Le nouvel album de la chanteuse Coumba Gawlo Seck, présenté jeudi à Dakar, est un voyage à travers le Sénégal des profondeurs avec ses rythmes et ses mélodies.
Dakar, 13 déc (APS) - Le nouvel album de la chanteuse Coumba Gawlo Seck, présenté jeudi à Dakar, est un voyage à travers le Sénégal des profondeurs avec ses rythmes et ses mélodies.
L’artiste, pour sortir cette nouvelle production disponible sur le marché national et international depuis vendredi dernier, s’est inspirée du folklore national de toutes les contrées du pays, de Tambacounda à la Casamance en passant par le Sine-Saloum au centre et le Fouta au nord.
L’album compte au total douze morceaux, tous ancrés dans une localité, et s’inspire d’une sonorité traditionnelle bien définie.
Une balade mélodieuse venant du Boundou avec "Siyo", de Kédougou avec "Na", du Fouladou avec "Diombadio" ou encore "Rokale", référence de la Casamanse et "Ngoulok", qui renvoie au Sine-Saloum.
"Il y a de la valeur dans nos sonorités africaines, dans nos traditions, dans notre culture et il est important que nous le comprenions", dit l’artiste, se disant fascinée par ce côté de la culture sénégalaise qu’elle a découvert lors de ses tournées en tant qu’ambassadrice de plusieurs institutions des Nations unies.
Si certains artistes adoptent cette démarche, "si eux ils le prennent chez nous et l’exploite, pourquoi pas nous ?", s’est demandée l’interprète de "Yomalé".
Elle a évoqué l’exemple du groupe "Deep Forest" qui, à une certaine époque, s’est rendu dans la forêt amazonienne pour sortir des chansons onomatopées faisant référence à cet environnement particulier.
Plus récemment, le dernier clip de Janet Jackson contient des références similaires, entre pagnes tissés africaines et danses sénégalaises, selon l’artiste.
Pour Coumba Gawlo Seck, il est temps pour l’Afrique et ses artistes en particulier de se réveiller et de comprendre que le continent est "rempli de richesses, de savoirs, de sagesses, de couleurs".
"Il faut que nous nous en inspirions, nous n’avons pas besoin d’aller ailleurs parce que nous en avons suffisamment pour apprendre au monde qui nous sommes", dit-elle.
La richesse du folklore national va se trouver ainsi exhumée à travers ces titres chantés dans les langues locales.
Courba Gawlo Seck dit avoir pris deux ans pour faire ce "travail très difficile" de l’album sur lequel 75 artistes locaux ont collaboré.
Ces rythmes vont de pair avec les instruments traditionnels que l’artiste a aussi mis à son profit. Il s’agit de la flûte peulh, du "hoddou" (xalam), du "bonbolong" et "riti", etc.
Dans le CD "Terrou Waar", l’interprète de "Pata Pata" chante des valeurs humaines comme "Khasseniya", une allusion à l’évocation de la pureté pour une vie en communauté ou encore "Bougna" ou l’ouverture et le partage, le mariage dans "Siyo" et "Ngoulok".
Elle rend aussi hommage à sa mère et à toutes les femmes dans "Na". "Si les parents doivent être des références de vie, la mère reste une source de vie, elle est l’origine de tout et c’est elle qui mérite les ultimes louanges", écrit l’artiste sur son livret.
Le morceau "Tekk Gui" (Silence), joué avec l’apport du piano, de la flûte et des percussions, est dédié à son défunt père Laye Bamba Seck. L’artiste y chante la tristesse du deuil, la perte d’un être cher.
Gawlo qui pleure toujours son père raconte ainsi comment ce dernier l’a façonnée et encadrée, et contribué au développement de son talent.
Le contexte actuel lié à l’échéance présidentielle de février prochain amène par ailleurs l’artiste à lancer un appel pour la "cohésion nationale, le civisme, la citoyenneté et l’engagement" dans la chanson "Sunu Sénégal".
Dans cet hymne à la citoyenneté et à la paix, elle évoque dans le même temps des "priorités" se résumant à l’éducation et à l’emploi pour les jeunes, mais aussi à la santé et l’amélioration du bien-être des Sénégalais en général.
"Le Sénégal est notre pays, mais moi il se trouve que j’adore le Sénégal, je suis une passionnée du Sénégal (…), je trouve que le Sénégal est un pays magnifique où les gens sont généreux et ouverts, mais il y a des choses à faire, il y a trop de querelles, de pressions, etc.", dit-elle.
Coumba Gawlo Seck projette une tournée nationale et internationale avec la sortie de cet album déjà disponible sur les plateformes de téléchargement dédiées.
56 PÊCHEURS-SECOURISTES ÉLEVÉS DANS L’ORDRE NATIONAL DU LION
Dakar, 13 déc (APS) - Le chef de l’Etat, Macky Sall, a décoré des insignes de l’Ordre national du Lion 56 personnes ayant participé aux secours lors du crash d’un hélicoptère de l’armée de l’air sénégalaise, le 14 mars dernier, à Missirah, dans la région de Fatick (centre), a constaté l’APS, jeudi, à Dakar.
La rapidité des secours menés par des pêcheurs de Missirah et de la commune de Toubacouta (centre) avait été saluée, ainsi que la bravoure dont ils avaient fait preuve pour venir en aide aux passagers de l’hélicoptère tombé dans une zone marécageuse.
S’exprimant lors d’une cérémonie de remise des décorations aux pêcheurs, Macky Sall a dit qu’ils méritent les "hommages et la reconnaissance de la nation".
"C’est pourquoi, en procédant à votre décoration, dans l’Ordre national du Lion, pour ces hauts faits de courage et de dévouement, je tiens à vous exprimer la gratitude de la nation. Mais, je tiens surtout à vous donner en exemple aux générations actuelles et celles à venir", a dit le chef de l’Etat.
"Votre courage et votre altruisme doivent rester soigneusement gardés dans notre mémoire collective pour servir, en tout temps et en tous lieux, de référence", a-t-il ajouté en présence de plusieurs membres du gouvernement et de personnalités militaires.
Il y avait aussi les récipiendaires des décorations, qui sont des "modèles de citoyenneté, de patriotisme et de civisme", selon le chef de l’Etat.
Le président de la République les a encouragés à "persévérer dans la voie du devoir et à perpétuer cet esprit citoyen et républicain".
Il a offert 500.000 francs CFA à chacun des pêcheurs qui ont participé aux opérations de secours.
PAR SALMA NIASSE BA
AU BORD DE LA FAILLITE
Le rideau menace de tomber sur l’Ecole des sables de Germaine Acogny, l'école de danse qu'elle a fondé en 1998 à Toubab Dialaw
Le Monde |
Par Salma Niasse Ba |
Publication 14/12/2018
Après vingt ans d’existence, l’école de danse créée par la chorégraphe franco-sénégalaise risque de fermer à la fin de l’année faute de financements.
Tout de blanc vêtue, pieds nus et crâne rasé, Germaine Acogny danse. Dans un silence juste entrecoupé des sonorités d’une kora, la danseuse et chorégraphe franco-sénégalaise de 74 ans émerveille son public comme au premier jour. Dans le jardin de la résidence de l’ambassadeur des Pays-Bas au Sénégal, elle évolue sur scène, magistrale.
Si l’artiste explique danser par pur plaisir, la nécessité aussi lui a donné rendez-vous en cette toute fin novembre. Ce gala de charité a été monté en soutien à l’Ecole des sables, en difficulté financière. Sans une rentrée substantielle d’argent, le centre de formation et de création en danses traditionnelles et contemporaines d’Afrique devra mettre la clé sous la porte.
Une institution ouverte depuis 1998
La prestigieuse institution de Toubab Dialo, un village situé au sud de Dakar, offre depuis 1998 des formations gratuites aux étudiants du continent, une fois acquittés les 270 000 francs CFA (411 euros) de pension dans l’école où ils séjournent. Au total, « entre 600 et 700 danseurs africains, essentiellement subsahariens, ont été formés chez nous », explique Patrick Acogny, son directeur artistique. A l’Ecole des sables, le programme faisait aussi une place belle aux cultures locales avec des enseignements comme la technique Acogny, technique de danse africaine créée par la chorégraphe, ou encore les cours de danses traditionnelles d’Afrique.
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Sous forme de stages intensifs de trois mois, l’établissement prépare depuis vingt ans ses étudiants avec des professeurs de renom. « L’admission y est difficile et, une fois à l’intérieur, c’est l’armée, confie Jeanne-d’Arc Niando, qui a accompli son rêve en intégrant la première année ce printemps. Je suis devenue quelqu’un d’autre dans ma danse. Et l’école est connue à l’international, un atout dans mon CV. » Il faut dire que l’académie ouvre ses portes aux danseurs du monde entier. Chaque année a même lieu un stage des cinq continents, où étudiants internationaux et africains partagent leurs techniques et mêlent leur expérience.
« Arrêter tout ça ?, ce serait dommage !, regrette Theo Peters, l’ambassadeur néerlandais à l’initiative de la soirée de gala. Germaine et son école sont de grandes qualités pour l’art sénégalais. Ses mouvements de danse se basent sur la créativité africaine même. » Un budget annuel de 200 000 euros
Créé sous le statut d’association, l’établissement tient depuis vingt ans en grande partie grâce aux subventions étrangères. Or, depuis 2017, la fondation hollandaise Doen, principale partenaire de l’école, ne peut plus suivre. Son retrait a créé un manque à gagner pour les 200 000 euros nécessaires au fonctionnement annuel.
Depuis lors, l’avenir de l’établissement est devenu incertain, même si ses soutiens ne désarment pas. Réunis autour de l’Association des amis de l’Ecole des sables, ils ont pour l’heure trouvé suffisamment de dons pour permettre aux étudiants africains de continuer à danser. Pour boucler l’année, l’institut peut même compter sur la générosité de ses amis, puisque leur participation de 30 euros à la soirée de charité sera reversée à l’institution.
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Ici et là, des marques de générosité individuelles s’additionnent aussi. Claire Lamarque, artiste peintre dont le travail a été inspiré par les pas de Germaine Acogny, a décidé de mettre en vente une partie de ses tableaux au profit de l’académie de danse. Pour elle, comme pour beaucoup d’autres, le mot d’ordre est de garder le lieu ouvert. « Sauver l’école, c’est sauver la jeunesse africaine et leur donner l’espoir de vivre dignement dans leur pays », estime Germaine Acogny. « Vivre… et faire danser »
Helmut Vogt, le cofondateur, aimerait y croire encore. Mais lui craint tout bonnement de devoir mettre la clé sous la porte à la fin de cette année, si les fonds ne sont pas trouvés avant. Les 10 millions de francs CFA (15 000 euros) récemment offerts par le ministère de la culture du Sénégal n’y suffiront pas. La contribution est trop faible. « C’est dur pour nous d’accepter, mais on peut comprendre ce geste parce que le budget du ministère est faible. En fait, c’est la culture qui n’a pas vraiment de place en Afrique » déplore M. Vogt.
Pour Patrick Acogny, le drame de l’Ecole des sables réside dans un changement de modèle. « Nous sommes à la fin d’une époque où la culture était subventionnée. Le nouveau système, lui, reste encore à créer. Cela ne sera pas à l’avantage des Africains qui ont moins les moyens. Prenez l’exemple de ce qui se passe en France où l’université va augmenter considérablement les frais d’inscription pour les étudiants non européens. Là encore, on sera les premiers à en pâtir », regrette-t-il.
Face à cet avenir en demi-teinte, Germaine Acogny ne désarme pourtant pas. « La retraite, c’est comme une voiture qu’on gare. Elle se rouille. Et je n’ai pas envie de cela. Ce que je veux, c’est vivre… et faire danser », rit-elle aux éclats.
Salma Niasse Ba (Dakar)
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« TAJABONE » EN MODE MAGISTRALE
Ismaël Lô fêté à la cité de la musique de paris, Latif Coulibaly salue ’’un hommage exceptionnel’’
Dakar, 13 déc (APS) - Le ministre de la Culture Abdou Latif Coulibaly a salué dans un communiqué l’hommage "exceptionnel" rendu au musicien-compositeur-arrangeur sénégalais Ismaël Lô, à la Cité de la Musique de Paris, le 10 décembre 2018, soulignant que l’artiste "demeure une grande fierté pour son pays et l’Afrique".
"Dans une interprétation magistrale de sa célèbre œuvre « Tajabone », au cours d’un programme intitulé « Playing for philharmonie », qui comprenait aussi celles de Rosini, Wagner, Mozart, Beethoven et Berlioz, l’Orchestre philharmonique de la Société Générale a placé ce Monument de la musique sénégalaise aux côtés de géants de l’histoire mondiale de la musique", écrit-il.
A cette occasion, "500 symphonistes professionnels et amateurs de la Société Générale, résidant en France ou venus de Roumanie et du Sénégal, ont mêlé leurs voix et leurs instruments dans une prestation qui a marqué les esprits", ajoute Abdou Latif Coulibaly.
"Durant près d’un quart d’heure, le public, dans une salle comble, après avoir savouré et apprécié l’œuvre de l’artiste justement appelé « le Bob Dylan africain », a salué sa prestation par une standing ovation. L’émotion était grande !", a poursuivi le ministre de la Culture.
"Militant infatigable des droits humains, Ismaël Lô, se voyait ainsi exprimer à travers ses propres textes et compositions musicales qui envoûtent, la reconnaissance de la Communauté internationale en ce 10 décembre, jour anniversaire de la commémoration de la déclaration universelle des droits humains de 1748", relève-t-il.
Selon le ministre de la Culture, cet hommage "consacre le talent d’un grand artiste humble et disponible pour son pays. Un artiste sans prétention particulière sauf de vouloir servir son métier et la cause de la musique".
"Il en a donné une preuve éloquente lors de l’inauguration du Musée des Civilisations noires", le 6 décembre dernier, "avec sa belle prestation accompagnée par la chorale « A chœur joie » forte de 300 exécutants", une preuve que l’artiste "demeure une grande fierté pour son pays et l’Afrique", selon M. Coulibaly.
BK/ASG
28 NOUVEAUX JOURNALISTES SUR LE MARCHE
La cérémonie a eu lieu, comme de coutume, dans l’auditorium de l’Ucad II en présence de la ministre de l'Economie solidaire et de la Microfinance Angélique Manga, journaliste et ancienne présentatrice vedette du 20 heures de la RTS.
L’espace médiatique sénégalais (voire africain) s’est enrichi de nouveaux professionnels de l’information et de la communication. Ce sont 28 récipiendaires qui ont reçu leur parchemin, ce jeudi 13 décembre, à Dakar. Il s'agit de la 46è promotion de cette école de formation panafricaine rattachée à l'université Cheikh Anti Diop de Dakar. La promotion a comme parrain feu Amadou Mbaye, journaliste, ancien de la RTS spécialiste des questions militaire. Ceci explique la mobilisation exceptionnelle de l'armée à cette cérémonie.
La cérémonie a eu lieu, comme de coutume, dans l’auditorium de l’Ucad II en présence de la ministre de l'Economie solidaire et de la Microfinance Angélique Manga, journaliste et ancienne présentatrice vedette du 20 heures de la RTS. La cérémonie a été rehaussée par les représentants des ministres de la Communication, celui l’Enseignement supérieur et de la Formation professionnelle, de celui de la Culture entre autres. Des ambassadeurs ou leurs représentants y étaient de la partie y compris des généraux et colonels de l'armée venus rendre hommage au parrain de la promo Amadou Mbaye Loum qui demeure un des leurs. En effet ce dernier était spécialiste des questions militaires et étaient très bien intégré dans l'armée sénégalaise.
Les récipiendaires, formés à bonne école, c’est au bout de trois ans de sacrifice, d’engagement, du don de soi que ces jeunes pousses sont enfin sortis du Centre d’Etudes des Sciences et techniques de l’information (CESTI), munis du diplôme supérieur en journalisme et communication.
A l’air de technologie de l’information et de la communication, le CESTI se mettant au diapason de la nouvelle pratique du métier, ces 28 nouveaux journalistes africains ont eu le privilège d’être formés aussi bien dans le journalisme traditionnel qu’en web journalisme.
Diplômes en poche, pour ces "nouveaux soldats de l’information", le plus dur reste leur insertion professionnelle dans le marché de l’emploi. Composé en majorité de citoyens sénégalais, l'équipe des 28 compte environ 5 Béninois. Par le passé, l'école comptait une diversité plus grande de ressortissants africains. En tout cas dans cette cette équipe, les patron de presse peuvent s'approvisonner à suffisance.
Comme à chaque édition, c’est le moment rêvé où se croisent les journalistes de presque toutes les promos et de toutes les générations. On se revoit, ou on se rencontre (et dans ce cas), se découvre et on sympathise dans une ambiance empreinte de convivialité. C'est l'un des rares moment de l'année où l'on a une forte concentration de journaliste en un lieu au même moment.