LES JOURNALISTES AUX PORTES DE LA MORT
Hier, à la place d’une caravane ou d’un meeting, les journalistes qui accompagnent le candidat du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) issa Sall ont été les témoins d’une barbarie inouïe à Tambacounda.

De sanglants affrontements ont opposé les militants de Benno Bokk yakaar (Bby) aux membres du cortège du Pur et se sont soldés par la mort de deux jeunes de la mouvance présidentielle. dans le camp des journalistes, on a noté deux blessés dont un grièvement et un chauffeur s’est retrouvé avec la jambe fracturée.
La ville de Tambacounda a vécu hier une journée sanglante et meurtrière. En effet, le quartier Dépôt a été le théâtre de violents affrontements entre les membres du cortège du Pur et les militants de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby).Des heurts qui se sont soldés par la mort de deux jeunes proches de la mouvance présidentielle. Tout est parti d’un problème d’affiche. C’est aux environs de 9 heures qu’une dispute a éclaté entre les deux camps, faisant sortir la délégation du Pur de la maison dans laquelle elle logeait depuis dimanche. Dans ses explications, le responsable de l’Apr Mamadou Vieux Ndiaye accuse un membre de la délégation du Pur d’avoir déchiré les affiches du candidat de Bby pour y inscrire en gros caractères le nom de PUR. Après une première altercation qui s'est calmée suivie d'une deuxième, la troisième a été fatale pour le camp du pouvoir. Alors qu'un journaliste s’entretenait avec leader de BBY, un autre jeune, qui venait juste d'être informé de la situation, abreuve d’insultes les journalistes. Ce qui met le feu aux poudres. La situation dégénère. C’est l'affrontement entre la sécurité du PUR et les militants de Bby.
A coups de pierres et autres projectiles, les deux camps s’étripent sous le regard des autres militants du PUR et des habitants du quartier. Les membres de la garde rapprochée de Issa Sall ont pourchassé les jeunes de BBY jusque dans leurs maisons. L'un des jeunes qui faisait face aux éléments du Pur est poignardé. Il perd la vie sur le coup. Au même moment, tous les véhicules du cortège rallient l'hôtel Niji, pour y rejoindre le candidat Issa Sall. Quelques minutes plus tard, la délégation qui voulait se rendre à Bakel est prise à partie par des jeunes en furie qui ont callaissé le cortège. Les éléments de sécurité du PUR ripostent. Alors que le convoi était sur le point de sortir de la ville, d'autres jeunes barrent la circulation en brulant des pneus.
Devant, le cortège est stoppé net par d'autres jeunes de Bby. Pendant plus de trois quarts d'heure, la caravane du PUR se heurte une nouvelle fois à la détermination des jeunes. Même les renforts de la police n’ont servi à rien. Il aura fallu l'intervention des forces de l’ordre pour que les manifestants se dispersent. Sous l'insistance d'un agent de la police judiciaire, certains membres de la garde rapprochée du candidat du Pur enlèvent leur cagoule pour qu'ils soient identifiés, alors que d'autres opposent un niet catégorique. La délégation rebrousse chemin pour emprunter une autre route. Mais elle tombe sur une embuscade tendue par d'autres jeunes venus à bord de motos Jakarta. «Il faut foncer», lance un chef du protocole. Dans cette course effrénée, des membres de la délégation essuient des jets de pierres. Ce qui n’a pas été le cas du deuxième bus transportant les journalistes qui a cogné une voiture de marque 4x4.
Dans le bus, c'était le sauve-qui-peut. Le journaliste du site «Igfm», Ibrahima Khalil Sène se blesse au visage, alors que le chauffeur s’est retrouvé avec une jambe cassée. C'est à bord d'une voiture surchargée que les journalistes, l'équipe médicale ainsi que les techniciens de la sono sont arrivés à Botou, localité située à 10km de Tambacounda. Les blessés sont évacués dans le poste de santé de la localité où ils ont bénéficié de premiers soins avant que les deux blessés graves ne soient acheminés à l’hôpital de Tambacounda. A bord de motos, des jeunes qui ne voulaient pas désarmer ont suivi les membres du cortège qui se sont retranchés à Botou. Il a fallu que le commandant de la légion Est de la Gendarmerie, le préfet et les enquêteurs se transportent sur les lieux pour protéger le reste de la délégation jusqu'à la venue du bus devant transporter la presse et l'équipe médicale.