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19 septembre 2025
LA CHRONIQUE HEBDO D'ELGAS
GOLBERT, LE VIEIL ENFANT ET LA MÉDAILLE
EXCLUSIF SENEPLUS - Toute la présence coloniale à Saint-Louis est devenue un trésor national qu’il vante - Peu percuté par les mouvements de la pensée décoloniale, il incarne cette figure très Senghorienne que l’on aime détester - INVENTAIRE DES IDOLES
« Et je lui ai dit un jour : « Votre corps-là, pour le sauver, il faudrait se débarrasser de tous les chefs de juridiction pour les remplacer par des Français et vous verrez que très bientôt ça va changer. Et si vous prenez un magistrat français, président du tribunal de Dakar, il n’a pas de parents à Dakar, ni de marabout, et les présidents de chambre, si vous en faites des Français, ils n’auront de comptes à rendre à personne. Et en plus, ils sont protégés. » Mais je n’ose pas le dire tout haut. » Abdou Latif Coulibaly, entretien avec Jean Copans, Politique Africaine, 2006.
Le professeur Ibrahima Thioub, recteur de l’université de Dakar, est un homme discret. Puits d’érudition, dévoué à faire renaître l’université sénégalaise, l’on connaît en revanche peu dans le pays ses travaux sur l’esclavage. Des années qu’il explore en effet minutieusement le sujet complexe de l’esclavage entre africains. Objet délicat à traiter en période d’émancipation et de décolonisation, il poursuit pourtant la vérité historique en démontrant, preuves à l’appui, comment les africains ont entretenu eux-mêmes un asservissement interne.
Porteur de cette vérité désagréable, le messager Thioub n’en fait pas état dans le débat national ou continental. A part auprès de quelques cercles d’initiés et de quelques documentaires qui sollicitent son expertise, il n’est pas très bavard. Peu de gens connaissent son œuvre. Ceux qui la connaissent la maintiennent dans un silence commode, pour ne pas entacher le récit sur le primat de la responsabilité coloniale. Affronter les démons de son histoire n’a jamais été le fort de l’intelligentsia africaine. Thioub fait preuve d’un courage admirable.
Effet générationnel sans doute, la classe d’âge des Ibrahima Thioub est une l’une des plus fécondes intellectuellement. Aussi, celle qui est la plus fertile dans les discussions académiques, de comptoir, ou du thé. Sagesse et liberté de l’âge, alliées à une formation solide, hors de l’égotisme des « intellectuels médiatiques et politiques », on écouterait des heures ces types parler. Pas beaucoup de postures, pas la quête de la lumière, une distance saine existe très souvent entre l’homme et l’œuvre. Il y a très souvent chez eux quelque chose entre la résignation et la lutte, une vie à minima.
Dans chaque ville du Sénégal, on rencontre ce genre de messieurs, la cinquantaine révolue, généreux dans la discussion, qui racontent l’époque des blancs entre autres souvenirs. Ils disent la qualité de leur diplôme jadis. Leur émoi de la fièvre des années 70. Les attroupements à l’université pour voir en 74 the « Rumble in the jungle » entre Ali et Foreman. Ils racontent les vestiges encore apparents de cette colonisation qu’ils ont combattue, mais dont ils ne gardent pas que de mauvais souvenirs. Ils évoquent cette histoire nationale entremêlée d’influences diverses. Les cinémas de Mambéty et de Sembène, l’effervescence marxiste dans l’université, l’élite intellectuelle militante. Tout cela, avec le recul, apparaît comme un âge d’or bouillonnant d’idées. La classe intellectuelle a eu les armes pour combattre le système qui l’avait formée. Elle a même intégré, dans certaines mesures, la tare des blancs dont parlait Cheikh Hamidou Kane : l’art de vaincre sans avoir raison.
Chez les autres de la même génération qui n’avaient pas eu la chance d’aller à l’école, la nostalgie est présente, elle se vit juste autrement. La somme des paysans, des employés, des ouvriers, des commis, de l’Etat colonial et de l’Etat fraichement indépendant, sont souvent si prompts à vanter l’ordre qui régnait. Ils parlent volontiers, avec ce refrain connu, « du temps des blancs » comme d’un temps béni, où un semblant d’administration de qualité régnait. Ils évoquent aussi ces rues que l’on revoit dans le Camp de Thiaroye de Sembène, propres et bien entretenues. Ils parlent de cette relation avec leurs patrons de jadis, de laquelle ils ne gardent pas que de l’amertume. C’est ainsi que l’on entend souvent, dans cette génération, ces propos troublants pour notre époque : « c’était mieux du temps des blancs ». La comparaison avec notre temps crée un malaise compréhensible. Dans chaque province sénégalaise, mieux encore, dans les ex-quatre communes, persiste, à des degrés divers, ce vieux sentiment d’un passé meilleur. Chez eux, qui n’ont pas eu les privilèges intellectuels obtenus à l’école des blancs, c’est comme s’il n’y avait plus de pudeur à dire clairement ce sentiment qui dérange. Il n’y a ainsi pas de filtre chez eux. On pense au livre fondateur de Achebe, "Things Fall apart…"
A trop oublier les différentes classes sociales qui préexistaient au fait colonial, aux castes, aux hiérarchies endogènes, on a presque oublié une somme d’intérêts divergents. Beaucoup de jouisseurs de l’ordre colonial, de privilégiés, et aussi des aliénés purs et simples, ont gardé de cette période des souvenirs et surtout des galons dans la hiérarchie.
(El Hadj) Alioune Badara Diagne dit Golbert appartient à cette génération. Il appartient surtout à ces deux groupes, lettrés et populaires. Il est un fils saint-louisien, ville sans doute la plus coloniale du Sénégal. Il aime cette ville, dont il récite l’histoire. Blanche ou noire, il la conte comme un patrimoine qu’il a honoré dans les téléfilms qui ont fait de lui cette vedette nationale tant aimée. Il y a quelque chose de très sénégalais chez Golbert, le papa fantasque et aimant, cette figure de l’autorité, avec cette bonhommie et cette grande générosité. Il ajoute à tout cela un rire chaleureux. Sorte de Louis de Funés Sénégalais ou Bakary Bamba dans Bal Poussière, ses apparitions sur le petit écran l’ont rendu familier de beaucoup de foyer.
Dans la troupe Bara Yeggo, il incarnait une palette de rôles, mais toujours dominait celui du père, du mari du père gâteau et déconneur dans la publicité. C’est en papa que les sénégalais l’ont connu. En papa saint-louisien, pèlerin précoce à la Mecque, en papa qui dit la bonne parole. Mais chez Golbert, toute la présence encore coloniale à Saint-Louis, l’une des plus vastes du pays, est devenue un trésor national qu’il vante. Peu percuté par les mouvements intellectuels de la pensée décoloniale, il incarne cette figure très Senghorienne que l’on aime détester. Le vieil enfant aime sa médaille historique et c’est un amour impossible.
Quand Golbert décide de chanter récemment au micro de la BBC, ce passé colonial et certains de ses aspects, alors qu’une horde d’activistes souhaite déboulonner les monuments symboles de la présence française à Saint-Louis, il devient le vilain de l’histoire. Plusieurs réactions le crucifient. Le document vidéo, puissant et implacable, fédère contre lui une somme importante d’activistes à la cible toute trouvée : l’aliénation et son symbole. Exit l’ancien apôtre du théâtre national, l’acteur des publicités légendaires, ne reste plus que ce « vieux sénile » que l’on pend en place publique pour intelligence avec l’ennemi. Le symbole national de la veille devient la honte du lendemain. Cruelle temporalité.
En réalité, Golbert s’est fait ambassadeur d’une pensée de la vieille école qui court dans la ville et dans la province. Que les gens de sa génération confessent souvent. Beaucoup de vieux, qui n’ont plus d’enjeux, confient cette nostalgie. On a vu récemment beaucoup d’anciens combattants pleurer de recevoir une reconnaissance et une nationalité françaises pour lesquelles ils se sont battus. Gardant pour la vieille patrie envahissante un amour coupable. La question sur l’esclavage interne a été ravivée récemment par une pique d’Abdoulaye Wade contre Macky Sall. L’actuel président a cru bon de riposter dans un livre. Mais on peut gager qu’aucun des deux n’affrontera la terrible vérité des travaux de Ibrahima Thioub. Ils se cantonneront à la querelle politique, pour se dérober au combat historique. Golbert, qui ne s’est pas renié malgré la polémique, a précisé sa pensée. Sans doute l’a-t-il mal formulée et mal pensée. Sans doute a-t-il sous-estimé la blessure coloniale. Trouver des vertus à la colonisation, c’est le crime dont on ne revient pas. Mais ce qu’il dit, sans juger de sa vérité ou pas, est un propos en l’air, que l’on entend souvent, chez les générations qui n’ont plus rien à prouver à qui que ce soit.
Saint-Louis garde comme Oran, les stigmates et les couleurs coloniales. Son histoire est hybride. Toute tentation de virginité est vouée à l’échec et à la contradiction. Faidherbe y est couché en pont et en statue. Marcher sur le premier pour aller déboulonner le second, c’est le nouveau sens de l’histoire qui ne manque pas de faire sourire le vieil enfant qu’est resté Golbert. Débaptiser pour rebaptiser une rue, c'est changer l'habit mais garder la substance. Ça marche pour les musées et les rapatriements. Le symbole abusif du retour souligne l’impuissance à impulser. Curieuse souveraineté que celle que vous cède votre bourreau comme miette du destin. C’est sans doute le plus grand impensé du décolonialisme, improductif et orphelin dès qu'on lui ôte le colonialisme. On l’imagine avec Marie Madeleine notre Golbert, dans son grand boubou, la blague au bout de la langue, chahuté par ses détracteurs mais combattif. L’histoire n’est pas une matière inerte, dans laquelle on fait un tri. Il faut en assumer toutes les nuances, les blessures et les séquelles. Agir, pour en amoindrir les reflux négatifs, sur l’avenir sur lequel on a prise, est une voix plus sûre que les passéismes illusoires. Si Golbert avait plus de capital intellectuel, il l’aurait dit autrement et pas aussi grossièrement. Ni le fond n’était juste, ni la forme appropriée. Ou alors il aurait écrit comme Ibrahima Thioub avec subtilité et science. Ceux qui ont ce capital, intellectuels bien repus de l’habit colonial, combattent Golbert l’idole populaire, ayant honoré pourtant, lui, le génie national. Ironies. Ironies. Ironies. Voilà un exemple des chemins de l’Histoire qui partent dans tous les sens et qui déjouent les sentiers de la militance. Mais comme dit Victor Hugo « ces choses-là sont rudes, il faut pour les comprendre avoir fait des études. »
La zone militaire numéro 5 de Ziguinchor annonce avoir neutralisé lundi un malfaiteur soupçonné d’être à l’origine de plusieurs exactions perpétrées récemment contre les populations de cette zone sud du Sénégal.
Le mis en cause a été tué au cours d’une course-poursuite avec les forces de défense et de sécurité qui le traquaient depuis quelques jours, annonce un communiqué signé du colonel Khar Diouf, commandant de la zone militaire numéro 5. Sa présence avait été notée dans cette zone depuis la deuxième quinzaine du mois d’octobre 2018. Il est présenté comme l’auteur de plusieurs exactions contre les populations locales, notamment le 27 octobre à Teubi (sortie nord de Ziguinchor) et le 3 novembre au croisement Marsassoum, à Mampalago, dans le département de Bignona.
«Soucieuse de préserver la sécurité et la quiétude des populations, peut-on lire, les forces de la zone militaire 5 ont engagé une traque contre ce malfaiteur. Ce dernier, sentant la pression, avait traversé le fleuve pour se réfugier au sud de la zone d’action entre Camaracounda, Guidel et Pouboss», des localités du département de Ziguinchor.
«CE N’EST PAS UNE CENSURE»
Ismaïla Madior sur l’article 27 du Code des télécommunications
Le gouvernement ne s’est jamais mis dans une perspective de censurer internet quand bien même une disposition du nouveau Code des télécommunications permet de supprimer des contenus sous le contrôle d’un juge, s’est défendu mardi à Dakar le garde des Sceaux Ismaïla Madior Fall. «Le gouvernement ne s’est jamais mis dans des perspectives de sanction ou de censure. L’article 27 du Code des télécommunications vu par certains comme étant restrictif sur les droits des individus est une simple disposition permettant au régulateurs et aux fournisseurs de supprimer des contenus sous le contrôle d’un juge», a-t-il fait remarquer lors d’une conférence dédiée au numérique.
Des associations d’usagers et autres activistes s’étaient récemment élevés contre l’adoption de nouveau Code des télécommunications, estimant que la disposition donnant la possibilité à l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp) et aux fournisseurs de supprimer des contenus constituait une violation des libertés individuelles
L’APPEL DES MIGRANTS
DOLEANCES – Résolution de leurs problèmes conjoncturels et structurels
Malgré leur implication dans la marche du pays, les migrants sénégalais sont souvent confrontés à plusieurs problèmes comme les retraites et l’insécurité, entre autres.
Ils tiennent la plupart des ménages à bout de bras. Les migrants sénégalais sont des sources de revenus grâce à leurs transferts monétaires évalués à 1 000 milliards de francs Cfa par la Bceao, soit plus que l’aide internationale au développement. Mais il y a un hic. «Cette manne financière associée au fonds mis en place par l’Etat pour la réinsertion des migrants de retour et avec ceux des partenaires financiers pour la migration pourraient bien être canalisés par une institution financière comme une banque, une infrastructure financière qui pourrait se charger de l’appui et de l’investissement des émigrés», explique Youssou Mbengue. Le président de la Fédération des émigrés de retour propose que «cet appui à l’économie du Sénégal soit pris en compte par l’Etat qui doit se doter d’une véritable politique de migration qui intègre la protection des migrants et de leur famille».
En dépit de leur nombre important «qui d’ailleurs constitue une source de revenus pour des milliers de familles», les migrants sénégalais ne sont pas pris en compte par les politiques de développement, d’après les témoignages de M. Mbengue. «Ils souffrent d’un manque criard de protection et de sécurité dans leurs activités professionnelles», a-t-il déploré. A l’en croire, les travailleurs sénégalais dans l’espace de l’Union européenne, à l’exception de la France, ne bénéficient d’aucune convention sur la prévoyance de retraite. Ils espèrent que l’Etat comblera ce vide juridique. «Nous exhortons le Sénégal à négocier et signer des accords bilatéraux sur la protection sociale des pays d’accueil de ses migrants et particulièrement avec les nouvelles destinations comme le Brésil, l’Argentine et l’Asie», a soutenu le président de la Fédération des migrants de retour.
Il a fait cette sortie hier lors la Journée internationale du migrant sous le thème «Gouvernance inclusive de la migration, retour et réintégration des migrants et investissement productif de la diaspora». Aujourd’hui, ils sont plus de 3 millions, selon l’Ansd. «Plus de 65% des émigrés sénégalais sont établis en Afrique et la plupart se trouvent en situation de détresse», alerte Youssou Mbengue qui regrette que les migrants sénégalais en Afrique soient moins considérés que ceux qui sont en Europe et en Amérique. Souvent, certains finissent dans les réseaux terroristes à cause de leur vulnérabilité et précarité. «Cela pousse certains à se convertir en djihadistes tandis que d’autres sont devenus des passeurs de clandestins», renseigne M. Mbengue. Que faire ? «Les obstacles sont nombreux et relèvent d’une absence de coordination, de gestion inclusive des actions menées dans le cadre de la migration. Les difficultés sont liées à un défaut de partage des idées, des initiatives et même de la documentation sur l’émigration vers certains pays», a-t-il dit.
Samba Sy espère une appropriation du Pacte mondial de l’Onu, adopté la semaine dernière à Marrakech, pour des migrations sûres, ordonnées et régulières dans tous les secteurs concernés. Le ministre du Travail a fait cet appel hier à la cérémonie de célébration de la Journée internationale du migrant. Il a profité de cette tribune pour répondre à toutes leurs doléances : «Il ne faut jamais minorer les efforts qui sont faits. Notre pays a beaucoup avancé, mais il y a encore beaucoup à faire.» Il cite l’érection de la diaspora sénégalaise comme 15e région et représentée par 15 députés à l’Assemblée nationale. «Ce défi consiste à orienter l’argent envoyé par la diaspora sénégalaise au pays vers des créneaux porteurs de croissance, conformément aux orientations du Pse. Ces flux ont atteint 1 000 milliards en 2017, représentant près de 12% du Pib», explique Samba Sy. Il cite les politiques et programmes qui promeuvent les Sénégalais de l’extérieur pour leur garantir un retour et une intégration réussis.
En écho, Sory Kaba liste les conventions sur les prévoyances de retraite signées avec les pays d’accueil et signale que les négociations bilatérales sont en cours avec l’Italie, l’Espagne et la Belgique. «Pour ce qui est de l’Afrique, il y a la convention interprofessionnelle qui garantit aux travailleurs africains en Afrique la protection de leurs droits», insiste le directeur des Sénégalais de l’extérieur qui admet que des problèmes existent. «Personne ne peut les omettre. Nous tous savons que la xénophobie, l’islamophobie, le racisme sont des réalités en Occident. Ce qu’il faut pour faire face à ces maux, c’est d’organiser davantage les Sénégalais dans ces différents pays parce qu’eux-mêmes doivent porter leur propre destin. Celui qui va en Italie sans comprendre le mécanisme, les lois migratoires italiennes aura des difficultés inévitablement. Mais s’il y a une bonne association qui l’accueille, qui l’intègre et qui l’accompagne en plus du travail qui est en train d’être fait par la mission diplomatique et consulaire, nous arriverons à circonscrire ces différentes difficultés.» Il rappelle que le gouvernement a mis en place une enveloppe d’environ 1 milliard de francs Cfa pour intégrer le Sénégalais rapatrié et accompagner le potentiel migrant. Depuis 2013, plus de 6 mille Sénégalais ont été rapatriés.
Dans la plupart des pays africains, à la veille des élections, les investisseurs qui sont sur place «gèlent» leurs activités en attendant de voir, ceux qui veulent investir préfèrent attendre sagement après les élections pour le faire parce qu’il y a rien de plus aléatoire pour les investissements en Afrique que les élections. Pourquoi les partenaires financiers du Sénégal (Banque mondiale, le Fmi, la Bad …), la France et les investisseurs privés ont répondu massivement à l’appel du Sénégal à moins de 70 jours de la Présidentielle ? La réponse se trouve dans deux mots qui sont le plus revenus dans tous les discours, aussi bien dans ceux des banquiers que des acteurs publics ou politiques : stabilité politique. Ces deux mots sont plus à l’origine de la pluie de milliards que l’attractivité économique ou fiscale. C’est notre bien le plus précieux. Plus précieux que le pétrole et le gaz.
Toutes les institutions publiques comme privées qui se bousculent pour investir au Sénégal savent que le risque politique est quasi nul au Sénégal. Cette stabilité politique n’est pas un avantage comparatif, mais absolu. Le ministre français de l’Economie et des finances y a particulièrement insisté. Sur ce plan, nous pouvons apprendre des choses à la France. Au Sénégal, il y a une tradition de réformes politiques ou de négociations politiques pour éviter les révolutions, alors que «la France ne fait des réformes qu’après la révolution», comme disait De Gaulle. En matière de réformes politiques, nous faisons comme les gentlemen britanniques, mais nos hommes politiques se comportent plus en Chaka Zoulou qu’en gentlemen.
Le Président Abdou Diouf a initié des réformes politiques courageuses dans les années 90 (le fameux Code consensuel de 1993) pour desserrer et ouvrir le système politique. Ce desserrement aura été à l’origine de l’alternance en 2000. Wade, après les manifestations du 23 juin, a renoncé à son coup de force politique pour sauvegarder la stabilité politique du pays. Les investisseurs et les partenaires du Sénégal ne fuient pas le pays à la veille des élections, parce qu’ils savent que «l’alternance est devenue la respiration naturelle de notre démocratie» et que même en cas d’alternance politique, la «technostructure administrative» continuera de tenir le pays. En réalité, dans notre système, le président de la République, malgré l’immensité de ses pouvoirs, est devenu une variable face à la «technostructure administrative». C’est ce qui nous différencie de beaucoup de pays africains. L’alternance de 2000 a été un tournant dans notre histoire. En 2000, l’acteur Diouf était presque autant plus puissant que le système, et donc qu’un coup de force était envisageable. Heureusement pour le Sénégal, que Diouf a eu le sens de l’Etat et surtout de l’histoire. Les Sénégalais sont convaincus que Senghor était le choix de la France et Diouf celui de Senghor. Mais pour Wade et pour Macky Sall, point de doute possible. Ils savent que c’est leur choix. C’est pourquoi depuis 2000, le système est devenu beaucoup plus fort que les acteurs. Ce qui renforce chaque jour davantage notre stabilité politique, car chaque jour nous faisons de petits pas vers le règne impersonnel de l’Etat de droit. Mais pour l’instant, nous vivons dans l’étape transitoire de l’Etat légal.
Diouf (suppression de la limitation du mandat), Wade (tentative de suppression du quart bloquant) et Macky Sall (liquidation légale de Khalifa Sall) s’en sont tous servis pour des raisons politiques. La stabilité politique, notre bien le plus précieux, sera inaltérable quand il y aura un consensus sur les règles du jeu que le pouvoir en place ne puisse recourir à l’Etat légal pour des raisons politiques. Ce consensus sur les règles est le chaînon manquant de notre démocratie.
Les investisseurs mettent des milliards parce qu’ils sont convaincus que contrairement à la Côte d’Ivoire, au Congo Brazzaville ou au Kenya, le lendemain de la Présidentielle ne sera pas le début de la guerre civile, mais on irait plus vite à l’émergence si 95% du cerveau des acteurs de l’opposition et de la majorité n’étaient pas piratés par la question électorale. Nous avons une opposition d’une très grande qualité intellectuelle, avec des anciens Premiers ministres et des ministres d’Etat. Ce qui devait nous garantir des débats de haute facture, mais malheureusement le défaut de consensus sur les règles fait que tout le débat est cannibalisé par la question électorale. L’accélération vers l’émergence est liée au règlement de cette question, sinon notre démocratie s’enfermerait dans une sorte de mythe de Sisyphe, avec la question électorale, malgré les alternances. Les investisseurs nous font confiance dans les salons feutrés de la Banque mondiale et dans les lambris dorés de l’hôtel Salomon de Rothschild. C’est une très bonne nouvelle. L’autre bonne nouvelle est ma rencontre et une discussion intéressante avec quelques manifestants sur la place Georges Guillaumin, à quelques encablures de l’hôtel Salamon de Rothschild, qui ont bravé le froid glacial pour dénoncer «Macky Sall qui vend le pays». Ces manifestants de la place Georges Guillaumin, avec leur drapeau et leur sono, contribuent aussi à la stabilité politique et à la démocratie, car il faut le rappeler, en démocratie tout est relatif. Et c’est parce que tout est relatif que le débat est inhérent à la démocratie.
Entre Macky Sall qui se réjouit de la pluie de milliards sur le Sénégal et le déterminé Babacar Sall qui affronte le froid glacial (2 degrés) pour dénoncer le «pillage» du Sénégal et se dit tellement choqué qu’il veut changer son nom Sall pour prendre le Sow de sa femme, nous avons les deux faces ou les deux poumons de la démocratie. Et le système, comme tout être humain normal, a besoin de ses deux poumons pour bien respirer. Macky Sall a eu beaucoup de mérite en convainquant les partenaires financiers du Sénégal dans des salons bien chauffés. Babacar Sall aussi en a beaucoup en bravant le froid pour défendre son opinion. La différence de température, de conviction et d’opinion rappelle que tout est relatif, mais la confiance que le monde a pour le Sénégal confirme une constante que je défends depuis longtemps : notre pays n’a pas un problème politique, mais un vrai problème économique. Et c’est du gâchis que 95% du cerveau des acteurs politiques soient piratés par la question électorale. Il est vital d’inverser la courbe du débat.
LE CNLS ET LES ELUS LOCAUX FONT LE POINT SUR L’ENGAGEMENT DE LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA
4 ans après la prise de déclaration «les villes s’engagent»
Il y a 4 ans, 15 villes à travers le concept « les villes s’engagent » se ralliaient au côté du Conseil national de lutte contre le Sida (CNLS) pour s’engager contre le VIH/SIDA. Ainsi hier à travers un atelier organisé par le CNLS, l’heure était au bilan, mais surtout à la perspective de l’engagement des élus locaux contre le fléau du sida.
La lutte contre le VIH/SIDA constitue une préoccupation majeure pour le Conseil national de lutte contre le Sida au Sénégal (Cnls). C'est ainsi qu’il a convié, hier les représentants des 15 villes (élus locaux) qui sont inscrites à leur programme, à un atelier de plaidoyer sur l'initiative «les villes s'engagent». L'objectif était de faire le point sur le suivi de la déclaration d'engagement de lutter contre le VIH/SIDA faite en 2014. Mais également, d'encourager ces élus locaux à devenir des précurseurs et des innovateurs en matière de santé. Il vise notamment à encourager divers acteurs et secteurs à obtenir des progrès rapides. Une riposte accélérée qui permettra d'améliorer l'égalité sociale pour les personnes affectées par le VIH et avec celles vivant avec la maladie. D'après le Secrétaire exécutif du Cnls, Dr Safiétou Thiam, au Sénégal sur une population estimée à plus de 15 millions d'habitants, plus de 6 millions vivent dans les villes. Selon elle, sur un nombre de Personnes Vivant avec le VIH (PVVIH) estimé à 41 000, 56% de 23.000 personnes vivent dans les 15 villes que sont (Dakar, Guédiawaye, Pikine, Rufisque, Ziguinchor, Saint-Louis, Kaolack, Mbour, Tambacounda, Kolda, Tambacounda, Thiès, Bignona, Bounkiling, Kaffrine, Fatick).
En d'autres termes, plus d’une 1 sur 2 personnes vivent dans ces 15 villes, et 78% des femmes enceintes séropositives. "L'objectif de cette rencontre, c'est de faire déjà le point sur une stratégie que nous avons développée depuis 2014. En 2014, toutes les villes du monde s'étaient réunies pour avoir une déclaration d'engagement de lutte contre le Sida. Nous au Sénégal, la stratégie c'était de voir sur les 45 villes du pays, quelles sont celles qui supportent le plus le poids de la maladie. Donc, nous avions identifié 15 villes, dans lesquelles, nous savons que si nous intervenons, nous réglerons 60% des problèmes des personnes vivant avec le VIH et aussi 78% de femmes enceintes séropositives. Donc, en somme, de façon très stratégique, nous avons noué un partenariat avec ces 15 villes ici même (Ndlr: dans un hôtel de la place), en présence du Premier ministre, qui avait signé une déclaration d'engagement. Depuis 2014, il y'a eu plusieurs actions qui se font par les villes, dans le cadre du plan d'action pour les 15 villes et d'autres initiatives que nous avions partagées ici. Des maires qui appuient leurs communes dans la lutte contre le Sida. Donc, nous avons invité les villes, dans cet atelier, pour déjà faire le point du suivi de la déclaration d'engagement. Faire aussi le point sur les actions qui ont été menées au sein de ces 15 villes, et les mettre en relation d'échanges avec les experts de la lutte contre le Sida, pour que nous puissions les conseiller. Donc nous savons que les maires ont signé la déclaration politique, ils sont engagés au niveau de leurs communes, ils sont là pour le bien-être des populations, ils sont là également pour la prévention des maladies. Mais ces maires ont besoin de rencontrer de temps en temps les experts, nationaux. Le but de cet atelier, c'est vraiment d'échanger, mais aussi faire le point sur le suivi de la déclaration d'engagement, et aussi d’établir des plans d'action de lutte contre le Sida" a indiqué le Dr Safiétou Thiam, secrétaire exécutif du Conseil national de lutte contre le Sida
Il est devenu inadmissible qu’un enfant naisse en ville avec le VIH selon le Dr Thiam
Les évolutions dans la riposte rappellent qu’«il est devenu inadmissible de voir dans nos villes un enfant qui naisse avec le VIH » estime Dr Thiam. Pour elle, les acteurs doivent se mobiliser pour que les femmes enceintes séropositives reçoivent les médicaments ARV pour éliminer la transmission du VIH de la mère à l’enfant A en croire l'ancien ministre de la Santé sous le régime de Wade, Safiétou Thiam, dans la lutte contre le Sida, ces 15 villes ciblées sont plus vulnérables que les autres villes rurales. "Nous avons fait l'analyse, et nous avons vu que non seulement, que ces villes sont vulnérables, mais en plus, il y'a des poches de vulnérabilité. Si vous prenez une ville comme Dakar, plus de 60% de la population vivent dans les zones de haute vulnérabilité. Mais également, il y'a des villes comme Mbour où il y'a des activités qui peuvent exposer les populations comme la mobilité, le tourisme, etc... Beaucoup de choses peuvent exposer à des vulnérabilités que nous avons déclinées dans le cadre de la lutte contre le VIH. Les vulnérabilités sont spécifiques à chaque ville. Je pense que les maires connaissent mieux même ces facteurs de vulnérabilité" a-t-elle- précisé.
Soham ElWardini parle de l’engagement de la mairie de Dakar
Selon, le maire de Dakar, Soham ElWardini, la ville de Dakar s'est toujours engagée, dans tous les domaines de la santé. "La ville de Dakar, comme toutes les 14 autres villes, s’est engagée pour éradiquer ce fléau qui est le VIH/SIDA. Au niveau de la ville de Dakar, nous travaillons beaucoup et nous sommes au chevet de la population. La ville de Dakar a plusieurs conventions avec les différents hôpitaux pour subvenir aux besoins des personnes qui en ont vraiment besoin: le sida, le cancer font trop de ravages au sein de la population. Ce qui fait que nous nous sommes engagés à combattre dans ce sens. Nous sommes là dans cet atelier pour vraiment échanger avec toutes les autres villes du Sénégal. Nous établirons ensemble des stratégies pour lutter contre le VIIHA/SIDA" a dit le premier magistrat de la ville de Dakar. Elle conclut que « Nous sommes là dans cet atelier aujourd’hui pour réfléchir ensemble avec toutes les villes du Sénégal et nous trouverons des stratégies qui nous aiderons à beaucoup combattre le Sida ». Pour arriver à cette mission de lutte contre le VIHA/SIDA, le Cnls a demandé aux dirigeants des collectivités territoriales, qui sont pour la plupart des députés, à les aider, par le plaidoyer, à faire de sorte que l'Etat augmente leur budget. En ce qui concerne les médicaments et aussi l'accompagnement des associations de PVVIH. Accélérer les interventions d’ici 2020 afin que 90% des personnes vivant avec le VIH dans leur circonscription connaissent leur statut sérologique, que 90% parmi eux suivent le traitement ARV et que 90% obtiennent une charge virale indétectable et donc, ne sont plus contagieux (les 90/90/90), tels sont les défis du Conseil national de lutte contre le Sida et ses partenaires (les maires des villes, OnuSida, etc…)
POUR LES FAMILLES IMPACTEES ET LES TRAVAILLEURS SENEGALAIS DE L’ENTREPRISE CHINOISE CRBC
Autoroute «Ilaa Touba» «Ilaa Barzak»
Cheikh CAMARA, Correspondant permanent à Thiès |
Publication 19/12/2018
Le « parcours de l’enfer ». C’est la définition donnée à l’autoroute Thiès-Touba, dénommée « ILAA TOUBA », par les familles impactées et les travailleurs sénégalais de l’entreprise publique chinoise China Road and Bridge Corporation (CRBC). Cette dernière est chargée de l’exécution des travaux dudit projet, une infrastructure longue de 114,952 km, pour un coût de 410 milliards FCFA environ. « C’est le plus grand projet routier jamais engagé par l’Etat. Une autoroute qui est un instrument d’intégration nationale et un outil de développement social et économique », s’enthousiasmait le président de la République, Macky Sall, lors du lancement officiel des travaux.
Le chef de l’Etat, très heureux de jeter les bases de ce projet routier, « le plus grand de l’histoire du pays dans le cadre du Plan Sénégal Emergent », soulignait alors que « ce projet, qui contribuera à la création de plusieurs milliers d’emplois pour les jeunes, a nécessité des études minutieuses sur presque deux ans pour en mesurer les enjeux, définir les contours, évaluer les retombées et maîtriser les impacts sur l’environnement et le vécu quotidien des populations ». Et de se réjouir du « partenariat fécond qui connait un regain d’intérêt depuis ma visite d’Etat en Chine en février 2014 ». L’ambassadeur de la République de Chine, M. Huang XIA, pour sa part, était longuement revenu sur « l’exemplarité de la coopération sino-sénégalaise, à poursuivre au grand bonheur des populations ». Malheureusement aujourd’hui, l’autoroute ILAA TOUBA n’aura pas fait que des heureux. A preuve, les mouvements d’humeur des travailleurs et personnes impactées se poursuivent de plus belle. Le dernier en date reste le sit-in tenu ce lundi 17 décembre devant la base de Keur Mor Ndiaye, à Thiès, à 72 h de l’inauguration de l’infrastructure, le jeudi 20 décembre. En tout, plus de 2000 travailleurs entre Thiès et Touba ont protesté pour exiger « le paiement de nos indemnités de fin de chantier ». Ils interpellent le Chef de l’Etat et comptent rencontrer le Khalife général des Mourides à Touba pour lui expliquer la situation qui prévaut au sein de leur entreprise. Ndongo Dieng, leur porte-parole, dénonce : « les Chinois refusent de nous payer des indemnités de fin de chantier. On compte beaucoup de blessés parmi nous, d’autres ont rendu l’âme, sans avoir reçu d’indemnités venant de la Caisse de sécurité sociale. Il y a une période antérieure (environ 9 mois) qu’ils nous ont fait travailler sans contrat écrit, et ces contrats devraient en principe être requalifiés en CDI pour nous permettre de bénéficier de nos indemnités de fin de contrat »
Lundi 9 Mai : « Les travailleurs observent un arrêt de travail pour exiger de meilleures conditions de travail »
Le lundi 09 mai dernier, les travailleurs de la société CRBC, l’entreprise chinoise chargée du projet de construction de l’Autoroute ILAA TOUBA, ont observé un arrêt de travail. Ils exigeaient de « meilleures conditions de travail, des contrats, l’augmentation des salaires, entre autres doléances que la Direction générale tarde toujours à satisfaire ». Une grève que le délégué du personnel de la société, Abdoulaye Guissé, justifiait par un chapelet de réclamations. Entre autres, les ouvriers exigeaient « la signature des contrats légaux de travail pour tous les travailleurs, l’augmentation des salaires, la prise en charge totale des employés, la non-ingérence dans les affaires ouvrières, le paiement des indemnités de fin de contrat pour tous les travailleurs (anciens et nouveaux), le libre accès pour tout le monde au sein de l’entreprise ». Les protestataires disaient ne pas comprendre que « ce projet de plus de 400 milliards de FCFA soit le plus important de l’histoire du Sénégal, et que ses employés ne soient pas dans de bonnes conditions de travail ». Au niveau de la base de Keur Mor Ndiaye où les travailleurs sont estimés à environ quelques 200 éléments, Abdoulaye Guissé de s’offusquer : « la Direction nous a donné des modèles de contrats qui, franchement, ne servent à rien du tout, parce que faisant fi du paiement des indemnités de fin de chantier ». Les grévistes, après avoir saisi leur direction générale sur les problèmes auxquels ils sont confrontés, en vain, de souligner : « c’est ce manque de considération à notre égard qui, surtout, se trouve à l’origine de ce mouvement d’humeur spontané »
Des indemnités « très en deçà des attentes des personnes impactées
« Le dédommagement des 1700 propriétaires terriens du village de Keur Massamba Guèye, dans la commune de Fandène, impactés par l’autoroute à péage ‘’ILAA TOUBA’’, ne sera pas à la hauteur de celui reçu par les personnes impactées par l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) de Diass ». L’information avait été donnée par le maire de Fandène, Dr Augustin Tine, lors des journées de consultations gratuites organisées dans sa commune. Le ministre des Forces Armées disait que « c’est la décision prise par l’Ageroute et l’entreprise en charge du projet de construction de l’autoroute à péage Thiès-Diourbel-Touba ». Du coup, les plaignants, qui ont épuisé toutes les formes de démarche auprès des autorités compétentes, à Thiès, et de l’entreprise Ageroute, pour réclamer une indemnisation à la dimension des préjudices subis, voyaient leurs espoirs fondre comme beurre au soleil. Dans leur combat, ils se sont toujours indignés des indemnités jugées « dérisoires ».
Le président de leur collectif, Mor Diouf, n’avait pas manqué de fustiger « le niveau des barèmes utilisés par les autorités dans le cadre du dédommagement, qui est ‘’très en-deçà’’ de ceux pratiqués lors de la construction de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio ». M. Diouf soulignait que « l’autoroute Dakar-Diamniadio et l’Aéroport Blaise Diagne devraient plutôt servir de jurisprudence pour éviter toute injustice et réduire les risques de frustration à des proportions suffisamment négligeables ». A l’en croire, « les calculs sont faits à partir d’un barème caduc, qui date de 1964 et crée des problèmes aux commissions départementales, parce que très en-deçà des valeurs réelles des spéculations des espèces fruitières et forestières. De même que les terrains à usage d’habitation ».
«S’il faut passer sur nos cadavres pour réaliser ce projet, il le faudra, car nous sommes déterminées à aller jusqu’au bout»
On est le dimanche 08 novembre 2015. 1720 familles impactées de l’Autoroute dans le département de Thiès, tiennent une assemblée générale pour dénoncer le fait que « depuis le démarrage du projet jusqu’à nos jours, nous n’avons constaté que des ‘’tâtonnements’’ sur toute la ligne ». Aussi elles décident d’entreprendre des actions radicales pour sensibiliser davantage l’opinion publique sur ce que le secrétaire général de leur collectif, Yakhya Coly, appelait « l’insouciance des autorités par rapport à notre indemnisation juste et préalable ». Un sit-in se tient le dimanche 22 novembre au village de Keur Mor Ndiaye. Ces populations qui en ont ras-le-bol s’offusquent de « subir un préjudice énorme : perte de terres de culture, de constructions à usage d’habitation, de bâtiments d’élevage avicole, bref, d’activités diverses ». Mais, selon Yakhya Coly, « le préjudice moral est encore plus profond, car tous nos espoirs sont brisés ».
Les populations impactées estiment que « les limites d’AGEROUTE, l’entreprise chargée de diligenter le processus d’indemnisation, sont manifestes ». Et de poursuivre : « ils veulent nous indemniser sur la base de la loi sur le domaine national qui date de 1964. Mais depuis lors, il n’y a aucune réaction de la part d’Ageroute. Nous contestons d’ailleurs cette forme d’indemnisation faite sur la base d’une loi caduque qui ne prend point en compte les réalités actuelles qui sont totalement différentes des réalités d’alors. » Elles annonçaient alors leur souhait de contacter le Khalife général des mourides d’alors, Cheikh Sidy Moctar Mbacké, pour lui expliquer l’intention manifeste de l’Etat du Sénégal, consistant à « vouloir nous exproprier de nos biens acquis dignement et nous pousser dans la pauvreté. Nous allons poursuivre nos démarches dans ce cadre car nous comptons beaucoup sur lui pour nous aider à régler ce problème ». C’est que, selon ces populations, « le président Macky Sall ne peut pas faire moins que son prédécesseur Abdoulaye Wade qui a correctement indemnisé les populations de l’Autoroute à péage ». Aussi, à rappeler que le jour de la pose de la première pierre du projet, le mouvement pour la défense des intérêts de Diourbel était descendu dans la rue pour exprimer sa désapprobation par rapport au fait que « le tracé de l’infrastructure passe à environ 18 km de la commune de Ndiarème ». Et d’exiger que « cette distance soit ramenée à deux kilomètres afin que les Diourbellois puissent bénéficier des retombées ». Mamadou Wendé Dieng, citoyen de Diourbel, parmi les initiateurs de ce mouvement d’humeur, confiait : « Diourbel est délaissée à tort, oubliée, privée de tout, sans infrastructures, sans autoroute ».
DEUX FRERES LIGOTENT ET BATTENT A MORT LE VOLEUR SAMBA TALL
Les deux frères Pathé Niang et Ngagne Niang ont comparu hier à la barre de la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar pour répondre des faits de meurtre, d’actes de tortures, barbarie et non-assistance à personne en danger. Le procureur a requis 10 ans de travaux forcés à l’encontre de Pathé Niang et 1 an de prison ferme contre son frère Ngagne Niang. L’affaire est mise en délibéré pour le 15 janvier prochain.
Les faits se sont déroulés en 2014 lorsque Samba Tall s’était introduit une nuit à 2 heures du matin dans une chambre à Yeumbeul. Appréhendé par les occupants de la chambre, des actes barbares lui ont été infligés. Ses tortionnaires avaient brulé ses parties intimes. D’après les déclarations de Pathé Niang à l’enquête préliminaire, à chaque fois que le voleur suppliait qu’on le relâche, les tortures se poursuivaient de plus belle. Ses tortionnaires voulaient savoir le nom de ses complices pour récupérer son argent. Le certificat médical renseigne que la victime a été frappée et torturée à mort par ses bourreaux. Le père et la mère du défunt, très attristés, réclament justice. Pour les parents du défunt, les dommages et intérêts ne peuvent pas leur rendre leur fils parti à jamais.
Dans son réquisitoire, le procureur est revenu sur les faits. Il raconte que tout a commencé quand les éléments du commissariat de Malika ont été informés par une personne anonyme de la présence d’un individu ligoté devant une maison à Yeumbeul. Se transportant immédiatement sur les lieux, la police a constaté que l’individu a rendu l’âme. Apres une altercation entre le défunt Samba Tall et le prévenu Pathé Niang, Ngagne Niang est le premier à voler au secours de son frère. Les dames ont ouvert la porte centrale pour permettre aux voisins d’introduire le voleur dans la maison. Et quand Ngagne Niang a proposé de conduire le voleur à la police, Pathé Niang s’est opposé à cela en exigeant son sac contenant ses 300.000 francs.
D’après les enquêteurs, des traces de sang ont été trouvées dans la chambre de Pathé Niang. D’après le substitut du procureur, Ngagne, le frère de Pathé, était présent au moment où la victime était suppliciée. C’est pour cela qu’il est poursuivi pour non-assistance à personne en danger. Les faits de meurtre sont imputés à Pathé Niang, les violences exercées sur la victime ont abouti à sa mort. Le défenseur de la société a disqualifié les faits de meurtre en coups et blessures ayant abouti à la mort de Samba Tall. Pour la répression, le ministère public a requis 10 ans de travaux forcés contre Pathé Niang pour coups mortels et un an de prison pour non-assistance à danger de mort pour son frère Ngagne Niang.
La défense a fait valoir qu’il n y a pas de certitudes dans le dossier. A les en croire, on ne sait pas à qui attribuer les faits de meurtre et d’actes de barbarie. Il n’y a pas d’élément moral, ni matériel. Me Diallo a rappelé que le droit pénal est un droit de certitudes, il ne procède pas par déduction, mais est plutôt un droit de précision. « On ne peut pas commettre un crime sans l’intention de le commettre », a soutenu la robe noire. Pour terminer, la défense a sollicité l’acquittement de ses clients au bénéfice du doute. Le délibéré est fixé au 15 janvier prochain.
ACCUSE D’AVOIR FAIT DES ATTOUCHEMENTS A UN ENFANT DE NEUF ANS, LE CHAUFFEUR DE TAXI RELAXE PAR LE TRIBUNAL
Le tribunal d’instance de Pikine a jugé hier le chauffeur Ahmed Diaw pour les délits de viol et pédophilie sur la personne de R. D âgée de tout juste neuf ans.
La victime a raconté à la barre que Ahmed Diaw l’avait envoyée acheter du couscous un jour vers 20 heures en l’absence de sa maman. A son retour, il l’a fait entrer dans la chambre avant de la mettre sur ses genoux tout en prenant le soin de relever sa jupe. C’est dans cette position qu’il sera surpris par le frère de la petite. Cependant , en l’absence de preuves pouvant étayer les dires d’Awa Gaye, mère de la petite R. D, le tribunal a renvoyé le prévenu des fins de la poursuite sans peine ni dépens;
.C’est un grand ouf de soulagement qu’a poussé hier à la barre le chauffeur de taxi Ahmed Diaw après le délibéré prononcé par madame la présidente du tribunal d’instance de Pikine. Prévenu de viol et de pédophilie sur la personne de R. D, âgée de 9 ans, Ahmed Diaw a été renvoyé des fins de la poursuite par le tribunal qui n’a pas été convaincu des arguments développés par la partie civile. En pleurs à la barre, Ahmed Diaw a fustigé les accusations « erronées » de sa colocataire Awa Gaye mère de la victime. Lesquelles lui ont fait perdre son boulot ainsi que sa femme. « Je nie tous les faits qui me sont reprochés. Cette femme m’a porté préjudice car non seulement j’ai perdu mon boulot mais aussi ma femme sans compter qu’elle m’a touché dans mon orgueil. Je ne sais plus maintenant avec quels yeux les autres vont me regarder » s’est-il plaint
A la barre. Relatant les faits, la petite R. D a soutenu que le prévenu l’a appelée le jour des faits plusieurs fois pour lui faire des commissions. « Aux environs de dix-neuf, voire vingt heures, il est venu me trouver dans la chambre de ma mère où je me trouvais en compagnie de mon frère aîné pour m’envoyer acheter du couscous. «A mon retour, je l’ai trouvé dans la chambre pour lui donner le sachet contenant le couscous. Il était assis sur une chaise. Il m’a pris par la main avant de me mettre sur ses genoux. Il en a profité pour abaisser ma jupe et frotter son sexe contre le mien » a-t-elle expliqué à la barre.
A sa suite, sa mère a indiqué qu’elle est la colocataire du prévenu. « Le samedi, lorsque je suis descendue vers les coups de 21 heures, j’étais dans la chambre avec les enfants en train de regarder la télévision. Ma fille étant de nature bavarde est restée très calme. Pressée de questions, elle m’a lancé tout de go que c’est Papa Ahmed qui lui faisait des attouchements. Elle m’a dit que, depuis le matin, le mis en cause lui demandait de lui faire de petites commissions. Mais puisque la maison était bondée de monde, il n’a pas pu l’appâter et l’attirer dans sa chambre. C’est seulement entre 19 h et 20 h qu’il est venu trouver ma fille dans ma chambre en compagnie de son frère qui apprenait ses leçons pour l’envoyer acheter du couscous. Il s’en est suivi ce qu’elle a expliqué devant votre barre » a relaté Awa Gaye.
Le procureur a requis l’application de la loi tandis que la défense assurée par Me Michel Ndong a rejeté les arguments développés par la partie civile. Selon l’avocat, il y a beaucoup de contradictions dans les dires de la maman de la partie civile. « Elle a dit dans le procès verbal d’enquête préliminaire que, lorsqu’elle descendue du travail, elle a trouvé que sa fille bavarde d’habitude était calme et qu’elle lui avait demandé ce qui se passait. Or, à la barre, elle a confié le contraire pour soutenir que c’est la fille qui est venue vers elle pour lui conter sa mésaventure avec le prévenu (…) un crime n’étant jamais parfait, je prie le tribunal de renvoyer mon client des fins de la poursuite. En réalité, Ahmed Diaw donnait la dépense quotidienne à Awa Gaye pour qu’elle prépare le repas mais, depuis quelques temps, ils ne s’entendaient pas bien c’est pourquoi elle a créé tous ces problèmes pour lui causer du tort » a plaidé Me Ndong.
Le tribunal, après avoir délibéré, a renvoyé des fins de la poursuite le prévenu qui a remercié tous les saints de l’avoir aidé à sortir de ce guêpier