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12 septembre 2025
LES JOURNALISTES AUX PORTES DE LA MORT
Hier, à la place d’une caravane ou d’un meeting, les journalistes qui accompagnent le candidat du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) issa Sall ont été les témoins d’une barbarie inouïe à Tambacounda.
De sanglants affrontements ont opposé les militants de Benno Bokk yakaar (Bby) aux membres du cortège du Pur et se sont soldés par la mort de deux jeunes de la mouvance présidentielle. dans le camp des journalistes, on a noté deux blessés dont un grièvement et un chauffeur s’est retrouvé avec la jambe fracturée.
La ville de Tambacounda a vécu hier une journée sanglante et meurtrière. En effet, le quartier Dépôt a été le théâtre de violents affrontements entre les membres du cortège du Pur et les militants de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby).Des heurts qui se sont soldés par la mort de deux jeunes proches de la mouvance présidentielle. Tout est parti d’un problème d’affiche. C’est aux environs de 9 heures qu’une dispute a éclaté entre les deux camps, faisant sortir la délégation du Pur de la maison dans laquelle elle logeait depuis dimanche. Dans ses explications, le responsable de l’Apr Mamadou Vieux Ndiaye accuse un membre de la délégation du Pur d’avoir déchiré les affiches du candidat de Bby pour y inscrire en gros caractères le nom de PUR. Après une première altercation qui s'est calmée suivie d'une deuxième, la troisième a été fatale pour le camp du pouvoir. Alors qu'un journaliste s’entretenait avec leader de BBY, un autre jeune, qui venait juste d'être informé de la situation, abreuve d’insultes les journalistes. Ce qui met le feu aux poudres. La situation dégénère. C’est l'affrontement entre la sécurité du PUR et les militants de Bby.
A coups de pierres et autres projectiles, les deux camps s’étripent sous le regard des autres militants du PUR et des habitants du quartier. Les membres de la garde rapprochée de Issa Sall ont pourchassé les jeunes de BBY jusque dans leurs maisons. L'un des jeunes qui faisait face aux éléments du Pur est poignardé. Il perd la vie sur le coup. Au même moment, tous les véhicules du cortège rallient l'hôtel Niji, pour y rejoindre le candidat Issa Sall. Quelques minutes plus tard, la délégation qui voulait se rendre à Bakel est prise à partie par des jeunes en furie qui ont callaissé le cortège. Les éléments de sécurité du PUR ripostent. Alors que le convoi était sur le point de sortir de la ville, d'autres jeunes barrent la circulation en brulant des pneus.
Devant, le cortège est stoppé net par d'autres jeunes de Bby. Pendant plus de trois quarts d'heure, la caravane du PUR se heurte une nouvelle fois à la détermination des jeunes. Même les renforts de la police n’ont servi à rien. Il aura fallu l'intervention des forces de l’ordre pour que les manifestants se dispersent. Sous l'insistance d'un agent de la police judiciaire, certains membres de la garde rapprochée du candidat du Pur enlèvent leur cagoule pour qu'ils soient identifiés, alors que d'autres opposent un niet catégorique. La délégation rebrousse chemin pour emprunter une autre route. Mais elle tombe sur une embuscade tendue par d'autres jeunes venus à bord de motos Jakarta. «Il faut foncer», lance un chef du protocole. Dans cette course effrénée, des membres de la délégation essuient des jets de pierres. Ce qui n’a pas été le cas du deuxième bus transportant les journalistes qui a cogné une voiture de marque 4x4.
Dans le bus, c'était le sauve-qui-peut. Le journaliste du site «Igfm», Ibrahima Khalil Sène se blesse au visage, alors que le chauffeur s’est retrouvé avec une jambe cassée. C'est à bord d'une voiture surchargée que les journalistes, l'équipe médicale ainsi que les techniciens de la sono sont arrivés à Botou, localité située à 10km de Tambacounda. Les blessés sont évacués dans le poste de santé de la localité où ils ont bénéficié de premiers soins avant que les deux blessés graves ne soient acheminés à l’hôpital de Tambacounda. A bord de motos, des jeunes qui ne voulaient pas désarmer ont suivi les membres du cortège qui se sont retranchés à Botou. Il a fallu que le commandant de la légion Est de la Gendarmerie, le préfet et les enquêteurs se transportent sur les lieux pour protéger le reste de la délégation jusqu'à la venue du bus devant transporter la presse et l'équipe médicale.
«C’EST LE RESULTAT DE L'APPEL A LA VIOLENCE PRONE PAR CERTAINS RESPONSABLES POLITIQUES»
Dans matinée d’hier, de violentes échauffourées se sont produits à Tambacounda entre la délégation du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) et des militants de l’alliance Pour la république (Apr). ces affrontements ont trois morts du côté du camp présidentiel et de nombreux blessés. En meeting à Oussouye, le candidat de la mouvance présidentielle a condamné ces actes avant de promettre des sanctions. cela dit, Macky Sall a soutenu que cet évènement tragique est le résultat de l’appel à la violence lancé par l’opposition.
Le candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) est outré par la violence à Tambacounda qui a enregistré trois morts dans ses rangs. Hier, en meeting à Oussouye, Macky Sall a commencé son discours par déplorer ces incidents dramatiques qu’il a qualifiés de malheureux et ayant entrainé la mort de trois jeunes militants de l’Apr. Il trouve dans la foulée ce qui s'est passé très regrettable ; non sans tirer des conclusions hâtives en soutenant que c’est le résultat de l'appel à la violence prôné par certains responsables politiques. «Mais qu’ils sachent qu'ils répondront de leurs actes devant les tribunaux. Et la loi s'appliquera sans faiblesse aucune, croyez moi», a martelé le Président sortant. Macky Sall a ainsi présenté ses condoléances aux familles des victimes . Il demande à ce que toute la lumière soit faite ; puisque la campagne électorale ne saurait être un prétexte pour que la violence s'installe dans le pays. «Force devra rester à la loi quelles que soient les circonstances», précise-t-il.
Par ailleurs, le chef de l’Etat a invité ses partisans à ne pas céder à la provocation et à ne pas répondre à la violence. Même si son camp est largement majoritaire à tous les niveaux. «Nous voulons bâtir une démocratie moderne», soutient-il avant d’appeler toutefois tous les candidats à faire la même invite à leurs militants et sympathisants. Selon lui, les gens peuvent voter pour qui ils veulent sans faire de violence.
Le leader de BBY a profité de cette brèche pour renouveler son appel pour la paix en Casamance. «Entendons-nous ; unissons-nous ; nous sommes tous des fils de ce pays, le Sénégal. Donc nous devons travailler à consolider cette paix sans laquelle aucun développement n'est possible. Nous devons tous y travailler pour que la Casamance retrouve durablement et définitivement la paix», a-t-il conclu.
«ME WADE ET ABDOUL MBAYE SONT MORALEMENT RESPONSABLES DE CES VIOLENCES»
Le flot de violences charrié par la campagne électorale ne laisse pas indifférente la directrice de cabinet du candidat Macky Sall, Aminata Touré accuse
Le flot de violences charrié par la campagne électorale ne laisse pas indifférente la directrice de cabinet du candidat Macky Sall. dans cet entretien, Aminata Touré accuse nommément l’ancien Président Abdoulaye Wade et l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye d’en être des inspirateurs.
Deux morts à Tamba, des blessés à Fatick, la violence s’incruste dans la campagne. Quel est votre commentaire?
Tout d’abord, je m’incline devant la mémoire de ces jeunes qui ont perdu la vie à la fleur de l’âge. Qu’Allah les accueille au Paradis. Ceux qui ont préconisé la violence portent la responsabilité morale de ces morts et blessés. Ceux de l’opposition qui ont appelé à brûler les cartes et le matériel électoral et empêcher le déroulement normal du scrutin sont moralement responsables de ces violences regrettables. En premier lieu, le Président Abdoulaye Wade, ancien Chef de l’Etat, professeur de Droit de son état qui, du haut de ses 93 ans, devrait être l’apôtre de la paix, en se rappelant qu’il a accédé au pouvoir dans la paix en 2000. Et il l’a aussi d’ailleurs perdu en 2012 par un scrutin normal, même si sa volonté d’avoir un troisième mandat nous avait valu la perte d’une dizaine de vies. Le Président Wade a l’obligation aujourd’hui d’appeler clairement à la paix car il doit regretter, je suis sûre, ces pertes de vie de jeunes gens. Pour ce qui concerne l’ancien premier ministre Abdou Mbaye, qui n’a eu que 14.000 voix aux législatives dernières, et évidemment n’a pas pu rassembler 53.000 parrainages, il devrait s’indigner de sa propre indécence. Lui, comme premier ministre du Président Macky Sall, qui a tenu les propos les plus acerbes contre Abdoulaye Wade dont il a pourfendu la mal-gouvernance urbi et orbi. Son VAR est là, disponible pour tous. Comme notre candidat Macky Sall l’a indiqué à tous ses partisans, nous ne répondrons pas à la provocation car nous sommes sur le chemin de la victoire, cette victoire inéluctable qui saigne d’avance le cœur d’une partie de l’opposition qui, depuis sept ans, a en vain tenté de créer la tension dans le pays. Nous n’allons pas dévier de notre objectif, celui d’élire largement notre candidat Macky Sall pour l’excellent travail qu’il a effectué tout au long de ces 7 sept années. La démocratie sénégalaise est forte, elle est ancrée et irréversible ; et j’espère que tous les acteurs politiques sauront se hisser au niveau où les attendent les sénégalais et les sénégalaises.
Mais à Saint-Louis et Fatick, ce sont bien des militants de Benno qui ont été cités comme instigateurs.
Ce n’est pas ce que nos sources nous rapportent. Vous savez, quand il y a échauffourées, il est toujours difficile de savoir qui a commencé quoi ; mais le plus important est de faire comprendre aux jeunes, quel que soit le parti où ils se trouvent, que la violence n’est absolument pas nécessaire pour élire son candidat. Il s’agit de mettre son bulletin dans l’urne et le candidat qui a le plus de bulletins gagne. Nous avons un devoir d’éducation et non d’incitation vis à vis de notre jeunesse. C’est nous qui avons perdu un militant, hélas ! Et nous espérons que les coupables répondront de leurs actes.
UN LEBOU BERCE PAR DU ROCK ET DU JAZZ DANS L'AFROTRAP
Lébou bon teint, natif de Ouakam, Amsatou Mbengue est sorti des sentiers battus en allant explorer des sonorités autres que celles de ses origines. Audacieux, il a sorti sur le marché beaucoup de singles dont le dernier titre intitulé «Bii khalé».
Il ne manque pas d'audace. Amsatou Mbengue, comme l’appelle communément ses proches, veut faire carrière dans la musique. Perché sur ces 23 piges, style "swag", ce jeune du quartier de Ouakam veut parcourir le monde en explorant ses sonorités. De son nom d'artiste Amsatus, il vient de sortir son 7ème single sur la scène musicale sénégalaise où la concurrence est rude, avec des musiciens talentueux. Mais cette rudesse, le jeune rappeur n'en a cure. C'est un fana de la musique depuis le bas-âge. Cependant, tenez-vous bien! Amsatou est étudiant en quatrième année en Ingénierie Logicielle à l’Ecole supérieure polytechnique (Esp) de Dakar, ex-Ensut. Malgré cela, il compte se frayer un chemin sur la scène musicale sénégalaise. Dans son morceau «Bii Khalé» qu'il a tourné dans un clip vidéo, le jeune artiste chante en duo avec Mborakh Killer. Ils abordent dans ce single le thème de l'amour. Comme quoi, il est tombé sur le charme d'une fille qu'il dépeint comme l'amour de sa vie. Toujours est-il que ce jeune a eu le virus de la musique par le biais de ses parents qui l'ont bercé avec de la musique Rock, du Jazz, entre autres. A l'en croire, il a voulu embrasser une carrière musicale entre 2005 et 2006. Mais comme dit un adage populaire, tout vient à point à qui sait attendre. La musique, si l'on se fie à Amsatus, est une passion de longue date car, renchérit-il, ses parents étaient de vrais mélomanes.
Toutefois, à la question de savoir comment il fait pour allier sa carrière musicale et ses études, Amsatus, sourire au coin, nous fait savoir qu'il privilégie avant tout ses études. Néanmoins, il relativise en soutenant qu'il n'écarte pas de se faire une place dans la musique sénégalaise. Mais avec un style atypique. Son genre musical épouse celui de grands artistes connus sur le plan international comme Mhd, un chanteur d'origine guinéenne. L’Afro Trap, puisque c'est de cela qu'il s'agit, est un mélange de sonorités dominé par le Rap et les beats africaines. Une tendance en vogue depuis un certain temps et qui a fini par subjuguer les mélomanes. Un style musical très connu au Sénégal. C'est ce qu'a compris apparemment Amsatus qui a pris la décision de sortir des sentiers battus pour offrir au public sénégalais du sang neuf dans les productions musicales. Son choix d'aller explorer d'autres sonorités n'est pas fortuit. « C'est après moult tergiversations que j'ai fini par décider de me lancer dans l'Afro Trap parce que j'ai toujours eu un penchant pour le Rap. Mais puisque je suis africain, j'y ai rajouté des sonorités africaines pour me rendre plus authentique ».
Toujours selon Amsatus, ce n'était pas évident qu’il fasse de la musique mais ces proches l'ont en quelque sorte influencé. "A mes débuts, je faisais de la musique pour mon plaisir. Mais mes proches qui m'ont écouté chanter m'ont poussé à aller en studio ; et c'est sur cette base que j'ai décidé de me lancer dans la musique", se souvient-il. Par ailleurs même si, dit-il, il a la ferme volonté de percer dans la musique, Amsatus souhaite avoir une profession qui nourrit bien son homme à la fin de son cursus universitaire afin de pouvoir financer lui-même sa musique et voler de ses propres ailes.
RISQUES DU SYNDROME IDY DE 2007
On n’aura pas fini de parler de cette séquence du film Sonko-Wade à coups de projecteurs. Mais là, c’est sous l’angle des retombées électorales d’un tel duel.
Cela rappelle les va-et-vient de Idrissa Seck au Palais pour des pourparlers avec le maître des lieux de l’époque. C’est ce que certains avaient qualifié «d’audiences de midi» hyper médiatisées. Ce qui en faisait de grands coups de com’ aussi bien pour le Palais que pour Idrissa Seck. Même si le résultat n’a pas toujours été à la faveur de ce dernier. Aujourd’hui, dans son «Palais» du Terrou-Bi, l’ancien Président multiplie les «audiences d’après-midi» avec les leaders de l’opposition. Et celle de Sonko a été la seule publique devant les caméras et les micros. Ce qui en fait également une grosse opération de publicité.
Wade en a bénéficié puisqu’il a réussi à attirer le phénomène pour avoir aussi les autres qui ne seraient pas dans son plan de sabotage de la Présidentielle. Sur ce coup, il l’a réussi puisque dimanche, il a réuni plusieurs leaders de l’opposition. Mais le leader de Pastef a aussi pu faire croire aux Libéraux un blanc-seing tacite pour le vote. Mais à l’arrivée, dans les urnes, va-t-il en récolter les fruits, après son combat contre le système qu’il a remis en cause ? C’est là tout le risque du «syndrome Idy» qu’encourt le candidat de la coalition SonkoPrésident.
En effet, en 20017, le leader de Rewmi avait le vent en poupe du fait de la forte sympathie que lui avait conférée son statut de prisonnier politique fraîchement libéré en 2007. Le «génie» Wade, craignant un 2ème tour fatal, avait alors éteint la flamme Seck par des négociations aux allures de deal. Le candidat, favori de l’opposition de l’époque, en est sorti ainsi discrédité et avait fait douter certains de ses sympathisants. Et, semble-t-il, ces atomes crochus avec Wade auraient beaucoup joué dans son score de 15% qui n’a pu empêcher la réélection du candidat de la coalition Sopi2007 dès le premier tour.
LE CARITAS MOBILISE 4 MILLIARDS
Caritas Sénégal a mis la main à la poche pour venir en aide aux personnes démunies du pays.
Avec le concours de ses partenaires, elle a mobilisé 4 241 198 134 francs Cfa. Une somme qui a été investie dans plusieurs secteurs. La révélation a été faite lors de la 55e Assem¬blée générale qui s’est tenue ce week-end à Kaolack sur le thème : «Problématique de la mobilisation des ressources du réseau Caritas Sénégal : enjeux et perspectives.»
Caritas Sénégal n’a pas lésiné cette année sur les moyens pour porter assistance aux nécessiteux du pays. Elle a investi, au cours de l’année 2018, plus de 4 milliards de francs Cfa, pour financer différents projets et programmes au profit des populations rurales et urbaines. Il s’agit de l’accès à l’eau potable, l’agriculture, l’élevage, l’assainissement, la santé, la prévention des maladies infectieuses et des maladies hydriques, l’environnement, la migration et les urgences.
Selon Monseigneur Jean-Pierre Bassène, par ailleurs président de Caritas Sénégal, lors de son discours d’ouverture de la 55e Assemblée générale de Caritas Sénégal tenue à Kaolack sur le thème : «Problématique de la mobilisation des ressources du réseau Caritas Sénégal. Enjeux et perspectives», ces moyens ont été mobilisés grâce à la coopération fraternelle des partenaires. A en croire l’évêque de Kolda, ces moyens ont permis de résoudre la «problématique de la mobilisation des ressources du réseau Caritas Sénégal». Et c’est dans ce sens qu’il a rendu grâce à Dieu, car la mobilisation de ces fonds financiers n’était pas du tout évidente.
Le gouverneur de Kaolack, qui a présidé la cérémonie d’ouverture, n’a pas tari d’éloges à l’endroit de l’Ong catholique. «Aucun mot ne saurait être assez éloquent, aucun endroit plus indiqué que celui-ci, une occasion plus propice que cette assemblée pour exprimer notre fierté de compter au sein de notre communauté, une structure telle que Caritas, dont l’action est guidée par les enseignements de la Bible», a-t-il dit. Une reconnaissance qui est allée droit au cœur des autorités religieuses de l’église catholique qui ont promis une meilleure collaboration avec les représentants de l’Etat. «Nous voulons avoir une collaboration étroite avec les représentants de l’Etat, tant que nous considérons que nous œuvrons tous pour le bien des mêmes populations», a soutenu l’évêque de Kolda.
L’ETAT MET FIN A LA POLEMIQUE
ZONE DES NIAYES Interdiction des activités maraîchères dans le périmètre de restauration
Sur instruction du président de la République Macky Sall, toutes les pancartes qui étaient installées pour délimiter la zone de restauration des Niayes ont été enlevées. L’annonce a été faite hier par le Réseau des associations pour le développement et l’émergence des Niayes qui polarise les communes de Darou Khoudoss, Mboro et Notto Gouye Diama.
C’est un ouf de soulagement pour les populations de la zone des Niayes. L’Etat, sur instruction du chef de l’Etat, a enlevé toutes les pancartes qui étaient installées le long de la zone des Niayes, de Cayar à Lompoul, pour délimiter le périmètre de restauration de ladite zone. En effet, explique le secrétaire général du Réseau des associations pour le développement et l’émergence des Niayes, Amadou Ba, une rumeur allant dans le sens d’une supposée décision prise par l’Etat du Sénégal pour interdire les activités maraîchères dans le périmètre de restauration des Niayes avait installé un véritable malaise dans toute la zone de Darou Khoudoss. Et la confusion a été surtout alimentée par l’implantation de pancartes par le service des Eaux et forêts pour délimiter la zone. Et les acteurs politiques en quête de suffrages en cette veille de l’élection présidentielle ont été indexés comme étant les auteurs de cette rumeur distillée à dessein pour embarquer les populations et une telle situation avait finalement installé un malaise et de profondes divergences entre les forestiers et les populations de la zone des Niayes.
«Si Macky est réélu, les pancartes seront réinstallées»
«Nous pouvons dire maintenant que ce problème est derrière nous parce que les pancartes ont été enlevées sur ordre du président de la République. Et après une rencontre avec le ministre des Forces armées, Augustin Tine, un émissaire du Président Macky Sall, ce dernier nous a rassurés parce qu’il y avait beaucoup d’intoxication», fait savoir Amadou Ba. Et M. Ba d’ajouter : «Même après l’enlèvement des pancartes, des politiciens continuent toujours de dire aux populations que l’Etat a juste pris la décision le temps d’une élection présidentielle. Et si le Président Macky Sall est réélu, les pancartes seront réinstallées.» Toutes raisons, selon M. Ba, de «l’organisation du point de presse pour rassurer les populations, mais aussi pour leur dire de ne pas avoir peur parce que l’essentiel a été fait. Et nous leur disons que si le Président Macky Sall a subventionné l’essence, le gasoil et les semences, il ne prendra jamais une décision pour interdire aux gens de faire leurs cultures maraîchères». Pour dire, selon Amadou Ba, que «nous voulons rassurer les populations. Il ne faut pas qu’elles laissent les politiciens les prendre en otage».
Auparavant, le ministre de l’Environnement et du développement durable, pour rétablir la vérité, après une visite tout le long de la bande, avait rencontré les populations la semaine dernière. Thierno Dieng avait rassuré les populations sur la souveraineté du patrimoine foncier qui les entoure et qui fait l’objet du périmètre de restauration des Niayes. Il avait expliqué que le périmètre est composé de trois éléments qui constituent un écosystème fragile. Il s’agit de la bande des filaos, des cuvettes maraîchères et des dunes continentales. Cette zone a été actée par un arrêté de 1957, qui a délimité une zone de 41 mille ha. Depuis, seuls deux déclassements ont été prononcés et ils répondaient à des intérêts publics. C’est ainsi qu’en 1972, il y a eu un déclassement pour les besoins de la création du Centre de perfectionnement de Mboro, en 1984 pour l’installation de l’entreprise Africa energy pour faire face au déficit en énergie dont le pays était confronté. Il annonçait aussi que la bande des filaos a été construite mécaniquement par des arbres sur une distance de 450 km, de Dakar à Saint-Louis. Et l’objectif était de fixer les dunes de sable et protéger la cuvette maraîchère.
«Jamais question de vous gêner dans vos activités d’exploitation»
En définitive, il s’agissait de protéger les habitations des populations et leur procurer en même temps une source de revenus. Il est évident que ces deux rôles ont été accomplis et il n’est pas question qu’ils soient compromis aujourd’hui pour quelque raison que ce soit. Et de rassurer les populations qu’«elles peuvent continuer à y habiter, y faire paître leurs animaux et mener les activités agricoles dans la cuvette maraîchère. Les agents des Eaux et forêts n’ont jamais dit qu’ils allaient gêner les populations dans leurs activités. Cependant, il peut y avoir des malentendus et des incompréhensions». Et avait-il insisté : «L’Etat du Sénégal tient à rassurer toute la population de sa ferme volonté de la laisser jouir de son bien le plus précieux qui est le périmètre des Niayes, aussi bien du point de vue de l’agriculture, de l’habitat et de l’élevage. La bande n’est pas là contre les populations, elle est faite pour elle et pour répondre à leurs besoins. Et ici, il n’y a aucun acte administratif qui va dans le sens d’empêcher aux populations de jouir de ce périmètre maraîcher. Le rôle des pancartes est tout simplement de le délimiter. Il n’est pas question et il ne sera jamais question de vous empêcher ou de vous gêner dans vos activités d’exploitation de ce périmètre maraîcher. Au contraire, nous voulons que l’activité soit pérenne et définitive.»
Dans son speech, il avait demandé aux populations de se méfier «des oiseaux de mauvais augure» qui étaient à la base de cette rumeur. «Nous sommes dans une période très sensible avec le calendrier républicain qui fait que nous allons vers une élection présidentielle avec 5 candidats. La quête des suffrages s’inscrit dans l’ordre normal des choses, mais il y a une manière républicaine de la faire. Ce n’est pas parce qu’on cherche des suffrages qu’on essaye d’agir sur la conscience des Sénégalais pour leur faire dire des choses qui ne sont pas avérées. Pour moi, cela relève de l’irresponsabilité.»
LES PARTIES RENVOYEES AU 18 FEVRIER PROCHAIN
A la barre de la Cour d’appel, les conseils des propriétaires des 253 villas détruites en son temps par le prévenu ont expliqué la raison du renvoi sollicité.
Les avocats du collectif des victimes de la cité Gadaye ont sollicité hier un renvoi après avoir constaté que le mis en cause n’a pas séjourné en prison, malgré le mandat d’arrêt décerné contre Babacar Fall. Rendez-vous au 18 février pour les débats d’audience.
Toujours pas d’épilogue dans l’affaire opposant Babacar Fall et le collectif des victimes de la cité Gadaye de Guédiawaye. Hier, il y a eu un énième renvoi au 18 février. A chaque fois, c’est le même motif qui est invoqué à savoir l’exécution du mandat d’arrêt décerné contre le promoteur immobilier. A la barre de la Cour d’appel, les conseils des propriétaires des 253 villas détruites en son temps par le prévenu ont expliqué la raison du renvoi sollicité. Pour Me Abou Dialy Kane, «ce sont des faits qui nous semblent extrêmement graves. Le premier juge avait lancé un mandat d’arrêt contre ce monsieur compte tenu de la gravité des faits. Et ce matin (Ndlr : hier), nous avons constaté que les conditions d’exécution du mandat d’arrêt n’étaient pas claires. Parce que tout le monde a constaté que cette personne ne venait pas de la Maison d’arrêt comme le prévoit la loi. Pour que cette affaire soit jugée dans des conditions qui épousent les dispositions du Code de procédure pénale, nous avions estimé qu’il était nécessaire de la renvoyer à huitaine pour nous permettre de plaider».
Hors prétoire, le coordinateur du collectif, Mbaye Tine, et ses camarades ont exprimé leur étonnement et colère. Car, disent-ils, ils avaient vu le matin le mis en cause descendre d’un taxi. Ce qui a fait dire à l’un de leurs avocats, Me Kane, que les conditions d’exécution du mandat d’arrêt sont «nébuleuses». Il a ajouté que le prévenu a été conduit à la barre par un agent pénitentiaire qui officie à la Cour d’appel. «C’est un dossier qui doit être jugé comme tous les autres dossiers. Pourquoi autant de dérogations qui vont susciter des suspicions et qui ne valent pas évidemment tout ceci. Notre conviction à l’instant où nous parlons, c’est que le mandat d’arrêt n’est pas exécuté», a assené Me Assane Dioma Ndiaye au cours des débats d’audience.
Pour la partie civile, Babacar Fall n’a pas été conduit à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss conformément à la loi relativement au Code de procédure pénale.
Dans sa réplique, le représentant du Parquet a donné des explications sur la procédure, qui sont loin de convaincre la partie civile. Il dit : «Ce n’est pas seulement un agent de la Cour d’appel mais c’est un agent de l’Administration pénitentiaire, même s’il est en civil. Sur la régularité des pièces qui nous ont été remises, on a vu un procès-verbal d’exécution. Je ne peux pas maintenant vous dire le nombre d’heures ou de minutes qu’il a fait au niveau de la Maison d’arrêt.»
La défense a aussi abondé dans le même sens, car selon Me Ciré Clédor Ly, l’affirmation selon laquelle son client se pavanait n’est pas exacte.
Après le renvoi décidé par la Cour, la défense a demandé une mise en liberté provisoire de son client. «C’est quelqu’un qui respecte foncièrement la justice. Il a toujours comparu. Cela veut dire qu’il n’y a pas de défaut de garantie de représentativité», a assuré Me Ciré Clédor. Le ministère public s’y est opposé. Finalement, la requête a été mise en délibéré à la même date. En effet, le prévenu a été condamné en première instance à 2 ans d’emprisonnement ferme pour les délits de «destruction de biens appartenant à autrui, faux et usage de faux et escroquerie à jugement». A l’origine, chaque partie réclamait la paternité des terrains sur lesquels ont été bâties des maisons qui finiront par être rasées par le promoteur immobilier.
SILENCE… TELE SUR LES MORTS, SAUF LA MINUTE DE SILENCE DE SONKO
Quatre gendarmes tués dans le cortège de Macky Sall à Sédhiou. Sept minutes de temps d’antenne. 4 des 5 candidats n’ont pas pensé à ces vaillants patriotes, morts en service commandé.
Le Président sortant a présenté ses condoléances hier sans le faire passer à son temps d’antenne. Dans la marée humaine, des personnes âgées se bousculaient pour juste serrer la main à Macky Sall. Mais le candidat de la coalition Benno bokk yakaar n’est pas le seul à enfouir le drame. Idrissa Seck, Madické Niang et Issa Sall ont tous passé sous silence ce malheureux événement. Du moins à la lucarne. Dans sa marche orange, Idrissa Seck, sourire aux lèvres, était entre raillerie sur le bilan du régime Sall et promesses à l’endroit des populations de Kolda, Vélingara, Médina Yoro Foula.
Le leader de la coalition Madické 2019 avait opté pratiquement pour le même style à Oussouye, Goudomp où il a séjourné. A Tambacounda et Kédougou, Issa Sall s’est départi de son grand boubou habituel aux couleurs de son parti à savoir le vert. C’est le costume-cravate à l’ordre du jour… vestimentaire. En revanche, les lunettes de lecture et la casquette étaient là. En ce 9ème jour de campagne, Ousmane Sonko a été l’unique candidat à demander à ses militants et sympathisants d’observer une minute de silence en guise d’hommage aux disparus. Des promesses dans les secteurs de la pêche et du tourisme ont ponctué son passage à la télé, hier lundi.
PAR MODY NIANG
CE QUE NOUS ATTENDONS (ENCORE) DU FUTUR PRÉSIDENT, S'IL N'EST PAS LE PRÉSIDENT SORTANT
Les cinq candidats font le tour du pays, chacun à sa manière, pour conquérir l’électorat. Les candidats de l’opposition font des promesses, prennent des engagements. Le candidat sortant se distingue particulièrement sur ce terrain
Nous sommes en plein dans la campagne pour l’élection présidentielle du 19 février 2019. Les cinq candidats font le tour du pays, chacun à sa manière, pour conquérir l’électorat. Les candidats de l’opposition font des promesses, prennent des engagements. Le candidat sortant se distingue particulièrement sur ce terrain. Mais cette fois, il se garde de promettre des réformes et plaide pour la continuité, son bilan en bandoulière. Ce bilan est malheureusement loin de nos attentes, même si nous ne pouvons pas l’ignorer. Nous l’apprécions la terre froide, par rapport à un certain nombre de paramètres que nous avons passés en revue dans nombre de nos contributions.
Matériel comme moral, ce bilan nous laisse sur notre faim, celle de changements et de ruptures profondes dans la gouvernance de notre pays que nous attendons depuis 58 ans. Nous n’avons pas fait qu’attendre : nous y avons travaillé du mieux que nous avons pu, et pendant de longues années, pour enfin réussir deux alternances par les urnes, le 19 mars 2000 et le 25 mars 2012. Malheureusement, l’une comme l’autre ont été de grosses déceptions, ayant reconduit pratiquement le même système, avec les mêmes hommes et les femmes qui pillent le pays depuis mars 1963.
Les Sénégalaises et les Sénégalais oubliant très vite, je leur rappelle les premiers engagements solennels du vieux président prédateur et de son successeur et sosie. Dans son discours à la Nation du 3 avril 2000, le vieux président-politicien déclarait sans ambages : « J’ai indiqué à chaque ministre ce que j’attends concrètement de lui. Je veux que le nouveau régime soit différent de celui de l’ancien régime qui est était celui des improvisations et des approximations. Je leur ai tout aussi dit que je veux un gouvernement de ministres vertueux qui mettent en avant l’intérêt de la nation. Je ne saurais tolérer les pratiques de commissions plus ou moins occultes de corruption ou de concussion sous quelque forme que ce soit. Je veux que soient bannies de l’espace sénégalais ces pratiques qui, dans ma pensée, appartiennent désormais au passé. »
Avec la même verve qu’on lui connaît, il mettait en exergue « sa volonté de se battre pour l’instauration de politiques vertueuses, la réduction des délais et la simplification des procédures ». Le vieux président-politicien ne s’arrêta pas en si bon chemin. Présidant la première session ordinaire de l’année 2000 du Conseil économique et social (encore en vie à ce moment-là), il insista sur la nécessité « d’identifier et de supprimer tous les surcoûts qui font fuir les investisseurs », non sans annoncer « l’adoption toute prochaine d’un nouveau code des marchés publics » et réaffirmer l’objectif de « lutter sans merci contre la corruption qu’il a assigné au gouvernement ».
Je pourrais bien m’arrêter à ces seules déclarations, mais la tentation est forte et je vais terminer par une toute dernière qui, comme les précédentes, rassurait ce qu’on appelait alors « le peuple de l’alternance » et jetait l’effroi dans les rangs des pauvres Socialistes. Profitant d’une réunion du bureau politique du PDS tenue au Centre international pour le commerce extérieur (CICES) le samedi 24 février 2001 et, devant une assistance chauffée à blanc et qui applaudissait à tout rompre, le nouveau Chef de l’Etat y révéla une autre volonté, celle de « signer un contrat avec une société privée suisse qui sera chargée de la vérification et du contrôle de la comptabilité nationale ». Et ce n’était pas tout. Il poursuivit : « J’ai pris moi-même cet engagement et j’ai demandé à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international (FMI) d’en faire de même, car je veux que le Sénégal soit une maison de verre, une maison transparente dans laquelle les programmes seront suivis jour et nuit et j’enverrai la situation économique et financière mensuellement à tous nos partenaires. » Ëskëy !
Le lecteur comprendra que je ne m’attarde pas sur ce que sont devenus ces engagements pris dans des circonstances solennelles. J’ai consacré quatre livres et bien plus de cent contributions à la longue gouvernance du vieux président prédateur, qui est une succession de graves forfaits, dont le moins grave le conduirait en prison dans toute grande démocratie. Les délits qui ont valu à Richard Nixon sa destitution en 1974 et à l’ancien président brésilien Luis Inacio Lula da Silva sa condamnation à neuf ans et six mois de prison (avril 2018) sont sûrement moins graves que le détournement des quinze millions de dollars de fonds taïwanais, la rocambolesque rénovation de l’avion de commandement ‘’La Pointe de Sangomar’’, l’iniquité avec laquelle il a géré nos maigres réserves foncières, et ce ténébreux ‘’Protocole de Reubeuss’’ que nos autorités refusent obstinément d’éclaircir. Notre pays étant ce qu’il est, celui de tous les possibles, le vieux prédateur âgé aujourd’hui de plus de 94 ans y est pourtant reçu comme un héros et pèse encore lourdement dans un événement aussi important que la prochaine élection présidentielle, sept ans après son départ du pouvoir.
La deuxième alternance qui a porté au pouvoir le président-politicien Jr est aussi décevante, peut-être plus décevante encore. Ce dernier boucle ses sept ans de gouvernance et sollicite un second mandat après avoir, comme son vieux prédécesseur, renié tous ses engagements et terriblement dégradé toutes nos valeurs de référence. Avec lui aussi, nous refusons d’être amnésiques et nous rappelons encore comme si c’était hier son premier message à la Nation le 2 avril 2012. Il y affirmait notamment :
a) - « S'agissant de la gouvernance économique, je serai toujours guidé par le souci de transparence et de responsabilité dans la gestion vertueuse des affaires publiques. Je mets à ma charge l'obligation de dresser les comptes de la Nation et d'éclairer l'opinion sur l’état des lieux.
b) - Je compte restituer aux organes de vérification et de contrôle de l'État la plénitude de leurs attributions. Dans le même sens, l'assainissement de l'environnement des affaires et la lutte contre la corruption et la concussion me tiennent particulièrement à cœur.
c) - À tous ceux qui assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers public, je tiens à préciser que je ne protégerai personne. Je dis bien personne !
Et il engageait fermement le Gouvernement « à ne point déroger à cette règle ».
Des engagements, il en a pris de très nombreux autres. Il en a été ainsi de celui à réduire la durée du mandat présidentiel de sept à cinq ans et à se l’appliquer, de la primauté de la Patrie sur le parti, de la Traque des biens dits mal acquis, de sa ‘’ferme’’ décision de ne jamais prendre un décret pour nommer son frère bien aimé à un poste de responsabilité, etc. Tous ces engagements se sont volatilisés et sa gouvernance est tout sauf ce qu’il avait promis. Nous serions donc vraiment amnésiques, vraiment naïfs d’attendre encore quelque rupture que ce soit de ce politicien pur et dur.
D’ailleurs, il ne s’aventure même plus dans ce domaine devenu pour lui désormais tabou, et s’accroche de toutes ses forces à son tonitruant bilan agrémenté (encore) de promesses et d’engagements. Oui, il a eu le courage d’en faire et d’en prendre bien de nouveaux. Qui va vraiment le croire ? Allons-nous commettre une seconde erreur qui nous sera fatale, en le réélisant sur la base de ce seul tonitruant bilan, se résumant en des infrastructures fortement surfacturées, destinées bien plus à frapper l’imagination de nos pauvres populations, qu’à développer harmonieusement le pays ? Nous aurons la réponse à cette question au soir du 24 février 2019. J’espère de tout cœur qu’elle sera négative. Si c’était vraiment le cas, nous aurions alors choisi d’élire un des quatre candidats de l’opposition.
Notre rêve d’une gouvernance vraiment sobre, vertueuse, transparente, efficiente, au service exclusif du peuple, donc de profondes ruptures, a été deux fois brisé. Lequel parmi les quatre candidats de l’opposition est-il susceptible, une fois élu, de nous apporter le changement tant attendu ? Pour ne plus courir le risque d’une alternance encore sans alternative, d’une alternance aussi décevante que ces deux devancières, nous devons donc beaucoup réfléchir dans le choix de ce candidat à qui nous confierons le pays pendant cinq ans. Pour le moment, celui que des observateurs de plus en plus nombreux considèrent comme le mieux placé, étant donné la taille de sa coalition, c’est M. Idrissa Seck. Nous avons rappelé qui est l’ancien président-politicien et qui est son successeur et sosie. Nous allons nous livrer au même exercice avec le candidat de la Coalition ‘’Idy 2019’’.
Il a été au cœur du système mis en place par le vieux président-politicien pendant quatre ans, d’abord comme puissant Ministre d’Etat Directeur de cabinet, puis comme Premier Ministre. Il a eu à jouer des rôles importants dans les différents dispositifs mis en place par l’élu du 19 mars 2000. Pour mieux apprécier un de ces rôles, rappelons un engagement solennel – du moins dans la forme –, du tout nouveau Président de la République, à l’occasion de son message à la Nation, au soir du 03 avril 2000. En particulier, il y déclarait : « Ma décision de procéder à un audit de l’Etat, de ses démembrements, des sociétés d’Etat et des Sociétés nationales, dans lesquelles l’Etat détient des intérêts, ainsi que des collectivités locales, a eu un écho très favorable dans l’opinion nationale (…). Je dois au peuple sénégalais de faire la lumière sur la gestion économique en remontant aussi loin dans le temps que le permet la loi (…). »
Pour être sûr que son engagement serait respecté à la lettre, il créa une ‘’Commission de suivi des audits des entreprises publiques’’ et en confia la présidence à son Ministre d’Etat Directeur de cabinet. Une commission qui ne comptait aucun membre physique ou moral indépendant. Environ trois mois après, de retour d’un long périple – il voyageait déjà beaucoup –, il déclarait à propos des audits qui avaient commencé : « Les premiers résultats reçus sont si effarants que j’ai demandé que les dossiers soient transmis à la justice. »
() À propos de la gestion de nos ressources halieutiques, le Président de la République dressera plus tard un sévère réquisitoire. C’était dans son discours d’ouverture prononcé à l’occasion des ‘’Concertations nationales sur la Pêche et l’Apiculture’’, qui se tenaient au Méridien Président (l’actuel King Fahd Palace). Il y assénait notamment : « Les politiques antérieures ont favorisé un pillage systématique de notre patrimoine halieutique ». Il dénonça ensuite pêle-mêle « ventes illicites de licences, comptes secrets à la présidence avec les navires russes », avant d’enfoncer le clou, comme pour donner définitivement le coup de grâce : « Des dizaines et des dizaines de milliards de francs Cfa ont été dilapidés au détriment de la nation. J’ai demandé qu’une information judiciaire soit ouverte à ce propos. »
(). Le Président de la ‘’Commission de suivi des audits’’ le conforta en évoquant l’audit des Industries chimiques du Sénégal (ICS). Il y faisait état, notamment, « de ramifications internationales particulièrement graves et pour lesquelles l’Etat avait ordonné une enquête approfondie. » Une enquête sans lendemain, il convient de le signaler. Quelques mois plus tard, il rencontre la presse pour faire le point sur le dossier des audits. Au cours de ce point de presse, il commence par rassurer les journalistes de la volonté de transparence du président de la République et de sa décision d’aller jusqu’au bout dans le traitement des audits, et classe les audits en trois catégories :
1 – les audits, dont les rapports définitifs étaient disponibles,
2 - les audits dont les rapports étaient en cours d’analyse,
3 - les audits dont les rapports provisoires étaient déposés,
4 - les audits dont les rapports étaient en cours d’élaboration.
Le ministre d’Etat, Président de la fameuse Commission annoncera ensuite que d’autres entités ont été ciblées pour être auditées dans une seconde phase. Il présentera surtout la pêche et la Poste comme des « dossiers explosifs » et insistera particulièrement sur « l’importance du déficit » au niveau de la seconde nommée. Ce déficit était estimé par le rapport définitif de la Cour des Comptes transmis au Président de la République en décembre 2000 à 25 milliards de francs CFA. Se fondant sur les malversations gravissimes mises en évidence par le rapport, le Premier Ministre et le Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan (alors Moustapha Niasse et Moctar Diop) renforcés par le Président de la République, avaient affirmé que le présumé délinquant serait sévèrement sanctionné.
Jusqu’à sa mort, le plus petit doigt ne fut levé contre lui. D’autres directeurs généraux comme ceux de la Société nationale des chemins de fer du Sénégal (SNCS), de celle des Habitations à loyer modéré (SN-HLM), de la SODIDA, de la SODEVA, du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (COUD), de la Société d’Aménagement des Terres de la Petite Côte (SAPCO), pour ne citer que les plus gravement mis en cause par des rapports de la Cour de Vérification des Comptes et de contrôle des Entreprises publiques (CVCCP), puis de la Cour des Comptes créée en 1999, ainsi que de certains cabinets privés comme ‘’Ernest et Young’’, pour détournements de deniers publics allant de cinq à sept milliards de francs CFA, furent inquiétés le temps d’une rose. Finalement, tous furent ‘’blanchis’’ et bénéficièrent de troublants non-lieux et atterrirent au Comité directeur du PDS puis firent leur entrée remarquable au Gouvernement. J’étais alors très sceptique et très remonté contre les autorités de l’alternance et avais tenu à exprimer toute mon indignation dans une contribution que des quotidiens de la place avaient boudée et dont le titre était : ‘’Blanchi, c’est quoi même ?’’. J’apprendrai plus tard que c’était à cause du ‘’ton’’ du texte. Argument bien facile.
‘’Sud quotidien’’ du 23 janvier 2003 raconte que l’un de ces néolibéraux ‘’blanchis’’ a été proposé à la tête du Conseil régional de Matam. Les conseillers régionaux ne l’entendirent pas de cette oreille et s’y opposèrent catégoriquement. Il a fallu que le Ministre d’Etat devenu entre-temps Premier Ministre les convoquât à Dakar pour les rabrouer et les faire revenir à de meilleurs sentiments. C’est cet homme qui sollicite nos suffrages pour le 24 février 2019. Peut-il nous assurer que, s’il était élu, il gouvernerait autrement le Sénégal, conformément à nos attentes ? Se consacrerait-il entièrement à l’exercice de son importante fonction plutôt que de se préoccuper de « collecter des suffrages (qu’il irait) chercher jusqu’en Chine » ? Fermerait-il la porte à la détestable transhumance que son mentor d’alors et lui-même avaient pratiquement érigée en instrument de gouvernement ?
Nous rappelons aussi que, le 29 octobre 2006, il a été l’invité de Mamoudou Ibra Kane à l’Emission ‘’Grand Jury’’ de la RFM. Interrogé sur l’origine de sa fortune, il répondit : « Je ne me suis pas enrichi à la faveur du pouvoir. Les seules ressources que mon passage au pouvoir a mises à ma disposition et qui renforcent mes moyens d’intervention politique et sociale, ce sont les fonds politiques que le président de la République lui-même m’a alloués de façon discrétionnaire. »
Permettrait-il, s’il était élu, à son Directeur de cabinet ou à un autre de ses proches de s’enrichir de la même manière, à partir de la même source ? Il sait que dans le cadre de ces fonds spéciaux, le président-politicien Jr a grillé au moins 56 milliards depuis le 2 avril 2012, milliards ‘laissés à sa seule discrétion’’ et dont il ne rend compte à personne de l’utilisation. Il peut même les brûler, précise un sulfureux colonel (Malick Cissé je crois). Nous savons que, Ministre d’Etat directeur de cabinet du vieux président-politicien, il a eu à gérer ces fonds spéciaux répartis dans différents comptes bancaires, au Sénégal comme hors du pays. Que nous propose-t-il, une fois élu, par rapport à ces fonds spéciaux, à leur montant, à leur utilisation et à leur alimentation ?
Par rapport à leur alimentation en particulier, il sait ce à quoi je fais allusion. Quid de la Refondation très attendue de nos institutions et dont deux documents majeurs, la Charte de Gouvernance démocratique des Assises nationales au Sénégal et le Rapport de la Commission nationale de Réforme des Institutions (CNRI) donnent une large idée ? Sera-t-il un président NIKINANKA, buur et bummi, concentrant tous les pouvoirs et écrasant tout sur son passage, comme le président sortant ? Quelle sera sa position par rapport à la politisation à outrance qui rend notre administration de plus en plus inefficace ? Le candidat ‘’Idy 2019’’ a sûrement pris des engagements par rapport à ces questions et à d’autres que nous nous posons, comme le président sortant quand il sollicitait nos suffrages le 26 février et le 25 mars 2012. Quel gage peut-il nous donner que, contrairement à l’autre, il les respectera scrupuleusement ?
Ce texte est déjà long, peut-être très long. Il ne pouvait pas ne pas l’être, compte tenu de la taille des enjeux du moment. Dans un second et dernier jet, j’interpellerai les autres candidats et passerai en revue d’autres questions agitées çà et là, et souvent porteuses d’amalgames. En attendant, je sais que ce premier jet me vaudra les pires attaques. Ce qui ne m’empêche pas d’assumer tous les faits qui y sont relatés et que je n’ai pas inventés. Je n’ai fait que les rappeler, tels qu’ils se sont pas passés. Ils ne sont dirigés ni contre Massamba, ni contre Mademba. Quand des compatriotes aspirent à nous gouverner, nous avons le droit de chercher à savoir qui ils sont exactement. Nous nous sommes lourdement gourés le 19 mars 2000 et le 25 mars 2012. Le 24 février 2019, nous devrions réfléchir mille fois avant de glisser nos bulletins dans les urnes.
Pour en terminer définitivement avec ce premier jet, je cite, encore une fois, ces mots de l’écrivain français Alfred de Vigny : « On ne doit avoir ni amour ni haine pour les hommes qui gouvernent. On ne leur doit que les sentiments qu’on a pour son cocher : il conduit bien ou il conduit mal. Voilà tout. » Nous devrions en avoir assez des hommes et des femmes qui gouvernent très mal notre pays depuis 58 ans, et qui sont directement responsables de la peu enviable 25ème place qu’il occupe parmi les pays les plus pauvres et les plus endettés du monde.
Dakar, le 11 février 2019