Dans sa question économique de la semaine (la QES TEKKI), le député Mamadou Lamine Diallo a traité le Groupe consultatif de Paris pour le financement de la deuxième phase du PSE de « Grand Xaware ». Il a en outre révélé que le Trésor a besoin à court terme de 1000 milliards cash.
« Certains affidés du nouveau guerrier lamtoro affirment que pour apprécier le redressement des comptes publics, la première mesure permettant de vérifier l’impact d’une politique économique est le taux de croissance. Ceci serait ironique si la situation du peuple n’était pas tragique » a-t-il indiqué. Et de poursuivre pour dire que s’il s’agit des comptes publics, l’indicateur pertinent est le déficit budgétaire et son financement surtout. Donc pour le leader de Tekki, la vérité toute simple est que ce déficit est de plus de 1200 milliards à fin décembre 2018. « Pour l’instant, Macky Sall, le noble guerrier et ses esclaves soldats ne disposent que 220 milliards environ bloqués à la BCEAO à la demande du FMI pour 2019 » révèle t’il.
DES GILETS DE SAUVETAGE PAS COMME LES "GILETS JAUNES"
Chérif Younouss Ndiaye, membre de l’équipe d’appui technique de la Confédération africaine des organisations professionnelles de pêche artisanale (CAOPA), a déclaré que les gilets de sauvetage constituent ‘’moyens efficaces de protection des pêcheurs’’, soulignant qu’en cas de problèmes en mer, ‘’ils peuvent contribuer à la préservation de l’intégrité physique et matérielle des acteurs et de leurs biens’’.
’’Dans le domaine de la pêche, surtout artisanale, il y a beaucoup de problèmes de sécurité auxquels les pêcheurs font face. Les gilets contribuent à préserver l’intégrité physique des personnes qui embarquent à bord des pirogues pour aller mener leurs activités dans des plans d’eau, en haute mer ou au niveau des Aires marines protégées (AMP)’’, a-t-il insisté.
M. Ndiaye, technicien supérieur des pêches à la retraite, par ailleurs, s’exprimait mercredi, au cours d’un atelier diagnostic de l’AMP de Joal-Fadiouth (Mbour, ouest). Cette rencontre fait partie d’une série d’ateliers initiés par la confédération africaine des organisations professionnelles de pêche artisanale (CAOPA), dans le cadre l’élaboration d’un programme de renforcement des AMP de Cayar, Sangomar et Joal-Fadiouth.
La CAOPA a profité de ces ateliers pour offrir un important lot de gilets de sauvetage aux comités de gestion des différentes AMP concernées par ce programme qui va être appuyé par la Société suédoise de conservation de la nature (SSCN), un des partenaires stratégiques de la CAOPA.
’’Nous voulons participer ainsi dans cette politique globale de l’Etat qui vise à réduire les accents en mer avec parfois des morts d’homme’’, a relevé Chérif Younouss Ndiaye, précisant que ces gilets sont offerts dans le cadre des programmes de la CAOPA et de l’Association pour la promotion et la responsabilisation des acteurs maritimes (APRAPAM).
Des résultats encourageants ont été enregistrés dans la lutte contre la corruption dans la région de Diourbel (centre), a soutenu mercredi Seynabou Ndiaye Ndiakhaté, présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (OFNAC).
Elle s’adressait à des participants d’un atelier de clôture d’une tournée nationale entreprise par la structure dans le cadre de la vulgarisation de ses actions de lutte contre la fraude et la corruption.
Mme Diakhaté a notamment salué l’installation de l’OFNAC dans cette importante région du centre du Sénégal où s’exercent plusieurs trafics internationaux. ‘’Il s’agit de montrer aux citoyens que l’OFNAC est engagé à leurs côtés pour combattre ces fleaux’’, a souligné Mme Diakhaté.
‘’Diourbel est une ville de transit vers l’intérieur du pays et l’OFNAC entend réaffirmer cette volonté de promouvoir avec l’ensemble des populations, les valeurs d’intégrité, de dévouement au travail, et éthique’’, a fait valoir sa présidente.
Le passage des membres de l’OFNAC à Diourbel a également été marqué par l’organisation de rédaction et de dissertation sur la fraude et la corruption dans les écoles élémentaires, les collèges d’enseignement moyen (CEM), les lycées, centres de formation professionnelle et daaras (écoles coraniques).
’’Ces activités démontrent l’importance de la bataille contre ces fléaux dans les écoles par l’éloge de la probité, du bien acquis et la promotion de nouveaux comportements de rejet systématique de la corruption’’, a commenté Seynabou Ndiaye Diakhaté.
FATICK : "GOUVERNANCE NUTRITIONNELLE"
Les collectivités locales invitées à s’investir davantage
Le responsable de zone de la Cellule de lutte contre la malnutrition (CLM), Alioune Badara Fall, a invité mercredi les collectivités territoriales à prendre en compte "la gouvernance nutritionnelle" des populations dans l’élaboration de leurs budgets et plans locaux de développement.
"Nous voulons que les questions de nutrition soient prises en charge par les collectivités dans l’élaboration de leurs budgets, le diagnostic, la planification pour que demain la gouvernance nutritionnelle des populations soit gérée par ces acteurs", a dit M. Fall, soulignant que c’est "le principal défi" qu’elles doivent relever.
Il s’entretenait avec des journalistes lors de la clôture de la revue annuelle des interventions de nutrition effectuées dans la région de Fatick en 2018.
Ouverte mardi, cette réunion d’évaluation a enregistré la participation massive d’acteurs des collectivités territoriales et partenaires techniques locaux.
Il a rappelé que la CLM travaille dans le cadre de la politique de décentralisation et de développement local, de même qu’une responsabilisation des collectivités locales dans la mise en œuvre des activités de nutrition.
M. Fall a précisé que cette politique est "basée sur le transfert prochain aux collectivités territoriales de la gestion des interventions de nutrition communautaires".
’’Malheureusement, dans le diagnostic fait lors de l’élaboration du plan multisectoriel et de politique nutritionnelle locale, nous avions déjà décelé un problème de communication sur ces questions de gouvernance de la nutrition dans les collectivités de Fatick", a-t-il déploré.
Toutefois, M. Fall a estimé que globalement la situation nutritionnelle au niveau de la région est très satisfaisante.
"Nous sommes à plus de 30.000 enfants pris en charge sur les 56.000 de la région et l’objectif initial était d’avoir 30% de couverts, nous sommes arrivés largement au-delà de cet objectif", s’est-il réjoui.
La CLM est logée à la Primature du Sénégal, et intervient dans 30 communes de la région de Fatick. L’antenne centre couvre les régions de Fatick, Kaolack et Kaffrine.
SAINT-LOUIS : UNIVERSITÉ GASTON BERGER
Un forum revisite la gouvernance dans l'Afrique pré-coloniale
Le directeur de la bibliothèque universitaire de Gaston Berger de Saint-Louis, Malamine Diouf, a invité, mercredi, les étudiants et les communautés, à revisiter les "modalités d’exercice du pouvoir et les formes de gouvernance" dans l’Afrique pré-coloniale.
S’exprimant à l’ouverture du grand forum annuel de la bibliothèque universitaire (BU) de l’UGB, sous le thème : "Gouvernance, modèles de chez nous", Malamine Diouf a invité à sensibiliser les étudiants et les communautés sur ce "patrimoine scientifique et culturel peu connus".
Il s’agit "d’exhumer et de valoriser objectivement la Bibliothèque africaine", a dit le directeur de la bibliothèque, citant la Charte du Mandé, l’Université de Pire Saniakhor, le Front cultuel, les Sources orales, etc., qui constituent "autant de pans de ce patrimoine scientifique et culturel peu connu" et qu’il faut revisiter.
Pour cette édition de son Grand forum annuel, la BU propose d’interroger les "modalités d’exercice du pouvoir et les formes de gouvernance dans nos royaumes avant l’ère coloniale".
"En Afrique de l’ouest, peut-être plus que partout ailleurs sur le continent, se sont développés des Etats centralisés durables sur de vastes territoires, l’épopée des Grands empires : Ghana, Mali, Djolof, Songhaï", a-t-il souligné.
Dans les royaumes issus de la chute de ces grands ensembles, "on a continué à expérimenter des modalités d’exercice du pouvoir et des formes de gouvernance à la fois tributaires et originaux, dignes d’intérêt…", a-t-il ajouté.
A l’occasion du forum, des traditionnalistes, des enseignants-chercheurs revisiteront quelques-uns de ces modèles de gouvernance, du Fuuta au Gaabu en passant par le Kajoor et le Siin.
Parlant des instruments de gouvernance, Malamine Diouf a cité le collège des sages, l’Assemblée des Jaraaf, le Jogomaay, le Jawdin et Laman, qui étaient "des détenteurs de pouvoirs, constitués d’hommes de valeurs pour réguler et orienter la société africaine traditionnelle".
Une communication sur le royaume du Siin, animée par Pape Massene Sène, ainsi qu’une communication sur l’Almamiya du Fuuta, par Mamadou Youry Sall et une autre sur le royaume du Kajoor, par Lamane Mbaye, sont au menu du grand forum de la BU.
PAR ALMAMY Mamadou WANE
POUR UNE JUSTICE IMPARTIALE
EXCLUSIF SENEPLUS #Enjeux2019 - Le prochain Président devra convoquer des Assises de la Justice pour une gestion sobre du pays - Il faut en finir avec cette mode qui fait de chaque citoyen, un potentiel négociateur de ses droits
#Enjeux2019 - Le recours systématique à la justice pour le règlement des questions politiques constitue l’empreinte d’une gouvernance opaque et périlleuse. Dans ce contexte, la gestion du bien commun dans un espace républicain cesse d’être le lien qui unit le peuple et ses élus. Il est évident que le Sénégal est entré dans une ère sombre et difficile qui consacre une justice à deux vitesses : elle va extrêmement vite dès lors qu’il s’agit d’épurer un contentieux politique. Une justice à la hussarde qui ne prend pas la peine d’user d’un habillage juridique cohérent pour se donner une légitimité. Qu’en est-il de la justice au quotidien dont les jugements sont repoussés aux calendes grecques ?
L’État de droit est mis à mal lorsqu’un détenu jugé et condamné est libéré nuitamment dans le cadre de négociations politiques secrètes. Après cela, peut-on encore parler d’une justice indépendante ou d’indépendance de la justice ? Puisque la façon de faire de la politique grâce au jeu des alliances protectrices donne le tempo et qu’une impunité est possible dès lors que l’on rejoint le camp au pouvoir. Comment ignorer l’exigence de justice comme étant le moteur d’un Etat responsable ?
Comment ôter de l’esprit du citoyen l’existence d’une justice sur mesure ou de connivence ? Rien ne semble pouvoir atténuer un tel malaise au sein de notre société.
Cette situation délétère grève le moral du citoyen de façon durable et fait de la parole publique une sorte de bruit de fond vite balayé d’un revers de main.
Lors du procès du Maire de Dakar, on pouvait sentir ce goût inattendu de la population pour la justice. Des hommes et des femmes aux origines sociales diverses se bousculaient dans une ambiance bon enfant pour assister au procès. On pouvait voir un vendeur de fruits ou un marchand ambulant côtoyer un cadre ou un journaliste. Des vieux, des jeunes, et des femmes venues nombreuses. Le climat électrique n’empêchait pas cette communion improvisée pour écouter des débats parfois houleux entre les avocats de l’État, de la partie civile et de la défense.
- L’absence d’une justice équitable -
Il est déplorable de continuer à croire que les Sénégalais d’aujourd’hui n’aspirent pas au respect des règles du jeu. La présence de « dinosaures » dans le système politique ruine toute possibilité de réforme de la justice alors que le pays grouille de talents. La justice est devenue un « dé-régulateur » social. L’implication citoyenne dans la marche du pays ne peut résister à cette gangrène que constitue l’absence d’une justice équitable. Cette dernière devrait être au centre de tout pour sauvegarder le bien commun.
Il est souhaitable d’ériger une justice qui mette l’homme au cœur du projet national en ne privilégiant pas toujours la politique et ses avatars, qui se limitent sous nos cieux, à une politique du ventre. Nous devons en finir avec cette mode qui consiste à faire de chaque citoyen un potentiel négociateur de ses droits les plus élémentaires. Le peuple n’a souvent que des devoirs. Certains droits élémentaires leurs sont refusés comme le droit à la santé, à l’éducation, au travail, à l’eau potable, à l’électricité, etc.
De la Justice découle forcément la justice sociale.
Tous les secteurs d’activité de la vie de la nation dépendent inévitablement de cette institution. Dans le domaine économique, une justice respectée pourrait attirer davantage d’investisseurs, soucieux de sécuriser leurs capitaux, car elle fixerait d’emblée des règles du jeu indispensables à une bonne conduite des affaires publiques. Notre justice est devenue un instrument politique qui organise la perméabilité de nos frontières morales et culturelles. Une véritable justice dissuaderait n’importe quel homme politique en fonction d’user de sa position au sein de l’appareil d’État pour organiser la corruption qui a fini de détruire notre bien commun : la République.
- Des Assises nationales -
En vérité, ce qui passait comme une lettre à la poste il y a quelques années dans la gestion des affaires publiques, est devenu plus difficile, compte tenu de l’interdépendance des économies, de la rareté des richesses en partage et surtout de la révolution numérique. La crise économique mondiale est passée par là ! Cependant, il existe un espoir car les Sénégalais réunis autour de l’intérêt national ont produit un document fort utile que les tenants du pouvoir actuel ont jeté aux orties : les Assises nationales. Il y est question d’indépendance de la justice avec des propositions précises en harmonie avec un exercice démocratique du pouvoir. Couper le lien ombilical entre la justice et le monde politique devient une nécessité conformément à certaines recommandations des assises nationales qui prévoyaient :
"Un conseil constitutionnel transformé en cour constitutionnelle dotée de pouvoirs réels et des compétences requises pour veiller au respect de tous les droits constitutionnels et à la constitutionnalité des lois (…) ; le conseil supérieur de la magistrature est présidé par le Président de la cour constitutionnelle ; le parquet n’est plus sous la tutelle du ministère de la Justice et poursuit à l’exclusion de toute injonction gouvernementale (…)".
Le prochain Président de la République devra convoquer des Assises de la justice pour mettre le pays sur la voie d’une gestion sobre et patriotique. Il faudra peut-être, au préalable, dans le cadre d’une réforme constitutionnelle, rationaliser les pouvoirs du Président de la République, car il est évident aujourd’hui que l’hyperprésidentialisme fragilise la bonne marche des institutions. La justice est un pilier trop important de la démocratie pour qu’on la laisse entre les mains exclusives des politiciens.
Le Prix Nobel de la paix 2018, le Congolais Denis Mukwege, a dans son discours prononcé cette phrase simple : "Il n’y a pas de paix durable sans justice".
Almamy Mamadou Wane est écrivain, essayiste et poète. Éditorialiste à SenePlus.com. Il a publié plusieurs essais politiques. Il est l’auteur du livre "Le Sénégal entre deux naufrages ? Le Joola et l’alternance". Dans son dernier ouvrage "Le secret des nuages" paru à l'Harmattan il y a quelques semaines, il revendique une poésie sociale qui se veut au service de la collectivité.
Ne faut-il pas se rendre à l’évidence et considérer que, du fait de leur grande dépendance vis-à-vis de la Chine, les économies africaines pourraient finir par être durablement affectées par les tensions entre Pékin et Washington ?
L'année 2019 sera-t-elle celle de l’apaisement entre les États-Unis et la Chine ? Nombreux sont ceux qui se sont pris à y croire, début décembre, en voyant les présidents Donald Trump et Xi Jinping parvenir à un accord dans la guerre commerciale qui oppose, depuis bientôt un an, leurs deux pays. Hélàs, les espoirs nés à Buenos Aires, en marge du sommet du G20, ont eu tôt fait d’être douchés : quelques heures après la conclusion de cette « trêve », Meng Wanzhou, la directrice financière de Huawei et fille du fondateur du géant chinois des télécoms, était arrêtée au Canada, à la demande de la justice américaine, qui la soupçonne d’avoir délibérément violé les sanctions contre Téhéran… D’accord, il n’a bientôt plus été question ; et le monde de retenir son souffle, en se demandant ce qu’il pourrait advenir.
À la reflexion, rien dans cette séquence n’aurait dû surprendre les observateurs des relations sino-americaines. Cela fait près de vingt ans que les deux pays s’affrontent à travers une surenchère de taxes et de droits de douane. Et que la nécessité de contenir les « ambitions hégémoniques de la Chine » a été érigée au rang de doxa par les architectes de la politique internationale des États-Unis avec une continuite remarquable. C’est l’administration Bush qui a envoyé les premiers signaux forts en accordant une place prépondérante à la zone Asie Pacifique – au détriment du Moyen- Orient. Cette orientation ne sera pas remise en cause par l’administration Obama qui a consolidé, voire amplifié sur certains points, les jalons posés par son prédécesseur. L’administration Trump, qui tente d’infléchir l’influence grandissante du géant chinois, n’aura, sous ce rapport, rien inventé.
Au beau fixe
Tout au long de ces trois administrations, reliées par un même fil rouge – celui de la peur –, Washington s’est souvent retrouvé dans une position inconfortable. Il lui a fallu négocier avec un pays devenu un acteur incontournable pour la croissance mondiale. Et, dans le même temps, déployer un arsenal de mesures commerciales, diplomatiques et militaires, comme la hausse des ventes d’armes aux pays frontaliers de l’Empire du milieu, qui laissent peu de place au doute sur ses intentions...
Cette politique – que certains ont vite fait de caractériser de schizophrénique – n’a-t-elle pas finalement renforcé les appétits chinois ? Cela n’est pas exclu. Mais une chose est claire : les questions d’excédent (ou de déficit) commercial vont prendre le pas, au moins à court terme, sur toute autre considération.
Quid de l’Afrique dans cette guerre condamnée a s’intensifier ? Elle a jusqu’à présent été relativement épargnée, et semble même en mesure de tirer parti de la situation. C’est du moins une lecture possible de l’adoption en octobre 2018 par le Sénat américain d’un texte créant une nouvelle institution de financement du développement, dont on peut valablement penser qu’elle est une réponse directe de Trump à l’initiative chinoise « One Belt, One Road » et aux 60 milliards de dollars promis par Xi Jinping en faveur du développement du continent. Par ailleurs, en dépit de quelques soubresauts avec l’Afrique du Sud, le Rwanda ou la Mauritanie, l’AGOA – loi américaine sur la croissance et les perspectives économiques en Afrique, qui donne droit à un certain nombre d’avantages commerciaux – est demeurée intacte. De la même manière, et malgré quelques récriminations ici ou là, les relations sino-africaines sont globalement au beau fixe. En dix ans, les investissements chinois sur le continent ont d’ailleurs atteint un ordre de grandeur comparable à celui – historique – des États-Unis et continuent de croître.
Mais le beau fixe n’est-il pas par nature passager ? Ne faut-il pas se rendre à l’évidence et considérer que, du fait de leur grande dépendance vis-à-vis de la Chine, les économies africaines pourraient finir par être durablement affectées par les tensions entre Pékin et Washington ? Point n’est besoin d’être un grand spécialiste pour comprendre que lorsque les États-Unis augmentent leurs taxes sur les produits chinois, ceux-ci se vendent moins et les matières premières africaines qui servent à leur fabrication aussi. Si donc l’économie chinoise venait à marquer le pas, l’Afrique serait forcément affectée, d’autant que les aides ou les projets chinois sur le continent pourraient être revus à la baisse.
L’effet domino redouté n’a pour l’instant pas eu lieu, mais l’Afrique se doit d’écarter le spectre d’un tel scénario, dans lequel elle serait une simple victime collatérale. Heureusement, d’autres perspectives peuvent être envisagées. Le salut pourrait venir de la diversification des économies, l’idée étant de réduire la dépendance tant par rapport aux importations chinoises que vis-à-vis des exportations vers les États-Unis. Une grande incertitude porte sur la possibilité d’une reconfiguration des chaînes de production depuis la Chine, qui reste l’usine du monde, vers un mode d’organisation plus éclaté : Pékin n’a-t-il pas déjà délocalisé vers d’autres pays d’Asie du Sud-Est, pour contourner les restrictions douanières ? Pourraitelle envisager d’en faire de même avec l’Afrique, et ainsi lui permettre de développer des industries et de créer des emplois ? Si l’option est envisageable, le continent est-il outillé à court terme pour en tirer parti, quand on sait que cette reconfiguration est une option exigeante en temps et en ressources humaines et financières ?
Pour l’heure, il est vraisemblable que la guerre commerciale sino-américaine ne constituera pas, pour la vaste majorité des économies africaines, l’opportunité d’accroître leur marges de manoeuvre ou de réduire leur dépendance. Au mieux, elle fera office de piqûre de rappel en faveur de réformes en profondeur... Car si un tel affrontement entre deux géants n’est bon pour personne, les seuls à pouvoir en tirer un quelconque bénéfice seront les grands émergents du monde en développement. Et peu sont africains.
PAR AMADOU LAMINE SALL
17 ANS QUE SENGHOR DORT SANS FIN
Monsieur le président, vous assistez de là où désormais votre regard déshabille toutes choses, aux tribulations du pays dans ce qui devait être un moment apaisé de responsabilité et qui, sous nos yeux, se révèle comme un tragique théâtre politique
C’est le 20 décembre 2001 que vous nous avez quittés : pourquoi ceux que nous aimons meurent-ils ? Que restent-ils de ceux qui voyagent si loin, si près, si ce n’est la mémoire de ceux qui sont encore restés et qui se préparent, eux aussi, pour l’éternelle couette de terre ? Alors, que reste t-il vraiment qui surmonte le temps, si ce n’est les livres d’histoire ? En écrivant ces mots, mon cher poète, je pense à vous, je pense aussi à un autre homme disparu le 4 décembre 2018 dernier, à 16 jours du 17ème anniversaire de votre grand sommeil. Le Sénégal a pleuré Sidy Lamine Niasse, d’une année mon aîné, enfant de Kaolack comme moi. J’évoque sa mémoire ici, car ma maman l’aimait et elle a beaucoup, beaucoup pleuré quand je suis allé dans sa chambre lui annoncer notre deuil. Je n’aime pas voir ma mère pleurer. Que l’on ait de l’estime pour lui ou non, Sidy Lamine était Sidy Lamine. « Amadou, je viendrais embrasser notre maman, bientôt », m’avait-il lancé à la fin du dîner en la résidence de notre ami, l’Ambassadeur de Palestine, Safwat Ibraghith. La Palestine belle et rebelle, se souvient toujours de Léopold Sédar Senghor ! Tous vos successeurs lui ont gardé ce que tu lui avais donné, le premier ! Un héritage qui honore notre pays au sein de la communauté internationale.
Si cher poète, comme le temps est long depuis votre grand sommeil ! Et pourtant, vous êtes si présent en nous, avec nous. Pas une année où aux plus reculés des hémisphères, l’on ne vous fête ! Nous rentrons de Paris le 9 novembre 2018 où l’Académie des Sciences d’Outre-mer célébrait, autour de la thématique de la trilogie de la paix, trois grands noms : Léopold Sédar Senghor, Martin Luther King, Alfred Manessier le peintre. Monsieur Moustapha Niasse, votre ami si fidèle, disciple invincible, en sa qualité de président du Conseil d’Administration de la Fondation L.S.Senghor en était l’invité d’honneur. Maître Boucounta Diallo, Raphaël Ndiaye, directeur général de la Fondation et votre peul qui a migré dans les bras des Sérères, étaient présents au pays de Victor Hugo. C’est comme si vous y étiez et vous y étiez ! Monsieur Gérard Bosio, le fils inconsolé et qui fut votre conseiller, nous y a accueillis. Il s’échine, avec grand mal, à ouvrir un musée en votre nom où seraient enfin exposées toutes les œuvres du patrimoine que vous lui avez laissées et qu’il garde comme le dernier grenier de mil ! Au même moment, Emmanuel Macron le jeune Président français qui tisse sa légende mais à qui un mouvement populaire sorti de l’exaspération et de la pauvreté, dénommé les « Gilets jaunes », lui ôte ses aiguilles et ses étoffes, pourrit le quinquennat, met la France à nu, face au monde. Le Président français recevait près de 70 Chefs d’État, pour la commémoration du 11 novembre, cent ans après la 1ère guerre mondiale de 14-18.
J’ai pensé alors au soldat Senghor, combattant de la seconde guerre mondiale ! Je me souviendrais toujours de mon voyage à Saint Médard en Jalles, non loin de Bordeaux, cette localité où vous aviez été interné comme prisonnier de guerre et dont la médiathèque porte désormais votre nom. Vous imaginant dans ce camp près de 82 ans plus tard, j’ai mesuré en foulant ce sol, combien la grâce divine vous avait préservé de la mort. Plus fascinant encore : jamais en vous regardant gouverner, dire des poèmes, prononcer des discours, manger, dormir, l’on ne pouvait distinguer en vous que vous aviez été un seul jour de votre vie au cœur de cette boue glaciale et sanglante que fut le théâtre de la guerre, en ce temps-là ! Je n’ai jamais vu et entrevu en vous que la lumière ! Ou cachiez-vous donc cette vie antérieure, me suis-je toujours demandé à vos côtés ? Est-ce donc la poésie qui avait tout embelli en vous ?
Tiens, le 25 novembre, en entrant dans les locaux de la nouvelle radio « imedia », où j’étais venu prendre part à un débat animé par le teigneux journaliste Alassane Samba Diop, je vous ai trouvé à l’accueil avec Nelson Mandela. Oui, une belle photo de vous et du grand zoulou décorent les locaux de cette naissante station radio ! Bel hommage d’une solide compagnie d’invincibles journalistes, dont Mamoudou Ibra Kane, Antoine Diouf, Khalifa Diakhaté, entre autres. Vous êtes ainsi dans le cœur d’une nouvelle génération médiatique qui triomphe par sa rigueur et sa qualité.
Si cher poète, Monsieur le Président -dans l’ordre alphabétique-, vous assistez de là où désormais votre regard déshabille toutes choses, aux tribulations du Sénégal dans ce qui devait être un moment apaisé de haute responsabilité et qui, sous nos yeux, se révèle comme un tragique théâtre politique de fous et d’hallucinés. La politique et des ambitions démesurées ont rendu méconnaissables notre pays. Notre chance, cependant, est que le plus grand nombre du peuple Sénégalais reste grand et lucide. Seule l’arène politique est atteinte d’un cancer généralisé. Nous espérons que le suffrage universel, au lendemain des élections présidentielles de février 2019, guérira très vite, au réveil, les plus atteints. Le système fort contesté dit du parrainage a déjà sorti de la chimiothérapie quelques chanceux. Un vent de folie et d’ambition que rien ne semble arrêter, pollue jusqu’à l’eau de nos robinets. Le peuple se tait. La horde des politiciens déferle sur nos vies. Sans respect. Avec une poignante honte. Ce visage là ne ressemble pas à votre pays. Tant pis si nous acceptons cette fatalité. Peut-être mènera t-elle à un jour nouveau, une autre manière de faire de la politique, une autre manière d’être digne.
Votre 4 ème successeur bâtit, bâtit, bâtit ! Quelque soit l’adversité, il sera difficile de dire de cet homme qu’il fut un flâneur tenant en laisse une tortue pour installer son pays au cœur de la modernité. Nous lui souhaitons que l’histoire de son héritage ne soit pas d’argile ! Mais nous n’oublions pas que des Chefs d’État africains paient cher pour offrir la pauvreté à leur peuple ! Ce qu’il nous faudrait accélérer serait plutôt l’émergence d’industries productives, génératrices d’emplois et de richesses, exportatrices, sans lesquelles il ne saurait y avoir de véritable pays avancé. Là, se logent nos faiblesses. Il faudra bien résorber ce gap ! L’État seul ne saurait y réussir, mais il doit pousser dans ce sens le secteur privé national et international, dans un partenariat dynamique, qui relaie et complète les actions de l’État.
Macky Sall, c’est son nom, cher poète, brigue un second mandat en février 2019. Le temps de vos 20 ans au pouvoir est bien sûr révolu. Je vous vois d’ailleurs en rire ! Vous nous avez toujours confié que vous étiez arrivé au pouvoir par accident et que vous ne comptiez pas y rester longtemps, jusqu’à cette fameuse et si contestée tentative de coup d’État qui changea le temps de votre mandat. Votre 4ème et jeune successeur a fixé la norme à deux mandats de cinq ans. Après lui, nous souhaitons que les Sénégalais approuvent un mandat unique dont la durée restera con sensuellement à être fixée, afin d’avancer et d’éviter à notre pays de détestables échéances trop proches les unes des autres qui nous installent dans des campagnes électorales permanentes, sans compter les inévitables compromissions de renouvellement de mandat avec de grosses coalitions politiques qui ne viennent pas que pour boire du thé !
Tiens, le Musée des Civilisations Noires dont vous rêviez vient d’être enfin inauguré, 11H, le jeudi 6 décembre 2018, par l’heureux Président Macky Sall ! Près de 93 ans d’attente, décompte fait ! En effet, que de temps parcouru depuis 1925, date d’évocation de ce projet par un certain Lamine Senghor, puis 1957 avec les assises de Rome autour d’intellectuels et d’artistes, 1966 avec le totémique Festival mondial des arts nègres, 1974 avec le Conseil des ministres spécial de Dakar sur le musée. Quatre dates marquantes révélées par l’actuel ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly devant le Parlement, le 4 décembre 2018 ! L’inauguration du tant souhaité projet du Mémorial de Gorée attendra combien d’hivernages ? Le Président Sall a dit oui à ce projet dans son discours d’inauguration du Musée et l’a réitéré en lettres d’or au Conseil des ministres du mercredi 12 décembre 2018. Enfin, le symbole de toutes les mémoires souffrantes serait érigé pour l’histoire et dans l’histoire des Noirs de toutes les couleurs!
Que te rapporter d’autre, cher poète, en ces temps incertains du monde. Les États Unis d’Amérique scalpent les États libres et son invraisemblable et fatidique Président a ouvert des boutiques de linceul le long de ses frontières. La Grande Bretagne lutte contre elle-même et aiguise ses couteaux avec ses propres dents en sortant de l’Union Européenne par le « Brexit ». La Chine continue sa marche jaune devenue jaune-arc-en-ciel, pour dire que ses conquêtes sont devenues grandes. L’Afrique s’organise. Juste le temps encore d’enterrer le reste des Chefs d’État qui l’humilient et la déshonorent ! Mais nulle part dans le monde, la démocratie ne porte des habits de grande lumière. La justice, non plus. Le combat des écologistes s’intensifie, conséquence de l’accélération du réchauffement climatique face à des gouvernants aveugles et suicidaires. La 3ème guerre mondiale est déclenchée : nature contre homme. La fin n’est plus loin ! Au Sénégal nous luttons contre un projet de port monstrueux, une pieuvre géante et puante qui étend ses tentacules de Ndayane à Toubab Dialaw, sur un des plus beaux littoral sénégalais ! Un génocide écologique qui s’annonce si le Président Sall n’y apporte pas la plus précieuse et la plus patriotique des attentions ! Déjà, les catastrophes du port de Bargny-Sendou sont désormais ressenties jusque chez toi, cher poète, à Joal la Portugaise ! Tes vertes vérandas sont menacées par la suie noire des vents noirs de la pollution. La poésie résiste, mais jusqu’à quand ? Mais le temps des poètes n’est pas fini ! Dans l’actualité des réflexions du monde, j’apprends ceci du chercheur américain André Tanenbaum : « Dans le futur, chacun possédera chez soi un terminal connecté à un réseau d’ordinateurs. On pourra faire des référendums spontanés sur des questions législatives importantes. Plus tard, on pourra supprimer les représentants du peuple au bénéfice de l’expression populaire directe. » Par ailleurs, sur un autre sujet de langue et de religion, je partage avec vous ces éclairantes leçons de Fawzia Zouari : « Des élus français confondent l’enseignement de l’arabe avec l’enseignement du Coran. Ils se trompent. L’arabe existait avant le Coran et était une langue de poésie avant tout. De même que bien des musulmans prient sans savoir lire ni écrire. Donc, il n’est point besoin d’apprendre l’arabe à l’école pour connaître et pratiquer la religion (…) le plus grand pays adepte de cette foi, l’Indonésie, ne parle pas l’arabe (…) le musulman peut naître chinois (…) l’arabe est aussi la langue des juifs et des chrétiens d’Orient ».
Mon cher poète bien-aimé, dans mes lectures qui m’éloignent de l’environnement médisant et nauséabond de nos politiques, de l’angoisse de nos peuples, j’ai appris que Dieu nous parlait et nous écrivait tous les jours avec des consonnes et que c’était à nous d’y introduire les voyelles, pour tracer et assurer notre propre verticalité vers Lui.
Votre pensée nous manque. Elle nous donnait à boire quand nous avions grand soif !
En ce 20 décembre 2018, 17 ans après votre grand sommeil, sur votre tombe poussent des poèmes que des pèlerins sont venus écrire pour vous et qu’ils n’ont pas voulu signer. Quand arrive le vent, il les essaime dans tout le cimetière de Bel air et les morts les lisent à haute voix la nuit avec Julien Jouga.
Vous ne nous avez jamais quittés !
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SERIGNE SALIOU GUÈYE
SIDY LAMINE ET LES TARTUFFES
EXCLUSIF SENEPLUS - Abhorré hier, il est sanctifié aujourd’hui - Que nous vaut donc cet élan de sympathie soudain des politiciens pour quelqu’un qu’ils ont toujours insulté, caricaturé et diabolisé ?
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 19/12/2018
J’avais volontairement décidé, depuis la disparition tragique de Sidy Lamine Niass, de ne hurler en même temps avec les loups de crainte que ma voix ne soit confondue à cette cacophonie de tartuffes sans aucune vergogne pour adorer aujourd’hui ce qu’ils ont abhorré naguère. Depuis l'annonce de la mort de Sidy Lamine Niass, décédé à l'âge de 68 ans, un ballet incessant d’hommes politiques se poursuit au domicile du défunt et de nombreux messages de sympathie émanant de ses amis, fans, proches et talibés fleurissent sur les réseaux sociaux. Le chef de l’État, lui aussi une semaine après le décès de Sidy Lamine, a présenté ses condoléances au frère du défunt et à toute sa famille en déclarant partager avec eux toute la douleur qui les étreint. En somme, le peuple attristé par la disparition du patron de Walfadjri a fait part de son émoi. Mais, il en est parmi ces messages de sympathie, beaucoup émanant des gens du pouvoir qui puent les miasmes de l’hypocrisie. Sidy doit frémir d’étonnement devant cette bordée débordante de louanges hypocrites déversées sans retenue sur sa tombe.
Un combattant contre l’obscurantisme
Rendant personnellement hommage à Sidy, je dirai qu’il a été et qu’il demeure une figure emblématique de la presse sénégalaise. Le brillant projecteur qui a illuminé l’aurore de la presse privée avec les autres mousquetaires que sont Mamadou Oumar Ndiaye, Babacar Touré et Abdoulaye Bamba Diallo, s’est éteint abruptement. Et ce, au moment où le secteur des médias est envahi de plus en plus par un essaim d’hommes politico-affairistes dont la seule mission est de faire de ces derniers, une presse de connivence et de révérence, pour reprendre les termes de Serge Halimi. Oustaz Sidy était une véritable école. Son parcours exemplaire et son engagement sans faille faisaient de lui un symbole de l'abnégation et du dévouement. Je l’ai connu dans les années 80 par sa plume rageuse qui pestait hebdomadairement dans la quatrième de couverture du magazine WalFadjri contre l’Etat d’Israël occupant les terres palestiniennes. « Si chaque musulman versait une bouilloire d'eau sur Israël, l’État sioniste s’évanouirait », ce cri de guerre contre l’Etat juif, Sidy la prononçait courageusement dans un contexte où beaucoup de nos dirigeants africains n’osaient moufter contre le puissant Etat colonisateur. Depuis lors, cette plume impavide et audacieuse s’est « encrée » dans ma tête et surtout dans mon cœur. Je me rappelle cette période de tension avec la venue au Sénégal de Cheikh Sharifu qui avait bouleversé le landerneau religieux sénégalais. Sidy Lamine Niass était l’une des rares voix contradictoires qui avait osé parler d’arnaque et de manipulation. Et sa posture rejoignait la contribution que j’avais publiée dans le journal Walf à côté de celle du défunt magister Oumar Sankharé. Et pour montrer que l’affaire Sharifu n’était qu’une machination orchestrée de toute pièce par des dignitaires religieux au dessein inavoué, Sidy avait envoyé le journaliste Yoro Dia en Tanzanie pour enquêter sur ce chérubin qui récitait mal la Fatiha. Les investigations de l’envoyé de Walf mirent à nu toute la supercherie et l’imposture qui entouraient le mystère Sharifu. Le vrai Sharifu n’avait jamais quitté la médersa de son maître El Bakhatir. Finalement, l’oncle de Sharifu, disciple de Bacchus et amateur de chairs fraiches, fut appréhendé aux Etats-Unis dans un hôtel entouré de prostituées lui réclamant l’argent de ses parties de jambes en l’air. Ainsi finit l’arnaque Sharifu tel un conte de fées. C’est ce combat contre l’obscurantisme religieux qui inspirait la philosophie de vie et la praxis de Sidy Lamine Niass. Et ce même engagement, il l’a manifesté toujours dans le combat démocratique. Et dans sa trajectoire, il l’a chèrement payé par un séjour carcéral sous le règne de Senghor et une garde à vue sous celui de Macky le 30 décembre 2013. Motif : « troubles à l’ordre public et offense au chef de l’État ».
Hommages tartuffes
Dès l’annonce de son décès, l’ensemble du champ médiatique et politique s’est précipitamment rué sur les plateaux de Walf pour rendre hommage à l’illustre disparu. Mais dans ce tombereau d’hommages, il y en a qui sonnent faux. Quand je vois des gens du pouvoir actuel, comme des anciens, verser des larmes pour Sidy aux fins de manifester la douleur qui les tétanise, j’ai envie de m’étrangler. Que nous vaut donc cet élan de sympathie soudain des politiciens pour quelqu’un qu’ils ont toujours insulté, caricaturé, diabolisé voire démonisé ? Quelle condescendance de la part de ces faux-culs qui hyperbolisent à tout-va ! Toutes les méthodes les plus abjectes que le pouvoir réserve à ceux qui ne partagent pas leurs schèmes de pensée ont été utilisées contre le patron de Walf pour l’anéantir.
Mbaye Ndiaye éploré n’a pas hésité, lors de son hommage en direct le 4 décembre sur Walf TV, à entrecouper son intervention avec des sanglots. « Nous avons perdu un grand homme. Je salue le courage de l’homme dans son combat démocratique. Il était venu chez moi un jour. C’était très difficile pour moi. Il est venu jusque dans ma chambre pour prier pour moi », dixit le ministre d’Etat. Pourtant, ce dernier qui revendique à titre posthume l’amitié de Sidy, a été l’un des premiers à l’exécuter publiquement sous le règne de Macky. Le 29 décembre 2013, présidant le meeting de la transhumante de Me Nafissatou Diop Cissé à Kaolack, il a appelé ses frères de parti, les ministres Augustin Tine, Anta Sarr, Diène Farba Sarr, la députée Awa Guèye et autres à faire bloc contre Sidy Lamine Niass (qui accusait Macky Sall d’enrichissement illicite) et à solder les comptes avec celui qu’il traite de « vile maître chanteur ».https://www.setal.net/Mbaye-Ndiaye-appelle-a-la-riposte-contre-Sidy-Lamine-Niasse_a22238.html
Quant aux insultes publiques de Moustapha Cissé Lô sur le boss de Walf qui méritaient une convocation du procureur de la République, la décence et l’éducation ne permettent de les rapporter.
Quid des propos de Youssou Ndour qui disait lors de sa présentation des condoléances à la famille de Sidy que ce dernier est sa référence ? Voici ce qu’il disait le 29 décembre 2013 en marge de l’inauguration de l’hôtel Teranga Ndar : « Il faut que nos institutions soient respectées et la présidence de la République. Il y a trop de laisser-aller dans ce pays. Si quelqu’un a des problèmes qu’il les règles ailleurs. Les hommes et femmes qui incarnent les institutions doivent prendre leur responsabilité. Il y a des gens animés de la volonté de détruire. Ce sont des revanchards ».
Abdou Mbow, vice-président de l’Assemblée nationale, a produit ce communiqué à l’annonce de la mort du patron de Walf : « C'est avec une grande tristesse que j'ai appris le décès du PDG du groupe Walfadjiri. Un homme qui s'est battu toute sa vie durant pour la démocratie dans son pays mais aussi par le travail ». Pourtant, dans la même période de décembre 2013, il taxait Sidy Lamine Niass « d’adepte de Satan ». Il indiquait que « la seule personne dont la preuve d’enrichissement illicite, donc d’un vol, était étalée sur la place publique depuis des années c'était Sidy Lamine Niass ». Et il concluait que « Sidy Lamine Niass était un illuminé qui avait sa place à l’hôpital psychiatrique de Thiaroye ».https://www.leral.net/Abdou-Mbow-descend-Sidy-Lamine-Niasse-Cet-adepte-de-Satan-et-voleur-public-a-offense-les-mourides-et-l-Eglise_a102494.html
Les femmes de l’APR n’ont pas été en reste dans ce pilonnage sans aménités sur Sidy Lamine. Sous la direction de Marième Badiane, elles ont émis un communiqué le 29 décembre 2013, demandant à leur mentor de ne pas rendre « à l’âne son coup de patte ».
Et Thérèse Faye de boucler ce déluge d’insultes sur le patron de Walf dont le seul tort est d’avoir joui de la liberté d’expression, liberté consacrée dans la Charte fondamentale de notre pays. « Sidy Lamine Niass a la nostalgie des mallettes remplies d’argent de Wade. Mais ce qu’il semble oublier c’est que Macky Sall n’est pas Abdoulaye Wade et les mallettes d’argent, c’est fini maintenant. Macky Sall ne va pas céder aux chantages et Sidy Lamine Niass n’aura pas gain de cause cette fois-ci, alors il n’a qu’à arrêter », avait déclaré haineusement la directrice de la Case des Tout-petits.
A ces insultes, s’ajoutent la pression fiscale et l’interdiction à tous les services publics et même à certains privés de donner de la publicité à Walf, au moment où d’autres médias bénéficient d’exonération fiscale et d’un marché publicitaire impressionnant. Cela est confirmé par l’alors Secrétaire d’Etat à la communication Yakham Mbaye qui, le 12 mars 2017, en direct à la RTS, s’en est vivement pris à Sidy Lamine Niass, lui reprochant « son refus total de solder la somme de 500 millions de FCFA qu’il doit à l’Etat et 19 fréquences à payer à l’Artp ». Combien de fois, des injonctions ont été donnés à l’ancien président du CNRA pour fermer Walf pour défaut de respect du cahier de charges ? Mais Babacar Touré a su toujours résister car plusieurs télés confrériques ou pro-pouvoir du champ médiatique ne sont pas en règle. Absurdement, le président Macky Sall a remis lors de la présentation de ses condoléances 20 millions à la famille de Sidy quand lui-même a toujours actionné ses services fiscaux pour asphyxier Walfadjri. Walf plie mais ne rompt jamais.
Aujourd’hui ce qui choque, c’est l’hypocrisie de ces gens du pouvoir. Hypocrites car lui chantant toutes sortes de louanges alors qu’hier ces mêmes personnes ont traité le mollah de Sacré-cœur de tous les noms. Voici Sidy Lamine Niass aseptisé qui entre au panthéon des braves types, encensé et acclamé par des tartuffes qui ne méritent même pas l'honneur d'avoir le droit de parler de lui. De toutes les manières, Sidy restera à jamais dans le cœur et la mémoire des Sénégalais musulmans comme chrétiens. Abhorré hier, il est sanctifié aujourd’hui. Il tire sa révérence en héros de l’Islam et combattant intrépide de la démocratie. Certains de ses contempteurs font semblant de pleurer aujourd’hui sa mort, d’autres hypocrites le béatifient et ne tarissent pas d’éloges sur son œuvre. Mais nous connaissons ses vrais amis. Les hypocrites, eux, se découvrent et se reconnaissent facilement.
Je terminerai par ces derniers versets de la sourate Walfadjri pour le repos de l’âme de celui qui marquera éternellement d’une pierre blanche l’histoire de notre pays.
« Ô toi, âme apaisée,
Retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée ;
Entre donc parmi Mes serviteurs,
Et entre dans Mon Paradis».