Il faut dire qu’avec les chuchotements sur un président de l’Assemblée nationale que l’on dit sur le départ après avoir refusé de prendre la couleur du RHDP d’Alassane Ouattara, la nouvelle venait comme la fin du film. Une interview attribuant des propos très offensifs à Guillaume Soro annonçait désormais sa candidature à la présidentielle de 2020. Information démentie par la cellule de communication du président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Le doute plane encore sur les intentions de Soro à la présidentielle de 2020.
Les médias locaux et les commentateurs se sont vite enflammés : après une «rupture» consommée avec le congrès de lancement du RHDP, Guillaume Soro se porte candidat à la présidentielle sous ses propres couleurs. Tiré d'une vraie fausse interview exclusive du président de l'Assemblée nationale accordée à L'Afrique Aujourd'hui , le scénario a été largement partagé sur la Toile ivoirienne. Il n'en est rien !
«Un site internet consacré à l'actualité africaine prête des propos polémiques à SEM Guillaume Kigbafori Soro. Eu égard à ces propos qui suscitent diverses réactions sur les médias sociaux, il me semble utile de préciser que M. Guillaume Soro n'a pas accordé d'interview au site en question. Les inexactitudes et propos controversés attribués au président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire sont à déplorer», écrit un communiqué signé par Moussa Touré, chargé de communication de Guillaume Soro.
Ce démenti formel, publié quelques heures après la publication de la «rencontre exclusive», rejette donc des propos très offensifs prêtés au président de l'Assemblée nationale ivoirienne allant d'attaques contre Alassane Ouattara, la définition de la ligne politique du président de l'Assemblée et l'annonce de la candidature de l'ancien chef rebelle. Il faut dire que ces dernières semaines, l'actualité politique ivoirienne a fait le lit de scénarios prospectivistes sur l'avenir politique de Soro.
Soro, incontournable pour la présidentielle 2020
Grand absent du congrès de lancement du RHDP, le nouveau parti unifié, Guillaume Soro semble avoir consommé une rupture avec le président Alassane Ouattara. Dans le camp de ce dernier, l'on pousse pour son départ, plusieurs fois annoncé et encore démenti, du perchoir de l'Assemblée nationale. Toujours vice-président du RDR, l'ancien parti d'Alassane Ouattara, Guillaume Soro ne s'est pas peint aux couleurs de la nouvelle coalition présidentielle. Ce qui ne manque pas d'agacer des proches du président qui lui réclament un choix politique clair.
Il s'y ajoute qu'avec la possible libération de Laurent Gbagbo, les cartes de la présidentielle de 2020 seront certainement rebattues. Les annonces de rapprochement avec Henri Konan Bédié, l'allié déçu d'Alassane Ouattara, laisseraient présager d'une nouvelle alliance politique. Sans compter qu'avec les ennuis judiciaires des membres de son entourage, certains des proches du président de l'Assemblée nationale veulent le voir incarner son véritable poids politique.
Au milieu de l'échiquier politique, le président de l'Assemblée nationale est désormais un personnage incontournable pour l'échéance électorale à venir. Muré dans un silence de cathédrale, Guillaume Soro doit bien s'amuser des différents canevas que l'on trace pour son futur rôle politique. Dans une année pré-électorale, l'on attend encore de lui qu'il clarifie sa position, ce qu'il n'est pas disposé à faire. Pour le moment seulement !
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UN MODÈLE D'ÉDUCATION À REFONDER
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - L'absence d'idéologie dans les partis politiques, la toute puissance du chef de l'Etat, le scandale de l'analphabétisme criant - Mamadou Ndoye égrène les maux de la société sénégalaise - BANDE ANNONCE DE SANS DÉTOUR
#Enjeux2019 - La question de l'idéologie dans les partis politiques, l'alphabétisation, l'absence de garde-fous aux dérives du président de la République, la mainmise de l'exécutif sur la Justice, sont autant de sujets abordés dans le dernier de l'émission Sans Détour.
Selon l'invité Mamadou Ndoye, les actes politiques posés depuis le début du septennat de Macky Sall obéissent à un agenda électoral.
"L'homme que nous avons élu s'est fixé dès le départ comme objectif ; sa réélection", déclare l'ancien ministre. Il estime que la politique sénégalaise caractérisée par l'absence de débats programmatiques est préjudiciable au dévéloppement du pays. Il déplore par ailleurs, le fort taux d'analphabétisme de la population.
Voir la bande annonce de l'émission.
SANS DÉTOUR AVEC MAMADOU NDOYE
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NOUS N'ALLONS VERS RIEN DE BON
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - La violence est déjà là - Les coups de force du pouvoir vont continuer - Nous avons un problème à la fois sociale, démocratique et économique qui bloque notre pays - SANS DÉTOUR AVEC MAMADOU NDOYE
#Enjeux2019 - Comme beaucoup d'observateurs de la scène politique, Mamadou Ndoye estime que le Sénégal va vers des lendemain sombres. Selon l'ancien ministre, le contexte pré-électoral bouillonnant risque de s'embraser à tout moment, puisque dit-il, le chef de l'Etat s'est fixé dès le début de son mandat comme objectif, sa réélection. "Nous avons une tradition politique très mauvaise au Sénégal", affirme-t-il, pointant du doigt, les alliances sans aucune base programmatique et fondé sur ce qu'il appelle "l'idéologie alimentaire".
Selon l'invité de Sans Détour, Macky Sall devenu tout puissant s'est employé soit à réduire à néant, les remparts de la société, tels que la justice , les syndicats ou les chefferies traditionnelles. "La présidence a la main haute sur la justice. Regardez ce qu'est devenue l'opposition", a déclaré Mamadou Ndoye. L'ancien secrétaire général de la Ligue Démocratique, estime par ailleurs que le taux d'analphabétisme et celui de la population scolarisable absente des écoles, constituent les plus gros scandales du Sénégal.
Voir vidéo de la grande émission télé de SenePlus en partenariat avec l'excellente école d'images numériques Sup'Imax. Cette édition est présentée par Momar Seyni Ndiaye assisté de deux éditorialistes Charles Owens Ndiaye et Charles Faye.
PAR MOHAMED DIA
ET À LA FIN, C’EST MACKY QUI RISQUE DE GAGNER !
Si l’opposition ne s’organise pas comme durant la première alternance politique du Sénégal, le président Sall sera reconduit pour un second mandat
Pascal Lissouba, ne disait-il pas qu’on n’organise pas des élections pour les perdre ? Chaque président avec sa manière de se faire réélire, certains utilisent le quadripartisme, d’autres manipulent les élections et d’autres utilisent le parrainage, l’emprisonnement des potentiels adversaires et tout ce que la loi leur donne comme outil pour gagner. La soif du pouvoir des leaders africains est incommensurable.
Les sondages étant interdits par la loi sénégalaise, il est presque impossible d’avoir les prévisions des résultats. Malgré l’interdiction des sondages, nous avons vu autant du camp de l’exécutif que du camp de l’opposition des sondages dont les études sont douteuses. Le deuxième tour semble se précisait de jour en jour à cause du bilan pas trop glorieux du président Sall. Cependant, il est très difficile de comprendre la manière dont les Sénégalais votent. En 2007, tout le monde pensait que le président Wade allait sans doute disputer le second tour, mais il a gagné les élections de 2007 avec 55,9 % des suffrages exprimés. Viendront loin derrière lui ses anciens premiers ministres, Idrissa Seck, Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng parmi les quinze candidats.
Une opposition toujours dispersée
En 1983, après l’avènement du multipartisme, nous assisterons à la multiplication des candidatures et cela n’était pas bénéfique à l’opposition. On pouvait qualifier le multipartisme de « trop de démocratie » car il y avait treize partis d’opposition, comparé au quadripartisme dont le Sénégal était habitué. Malgré leur nombre important, l’opposition n’arrivait pas à remplir son rôle de contestataire et il n’y avait aucun programme en place à offrir aux Sénégalais. L’opposant Wade ayant constaté cela, disait durant la déclaration de sa candidature que « l'union de toutes les forces démocratiques en vue du changement doit être effectuée autour d'un programme minimum, en écartant les discutions d'écoles, les querelles byzantines et les idéologies… ». Plusieurs partis refusent de se ranger derrière Mamadou Dia et le docteur Oumar Wone disait que le peuple le choisira et avait même annoncé Landing Savané comme son futur Premier ministre. Une opposition éparpillée facilitera la tâche au président Diouf, mais aussi sa politesse et sa discrétion. En 1988, il y avait le soulèvement des étudiants pour faute de paiement des bourses d’étude causant une année blanche. En 1993, on assistera à la démission du président du Conseil constitutionnel et à l’assassinat de son vice-président. En 2000, il y avait huit candidats pour les élections présidentielles. Le scrutin se passe de manière paisible et le président Diouf récolte 41,33 % des suffrages contre 30,97 % pour le président Wade. Un second tour est obligatoire, et c’est la première fois que l’alternance est à portée de main. Malheureusement, le PS ne s’était jamais préparé à un éventuel second tour et son secrétaire général disait que « le deuxième tour ne fait pas partie de mes préoccupations, je travaille pour élire notre candidat au premier tour. » Il fallait trouver quelque chose de manière hâtive et le président Diouf présente son programme en quelques points dont entre autres, un gouvernement de majorité plurielle gauche, la baisse du taux d’intérêt du crédit agricole, la mensualisation des pensions des retraites ainsi que leur défiscalisation, la gratuité des soins des 60 ans, la création d’une agence pour s’occuper des émigrés. Toute l’opposition s’attendait à une coalition derrière le président Wade de façon naturelle jusqu’à ce que Djibo Ka annonce qu’il retournerait aux côtés du président Diouf. Cela bouleversa tout l’ordre établi. Le président Diouf lui avait promis le poste de la Primature s’il était réélu. Malgré cette alliance avec le président Diouf, les membres de l’URD ne respectèrent pas l’appel de leur leader, car le score du président Diouf ne changea pas entre les deux tours. Ceux qui avaient voté pour lui durant le premier tour furent les mêmes à avoir voté pour lui durant le second tour. Si le président Wade est devenu président, c’est en quelque sorte à cause du président Diouf qui a démocratisé la sphère politique en facilitant les partis à se présenter aux élections, alors qu’il pouvait user du système de Senghor, du parrainage et ou de l’emprisonnement.
L’ère Wade
Le phénomène de « Barca wala Barsax » pris de l’ampleur sous le président Wade avec des milliers de jeunes qui ont risqué leur vie pour traverser la méditerranée. On sentait le manque de confiance de la jeunesse malgré les promesses du chef de l’Etat de créer des emplois pour tout le monde. Après sept ans à la tête du Sénégal, le président Wade pensait avoir un bilan très glorieux pendant que l’opposition pensait au contraire. Dakar, qui était l’une des grandes villes les plus polluées avec des embouteillages à ne pas finir, le président Wade a décidé d’investir dans les infrastructures. Il faut noter que les investissements dans ce sens ont augmenté de plus de 800 %. Il y a eu plusieurs réalisations, dont l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, les travaux en préparation du sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), prévu à Dakar en 2008, les chantiers de la corniche ouest, l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD) de Ndiass et la plate-forme industrielle de Diamniadio. Le premier daara moderne du Sénégal aussi a vu le jour sous le président Wade dans la cité de Tivaouane. Dans le même sens, il a été le réalisateur de la case des tout-petits aussi. Sur le plan social, on a vu la naissance du programme « Badiénou Gokh » et la gratuité de la césarienne. Il a aussi mis en place les Plans Sésame et Jaxaay afin de protéger les couches les plus vulnérables avec des programmes spécifiques. On verra dans ces programmes la prise en charge gratuite des personnes âgées de 60 ans et plus, la gratuité des antituberculeux, des vaccins, des ARV et des ACT. Il y avait aussi la subvention de l’insuline à hauteur de 300 millions F CFA par an ainsi que la subvention de la séance de dialyse allant entre 50 000 à 10 000 F CFA.
Nous n’allons pas omettre de parler de l’adoption de la loi sur la parité hommes-femmes dans les instances électives. Sur le plan économique, tous les secteurs ont enregistré une croissance par rapport à l’ère du président Diouf. Le PIB par habitant est passé de 1200 dollars en 2000 à 1800 dollars en 2010, enregistrant ainsi une hausse de plus de 40 %. La dette extérieure était de 1750 milliards pendant que la dette intérieure était de près de 440 milliards. Sur le plan du transport, on verra l’acquisition des bus TATA pour Dakar Dem Dikk en remplacement à la défunte SOTRAC. Il y a eu aussi le renouvellement des cars rapides avec TATA et King Long. Il y a eu aussi les taxis appelés « Seniran » par SENIRAN AUTO qui résulta d’un partenariat entre Iran et le privé national. Il y a aussi eu l’acquisition de deux bateaux de dernière génération. Sur le plan de la bonne gouvernance, et de l’atmosphère pré-électorale, il y avait beaucoup de tohu-bohu. Le président Wade était accusé de népotisme, donnant ainsi à ses enfants des postes de responsabilité malgré le manque d’expérience noté. Il y avait le problème « des chantiers de Thiès » qui a tenu en haleine le pays pendant des années. Le président Wade avait accusé son fils spirituel d’avoir détourné l’argent du public avant et il fut emprisonné pendant 7 mois pour après obtenir un non-lieu total. Il y avait beaucoup de scandales sous le président Wade avec les affaires suivantes : tentative de corruption de l’agent du FMI Alex Ségura par le président lui-même, la tentative de corruption du journaliste du Figaro, les 7,5 milliards de Taiwan, les 20 milliards de l’affaire SUDATEL, le saccage des locaux des organes de presse. L’opposition lui reprochait par rapport à la validité du fichier électoral numérisé. Le scrutin s’est déroulé dans le calme malgré l’appréhension.
L’ère Sall
D’après l’OCDE, le Sénégal est l’un des pays à recevoir le plus d’aide dans le monde bien qu’il ne soit pas le pays le plus pauvre. Le phénomène Barca wala Barsax s’est poursuivi sous le président Sall toujours par manque de confiance des promesses du président. Après 7 ans au pouvoir, le président Sall a aussi fait des réalisations dans les infrastructures. En 2012, il y avait près de 5 000 kilomètres de routes revêtues et 10 000 kilomètres de routes en terre. En 2016, le Sénégal comptait près de 6 000 de kilomètres de routes revêtues et 10 500 kilomètres de routes non revêtues. Sous le président Sall, il y a eu de grandes réalisations comme le TER. Ce dernier a été inauguré et il va relier l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) à la capitale d’ici six mois. Il va transporter plus de 100 000 passagers par jour en moins d’une heure de temps de l’aéroport de Diass à Dakar. Il a aussi eu à faire des réalisations comme : la réhabilitation et l’élargissement de la RN2 et de la RN6, l’autoroute Ila Touba, la réhabilitation du pont de Sénégal 92, entre autres. Sur le plan social, il y a la Bourse de sécurité familiale et la CMU qui comprend entre autres la gratuité des soins pour les enfants de 0 à 5 ans et les personnes âgées, la gratuité de l´hémodialyse et de la césarienne, la gratuité des antirétroviraux. Sur le plan économique, le président Sall a initié le PSE en 2014 pour une émergence à l’horizon 2035. Ces lourds investissements dans les infrastructures ont créé une croissance très forte au Sénégal.
Conséquemment, le Sénégal a eu à enregistrer le taux de croissance le plus élevé de son histoire de 7,2 % en 2018. Ce taux de croissance vient avec une dette élevée, c’est ainsi que la dette est de presque 6 000 milliards. Il y a eu aussi AFTU : de 2012 à 2016, 1150 cars ont été mis en service, soit une moyenne de 230 cars par an et pour Dakar Dem Dikk : de 2012 à 2016, 710 bus ont été mis en service, soit une moyenne de 142 bus par an. Ce programme s’est élargi dans les régions avec la mise en circulation de 287 minibus en 2016. Sur le plan de la bonne gouvernance et du contexte pré-électoral, on assiste aussi au même scénario que sous le président Wade. Le président Sall est accusé de népotisme avec sa famille très impliqué dans les affaires de l’Etat après avoir dit qu’il ne ferait pas comme le président Wade dans ce sens. Il y a eu le problème de Karim Wade avec la réactivation de la CREI pour le condamner, ce qui a tenue en haleine le pays pendant plus de trois ans. Il y a eu aussi le parrainage qui a été voté et a été appliqué pour limiter les candidats à cinq. Il y a eu aussi l’emprisonnement de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall. Il y a aussi eu des scandales sous le président Sall : les affaires Bictogo, Pétrotim, et Prodac sont à noter, mais aussi la perception de l’instrumentalisation de la justice. La CREI avait cité 25 personnes, mais à la fin, une seule personne a été jugée et condamnée, il y a aussi eu le cas de l’ancien maire de Dakar. La CEDEAO, qui est supranationale, avait dit qu’il y avait des irrégularités dans son procès, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme avait également dit que « la déclaration de culpabilité et de condamnation contre Karim Wade doit être réexaminée ».
Comparaison n’est pas raison.
Nous voyons qu’il n’y a pas eu trop de changement entre le père adoptif et le fils. La politique au Sénégal se fait de la même manière, il s’agit d’inaugurer et de comparer son mandat à celui des présidents précédents. Le président Wade avait augmenté la caution d’une manière exorbitante pendant que le président Sall a utilisé le parrainage pour éliminer les potentiels candidats. Comparaison n'est certes pas raison, mais si nous suivons le raisonnement de l'électorat, c'est Macky Sall qui risque de gagner les élections. Nous n’avons pas encore eu de président qui ait un modèle économique adéquat à nos réalités. Que des politiciens ! Le Sénégal est en mesure de se développer avec des dirigeants qui mettent l’intérêt du Sénégal en avant. Si l’opposition ne s’organise pas comme durant la première alternance politique du Sénégal, le président Sall sera reconduit pour un second mandat. Peu importe qui sera le prochain président, il faut impérativement industrialiser le pays pour créer des emplois durables, avoir une justice impartiale et développer le Sénégal. Il est temps d’arrêter la politique politicienne afin de développer notre pays. Thomas Sankara disait : « La maladie ne se guérit point en prononçant le nom du médicament, mais en prenant le médicament. »
Mohamed Dia est Consultant bancaire
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"MA DOUBLE-CULTURE, QUELLE RICHESSE !"
En coproduisant le film « Yao », dont il est à l'affiche, Omar Sy évoque ses racines africaines - Sous forme de road movie au Sénégal, son personnage en perte de repères effectue une quête sur ses origines - ENTRETIEN
Le Point Afrique |
Astrid Krivan |
Publication 28/01/2019
Dans un village au Sénégal, Yao (Lionel Basse), jeune garçon de 13 ans, est féru de lecture et de Seydou Tall (Omar Sy), célèbre acteur français d'origine sénégalaise. Quand il apprend que celui-ci vient à Dakar pour la promotion de son livre, Yao traverse tout le pays pour le rencontrer. Après leur échange, Seydou décide de faire la route pour raccompagner son jeune fan à son village. Ce road trip va bientôt prendre l'allure d'un voyage vers ses origines, d'une reconnexion à ses racines. Aux côtés du jeune Lionel Basse (épatant de justesse, présence lumineuse), de Fatoumata Diawara, de Germaine Acogny, Omar Sy n'est pas seulement la tête d'affiche de ce film réalisé par Philippe Godeau : il l'a également coproduit. En effet, l'enjeu était de taille pour l'acteur d'origine sénégalaise par son père et mauritanienne par sa mère, héritier de la culture peule : il fallait porter un regard juste sur la terre de ses ancêtres. Et évoquer, avec finesse, ce questionnement identitaire d'enfants issus de l'immigration, souvent entre deux pays, ni tout à fait d'ici, ni tout à fait de là-bas. Désormais installé avec sa femme et ses cinq enfants à Los Angeles, où il vient de terminer L'Appel de la forêt avec Harrison Ford, et actuellement en tournage en France du prochain film d'Anne Fontaine, il a toutefois trouvé un moment pour se confier au Point Afrique sur cette œuvre qu'il présente comme la « plus impudique » de sa filmographie.
Le Point Afrique : Pourquoi était-ce important pour vous de coproduire Yao ?
Omar Sy : Quand Philippe (le réalisateur et producteur du film, NDLR) m'a fait cette proposition de le coproduire avec lui, je l'ai pris comme un cadeau, une chance ! De la part d'un producteur, cette envie de partager est rare. Yao parle du Sénégal, porte des valeurs qui me sont chères. Donc, en ayant cette place-là, je pouvais veiller à ce que l'histoire soit dans la vérité, montre une vision authentique du pays. Le danger avec ce type de films est de tomber dans le pathos, les stéréotypes, il fallait éviter ces pièges qui nous guettaient. J'avais un rôle particulier, où Philippe me faisait lire le scénario, à toutes les étapes, et on en discutait. J'ai participé à des réflexions, c'était essentiel d'être dans la justesse. J'ai parfois apporté quelques éléments personnels, notamment dans les dialogues. J'ai ainsi appris comment on fabrique un film, comment on le réfléchit, comment on le tourne, puis on le monte… Et l'aventure n'est pas terminée ! En tant qu'acteur, je me suis donc impliqué en toute confiance, car cette intrigue sur la terre de mes aïeux représentait un enjeu pour moi. Pour dépasser ma pudeur, je devais y aller sans crainte. J'ai beaucoup appris auprès de Philippe, producteur très expérimenté. C'est une valeur perdue en France, mais qui existe encore en Afrique, celle d'apprendre auprès des aînés, de profiter des expériences d'un mentor qui nous forme, nous enseigne.
Vous dites que ce film est un hommage à vos héritages africains respectifs : Philippe Godeau, qui a vécu au Mali dans son enfance, et le vôtre. Pourriez-vous le définir ?
Africain, c'est trop générique. Je serais plus précis en parlant de la culture peule que mes parents m'ont transmise (les Peuls forment un peuple de nomades et semi-nomades de l'Afrique de l'Ouest, NDLR). J'en ai hérité la pudeur, la culture orale, le plaisir de parler avec des personnes plus âgées que moi et qui m'éclairent. Et l'importance accordée aux ancêtres, et à la transmission aux enfants, c'est une valeur que je ne tiens pas de la France. Ce film traite de ça, de ces choses importantes pour moi et qui sont essentielles au Sénégal, de ce lien ancestral. Nous ne sommes pas seuls, il y a ceux qui nous précèdent, ceux qui arrivent, et chacun, à son époque, est juste une transition. Je trouve beau qu'un film sur l'Afrique en parle.
C'est pourquoi vous dédiez Yao à votre père, Demba Sy ?
Oui, car Yao évoque la paternité, et ces attaches à la lignée, aux ancêtres. J'ai la chance d'avoir un père qui m'a toujours fait confiance, malgré mes dérapages. C'est un homme très pudique, assez énigmatique, qui nous disait peu de choses, mais ses paroles me faisaient cogiter. Il me répétait : « Il faut que tu sois mieux que moi, et que tes enfants soient mieux que toi. » J'ai eu le privilège d'aller « au bled » dès l'âge de six ans, chaque été en vacances, de parler la langue pulaar... Mais ce qui m'a beaucoup marqué, c'est un voyage que j'ai fait avec lui à travers le Sénégal, à l'âge de 19 ans. Nous sommes partis de Korokoro, le village de ma mère en Mauritanie, et on a parcouru le pays jusqu'à Dakar. Mon père m'a raconté son histoire, celle de notre famille, les lieux et rencontres qui lui étaient chers… J'en suis revenu complètement transformé : sans ce voyage, je ne serais pas l'adulte que je suis aujourd'hui. Cela a scellé la culture que mes parents m'ont inculquée, ça m'a reconnecté à mon père, donc à la lignée, à la transmission. Évidemment, Yaos'y réfère un peu. Après le tournage, j'ai refait ce voyage avec lui, en emmenant mon frère, absent la première fois, et en réalisant l'itinéraire inverse, de Dakar à Korokoro.
Contrairement à vous, Seydou, votre personnage, n'a pas ces attaches fortes avec ses racines. Ce voyage est pour lui un premier pas vers cette reconnexion...
En effet, Seydou est un beau vase vide. Il a une vie bien organisée, mais il lui manque l'essentiel. Il arrive à un tournant dans sa vie : il a le sentiment d'avoir réussi, et finalement ce voyage lui fait réaliser son déséquilibre intérieur. Ce vide va l'attirer au bon endroit, au Sénégal, et c'est là qu'il va se remplir. C'est un personnage qui accueille les événements, et se laisse emmener, guider par le jeune Yao et les autres protagonistes. J'ai donc dû modifier ma technique de jeu. Philippe me demandait d'être dans la réception, alors que j'ai l'habitude d'incarner des rôles plutôt moteurs de l'intrigue. C'était nouveau. J'ai travaillé une interprétation beaucoup plus épurée, avec moins d'effets, en étant moins « pushy », ce qui n'est pas évident pour moi à la base. Mais le décor et le fait d'être en Afrique m'ont beaucoup aidé à me mettre à ce rythme.
Au cours d'une scène, Seydou se fait gentiment traiter de « bounty » : noir à l'extérieur, blanc à l'intérieur...
J'aime cette scène, car elle évoque des choses que peu de personnes savent, et je crois que le cinéma ne les a jamais racontées. Quand on est français d'origine étrangère et qu'on se rend dans le pays d'origine de nos parents, on peut aussi subir du racisme. Ce sont des préjugés, on nous colle une étiquette et on nous définit par nos habits, notre manière de parler, notre provenance… Situation que l'on vit aussi en France ! C'est toujours cette manie de stigmatiser les différences, alors qu'elles sont beaucoup plus subtiles que ça. On ne voit que celles qui nous arrangent. En tant que binational, on est entre les deux, on ne sait pas où se placer. Ce n'est pas facile ni inné de se sentir d'emblée chez soi sur la terre de ses parents. Donc, c'est intéressant de représenter ça, pour tous ceux qui nous renvoient : « Si t'es pas content, retourne dans ton pays ! »… Ce n'est pas si simple ! Et c'est à nous ensuite de faire le choix de se définir : quel est mon héritage, qu'est-ce que je prends ou pas ?… On croit même qu'on doit choisir entre nos deux cultures. Mais, moi, plutôt que de me sentir nulle part chez moi, j'ai choisi de l'être partout.
Le film montre aussi l'importance de la vie spirituelle au Sénégal, entre la cérémonie dansée dédiée aux ancêtres et la prière des musulmans dans les rues de Dakar...
On ne peut pas parler du Sénégal sans parler de spiritualité : elle est partout ! Elle est présente en chacun, tout le monde croit en quelque chose. On le ressent dans la manière dont les habitants s'expriment, regardent les choses, interagissent les uns avec les autres… Elle façonne aussi la sonorité des villes. Et la foi animiste était là bien avant les religions monothéistes. Au début du film, dès sa sortie de l'avion, mon personnage a à peine mis le pied dans le pays qu'il est déjà tiré par les obligations. Et la première chose qui lui arrive, c'est de se retrouver bloqué dans son taxi par les fidèles en train de prier dans les rues. Ça l'incite déjà à s'arrêter, à s'interroger, rien que de regarder ces gens qui prennent le temps de faire la prière. Qu'est-ce que ça lui évoque, quel est son rapport à la spiritualité ? Il est dans une forme de quête, sans savoir ce qu'il cherche, mais on sent bien qu'il lui manque des choses. Et rien que le fait de s'arrêter : qu'est-ce que ça provoque chez quelqu'un qui vit dans un rythme aussi intense ? C'est aussi un autre tempo auquel il faut s'accorder. Ce n'est pas de la lenteur ni de la passivité, mais de la maîtrise, de l'appréciation du temps, de la contemplation. Et Seydou réalise qu'il ne peut pas y résister.
Le personnage de Tanam (Germaine Acogny) l'invite à avoir plus de recul et de philosophie, et à donner un sens à sa panne de voiture qui le mène près du village de son père. Tandis que, pour Seydou, il s'agit juste d'un problème mécanique. « Le hasard, c'est Dieu qui se promène incognito », lui cite-t-on. Ce regard sur les choses moins terre à terre, le partagez-vous ?
Bien sûr, puisque j'ai été élevé ainsi. Même si ça ne m'empêche pas, à d'autres moments, d'être très cartésien, mathématique, d'avoir une logique pragmatique, car c'est ce que m'a appris ma culture française. Mais c'est important de prendre un peu de hauteur et de regarder les choses différemment. Ça fait partie de moi, et souvent, cette lecture de la vie et du monde m'a beaucoup aidé.
Comment s'est passé le tournage ?
Déjà, il a redonné des couleurs à mes souvenirs, car cela faisait huit ans que je n'étais pas venu au Sénégal. J'ai adoré la manière dont le pays se modernise tout en préservant ses traditions, ses valeurs. Nous avons tourné pendant deux mois, l'équipe était composée de Français et de Sénégalais. Et c'était très intéressant à observer, j'étais le seul à saisir les incompréhensions liées au décalage culturel, les stress des uns, les demandes des autres... Je décryptais les codes, je comprenais ce que chaque personne des deux pays exprimait, comme si deux parties de moi dialoguaient ! C'est un exemple concret : quelle richesse d'avoir une double culture, quelle chance d'être là où je suis. Et c'était très agréable de constater que tous les problèmes se sont résolus avec beaucoup de douceur et d'efforts de la part de tous.
Le film a ensuite été projeté au Sénégal en avant-première, au Grand Théâtre national de Dakar, à Saint-Louis, d'où vient votre jeune partenaire Lionel Basse, et à Diofor, village du Sine Saloum, où une bonne partie a été tournée. Comment le public a-t-il réagi ?
Je craignais beaucoup leurs réactions : allaient-ils reconnaître leur pays, allaient-ils se sentir trahis ? Au final, ça s'est très bien passé, ils ont aimé et ont même ri. C'est intéressant : de la même manière que les spectateurs français découvrent des choses sur le fait d'être partagé entre deux pays, au Sénégal aussi, ils en apprennent aussi sur cet écartèlement identitaire. On a été validés, ils ont reconnu le Sénégal, donc, pour nous, c'est un pari réussi ! J'ai reçu un très bel accueil, j'ai été très touché par cette chaleur des spectateurs sénégalais.
Qu'est-ce que Yao a changé pour vous ?
Sur le plan personnel, il m'a rappelé à quel point ça fait du bien d'être au Sénégal ! Sinon, j'éprouve une vraie satisfaction, une fierté même, d'avoir fait ce film, qu'il existe, que le public le voie... C'était important pour moi. Et d'avoir rencontré des artistes, des techniciens sénégalais suscite l'envie de poursuivre peut-être d'autres projets dans ce sens. En tout cas, en tant qu'acteur, il a permis à des réalisateurs africains de penser à moi, je commence à en rencontrer. Peut-être qu'avant ils pensaient que c'était loin de moi, que je n'en aurais aucune envie. Enfin, j'espère aussi que Yao sera un bon moyen pour mes enfants de se rappeler de certaines choses de cette culture africaine, que je leur inculque déjà.
DÉCOLONISER LES SAVOIRS SUR L'AFRIQUE
C'est un véritable parcours de libération intellectuelle que l'École doctorale des Ateliers de la pensée a initié à Dakar du 21 au 25 janvier 2019 - De quoi donner aux Africains les moyens de penser leur propre histoire
Le Point Afrique |
Marie Lechapelays |
Publication 28/01/2019
« Nous avons réuni des jeunes chercheurs ou artistes du continent et de sa diaspora, avons travaillé à la production de nouveaux savoirs en examinant leurs propositions théoriques, en les critiquant et en les enrichissant dans un objectif de transmission », résume en une phrase Felwine Sarr, l'un des initiateurs de l'École doctorale des Ateliers de la pensée, alors que s'achève sa première édition. Cet universitaire et écrivain sénégalais qui a récemment rendu le rapport « Restituer le patrimoine africain », rédigé avec Béatrice Savoy et remis au président français Emmanuel Macron qui l'avait commandé, veut redonner à l'Afrique son identité propre, en « décolonisant les savoirs sur ce continent ».
Avec Achille Mbembé avec qui il a l'habitude de travailler, il a fondé cette école sous la forme d'une formation intensive d'une semaine pour 26 chercheurs et artistes de l'Afrique francophone et de sa diaspora. Venus d'une dizaine de pays différents, du Maroc à la République démocratique du Congo en passant par le Brésil, ils ont été triés sur le volet parmi plus de 150 candidats en vue d'échanger sur une thématique prédéfinie, en l'occurrence « Nouveaux savoirs et enjeux planétaires : épistémologie, pédagogie et méthode ».
Décoloniser les savoirs sur l'Afrique
L'énoncé peut paraître obscur, mais l'objectif est clair. Il s'agit de réfléchir à des concepts et à des outils de pensée adaptés au sujet qu'est l'Afrique. « La réalité africaine, si complexe et si dense, est constamment tronquée, simplifiée à souhait, par un ensemble de paradigmes qui construit le continent comme un vide, comme un manque, qu'il faudrait combler », constate amèrement Achille Mbembé, enseignant à l'université de Witwatersrand de Johannesburg (Afrique du Sud). Et c'est bien cela qui coince, « l'Afrique est systématiquement considérée comme un problème ».
Il faut dès lors repenser l'Afrique en la débarrassant de concepts importés pour lui donner une existence propre. « Depuis longtemps, l'Afrique a perdu le pouvoir de se décrire elle-même, de se nommer elle-même, de s'interpréter elle-même. Ce pouvoir a été exercé par d'autres, explique l'historien. Cette perte est un obstacle fondamental à l'émergence du continent, car on ne peut pas émerger au monde si on n'est pas capable de se mettre soi-même en scène », insiste l'historien.
L'enjeu – permettre l'émergence du continent – relève donc de l'urgence. « Il nous faut récupérer ce pouvoir et décoloniser les savoirs sur l'Afrique par le biais de la pensée, donc par la formation d'une nouvelle génération d'Africains basés en Afrique et dans ses diasporas », d'où la création de cette École doctorale.
Réformer la pédagogie
Universités bondées, bibliothèques aux ouvrages poussiéreux et dépassés, l'espace universitaire africain est en crise. Comme ses collègues, Abdourahmane Seck, enseignant-chercheur à l'université Gaston-Berger de Saint-Louis, prône une université « décoloniale », avec sa pédagogie, ses paradigmes, jusqu'à sa forme même, alternative à l'institution importée d'Europe, décrite comme « coûteuse, inefficace et bureaucratique ». « On voit bien qu'elle ne fonctionne pas ici ! », assène-t-il.
La forme proposée est donc tout autre : intensive, sur une semaine ; relativement flexible, une semaine par an ; et ciblée, en « faisant surgir une problématique précise et adaptée » pour ceux qui n'en sont qu'à l'énoncé d'une intuition, ou en « poussant à exercer un esprit critique sur ce que les plus avancés mobilisent comme concepts », détaille la philosophe Jamila Mascat, maître de conférences à l'université d'Utrecht (Pays-Bas).
Retour au réel et transdisciplinarité
Pour reprendre en charge de manière complètement différente les questionnements philosophique, anthropologique et sociologique, les encadrants s'accordent sur un point essentiel : le retour au terrain. Pour décoloniser les savoirs, il faudrait avant tout réapprendre à décrire le réel, de manière très minutieuse et rigoureuse. Un passage nécessaire pour ne pas plaquer à tout prix des concepts inadaptés sur les réalités africaines.
Autre exigence fondamentale : la transdisciplinarité. « C'est devenu une nécessité de croiser les savoirs et les perspectives disciplinaires, explique Felwine Sarr, car les objets sociaux ont une épaisseur. L'une des erreurs a été de découper le réel en petites portions et de l'examiner ainsi. C'est difficile de le recoudre et de l'analyser dans son entièreté. »
Une transdisciplinarité décisive pour des sujets très en vogue comme les mutations des villes africaines. « Comment comprendre la ville et ses transformations en faisant seulement appel à des urbanistes ? questionne Françoise Vergès, assurée de la réponse : il faut travailler main dans la main avec les spécialistes du commerce, des femmes, de la police, etc. »
Les doctorants ravis
Enthousiaste, le visage éclairé et épanoui, Imane Nya s'enthousiasme sur l'avancée de son travail. En deuxième année de doctorat au Maroc, elle se sentait bloquée dans son sujet. « Je l'avais analysé de manière beaucoup trop superficielle, avoue-t-elle. J'ai découvert qu'il cachait beaucoup plus de profondeur et que je passais même à côté de l'essentiel. » Pour elle, pas de doute, « c'est un gain de temps et de valeur considérable ».
À 28 ans, Salifou Naam a déjà écumé plusieurs formations sur le continent. Doctorant en sociologie à l'université de Yaoundé depuis quatre ans, son sujet était déjà bien avancé, mais il a apprécié les échanges critiques avec les encadrants et les autres doctorants, parfois « jusqu'à tard dans la nuit, glisse-t-il, un sourire en coin. C'est ce qui est le plus intéressant. D'une façon ou d'une autre, chacun connaît le sujet des autres avec son propre prisme. C'est très riche. »
Pour ne pas tourner définitivement les talons et se retrouver seuls face à leurs travaux, les étudiants promettent de construire un réseau des participants des écoles doctorales des Ateliers de la pensée. En plus de « donner un peu de matière à cette utopie de la pédagogie émancipée », selon les mots de Nadia Yala Kisikudi, maître de conférences en philosophie à l'université Paris-8 Vincennes-Saint-Denis, c'est cela aussi, le but de cette école : construire un réseau de chercheurs africains pour redonner à l'Afrique sa souveraineté intellectuelle. De quoi reprendre son souffle pour aborder le prochain rendez-vous de cette École doctorale des Ateliers de la pensée : en 2020.
LA GRANDE ÉMISSION RADIO "CONFLUENCES"
RADIOSCOPIE DU SÉNÉGAL AVANT LA PRÉSIDENTIELLE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Parrainage, recomposition de la scène politique, modèles économique et culturel national - Elgas et son équipe à Paris reçoivent les journalistes Barka Ba et Samba Dialimpa Badji
#Enjeux2019 - Confluences en route vers la présidentielle. Dans le cadre du scrutin du 24 février 2019, l'émission radiophonique diffusée depuis Paris, prépare une série de six numéros, exclusivement dédiée aux différents enjeux de ce rendez-vous électoral.
Pour le premier numéro à retrouver dès ce mardi 29 janvier 2019 sur SenePlus, les journalistes Barka Ba et Samba Dialimpa Badji seront aux côtés des chroniqueurs : El Hadj Souleyamane Gassama alias Elgas, Mohamed Mbougar Sarr, Lamine Faye, Aminata Thior et Joël Assoko. Les invités vont évoquer plusieurs sujets dont la question du parrainage, la recomposition de la classe politique, l'évaluation des libertés, les modèles économique et culturel, etc.
Confluences c'est une heure d'émission agrémentée de plusieurs choix musicaux avec des rubriques comme la revue de presse internationale, la Guillotine pour une Idole dont le premier numéro est consacré au Forum de Davos.
"Confluences", tous les mardis de ce mois électoral à 19h sur SenePlus.com.
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OUSMANE SONKO, L'ÉTOILE MONTANTE
Prouver qu’il ne vient pas du sérail, que sa politique s’il est élu sera différente, basée sur la transparence et la solidarité - C’est l’argument numéro du cadet de la présidentielle
Au Sénégal, ils sont donc cinq en lice pour l’élection présidentielle du 24 février prochain : le sortant, le président Macky Sall, Idrissa Seck, Madicke Niang, Issa Sall et Ousmane Sonko. Cette semaine, à un mois du scrutin, RFI vous présente chaque jour l’un des candidats à la magistrature suprême. Ce lundi, Ousmane Sonko : étoile montante de la politique aux positions tranchées, il prône par exemple la sortie du franc CFA.
« Tchouraï yu Deum », « l’encens qui fait partir les mauvais esprits ». Ousmane Sonko a utilisé récemment cette expression pour parler de lui. Prouver qu’il ne vient pas du sérail, que sa politique s’il est élu sera différente, basée sur la transparence et la solidarité. C’est l’argument numéro du cadet de cette élection.
A 44 ans, Ousmane Sonko, qui est né à Thiès et a grandi en Casamance, met en avant son parcours. Major de sa promotion à l’ENA, il a fait sa carrière à l’Inspection générale des impôts ou il a créé très tôt, en 2005, le premier syndicat de cette institution. Et c’est via cet organisme qu’il a développé son réseau et dénoncé les abus, la corruption au sein du pouvoir actuel. Au point d’être radié en 2016 pour manquement au devoir de réserve.
Ousmane Sonko a su très vite rebondir en lançant son parti et remporter sa première victoire politique en devenant député un an plus tard en août 2017. Ses détracteurs le jugent trop jeune, sans expérience. « Je n’ai jamais rencontré un chef d’Etat en exercice », admet le candidat qui rêve d’un débat avec le président Macky Sall.
Le changement pour ses sympathisants
L’université de la capitale a toujours été un vivier politique. Toutes les tendances y sont représentées, mais ces derniers mois, les sympathisants d’Ousmane Sonko y sont de plus en plus nombreux.
Pour El Hadj Amadou Diop, étudiant, le candidat incarne le changement : « Nous pensons qu’Ousmane Sonko ne va pas diriger comme les autres. Une petite partie des Sénégalais exploite la quasi-majorité des Sénégalais. C’est ça qu’Osmane Sonko prône à changer ».
Changer le système, le mode de gouvernance, en donnant notamment moins de pouvoir au président, c’est l’un des axes de campagne d’Ousmane Sonko : « Il n’y a qu’une seule institution en réalité, c’est l’institution présidentielle. Vous ne pourrez jamais construire une démocratie sur cette base, parce que vous n’avez plus de justice, de pouvoir législatif, les politiques publiques ne sont pas soumises au contrôle. Et ça, c’est l’un des grands problèmes de notre système ».
La transparence, la solidarité sont au cœur du pacte qu’Ousmane Sonko propose aux électeurs. S’il s’est fait rapidement un nom, le verdict des urnes décidera de la suite de sa carrière politique.