’amélioration de la condition féminine, avec notamment les cinq axes universels inscrits dans mon programme : Travailler pour l’avenir», a fait savoir M. Sall.
LES FOUDRES DE WADE
Macky réélu dès le premier tour, invite son opposition au dialogue - Mais Wade, en 2007, avait plutôt brandi des poursuites judiciaires contre Niasse, Tanor et Dansokho
Macky Sall, réélu dès le premier tour, invite son opposition au dialogue. Mais Wade, en 2007, avait plutôt brandi des poursuites judiciaires contre Niasse, Tanor et Dansokho. Pour Idy, il avait juré qu’ils se retrouveront devant Dieu. Le Quoti dien fouille dans les archives. Ce passé est différent de ce présent.
On ne cesse de comparer les Présidentielles de 2007 et de 2019. Même scénario : réélection du Président sortant dès le premier tour. Même atmosphère : contestation des résultats. Mais si, en 2019, Macky Sall a joué la carte du dialogue avec le triomphe modeste, ç’en était pas le cas pour Abdoulaye Wade qui avait le ton et l’accent va-ten-guerre. Il avait choisi le format d’une conférence de presse le 1er mars 2007 au Palais alors que Macky Sall, lui, s’est limité à une déclaration à la Nation. Et il faut dire qu’une conférence de presse aurait été l’occasion de l’interpeller sur ce débat agité autour d’un troisième mandat. Donc, comme en 2007 lorsque, répondant à une question du journaliste de Rfi, Christophe Boisbouvier, Wade jura : «J’ai bloqué le nombre de mandats à deux. Ce n’est pas possible, je ne peux pas me représenter. Sérieusement, je ne me représenterai pas.» La Var le rattrapera plus tard. Ironie de l’histoire, le Président Wade avait à ses côtés Bacar Dia, et un certain… Macky Sall, alors son Premier ministre et directeur de campagne (Voir photo). Le Président réélu annonce des poursuites judiciaires contre ses opposants, et candidats malheureux, particulièrement Moustapha Niasse, Ousmane Tanor Dieng et Amath Dansokho qui ne le reconnaissaient pas comme Président. «Quand j’ai été élu (en 2000), j’ai lancé des enquêtes. On a jugé beaucoup de gens. Pour certains leaders politiques, les enquêtes étant longues, j’ai dit qu’il faut suspendre provisoirement les poursuites parce qu’ils vont déclarer partout qu’on veut les empêcher d’aller aux élections. On a suspendu les poursuites, mais elles existaient déjà. Maintenant qu’on a fait des élections et élu un président de la République, il faut que la vie de l’Etat continue, que la justice fasse son travail», avaitil d’emblée averti. Voici les différents reproches qu’il avait faits aux leaders du Pit, de l’Afp et du Ps.
A Dansokho : «Vente de terres aux abords de l’aéroport, mauvaise gestion de la mairie de Kédougou»
Wade s’en prend au leader du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) qui ne l’a pas lâché pendant tout son septennat avec les mots qu’on lui connaît. «Etant ministre de l’Urbanisme, il a vendu des terres aux abords de l’aéroport et même à l’intérieur. Maire de Kédougou, il a fait une mauvaise gestion financière. L’Inspection générale d’Etat m’a remis le dossier. J’ai demandé de le transmettre à la Chambre de discipline financière. Si les délits sont établis, cette dernière va lui infliger des amendes. Elle peut également demander au gouvernement de traduire l’individu en justice. Dans le cadre de la coopération décentralisée, il a reçu d’une petite commune française 17 millions de francs. Cet argent a disparu, d’après ce que l’on m’a dit», précisait le «Pape du Sopi». L’accusation est grosse et tout le monde y voyait une chasse aux sorcières, sauf lui. Mais le secrétaire général du Pit, lui, ne voulait y accorder beaucoup de crédit. Résumé de sa réponse : «Il (Wade) ment.»
A Niasse : «Achat de sa maison sur la corniche, vente de passeports diplomatiques aux Chinois»
Son premier Premier ministre après l’alternance de 2000 aussi est sur sa liste. Au secrétaire général de l’Afp, arrivé 3ème derrière Idrissa Seck, il lui colle deux dossiers. «Le premier, c’est l’achat de sa maison qui se trouve sur la corniche. Il a expliqué, il y a deux ou trois ans, à la presse sénégalaise qu’il l’avait achetée. Le patrimoine national, quelqu’un se l’approprie, on me dit que c’est un homme politique, on ferme les yeux. C’est Senghor qui, en un moment donné, avait décidé de vendre des maisons qui étaient occupées par des assistants techniques français. Il a pris un décret et attribué ces maisons. Certains en ont profité pour les acheter. A quel prix ? Onze millions payables en 19 mensualités. C’est un don. L’Etat doit être défendu. En tant que ministre des Affaires étrangères, il avait ouvert un bureau consulaire à Hong Kong pour vendre des passeports aux Chinois. Un jour, les Français se sont réveillés et ont trouvé le cadavre d’une Chinoise dans la Seine qui avait par-devers elle un passeport diplomatique sénégalais. La presse sénégalaise en a parlé. Moustapha Niasse vendait des passeports à des Chinois qui voulaient se rendre aux EtatsUnis ou ailleurs. Il l’a reconnu. Il n’a pas reversé l’argent au Trésor. Je lui demande seulement de rapporter la preuve. Et quand on lui demande cela, il dit qu’aux Etats-Unis on vend des passeports», poursuivait Wade. Le lendemain, Niasse tient un point de presse de démenti et de riposte. «Si Wade veut ma maison, je peux la lui offrir. Il a emporté les élections, mais il ne les a pas remportées», dit-il. Avant d’ajouter : «Me Wade a vendu 26 passeports diplomatiques à la famille de Jonas Savimbi (Ndlr : défunt chef rebelle angolais). Il n’a qu’à m’amener devant le Tribunal et je viendrai avec le dossier des passeports de la famille Savimbi.»
A Tanor : «Vente de licences de pêche aux bateaux chinois»
Le secrétaire général du Parti socialiste n’était pas en reste. Mais Wade menace l’héritage de Diouf de façon générale. «Ousmane Tanor Dieng et Habib Thiam ont vendu des licences de pêche aux bateaux chinois pour une valeur de 20 milliards de francs Cfa. Ils l’ont reconnu dans un procès-verbal de police et ont certifié avoir, avec le produit de la vente, acheté des véhicules pour leur parti», flinguait-il.
A Idy : «J’ai rompu avec lui définitivement. Nous nous retrouverons devant Dieu»
Seul Idrissa Seck était épargné par l’euphorie-furie de son ancien mentor qui, cependant, avait ruiné les derniers espoirs du leader de Rewmi de lui succéder. Il dit : «Je ne peux pas vous donner le nom (de mon successeur) parce que je le connais pas. Mais le profil, c’est que ça soit quelqu’un comme moi : qui travaille beaucoup, intelligent, qui écoute et aide les populations, qui a de bonnes relations internationales et qui est représentatif. Je ne dirai pas qu’il doit avoir les mêmes relations que moi parce que mes relations, je les ai construites pendant des dizaines et des dizaines d’années. Il y a tous ces facteurs qui font que j’ai une sorte de lanterne qui va de l’un à l’autre… Donc, je n’ai pas encore choisi, mais le cercle se restreint parce que je n’ai plus le temps. En tout état de cause, ce n’est pas Idrissa Seck. J’ai rompu avec lui définitivement. Et comme nous disons ici, au Sénégal, nous sommes des musulmans : Nous nous retrouverons devant Dieu». Cela expliquerait-il son refus de soutenir Idrissa Seck lors de la Présidentielle du 24 février dernier ? A la fin, tous ces «dossiers» ont eu en commun de n’avoir jamais connu de suite ou de début d’enquête comme promis par le Président qui venait d’être réélu. L’opposition significative, sous la houlette des leaders du Front Siggil senegaal, se réunifie et boycotte les Législatives de juin 2007.
LES FEMMES NE SONT PAS BIEN REPRÉSENTÉES DANS LE GOUVERNEMENT
‘’Nous sommes représentées à hauteur de 11% et il est temps que les femmes s’engagent dans ce plaidoyer très fort pour que cette parité soit étendue dans les pouvoirs de décision’’. Le plaidoyer de Ndèye Saly Diop
Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la Femme, le ministre de la Femme Ndèye Saly Dieng a organisé un panel qui a pour thème : «Leadership des femmes, l’autonomisation économique, la participation des femmes et la position des femmes dans le Pse 2». Et pour Ndèye Saly Diop Dieng, si les femmes sont autonomes financièrement, tous ces fléaux vont disparaître.
Pour célébrer le 08 mars dédié à la femme, le ministère de Tutelle a organisé hier un panel consacré au bilan des droits des femmes. «Nous pensons que la réflexion et la vision, l’engagement et le plaidoyer des femmes ont beau- coup apporté sur l’autonomisation de façon générale de la femme sénégalaise. Le Sénégal a eu de très grandes avancées sur le droit de la femme», affirme le ministre de la Femme qui reconnaît, cependant qu’il reste encore des défis à relever.
«Avec les élections locales, le leadership de la femme doit être renforcée. Nous avons constaté que dans le gouvernement, il n’y a pas beaucoup de femmes. Nous sommes représentées à hauteur de 11% et il est temps que les femmes s’engagent dans ce plaidoyer très fort pour que cette parité soit étendue dans les pouvoirs de décision et aussi dans les instances locales», affirme-t-elle.
A l’en croire, dans la phase 2 du Pse, la contribution attendue des pouvoirs publics et de l’Etat par rapport à l’autonomisation de la femme est l’accompagnement de façon efficace et de façon efficiente pour sortir de ce type de financement notamment les petits financements.
«Nous voulons aller vers les grands projets pour les femmes dans l’industrialisation et surtout dans le domaine de l’agriculture où les femmes sont présentes. Les femmes ne peuvent pas s’en sortir toutes seules. Il leur faut l’appui des hommes, des institutions, des partenaires au développement pour l’autonomisation économique. «Si les femmes sont autonomes économiquement, tout ces fléaux qui gênent leur évolution vont partir de façon naturelle», soutient Ndèye Saly Diop Dieng.
A l’en croire, le président de la République a souligné une fois que les mariages précoces, les viols et les violences qui freinent l’évolution des femmes sont liés à la pauvreté et au sous-développement. «Avec l’émergence, nous menons le plaidoyer pour être au cœur du développement et avoir le pouvoir qu’il faut afin d’influencer sur le devenir de notre pays», indique le ministre de la Femme.