SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
16 septembre 2025
LE COURS MAGISTRAL DE KADER BOYE
Une démocratie stagnante, qui tourne à vide ! C’est ainsi que le professeur, enseignant à la Faculté des sciences juridiques et politiques et ancien Recteur de l’Ucad a défini le système démocratique sénégalais
Le professeur Kader Boye, enseignant à la Faculté de droit et ancien Recteur de l’Ucad a déploré hier, mercredi 16 janvier, la persistance de certains manquements dans le système démocratique sénégalais.
Une démocratie stagnante, qui tourne à vide ! C’est ainsi que le professeur Kader Boye, enseignant à la Faculté des sciences juridiques et politiques et ancien Recteur de l’Ucad a défini le système démocratique sénégalais. Invité hier, mercredi 16 janvier, à présenter une communication introductive sur le thème: «La Réforme des institutions, un impératif pour le renforcement de l’Etat de droit», lors du premier Forum d’Afrikajom Center, une initiative de Alioune Tine, l’ancien membre de la Commission cellulaire de reforme du Code électoral de 1992 a plaidé pour la réorganisation de notre démocratie avec l’instauration de contre-pouvoir au pouvoir politique.
En effet, dans sa communication, le professeur Kader Boye a relevé, pour le déplorer, la constance des manquements dans le système politique sénégalais qui alimentaient le débat dans les années 80 et qui conserve toujours son actualité notamment sur le déséquilibre des pouvoirs, la banalisation des institutions, l’Etat de droit et les libertés publiques et l’instabilité chronique des institutions avec les risques des dérives autoritaires. A ce titre, l’ancien membre de la Commission cellulaire de reforme du Code électoral de 1992 n’a pas manqué de désapprouver les violations «assez sérieuses ou graves des obligations de l’Etat de droit sous cette mandature».
Ainsi, au plan judiciaire, il a indiqué que ce secteur, de l’intérieur, fait face à un «malaise» et, en dehors, une «défiance des citoyens vis-à-vis de celle-ci». «Le sentiment que la justice obéit trop souvent aux injonctions ou attentes du pouvoir exécutif est trop fort pour qu’on puisse laisser la situation perdurer. Il y a des réformes qui sont nécessaires et pressantes et qui devraient porter sur l’organisation et le fonctionnement du Conseil supérieur de la magistrature, le statut des magistrats et sur l’organisation de la Justice», a-t-il indiqué.
«PARRAINAGE A MARQUE UNE RUPTURE BRUTALE AVEC LE CONSENSUS NOTE DEPUIS 1992»
Poursuivant son propos, au plan politique, l’ancien Recteur de l’Ucad, tout en précisant, au sujet du système de parrainage, qu’il ne lui revenait pas de discuter du bien-fondé de ce système, mais seulement se contenter d’évoquer ses effets, a fait remarquer que le «parrainage a marqué une rupture brutale avec le consensus noté depuis 1992». Toujours dans son diagnostic, l’enseignant à la Faculté des sciences juridiques et politiques a tenu à préciser que l’essentiel de ces manquements prennent leur racine dans la Constitution de 1963 qui, selon lui, «est inspirée de celle de la France de 1958 dans ses pratiques politiques du système de l’Etat partisan et dans le phénomène du clientélisme politique renforcé par la notion de majorité présidentielle».
DES RECOMMANDATIONS POUR METTRE FIN A L’AUTORITARISME ET AU NEPOTISME
Ne se limitant pas seulement à relever les «tares» de la démocratie sénégalais, le professeur Kader Boye a formulé quelques recommandations dans le sens d’apporter des «solutions adéquates et à très courts termes» à ces problèmes que rencontre le système politique sénégalais. Parmi celles-ci figure, en première place, l’instauration de contre-pouvoir au pouvoir politique pour éviter, selon l’ancien membre de la Commission cellulaire de reforme du Code électoral de 1992 à notre démocratie de tourner à vide.
Outre ce contre-pouvoir, Kader Boye a également conseillé, entre autres, de mettre fin au phénomène du «président omnipotent», la suppression des sources financières qui alimentent le clientélisme politique sous la maîtrise du président de la République, la réglementation des dépenses des Compte spéciaux ou caisses noires et le retour à la règle constitutionnelle d’avant 2000, remise en cause par l’ancien président Abdoulaye Wade et qui interdisait au président de la République d’exercer toute fonction au sein d’un parti politique. Il s’y ajoute la dépolitisation complète de l’administration qui devait commencer, selon lui, par une interdiction formellement dans les textes de tout militantisme politique aux fonctionnaires et aux dirigeants des sociétés publiques ou parapubliques. «En s’attaquant à ces questions, on s’attaque à des bases importantes de l’autoritarisme et du népotisme», a-t-il conclu.
L’ETAT DE DROIT N’EST PAS LE DROIT DE L’ETAT, MAIS LA SOUMISSION DE LA PUISSANCE PUBLIQUE DE L’ETAT AU DROIT
«La situation politique actuelle du Sénégal mérite non seulement réflexion mais surtout des solutions adéquates à très courts termes. L’Etat de droit n’est pas le droit de l’Etat que les citoyens sont tenus de respecter. C’est encore et surtout la soumission de la puissance publique de l’Etat au droit. Une soumission aux règles constitutionnelles et surtout aux règles et principes issus du droit international conventionnel et général auquel adhère cet Etat. C’est une obligation à laquelle ne peut déroger aucun pouvoir constitué: président de la République, gouvernement et encore moins la justice. Il faut réorganiser notre démocratie», a-t-il lancé.
Avant de poursuivre, en relevant que cette réorganisation doit commencer par «notre système pluri-partisan» par un toilettage de la Loi du 6 mai 1981 relative aux partis politiques qui redonne «crédibilité, effectivité et consistance aux partis politiques. Mais également par l’instauration des contres pouvoirs au pouvoir politique».
LE POUVOIR AU BANC DES ACCUSÉS
La société civile sénégalaise, dans sa majorité, s’est réunie relativement à la situation électorale empreinte de tension qui prévaut actuellement au Sénégal et qui l’interpelle tenant compte de ses missions de veille, d’alerte -
La société civile sénégalaise, dans sa majorité, s’est réunie relativement à la situation électorale empreinte de tension qui prévaut actuellement au Sénégal et qui l’interpelle tenant compte de ses missions de veille, d’alerte, mais aussi du rôle qui a toujours été le sien dans la mise en œuvre des processus politiques et électoraux au Sénégal.
La démocratie sénégalaise est confrontée à énormément d’écueils du fait d’un jeu des acteurs très controversé. Depuis l’amorce du projet démocratique, des avancées majeures ont été notées et ont permis de réaliser des sauts qualitatifs du point de vue de l’approfondissement de la démocratie. Ceci a fini de convaincre certains observateurs, de la vitrine que constituait le système politique sénégalais, dans un contexte africain caractérisé par les difficultés dans la réalisation du projet démocratique, des crises post électorales durables et des instabilités structurelles.
Il convient toutefois de reconnaitre que le capital politique, acquis grâce à certains sursauts et luttes démocratiques, ne cesse de s’effriter du fait d’un mauvais jeu des acteurs et de manifestations flagrantes d’une gestion des affaires publiques jurant d’avec certains principes de gouvernance démocratique, gages de stabilité et de cohésion sociale.
Le constat fait actuellement par la plupart des acteurs, notamment de la société civile, permet d’affirmer que tous les germes d’une crise pré-électorale et postélectorale ont fini de se mettre en place.
En effet, une revue de l’arsenal juridico institutionnel récent, relatif au processus électoral permet de constater sans ambages l’absence de consensus sur la plupart des dispositions dont la finalité est en principe la réalisation d’un processus électoral apaisé et crédible. Il a été relevé plusieurs faits qui constituent des causes potentielles d’une instabilité durable au Sénégal :
a). La loi sur le parrainage, votée dans un contexte de tension,et qui ne fut point le fruit d’un consensus a montré dans la mise en œuvre toutes ses difficultés d’application et de vérification qui ont entrainé l’exclusion dans des conditions opaques de plusieurs candidats à la candidature à l’élection présidentielle
b). Le fichier électoral, qui est un bien public et doit être en principe à la disposition de toutes les parties prenantes, est resté inaccessible, malgré les demandes répétées de certaines des parties prenantes. Il en est de même de la carte électorale modifiée sans concertation avec les acteurs et qui va entraîner la réédition d’un nombre important de cartes d’électeurs et peut-être l’impossibilité de voter pour beaucoup de citoyens.
c). Les limites flagrantes observées dans la loi sur le parrainage, ses incohérences et les conséquences désastreuses de son application
d). Le Ministre en charge des Elections qui a affiché de manière ostentatoire son affiliation à un parti politique au mépris de tous les principes de la gestion d’un processus électoral selon les normes et standards internationaux
e). L’élimination, par le Conseil Constitutionnel des candidatures de Khalifa Sall, de Karim Wade et de El hadj Malick Gakou dans des conditions pour le moins très contestables.
La charge de l’action publique et ses conséquences incombant aux tenants du pouvoir, la société civile interpelle fortement l’Etat afin qu’il mette en œuvre toutes les actions permettant d’apaiser le contexte pré électoral actuel ceci dans le but de réunir les conditions d’une élection présidentielle transparente. La société civile attend également de l’Etat qu’il donne tous les gages nécessaires permettant de rassurer les acteurs impliqués dans la compétition politique.
Face à tous ces défis, la société civile interpelle fermement tous les acteurs qu’elle met face à leurs responsabilités. Ayant été toujours disponible tout au long du processus afin que les droits de tous les acteurs soient sauvegardés et pour la réalisation d’un processus électoral apaisé elle exprime de nouveau sa disponibilité à accompagner le processus et à ne ménager aucun effort pour contribuer à la préservation de la paix et de la stabilité au Sénégal.
Nous ne cesserons jamais d’inviter les acteurs à se respecter pour créer les conditions d’un dialogue mais nous dénoncerons clairement les atteintes à la morale et à l’éthique citoyenne.
Fait à Dakar le 15 janvier 2019
Synergie citoyenne pour des élections apaisées et crédibles au Sénégal
«J’AI BEAUCOUP D’INQUIETUDES PAR RAPPORT A LA COHERENCE DE L’OPPOSITION»
Amadou Kah, professeur de Droit public à l’Université Gaston Berger de Saint Louis, a exprimé toute son inquiétude face au changement de fusil d’épaule adopté par l’opposition, qui avait pourtant choisi la voie de la justice dans ses différents combats.
La démarche adoptée par l’opposition, avec notamment des manifestations violentes dans la rue semble être incohérente aux yeux de certains. Pour autant, l’observateur de la sphère politique ne dédouane pas les tenants du pouvoir qui tiendraient un discours «musclé» à même de faire douter de la fiabilité du processus électoral. Il met la quasi-totalité des candidats à la présidentielle au ban.
Comment appréciez-vous la forme de lutte qu’est en train d’adopter l’opposition depuis un certain temps ?
J’ai quelques petits soucis par rapport à l’opposition de manière générale. Je veux quand même que les gens aient une certaine cohérence dans ce qu’ils font. Sur le processus électoral, il me semble à chaque fois l’opposition saisit les instances adéquates quand elle n’est pas d’accord sur telle ou telle affaire. Quand l’instance rend une décision et qu’elle n’est pas d’accord, elle a la possibilité de faire appel. Si le processus arrive à terme, elle dit que «c’est de la m…!». J’ai beaucoup d’inquiétudes par rapport à la cohérence de l’opposition. Ou on fait confiance au Conseil constitutionnel et on y va, ou on ne fait pas confiance, on n’y va pas.
C’est-à-dire, quand on fait le choix du droit comme une réponse à des préoccupations, l’exigence de rigueur voudrait qu’on en tire toutes les conséquences quand on a épuisé toutes les procédures. On dit par exemple que la décision a été rendue en première instance. Il y a des possibilités d’appel, on les utilise. Si on finit par la voie de l’appel et qu’on estime qu’il y a la possibilité de faire un recours en cassation, on y va. Puisqu’on a accepté de suivre la procédure du début à la fin, on doit accepter jusqu’à preuve du contraire, ce qui a été décidé par la justice. Lorsqu’ils ont accepté de respecter la procédure, ils devaient être cohérents et acceptés les règles du jeu. En tout cas, moi en tant que juriste respectueux de la légalité, même si je suis convaincu qu’une décision de justice peut être maladroite, je ne peux pas adhérer à ce type de discours.
Quelle est la part de responsabilité de l’Etat dans cette montée de la violence dans le champ politique ?
L’opposition développe un discours violent, mais c’est en réponse au discours violent du pouvoir. La violence s’exprime aussi à travers le discours du pouvoir. Comment des gens qui sont respectueux du suffrage universel peuvent glaner urbi et orbi «nous allons gagner au premier tour», «nous allons faire 54% des suffrages», «que le président a fait des réalisations qui nous amènent à penser que nous allons gagner au premier tour», etc ? Et que le fait qu’unanimement tout le monde est dans ce délire là, cela est inquiétant. C’est violent comme propos. Parce qu’il appartient au sénégalais seulement de dire comment les choses vont se passer le 24 février. Anticiper sur ce qui pourrait être leur attitude est insultant à l’endroit du suffrage des sénégalais qui vont s’exprimer. Dans une démocratie normale, ont peut considérer que «nous nous battons pour la victoire de notre candidat». Mais, je trouve maladroit de dire que «notre candidat va passer au premier tour». Que le discours prenne des formes de généralité, cela doit amener les gens à douter de la sincérité du processus, ou de celle des acteurs.
Donc, est ce qu’on peut dire que l’attitude de l’opposition est compréhensible ?
On comprend un peu pourquoi l’opposition est dans cette logique de contester les décisions des instances qui sont compétentes. Très honnêtement, l’Etat ne va jamais mettre en place un processus qui sera clair parce que le pouvoir développe un instinct de conservation. Assez souvent, il est amené à prendre des positions qui peuvent gêner au processus électoral normal. Le pouvoir est dans une exigence de conservation. Comme aussi l’opposition est dans une exigence de conquête du pouvoir. A partir de ce moment, tous les éléments qui vont dans le sens de la conservation du pouvoir ou bien de la conquête du pouvoir, on les met en œuvre. Mais, ça n’enlève en rien l’exigence de cohérence qui veut que quand on choisit une ligne qu’on soit fidèle à elle. Ou le droit a la réponse aux différentes préoccupations et on utilise le chemin du droit. Ou à la limite, on dit que le droit n’est pas une réponse à nos préoccupations et on l’ignore complètement et toutes les conséquences que cela implique.
Comment appréciez-vous la réponse de l’Etat face à la violence ?
Le discours du pouvoir est musclé. Il l’est dans le sens de dire que la réponse de l’Etat sera ferme. Mais, l’Etat ne fonctionne pas sur la base de menaces. L’Etat agit, en apportant des réponses. Un Etat normal ne fait pas des déclarations à l’emporte pièce. Tout le monde sait que force doit rester à la loi. Je trouve ces propos violents et insultants tout en regrettant l’attitude de l’opposition qui, maintenant qu’elle a épuisé toutes les voies de recours qu’elle estimait normales, dit que «puisque j’ai épuisé les voies de recours, maintenant je me met dans une situation autre que celle de la procédure et des voies de recours pour prendre le chemin de la violence». Donc, autant dès le départ choisir la violence.
J’ai quelques fois des soucis pour toute la classe politique sénégalaise. Parce que si réellement c’est l’intérêt général qui vous guide, vous n’avez pas besoin d’insulter ma mère ou mon père. Ce sont des propositions que tous devaient faire. Puisqu’on est dans le cadre de l’espace public et politique, où on fait des propositions, normalement, il y a des comportements qui ne devaient pas être admis. C’est l’occasion pour moi dire que c’était une bonne idée de dégager Diouf en 2000, mais ç’a été un mauvais tournant pour le pays en terme de respect des Institutions, de la République et de l’Etat de manière générale. Une bonne partie de l’opposition se conforme à ce pouvoir, d’une certaine façon. C’est-à-dire, ce sont les mêmes hommes, qui ont exercé des responsabilités et qui se sont affrontés autour des questions de personne. Jamais une contradiction sur un projet. C’est des questions d’égo, des questions d’état d’âme. Ils ont ce point commun de partager beaucoup de choses avec le pouvoir. Mis à part quelques candidats à la présidentielle, tout le reste c’est pareil.
LA SPHÈRE MINISTÈRIELLE DE DIAMNIADIO ET LA TENSION PRÉÉLECTORALE EN RELIEF
Dakar, 17 jan (APS) - L’inauguration de la sphère ministérielle de Diamniadio et la tension préélectorale ont ravi la vedette aux autres sujets de l’actualité traités par la presse quotidienne de ce jeudi.
A propos de la deuxième sphère ministérielle inaugurée mercredi à l’occasion de la tenue du conseil des ministres à Dimaniadio, Le Soleil parle en Une d’"un joyau de 5, 4 ha d’espaces de bureau".
Le quotidien national souligne que l’objectif recherché à travers une telle infrastructure, est de parvenir à une économie de 8 milliards de FCFA sur la facture locative de l’Etat. Le journal annonce que 12 ministère sont "attendus sur le site".
Le quotidien L’As écrit que le président Sall a profité de l’occasion pour inviter "les agents de l’Etat et les usagers du service public à une utilisation judicieuse des sphères ministérielles sous peine de sanction […]".
Vox Populi titre sur le président de la République Macky Sall, devenu un "démineur de dernière minute", avec le règlement des conflits sociaux à la veille de la campagne électorale.
Selon le journal, il "est allé lui-même au front pour désamorcer les bombes sociales dans les secteurs de la santé, de la justice et de l’enseignement".
Le quotidien Enquête indique que "la tension née du processus électoral inquiète la société civile sénégalaise".
Le journal rapporte que la Synergie citoyenne pour des élections apaisées et crédibles au Sénégal, réunie tenue mercredi à Dakar, juge que "la démocratie sénégalaise est confrontée à énormément d’écueils, du fait d’un jeu des acteurs très controversé".
Tribune écrit à son tour que cette organisation, qui a participé comme observateur aux opérations de parrainages au Conseil constitutionnel, a "fortement critiqué et dénoncé +plusieurs faits qui constituent des causes potentielles d’une instabilité durable+ dans notre pays".
Au sujet toujours de la tension préélectorale, L’Observateur avertit que d’après Alioune Tine, directeur régional d’Amnesty international pour l’Afrique, "les logiques qui sont à l’œuvre sont très inquiétantes et mènent inéluctablement vers la violence et le chaos".
Le journal rapporte aussi des propos du médiateur de la République, Alioune Badara Cissé, selon qui "si les leaders politiques ne parlent pas à leurs militants, la situation risque d’empirer…".
Au sujet des manifestations des jeunes de l’opposition notées après le contrôle des parrainages par le Constitutionnel, Sud Quotidien écrit que selon le directeur d’Amnesty International/Sénégal, Seydi Gassama, elles "sont la conséquence de mesures prises par les autorités depuis bientôt un an".
Le journal donne par ailleurs la parole à l’ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, Pr Kader Boye, selon qui "le parrainage a marqué une rupture brutale avec le consens noté depuis 1992.
Les propos de l’universitaire font également la Une de WalfQuotidien, qui évoque par ailleurs le "pouvoir exorbitant du président", la "dépendance des corps de contrôle", le "malaise dans la justice". "Kader Boye dit ses vérités à Macky", titre ainsi le journal.
Le Quotidien livre les explications d’Oxfam, citée dans l’affaire de la compagnie britannique Tullow Oil, accusée d’avoir apporté un soutien financier à l’opposant Ousmane Sonko.
Selon le journal, le représentant de l’ONG à Dakar est "convoqué aux Affaires étrangères".
UN PÊCHEUR GUINÉEN CHUTE MORTELLEMENT DANS LES EAUX MAROCAINES
Saint-Louis, 17 jan (APS) - Moussa Camara, un pêcheur d’origine guinéenne membre de l’équipage d’une pirogue sénégalaise, a chuté mortellement dans les eaux marocaines le 13 janvier dernier, a appris l’APS.
Agé de 25 ans, la victime s’est noyée après que ses jambes se sont accrochées à des filets dormants, a expliqué mercredi le directeur de la surveillance des côtes maritimes de la région de Saint-Louis, Pape Moustapha Ngom.
Le corps sans vie du jeune pêcheur a été aussitôt repêché par les membres de l’équipage de la pirogue appartenant à Abdoulaye Ndiaye, un pêcheur de Santhiaba, un quartier de la Langue de Barbarie à Saint-Louis, a-t-il expliqué.
Il a indiqué que les membres de l’équipage de la pirogue dite "Abdoulaye Soukey", spécialisée dans la pêche au filet dormant, ont aussitôt averti les autorités sénégalaises. Ces dernières ont diligenté le dossier, afin que le corps du jeune pêcheur soit acheminé à Saint-Louis.
Après une enquête de la gendarmerie, le corps de la victime a été aussitôt remis à ses parents et à son patron pour son enterrement, a déclaré le directeur de la surveillance maritime des côtes maritimes de Saint-Louis.
LA CONSEQUENCE DE MESURES «IMPOPULAIRES»
Après avoir demandé aux leaders de revoir leurs stratégies face au pouvoir, basées sur des «conférences de salon», en descendant dans les rues pour des actions, des jeunes de l’opposition sont passés à l’acte.
Fatou NDIAYE et Aïssatou DIOP |
Publication 17/01/2019
La soirée d’avant-hier mardi, ils ont barré la VDN, essuyant des jets de grenades lacrymogènes des Forces de l’ordre qui ont dû faire face à une sorte de guérilla urbaine dans d’autres rues de Sacré-Cœur, Liberté VI. Ces manifestations sont la conséquence de mesures prises par les autorités depuis bientôt un an. Le directeur exécutif d’Amnesty International/Sénégal, Seydi Gassama, en est convaincu. S’exprimant sur les ondes à de la radio Sud Fm, il estime qu’elles sont la suite logique de la décision du Conseil constitutionnel. Alors que le journaliste formateur et analyste politique, Ibrahima Bakhoum, trouve que c’est une situation qui peut mener à la dérive. Dès lors, il n’y «aucune raison pour le Sénégal de négliger ce qui est en train de se produire» car «une étincelle peut suffire à embraser la campagne» pour la présidentielle du 24 février 2019, prévient-il.
IBRAHIMA BAKHOUM, ANALYSTE POLITIQUE : «Aucune raison pour le Sénégal de négliger ce qui est en train de se produire»
«Une étincelle peut suffire à embraser la campagne. Le 23 juin 2011, le président Abdoulaye Wade n’avait vu qu’une brise passagère. On n’a vu la suite. Aujourd’hui, tout ce qu’il y a eu comme frustration et engagements non respectés ont fait que de vastes espaces de la prairie se sont asséchées ou elles ont commencé à se faner. Pourvu que la brise ne débouche sur un avis de tempête. Il n’y a aucune raison pour le Sénégal de négliger ce qui est en train de se produire. Il vaut mieux essayer d’éteindre ces étincelles tout de suite, si c’est possible. Mais l’éteindre veut dire remonter aux causes de cette situation. Le processus jusqu’à maintenant a été longuement faussé.
En vérité, depuis la veille des dernières législatives, il y a menace sur le processus démocratique et électoral en général. C’est pourquoi, plus on avance, plus on s’approche au feu; alors que chacun a du pétrole avec lui. Le pouvoir qui dit: «force restera à la loi» et «faire du forcing», c’est un problème. L’opposition peut également dire: «de toute façon, qu’on le veuille on non, il faudra que cela se passe ainsi», en insistant sur ce qu’elle veut. Ici, au Sénégal, la démocratie se pose sous forme de règlement de compte entre le vainqueur et les vaincus. Personne ne veut désormais être le vaincu, surtout quand on a été initiateur du règlement de compte. Tout le monde se met à tirer comme on le fait maintenant, sans qu’on se mette à plat, sans s’assoir et discuter parce que le Sénégal vaut mieux qu’une pléthore de mandats. C’est le Sénégal qui doit compter.
Mais, si une personne veut se permettre de tout faire pour la bonne raison qu’elle est détentrice de pouvoirs et qu’en face, il y a des gens qui tirent en se disant: «nous aussi nous réclamons nos droits», si personne ne veut laisser une partie de ce qu’il tient, la tension qui a commencé à s’installer devient une étincelle qui peut s’enflammer. Et le Sénégal sera le seul perdant, le peuple dans sa grande majorité et dans tous les secteurs: économie, stabilité, intégrité territoriale du pays qui peuvent tous être menacés dans une situation comme l’Afrique de l’Ouest où on commence à se positionner, à se compter en terme de groupe ethnique. Aucun pays, aujourd’hui, n’a le droit de laisser une situation comme telle continuer, rien que pour des élections, alors que les règles du jeu ont été faussés depuis très longtemps».
SEYDI GASSAMA, DIRECTEUR EXECUTIF D’AMNESTY SENEGAL : «C’est la conséquence des différentes mesures depuis bientôt un an»
«C’est une conséquence logique des délibérations du Conseil constitutionnel. Il fallait s’attendre à ce que les mécontents puissent manifester. Dans une démocratie, c’est un droit légitime de manifester lorsqu’on n’est pas content. Mais, je dois dire à ces leaders de l’opposition et à tous leurs militants, que ces manifestations doivent être pacifiques. Elles ne doivent pas être une atteinte aux biens des personnes ou de ceux de l’Etat. Je voudrai dire au ministre de l’Intérieur et au préfet de Dakar, qu’une manifestation non déclarée n’est pas obligatoirement illégale, en droit international. On prévient l’autorité afin qu’elle encadre la manifestation, mais une manifestation non déclaré n’est pas forcément illégale. Et les manifestations qu’on observe actuellement à Dakar, sont pacifiques et personne ne doit les réprimer. Cependant, la tournure des événements est très inquiétante. On ne sait pas comment est-ce que ces manifestations vont évoluer dans les jours à venir, mais tout cela, c’est la conséquence des différentes mesures qui ont eu lieu depuis bientôt un an. Depuis l’adoption de cette loi sur le parrainage sans consensus, il fallait s’attendre à ce que la tension persiste et qu’on aboutisse aujourd’hui à ce qu’on est entrain de voir, des manifestations de rue. Il faut qu’on arrête de jeter les lacrymogènes à des gens qui manifestent de façon pacifique, même si la manifestation n’est pas portée à la connaissance du préfet».