Les langues commencent à se délier après la course-poursuite mortelle ayant opposé, quelques heures plus tôt ce lundi, des militants de Benno bokk yakaar aux éléments de sécurité du PUR de Issa Sall. Il nous est revenu que le bus des journalistes a été incendié et leur matériel détruit. Ces derniers, qui s’étaient retranchés dans un autre bus, ont été poursuivis par des individus armés à bord de motos Jakarta. Nos confrères ont parcouru 10 km pour se retrouver au poste de santé de Botou, dans la commune de Sinthiou Malem où les blessés ont été évacués. Entre temps, le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, informé de la situation, a volé au secours des journalistes en donnant les instructions utiles à ses hommes, notamment au sous-préfet de la localité précitée. Parallèlement, les hautes autorités de la gendarmerie nationale ont pris, avec toute la diligence requise, les mesures souhaitables. Ainsi, un détachement conduit par le colonel, responsable de la zone, s’est déployé sur les lieux à la rescousse des journalistes. N’eût été l’intervention des gendarmes, on allait assister au pire. Pour l’heure, un agent du Groupe Futurs médias, grièvement blessé, est sur la route vers Dakar. Deux autres journalistes sont toujours en observation à Tambacounda. Nous devons à la vérité de signaler que les éléments de sécurité du PUR n’ont pas jugé nécessaire de protéger nos confrères que les assaillants prenaient pour des militants ou sympathisants de Issa Sall. Si ce n'est pas de la lâcheté, cela lui ressemble.
PAR OUMOU WANE
MANŒUVRES EN RASE CAMPAGNE !
L’accord entre Idy et Khalifa prévoit-il l’amnistie de ce dernier et un poste à la clé en cas de victoire de son candidat ? En ce sens, le bras de fer de toujours entre socialistes et libéraux ne serait-il plus qu’une façade ?
Entre ralliements opportunistes et alliances contre-nature, le moins que l’on puisse dire c’est que la recomposition politique dans notre pays est en marche forcée !
Commençons par le soutien depuis sa prison de Reubeuss de l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall à Idrissa Seck, candidat en lice et vieux routard des élections présidentielles.
L’accord entre les deux hommes prévoit-il l’amnistie de Khalifa Sall et un poste à la clé en cas de victoire de son candidat ? En ce sens, le bras de fer de toujours entre socialistes et libéraux ne serait-il plus qu’une façade ? Car au fond, ces deux là ont-ils un engagement commun à part celui d’être contre Macky ?
Pas de quoi déboussoler toutefois les Sénégalais, habitués aux alliances sournoises de dernière minute.
Ne nous étonnons pas cependant si les jeunes ne font plus confiance aux hommes politiques pour porter leurs idées et changer le monde. Délaissés, désertés, les jeunes sont-ils pour autant prêts à se jeter dans la gueule du loup anti système qui lui aussi pioche dans le système pour picorer quelques voix ?
S’il y a quelqu’un en revanche que nous n’attendions pas dans cette posture de rébellion à l’ordre établi, ce radicalisme démocratique, c’est bien maître Abdoulaye Wade.
De retour au pays, l’ancien chef d’Etat sénégalais de 2000 à 2012, a de nouveau appelé au boycott du scrutin présidentiel du 24 février. Il s’est exprimé face à ses partisans après une longue absence, accusant Macky Sall, qui brigue un second mandat, d’avoir écarté arbitrairement ses grands rivaux, Khalifa Sall, maire déchu de Dakar et Karim Wade, son propre fils.
Avec tout le respect que nous devons à notre patriarche, je lui rappelle ici, que lui-même ainsi que Macky Sall, sont des présidents que les sénégalais ont choisis librement par les urnes et par conséquent, qu’ils peuvent aussi les remercier par les urnes.
Alors pourquoi vouloir priver 6 millions d’électeurs ou plus de cette liberté politique et de cette heure de vérité qu’ils sont en droit d'attendre ?
Car après tout, entre ralliements autour d'Idrissa Seck et tentative malheureuse de reporter le scrutin, quelle est l’alternative réelle de l’opposition face au bilan positif de Macky Sall, marqué par un vaste programme d’infrastructures ?
Aéroports, autoroutes, lignes de train, pont Sénégambie, attendu depuis près de 20 ans, ville nouvelle de Diamniadio, futur cœur battant de l'activité économique ouvert vers l’intérieur du pays…
Et s’il y avait bien un rêve sénégalais autour de cette croissance et de l’espoir qu’elle génère, faudrait-il laisser Khalifa Sall du fond de sa cellule sceller la coalition « Tout sauf Macky » et tenter de lui barrer la route d’un second mandat ?
Abdoulaye Wade pourra toujours promettre le feu et exhorter ses soutiens à boycotter l’élection présidentielle au Sénégal, le peuple, au moment du choix, se souviendra qu’il fut longtemps le mentor de Macky Sall et qu’à ce titre, la logique absolue voudrait que Wade soutienne directement ou indirectement Macky ! Et plutôt que de faire planer de l’ombre sur l’élection présidentielle, qu’il lui apporte ses lumières !
Après tout, rien n’empêche le président actuel de revendiquer l’héritage de Wade en expliquant qu’il a terminé ses travaux avec l’achèvement de l’aéroport Blaise Diagne et autres chantiers d’autoroutes…
De plus, des pans entiers du PDS, des karimistes et des khalifistes ont déjà rejoint le président Macky Sall, préférant une vision à long terme, car au-delà de la présidentielle l’enjeu reste les municipales de décembre prochain, couplées ou non avec les législatives.
Quoi qu’il en soit, à moins de deux semaines du scrutin du 24 février, ils sont cinq dans la course à la présidentielle : le président sortant Macky Sall, Idrissa Seck, Madicke Niang, Issa Sall et Ousmane Sonko.
Alors la seule question qui se pose à nous est celle-ci : croyons-nous encore en la démocratie ou pensons-nous que les élections n'offrent aucune solution aux peuples ? Soyons sérieux une minute, notre pays ne peut plus revenir en arrière.
Avis à tous ceux qui préfèrent battre la campagne !
PAR AMADOU TIDIANE WONE
ET SI…
Les leaders de l'opposition gagneraient à réfléchir à une stratégie concertée et à poser un plan d'actions digne de ce nom - Sinon, le 24 février, les résultats proclamés seront loin de refléter la réalité politique et sociale du Sénégal d'aujourd'hui
Le président Abdoulaye Wade est rentré après deux années d'absence. Dès son arrivée, il est entré de plain-pied dans le processus électoral. A sa manière. Sans être candidat, et à défaut de voir son candidat dans la compétition, il a trouvé dans la campagne… électorale un rôle à sa mesure : être celui qui va empêcher la conduite, à bonne fin du projet « second mandat à tout prix" … Il y a des témérités que seul l’âge autorise…
Justement, l'une de nos maximes populaires en ouolof est « mak motnaa bayyi ci reew", dans le sens de : la présence des anciens est toujours salutaire dans un pays. En raison de leur expérience. Il serait donc sage d’écouter avec attention les paroles du doyen en exercice de la classe politique sénégalaise. En termes d'engagement, d’endurance, de capacité de survie aux trahisons et de pragmatisme en cas de besoin, le président Wade est un maître. Incontestablement.
Que nous a dit le président Abdoulaye Wade en résumé ? « Il est inutile de participer à une élection gagnée d'avance car la président sortant a, par devers lui, des résultats déjà confectionnés "… Cette affirmation, pour grosse qu'elle puisse paraître, mérite une attention toute particulière de la part des candidats et acteurs politiques significatifs. Le président Wade est habile en politique. Il sait parler entre les lignes. Il ne suffit plus de dire tout simplement « au Sénégal, il est impossible de frauder ». Le président Wade n'a pas parlé de fraude. Il faut écouter ses propos et les analyser froidement. Je ne sais pas pourquoi je me souviens, en cet instant, qu'en 2007 le candidat sortant Abdoulaye Wade, était passé au premier tour avec comme directeur de campagne un certain… Macky Sall. Aujourd'hui, ils se font face. A l’époque, je me souviens que le pays tout entier s'était réveillé en apesanteur, étonné des résultats proclamés … On avait même accusé les djinns d'avoir bourré les urnes. Et puis c'est tout. Alors, si les deux alliés de l'époque se font face dans un duel décisif, il faut observer attentivement leurs gestes et leurs propos. Il faut aussi garder, même les coulisses, à l'œil.
Dans ce contexte, et au besoin, une rencontre de haut niveau entre tous les candidats regroupés autour du C25 devrait se tenir dans les plus brefs délais pour analyser les données disponibles et parer à toute éventualité. Car, rien n'est impossible ! Il serait en effet temps de se rendre compte que, depuis 7 ans, toutes les impossibilités théoriques sont passées comme lettre à la poste : Du dédit au référendum, des législatives calamiteuses à l’adoption, au rouleau compresseur, de la loi sur le parrainage. De la mise en œuvre contestable de cette loi à une campagne électorale taillée sur mesure. Tout s'est déroulé selon l'agenda du président sortant. Parallèlement, un système répressif et de propagande, de plus en plus sophistiqué, a été déployé et testé en plusieurs occasions. La technique de gestion des crises s'est avérée payante. Toutes les initiatives de l'opposition ont été confinées. Ou torpillées de l’intérieur. Qui va changer une méthode gagnante au vu des enjeux colossaux qui se profilent ? Sûrement pas celui qui en profite ! Suivez mon regard…
Les leaders de l'opposition gagneraient à réfléchir à une stratégie globale, concertée, et à poser un plan d'actions digne de ce nom. Sinon, le 24 février au soir, les résultats proclamés seront loin de refléter la réalité politique et sociale du Sénégal d'aujourd'hui. Il s'en suivra quelques échauffourées. Une répression chirurgicale sera opérée. Des transhumances honteuses s'en suivront. Puis les djinns s'en mêleront et, comme d'habitude, le peuple regardera, impuissant, ses élites se partager les sinécures et les prébendes. Les réseaux sociaux vont s'enflammer au gré des algorithmes et passer à autre chose au fil de l'actualité… Outre atlantique, on sablera le champagne. Les gourous de la Françafrique, dont certains battent campagne carrément riront, à gorge déployée, de cette Afrique exsangue qui n'en finit pas d’étonner de soumission et de servilité. La communauté internationale se félicitera du climat « pacifique » des élections au Sénégal, pays de démocratie exemplaire et bla et bla… et voilà le tour est joué ! Ça c'est le cauchemar !
Et le rêve ?
Et si, un grain de sable se transformait en une montagne infranchissable pour endiguer le fatalisme ambiant et nous venger de tant de siècles d'indolence… et si ce grain de sable pouvait réveiller, enfin, la torpeur des « élites » sénégalaises et les réconcilier avec la cause du peuple… Et si c'était à la faveur d'un baroud d'honneur du Sopi ! Le vrai ! Celui d'avant 2000, du temps où on rêvait encore du grand soir… Et si… et si… et si…
DECES DU MILITANT DE BBY / LE PUR DONNE SA VERSION ET SUSPEND SA CAMPAGNE
À travers un communiqué signé du directoire de campagne de son candidat, le Parti de l'unité et du rassemblement (Pur) a réagi sur le violent accrochage entre leur caravane et des militants de Benno Bokk Yaakaar. Accrochage qui a coûté la vie à un militant de la coalition présidentielle. Dans un communiqué de presse, la formation politique du Pr. Issa Sall a tenu à donner sa version des faits. Seneweb a aussi appris que le Pur a décidé de suspendre sa campagne, pour l'instant.
"Depuis l'étape de Kolda, dans le cadre de la campagne pour l'élection présidentielle, le candidat du Pur subit des sabotages qui entravent le déroulement normal de ses activités. Après avoir été empêché de continuer sa caravane à Kolda, avec l'arrivée de Macky Sall, cette tentative de provocation a continué depuis lors".
"Nous déplorons cette perte en vie humaine"
"C'est ainsi que ce matin du 11 février, nous avons subi des attaques de la part des militants de Bby à Tambacounda, occasionnant la mort d'une personne et plusieurs blessés, et la destruction de nos voitures. Nous déplorons cette perte en vie humaine et appelons la justice à faire son travail.
"La responsabilité d’Ali Ngouille est engagée"
Nous prenons comme témoin l'opinion nationale et internationale que le ministre de l'Intérieur Ali Ngouille Ndiaye sabote le processus électoral en minimisant la sécurité des candidats de l'opposition. Sa responsabilité est engagée dans ces événements malheureux, mais aussi à tout ce qui arrivera plus tard".
PAR LA CHRONIQUEUSE DE SENEPLUS, SALLA DIENG
COURTE HISTOIRE DE LA GAUCHE SÉNÉGALAISE
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette gauche qui s’est récemment illustrée par ses coalitions honteuses et ralliements impromptus au gré des mercato électoraux a-t-elle jamais été de gauche ? Il faut que cette gauche meure pour que la Gauche sénégalais vive !
« Ils sont devenus des athées idéologiques. Une gauche qui a renoncé à être de gauche”. C’est ainsi que le Professeur Ibrahima Silla qualifiait les dirigeants de la gauche sénégalaise dans sa préface de l’ouvrage d’Amadou Kah « Le Tragique destin de la gauche Sénégalaise 2016 :21) ». Nous allons plus loin dans cet article : Cette « gauche sénégalaise » qui s’est récemment illustrée par ses coalitions honteuses et ralliements impromptus au gré des mercato électoraux a t-elle jamais été de gauche ? Et si les récentes “transhumances” des anciennes figures socialistes ne faisaient que s’inscrire dans la continuité d’une succession de compromis-compromissions ? Et si l’élection du 24 février prochain, parce qu’elle marque la fin d’une époque, ne faisait que magnifier le dernier pacte d’élites pour qui le clivage gauche-droite n’a, en réalité, jamais eu de sens autre que celui d’une realpolitik marquée par le collaborationnisme pré et post-électoral ? Et si la gauche était morte de sa belle mort dans les années 1990 avec l’acceptation de la co-gestion du pouvoir, puis enterrée avec la coalition Alternance 2000 ?
Une gauche plurielle sous le sceau de l’exercice personnalisé du pouvoir
L’origine des gauches sénégalaises serait à trouver dans le refus du racisme précolonial que dans la révolution française (Bianchini 2018). Ainsi le fameux clivage gauche/droite, qui remplirait la fonction de structurer les lignes de démarcation entre candidats en lice et d’opérer un distingo entre différentes offres électorales, selon Philippe Braud, ne se donnera à voir qu’à la toute-veille des indépendances au Sénégal. Ainsi l’on verra l’apparition, au lendemain des indépendances, de ce qui deviendra les gauches sénégalaises issues des blocs premiers : le Parti Africain de l’Indépendance, l’Union Progressiste Sénégalaise des futurs frères ennemis (Senghor et Dia) et ancêtre du Parti Socialiste, le Parti du Regroupement Africain qui sont les principaux acteurs d’un imaginaire politique principalement masculin car bien que comptant une implication significative des femmes, celles-ci restent aux marges des instances décisionnelles des différents partis (Diaw, 2004 :230). Ainsi, suivra une phrase marquée par l’émergence du Mouvement des Jeunes Marxistes-Léninistes déterminés à ne se poser que dans l’opposition à la “vieille” gauche à la faveur du souffle de mai 68 qui allait conjuguer les frustrations estudiantines, et ouvrières tout en capitalisant sur le malaise paysan ambiant. De cette période marquée par la clandestinité de Xare Bi[1] dès le milieu des années 1970, puis du journal Jaay Doole Bi[2] émergera le parti And-Jëf (AJ) qui compte rassembler ouvriers, paysans et intellectuels révolutionnaires. En 1981, c’est à la faveur du multipartisme intégral instauré par le président Abdou Diouf qu’AJ sort de la clandestinité, suivi par la Ligue Démocratique (LD), puis au Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT) de s’officialiser sous le règne d’Abdou Diouf. Le constat majeur qui marquera l’évolution des partis politiques « de gauche » est qu’ils n’échappent pas à la loi d’airain des oligarques (Michels) avec un « happy few » de professionnels de la politique s’accaparant les pleins pouvoirs ainsi que les ressources organisationnelles et stratégiques des appareils « partidaires ». Ceci s’illustre par l’exceptionnelle longévité des leaders de partis politiques tels Landing Savané, Abdoulaye Bathily, Amath Dansokho tous deux à la tête de leurs partis respectifs pendant 29 ans. Quant au PS dont le leader, Diouf, continuait de s’inscrire dans la préservation du legs senghorien, il subira de plein fouet le bilan de deux décennies de libéralisation économique symbolisé par l’ajustement structurel, de dévaluation du CFA et de multiples conflits internes. Toutefois, celui qui bat le record de la personnalisation du pouvoir n’hésitant pas à placer “son” parti dans sa logique sacrificielle est certainement Ousmane Tanor Dieng à la tête du PS depuis 1996, la même année que Djibo Leyti Kâ choisissait de quitter les socialistes pour s’en aller fonder plus tard l’Union pour le Renouveau Démocratique (URD) alors que Moustapha Niasse choisissait de porter sur les fonds baptismaux l’Alliance des Forces de Progrès (AFP) en 1999.
Cependant, deux facteurs précipiteront la fragilisation puis l’agonie de la gauche sénégalaise : ce sera d’abord le choix de faire partie, dès 1993, de différents gouvernements “d’ouverture” qui interrogera sur le réel désir de gauche: du réel projet de transformation sociale qui s’édulcore peu ou proue au gré des compromis-comprommissions de la soif de partager le pouvoir. Ce sera aussi le choix de former un Front pour l’Alternance (FAL) par plusieurs formations politiques contre Diouf qui portera au pouvoir l’opposant historique Abdoulaye Wade et qui marquera un tournant décisif pour le clivage gauche/droite opposant principalement le PS et PDS – le Parti Démocratique Sénégalais. Et c’est certainement fort de ce constat qu’Ibrahima Silla argue que la gauche semble s’être résignée à être « faiseuse de roi qu’autre chose” (2016:21).
Une gauche des élites, collaborationniste et sans projet de transformation sociale
Une fois au pouvoir, le président Wade allie un mode de gouvernance hybride puisant aussi bien dans le registre du pouvoir traditionnel des sociétés Wolof, que d’un savant emprunt d’apparats de l’Etat de droit moderne comme le souligne Momar Coumba Diop (2013). En réalité, le président Wade, plus que quiconque avant lui, usera jusqu’à l’abus du présidentialisme. Ce qui fera conclure aux Assises Nationales conduites sous la houlette du patriarche Ahmadou Moctar Mbow en 2009 que : “la gouvernance au Sénégal est caractérisée dès 1960, mais surtout à partir de 1963, par un dysfonctionnement des institutions de la République et une tendance à concentrer le pouvoir au sommet de l’Etat. Cette tendance s’est accentuée depuis 2001 par un dévoiement des institutions, notamment des modifications répétées de la Constitution.” Dans ce contexte, un mouvement mort-né des assises de la gauche se propose d’unifier la gauche, et d’établir une stratégie commune en vue des élections présidentielles. Pendant ce temps, le président Wade bat le record du nombre de remaniements ministériels. Parmi les dauphins adulés puis voués aux gémonies : deux anciens premiers ministres, l’un Idrissa Seck touché de plein fouet - mieux emprisonné - pour corruption dans l’affaire dite “des chantiers de Thiès” et le futur successeur de Wade, Macky Sall, premier ministre de 2004 à 2007, aussi numéro 2 du PDS jusqu’à ce que président de l’Assemblée Nationale, il tâche d’auditionner le fils de Wade, Karim, pour mécomptes présumés à l’Agence Nationale de la Conférence Islamique. C’est dans ces moments particuliers de l’histoire politique qu’il se donne à voir comme un pied de nez à la grande Histoire. Macky Sall aujourd’hui président de la République, ni tout à fait à gauche-ni tout à fait à droite, porté au pouvoir par une coalition du “Tout sauf Wade” , fera face le 24 février, à son ancien prédécesseur et camarade de parti : Idrissa Seck. Face au duo, un ancien “collègue et collaborateur”, Maître Madické Niang ancien ministre dans les gouvernements Seck, et Sall et camarade de parti au PDS, mais surtout célèbre pour avoir été l’avocat de Me Wade accusé du meurtre du juge Babacar Sèye à la veille des législatives de 1993. C’est donc une joyeuse retrouvaille entre frères du PDS d’avec l’ancien “père idéologique” Wade qui s’invite à la fête pour soutenir Ousmane Sonko. Ce dernier, le plus “jeune” candidat (44 ans quand même) se présente comme le candidat de la rupture et de la rigueur, mais ne daigne pas refuser le soutien de l’ancien président chantre du “Sopi”: projet de transformation sociale porté lors de l’alternance de 2000. Enfin, un autre inconnu du cercle libéral : El Hadji Ibrahima Sall du parti de l’Unité et du Rassemblement fondé en 1998, docteur en informatique, président de l’Université du Sahel et membre discret de l’association islamique des Moustarchinines Wal Moustarchidates.
Des électeurs patients et stratèges
Ces élections de 2019 semblent avoir sonné le glas du clivage gauche/droite longtemps cristallisé autour de l’opposition PS/PDS. Encore une fois, les prétendus socialistes font le choix de se disperser en coalitions au lieu de s’organiser autour d’un vrai projet politique et social. Ainsi que l’illustrent les récentes migrations opportunistes de Aïssata Tall Sall et Malick Noel Seck vers le camp du président Sall, le soutien de Khalifa Sall et Mamadou Diop Decroix (entre autres) à Idrissa Seck, ainsi que le silence assourdissant de six ans du Parti Socialiste de Ousmane Tanor Dieng qui a préféré investir le président Macky Sall, ces petites histoires ne font que s’inscrire dans la continuité d’une succession de compromis-compromissions d’une gauche qui n’a depuis quelques décennies eu de gauche que le nom. Ces affaires extra-conjugales entre dinosaures politiques témoignent encore une fois que cette élite de gauche est si déconnectée de la base, et des masses au nom desquelles elle prétend agir, qu’elle ne reconnaît plus ni la gauche ni la droite de l’échiquier politique toute occupée qu’elle est à la cour. Aussi bien dans la société de cour de Norbert Elias, que la société Wolof d’Abdoulaye Bara Diop, les interdépendances sont manifestes tandis que les alliances se nouent et se dénouent allègrement entre élites intéressées. Ce cens caché se déploie contradictoirement au vu et au su d’une cour spectatrice en général amusée, souvent écœurée, mais patiente pour retrouver sa voix (et sa voie) électorale.
Alors, faut-il s’émouvoir de la mort de la gauche sénégalaise ? Non, parce qu’il faut que cette gauche meure pour la Gauche sénégalaise vive !
Diaw, Aminata. 2004. “Les femmes à l'épreuve du politique: permanences et changements” in Gouverner le Sénégal.
Gaxie, Daniel, 1978, Le cens caché.
Kah, Amadou, 2016, De la lutte des classes à la lutte des places : Le tragique destin de la Gauche sénégalaise.
Rama Salla Dieng, Lecturer in Africa and International Development School of Political and Social Science, Université d’Edimbourg
Le candidat de la coalition “Benno Bokk Yaakaar” a présenté ses condoléances aux familles des victimes avant d’assurer que la lumière sera faite sur cette affaire et les responsables répondront de leurs actes devant les cours et tribunaux. Force restera à la loi », a-t-il garanti.
Pour le président sortant, ce drame est « déjà le résultat de l’appel à la violence que certains candidats ont lancé dans leurs discours ».
Par ailleurs, Macky Sall a invité ses militants à ne pas répondre à la provocation, encore moins par la violence.
ISSA SALL DÉNONCE LE SABOTAGE DE SA CAMPAGNE
Depuis l'étape de Kolda, dans le cadre de la campagne pour l'élection présidentielle, notre candidat subi des sabotages qui entravent le déroulement normal de ses activités - COMMUNIQUÉ DU DIRECTOIRE DE CAMPAGNE DU PUR
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Directoire de campagne du candidat Issa Sall, daté du 11 février 2019, relatif aux actes de violence intervenus ces dernières 24 heures.
« Depuis l'étape de Kolda, dans le cadre de la campagne pour l'élection présidentielle, le candidat du PUR subi des sabotages qui entravent le déroulement normal de ses activités. Après avoir été empêché de continuer sa caravane à Kolda avec l'arrivée de Macky Sall, cette tentative de provocation a continué depuis lors.
C'est ainsi que ce matin du 11 Février nous avons subis des attaques de la part des militants de BBY à Tambacounda occasionnant la mort d'une personne et de plusieurs blessés et de la destruction de nos voitures.
Nous déplorons cette perte en vie humaine et appelons la justice à faire son travail.
Nous prenons comme témoin l'opinion nationale et internationale que le ministre de l'intérieur Ali Ngouille Ndiaye sabote le processus électoral en minimisant la sécurité des candidats de l'opposition. Sa responsabilité est engagée dans ces événements malheureux mais aussi à tout ce qui arrivera plus tard. »
En lice pour un second mandat à l'élection présidentielle du 24 février 2019, le candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) a gravi les échelons de l'appareil d'Etat pour se hisser au sommet, à 51 ans.
En lice pour un second mandat à l'élection présidentielle du 24 février 2019, le candidat de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY) a gravi les échelons de l'appareil d'Etat pour se hisser au sommet, à 51 ans.
En une décennie, il a été maire de Fatick (ville du Centre), directeur général de la société nationale pétrolière, plusieurs fois ministre, puis député, Premier ministre et président de l'Assemblée nationale.
"Je n'ai jamais douté de moi"
Comment l'ingénieur géologue formé à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar et à l'Institut français du pétrole a-t-il fait une si fulgurante ascension en une dizaine d'années seulement ?
"Je n'ai jamais douté de moi", répond Macky Sall lors d'un forum sur la citoyenneté en 2017.
"Lorsque je suis entré en politique, je n'avais pas pour ambition d'être président de la République. Cette ambition, je l'ai eue lorsqu'on m'a imposé un combat à l'Assemblée nationale. Même étant Premier ministre, je n'y pensais pas", dit-il aux élèves et aux invités venus l'écouter à cette rencontre.
En 2012, Macky Sall a été élu dans un contexte tendu, avec les violentes manifestations contre la candidature jugée illégale d'Abdoulaye Wade.
Macky Sall a été élu président de la République en 2012, avec le soutien de plusieurs personnalités des anciens régimes socialiste et libéral, deux courants politiques qui s'étaient succédé depuis l'indépendance (1960) à la tête du pays, sans jamais constituer une coalition jusque-là.
Parmi ces personnalités politiques figuraient Moustapha Niasse (actuel président de l'Assemblé nationale et ex-Premier ministre), Ousmane Tanor Dieng (actuel président du Haut Conseil des collectivités territoriales et ancien ministre d'Etat), Amath Dansokho (actuel ministre d'Etat), Idrissa Seck (candidat à la présidentielle du 24 février et ancien Premier ministre).
Au second tour, Macky Sall bat son ancien mentor Abdoulaye Wade, dont il était le directeur de campagne au scrutin précédent, en 2007. En effet, il avait rejoint le PDS, le parti de Wade, juste avant la première alternance en 2000.
Macky Sall en compagnie de son épouse Marième, habillée aux couleurs de l'APR, le parti présidentiel au sein duquel elle est très active.
Pour réussir sa vie, "il faut de la foi et de la lucidité. Le reste appartient à Dieu…" philosophe Macky Sall, musulman de confession, qui revendique son appartenance à la confrérie soufie des mourides.
Il est né le 11 décembre 1961 à Fatick de parents peuls, descendants, selon lui, d'une ancienne tribu guerrière du Fouta (nord).
"J'ai grandi à Fatick et à Foundiougne (centre), au gré des affectations de mon père qui travaillait au service régional de l'agriculture. Il était un agent de la catégorie la plus basse de la fonction publique", se souvient-il.
Maoïste et lecteur de Gandhi
Le social et les infrastructures sont le fer de lance de la politique de Macky Sall, qui a mis en place un programme de couverture maladie universelle (CMU) et de bourses destinées aux familles les plus pauvres.
Macky Sall, parlant de la couverture maladie universelle
Seuls 20 % des Sénégalais bénéficiaient d'une couverture maladie en 2012
Après 5 ans au pouvoir, j'ai porté ce taux à 47 %
J'espère l'emmener à 60 % avant 2018
"Il y a encore quelques efforts à faire. Je pense que nous pouvons y arriver. Et au bout de deux ou trois ans plus tard, nous pourrons atteindre pleinement cette couverture maladie universelle", ajoutait Macky Sall.
Sous son magistère, dit-il, l'Etat a octroyé à 300.000 familles "parmi les plus vulnérables" des "bourses de sécurité" qui s'élèvent à 25.000 francs CFA par trimestre.
Il affirme que "cette initiative impacte au moins trois millions de personnes", soit environ 1/5 de la population sénégalaise.
Mais le secteur social, sous son magistère, est secoué par les récurrentes grèves des travailleurs. Les enseignants, les professionnels de la santé et de la justice ne cessent de déplorer leurs conditions de travail, notamment le sous-équipement des écoles et des établissements de santé.
Concernant les infrastructures, il a doté le Sénégal d'un aéroport parmi les plus "modernes" du continent, selon ses propres termes, de nouvelles routes et autoroutes, mais aussi d'un train électrique. Ce dernier, considéré comme une dépense de prestige par certains de ses opposants, sera mis en service "dans six mois", a dit M. Sall en janvier 2019.
Présidentielle au Sénégal
L'ancien étudiant "maoïste" dit avoir été nourri intellectuellement par les enseignements du guide spirituel indien Gandhi, lequel enseigne, selon Macky Sall, que la peur est "le plus grand obstacle de la vie", l'égoïsme "la racine de tous les maux", le travail "la plus belle distraction", le découragement "la pire des défaites".
Il dirige l'Alliance pour la République, le parti qu'il a fondé après son éviction de la présidence de l'Assemblée nationale en novembre 2009 par la majorité PDS, le parti dont il était la deuxième personnalité. "J'ai fleurté avec le maoïsme", se souvient l'ancien militant d'AJPADS et du MRDN - deux partis de la gauche sénégalaise.
Le militant de la gauche reconverti au libéralisme avec son adhésion au PDS, puis allié des socialistes, entretient des relations difficiles avec ses opposants. Ces derniers lui reprochent le non-respect de ses promesses électorales en 2012, notamment celle de la réduction de son mandat de sept à cinq ans.
Les relations sont aujourd'hui difficiles entre Abdoulaye Wade et son lieutenant Macky Sall, qui l'a battu à l'élection présidentielle de 2012.
Macky Sall, amateur de football, est fondateur d'une équipe à Peulgha, son quartier fatickois.
Sur le plan musical, ses préférences vont de la pop music au jazz en passant par le reggae, "mais aussi les variétés françaises avec Jimmy Hendrix" par exemple. Il dit écouter Dire Straits, Bob Dylan, John Lennon, Michael Jackson, le groupe guinéen Bembeya Jazz, Miriam Makeba et "la grande diva sérère", Yandé Codou Sène.
Tamba a enregistré un deuxième décès ce lundi suite aux violents affrontements ayant opposé partisans d'Issa Sall et militants de Macky Sall, et fait un mort du côté du camp présidentiel. La deuxième victime est un jeune qui a été renversé par une voiture du convoi du Pur qui tentait de quitter la ville par une voie détournée, pour échapper à la furie de jeunes de Benno qui voulaient venger la mort de leur camarade