Le projet d’appui à la mise en œuvre communautaire des actions de conservation des eaux et sols du Bassin versant du Dioulol (Matam) a été lancé ce mardi à Orkadiéré, dans le département de Kanel. Ce projet d’un montant d’environ 220 millions de frs CFA, a pour objectif de stopper le phénomène d’ensablement du Dioulol à travers un cours d’eau qui s’appelle le Wédou Bossoyabé et ses affluents, a expliqué Malick Dione. Selon le responsable de l’Unité de coordination du projet logé dans le PGIRE (projet de gestion intégrée des ressources en eau et de développement des usages multiples du Bassin du fleuve Sénégal), ce cours d’eau en provenance du Diéri charrie, en période d’hivernage, un volume important de sable dans le fleuve Dioulol et réduit sa capacité de stockage.
VIDEO
ABDOU DIOU, ALPHA OMAR KONARÉ ET JERRY RAWLIHNGS RACONTE LA DÉVALUATION DU FCA
En 1994, la France imposait la dévaluation du franc CFA aux 14 Etats membre de la zone francs, anciennes colonies françaises. Beuacoup d'Africains reprochent aux chefs d'Etat africains d'avoir accpeter ce dikatt. Mais manifestement, les pays concernés n'avaient pas vraiment le choix. C'est en tout cas ce que laissent entendre l'ancien président sénégalais Abdou Diouf.
Dans cette vidéo Abdou Diouf, Alpha Omar Konaré (ancien président du Mali) et John Jerry Rawling (ancien président ghanéen) évqoue la politique monétaires du continent ains que les rapports franco-africains
LE BILLET DE DEMBA
QUAND LES PYROMANES PLEURNICHENT
EXCLUSIF SENEPLUS - Quand on ferme les yeux sur le vandalisme de ses militants ; alors on est peu crédible à menacer des foudres de la Justice non pas tous les auteurs des violences, mais seulement ceux de l’autre camp
Étrange Sénégal où on peut passer allègrement et sans honte, de pyromanes compulsifs à la colombe blanche striée du sang des victimes de vos appels guerriers au recrutement de nervis délinquants sociaux pour bouffer de l’opposant ; à l’autodafé des cartes électorales et autres urnes pour venger un fils exclu d’un combat que vous estimez truqué.
Oui, ce pays est merveilleux des hypocrisies largement partagées, des démissions acceptées des élites qui devaient être au front et à la tête du combat pour l’élection dans une démocratie et une République exemplaire et non ces pâles copies qui enfantent depuis des décennies, des monstruosités politiques et des gouvernants prédateurs.
A y regarder de près, c’est bien le rapport aux richesses qu’offre le pouvoir sous nos cieux, la boulimie d’enrichissement sans cause (méritoire) ; l’impunité qui encourage les prédations ; la sélectivité d’une Justice qui, semble t-il, a depuis longtemps, renoncé à être juste et équitable. Du fait de ses relations souvent incestueuses avec les distributeurs de prébendes, modeleurs et « développeurs » de carrières. Elle a beau crier de temps à autre « l’injustice » qui leur est faite, elle peine à convaincre, à être celle qui sert le peuple.
Dans ces jeux de « fais moi peur, je te fais peur avant que je te tue », qui semble-t-il est propre aux campagnes électorales des Républiques atrophiées (que je préfère à bananières), les victimes premières et collatérales sont toujours les chairs à canon, cette masse aliénée qui croit que son avenir dépend de celui ou celle qui lui vend des rêves d’un avenir paradisiaque alors qu’ils ont échoué à seulement construire un présent...vivable.
Tous les morts des faits électoraux sont des morts inutiles, voire futiles, parce que voyez-vous, ils n’auront même pas droit à une justice juste, même si elle ne sera jamais réparatrice. Parce que voyez-vous, je doute qu’on puisse réparer les dégâts de la mort, on peut juste mettre un peu de baume aux cœurs meurtris des vivants touchés dans leurs chairs, en punissant les coupables directs et, les responsables qui, par leurs discours et appels incendiaires permettent aux égarés, ceux qui prennent au pied de la lettre, les paroles imbéciles de dirigeants prêts à tout pour le pouvoir...
Quand on recrute des tueurs incultes et qu’on les arme de coupe-coupes et autres armes blanches et que l’on sen vante publiquement ; quand on dit d’un candidat que sa place est en prison et non dans les médias et que les milliers de militants qui prennent part à ses meetings à Ziguinchor sont tous des rebelles ; quand on ne punit pas les vandales et autres adeptes des salles de musculation et des arènes qui saccagent les sièges de ses adversaires ; quand on ferme les yeux sur le vandalisme de ses militants ; alors on est peu crédible à condamner du bout des lèvres et à menacer des foudres de la Justice non pas tous les auteurs des violences, mais semble-t-il, seulement ceux de l’autre camp.
Sans jouer à l’oiseau de mauvais augure, je doute que les violences meurtrières de Tambacounda de ce mardi rouge, soient les dernières de cette campagne électorale 2019. Parce que rien (voire si peu) n’est fait pour dissuader les récidives. Au contraire...
drissa Seck, le plus expérimenté des cinq candidats en lice pour la présidentielle du 24 février 2019 puisqu’il en sera à sa troisième tentative, est vu par nombre de politistes comme le probable tombeur de Macky Sall parce que bénéficiant notamment du soutien de Khalifa Ababacar Sall, ex député maire de Dakar.
Persuadé que son heure de gloire finira par arriver malgré ses échecs relatifs aux présidentielles de 2007 et 2012, Idrissa Seck dégage de la sérénité pour la joute électorale de 2019. Pour le moment, le fauteuil présidentiel se refuse à cet homme de 59 ans. Mais jusqu’à quand ? Le candidat de la Coalition Idy 2019 semble maintenant disposer de forces suffisantes pour réaliser le rêve auquel il s’accroche depuis longtemps.
Né le 9 août 1959, Idrissa Seck n’est pas un novice dans le champ politique sénégalais. En 1988 déjà, ce consultant en audit était le directeur de campagne du candidat Abdoulaye Wade à la présidentielle. Sous la bannière du Parti démocratique sénégalais (PDS), il intègre en 1995 avec Abdoulaye Wade, le gouvernement d’union nationale et hérite du poste de ministre du Commerce, de l’Artisanat et de l’Industrialisation.
Le 19 mars 2000, après vingt-six ans d’opposition, le pape du Sopi (changement en langue wolof) accède enfin au pouvoir. Idrissa Seck devient, le 1er avril 2000, le directeur de cabinet du président nouvellement élu. Une fonction qu’il occupe jusqu’au 3 novembre 2002.
Pour l’emporter au soir du 24 février prochain, ce rhéteur a rassemblé autour de sa candidature des politiques non moins importants et dont la plupart a été recalé par le Conseil constitutionnel chargé de valider les listes de parrainages, la première étape dans la course à la présidentielle.
Idy, le nouveau rassembleur
Les anciens Premiers ministres Abdoul Mbaye et Cheikh Hadjibou Soumaré, les ex-ministres Cheikh Bamba Dièye, Moustapha Guirassy, Malick Gakou et Mamadou Diop Decroix, l’ancien président de l’Assemblée nationale et du Sénat Pape Diop, l’ex-député Thierno Bocoum ou encore l’homme d’affaires Bougane Guèye “Dany” ont tous décidé de grossir les rangs de la coalition du leader de Rewmi (le pays en wolof).
Mais le grand coup politique, c’est sûrement le ralliement de Khalifa Ababacar Sall, actuellement à la prison de Reubess (Dakar). Le chef de file de Manko Taxawu Sénégal a accepté, vendredi dernier, l’offre d’alliance du candidat Idrissa Seck. Avec l’appui de l’ancien maire de Dakar, Idy tient un allié de poids pouvant lui permettre de faire pencher la balance de son côté.
Au Sénégal, Dakar et Thiès sont deux régions à fort enjeu électoral avec respectivement 1 687 826 électeurs pour la capitale et 901 216 pour la “ville aux deux gares”. Cela représente 38,73 % de l’électorat national. Et lors des dernières élections (présidentielle, législatives et municipales), Idrissa Seck et Khalifa Sall ont démontré qu’ils sont, n’en déplaise à certains, prophètes chez eux.
Pour toutes ces raisons, l’actuel président du Conseil départemental de Thiès (ouest) peut bel et bien coiffer au poteau le président sortant Macky Sall.
Idy-Macky, le duel fratricide
La présidentielle de 2019 est avant tout une explication entre Idrissa Seck et Macky Sall. Ces deux politiques ont été à l’école d’Abdoulaye Wade, leur maître à penser. Idy, homme de confiance du vieux, a été nommé Premier ministre le 3 novembre 2002. Mais le natif de Thiès sera finalement démis de ses fonctions le 21 avril 2004. Pour lui succéder à la tête du gouvernement, le fondateur du Parti démocratique sénégalais (PDS) a porté son dévolu sur… Macky Sall.
Un malheur ne venant jamais seul, Idrissa est accusé de détournement de fonds dans le cadre des chantiers de Thiès. Il sera incarcéré le 23 juillet 2005 avant d’être libéré le 7 février 2006. Résilient, il fait une percée extraordinaire à la présidentielle de 2007 en obtenant 14,86 % des suffrages exprimés pour devenir le dauphin d’Abdoulaye Wade qui rempile néanmoins.
Au premier tour de la présidentielle de 2012, Idy crédité de 7 %, perd du terrain en pointant à la 5ème position, loin derrière Abdoulaye Wade (34,81 %), Macky Sall (26,58 %), Moustapha Niass (13,20 %) et Ousmane Tanor Dieng (11,30 %).
Au second tour, Idy se résigne à voter contre son ancien mentor, participant ainsi au sacre de Macky Sall et à la seconde alternance du Sénégal. Mais l’idylle fait long feu parce que dès 2013, ne partageant pas la vision du néo-président, Idrissa Seck quitte, non sans regret, la mouvance présidentielle. Depuis, il est l’un des plus virulents opposants de Macky Sall.
VIDEO
HOULEUX DÉBAT ENTRE MALICK DIOP ET ALIOUNE DIONE
Le programme des candidats Ousmane Sonko et Macky Sall passé au peigne fin sur le plateau de l'émission Etat-major sur IGFM
SenePlus vous propose l'intégralité du premier numéro de l'émission Etat major sur IGFM.
Voir vidéo.
LA POLICE ET LA GENDARMERIE AFFECTÉES À LA SÉCURITÉ DES CANDIDATS
es éléments de la police nationale et de la gendarmerie nationale seront mis au service de la sécurité respective des candidats jusqu’à la fin des élections, a annoncé mardi le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique
Dakar, 12 fev (APS) – Des éléments de la police nationale et de la gendarmerie nationale seront mis au service de la sécurité respective des candidats jusqu’à la fin des élections, a annoncé mardi le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, au lendemain des scènes de violences survenus à Tambacounda entre des militants du PUR et ceux de Benno Bokk Yaakaar, occasionnant deux morts.
"D’ores et déjà, les dispositions sont prises pour renforcer la sécurité des candidats. A cet effet, des éléments de la police nationale et de la gendarmerie nationale seront mis au service de leur sécurité respective jusqu’à la fin des élections", a écrit le ministre sur ses comptes Facebook et twitter.
Selon lui, "les évènements survenus le lundi 11 février 2019 à Tambacounda entre des militants du PUR et ceux de Benno Bokk Yaakaar ont coûté la vie à deux de nos concitoyens et causé plusieurs blessés actuellement pris en charge dans les structures sanitaires".
Il a ajouté que "des journalistes ont également été violentés et des voitures incendiées".
"Cette situation est regrettable à ce stade de la campagne électorale et au moment où son encadrement sécuritaire dans tous les aspects a mobilisé un nombre important d’éléments des Forces de Défense et de Sécurité, engagés pour la sécurité des populations au prix parfois de leur vie", selon Aly Ngouille Ndiaye.
Le gouvernement, assure-t-il, "ne saurait tolérer la violence d’où qu’elle vienne". Il ajoute : "c’est pourquoi, aussi bien la gendarmerie que la police sont à pied d’œuvre pour rechercher et appréhender les responsables afin de les présenter à la justice".
Le ministre de l’Intérieur s’incline "au nom de l’Etat" devant "la mémoire des disparus et souhaite un prompt rétablissement à tous les blessés".
Il invite aussi les populations à "rester calmes et à faire confiance à nos forces de défense et de sécurité qui ne ménageront aucun effort pour garantir la poursuite normale de la campagne électorale et assurer un scrutin apaisé".
PAR BABACAR DIOP BUUBA
LES MÉDIAS SONT-ILS FACILITATEURS OU ACTEURS PARTISANS ?
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Quels effets auront les nouvelles lois relatives aux données personnelles sur l’audiovisuel, sur les technologies de l’information et de la communication ? Quels effets auront les changements dans l’équipe ?
#Enjeux2019 - Du 25 juin au 1er juillet 2005, le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, en partenariat avec le Club de Veille pour la Paix en Afrique de l’Ouest, avait organisé, à Cotonou, un Forum des partis politiques, des médias et de la société civile en Afrique de l’Ouest sur le thème : « La construction de la paix et de la démocratie en Afrique de l’Ouest ».
Parmi les recommandations, on pouvait relever certaines concernant spécifiquement les professionnels de la communication et d’autres concernant leurs relations avec les partis politiques et la société civile (actes du Forum, pp. 134-137)
- Quand la lumière venait du Bénin -
Les participants avaient fait les propositions suivantes :
Utiliser les langues régionales de grande communication et former les journalistes dans ces langues ;
Créer des agences de presse régionales pour alimenter les médias de chaque pays en informations africaines et renforcer la PANA ;
Utiliser les nouvelles techniques de l’information et de la communication (NTIC) pour la promotion d’une information régionale ;
Encourager la couverture des conflits ou autres évènements par des journalistes d’autres que ceux en conflits ;
Rédiger au niveau régional un protocole sur le renforcement des capacités de la presse africaine et sur la protection des journalistes dans l’exercice de leur fonction ; demander aux médias de s’engager pour être garant de la pluralité de l’information, en donnant une place égale et juste aux différents acteurs sociaux : société civile et partis politiques, sans être partenaires inféodés à ceux-là ;
Créer un lieu de rencontres et d’échanges entre journalistes chevronnés et jeunes recrues pour améliorer la qualité du traitement et l’esprit de responsabilité ;
Renforcer les capacités des organes d’autorégulation et accroître la légitimité des organes de régulation en garantissant leur représentativité, en respectant l’esprit de la pluralité politique, etc. ;
Rendre viables les entreprises de presse, en imposant à tout entrepreneur privé des critères précis : capital, local, conditions de travail des salariés, nombre, et augmenter l’aide publique, sans autre condition que la représentativité, le poids et la régularité des médias ;
Elargir les règles aux radios communautaires afin qu’elles puissent faire de l’information générale ;
Signer des conventions collectives garantissant les droits des professionnels des médias
- Le miroir sénégalais -
Dans un document de la Commission Economique pour l’Afrique, datée de 2003 sur le thème : « Médias africains et technologies de l’information et de la communication (TIC) au service du développement », quelques pages consacrées au Sénégal donnent une certaine idée de la perception relativement favorable que des observateurs étrangers pouvaient avoir du Sénégal au début de la première alternance politique post indépendance (op. cit. 117). Ce regard est tout à fait différent de celui porté par Jacques Habib Sy dans son ouvrage datant de la même année et intitulé : « Crise de l’audiovisuel au Sénégal »
S’il fallait réduire la substance de cet ouvrage à une formule immédiate repérable, il faudrait la trouver dans le constat suivant : « il y a dans notre télévision nationale alimentée par nos sous et le labeur harassant et ingrat de tous les Sénégalais, trop de propagande politique, trop de la famille biologique et politique du chef de l’Etat, trop de parti pris d’une confrérie religieuse au détriment d’autres communautés confessionnelles, trop de discours et pas de résultats visibles palpables, trop de prosélytisme religieux, alors qu’il revient à l’Etat d’être impartial, de mettre tout le monde au travail et sur un pied d’égalité, et surtout, d’éviter de rompre les équilibres de stabilité de la Nation et du pays (l’accès équilibré de tous à la terre, aux richesses et aux opportunités, l’accès de tous à la couverture équilibrée des nouvelles et l’information, la juste rémunération du labeur paysan, l’équidistance que doit observer l’Etat entre toutes les confessions religieuses, la baisse des prix scandaleusement élevés du téléphone, de l’eau et de l’électricité : et surpriorité des priorités, l’accès des jeunes à des emplois réels et non fictifs tels ceux proposés sur le petit écran.
Comme la télévision nationale est muette, sur toutes les dérives sociales et bien d’autres beaucoup plus graves, voire terrifiantes, il est temps, encore une fois, de tirer la sonnette d’alarme. La Nation est malade, très malade. Les maux dont elle souffre sont aggravés par la télévision nationale à travers un dévoiement collectif des mœurs, dévoiement activement promu par des émissions télévisuelles qui sont une insulte à notre ethos collectif et à notre dignité, il est légitime de pointer du doigt la corrélation étroite entre tourisme sexuel qui a très gravement avili la dignité de nos jeunes garçons et filles à la fleur de l’âge, mais pris dans le désœuvrement et le tournis de la prostitution, de la drogue, des « deals » à faire vomir, du trafic de jeunes filles à une échelle insoupçonnable, à travers des circuits parallèles protégés par la corruption ambiante. Ce n’est que de se promener dans Dakar et sa banlieue, de jour ou de nuit, dans les villes principales ou secondaires, les marchés hebdomadaires provinciaux et parfois jusque dans les villages reculés pour se rendre compte que l’élan de la Nation, son enthousiasme, voire son innocence, sa dignité, sa fierté se sont brisés par endroits dans des proportions gigantesques.
Prenons garde. Et expliquons-nous sérieusement dans la prise en parole, dans l’organisation collective et la mobilisation citoyenne. Il n’est pas tache plus urgente pour l’heure que la démocratisation du secteur audiovisuel. L’alternance qui s’est réalisée à la télévision a été dévoyée, détournée d’une trajectoire qui aurait pu (et là réside toute l’ambigüité du « modèle » sénégalais) être calée dans les aspirations populaires. Elle a déçu les attentes et l’espoir d’une nouvelle gestion de la gouvernance publique accoucheuse d’un sens plus aigu de la justice sociale et d’une répartition des richesses et des produits du travail.
Il se fait tard, il est important de le dire. Il est encore plus important de travailler à l’avènement d’une aube vraiment nouvelle. Une aube épurée des marchands d’illusions, des contrebandiers politiques et idéologiques tapis dans les rangs « civils » à des fins obscurément « citoyennes », mais déjà démasqués par le projet de contrôle politique dont ils sont porteurs. Le Sénégal a certainement atteint l’âge de la maturité démocratique malgré tout le chemin qu’il lui reste à parcourir et saura faire jeter bas les masques, tous les masques.
L’Etat devrait participer à cet élan généreux en assainissant le contenu de notre télévision, en la rendant plus « nationale », dans son contenu, plurielle et moins sectaire mais surtout davantage engagé dans la lutte pour une télévision démocratique réellement au service de tous et hautement soucieuse des valeurs de justice sociale, de transparence dans la gestion administrative et programmatique et d’équité dans le façonnement des messages politiques, sociaux, culturels et économiques. J.H.S, Dakar, mai 20à3 » (In Crise de L’audiovisuel au Sénégal, Dakar, 2003, p. 27-29).
La même année 2003, Sidy Lamine Niasse (Paix et salut à son âme) systématisait son itinéraire dans un ouvrage : « Un arabisant entre presse et pouvoir ». Il revient sur les acteurs, sur leurs constantes et responsabilités
« Depuis le magistère d’Abdou Diouf, l’Exécutif a souvent eu des rapports mi-figue, mi-raisin avec la presse privée. Pour se donner des périodes de grâce appréciables dans le contexte social explosif de l’ajustement structurel, les présidents Diouf et Wade ont eu recours à la subvention, à la presse (une pratique observée dans plusieurs pays de la sous région, sans doute, sous l’effet des contestations syndicales ou patronales du monde médiatique). Le montant de cette subvention dont l’utilité a encore été contestée par les patrons de presse reçus par le chef de l’Etat, laisse des zones d’ambigüité qui permettent au pouvoir d’entrer dans les bonnes grâces de la presse privée ou procéder à une stratégie distributive à géométrie variable. Cette stratégie ne représente donc pas encore un pas décisif dans le développement d’une véritable industrie médiatique solidement plantée sur ses deux jambes, l’une permettant un équilibre satisfaisant entre les exigences de liberté d’opinion et d’expression et une objectivité non fébrile dans la couverture de l’actualité et des évènements, et l’autre, permettant au patronat national allié aux forces de son choix de mettre en place des industries de plus en plus spécialisées et rentables d’efficacité (dans la production indépendante, la production filmique, la production radiophonique, la production télévisuelle, théâtrale, le concert musical de nature philharmonique ou de show business au sens large, etc.) Cette recherche d’un équilibre interne par la presse elle-même et par l’Etat en coopération avec les forces privées qui contrôlent l’industrie médiatique encore dans l’enfance, sont les deux mamelles qui nourriront une industrie médiatique sevrée de tous les vices qui l’empêchent pour l’instant de s’assumer pleinement » (op. cit. p. 115-121).
- La situation a-t-elle changé depuis 2003 ? -
L’analyse du traitement des campagnes électorales permet d’apporter quelques éclairages.
Dans un numéro hors-série des Cahiers de l’Alternance, la Directrice du CESTI Eugénie Rokhaya AW avait alors montré l’évolution de la presse (op. cit. p. 5).
Après l’étude menée en 2005, le CESTI a produit une seconde en 2016. Le Directeur d’alors, le professeur Ibrahima Sarr souligne :
« Concernant les médias au Sénégal, force est de reconnaitre qu’ils jouent un rôle éminemment important dans la société dont ils ne sont pas simplement un maillon, mais plutôt un levier de toute première importance. Ils sont des outils incontournables dans la promotion d’une culture de la démocratie. En se fondant sur l’histoire politique de notre pays, on peut dire, c’est dans les années 1980, que les médias ont commencé à jouer véritablement leur rôle. Même si les débuts de la presse dans notre pays datent de 1886 avec la mise en circulation du Réveil du Sénégal et du Petit Sénégalais lors des législatives de la même année et même si le pluralisme était de mise, cette presse était plutôt la traduction d’une longue lutte sociale au Sénégal.
Cette presse coloniale trainait de lourds handicaps. Elle était essentiellement d’opinion, au contenu politique fort marqué. Elle avait donc une mission de prosélytisme politique. Il s’y ajoute que cette presse était soutenue par des groupes d’intérêts économiques (les commerçants indépendants, les maisons de commerce marseillaises et bordelaises) ou raciaux (blancs, métis, autochtones). Et enfin la vie politique était limitée aux quatre communes et aux évolués, ce qui limitait l’influence de cette presse. Après la Constituante de 1946 et l’élargissement de la vie politique au pays de protectorat, consécutivement à la loi Lamine Guèye en Mai 1946 (citoyenneté française), cette presse dans le cadre de lutte pour l’indépendance resta une presse de propagande.
Sous Léopold. S. Senghor (1960-1980), les médias n’ont pas assuré le rôle de promoteurs de la démocratie. Le journaliste était perçu comme « agent du développement » en raison d’un facteur éxogène : « la théorie de la modernisation », développée par des chercheurs américains dont Daniel Lerner et Wilbur Schramm. Pour ces derniers, on peut s’appuyer sur des médias pour développer les pays du Tiers-monde, tout au long des années 1960, l’UNESCO s’est fait le relais de ce paradigme dans les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. En outre avec le parti unique de fait et la mise en place de procédures autoritaires par le président Senghor, les médias publics étaient sous haute surveillance. Un contrôle s’exerce sur la radio, en raison du rôle important qu’elle joue dans les crises politiques : éclatement de la Fédération du Mali, crise au sommet de l’Etat, Mai 68 à Dakar. La radio devient un moyen de justification et de légitimation du pouvoir. Quant à la presse d’opinion de l’opposition, elle est réduite à la clandestinité alors que les journaux privés d’informations générales – Afrique Nouvelle, Africa, le Politicien, Promotion, se sont heurtés à l’humeur du président Senghor.
C’est depuis le milieu des années 1980 que les médias sénégalais ont commencé véritablement à jouer le rôle de promoteurs de la démocratie en raison du multipartisme intégral, de l’émergence d’une presse privée dynamique, professionnelle, équidistante du pouvoir et de l’opposition, de l’ouverture du paysage audiovisuel et de l’introduction du wolof – langue parlée par 80% de la population sénégalaise – dans le traitement de l’information.
Le Sénégal a connu sa première alternance politique le 19 mars 2000, avec l’arrivée d’Abdoulaye Wade au pouvoir. Il ne nous semble pas utile de revenir sur la contribution des médias à cet évènement historique du Sénégal postcolonial. Ce qu’il faut noter est qu’après la lune de miel, près de trois ans après l’alternance, le président Wade (2000-2012) n’était plus d’humeur à supporter la liberté de ton d’une presse qui dénonçait sa gestion autoritaire du pouvoir et le non-respect des promesses électorales. Il est vrai que les dérives de la presse privée ont permis au pouvoir politique de s’acharner sur elle. Il est encore tôt de faire le bilan de l’évolution des médias sous Macky Sall, au pouvoir depuis 2012.
La presse sénégalaise, au cours de la dernière décennie, a beaucoup perdu de sa qualité. Elle sombre parfois dans une sorte de « journalisme grand-place » (ce qui fait la part belle aux rumeurs) et s’implique de plus en plus dans les luttes politiques et économiques. Mais quelles que soient leurs imperfections, les médias sont indispensables à toute société démocratique. On doit les aider à assumer leur rôle dans le cadre de la démocratie, en mettant l’accent sur la formation et la responsabilisation des journalistes. Ceux-ci doivent aussi favoriser un accès démocratique à l’espace public en « élargissant le cercle de la parole ». Mais, il faut aussi plus de responsabilité chez les hommes politiques : ne pas instrumentaliser les médias, donner les coudées franches aux médias du service public, ne pas sombrer dans la spectacularisation de la communication politique, ne pas céder à la « dictature de l’urgence » ou de la pression de l’information et de l’évènement. Car le temps médiatique et le temps politique n’ont pas le même régime d’historicité ; enfin les politiques doivent revaloriser leur rôle, qui est d’agir sur la réalité. Des vœux pieux ! »
Dans cette même livraison, on peut lire : « Zapping sans limite : Les investisseurs dans le domaine audiovisuel sont à Dakar pour l’essentiel. On y dénombre plus d’une vingtaine de chaines de télé, en attendant le numérique ».
Sud quotidien n° 7698 du 11 Janvier 2019 a récemment fait le point sur l’utilisation des TIC par les candidats les plus en vue à l’issue du premier filtrage basé sur le parrainage béni par le gouvernement et la majorité présidentielle. Il s’agit de la guerre des réseaux sociaux, Idy, Sonko et Karim, … la toile en mire
Karim Wade est dans la bataille, Idrissa Seck est très présent sur les réseaux sociaux. Macky serait suivi par 1 221 000 internautes, sur FaceBook et Twitter, Madické serait en communion avec 16 678 internautes, Khalifa Sall avec 313 506 internautes, Issa Sall avec 4 264 internautes, O. Sonko est une véritable icône sur FaceBook
La nuit du 31 Décembre 2018, a été l’occasion de vérifier des tendances fortes.
- Zoom sur 2019 -
Le président de la République, candidat, à sa propre succession non seulement a présenté son bilan, mais s’est offert, par le canal du médium public, qu’est la RTS, un face-à-face prolongé avec la presse avec des risques mesurés. Ses réponses aux questions délicates vont édifier beaucoup de Sénégalais sur sa vraie nature. Sur d’autres plateaux, le zapping aidant, on a pu déceler d’autres préférences : ainsi la 2STV n’a pas manqué d’avoir un invité spécial, Ousmane Sonko, leader du Pastef présent sur le terrain et sur les réseaux sociaux, d’autres chaines, comme TFM, ont organisé des tables rondes avec des représentants des différentes forces politiques. Mieux, un des PDG de groupe de presse, en l’occurrence Elhadj Ndiaye de la 2 STV, a été bien inspiré pour dire que « celui qui va gagner lors des prochaines élections sera confronté à des problèmes complexes ».
Quels effets auront les nouvelles lois relatives aux données personnelles, sur l’audiovisuel, sur les technologies de l’information et de la communication ?
Quels effets auront les changements dans l’équipe du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel ? L’avenir nous édifiera.
Babacar Diop Buuba est universitaire, professeur titulaire de classe exceptionnelle en Histoire ancienne à l'Ucad. Il a été exclu dès les premières réunions du Mouvement pour la Libération des Femme (MLF) en France dans les années 80, comme d’autres militants curieux. Babacar Diop Buuba a participé dans la même période à un séminaire des femmes à Thiès comme unique participant masculin. Il a récidivé dans les années 90 à Capetown dans le cadre du GEO (Gender Education Office de l’ICAE, le Conseil International d’Education des Adultes.
Ténk ci wolof
Yeenekaay ci politig bi
Ñu bare xam nañ ne politig, li ko lal, moodi jumtuwaayu jokko : moo xam ci géew, ci baye, ci rajo, ci surnaal, ci telewisoŋ ak yenen yu bees, mel ni ki internet, maanaam jokkoo bu gaaw ci biir ak ci biti
Waaye leer na ni jumtuwaay yooyu de, xaalis, xam xam ak mën mën ñoo koy maye. Rax ci dolli danuy suuxët mbaa xëccaale jikkoy réew yi ňu joge, réew yi nuy jaar, ak reew yi nuy teer.
Kon boog, ku farluwul, doo mën dékku dooley jumtuwaay yu bees yi.
Réewi Afrik yi, ñoo géna sonn, ndaate seeni làkk yu bare, ñoo ngiy raaf, linu leen di xëpp bes bu ne, bare na, te tuur lëndem bare na, ci li nu yakkal, sedd leen ci.
Yeen saay, nu nëxel seen xel, ak xol, ngir waññi seen doole ; looloo tax ñiy jàngal gone yi, ak di dimmale mag ñi, war nan yokk seen xam xam, ak mën mën, ngir jariñoo fent jumtuxwaay, ngir aar seeni mbokk.
Am na woykat yi, tëggkat yi, fentkay nu def lu am solo, ngir saxal jàmm, mbaa xiir doomi réew mi ci ngor, fulla ak faayda. Yeeneekay, degg la, bare nan, te wuute. Seeni boroom bokku nu gis gis.
Parparloo feeñ na ci, am dumóoyu baadooloo yi, njaay doolé yi, am sax ñuy satle nootkat yi. Ba tax na jaambur yi, ñoo wara yeewu, mëna ràññe, ngir tànn li am solo, ngir baña reccu, topp li leen amal njariñ, amal njariñ mboolo mi, askan wi.
Baabakar Joob Buuba
LE NUMÉRIQUE, GRAND OUBLIÉ DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE
Parcourez les fils d’actualité, ouvrez un journal, allumez la télé ou la radio... Partout, vous retrouverez les thèmes jugés incontournables de l’élection présidentielle: gouvernance démocratique, réforme de la justice, secteur privé nationale
Après une semaine de campagne, tous les candidats ont eu l'occasion d'exposer le cœur de leur programme. Et force est de constater que les débats laissent bien peu de place aux sujets consacrés aux enjeux colossaux du numérique. Tous les secteurs de la vie économique et sociale sont pourtant directement impactés par le numérique, mais cela ne semble guère intéresser les prétendants à la présidence de la République dans la campagne électorale.
Parcourez les fils d’actualité, ouvrez un journal, allumez la télé ou la radio... Partout, vous retrouverez les thèmes jugés incontournables de l’élection présidentielle: gouvernance démocratique, réforme de la justice, secteur privé nationale, infrastructures, pétrole et gaz… Autant de thèmes qui monopolisent le débat politique – à la mesure de leur importance dans notre quotidien, certes, mais au détriment d’autres sujets pourtant cruciaux du monde qui se construit.
Parmi eux, le numérique, délaissé dans les débats, les émissions, meetings et autres interviews que nous livrent quotidiennement les médias et les candidats alors que le Sénégal est dans la pauvreté numérique.
Le Sénégal, qui ne cesse d'être épinglé par les institutions internationales pour son retard dans le numérique, est toujours à la traîne. Pire encore, il recule depuis 2012. En effet, de la 124e place en 2012, le Sénégal dégringole à la 142e place en 2017 selon l'indice de développement des TIC de L'Union internationale des télécommunications (UIT).
Ce recul, les Sénégalais le vivent au quotidien par une mauvaise qualité de service quand il est accessible, des tarifs encore élevés et toutes les entreprises du numérique plombés dans leur potentiel de croissance.
Au regard de ce constat, que de défis numériques à relever: défi de l'aménagement numérique du territoire, l'éducation, la santé, le défi économique, culturel et sécuritaire en plus du défi de nos droits et libertés fondamentales et démocratique.
A l’examen des programmes publiés, trois des cinq candidats (Idrissa Seck, Macky Sall, Ousmane Sonko) ont clairement accordé un peu plus de soin au volet numérique de leur projet. Ils intègrent dans leur vision de l'avenir du Sénégal, les enjeux de la transformation numérique de l'économie et de la société.
Par contre, au jeu du moins-disant, c'est sans l'ombre d'un doute Madické Niang qui mérite la palme, suivi de Issa Sall.
Madické NIANG, «DIAM AK KHEWEUL»: UN PROGRAMME VIDE, AUCUNE PROPOSITION
A l’évidence, là où la société s'est emparée des outils numériques, le candidat Madické Niang reste en retard. Aucune proposition au moment où des réponses sont nécessaires aux défis numériques du Sénégal.
Les enjeux du numérique, qu'ils soient économiques ou sociétaux, semblent complètement passer au-dessus de la tête du candidat Madické Niang.
Issa SALL, «VISION DU PUR 100»: UN PROGRAMME PRESQUE VIDE
Le numérique est à peine mentionné dans son programme, le candidat Issa Sall se contente de deux mesurettes imprécises disséminées dans une longue série de 100 propositions.
Le numérique, dernière roue de la carrosse de ce programme est porté par le candidat Issa Sall, Docteur en Sciences Informatiques.
Aucune proposition concrète, juste deux lignes succinctes et floues: Utilisation des TICs et Promotion de l’économie numérique.
Idrissa SECK «VISION 1-3-15-45»: RECONNAISSANCE D’INTERNET COMME UN DROIT HUMAIN FONDAMENTAL, LEVIER DE CROISSANCE ET DE SOUVERAINETE
Le candidat Idrissa Seck axe ses propositions sur une vision du numérique comme levier de croissance économique, de réforme du fonctionnement de l'État, tout en amplifiant la dynamique de l'innovation pour la souveraineté numérique.
En outre, le candidat Idrissa Seck milite pour la neutralité du net en somme un internet libre et ouvert sans discriminations dans les contenus et l’accès. Mieux encore, il s’est engagé à abroger toutes les mesures en vigueur qu’elles soient législatives ou réglementaires tendant à limiter l’accès à internet et aux réseaux sociaux.
Cinq des six axes du programme sont en phase avec les défis identifiés, néanmoins, beaucoup de propositions sont générales et imprécises. Elles doivent être retravaillées pour les transformer en propositions concrètes.
Engagements phares:
Abrogation de toutes les mesures en vigueur qu’elles soient législatives et/ou réglementaires tendant à limiter l’accès aux réseaux sociaux;
Création de centres d’incubations TIC sur l’ensemble du pays appelés e-pôles territoriaux qui vont permettre l’éclosion de startups;
Assignation et d’attribution des fréquences faisceaux hertziens par des appels d’offres ouverts.
Macky Sall «LIGGEEYAL ELLEK»: SURVEILLANCE DE MASSE, REMISE EN CAUSE DES LIBERTES FONDAMENTALES ET RENFORCEMENT DE LA REPRESSION
Le septennat du candidat Macky Sall se termine. Celui qui devait incarner à la fois l’extension des droits et libertés fondamentales à l’ère numérique et la modernisation de notre société par le numérique laisse derrière lui un bilan désastreux.
Son programme avait comme priorité le parc des technologies numériques de Diamniadio et les cyber-cases communautaires qui à ce jour ne sont pas encore réalisés.
En outre, les conditions d’un développement du numérique au profit des sénégalais n’ont jamais été créées par le candidat Macky Sall. Tout au plus, la mise en œuvre biaisée de leviers de régulation qui dans le principe sont pertinents.
Ce septennat restera aussi celui qui a fait entrer le Sénégal dans l'ère de la surveillance de masse, en plus de la régression des droits et libertés numériques par l’adoption d’une série de lois liberticides (Code de la presse voté en 2017, Code des télécommunications électroniques voté en 2018) mais aussi du renforcement de la répression sur internet et les réseaux sociaux par la modification du code pénal en 2016.
En définitive, aucune réalisation majeure ayant un impact sur le vécu des sénégalais ne peut être attribuée au Président sortant aussi il n’est surprenant que le numérique ne soit point cité dans son bilan.
Le mandat qui s'achève n’est pas glorieux pour le candidat Macky Sall, et paradoxalement, il s'inscrit clairement dans la continuité du programme dont le résultat est un bilan numérique négatif.
En effet, seules trois sur les dix mesures phares du programme constituent des solutions aux défis numériques du Sénégal. Il n’y a aucune mesure tendant à répondre aux problèmes liés au cadre juridique inadéquat, le cadre institutionnel, l’aménagement numérique du territoire, la mauvaise régulation du secteur, la santé, la culture, la protection des libertés, l’e-démocratie, etc.
Mesures phares:
Promouvoir le financement de l’innovation par un Fonds de soutien au numérique (FSN) doté de quinze milliards FCFA (soit 3 milliards par an);
Introduction progressive de l’enseignement de l’informatique et de l’anglais à partir du cours moyen;
Création sur une période décennale de trente mille (30.000) places dédiées aux technologies de l’information dans les instituts supérieurs d’enseignement professionnel (ISEP), l’université virtuelle du Sénégal (UVS) et les licences professionnelles des universités.
Ousmane SONKO «SOLUTIONS NUMERIQUES» UN CATALOGUE DE SOLUTIONS VAGUES ET IMPRECISES
Le candidat Ousmane Sonko, star des réseaux sociaux, dispose d’une section spéciale consacrée au numérique dans son programme. Il est le candidat qui a fait le plus de propositions numériques.
Mais, à l’analyse, on se rend bien compte qu'il saupoudre du numérique un peu partout. Le candidat Ousmane Sonko parsème ici ou là son programme de propositions numériques, sans beaucoup réfléchir sur les enjeux de transformation de l'économie et de la société, quitte à flirter avec la naïveté.
Des 45 solutions numériques du candidat Ousmane Sonko beaucoup sont des propositions maquillages car elles ont déjà été actées depuis bien longtemps et celles qui constituent des nouveautés manquent cruellement de mesures opérationnelles. Un catalogue de solutions vagues et floues.
Le candidat le plus attendu sur le numérique de par sa jeunesse et candidat autoproclamé des jeunes ne propose aucune mesure visant à garantir les droits humains à l’ère numérique et la démocratie participative via les outils numériques.
Grands projets phares:
Recensement intégral et biométrique de toute la population;
Mettre en place un fichier biométrique des étrangers résidents;
Redynamiser le Plan National Géomatique.
A l’évidence, les candidats n’ont pas une maitrise des forces et faiblesses du numérique au Sénégal aussi ils ne se sont guère aventurés vers l’inconnu. Aussi, les propositions n'ont pas vraiment de portée, qu'elles sont souvent des effets d'annonce, très vagues à l’exception de quelques propositions concrètes du candidat Idrissa Seck et Macky Sall.
Le numérique c'est important parce que ça fait moderne mais une liste de propositions ne fait pas une vision. Aussi, quand il s'agit de bosser le programme pour expliquer des actions concrètes, il n’y a aucune vision politique de haut niveau du numérique qui se dégage.
En 2019, un président numérique au Palais ? C'est peu probable au vu du versant numérique des programmes des candidats qui peinent à offrir une vision d'ensemble cohérente et pertinente.
Messieurs les candidats à l'élection présidentielle, nous attendons des propositions concrètes d’urgence numérique en accord avec les attentes et aspirations des Sénégalais. Dites-nous dès à présent ce que vous comptez réellement faire face à l'évolution de ce nouveau monde numérique qui est déjà le nôtre.
Fait à Dakar, le 12 / 02 / 2019 Association Sénégalaise des Utilisateurs des TIC
Après une semaine de campagne, tous les candidats ont eu l'occasion d'exposer le cœur de leur programme. Et force est de constater que les débats laissent bien peu de place aux sujets consacrés aux enjeux colossaux du numérique. Tous les secteurs de la vie économique et sociale sont pourtant directement impactés par le numérique, mais cela ne semble guère intéresser les prétendants à la présidence de la République dans la campagne électorale.
Parcourez les fils d’actualité, ouvrez un journal, allumez la télé ou la radio... Partout, vous retrouverez les thèmes jugés incontournables de l’élection présidentielle: gouvernance démocratique, réforme de la justice, secteur privé nationale, infrastructures, pétrole et gaz… Autant de thèmes qui monopolisent le débat politique – à la mesure de leur importance dans notre quotidien, certes, mais au détriment d’autres sujets pourtant cruciaux du monde qui se construit.
Parmi eux, le numérique, délaissé dans les débats, les émissions, meetings et autres interviews que nous livrent quotidiennement les médias et les candidats alors que le Sénégal est dans la pauvreté numérique.
Le Sénégal, qui ne cesse d'être épinglé par les institutions internationales pour son retard dans le numérique, est toujours à la traîne. Pire encore, il recule depuis 2012. En effet, de la 124e place en 2012, le Sénégal dégringole à la 142e place en 2017 selon l'indice de développement des TIC de L'Union internationale des télécommunications (UIT).
Ce recul, les Sénégalais le vivent au quotidien par une mauvaise qualité de service quand il est accessible, des tarifs encore élevés et toutes les entreprises du numérique plombés dans leur potentiel de croissance.
Au regard de ce constat, que de défis numériques à relever: défi de l'aménagement numérique du territoire, l'éducation, la santé, le défi économique, culturel et sécuritaire en plus du défi de nos droits et libertés fondamentales et démocratique.
A l’examen des programmes publiés, trois des cinq candidats (Idrissa Seck, Macky Sall, Ousmane Sonko) ont clairement accordé un peu plus de soin au volet numérique de leur projet. Ils intègrent dans leur vision de l'avenir du Sénégal, les enjeux de la transformation numérique de l'économie et de la société.
Par contre, au jeu du moins-disant, c'est sans l'ombre d'un doute Madické Niang qui mérite la palme, suivi de Issa Sall.
Madické NIANG, «DIAM AK KHEWEUL»: UN PROGRAMME VIDE, AUCUNE PROPOSITION
A l’évidence, là où la société s'est emparée des outils numériques, le candidat Madické Niang reste en retard. Aucune proposition au moment où des réponses sont nécessaires aux défis numériques du Sénégal.
Les enjeux du numérique, qu'ils soient économiques ou sociétaux, semblent complètement passer au-dessus de la tête du candidat Madické Niang.
Issa SALL, «VISION DU PUR 100»: UN PROGRAMME PRESQUE VIDE
Le numérique est à peine mentionné dans son programme, le candidat Issa Sall se contente de deux mesurettes imprécises disséminées dans une longue série de 100 propositions.
Le numérique, dernière roue de la carrosse de ce programme est porté par le candidat Issa Sall, Docteur en Sciences Informatiques.
Aucune proposition concrète, juste deux lignes succinctes et floues: Utilisation des TICs et Promotion de l’économie numérique.
Idrissa SECK «VISION 1-3-15-45»: RECONNAISSANCE D’INTERNET COMME UN DROIT HUMAIN FONDAMENTAL, LEVIER DE CROISSANCE ET DE SOUVERAINETE
Le candidat Idrissa Seck axe ses propositions sur une vision du numérique comme levier de croissance économique, de réforme du fonctionnement de l'État, tout en amplifiant la dynamique de l'innovation pour la souveraineté numérique.
En outre, le candidat Idrissa Seck milite pour la neutralité du net en somme un internet libre et ouvert sans discriminations dans les contenus et l’accès. Mieux encore, il s’est engagé à abroger toutes les mesures en vigueur qu’elles soient législatives ou réglementaires tendant à limiter l’accès à internet et aux réseaux sociaux.
Cinq des six axes du programme sont en phase avec les défis identifiés, néanmoins, beaucoup de propositions sont générales et imprécises. Elles doivent être retravaillées pour les transformer en propositions concrètes.
Engagements phares:
Abrogation de toutes les mesures en vigueur qu’elles soient législatives et/ou réglementaires tendant à limiter l’accès aux réseaux sociaux;
Création de centres d’incubations TIC sur l’ensemble du pays appelés e-pôles territoriaux qui vont permettre l’éclosion de startups;
Assignation et d’attribution des fréquences faisceaux hertziens par des appels d’offres ouverts.
Macky Sall «LIGGEEYAL ELLEK»: SURVEILLANCE DE MASSE, REMISE EN CAUSE DES LIBERTES FONDAMENTALES ET RENFORCEMENT DE LA REPRESSION
Le septennat du candidat Macky Sall se termine. Celui qui devait incarner à la fois l’extension des droits et libertés fondamentales à l’ère numérique et la modernisation de notre société par le numérique laisse derrière lui un bilan désastreux.
Son programme avait comme priorité le parc des technologies numériques de Diamniadio et les cyber-cases communautaires qui à ce jour ne sont pas encore réalisés.
En outre, les conditions d’un développement du numérique au profit des sénégalais n’ont jamais été créées par le candidat Macky Sall. Tout au plus, la mise en œuvre biaisée de leviers de régulation qui dans le principe sont pertinents.
Ce septennat restera aussi celui qui a fait entrer le Sénégal dans l'ère de la surveillance de masse, en plus de la régression des droits et libertés numériques par l’adoption d’une série de lois liberticides (Code de la presse voté en 2017, Code des télécommunications électroniques voté en 2018) mais aussi du renforcement de la répression sur internet et les réseaux sociaux par la modification du code pénal en 2016.
En définitive, aucune réalisation majeure ayant un impact sur le vécu des sénégalais ne peut être attribuée au Président sortant aussi il n’est surprenant que le numérique ne soit point cité dans son bilan.
Le mandat qui s'achève n’est pas glorieux pour le candidat Macky Sall, et paradoxalement, il s'inscrit clairement dans la continuité du programme dont le résultat est un bilan numérique négatif.
En effet, seules trois sur les dix mesures phares du programme constituent des solutions aux défis numériques du Sénégal. Il n’y a aucune mesure tendant à répondre aux problèmes liés au cadre juridique inadéquat, le cadre institutionnel, l’aménagement numérique du territoire, la mauvaise régulation du secteur, la santé, la culture, la protection des libertés, l’e-démocratie, etc.
Mesures phares:
Promouvoir le financement de l’innovation par un Fonds de soutien au numérique (FSN) doté de quinze milliards FCFA (soit 3 milliards par an);
Introduction progressive de l’enseignement de l’informatique et de l’anglais à partir du cours moyen;
Création sur une période décennale de trente mille (30.000) places dédiées aux technologies de l’information dans les instituts supérieurs d’enseignement professionnel (ISEP), l’université virtuelle du Sénégal (UVS) et les licences professionnelles des universités.
Ousmane SONKO «SOLUTIONS NUMERIQUES» UN CATALOGUE DE SOLUTIONS VAGUES ET IMPRECISES
Le candidat Ousmane Sonko, star des réseaux sociaux, dispose d’une section spéciale consacrée au numérique dans son programme. Il est le candidat qui a fait le plus de propositions numériques.
Mais, à l’analyse, on se rend bien compte qu'il saupoudre du numérique un peu partout. Le candidat Ousmane Sonko parsème ici ou là son programme de propositions numériques, sans beaucoup réfléchir sur les enjeux de transformation de l'économie et de la société, quitte à flirter avec la naïveté.
Des 45 solutions numériques du candidat Ousmane Sonko beaucoup sont des propositions maquillages car elles ont déjà été actées depuis bien longtemps et celles qui constituent des nouveautés manquent cruellement de mesures opérationnelles. Un catalogue de solutions vagues et floues.
Le candidat le plus attendu sur le numérique de par sa jeunesse et candidat autoproclamé des jeunes ne propose aucune mesure visant à garantir les droits humains à l’ère numérique et la démocratie participative via les outils numériques.
Grands projets phares:
Recensement intégral et biométrique de toute la population;
Mettre en place un fichier biométrique des étrangers résidents;
Redynamiser le Plan National Géomatique.
A l’évidence, les candidats n’ont pas une maitrise des forces et faiblesses du numérique au Sénégal aussi ils ne se sont guère aventurés vers l’inconnu. Aussi, les propositions n'ont pas vraiment de portée, qu'elles sont souvent des effets d'annonce, très vagues à l’exception de quelques propositions concrètes du candidat Idrissa Seck et Macky Sall.
Le numérique c'est important parce que ça fait moderne mais une liste de propositions ne fait pas une vision. Aussi, quand il s'agit de bosser le programme pour expliquer des actions concrètes, il n’y a aucune vision politique de haut niveau du numérique qui se dégage.
En 2019, un président numérique au Palais ? C'est peu probable au vu du versant numérique des programmes des candidats qui peinent à offrir une vision d'ensemble cohérente et pertinente.
Messieurs les candidats à l'élection présidentielle, nous attendons des propositions concrètes d’urgence numérique en accord avec les attentes et aspirations des Sénégalais. Dites-nous dès à présent ce que vous comptez réellement faire face à l'évolution de ce nouveau monde numérique qui est déjà le nôtre.
Fait à Dakar, le 12 / 02 / 2019 Association Sénégalaise des Utilisateurs des TIC