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16 septembre 2025
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, ALMAMY MAMADOU WANE
CRÉPUSCULE D’UNE DÉMOCRATIE AUTORITAIRE
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment, après avoir organisé une élection présidentielle transparente, le Sénégal s’apprête-t-il à retourner dans l’enfer de la contestation pré et post électorale ?
Jamais l’on n’avait à ce point abusé de la patience légendaire des Sénégalais. Nous avions surestimé nos capacités à conjurer une telle déshérence au sommet de l’État. Le festin "yaakariste" a attiré tellement de marionnettistes et de marionnettes que la vie politique sénégalaise ressemble à une foire d’empoigne. Le pays est littéralement engoncé dans des tempêtes éditoriales organisées par des journaleux entretenus par des officines proches du pouvoir.
Nous devons accepter l’idée que nos partenaires, quelles que soient leurs origines, préfèrent avoir à faire avec les moins sourcilleux d’entre nous. Au Sénégal, il faut l’avouer, les politiques publiques ont au fil du temps, laissé toute une partie de la population sur le bas-côté. Sinon, comment expliquer la frénésie migratoire qui s’est emparée de la jeunesse ? Les éternels exclus de la croissance économique, pour subsister, ont dû inventer une économie de survie perfusée par une diaspora maltraitée. Notre activité économique hybride met en évidence deux économies antagoniques, l’une portée par des capitaux étrangers, régulièrement fêtée dans les médias internationaux (croissance) et celle dite informelle. Cette façon de faire a tapissé le chemin à des générations d’entrepreneurs politiques véreux. À ce niveau, l’on peut insister sur les réelles intentions de cette pseudo-élite qui règne dans l’espace politique. Sa force réside dans sa capacité à nourrir des alliances avec des partenaires étrangers, on s’allie avec l’extérieur pour envoyer ses propres compatriotes à l’abattoir.
Cette culture d’accaparement qui a montré son efficacité est imparable. La criminalisation de la contestation sous toutes ses formes lui confère une précieuse pérennité. Une sorte d’ingénierie intellectuelle, qui procède sciemment à une occultation de notre histoire commune et propose à chaque fois une version revisitée, selon l’homme fort qui réside en son palais. On parle de continuité de l’État, mais l’histoire nationale est régulièrement réécrite. Il y a eu le Senghorisme, puis le Dioufisme, suivi du Wadisme, mais point de Sallisme plutôt un Yaakarisme pharisien qui festoie à tout bout de champ.
Et si nous sanctionnions le « yaakarisme banania » le 24 février 2019 ? Et avec lui, toute cette ploutocratie. Nous découvrirons alors que des Sénégalais ont pu hypothéquer froidement la vie de générations entières à une échelle insoupçonnée, sans aucune once de regrets. Trahir son pays, c’est vendre ce qui ne peut l’être, trahir son pays c’est réécrire l’histoire, c’est aussi brader des ressources de façon unilatérale. C’est ceux-là que la françafrique a jusqu’ici adoubé et couvé. Ce goût pour la médiocrité conforte souvent les françafricains dans leur esprit de supériorité, c’est une ficelle pour le maillage de notre société de consuméristes néo-colonisés. Une sorte de prison à ciel ouvert d’où l’on ne peut sortir qu’en empruntant des pirogues de fortune. Dès lors, ceux qui prétendent nous gouverner éprouvent le besoin de donner des gages pour surnager et dominer la masse servile. Il faut « cheffer » à tout prix ! Cela permet d’asseoir un pouvoir « omnipotent » comme celui qui, depuis presque sept ans s’en prend à nos acquis démocratiques.
Comment, après avoir organisé une élection présidentielle transparente, le Sénégal s’apprête-t-il à retourner dans l’enfer de la contestation pré et post électoral ? L’heure n’est plus à des discussions philosophiques sponsorisées, il s’agit de porter le doigt là où ça fait mal. Nous devons choisir de faire le bonheur de nos frères et sœurs ou avouer que le crime contre l’humanité est permis. Les réunions aux phrases ampoulées dans des cénacles aseptisés aux frais du contribuable sont autant d’insultes à notre intelligence. La politique a attiré une quantité d’affairistes depuis qu’une technocratie frappée de mimétisme a remplacé le militantisme et l’engagement au service de l’intérêt général. Qui se souvient de l’élimination politique de Mamadou Dia et de la solitude de Cheikh Anta Diop ne dira pas le contraire.
Qu’est devenu le projet national ? Nous devons, à ce stade de notre histoire politique, être de nouveau en mesure, de porter à la tête de l’État, un homme choisi démocratiquement par le peuple, comme nous l’avions fait en 2012. Un homme prêt à interpréter consciencieusement, la musique républicaine, sans états d’âme. En restaurant la démocratie qui est devenue un mirage dont les interprétations varient depuis qu’une nouvelle religion, l’argent, a pulvérisé nos valeurs ancestrales. Cette assertion de l’écrivain Boubacar Boris Diop permet de mieux comprendre les soubassements de cette errance cultuelle :
« Je crois que deux choses sont essentielles dans la vie de chaque être humain : connaître le passé de son peuple et savoir qu’on va mourir. »
En réhabilitant la véritable parole politique, aujourd’hui orpheline, nous nous réconcilierons avec nos valeurs et par conséquent avec notre histoire. Nous sommes à la croisée des chemins.
La candidature de Karim Wade, rejetée par le Conseil constitutionnel, le Parti démocratique sénégalais se retrouve également sans représentant et les observateurs s’interrogent sur son avenir
Avant même la présidentielle prévue le 24 février, la classe politique sénégalaise vit une petite révolution. Car le président Macky Sall a su garder sa coalition et éliminer ainsi de la course des partis historiques : le Parti socialiste sénégalais et l’Alliance des forces de progrès. La candidature de Karim Wade, rejetée par le Conseil constitutionnel, le Parti démocratique sénégalais se retrouve également sans représentant et les observateurs s’interrogent sur son avenir.
Silence radio. Aucun cadre du Parti démocratique sénégalais (PDS) ne souhaite évoquer au micro l’avenir du parti. « C’est évident, si Karim ne peut pas être candidat, ça va bouger » admet l’un d’eux. « Foutaises. On ne touche au parti », réplique un autre.
Karim Wade, affaibli par son exil, l’est encore plus suite au rejet de sa candidature, même si un ultime recours est possible.
Pour le journaliste politique de la radio publique, Arouna Gaye, il aura en tout cas des difficultés à tenir le parti. « Est-ce que Karim Wade a aujourd’hui la capacité de remobiliser le Parti démocratique sénégalais ? Je n’y crois pas », assène-t-il.
Depuis qu’il a créé le PDS en 1974, Abdoulaye Wade n’a laissé que des miettes de pouvoir et exclu tous ceux qui ont tenté de prendre sa place. A plus de 90 ans, ce génie de la politique n’a sans doute pas joué toutes ses cartes, estime le journaliste et fondateur de la radio e-media, Mamoudou Ibra Kane. « Rien ne nous dit qu’Abdoulaye Wade, qui est un vieux briscard rompu aux négociations politiques, ne va pas se rapprocher du président Macky Sall, analyse-t-il. Parce qu’il ne faut pas oublier qu’il y a également pour son fils l’enjeu de l’amnistie. »
Suite au rejet de sa candidature, Karim Wade n’a fait aucune déclaration. Abdoulaye Wade serait lui en passe de venir au pays mener, affirment ses proches, « son dernier combat ».
PAR CHARLES FAYE
CPI, C'EST QUOI MÊME ?
Ce n’est pas aller trop loin que de voir comme un film de mauvais goût, cette ordonnance de la CPI acquittant et libérant «immédiatement », comme ça, 7 ans après, Laurent Gbagbo
Nègre et bon con de service. Il faut croire que c’est à désespérer de nous autres noirs à qui on la raconte, la fait à satiété sans qu’on ne pige au quart de tour l’entourloupe. C’est comme s’il y avait un retard à l’allumage. Que notre cortex était fait pour être domestiqué et pressé comme une pastèque.
Ce n’est pas aller trop loin ou frapper trop fort que de voir comme un film de mauvais goût cette ordonnance de la Cour pénale internationale (CPI) acquittant et libérant «immédiatement », comme ça, 7 ans après l’ancien Président ivoirien Laurent Gbagbo et son ministre de la jeunesse Charles Blé Goudé.
Après tout ce qui a été dit (voir plus-bas la décision de la Chambre préliminaire III qui formule le mandat d’arrêt contre Gbagbo), ou dépeint l’ancien chef d’Eta ivoirien, son ministre et sa milice comme une horde d’hommes assoiffés de sang et sexe, voilà que la chose internationale, met du temps pour comprendre « que le procureur ne s’est pas acquitté de la charge de la preuve conformément à la norme applicable telle que prévue à l’article 66 du statut de Rome, Fait droit aux demandes d’acquittement présentées par la défense de Laurent Gbagbo et celle de Blé Goudé concernant l’ensemble des charges portées à leur encontre ».
Et bien dites donc, elle a mis du temps à savoir qu’elle était à côté de la plaque. Est-ce sérieux ! Qu’en aurait-il été si de telles manifestations approximatives étaient sorties des barres de nos tribunaux ?
Pauvres morts, tel le colonel Adama Dosso, ancien pilote du Président Houphoët Boigny tué et jeté sur l’autoroute par des militaires en service à la Garde républicaine, après avoir été kidnappé dans la nuit du 12 mars 2011 au plus fort de la crise post-électorale. Ce d’autant que passés au laminoir du procureur militaire, Ange-Bernard Kessi Kouamé, ces tueurs aux bonnes intentions avaient craché le morceau, avouant leur crime, sans en donner, toutefois, les motivations, comme l’écrivait ladepechedabidjan.
Les souvenirs sont encore vivaces.
Mais hors de question de réveiller les démons. Pas la peine de remuer le couteau dans la plaie. Les Ivoiriens prendront leur temps pour cicatriser leurs plaies.
Ce qui n’exclut pas que l’on s’arrête sur cette CPI et son traitement rapide et tout aussi féroce infligé au finalement « innocent » Laurent Gbagbo et son homme de main.
Chahutée par les Etats-Unis, plus précisément par son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton qui l’a violemment attaquée en septembre dernier, menaçant de représailles ses juges et procureurs si jamais ils venaient à formuler des sanctions contre des Américains, Israéliens et autres alliés de Washington, la CPI dont notre cher Sénégal fut le premier pays africain à avoir signé et ratifié l’accord, a perdu toute crédibilité dans cette triste affaire ivoirienne. Si elle jamais elle en eu d’ailleurs.
Pour ne s’en être pris qu’aux plus pauvres, fermer honteusement les yeux sur les actes barbares des tout puissants en Irak, Libye, etc., et s’être tue devant les menaces de l’administration Trump, elle a montré ses limites de compétences géographiques, voire plus.
LA CHAMBRE PRELIMINAIRE III
Composée comme suit Mme la juge Silvia Fernandez de Gurmendi, juge président Mme la juge Elizabeth Odio Benito M. le juge Adrian Fulford
SITUATION EN RÉPUBLIQUE DE COTE D’IVOIRE
Le 22 juin 2011, la Présidence de la Cour pénale internationale (« la Cour ») a rendu la Décision portant constitution de la Chambre préliminaire III et réassignant la situation en République de Côte d’Ivoire.
Le 3 octobre 2011, la Chambre préliminaire III (« la Chambre ») a décidé, en application de l’article 15 du Statut de Rome (« le Statut »), d’autoriser l’ouverture d’une enquête dans le cadre de la situation en République de Côte d’Ivoire.
Le 25 octobre 2011, le Procureur a demandé, en vertu de l’article 58 du Statut, la délivrance d’un mandat d’arrêt à l’encontre de Laurent Koudou Gbagbo (« Laurent Gbagbo ») pour quatre chefs de crimes contre l’humanité, sur la base de la responsabilité individuelle de celui-ci dans la commission de meurtres, de viols et d’autres formes de violences sexuelles, d’actes de persécution et d’actes inhumains pendant les violences post-électorales, à partir du 28 novembre 2010, par les Forces de défense et de sécurité ivoiriennes (FDS) appuyées par les milices de jeunes pro-Gbagbo et des mercenaires (collectivement « les forces pro-Gbagbo »), à Abidjan, notamment dans les environs de l’hôtel du Golf, et ailleurs dans le pays.
Ayant pris note des articles 19-1 et 58-1 du Statut, la Chambre indique qu’elle exposera dans une décision ultérieure son analyse des éléments de preuve et autres renseignements fournis par le Procureur.
Au vu des éléments de preuve et renseignements fournis par le Procureur, et sans préjudice de la décision qu’elle rendra relativement à toute exception N° ICC-02/11 3/8 23 novembre 2011 Tradu-ction officielle de In Cour ICC-02/11-01/11-1-US-Exp-tFRA 25-11-2011 3/8 CB PT ICC-02/11-26-US-Exp-tFRA 23-11-2011 3/8 FB PT Pursuant to Pre-Trial Chamber III’s instructions, dated 24/11/2011, the document has been transferred into the Case file ICC-02/11-01/11-1-tFRA 30-11-2011 3/8 EO PT Pursuant to Pre -Trial Chamber III ‘s Decision ICC-02/11-01/11-6-Conf, dated 29/11/2011, this document is reclassified as Public d’irrecevabilité susceptible d’être soulevée ultérieurement en vertu des articles 19-2-a et 19-2-b du Statut, la Chambre considère que l’affaire concernant Laurent Gbagbo relève de la compétence de la Cour et qu’elle est recevable.
Au vu des éléments de preuve, la Chambre conclut qu’il y a des motifs raisonnables de croire qu’au lendemain des élections présidentielles en Côte d’Ivoire, les forces pro-Gbagbo ont attaqué la population civile à Abidjan et dans l’ouest du pays, à partir du 28 novembre 2010. Elles ont pris pour cible des civils qu’elles pensaient être des partisans d’Alassane Ouattara, et les attaques étaient souvent dirigées contre des communautés ethniques ou religieuses spécifiques.
La Chambre estime qu’il y a des motifs raisonnables de croire que ces attaques lancées par les forces pro-Gbagbo pendant les violences post-électorales ont été menées en application de la politique d’une organisation. En outre, elles revêtaient un caractère généralisé et systématique, comme le montrent notamment la longueur de la période durant laquelle des crimes ont été commis (entre le 28 novembre 2010 et mai 2011), l’étendue géographique de ceux-ci (bon nombre des quartiers d’Abidjan et l’ouest de la Côte d’Ivoire), le grand nombre de victimes dont il a été fait état et le mode opératoire généralement suivi dans la commission des crimes.
Au vu des éléments de preuve, la Chambre estime qu’il y a des motifs raisonnables de croire que des crimes contre l’humanité ayant pris la forme de meurtres (article 7-1-a du Statut), de viols et d’autres formes de violences sexuelles (article 7-1-g), d’autres actes inhumains (article 7-1-k) et d’actes de N » » ICC-02/11 4/8 23 novembre 2011 Traduction officielle de In Cour ICC-02/11-01/11-1-US-Exp-tFRA 25-11-2011 4/8 CB PT ICC-02/11-26-US-Exp-tFRA 23-11-2011 4/8 FB PT Pursuant to Pre-Trial Chamber III’s instructions, dated 24/11/2011, the document has been transferred into the Case file ICC-02/11-01/11-1-tFRA 30-11-2011 4/8 EO PT Pursuant to Pre -Trial Chamber III ‘s Decision ICC-02/11-01/11-6-Conf, dated 29/11/2011, this document is reclassified as Public persécution (article 7-1-h) ont été commis en Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011.
En outre, la Chambre estime qu’il y a des motifs raisonnables de croire que ces actes sont advenus dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre la population civile de la Côte d’Ivoire, au sens de l’article 7-1 du Statut.
La Chambre estime qu’il y a des motifs raisonnables de croire que, par les crimes qui lui sont reprochés dans la demande de délivrance de mandat d’arrêt, Laurent Gbagbo a engagé sa responsabilité pénale individuelle en tant que «coauteur indirect» desdits crimes au sens de l’article 25-3-a du Statut. En particulier, il y a des motifs raisonnables de croire que Laurent Gbagbo et son entourage immédiat (les coauteurs des crimes) avaient convenu d’un plan et qu’ils étaient conscients que la mise en œuvre de celui-ci aboutirait, dans le cours normal des événements, à la commission des crimes susmentionnés. De plus, en mettant ce plan en œuvre, les coauteurs ont exercé un contrôle conjoint sur les crimes. Compte tenu de la position et du rôle de chacun d’eux au regard du plan, les coauteurs ont apporté une contribution coordonnée et essentielle à la réalisation dudit plan. Il y a une base suffisante pour conclure que les forces pro-Gbagbo qui ont exécuté la politique en question l’ont fait en obéissant de façon quasi automatique aux ordres qu’elles avaient reçus. Enfin, il a été suffisamment prouvé que Laurent Gbagbo a agi avec le degré d’intention et de cormaissance requis.
Bien que la Chambre soit convaincue que ce critère de fond (proposé par l’Accusation) est rempli, il est vraisemblable que la question de la N° ICC-02/11 5/8 23 novembre 2011 Tradu-ction officielle de In Cour ICC-02/11-01/11-1-US-Exp-tFRA 25-11-2011 5/8 CB PT ICC-02/11-26-US-Exp-tFRA 23-11-2011 5/8 FB PT Pursuant to Pre-Trial Chamber III’s instructions, dated 24/11/2011, the document has been transferred into the Case file ICC-02/11-01/11-1-tFRA 30-11-2011 5/8 EO PT Pursuant to Pre -Trial Chamber III ‘s Decision ICC-02/11-01/11-6-Conf, dated 29/11/2011, this document is reclassified as Public responsabilité imputée à Laurent Gbagbo en qualité de « coauteur indirect » au sens de l’article 25-3-a du Statut devra être débattue en temps voulu avec les parties et les participants.
Enfin, la Chambre est convaincue que l’arrestation de Laurent Gbagbo est nécessaire pour : i) garantir qu’il comparaîtra devant la Cour ; ii) garantir qu’il n’usera pas de son pouvoir politique ou de ses moyens financiers pour faire obstacle à l’enquête ou en compromettre le déroulement; et iii) empêcher la commission d’autres crimes. PAR CES MOTIFS, LA CHAMBRE DÉLIVRE le présent mandat d’arrêt à l’encontre de Laurent Koudou Gbagbo, né le 31 mai 1945 dans le village de «Mama», sis dans la sous-préfecture de Ouragahio, dans le département de Gagnoa, en Côte d’Ivoire, de nationalité ivoirienne et membre de la tribu des Bété, au motif qu’il serait pénalement responsable, au sens de l’article 25-3-a du Statut, de crimes contre l’humanité ayant pris la forme 1) de meurtres (article 7-1-a du Statut), 2) de viols et d’autres formes de violences sexuelles (article 7-1-g), 3) d’autres actes inhumains (article 7-1-k), et 4) d’actes de persécution (article 7-1-h), commis sur le territoire de la Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011, DÉCIDE que le mandat d’arrêt doit demeurer sous scellés, ex parte et réservé à l’Accusation et au Greffe mais que, pour permettre le transfèrement de Laurent Gbagbo au siège de la Cour, ce mandat pourra, selon que de besoin, être N° ICC-02/11 6/8 23 novembre 2011 Traduction officielle de la Cour ICC-02/11-01/11-1-US-Exp-tFRA 25-11-2011 6/8 CB PT ICC-02/11-26-US-Exp-tFRA 23-11-2011 6/8 FB PT Pursuant to Pre-Trial Chamber III’s instructions, dated 24/11/2011, the document has been transferred into the Case file ICC-02/11-01/11-1-tFRA 30-11-2011 6/8 EO PT Pursuant to Pre -Trial Chamber III ‘s Decision ICC-02/11-01/11-6-Conf, dated 29/11/2011, this document is reclassified as Public communiqué en vue de son exécution à des tierces parties (telles que les autorités de la Côte d’Ivoire et tout autre État ou organisation internationale). La Chambre envisagera en temps voulu la reclassification du mandat d’arrêt, après la remise de Laurent Gbagbo à la CPI, DÉCIDE que, dès que possible : i) le Greffe préparera une demande de coopération sollicitant l’arrestation et la remise de Laurent Koudou Gbabgo, qui contiendra les renseignements et les pièces exigés aux articles 89-1 et 91 du Statut, ainsi qu’à la règle 187 du Règlement de procédure et de preuve ; et ii) le Greffe, en consultation et en coordination avec le Procureur, transmettra cette demande aux autorités compétentes de la République de Côte d’Ivoire, conformément à la règle 176-2 du même Règlement, ENJOINT ÉGALEMENT au Greffier, conformément à l’article 89-3 du Statut, de préparer et de transmettre à tout État et organisation internationale concernés toute demande de transit qui pourrait être nécessaire aux fins de la remise à la Cour de Laurent Koudou Gbabgo, ORDONNE au Procureur de transmettre au Greffe, dans la mesure où ses obligations de confidentialité le lui permettent, ainsi qu’à la Chambre, toutes les informations en sa possession qui permettraient d’éviter les risques que pourraient faire courir à des victimes ou à des témoins la transmission de la demande de coopération susmentiormée, INVITE le Procureur à transmettre au Greffe, dans la mesure où ses obligations de confidentialité le lui permettent, ainsi qu’à la Chambre, toutes les N° ICC-02/11 7/8 23 novembre 2011 Tradu-ction officielle de In Cour ICC-02/11-01/11-1-US-Exp-tFRA 25-11-2011 7/8 CB PT ICC-02/11-26-US-Exp-tFRA 23-11-2011 7/8 FB PT Pursuant to Pre-Trial Chamber III’s instructions, dated 24/11/2011, the document has been transferred into the Case file ICC-02/11-01/11-1-tFRA 30-11-2011 7/8 EO PT Pursuant to Pre -Trial Chamber III ‘s Decision ICC-02/11-01/11-6-Conf, dated 29/11/2011, this document is reclassified as Public informations en sa possession qui faciliteraient selon lui la transmission et l’exécution de la demande de coopération susmentionnée, ENJOINT au Greffe de se mettre en rapport avec l’Accusation pour inviter la République de Côte d’Ivoire et le Royaume des Pays-Bas à demander une dérogation à l’interdiction de voyager imposée à Laurent Gbagbo par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies et le Conseil de l’Union européenne, afin de permettre la remise de l’intéressé à la CPI et son entrée sur le territoire des Pays-Bas, DEMANDE INSTAMMENT au Greffe de prendre toutes les dispositions possibles pour permettre l’exécution immédiate du présent mandat d’arrêt. Fait en anglais et en français, la version anglaise faisant foi.
Mme la juge Silvia Fernandez de Gurmendi
Mme la juge Elizabeth Odio Benito
le juge Adriaiann Futtord
Fait le 23 novembre 2011 À La Haye (Pays-Bas)
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L'OPPOSITION CHERCHE SES MARQUES
La rencontre des leaders l'opposition pour contre carrer Macky Sall
Après la publication de la liste provisoire des candidats à l’élection présidentielle, et même bien avant, beaucoup de leaders de l’opposition s’accordent que l’heure des discours, des contentieux juridiques et autres réunions est révolue, et qu’il fallait opposer au régime de Macky Sall des actions politiques.
LE BILLET DE DEMBA
AU PAYS DE TOUS LES POSSIBLES
EXCLUSIF SENEPLUS - Un pays où le président sortant, candidat à sa réélection, peut inaugurer un train sur des rails inachevés - Un pays où un Premier ministre, deux mois à l’avance, donne le quinté électoral
Il y a, à l’extrême ouest de l’Afrique, un pays nommé Sénégal. C’est sans doute cette situation géographique vertigineuse, qui en a fait un pays des oracles et des miracles ; de prophètes de pacotilles et de « liseurs » de boules de cristal ; un pays où tout est relatif, même la loi, ses multiples interprétations par des sommités en tous genres ; des juges aux « compétences à géométrie variable ». Bref, un pays de...
Un pays où un Premier ministre, deux mois à l’avance donne le quinté électoral. C’est vrai, il faisait des confidences aux cadres de son parti, en toute imprudence. Mais voilà, ce résultat « miraculeux », même pour un « Mahamad » tombe trop à pic pour qu’on ne soit pas en droit d’avoir un énorme « doute légitime ». Parce que comme on le sait depuis toujours, les boules de cristal relèvent de légendes urbaines, pour faire fantasmer les masses ignorantes.
Un pays dont le ministre de l’Intérieur, chargé de l’administration des élections, donc théoriquement à équidistance des acteurs politiques, peut dire avec toute la gravité (légèreté plutôt) qu’il « fera tout pour faire gagner son candidat » qui n’est autre que le président sortant (par ailleurs président aussi, de son parti). Dans les polars (que j’adore du reste) on appelle ça : de la préméditation. Autrement dit, un crime électoral est en préparation. La question que l’avocat de la défense peut insidieusement poser à la Cour est : « croyez-vous mesdames, messieurs, que mon client est si idiot pour annoncer des mois à l’avance qu’il va commettre un crime ? Fut-il « électoral ? ». Bah oui, s’il est idiot à ce point, il sera déclaré fou, et ne pourra donc être jugé, parce que voyez-vous, sa place est dans un établissement psychiatrique et non dans une prison.
Un pays où, pour se faire réélire, le président sortant, aidé par son tailleur constitutionnel et des juges dont de plus en plus l’opinion doute de la probité et de l’impartialité, embastille des supposés adversaires « sérieux », élague au coupe-coupe des candidats aux parrains « insuffisants », voire « doublonnés » (vous avez compris, pas la peine de crier à l’outrage orthographique).
Un pays où le président sortant, candidat à sa propre succession, au premier tour bien sûr, peut inaugurer un train sur des rails dont tous les boulons ne sont pas serrés, les signalisations et autres déviateurs pas achevés, et donner rendez-vous dans six mois pour le vrai démarrage.
Ah, quel est merveilleux un pays que celui-là ! Des « voyants » qui voient TOUT ; des oracles qui « mentent vrai » ; des voleurs qui arment des bras médiatiques pour immoler sur le bûcher d’une opinion matraquée à longueur de journée de mensonges qui ont l’air vrai. Un pays où un Procureur peut être sanctionné et muté parce qu’il a puni une militante du parti présidentiel, prise en flagrant délit de vols de cartes d’identité. L’Union des magistrats de ce pays extraordinaire a du pain sur la planche pour couper le cordon de sa dépendance.
Voilà, c’est dans ce pays-là que nous vivons, en nous prenant pour des élus des dieux. De DIEU ! Alors que nous sommes de vilains petits canards, à l’ego outrancièrement surdimensionné.
Le verdict du Conseil constitutionnel est tombé en fin de matinée. Décision encore provisoire. Sur les 27 dossiers déposés, l’institution en a validé cinq parmi lesquels, celui du président sortant Macky Sall, candidature également validée pour l’opposant Ousmane Sonko.
Par Yoro DIA
LES JUGES ET LES FABLES DE LA FONTAINE
De toutes les fables de Jean de la Fontaine, « Le loup et l’agneau » est leur préférée. «La raison du plus fort est toujours la meilleure» est devenue une jurisprudence constitutionnelle quand les «Sages», dans leur grande sagesse, se déclarent compétents
Au Sénégal, les juges qui statuent en matière politique doivent être de grands passionnés des fables de Jean de la Fontaine. De toutes les fables de Jean de la Fontaine, on peut parier que Le loup et l’agneau est leur préférée. «La raison du plus fort est toujours la meilleure» est devenue une jurisprudence constitutionnelle quand les «Sages», dans leur grande sagesse, daignent se déclarer compétents. Depuis les années 80, les «Sages» se contentent du service minimum.
Après les batailles politiques, les juges constatent les rapports des forces politiques et leur donnent codification légale. Le Président Macky Sall, dans une sorte de «poutinisme» légal, crée un rapport de forces politiques favorable en éliminant légalement Khalifa Sall et Karim Wade, les juges assurent le service après-vente en invalidant leur candidature. Poutine ne s’embarrasse pas de légalité parce que la Russie est une société fermée, mais Macky Sall est obligé de s’appuyer sur la loi pour éliminer ses adversaires politiques. Sur ce plan, les juges sont très constants et très fidèles à la fable de la Fontaine. Ils ont fait la même chose pour le Président Diouf, en envoyant Wade en prison pour le «flagrant délit continu», avec la même constance ils ont décerné à Idrissa Seck un «non-lieu partiel» dans les chantiers de Thiès, pour permettre que Wade et Idrissa Seck finalisent des négociations politiques.
La justice, le seul service de l’Etat qui porte le nom d’une vertu, ne devrait pas se contenter de limiter son rôle à une légitimation juridique de victoires politiques. Les marabouts font la même chose en apportant après chaque alternance une légitimation religieuse au vainqueur, en renvoyant tout «aux desseins de la providence qui sont impénétrables». Les desseins de la justice doivent être clairs : arbitrer les combats politiques en rappelant les grands principes et les grandes vertus. En tout cas, c’était la conception de la justice du juge John Marshall de la Cour suprême des Etats-Unis qui n’a pas hésité à créer du «droit» pour permettre à la jeune République américaine qui venait de voir le jour de se soumettre à la primauté du droit. Aux étudiants en droit aux Etats-Unis, on apprend que «l’impact du juge Marshal sur le droit constitutionnel américain est sans égal et son empreinte sur la jurisprudence est indélébile».
Le juge Marshall en tant que chief justice des Etats-Unis a hissé le pouvoir judiciaire que les textes ravalaient à un statut de dépendance au même niveau de dignité et de grandeur que les autres pouvoirs que sont l’Exécutif et le Législatif, alors qu’au Sénégal, la Constitution reconnaît la justice comme pouvoir. Le juge Marshall, par son courage qui a lui permis de tenir tête au 3e Président des Etats-Unis, Thomas Jefferson, a construit à lui tout seul la troisième branche du gouvernement fédéral (la justice) alors qu’au Sénégal, la justice que la Constitution reconnaît comme pouvoir se complait dans une sorte de «servitude volontaire». Marshall s’est battu pour la primauté du droit sur la politique, alors que nos juges ont sabordé la primauté du droit à l’autel du politique. Avec l’arrêt Marbury vs Madison, Marshall a arraché au gouvernement fédéral l’indépendance judiciaire. La justice est depuis fort longtemps le maillon faible de notre système démocratique parce que toutes ses décisions en matière politique sont frappées de suspicion. Et malheureusement, cette suspicion est souvent légitime.
En France, aucune personne de bonne foi ne pense que les juges ont liquidé Fillon, mis en examen à quelques jours de la Présidentielle, ou pense que la justice s’acharne sur des anciens Présidents comme Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy, parce que dans ce pays l’agenda politique est diffèrent de celui de la justice. Et le temps de la justice n’est pas celui de la politique. A chacun son agenda et son temps, alors que dans notre système politique marqué par les excès de l’Etat légal (comme par exemple liquider légalement un adversaire politique), les juges ont souvent inféodé leur agenda à celui de l’Exécutif. La plupart des hommes politiques sénégalais ont été victimes des abus de majorité (défenestration de Macky Sall de l’Assemblée nationale), ou de l’Etat légal (Idrissa Seck et Wade embastillés grâce à l’article 80), Karim Wade victime de la résurrection légale de la Crei et Khalifa Sall, victime légale d’une tradition de mal gouvernance qui remonte à Blaise Diagne.
L’Etat légal est une insécurité permanente pour tous les hommes politiques. Etant donné que l’alternance est devenue la respiration naturelle de notre démocratie, il est temps de mettre un terme à cette vendetta politique qui s’appuie sur l’Etat légal et aller vers un Etat de droit (être d’accord sur les règles du jeu, les codifier et les respecter, et se comporter en gentleman), car la démocratie est une affaire de gentlemen, pas de gladiateurs. Il n’y a que la justice qui peut nous permettre de passer ce cap d’un Etat légal à un Etat de droit, avec un règne impersonnel de la loi où le juge ne ferait pas la différence entre un politique et un non politique, et surtout avec la primauté du droit sur le contexte et les rapports des forces politiques.
Sans ce consensus, nous serons en permanence dans une sorte d’Etat de nature politique au sens hobbesien du terme, avec une insécurité judiciaire permanente aussi bien pour les opposants que pour ceux qui sont au pouvoir. Au moins sur ce plan, Macky Sall et Karim Wade ont un dénominateur commun (de l’hybris de pouvoir à la persécution politique). Macky Sall est passé du Perchoir à la Police centrale. Karim Wade est passé du jet privé à Sdf politique.
KARIM ET MOUSTAPHA MBACKE DIOP ONT LA MEME MENTION
A l’image d’un examen d’études, on aurait dit que tel candidat a obtenu telle Mention. C’est ce qui arrive pourtant à Karim Wade et Moustapha Mbacké Diop dont les candidatures ont été déclarées irrecevables par le Conseil constitutionnel.
A l’examen des candidatures à la Présidentielle qui s’est déroulé au Conseil constitutionnel, l’on savait déjà que le candidat Karim Wade a été éliminé par, entre autres pièces, la mention «personne non inscrite sur le fichier électoral». Mais on ne savait pas que Moustapha Mbacké Diop aussi était dans le même cas.
Et donc le fils de l’ancien Président n’est pas le seul à avoir été écarté pour, entre autres, non inscription sur les listes électorales. A lire le considérant 103 de la décision du Conseil constitutionnel arrêtant la liste des candidats à l’élection présidentielle du 24 février 2019, le candidat de la Coalition Mbacké Diop Challenged a été éliminé aussi parce que la photocopie légalisée de la carte d’identité biométrique Cedeao qu’il a produite «comporte la mention “personne non inscrite sur le fichier électoral” et ne peut de ce fait tenir lieu de carte d’identité biométrique faisant office de carte d’électeur».
Et les 7 “Sages” en déduisent que «la déclaration de candidature de Moustapha Mbacké Diop ne comporte pas le numéro de la carte d’électeur, mention exigée par l’article L.115 du Code électoral ; qu’en l’absence de cette mention, la déclaration de candidature n’est pas valable, et l’acte déposé par le mandataire de la coalition Mbacké Diop Challenged ne peut, dès lors, produire les effets d’une déclaration de candidature». Mais pourquoi cette mention «personne non inscrite sur le fichier électoral» concernant ce professeur consultant ?
Pour Wade-fils aussi, le Conseil considère «qu’il a certes présenté une photocopie légalisée de la carte d’identité biométrique Cedeao, mais que la carte dont la photocopie est produite comporte la mention ‘’personne non inscrite sur le fichier électoral’’ et, de ce fait, ne peut tenir lieu de carte d’identité biométrique faisant office de carte d’électeur». Et d’ajouter : «Considérant, par ailleurs, que la déclaration de candidature de Karim Meïssa Wade ne comporte pas le numéro de la carte d’électeur, mention exigée par l’article L.115 du Code électoral ; qu’en l’absence dans le dossier de toute autre mention permettant de déterminer ce numéro, la déclaration de candidature n’est pas valable et l’acte déposé par le mandataire de la coalition «Karim Président 2019» ne peut, par conséquent, produire les effets d’une déclaration de candidature.» Le pouvoir tient là un argument de taille pour faire tomber l’argument de la volonté d’éliminer un adversaire. Mais surtout, comme il a eu à le dire très souvent, que Karim est un citoyen comme les autres et qu’il y a d’autres Sénégalais dont l’inscription a été rejetée pour les mêmes raisons ou pour d’autres.
LES CINEASTES NE RATENT PAS LE FOPICA
Faute d’avoir pu joindre la Direction de la cinématographie, Le Quotidien a interrogé quelques acteurs du cinéma pour comprendre les raisons de la non-sélection du Sénégal au prochain Fespaco.
Les réponses sont contrastées en fonction de la posture. Là où les cinéastes sont sévères envers la gestion du Fopica, Baba Diop, qui en est membre du comité de gestion, a nuancé les choses.
Le Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco) se tiendra du 23 février au 2 mars prochain à Ouagadougou. Mais une chose est sûre, le Sénégal ne remportera pas le Yenenga d’or (l’étalon d’or) cette année. Sur la liste des 20 films long métrage de fiction sélectionnés pour la 26e édition du Fespaco et dévoilée hier par le Délégué général du Fespaco au siège de l’Unesco à Paris, ne figure aucun film sénégalais. Alors que, parmi les 16 pays présents sur cette liste, le pays organisateur est triplement représenté dans cette section et l’Afrique du Sud et la Tunisie ont chacune deux films pour les représenter, le Sénégal lui sera le grand absent. Une absence qui inquiète et suscite de grandes interrogations du côté des cinéastes et cinéphiles. Si certains estiment que le Sénégal n’avait pas assez de temps pour se préparer, d’autres jugent par contre que pour un pays qui a remporté par deux fois l’Etalon d’or, qui est ensuite le pays de Sembène, il est plus que regrettable, voire anormal d’être absent de cette catégorie. Le Quotidien a recueilli les sentiments de Baba Diop, Mansour Sora Wade et Moussa Touré.
Mansour Sora Wade, Cinéaste «C’est regrettable»
«Le cinéma avait commencé à bouger et j’ai tout d’un coup l’impression qu’il y a un ralenti et je me pose moi-même des questions. Il y a des dossiers qui ont été déposés pour le Fopica et jusqu’à présent rien n’a bougé. C’est silence radio. Aucune question. Personne n’en parle. Il faut demander à la Direction de la cinématographie, qui gère de fonds, où se trouve le problème. Depuis que le dernier financement a eu lieu, il y a des dossiers qui ont été déposés. Depuis le dernier Fespaco, on avait largement le temps de se préparer pour être présent au Fespaco cette année. On avait largement le temps. Si on avait vraiment décidé de le faire, on aurait pu le faire. Et là je me pose des questions. On a déposé des dossiers depuis longtemps, on ne nous a même pas donné de réponse par rapport à ces dossiers, s’ils sont éligibles ou pas. Qu’est-ce qui se passe ? Tout le monde avait commencé à applaudir, en disant : Oui ça y est, le cinéma sénégalais va être relancé, mais rien ne bouge. Je veux des réponses. Je ne fais pas partie des décideurs, je suis un acteur culturel, j’ai déposé un dossier et j’attends. C’est fortement regrettable que le Sénégal ne soit pas présent à la compétition. Le Sénégal avait mis le paquet depuis l’avant-dernier et le dernier Fespaco. Le Sénégal était venu en force. Qu’est-ce qui se passe, alors qu’il y a un financement de 1 milliard, ensuite 2 milliards de F Cfa. Il n’y a aucune production depuis 2 ans ! C’est un challenge de participer au Fespaco cette année. On n’a pas le droit de faiblir alors qu’on était revenu en force. Est ce que l’argent est là ou pas ? C’est la question que je me pose.»
Moussa Touré, Cinéaste «C’est une honte»
«C’est normal qu’ils en arrivent là. C’est ceux-là mêmes qui détiennent le Fopica, qui sont responsables de cette situation. Je l’ai dit et redit. Ils ont formé un petit cercle et il faut être dans ce petit cercle pour recevoir de l’argent… Le cinéma est énorme. Quand on finance un film, il faut le financer pour qu’il soit fait. Mais ils ont donné de l’argent à leurs amis. Ce que je dis, je le dis haut et fort. Le cinéma, c’est une affaire de jeunes et de vieux. Ce n’est pas juste une affaire de jeunes. J’ai été jeune, je suis âgé maintenant. Sembène a été jeune, a été âgé, puis il est mort. Le cinéma ce n’est pas juste une direction. Ce sont des directions. C’est pour une jeunesse. Quand on donne des financements, il faut les donner à des gens qui peuvent faire aboutir un film. Combien d’argent on a donné pour le Fopica depuis qu’il existe ? Faites des enquêtes ! Fouillez ! Vous verrez par vous-même le bilan de ce Fopica. Depuis qu’on a financé des long métrages, seul un long métrage est sorti. C’est celui de Alain Gomis. Le seul ! Sinon, le reste ce sont des courts métrages… Il faut voir à qui donner de l’argent pour les films. Il y a des gens habitués à faire des films, les finir, d’autres, ça fait longtemps qu’ils n’en ont pas fait. Ben Diogoye ça fait combien d’années qu’il n’a pas fait de films ? Un amour d’enfant date de quand ? Dans le cinéma, il y a un courant. Si tu veux changer, ça devient difficile. C’est un problème politique. Le Fopica a été façonné par des gens qui sont allés au Fespaco et ont gagné des prix...
Si on veut en faire des lobbyings ça ne marche pas. Le Fopica a été mis en place depuis combien d’années ? Combien d’argent ils ont donné et quel est le résultat ? Effectivement, beaucoup de courts métrages ont été faits grâce au Fopica, mais le cinéma ne s’arrête à des courts métrages. Et ce qu’on voit ce n’est qu’un début. J’ai déposé un dossier on m’a remis 3 millions de F Cfa, je les ai rendus. C’est moi qui ai fait qu’on nous ait donné de l’argent. Parce que Alain Gomis et moi avions tout gagné. C’est en ce moment qu’on a eu le Fopica. Même quand je donne une feuille, on doit me donner de l’argent pour faire un film. J’ai la capacité de faire des films. Quand j’ai fait La pirogue, ce n’est pas avec l’argent du Sénégal, Bois d’ébène non plus. Tant qu’il y aura du lobbying dans ce fonds, on va se retrouver comme ça. Je savais qu’on n’allait pas être dans la sélection fiction long métrage. Et eux aussi le savaient. Ce n’est qu’un début. A Cannes ce sont les mêmes gens et quelques nouveaux. Ici, parce qu’il y a de l’argent, on voit des gens restés 20 ans, 30 ans sans faire de films, on veut leur faire faire des films. C’est impossible ! Il y a une jeunesse et des gens capables de faire des films. Si on ne s’adresse pas à eux, c’est impossible. Il faut investir sur les bonnes personnes. Alain Gomis, si tu lui donnes 100 millions, il te ramène 100 milliards. Tu me donnes 3 millions, je te ramène 100 millions. Il faut qu’on suive le chemin de gens qui peuvent nous amener quelque part et après on ramène les jeunes. C’est ce qu’il faut faire. Et pas tout le temps des dinosaures. Il faut être professionnel ! Celui qui donne de l’argent est en même temps le producteur. C’est dommage ! Tous les pays sont là, Mali, Benin, Cameroun, Kenya, Ghana, Rwanda, Tanzanie, Nigeria, Mozambique, Maroc, Algérie, Côte d’Ivoire, Afrique du Sud, Soudan, Egypte, Tunisie, sauf le Sénégal. C’est une honte pour un pays, le premier à avoir reçu une subvention de son Président. Nous sommes le premier pays. Les jeunes se démerdent bien. Certainement, ils seront dans la sélection officielle des courts.»
Baba Diop journaliste, critique de cinéma et membre du comité de gestion du Fopica «Le temps était trop court»
«Toute l’année 2018, c’étaient plus des réalisations qui ne sont pas encore finies d’être matérialisées. Le Sénégal avait attribué en 2017 des sommes en soutien pour la production. Ben Diogoye avait commencé son film, et s’est arrêté. Laurence Gavron est la seule avoir un film. Mais elle était en finition, postproduction. Clarence Delgado a terminé son tournage, il reste le montage. Le temps était trop court pour que le Sénégal puisse présenter des films. Puisque les longs métrages que je viens de citer, celle de Laurence Gavron, la production de Clarence Delgado et celle de Ben Diogoye ne sont pas prêts pour le Fespaco. Le Sénégal n’avait pas non plus présenté de long métrage à Carthage, bien qu’il en était invité d’honneur. Ce sont les aléas de la production. Par contre, il y a des courts métrages qui sont terminés. Le dernier court métrage de Laurence Attali, Tabaski, elle vient juste d’en terminer le tournage. Là aussi, le film ne pouvait pas être en long métrage. Et pour rappel, pendant deux Fespaco on a remporté l’Etalon. Aussi bien en 2013, qu’en 2017. On n’est que deux pays à avoir remporté deux fois l’étalon de Yennenga, c’est le Mali, avec Souleymane Cissé et le Sénégal avec Alain Gomis. Le Sénégal a souvent participé. La Pirogue a participé au Fespaco et a remporté l’étalon d’argent. Il faut que les gens suivent la participation du Sénégal. Tant il y a des productions. Il y a des pays qui ne produisent pas. Même à Cannes, il y avait de grands pays qui n’étaient pas en compétition. Il y a 2 choses : la production et le choix du comité qui organise ce festival. Vous pouvez présenter un film que le comité accepte ou n’accepte pas. Il y a aussi des gens qui n’ont pas envie de participer à des compétitions. Sembène n’a jamais participé à aucun Fespaco. C’était son choix de laisser la place aux jeunes. On est resté très longtemps sans avoir l’Etalon de Yennenga. On l’a eu deux fois, ça veut dire que notre production progresse.»