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18 septembre 2025
L'OPPOSITION DÉCIDÉE À DÉFENDRE SES DROITS
Ils exigent la prise en compte de tous les candidats ayant déposé leur dossier de candidature, sans tenir compte des changements introduits dans la Constitution et la loi électorale - COLLECTIF DES 23 CANDIDATS OPPOSANTS
SenePlus publie ci-dessous, la résolution du collectif des 23 candidats de l’opposition à la présidentielle, datée du 1er janvier 2019, relatif aux opérations de vérification des parrainages pour le scrutin du 24 février prochain.
« Les Candidats à l’élection présidentielle du 24 février 2019 se sont réunis le 1er Janvier 2019 pour échanger sur la situation politique créée suite aux premiers résultats des opérations de vérification des listes de parrainage par le Conseil constitutionnel et ont adopté la présente résolution :
Constatant que la mise en application du système de parrainage citoyen tel que conçu, mis en œuvre sans consensus et imposé par le candidat sortant s’est révélé être un désastre pour des élections transparentes et la démocratie
Constatant que le système de parrainages apparaît clairement aux yeux de tous comme un procédé d’élimination de candidats en compétition.
Rappelant que le système de parrainage s’inscrit dans un processus conçu par le candidat sortant à l’effet d’éliminer le maximum de challengers possibles et dont la première étape a consisté à tenter d’écarter des candidats par voie judiciaire ou par tripatouillage de la constitution et de la loi électorale ;
Prenant acte du fait que le refus du candidat sortant de respecter les dispositions de l’article L53 du Code électoral, relatif au droit de contrôle des partis politiques sur le fichier électoral, prive les candidats, les partis et mouvements citoyens de toute visibilité sur le processus devant mener à l’élection présidentielle,
Constatant que le traitement automatisé, opéré par le Conseil constitutionnel des fichiers électroniques des parrainages collectés sur la base des cartes d’identité CEDEAO, a révélé l’opacité de l’opération,
Considérant en effet que les candidats n’ont à aucun moment du processus pu prendre connaissance ni des procédures de contrôle, du logiciel utilisé, de son cahier de charges et des conditions de sélection de l’expert commis ni du fichier de référence,
Considérant que sans un fichier électoral transparent et contrôlé par les parties prenantes, aucune élection démocratique ne peut être organisée,
Convaincus que la poursuite du processus électoral actuel entraînerait une confiscation anti-démocratique du pouvoir et plongerait le Sénégal dans le chaos,
Considérant que le candidat sortant est l’unique responsable de toutes les dérives enregistrées jusqu’ici, lesquelles s’inscrivent dans une tentative manifeste de garder le pouvoir par tous les moyens contre la volonté des Sénégalais,
Les candidats à l’élection présidentielle du 24 février 2019 soussignés
DENONCENT
le coup de force du candidat sortant Macky Sall consistant à éliminer des candidats à l’élection présidentielle avec la complicité d’un Conseil constitutionnel s’appuyant sur une application informatique dont aucune partie n’a pris connaissance et d’un fichier électoral dont l’authenticité est plus que douteuse et l’accès illégalement interdit aux partis autres que celui du candidat sortant ;
EXIGENT :
La suppression des modifications de la constitution et du code électoral et le retrait immédiat des mesures d’élimination des candidats d’une part, et d’autre part, la prise en compte de tous les candidats ayant déposé leur caution et leur dossier de candidature, sans tenir compte des changements introduits dans la Constitution et dans la loi électorale ;
La mise en place d’une autorité indépendante pour organiser l’élection présidentielle :
L’accès immédiat des partis et candidats au fichier électoral ;
L’audit du fichier électoral et de tout logiciel devant être utilisé pour l’organisation de l’élection présidentielle.
DECIDENT ENSEMBLE DE
Intensifier le combat pour une élection présidentielle sincère et transparente ;
retirer ce mercredi 02 Janvier 2019 les copies des PV portant sur les résultats des vérifications des listes de parrainages, PV mis à la disposition des représentants des candidats et signés par le Président du Conseil constitutionnel et le Greffier en Chef ;
tenir ce mercredi 02 janvier une conférence de presse pour informer l’opinion nationale et internationale de leurs décisions ;
saisir les partenaires du Sénégal ainsi que les autorités religieuses et coutumières de la forfaiture perpétrée par le candidat sortant et ses hommes ;
constituer un pool d’avocats pour mieux défendre leur droit à être candidats ;
appeler tous les citoyens sénégalais à se mobiliser massivement et à engager la bataille sans délai par tous les moyens et partout au Sénégal et dans la diaspora en vue d'imposer l'organisation d'une élection présidentielle juste et transparente le 24 février 2019. »
Ont signé par ordre alphabétique
Boubacar Camara
Mamadou Lamine Diallo
Mamadou Diop
Pape Diop
Malick Gakou
Pierre Atepa Goudiaby
Bougane Dany Gueye
Moustapha Guirassy
Abdoul Mbaye
Aissatou Mbodj
Mamadou Ndiaye
Madicke Niang
Aissata Tall Sall
Elhadj Issa Sall
Khalifa Ababacar Sall
Thierno Alassane Sall
Samuel Sarr
Idrissa Seck
Amsatou Sow Sidibe
Ousmane Sonko
Hadjibou Soumaré
Mansor Djamil Sy
Karim Meissa Wade
ELLES BOUSCULENT LES POSITIONS DES HOMMES
Politique, justice, comment les femmes africaines ont pris le pouvoir en 2018…
La Tribune Afrique |
Par Ibrahima Bayo Jr. |
Publication 01/01/2019
Peu à peu, elles conquièrent une place aux grands postes de décisions. Les femmes africaines s’installent de plus en plus sur les plus hauts sièges des présidences, des mairies, des prétoires… Que ce soit dans la justice, la politique ou encore les affaires, par nomination ou élection, l’année 2018 a consacré certaines femmes à des postes haut-placés. Du côté de celles pour qui elles constituent des modèles d’identification, la flamme du « women empowerment » est plus que jamais ravivée.
En descendant les marches de l'Executive Mansion, le palais présidentiel de Monrovia, Ellen Johnson n'a pas seulement transmis les clefs à George Weah. Au moment où le Continent désespérait presque de voir une femme se hisser au même niveau, l'ex-présidente libérienne « transférait » son titre de « seule femme chef d'Etat en Afrique » à l'Ethiopienne Sahle- Worke Zewde, élue neuf mois plus tard. Même si sa fonction est honorifique, c'est une consécration pour la femme africaine.
Si à la présidentielle de 2019, Joyce Banda, qui a déjà dirigé le Malawi entre 2012 et 2014, effectue un come-back victorieux, elle viendrait renforcer l'effectif des femmes chefs d'Etat en Afrique. En attendant, en 2018, les femmes ont pris les commandes de plusieurs hauts postes de responsabilités qui pourraient bien être des tremplins.
Jewel Howard Taylor, ex-première Dame et nouvelle vice-présidente
En même temps que George Weah, fraîchement élu président du Libéria, Jewel Howard Taylor jure de défendre et de respecter la constitution: depuis ce 22 janvier 2018, elle est la vice-présidente du pays ouest-africain.
La politique, Jewel Howard Taylor ne l'a pas embrassée en entrant au Château. A 55 ans, cette banquière de formation, a eu le temps d'accumuler une expérience politique suffisante lorsqu'elle rafle en 2005, l'élection au siège de sénatrice du Comté de Bong (centre du pays) sous les couleurs du Parti national patriotique (NPP). Une légitimité élective qui vient compléter son observation attentive de la vie politique libérienne aux côtés de son mari, un certain...Charles Taylor.
Divorcé de l'ex-autocrate en 2006, l'ex-Première Dame s'est vu rappeler le passé. George Weah qui en a fait fi la prend comme colistière. Quand le verdict des urnes donne le CDC vainqueur des élections, elle est devenue la vice-présidente du pays. Un poste qui la prédestine à jouer un rôle plus affirmé au sommet de l'Etat
Jeunes ministres femmes dans les gouvernements
Malienne, Française et Américaine, spécialiste des processus électoraux et des questions africaines notamment du Sahel. IBK, le président malien a déterré la pépite d'or pour piloter la diplomatie malienne. A 35 ans, Kamissa Camara est devenue depuis le 9 septembre 2018, la ministre des Affaires étrangères du Mali.
Anciennement conseillère diplomatique du président malien, elle incarne la jeunesse au cœur d'une nouvelle équipe gouvernementale remaniée après la présidentielle 2018. Spécialiste des questions électorales, fondatrice du Sahel Strategy Forum sur les questions démocratiques, la trinationale est le symbole d'une « tête de jeune bien faite».
Au Zimbabwe, Kirsty Coventry est devenue la plus jeune ministre du Cabinet d'Emmerson Mnangagwa depuis le 10 septembre 2018. L'ancienne nageuse, médaillée d'or aux Jeux Olympiques 2004 puis à Pékin 2008, détentrice de plusieurs records nationaux, occupe le poste de ministre de la Jeunesse, des Sports, des Arts et des Loisirs.
Leur jeune sœur cadette, Joy Kenewendo Bogolo peut se targuer d'être la plus jeune ministre du Continent. A peine 30 ans, la jeune économiste diplômée de Université de Sussex au Royaume-Uni, est devenue, depuis ce 4 avril 2018, la ministre de l'Investissement, du commerce et de l'industrie. Une habituée des records puisque deux années plus tôt, elle devenait la plus jeune députée au parlement du pays
La justice, l'autre ascenseur féminin en 2018
Sans gants de délicatesse, Nthomeng Majara, sa prédécesseure, a été poussée à la sortie sous le coup de huit accusations dont celui d'avoir bénéficié de prestations financières indues. Depuis le 11 septembre 2018, Maseforo Mahase a été désignée à sa place comme la nouvelle présidente de la Cour suprême du Lesotho. Ironie du sort, elle sera chargée d'instruire le procès de celle qui l'a précédée sur le fauteuil. En charge aussi de la réforme constitutionnelle réclamée par l'opposition dans le pays des montagnes.
Cette année, la justice a souvent propulsé des femmes au sommet de leur domaine. L'Ethiopienne Meaza Ashenafi en est un bel exemple. A 54 ans, elle est depuis le 1er novembre 2018, la première femme nommée à la tête de la Cour suprême fédérale. Militante du droit des femmes, la fondatrice de l'association éthiopienne des femmes juristes (EWLA) et de la banque Enat pour les femmes, est l'héroïne d'un film produit par Angelina Jolie sur son combat pour renforcer le pouvoir des femmes.
Mairies des capitales : les administrés préfèrent les femmes aux commandes
Un nouvel ascenseur pour faire monter les femmes en politique? L'année 2018 a aussi été l'année des « mairesses » dans les capitales des pays africains. Depuis le le 3 juillet 2018, Souad Abderrahim est devenue la première femme maire de Tunis. Se définissant comme « indépendante », elle intègre le parti conservateur Ennahda via lequel elle sera députée de Tunis avant d'en intégrer le bureau politique. La bataille des alliances pour faire accepter son élection a été dure mais elle a fini par la remporter.
Dans son sillage, Soham Wardini est devenue première femme maire à Dakar. A 65 ans, cette professeur d'anglais métisse de père libanais et d'une mère sénégalaise, avait déjà assuré l'intérim à la Mairie de la capitale sénégalaise en tant qu'adjointe au maire. Lorsque Khalifa Sall, l'ancien maire de Dakar est révoqué par décret, elle est élue haut la main. Si on ne lui connait aucune autre ambition politique déclarée, Soham Wardini s'inscrit dans la lignée de plusieurs autres femmes qui ont conquis les mairies.
A 57 ans, Yvonne Aki-Sawyer, une experte comptable, a dû ferrailler avec cinq hommes, pour arracher la Mairie de Freetown, devant la seconde femme à accéder au poste. Même exploit pou Rohey Malick Lowe, la femme d'affaires de 46 ans qui a conquis la Mairie de Banjul. Un exploit pour cette fille de Malick Lowe, ex-maire de la même ville entre 1981 et 1983.
L'Ethiopie consacre 2018 comme l'année du women emporwerment
Ahmed Abiy, le nouveau Premier ministre veut gouverner avec les femmes. Tout de suite après son élection, il met en place des mesures fortes notamment la refonte de l'équipe gouvernementale qui compte aujourd'hui le même nombre de ministres hommes que femmes. Aux frontières de la parité et du women empowerment, Abiy manœuvre pour porter Sahle-Worke Zewde à la tête de l'Etat éthiopien mais aussi Meaza Ashenafi à la tête de la Cour suprême fédérale d'Ethiopie. Pour compléter l'année de la femme dans le pays, Birtukan Mideksa, une ancienne juge et opposante politique, est devenue la présidente de la commission électorale du pays. Elle y remplace une femme !
ANALYSES, PROJECTIONS ET CONVICTIONS
Parole de nos experts : ce qu'ils retiennent de 2018 et ce que 2019 promet à l'Afrique
La Tribune Afrique |
Par Ibrahima Bayo Jr. |
Publication 01/01/2019
La fin de l'année 2018 annonce le début d'une nouvelle année. L'année qui s'est écoulée nous a tenu en haleine avec ses rebondissements et ses attentes déçues. Elle pourrait faire déborder ses conséquences sur l'année 2019. Celle-ci ne manquera pas d'apporter son lot de surprises."La Tribune Afrique" laisse la parole aux experts qui décryptent l'actualité au quotidien avec leurs analyses, leurs projections, parfois leurs convictions certaines. Ils vous livrent ici leur résumé de l'année 2018 et leurs prédictions pour 2019. Bonne lecture et excellente année !
Au quotidien, ils ont éclairé les ressorts de l'actualité politique, économique, financière pour La Tribune Afrique. Au bout du fil ou en marge de rencontres plus ou moins formelles, ils ont livré leur analyse sur un dossier ou sur des sujets plus généraux qui touchent le Continent. Nous avons recontacté les experts que nous avons cité dans nos articles en 2018. Ces derniers ont accepté de regarder le rétroviseur 2018 et de se projeter sur la route 2019 que l'Afrique, comme le reste du monde, s'apprête à emprunter.
2018, le rôle central des femmes, 2019, l'année des sociétés civiles
Régis Hounkpè, le directeur exécutif d'InterGlobe Conseil, un cabinet spécialisé en géopolitique, coopération internationale, stratégie d'influence et communication politique, voit plus une année qui a consacré la naissance de leaders patriotiques, modèles de panafricanisme.
«2018 fut une année autant à crédit qu'à débit sur le plan des avancées politiques et économiques en Afrique. Il faut souligner l'émergence de leaders patriotiques au Ghana ou au Rwanda mais aussi en Éthiopie avec des rôles centraux pour des femmes exceptionnelles. Dans certains pays africains, les espaces démocratiques se réduisent avec des dirigeants ne souhaitant pas organiser des transitions paisibles»
Quid de la nouvelle année pour l'Afrique? «2019 sera, à n'en point douter, l'année des sociétés civiles investies dans le champ politique, des organisations de jeunesse et des usages intensifiés du numérique pour créer de la valeur ajoutée et des modèles économiques autonomes»
Une Afrique économiquement performante mais vulnérable au changement climatique
Guy Gweth est le fondateur du Centre Africain de veille et d'intelligence économique (CAVIE). L'entrepreneur camerounais, spécialiste d'intelligence économique et de due diligence voit dans le rétroviseur 2018 une Afrique forte sur le plan économique, dans le creux de la vague de la guerre économique sino-américaine. Ce responsable dans le Doing Business Africa pense que le Continent doit être mieux préparé aux aléas du climat, le prochain défi de l'Afrique.
«Avec un peu plus de 3% de croissance en 2018, l'Afrique est restée la deuxième région la plus performante au monde. La sensibilité de cette performance est la rareté des emplois de qualité qui n'est pas pour favoriser la stabilité politique et apaiser le climat social dans plusieurs pays.»
«En 2019, la guerre commerciale américano-chinoise devrait pousser la Chine à inonder davantage les marchés africains de produits à bas prix devant l'interdiction d'accès aux États-Unis. La balance commerciale de nombreux pays africains devrait s'en ressentir, à moins de se lancer dans un protectionnisme tous azimuts. Une guerre économique mondiale est à nos portes», pense-t-il.
"Les mois qui nous séparent de 2020 vont sans doute montrer, de façon spectaculaire, à quel point l'Afrique est exposée au réchauffement climatique. Cela permettra à certains dirigeants, parmi les moins actifs, de se réveiller notamment sur les questions d'économie d'énergie, ainsi que l'exigence de nouveaux modes de vie en Afrique."
2018, l'année de la Chine en attendant la rupture en 2019
Pour Mamadou Ibrahima Fall, conseiller en diplomatie multilatérale, négociation internationale et prise de décisions, l'année 2018 doit être célébrée comme celle d'une rencontre plus affirmée entre le Continent et la Chine.
«L'année 2018 s'achève et avec elle on tire l'une des évolutions majeures de la dernière décennie, dont nous n'avons pas totalement mesuré la portée: la Chine est devenue le premier partenaire du continent africain : le pays le plus peuplé au monde rencontre le continent-clé du 21ème siècle dans un contexte où la situation économique et sociale reste bloquée, pour le malheur d'une jeunesse nombreuse et diplômée malgré des taux de croissances qualifiés satisfaisants par seulement les institutions de Breton Woods. On retient encore pour 2018 quand les populations souffrent, le FMI, la Banque Mondiale et les dirigeants africains parlent de dynamisme économique», écrit-il. «Sur le registre sécuritaire, l'islamisme radical fabriqué par l'occident monte dans beaucoup de pays où l'avenir de milliers de jeunes semble sombre. Il est baptisé la nouvelle menace djihadiste et est loin d'avoir disparu au Sahel comme le rappelle les récents affrontements au Mali et avec l'engagement militaire renouvelé de la France au côté du G5 Sahel (Tchad, Burkina Faso, Mali, Niger et Mauritanie). Ailleurs on peine à organiser des élections libres, transparentes et démocratiques ( c'est le cas en RDC et au Sénégal ). L'Etat de droit est affaibli et dans beaucoup de pays on assiste à une justice aux ordres de l'exécutif», poursuit-il.
2019 s'annonce avec le même son de cloche : l'influence chinoise en Afrique devenue un fait géopolitique majeur. Mais si la Chine est aussi forte en Afrique, l'Afrique plus prompte à tourner vers de meilleures perspectives avec la Chine en 2019 c'est d'abord parce que ses partenaires traditionnels n'avons pas su nouer, avec ce continent, des relations postcoloniales constructives, équitables et durables dans l'intérêt supérieur des peuples du continent africain .La démocratie recule partout en Afrique et est aujourd'hui soumise aux règles spéculatives du "marché" et à la "bourse" . Peut-être est-il temps de changer notre regard sur nos relations et aux autres de changer leur regard sur l'Afrique, avant de découvrir qu'elle s'est bel et bien choisie de nouveaux amis.
Cependant, il est toujours possible de définir sa propre histoire. 2019 peut aussi porter l'espoir d'une nouvelle génération de jeunes leaders émergents avec un discours très proche à leurs peuples. 2019 sera pour l'Afrique ce que l'Afrique amorcera comme rupture . Une Afrique avec une nouvelle génération de décideurs, de jeunes leaders, d'hommes et de femmes d'affaires, de jeunes entrepreneurs, tous debout pour gagner la bataille du développement dans tous les secteurs est possible.
Osons envoyer de nouveaux signaux, de nouvelles images à travers lesquels , on vit l'Afrique qui reflète nos rêves, nos talents, nos efforts et aspirations démocratiques. L'Afrique des "Grands Hommes", à l'exemple de Nelson Mandela , de Thomas Sankara ou de Abdoulaye Wade: l'Afrique introspective, émergente, exigeante en elle-même, gagnante, innovante, prospère, stable et compétitive, mais aussi consciente de ses faiblesses et défis, estime notre expert.
Conservatisme électorale Vs consolidation de la démocratie participative
La série de rendez-vous électoraux aura vu le président sortant, Ibrahim Boubakar Keita, être réélu pour un second mandat. Au Zimbabwe, le successeur de Robert Mugabe, en la personne d'Emerson Mnangagwa ne change pas fondamentalement l'ancrage du ZANU-PF au pouvoir depuis l'indépendance en 1980. Au Cameroun en octobre 2018, le président Paul Biya aura réussi le tour de force de se faire réélire pour un septième mandat.
Emmanuel Dupuy, le président de l'Institut de Prospective et de Sécurité en Europe (IPSE) y voit une «relative fragilité de l'ancrage de la démocratie sur le Continent». Plus récemment à Madagascar, où le second tour s'est déroulé le 23 décembre dernier, aura confirmé le retour en grâce d'Andry Rajoelina. Le vote tant attendu, tant repoussé et désormais tant fébrile, en RDC, du 30 décembre 2018, vient corroborer cette analyse.
«Largement médiatisées, notamment, au niveau des médias occidentaux, ces élections auront démontré, une fois de plus, que les constitutions africaines, le plus souvent, "toilettées" à dessein pour maintenir les tenants du pouvoir aux affaires, sont davantage des facteurs de conservatisme que des vecteurs de cohésion et de progrès sociétaux et sociaux». Emmanuel Dupuy.
«Gageons que l'année 2019, à l'aune des élections présidentielles à venir au Sénégal et au Nigéria, en février prochain, puisse permettre de considérer les constitutions et leurs adaptations comme des formidables occasions de revisiter le pacte social des pays concernés. Il en va, non seulement, d'un arrimage institutionnel fragile à pérenniser, mais aussi, d'une conception locale et appropriée de la démocratie participative, qui reconnaîtrait dans le même élan, le caractère structurant de l'intérêt national et de la souveraineté citoyenne.», estime notre expert.
«La redécouverte de la Nation, sur les continent africain, devrait avoir également l'insigne avantage de mettre en exergue l'importance structurante de la construction - consolidation de la dimension régionale, à travers, notamment, le renforcement et la coopération aux niveau des huit Communauté économiques régionales (CER). Le sommet conjoint CEDEAO - CEEAC, tenu, à Lomé, au Togo, les 30 et 31 juillet derniers est venu confirmer l'importance égale des notions de solidarité et de subsidiarité.»
Puisse cette année nouvelle qui pointe son nez, être également celle de la maturité pan-africaine, en espérant que la Zone de Libre Echange Continentale (ZLEC) lancée à Kigali, en mars dernier, puisse dépasser le cadre quelque peu étriquée des seuls quatre états qui l'ont ratifié pour l'heure ! Il en manque toujours 18 pour que la ZLEC puisse renforcer , d'ici 2022, le commerce intra-africain, qui, avec un taux de 16%, apparait encore lilliputien.»
«Il en va, aussi, de la nécessité que l'Afrique puisse trouver toute sa place dans le système multilatéral, notamment au niveau des Nations Unies, tout comme au sein d'autres organisations intergouvernementales (OIG), à l'instar du G20 ou des systèmes périphériques aux pays émergents ( a travers, les nouveaux formats Brics + et Brics ++). Ce ne serait in fine que justice, eu égard à l'importance du poids démographique, énergétique, environnemental, stratégique de l'Afrique.»
«Bref, que les 54 états qui composent désormais l'Union Africaine (depuis le 31 janvier 2017 avec le retour du Maroc) puissent, enfin, montrer leur pleine maturité sur des dossiers emblématiques que sont les migrations, la lutte contre le terrorisme, la piraterie et la grande criminalité, tout en considérant la limite de l'approche exclusivement sécuritaire pour y faire face. Ce sera là, avec le dossier de l'autonomie financière de l'UA, les premiers points à l'agenda du président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, qui succédera au président rwandais, Paul Kagamé, à la présidence annuelle de l'UA, le 1er janvier 2019»
SMART CITIES : DES VILLES CONNECTEES A LA REALITE AFRICAINE
Proposée en alternative à l'Afrique pour une gestion efficace et durable de ses villes de demain, la Smart city a été imaginée à l'origine pour résoudre des problèmes d'urbanisme et de développement durable des villes des pays du Nord.
La Tribune Afrique |
Maimouna Dia |
Publication 01/01/2019
A la croisée des chemins, l'Afrique doit faire des choix de développement et d'aménagement de ses pôles urbains. Les Smart cities sont régulièrement présentées comme la solution face à l'urbanisation galopante du Continent. Mais le modèle de la Smart city classique est-il transposable en Afrique ? Oui, acquiescent les spécialisent de la ville intelligente qui soulignent néanmoins l'impératif de réaménager, de redéfinir et d'adapter le concept aux réalités africaines.
A l'horizon 2100, l'Afrique verra sa population passer de 1,2 milliard d'habitants (17 % de la population mondiale) à 4,4 milliards (40 % de la population mondiale), selon un rapport de l'ONU publié en 2017. Une croissance démographique allant de pair avec une urbanisation galopante et anarchique, posant avec acuité la question de l'aménagement des espaces.
Proposée en alternative à l'Afrique pour une gestion efficace et durable de ses villes de demain, la Smart city a été imaginée à l'origine pour résoudre des problèmes d'urbanisme et de développement durable des villes des pays du Nord. Elle y a été conçue comme un espace urbain doté de multiples capteurs de données électroniques afin de générer des informations permettant de régir efficacement les ressources et les actifs, selon une définition largement acceptée. « La Smart city est une ville avec une économie intelligente, une mobilité intelligente, un environnement intelligent, des habitants intelligents et un mode de vie intelligent », selon Raymond Aboki, spécialiste de l'accompagnement des collectivités et de la réalisation de projets de territoire. Ces caractéristiques constituent également le soubassement de la Smart city africaine à concevoir avec en sus, une intégration des besoins des usagers.
Les traits de la Smart City africaine
La Smart city africaine devrait apporter des solutions pour faciliter la mobilité, réduire la consommation d'énergie, proposer des solutions optimales et innovantes pour la gestion des déchets et l'assainissement, aider à la conception et à la construction d'établissements publics écologiques, offrir une large gamme de choix de matériaux efficaces et nécessaires à l'efficacité énergétique. La Smart city africaine devrait également être en mesure de favoriser la création d'emplois et le développement numérique. Ce sont là les caractéristiques classiques de la ville intelligente à adapter aux réalités locales. « En termes de challenge, lorsque l'on veut s'inspirer de modèles extérieurs, il est essentiel de garder en tête que nous avons nos propres usages dans nos pays », rappelle Ousseynou Nakoulima, directeur du département Energies renouvelables de la BAD. En réalité, plusieurs pays africains ont essayé d'implanter localement le concept, en collaboration avec des compagnies spécialistes de l'efficacité énergétique.
Place aux sociétés de services énergétiques et « super ESCO »
Sur le Continent, la question de réduction de la consommation énergétique des bâtiments, des industries, des entreprises est souvent pilotée par des PME appelées les ESCO « Energy services companies » ou sociétés de services énergétiques. Elles proposent des services relatifs à l'efficacité énergétique, pouvant réduire la consommation jusqu'à 40 %. « Un jeune ingénieur peut créer une entreprise de services d'ingénierie et aller voir, par exemple, un établissement hôtelier pour proposer un audit de la consommation d'énergie, effectuer des aménagements et remplacer certains équipements ou modes d'éclairage, renforcer l'isolation, etc. Et avec ces investissements, il annoncera au management de l'établissement qu'ils peuvent réduire la facture d'énergie à tel ou tel niveau », détaille Jalel Chabchoub, directeur des Investissements à la BAD, l'un des partenaires de ces initiatives.
Ces projets, générateurs d'emplois, peuvent être aussi portés par des entreprises de grande taille appelées les « super ESCO ».
Les projets doivent répondre à l'exigence « de créer une connexion entre les projets conçus, ceux à exécuter et la réalité de l'exigence des habitants », rappelle Raymond Aboki. Le recours à des entreprises de services énergétiques, dites écologiques, a été testé avec succès en Afrique. L'appui à ces entreprises créatrices d'emplois pousse d'autres à se lancer dans l'efficacité énergétique. « Nous visons les compagnies d'ingénierie, les manufacturiers qui ont la capacité de subventionner des projets, les distributeurs et tous ceux qui sont en relation avec les clients », explique Jalel Chabchoub.
En partenariat avec ces champions de l'efficacité énergétique, plusieurs pays africains ont élaboré des Smart cities ou exécutent des projets susceptibles d'aboutir à des villes intelligentes.
Ces Smart cities africaines
La Tunisie, par le biais de son Agence nationale de l'efficacité énergétique, a développé le programme des « green mosques ». « Il vise l'amélioration de l'efficacité énergétique dans environ 6 000 mosquées en Tunisie, grâce à l'éclairage Led et l'utilisation de panneaux solaires », rapporte le responsable des investissements de la BAD. Plus au sud du Continent, le Bénin a aussi développé son campus numérique francophone de l'Université d'Abomey-Calavi. « Pour faire du projet de campus numérique un levier de développement, il faut des talents, mais aussi des sujets qui globalisent et proposent des solutions africaines aux enjeux et problématiques africaines », avertit néanmoins Aboki. A souligner aussi l'implantation de la YabaconValley au Nigéria ; de la Konza City au Kenya ; de la ville de Zenata au Maroc, du méga projet The capital Cairo en Egypte, etc. Reste à savoir si ces villes répondent à la double exigence de satisfaire les besoins des usagers locaux et de remplir les critères classiques de la Smart city ?
SANS NAÏVETÉ NI ANGÉLISME ...
Afrique-France : le win-win doit fonctionner dans les deux sens
La France a enfin décidé de sortir de sa posture post-coloniale, caractérisée par un mélange mortifère de condescendance et de misérabilisme. Sans naïveté ni angélisme, on peut prétendre que l'époque du pré-carré, de l'aide compassionnelle, du cynisme et des rentes entretenues par des réseaux occultes est en passe d'être révolue. Un « nouveau récit Afrique-France » est en train de supplanter une « Françafrique à bout de souffle ». Une tribune de Romain Grandjean et Philippe Perdrix, associés de l'agence de communication et de relations presse 35°Nord.
Que de chemin parcouru en si peu de temps ! La multiplication des conférences « business » Afrique-France, un engagement fort et financé de l'Agence française de développement (AFD) en faveur du secteur privé, une montée en puissance de BPI France, les délégations du Medef sur le Continent qui affichent complet, le CIAN portant sans complexe le plaidoyer des entreprises françaises,... Les signes et les actes sont là. Ils sont probants et accompagnés, voire impulsés de prises de parole ou de décisions présidentielles.
La France a enfin décidé de sortir de sa posture post-coloniale, caractérisée par un mélange mortifère de condescendance et de misérabilisme. Sans naïveté ni angélisme, on peut prétendre que l'époque du pré-carré, de l'aide compassionnelle, du cynisme et des rentes entretenues par des réseaux occultes est en passe d'être révolue. Un « nouveau récit Afrique-France » est en train de supplanter une « Françafrique à bout de souffle ». Les opinions publiques non affutées n'ont pas encore intégré cette réalité, puisque les écumes de la vague françafricaine continuent malheureusement d'occuper l'espace, notamment médiatique, et que l'hystérie sur l'immigration pollue les débats. Mais en dessous, la tectonique des plaques est à l'œuvre.
Le changement générationnel des décideurs, publics et privés, des deux côtés de la Méditerranée explique cette évolution, mais pas seulement. La France n'avait plus le choix ! Elle a été poussée dans ses retranchements par les Chinois, les Marocains, les Turcs, les Brésiliens,... qui ont littéralement fait exploser une relation bilatérale exclusive, non compétitive et sans avenir. À présent, chacun peut en tirer profit, à condition d'accepter cette nouvelle donne dans tous ses aspects.
L'Afrique a certainement besoin de la France pour consolider son développement sur la base de partenariats solides, de co-investissements, de partages de valeur et d'intérêts mutuels. La France a tout aussi besoin de son immense voisin du Sud pour envisager avec optimisme son avenir et demeurer une grande puissance, qui pèse et qui compte. En 2050, le produit intérieur brut de l'Afrique se rapprochera de celui de l'Union européenne. En 2030, les échanges commerciaux avec le Continent pourraient générer la création d'au moins 800 000 emplois en France.
L'Afrique est donc bien une chance pour la France. Il est dans l'intérêt des entreprises de porter ce nouveau récit et d'en faire un plaidoyer, en acceptant la concurrence internationale (pour peu que celle-ci soit loyale), en s'adressant à leurs parties prenantes (avec sincérité) et en associant des opérateurs locaux (avec volonté). Comme partout ailleurs à travers le monde, les groupes internationaux -notamment français- sont incités à nouer des partenariats capitalistiques, créer de la valeur sur place et contribuer à la montée en gamme des compétences. Si la France ne le fait pas, d'autres le feront et prendront sa place définitivement.
Le secteur privé est donc désormais en première ligne, et cela doit se voir et s'entendre.
Il ne peut plus se contenter de voyager discrètement dans les soutes de la diplomatie économique et rester dans l'ombre d'un parrain étatique. Les investissements tricolores ripolinés de RSE et d'un peu de sous-traitance constituent un modèle insatisfaisant. Les entreprises ne peuvent plus vivre cachées, fustigeant les ONG, les médias et le web... Elles doivent désormais endosser le rôle d'ambassadeur d'une présence décomplexée. Fédérations d'entreprises, patronats et associations professionnelles l'ont bien compris. Ils sont les nouveaux agents d'une relation apaisée et profitable, les vigies du « win-win » tant promu. Ce nouveau paradigme implique nécessairement une évolution du discours pour rassurer, convaincre, ou encore apaiser les opinions publiques.
Les entreprises se protègent souvent derrière un argument de droit ou de légalité pour expliquer ce qu'elles font et comment elles le font. On efface finalement un héritage que chacun a subi par une patine de droit. « Nous faisons les choses bien, parce que nous les faisons dans la légalité », peut-on entendre. Cela ne suffit plus. Les standards s'améliorent, les règlent évoluent et les exigences sont élevées. L'entreprise doit donc désormais aller plus loin dans sa communication. Elle doit être engagée et responsable, et accompagner son plaidoyer par des actions de fond synonymes d'impacts significatifs sur l'ensemble des chaînes de valeur. La RSE ne peut être un département « en plus » de la communication, dont le principal but est d'éditer un rapport annuel. C'est une responsabilité qui oblige. Aujourd'hui en Afrique, mieux vaut expliquer et argumenter que promouvoir et parader.
L'entreprise doit être aussi transparente, ce qui est sans doute le plus exigeant à bâtir. Elle doit ouvrir ses portes, accepter la curiosité des parties prenantes et la démarche contradictoire des médias. Au risque d'assumer les dernières adhérences du passé, elle doit admettre d'éventuelles erreurs pour mieux affirmer les progrès réalisés.
Dans ce contexte, les médias, ONG, populations locales et partenaires ne sont plus des adversaires, mais des leviers d'influence, de conviction ou d'explication. « Dire pourquoi on est en Afrique, ce que l'on y fait et avec qui », constitue très clairement un triptyque gagnant pour être accepté sur la durée.
Il convient également d'accepter l'émergence de ce potentiel géant africain dans toutes ses composantes. Concrètement en Afrique, des groupes français peuvent perdre un appel d'offres battus loyalement par une entreprise africaine sans que cela ne soit considéré comme un casus belli. La France sera plus convaincante si elle accepte de perdre de temps en temps.
De la même manière, « l'Afrique digitale » qui constitue une réalité tangible doit être considérée pour ce qu'elle est, non pas un écosystème de startups à subventionner pour mieux les acheter ensuite, mais comme la promesse de champions africains sans doute plus innovants et mieux adaptés aux besoins du Continent.
Enfin, si les IDE français en Afrique doivent être encouragés, il faut également accepter sereinement le flux inverse, ce qui passe nécessairement pour commencer par une politique de visa plus avenante pour les hommes d'affaires africains. Pour être crédible, le win-win doit fonctionner dans les deux sens.
Même si à la fin, on se retrouve avec cinq candidats, ou un peu plus, le fait ne change pas, le second tour semblera inévitable. Les Sénégalais n’aiment pas quand on les défie, et le parrainage a été un défi envers le peuple Sénégalais.
En Afrique, le mode d'arrivée au pouvoir n'est pas toujours démocratique et l'ordre constitutionnel n'est pas toujours respecté. Cependant, au Sénégal, la démocratie est respectée, mais l’ordre constitutionnel ne l’est forcément pas. Le quadripartisme fut aboli par le président Diouf en 1981 et la restauration du multipartisme vit le jour. Il fallait néanmoins réorganiser les règles de la compétition politique. Nous, pays colonisés, avons à l’unanimité adopté le modèle démocratique occidental et nous nous sommes lancés dans la continuité du fait colonial. Dorénavant, pour se porter candidat à une élection présidentielle au Sénégal, il faut être en mesure d’être parrainé par au moins 0,8% des électeurs, répartis dans au moins sept régions différentes du pays.
La bonne gouvernance ?
L’ancien président, Jacques Chirac, disait « L’Afrique ne serait pas prête pour la démocratie ! ». Les problèmes de la société étaient réglés sous les arbres à palabres en Afrique par les chefs de village et les notables. Ils jugeaient, légiféraient et décidaient les affaires de la cité. L’héritage de la colonisation ou du diviser pour mieux régner nous a fait perdre notre civilisation, notre constitution « africaine » pour adopter la constitution occidentale avec ces règles et ces défaillances. La colonisation, qui est responsable des frontières qui ont été très mal découpées, car n’ayant pas pris en compte les limites des royaumes et les ethnies, a créé des guerres ethniques à travers l’Afrique. Après la délimitation des pays et l’indépendance, on a voulu « civiliser » les pays africains et on les a demandés d’adopter la bonne gouvernance en signant des traités régionaux, internationaux et continentaux pour pouvoir s’acculturer au monde des affaires. Cela résultera à la mise en place de la charte africaine de la démocratie et des élections et de la gouvernance, adoptée le 30 janvier 2007 à Addis-Abeba, Éthiopie. Le protocole de la CEDEAO sur la bonne gouvernance nous dit que la modification des constitutions à quelques mois des élections est interdite. Cette notion de « bonne gouvernance » fut formalisée par la Banque mondiale. Au début, la définition était purement économique, faisant juste référence à la manière de gérer les deniers publics. Cette définition changera et deviendra le respect de la démocratie et de l’Etat de droit. La plupart des aides et prêts sont octroyées par la Banque mondiale. « Politico économiquement », la bonne gouvernance devient une condition afin de recevoir l’aide et les prêts de la Banque mondiale. Etant l’entité qui attribue cette aide, ne faisons-nous pas face à une forme arbitraire de faire ? Le problème avec ce modèle est qu’il ne prend pas en compte nos réalités sociales, religieuses, ethniques parmi tant d’autres. Se reposant sur le modèle occidental, est ce que ce modèle est adéquat à nos réalités ? Est-ce qu’une façon pour ces organismes de nous imposer leur politique d’une manière indirecte ?
A double tranchant : Qui peut se retourner contre celui qui l'emploie
« Il se trouve que l'on a eu 300 partis politiques aujourd'hui, et il y en a encore une vingtaine en dépôt, on pourrait aller à 500 voire 600. Si l'on ne rationalise pas les candidatures, il arrivera un moment où nous serons bloqués dans l'élection. Imaginez l'élection présidentielle avec une cinquantaine de candidats. Le vote ne se passe pas bien. Le président finit son mandat, que se passera-t-il ? Un pays qui est dit stable, démocratique, va se retrouver en crise. Nous devons anticiper cela. Nous devons faire un filtre citoyen. Chaque citoyen est libre de parrainer. On avait dit 1 %, on a finalement baissé à 0,8 % » nous dit le président Macky Sall. Pour son ministre de la Justice et professeur de droit constitutionnel, le président Macky Sall veut « assainir la démocratie » et anticiper une éventuelle augmentation du nombre de candidats à la présidentielle. Les candidats indépendants ont eu à fournir 10 000 signatures dans le passé.
En 1988, pendant que la dette du pays est estimée à 800 milliards FCFA, soit plus de 60 % de notre PIB et le service de notre dette représentait 50 % des recettes budgétaires, ces partis y avaient pris part, le PS, le PDS, la LD/MPT et le PIT. En 1993, on avait Abdou Diouf (PS), Abdoulaye Wade (PDS), Landing Savané (AJ/PADS), Abdoulaye Bathily (LD/MPT), Iba Der Thiam (CDP /Garab-Gui), Madior Diouf (RND), Mamadou Lô et Babacar Niang (PLP). En 2000, on avait Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Moustapha Niasse, Djibo Kâ, Iba der Thiam, Ousseynou Fall, Cheikh Abdoulaye Dièye et Mademba Sock. En 2012, on avait 14 candidats et « le 27 janvier 2012, malgré l'opposition populaire, le Conseil constitutionnel, considérant que Abdoulaye Wade n'a pas effectué deux mandats car la limite n'existait pas au moment de sa première élection en 2000, valide sa candidature, tandis que celles de Youssou N'Dour, Kéba Keinde et Abdourahmane Sarr sont refusées. (Walfadjri du 28/01/2012). »
Disons que 25 candidats aient déposé leur parrainage et que chacun aient 65 000 parrains. Cela donne 1 625 000 parrains. Cela ne signifie pas pour autant qu’ils voteront pour les candidats qu’ils ont parrainés. Néanmoins, cela suscite un autre débat, le président Macky Sall, est-il tombé dans son propre piège avec le parrainage ? Même si à la fin, on se retrouve avec cinq candidats, ou un peu plus, le fait ne change pas, le second tour semblera inévitable. Les Sénégalais n’aiment pas quand on les défie, et le parrainage a été un défi envers le peuple Sénégalais. Est-ce le début de la fin pour le président Macky et son PSE ?
EXCLUSIF SENEPLUS – Peulh, Diola, Sérère, Toucouleur, Manjack, Malinké, Mandingue, Wolof entre autres, transmettent leurs vœux de 2019 aux proches et à la nation toute entière
Ils ont tenu à souhaiter eux aussi à leurs familles, parents, amis, et à tous leurs concitoyens, une bonne et heureuse année dans leurs différentes langues.
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IL ÉTAIT FACE À LA PRESSE AU PALAIS
Le Président de la République a répondu aux questions des journalistes. Les discussions seront axées sur son bilan, mais aussi sur les questions d’actualité.
Le Président de la République, Macky Sall, qui vient de délivrer son traditionnel message de fin d’année, répond aux questions des journalistes dans le cadre d’un entretien. Les discussions seront axées sur son bilan, mais aussi sur les questions d’actualité.
Le chef de l'État, Macky Sall, est au terme de son mandat de 7 ans. Les sénégalais, qui l'ont porté à la tête du pays en 2012, évaluent son œuvre. Pour la plupart de nos concitoyens, le bilan est mitigé.
"NOUS VOULONS DES ÉLECTIONS FIABLES"
La dernière manifestation de l'opposition, ce 28 décembre, pour une élection « transparente et démocratique », en dit long sur les crispations autour de la prochaine présidentielle.
À moins de deux mois des élections présidentielles, c'est une énième manifestation qu'a conduite le Front de résistance nationale (FRN) regroupant nombre de partis de l'opposition sénégalaise. Comme à chaque fois, ce rassemblement de l'opposition à Macky Sall s'est attaqué à l'organisation de l'élection présidentielle, une organisation jugée « antidémocratique ». Cela, dans un contexte où la marche vers le scrutin est lancée à vitesse grand V pour le camp du président. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'opposition a du mal à ralentir la course. Cela fait pourtant deux ans qu'elle se bat pour que le processus électoral soit irréprochable.
-LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL INTERPELLÉ-
« Nous voulons juste des élections fiables, explique Mamadou Diop. Et de se désoler devant leur impuissance : « Nous continuons de réclamer simplement ce que la loi prévoit, mais le gouvernement ne satisfait aucune de nos demandes. » Aujourd'hui, 28 décembre, au lendemain de la fin des dépôts des dossiers de candidatures, c'est le Conseil constitutionnel, chargé de les vérifier, que l'opposition interpelle. « Nous attirons votre attention d'une part, sur notre méconnaissance de la procédure de vérification retenue par votre institution et, d'autre part, sur le fait qu'aucun des candidats de l'opposition ne dispose du fichier électoral devant servir de base à ladite vérification », écrivent des candidats membres du FRN dans un courrier. Pour qu'une candidature soit validée, le dossier des candidats doit contenir le parrainage de 0,8 % du corps électoral. Or les partis de l'opposition n'auraient pu avoir accès au fichier électoral qui leur aurait permis de savoir qui viser pour collecter les précieuses signatures. Un accès qu'aurait eu, selon eux, le seul candidat de Benno Bokk Yakaar, le président lui-même. Alors l'opposition doute de l'impartialité du Conseil constitutionnel, les manifestations s'enchaînent, et l'opposition s'organise, de plus en plus.
-DES ACTEURS MULTIPLES SE RASSEMBLENT POUR DES ÉLECTIONS DÉMOCRATIQUES-
Plutôt qu'une coalition autour d'un candidat, « l'Entente des forces de l'opposition » (Efop) s'est d'abord définie comme une « plateforme d'unité d'action au service de la démocratie, des citoyens et citoyennes ». Lorsqu'elle est créée le 26 décembre 2016, vingt partis politiques et syndicats s'unissent avec pour horizon, six mois plus tard en juillet 2017, les élections législatives. Leur but : « réclamer les droits des populations à avoir des élections libres et transparentes ». Ce sont des « grands » partis, comme le PDS, parti du candidat Karim Wade, mais aussi des plus petits ou plus jeunes, tels que l'ACT (Alliance pour la citoyenneté et le travail) de l'ex-Premier ministre Abdoul Mbaye, ou PASTEF, Les Patriotes d'Ousmane Sonko. Des centrales syndicales comme l'ADES/CDTS et le CNTS/ FC les ont rejoints. Il s'agit surtout de mener des campagnes de sensibilisation, d'organiser des conférences de presse et des sittings, pour dénoncer les « abus » et les « dysfonctionnements » de la démocratie version Macky Sall. Mais la confrontation devient plus directe et l'opposition se renforce lorsqu'est annoncée la loi qui a fait tant de bruit et provoqué de violentes échauffourées dans les rues de Dakar : la fameuse « loi des parrainages ».
-L'ENTENTE S'ORGANISE ET DEVIENT LE FRONT DE RÉSISTANCE NATIONALE-
Vendredi 9 février 2018, les organisations signataires de l'Efop appellent à une grande marche nationale dans Dakar. Deux mois plus tard et dans la violence, la loi est adoptée à l'Assemblée nationale.
Nouvelle donne, nouveau cadre de lutte, nouvelle stratégie. « Initiée unilatéralement et imposée autoritairement par le président Macky Sall », selon un communiqué publié le lendemain des violentes manifestations populaires, cette loi exige un front plus large et plus soudé, « s'érigeant en véritable contrepouvoir pour faire échec au coup d'État constitutionnel et électoral concocté par le régime de Macky Sall », selon les termes employés dans le même communiqué. Dès le lendemain du vote de la loi des parrainages, le Front de résistance nationale (FRN) s'arme de nouveaux procédés. Pour faire remonter la « forfaiture » de cette loi au-delà de l'échelle nationale, elle introduit un recours devant les juridictions compétentes au niveau de la Cedeao et l'Union africaine… Sans obtenir gain de cause. Sa nouvelle identité ne lui fait pas gagner plus de batailles.
Alors les communiqués de presse et les lettres se font plus virulents. Le régime de Macky Sall est qualifié de « dictature », de « régime de prédation et de piétinement des droits démocratiques et sociaux des populations », l'accusant de « mettre les ingrédients d'une instabilité au Sénégal. »
-DÉFERLANTE DE MANIFESTATIONS JUSQU'AU SCRUTIN-
Depuis novembre, l'opposition déferle dans les rues de la capitale sénégalaise. On y dénonce les « pratiques antidémocratiques de Macky Sall », comme le dénonçait Dethie Fall, député et vice-président de Rewmi, un parti membre du FRN. Parmi les pratiques dénoncées, le manque de contrôle du fichier électoral, et le système de parrainage des candidatures, qui ne passe pas. Et puis toujours ce fort soupçon d'intrusion de la vie politique dans les affaires judiciaires. Après les fortes mobilisations du 29 novembre et du 6 décembre, les opposants battaient de nouveau le pavé le 20 décembre, jour du procès en appel de Khalifa Sall, l'ancien maire de Dakar et candidat aux élections qui aurait pu mettre Macky Sall en danger.
Les mobilisations rassemblent une masse hétéroclite, soutenant des leaders politiques différents, tous membres du FRN, et même au-delà. Sans que le parti d'Idrissa Seck, l'un des favoris, soit formellement signataire du front, ses militants se mêlent aux manifestants. « Les manifestations font s'intensifier jusqu'au 24 février {jour du vote, NDLR} et même s'organiser dans les régions, promet Mamadou Diop, c'est parti ! ». Pour l'instant, les manifestations ont toujours été autorisées par la préfecture. Mais le Front est formel, si elles étaient interdites, les débordements sont à prévoir dans les rues.