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20 septembre 2025
PAR BOSSE NDOYE
MBAYE NIANG PLUS MOBILISATEUR QUE SONKO ?
Dans ce pays où l'argent-roi supplante les sentiments, rien de surprenant à ce que ceux qui en distribuent facilement, soient plus suivis que les autres qui n'ont que leurs idées à offrir
Shocking ! auraient dit les anglais, sous l’effet de la surprise.
Sorti de son hibernation provoquée par les graves accusations de lourdes malversations à milliards de francs CFA qui lui sont imputées, le ministre du tourisme, Mame Mbaye Niang, et ci-devant responsable au sein du parti au pouvoir, l’APR, a secoué le landerneau politique en affirmant qu’il est plus capable de mobiliser les foules que l’étoile montante de l’opposition sénégalaise, Ousmane Sonko. Sa révélation faite au micro du journaliste Seydina Seck[1] en a laissé plus d’un pantois. Mais à supposer que son assertion soit vraie, elle ne devrait cependant pas surprendre dans l’actuel Sénégal. Nous le savons tous, ici l'argent pèse plus que les idées quand il s’agit d’attirer, de mobiliser les gens. Il y est plus facile pour un politicien véreux sans programme crédible ni talent à revendre d'acheter les consciences des électeurs que de les convaincre par la pertinence de ses idées. Ainsi va ce Sénégal : cherté de la vie et inaccessibilité des denrées de premières nécessités, compte non tenu des frais médicaux, ont fini par rendre vulnérable le commun des citoyens.
Or, paradoxalement, c’est ici aussi que les acteurs politiques, surtout quelques-uns qui sont passés au pouvoir, s'enrichissent à la vitesse de la lumière d'une manière injustifiée pendant que la masse s'enfonce davatange dans les bas-fonds de la pauvreté. Dans ce pays où l'argent-roi supplante les sentiments dans les relations interpersonnelles, même au sein de plusieurs familles, il n'y a rien de surprenant à ce que ceux qui distribuent facilement l’argent aux origines souvent douteuses, à tour de bras, soient plus suivis que ceux qui n'ont que leurs idées et leur franchise à offrir aux autres dans leurs relations de tous les jours.
La quête du gain facile en arrive à être si ancrée dans les consciences que pour nombre de nos compatriotes, on ne doit pas miser sur sa sueur pour en avoir. Ce que dit en termes crus le wolof : « xaalis kenn du liggéey da nu kay lijjanti ». Dès lors pourquoi se « salir les mains » pour le gagner honnêtement si on peut le cueillir aisément quitte à perdre parfois sa dignité.
À la place de notre tonitruant ministre du tourisme, je me serais posé la question suivante : pourquoi je mobilise plus que Sonko ? Si tant est que ceci soit vrai. Ce n’est certainement pas pour la pertinence des idées encore moins par la droiture ou l’impeccabilité de la gestion du ministère s’il faut en juger par les milliards qui s’y sont envolés dans la fameuse affaire Prodac. Dans un pays normal il serait en train de s’expliquer devant le juge sur cette nébuleuse affaire. S’attaquer à ses adversaires ne suffirait pas par ailleurs comme programme politique. Cela devrait être le cas dans notre pays qui vit des moments difficiles. Les sénégalais sont donc en droit d’attendre plus de sérieux de la part de ceux qui les dirigent ou veulent les diriger. Par conséquent ils doivent être plus lucides dans le choix de leur prochain président.
Macky SALL lancera, le 15 décembre, sa campagne pour la présidentielle de 2019 au parc des expositions de l'Îles Aumône, à Mantes-la-Jolie, devant 3000 personnes.
Depuis 2019, cette ville de la banlieue ouest de Paris fait figure de passage obligé pour le chef de l'État en raison de sa forte communauté sénégalaise.
Le Ministre de la formation professionnelle, de l'apprentissage et de l'artisanat, Mamadou Talla a d'ailleurs été conseillé municipal de cette ville. Ce dernier est proche du franco-sénégalais Amadou Daff, adjoint de l'ancien maire, Michel Vialy (Les Républicains-LR) et de l'actuel édile Raphaël Cognet (LR).
AMETH FALL DÉCHU PAR LE PDS
Il ne peut plus présider aux destinées du parti dans le département de St-Louis - La gestion de la Fédération départementale de St-Louis provisoirement confiée à Mamadou Diagne - COMMUNIQUÉ DE LA FÉDÉRATION PDS DE SAINT-LOUIS
SenePlus publie ci-dessous, la résolution de la Fédération départementale du PDS à Saint-Louis, datée du 13 décembre 2018, relative aux agissements d’Ameth Fall, précédemment président de ladite Fédération.
« La fédération départementale de St-louis réunie en Assemblée Générale ce jeudi 13 décembre 2018 à l’hôtel MAISON ROSE de11h à 17H 15mns, constate :
Les dérives multiples d’Ameth Fall Braya, jusque là, Coordonnateur du parti à St-Louis, matérialisées par des connivences répétées avec le parti au pouvoir, l’APR et son patron Macky Sall, telles que :
le refus catégorique, malgré les instructions du parti, de structurer la fédération départementale Saint-Louis depuis la perte du pouvoir, réduisant ainsi le fonctionnement du parti à sa simple personne. Conséquence, le parti n’est pas à sa grande forme dans le département,
la constitution d’une délégation au nom du parti, dirigée par lui-même, pour aller assister à l’inauguration, par le président Macky Sall d’un site de transformation à Gokhou Mbath le 05 mars 2017;
son auto-désignation comme président du comité d’accueil, composé de membres de BBY, pour l’accueil de Macky Sall et de Emmanuel Macron à St-Louis le 03 février 2018 ;
son refus catégorique de respecter les directives du parti au cours de cette visite
sa désignation comme parrain de la nuit de l’excellence, organisée par les femmes de Benno Bokk Yakaar qu’il a reçu chez lui à Saint-Louis pour illustrer les soi-disant réalisations de Maky Sall dans la région ;
ses déclarations intempestives et répétées à l’encontre du candidat du parti, devenu candidat du peuple, Karim Meissa Wade, malgré plusieurs rappels à l’ordre ;
le lancement d’un mouvement aux relents politiques, présidé par le Premier ministre Boune Abdallah Dionne à moins de trois mois de l’élection présidentielle,
son audience ce mercredi 12 décembre 2018 avec le président Macky Sall à qui il a promis un soutien sans condition au milieu de notre combat pour le respect de la candidature de Karim Wade ;
La Fédération Départementale de Saint-Louis,
Considère,
que lui, Ameth Fall dit Braya ne peut plus défendre ni garantir les intérêts du Parti, encore moins ceux de son candidat Karim Meissa Wade ;
que le sieur Ameth Fall dit Braya ne peut plus présider aux destinées du parti dans le département de St-Louis
Décide :
de confier provisoirement la gestion de la Fédération départementale de St-Louis en direction de l’élection présidentielle à :
-Mamadou Diagne dit Doudou, président.
- Mayoro Faye : Secrétaire Général
D’instruire les frères Mayoro Faye et Mamadou Diagne dit Doudou, de compléter le reste du bureau fédéral et de procéder à la réorganisation et à la relance des activités du parti dans toutes les localités du département, d’intégrer également l’ensemble des mouvements de soutien à Karim Wade tout en veillant à la participation massive des jeunes, des femmes, conformément à la DECISION n°001/SGN/PDS/2016, du 02/11/2016 et à la Circulaire n°001/PDS/SGN/2017 du 02/01/2017.
De procéder à la mise en place des comités d’accueil dans toutes les communes et au plan départemental en vue de préparer le retour triomphal de notre candidat, Karim Wade ;
D’ériger des comités électoraux tant au plan départemental qu’au niveau de chaque commune du département.
Toute autre décision contraire à cette résolution, est nulle et de sans effet. »
PAR SERIGNE SALIOU GUÈYE
FAUT-IL BRÛLER LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL ?
Il y aura toujours un doute sur sa neutralité du fait de la compétence affichée pour exécuter la volonté présidentielle et de l’incompétence répétitive dont elle fait montre quand les opposants demandent son arbitrage
Ainsi dans la perspective de la présidentielle de février 2019, les professionnels de l’information devraient être amenés à collaborer avec le Conseil pour éviter toute information fausse qui pourrait nuire à son image. La haute instance juridictionnelle entend désormais fluidifier ses rapports avec la presse. Ainsi, Pape Oumar Sakho, le président du Conseil constitutionnel est convaincu que «la justice doit s’ouvrir au large public par le biais des médias». Parce qu’il est conscient qu’il «est nécessaire de faire comprendre la mission du Conseil constitutionnel et de faciliter l’accès aux informations qui en émanent». Et pour cela, Pape Oumar dit «compter sur le Synpics dans l’espoir d’établir un dialogue permanent avec les journalistes.» L’ennui, c’est que le Synpics ne regroupe pas tous les journalistes du Sénégal, loin de là, mais passons… Le thème en soi montre qu’il n’y a jamais eu de véritable dialogue entre les médias et le Conseil constitutionnel. Toujours est-il que l’institution estime que c’est le moment de trouver en cette presse un partenaire stratégique afin de donner une image plus reluisante que celle qu’elle a véhiculée d’elle depuis presque trois décennies. Mais qu’est-ce qui a pu se passer pour que la haute juridiction sorte le 18 juillet passé un communiqué au vitriol pour crucifier la presse ?
Il est vrai que cela faisait suite à la chronique du 13 décembre 2017 de Pape Alé Niang qui révélait un complot qui aurait été ourdi au palais de la République en présence de tous les chefs de juridictions dans le sale dessein d’empêcher la candidature du maire de Dakar, Khalifa Sall. En décembre 2017, un chroniqueur politique a nommément cité le Président du Conseil constitutionnel parmi les participants à une réunion qui se serait tenue au Palais de la République. Cette rencontre avait pour objectif, selon lui, de planifier et d’organiser une procédure ayant pour finalité de poursuivre, détenir et condamner Khalifa Sall, député et maire de Dakar. Dans le même sillage, le journal Wal Fadjri faisait état d’une «réunion secrète» qui aurait été organisée le 25 juin 2018 au ministère de l’Intérieur, en vue d’étudier les voies et moyens d’invalider la candidature de M. Karim Wade à l’élection présidentielle 2019. A toutes ces rencontres secrètes, un membre du Conseil constitutionnel aurait participé. Outrés par de telles informations qualifiées de «mensongères», les juges constitutionnels avaient choisi de produire un simple démenti à la place d’une plainte pour diffamation. Cela aurait clarifié les choses si les informations livrées par les confrères étaient dénuées de tout fondement comme le soutenait le communiqué en question.
Pourtant l’invalidation de la candidature de Khalifa Sall à la prochaine présidentielle n’est plus une chimère même s’il reste le recours à la Cassation au niveau de la Cour suprême qui doit achever le travail accompli par le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye, le doyen des juges Samba Sall, le juge Malick Lamotte et le juge d’appel Demba Kandji.
Le Garde des Sceaux, Ismaïla Madior Fall, lors de son récent passage à l’Assemblée nationale a suppléé la Cour suprême en condamnant définitivement Khalifa Sall. Même si l’information de Pape Alé avait été qualifiée de diffamatoire, il est avéré que la suite des événements subséquents lui a donné raison. Il en est de même pour Karim Wade. Ali Ngouille Ndiaye l’a disqualifié via la Direction générale des élections (DGE) sans aucun respect de la justice.
La Cour suprême, saisie en la matière, s’est déclarée incompétente à propos de l’invalidation de l’inscription du candidat du PDS par les services d’Ali Ngouille Ndiaye. Ce que Wal Fadjri avait déclaré sans circonlocutions. Pourquoi les «Sages», habitués à s’engoncer dans un mutisme légendaire, ont-ils décidé à brûle-pourpoint de sortir de leur réserve habituelle comme l’indique le communiqué 9 juillet 2018 ? Cette envie de vouloir coopérer avec les journalistes, toujours considérés comme des diffamateurs, nous parait louches à quelques semaines de l’échéance électorale de février 2019.
Y aurait-il une volonté inavouée d’anesthésier cette presse critique à l’égard du Conseil constitutionnel chaque fois que la haute cour déclare son incompétence là où elle devait se prononcer souvent avec un devoir d’ingratitude comme le disait le ministre de la Justice Robert Badinter au Président François Mitterrand qui venait de le nommer dans son premier gouvernement après son sacre de 1981 ? Une institution connue plus par son incompétence confessée que pour son courage. Mais n’en déplaise le président Pape Oumar Sakho, «ces critiques qui font mal», selon ses mots, ne s’arrêteront pas tant que la haute juridiction donnera l’image d’une «Curia praesidentis» c’est-à-dire d’une Cour du Président.
C’est rare de voir un Sénégalais, dans la diversité de la composition de notre pays, apprécier positivement le travail de l’institution constitutionnelle. La seule fois où l’on avait vu le Conseil constitutionnel rendre une décision qui s’oppose à la volonté du pouvoir, c’est en mars 2001, quand PDS avait voulu utiliser le nom du Président Abdoulaye Wade et son image pour les législatives de la même année. Face à la volonté du chef de l’État, Abdoulaye Wade, de participer avec son effigie aux élections législatives de 2001, le Conseil constitutionnel avait répondu par une fin de non-recevoir courageuse.
En effet, les «Sages» avaient estimé dans leur décision du 26 mars 2001 que « le principe d’égalité entre les partis ou coalitions de partis commande qu’ils connaissent le même traitement ; qu’ainsi, aucun d’eux ne peut, au cours d’une compétition électorale à laquelle le Président de la République n’est pas candidat, utiliser l’image et les attributions constitutionnelles de celui-ci». En conséquence, «le nom «WADE» et la photographie du président de la République ne doivent pas figurer sur le bulletin de vote de la «Coalition WADE»…». A l’époque, le brillant professeur de droit Alioune Sall n’avait pas manqué de louer cet acte rare chez nos «Sages» en déclarant ceci : «Voici en effet une des rares, peut-être trop rares décisions dans lesquelles la Haute juridiction sénégalaise se libère quelque peu du corset des textes qui régissent sa compétence, et ose, pour une fois, rompre avec l’obsession de la compétence d’attribution». Malgré cette jurisprudence, pourtant lors des législatives de 2017, Bennoo Bokk Yaakaar s’est servie de l’image du président Macky Sall sans être inquiétée par la haute juridiction.
Que de rendez-vous manqués ! A part cette décision historique de mars 2001, le Conseil n’a presque jamais émis un avis ou une décision qui contredise, en quoi que ce soit, le pouvoir, y compris quand il s’agissait de textes absurdes. En janvier 2012, c’est l’institution dirigée par feu Cheikh Tidiane Diakhaté qui avait validé contre toute attente la candidature du Président Abdoulaye Wade. Conséquence : deux morts, plusieurs blessés et un pays qui sombre dans l’embrasement le 31 janvier 2012. Tout cela à cause d’une décision irréfléchie du Conseil constitutionnel.
Ismaïla Madior Fall : «Il y a toujours une suspicion légitime sur le Conseil constitutionnel»
D’ailleurs, cette validation avait exaspéré le professeur Ismaïla Madior Fall, actuel ministre de la Justice, au point que, lors de l’émission dominicale le «Grand jury» de la RFM, il avait déclaré sans aménités ceci : «Ceux qui ont une autorité en matière de science du droit constitutionnel avaient considéré, dans leur écrasante majorité, à peut-être une ou deux exceptions, que la candidature du président n’était pas conforme à la constitution. Donc, l’on s’attendait à ce que le Conseil constitutionnel invalide simplement cette candidature. Il y a toujours une suspicion légitime sur le Conseil constitutionnel. Ce qui fait qu’il apparaît comme une cour de juridiction qui est à l’instar de la Tour de pise, inclinée d’un côté, et c’est celui du pouvoir». Et le contempteur de la juridiction constitutionnelle de conclure : «Les Sages ne devaient pas ignorer la valeur juridique de la déclaration du président Wade de 2007, lorsque lui-même indiquait qu’il ne pouvait pas se présenter. Les manifestations et l’effervescence populaire, le Conseil constitutionnel ne doit pas les ignorer. Il ne peut pas les ignorer. Un juge constitutionnel doit aussi être à l’écoute de sa société politique et pouvoir anticiper sur l’avenir. Parce que le droit constitutionnel, c’est un droit dans lequel il y a des considérations non juridiques qui influent et parfois influencent la décision du juge».
C’est donc dire que, pour justifier ses décisions, le Conseil constitutionnel doit être aussi attentif aux arguments souvent non juridiques avancés et à marquer le plus possible son détachement des influences politiques exercées. Quand il s’est agi de trancher sur la réduction du mandat présidentiel, la haute juridiction, compétente par intermittences, a tendu la perche au Président Macky Sall qui s’est réfugié derrière elle pour ne plus honorer un engagement électoral majeur. Et cela après que Garde des Sceaux Ismaïla Madior Fall eut déclaré, le 3 janvier à l’émission «Remue-ménage» de la RFM, que «les avis rendus par le Conseil constitutionnel lient le président de la République, lequel est obligé de suivre l’avis du Conseil constitutionnel quel qu’il soit ». Ainsi le 17 février 2016, les Sages ont «enjoint» Macky Sall, qui les a tous nommés, de respecter la Loi fondamentale puisque «le mandat en cours du président de la République connaîtra son terme en 2019».
Comble de forfaiture, lors des élections législatives du 30 juillet 2017, les «Sages», ou prétendus tels, sur demande ou exigence du Président Macky Sall ont pris la place de l’Assemblée nationale pour torpiller le code électoral en décidant que «l’électeur n’ayant pu retirer sa carte nationale d’identité CEDEAO faisant office de carte d’électeur, mais dont l’inscription sur les listes électorales est vérifiée, peut voter sur présentation de son récépissé d’inscription accompagné d’un document permettant de s’assurer de son identité».
C’est l’aubaine qu’attendait le pouvoir pour user exponentiellement d’ordres démission et faire basculer le vote dans un lieu comme les Parcelles assainies, fief de Taxawu Dakar. Pourtant, en tant que juges électoraux, Pape Oumar Sakho et ses collègues auraient dû ajourner ces élections puisque un million de Sénégalais n’avaient pas reçu leurs cartes pour pouvoir voter. Mieux, depuis la fin des législatives, les Sénégalais attendent désespérément une étude ou un rapport évaluatif des «Sages» sur l’organisation catastrophique des élections législatives de 2017 qui ont vu un million de Sénégalais être privés de la possibilité de voter pour le candidat de leur choix.
Quand le Conseil se trompe de cible !
D’ailleurs, en voulant simplement établir un dialogue avec la presse, le Conseil constitutionnel s’est trompé de cible. Cette juridiction doit s’ouvrir plutôt au peuple parce qu’étant le «représentant du peuple perpétuel, seul souverain» comme le dit Philippe Blachèr, professeur de droit à l’Université de Lyon III. Mais que voit aujourd’hui ? Un Conseil constitutionnel autiste replié sur lui-même. Aucun moyen d’information ! Même le site web dont a parlé le juge Pape Oumar Sakho est inaccessible depuis fort longtemps. Dès lors qu’on clique sur http://conseilconstitutionnel.sn/accueil/, il y est indiqué le message suivant : «Excusez-nous pour la gêne occasionnée. Votre site web est actuellement en maintenance». Et même quand il était fonctionnel, on ne pouvait y recueillir aucune information. A part les résultats des législatives, qui d’ailleurs figuraient sur plusieurs sites, tous les Avis et Décisions du Conseil constitutionnel portent la mention «Protégé – Cet article est protégé par un mot de passe ». Si c’est protégé, pourquoi les mettre en ligne ? Pourtant les Avis et Décisions ne doivent pas être frappés du sceau « secret d’Etat ». Ainsi partant d’une analyse comparative de quatre juridictions constitutionnelles en Afrique de l’Ouest (Mali, Bénin, Côte d’Ivoire, Gabon), l’analyste Seybani Sougou résidant en France démontre que le Sénégal a fait un prodigieux bond en arrière en matière de démocratie et de pratiques constitutionnelles déconsolidantes. Ce qui fait qu’il serait le dernier de la classe.
Aujourd’hui, le sentiment le mieux partagé chez les citoyens est que le Sénégal pourrait facilement se passer de cette institution inutile et partisane et transférer ses pouvoirs à une juridiction autrement plus compétente et plus neutre. Autrement dit, ce n’est une «collaboration» — on nous prend pour des «collabos» ? Ou une ouverture à la presse qui donnera une image moins repoussante de cette juridiction couchée et toujours «compétente» pour exécuter les desiderata du Président en fonction.
Loin de nous l’idée de dénigrer l’éthique des membres du Conseil, mais il y aura toujours un doute sur leur neutralité du fait de la «compétence» qu’ils affichent ostensiblement pour exécuter la volonté présidentielle et de l’«incompétence» répétitive dont ils font montre quand les opposants demandent leur arbitrage sur des points de divergence avec le pouvoir en place. Bien évidemment, une telle couardise, pour ne pas dire une telle inféodation au pouvoir en place, ce n’est pas ce qu’attendent les Sénégalais de leur plus haute juridiction.
PAR DAMIEN GLEZ
AHMAD AHMAD SDF ?
Le président de la CAF cherche un hébergement pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN), afin que les supporteurs ne soient pas orphelins de compétition
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 13/12/2018
Déjà, la prochaine Coupe d’Afrique des nations de football va être déboussolée par un « jet lag » de cinq mois, la phase finale débutant en juin et non plus en janvier. Déjà, elle devra s’habituer à accueillir 24 équipes, au lieu de 16 habituellement. La version 2019 de la compétition n’avait pas besoin, en plus, de bouderies et d’incertitudes…
La CAF n’aurait donc plus qu’à faire les yeux doux aux grands frères expérimentés du Caire et de Pretoria, chacun ayant déjà joué la carte de l’imbroglio apparent. Après avoir déclaré qu’il n’était pas candidat, le pays des pharaons serait désormais « prêt », « capable » et « fier ». C’est aussi après des déclarations contradictoires que l’organisateur du mondial 2010 aurait formellement exprimé son intérêt…
CAF échaudé craignant l’eau froide, Ahmad Ahmad devrait peut-être sécuriser la CAN avec un énième plan B. Solution extrême numéro 1 : revenir vers le Cameroun en paraphrasant les Ivoiriens des « Potes De La Rue » : « Faut pas fâcher hein ! nous s’amuser ». Solution extrême numéro 2 : délocaliser la Coupe d’Afrique des nations, comme le Rallye Dakar qui répond au nom d’une capitale africaine tout en se déroulant en Amérique du Sud. Et si les 24 équipes de la CAN se retrouvaient dans ce Brésil aux racines africaines et aux infrastructures encore fraîches ? Pas sûr que le président « migrophobe » Jair Bolsonaro ait envie de voir débarquer, à Rio de Janeiro, des cohortes africaines. Faut pas fâcher hein…
PAR MOHAMED DIA
LE JEU DE DUPES
Comment se fait-il que l’emploi des jeunes n'ait pas été le moteur de votre action dès votre arrivée au pouvoir ? Le gouvernement a montré ses limites durant ce mandat et je ne pense pas que cinq ans de plus puissent changer grand-chose
Macky Sall : "l’emploi des jeunes sera le moteur de mon action si je suis réélu"
Après six ans au pouvoir, le président de la République a finalement compris une des priorités des Sénégalais. Peut-être aussi, qu’il ne l’a toujours pas compris et que cette phrase tirée du livre du président de la République, soit purement politique pour essayer de gagner la confiance des Sénégalais une seconde fois. L’actuel président de l’Assemblée nationale disait du temps du président Diouf : « Il est évident et aujourd'hui amplement prouvé que ce qu’un chef d'Etat n'a pu réaliser en dix ans, il ne pourra jamais le réaliser en vingt ou trente ans". Je dis dans ce sens, que ce qu’un président n’a pas pu réaliser en six ans, ce n’est pas un autre mandat de cinq ans qui puisse régler la situation, à moins qu’un troisième mandat ne soit possible. Impossible n’est pas Sénégalais.
Similaires à la fin du président Diouf mais différents
Je respecte le président Diouf et le considère comme le président le plus méritant à cause de ce qu’il a hérité et de l’environnement économique dont il faisait face.
Après la dévaluation, la campagne du président Diouf était axée sur les améliorations économiques au Sénégal. Le président Diouf ne parlait que de la croissance, vue toutes les crises que le Sénégal venait de traverser. Les entreprises publiques furent privatisées à cause de la mauvaise gestion. Il insistait sur le fait que le Sénégal possédait beaucoup de devises avec la cession de ces entreprises à des multinationales étrangères. Le PIB grimpa jusqu’à 6 % et l’Etat commença à investir dans l’agroalimentaire et les mines entre autres. En 1993, le président Diouf avait promis 20 000 emplois par an et une croissance entre 6 et 10 %. Macky Sall avait promis 500 000 emplois et là, il nous dit dans son livre qu’avec le pétrole et le gaz, il veut relancer l’économie et atteindre une croissance de 9 %, voire même une croissance à deux chiffres. Le président Diouf disait que plus de 40 000 emplois ont été créés depuis 1993 alors que plus de 100 000 Sénégalais entraient dans le marché du travail chaque année. Cela donnait un manque à gagner de plus de 60 000 emplois par an. De 1993 à 2000, nous assisterons donc à un gap de 420 000 emplois si les chiffres fournis étaient avérés. Avant les élections de 2000, le président Diouf négociait avec le MFDC et il rencontra pour la première fois le leader du MFDC en 1999 à Ziguinchor. Une poignée de mains s’ensuivit pour des élections apaisées. Quand il lui a été reproché que depuis l’âge de 25 ans, il n’a pas payé de factures, l’actuel président du HCCT rétorquera dans Jeune Afrique de 1999 que : "Je ne vois vraiment pas ce qu’il y a de gênant à cela. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas payé l'eau et l'électricité qu’on ne peut pas être en phase avec son peuple". Le président Sall lui a connu les facultés de l’université Cheikh Anta Diop, les fins de mois difficiles, la location de chambres, studios et appartements. Est-il possible en six ans d’oublier cette vie, celle que la majeure partie des Sénégalais vit chaque jour ?
Il est trop tard pour s’incliner quand la tête est tombée
Mandat de 7 ans : "Il faut qu'on comprenne, en Afrique aussi, qu'on est capable de donner la leçon, et que le pouvoir ce n'est pas une fin en soi" disait Macky Sall quand il avait promis de réduire son mandat en cours de 7 à 5 ans tout en sachant que dans une République, cela ne puisse point dépendre de lui, mais plutôt du Conseil constitutionnel. M. le président, je vous assure que vous n’aviez pas besoin de cette promesse pour gagner les élections, car le Sénégal voulait d’un changement indépendamment du candidat qui serait face au président Wade.
Ingérence familiale : M. le président, vos propres mots : « Je ne mêle jamais ma famille à la gestion du pays. Si mon frère a été amené à être cité dans des affaires de sociétés privées, c’est parce que je lui avais justement indiqué très clairement, dès ma prise de fonctions, qu’il ne bénéficierait jamais de ma part d’un décret de nomination, notamment en raison de l’histoire récente du Sénégal (Wade père et fils) et parce que je ne voulais pas être accusé de népotisme ». Oui, M. le président. Vous aviez raison et le Sénégal était fatigué de la manière dont le président Wade gouvernait. Pourquoi l’avez-vous suivi sur ces pas M. le président ? Nous n’arrivons toujours pas à comprendre.
Transhumance ou CREI : M. le président, vos propres mots : « la transhumance était comme « une pathologie gangrenant notre système politique ». Durant douze ans du règne du président Wade, une seule une personne a été emprisonnée, le fils du président Wade. Un leader doit être juste M. le président, soit on emprisonne tous ceux qui ont détournés ou on continue sur la même lancée de détournement. Souleymane Ndéné Ndiaye disait : « J’ai dit et répété qu’il n’arrivera jamais, je dis bien jamais, que je rejoigne le président Macky Sall dans sa formation politique. C’est exclu. Nous n’avons pas la même vision de la gestion d’un pays, et même d’un parti politique ». Sitor Ndour lui disait : « Je préfère prendre ma retraite politique que d’être avec Macky Sall. » Aida Ndiongue disait : « Si je transhume au PDS, que tous ceux qui ont un chiot lui donnent mon nom », et d’autres exemples…
Khalifa Sall : La cour de la CEDEAO nous parle de « violations des droits de l’Homme et des droits politiques notamment le droit d’être assisté par un avocat, le droit à la présomption d’innocence, le droit de faire entendre des témoins, le droit de bénéficier d’une instruction à décharge par une mesure d’expertise tendant à établir des contestations sérieuses et le droit à un procès équitable. La cour dit aussi que M. Sall ne se trouvait dans aucun cas d’incapacités légales ou d’inéligibilité prévue par la loi électorale. Donc il a été privé de son droit de vote. La cour dit aussi que son immunité parlementaire a été violée, car il n’a jamais été entendu par la Commission et n’a pas été mis en mesure de comparaître personnellement à l’Assemblée nationale pour se défendre ou pour désigner un défenseur. Elle dit aussi que la détention de M. Sall entre la date de la proclamation des résultats de l’élection législative par le Conseil constitutionnel c’est-à-dire le 14 août 2017, et celle de la levée de son immunité parlementaire, à savoir le 25 novembre 2017, est arbitraire. Monsieur le président, on ne peut pas faire deux poids deux mesures. Quand les décisions nous arrangent, on est avec la CEDEAO, quand les décisions ne nous arrangent pas, on devient une nation souveraine.
Il y a tant d’autres dossiers aussi importants sinon plus importants, mais nous nous en arrêterons là.
Phase I du PSE : La charrue avant les bœufs
Monsieur le président, je sais que nous sommes en politique et que votre but principal est de vous faire réélire, mais malheureusement le Sénégal n’en est pas encore à ce stade. Monsieur le président, de 500 000 emplois promis à "l’emploi des jeunes sera le moteur de mon action si je suis réélu". Maintenant que la population devient importante, car détentrice de votre destin politique, vous venez les implorer. N’est-il pas un peu trop tard Monsieur le président ?
Ila Touba électoraliste ou hôpitaux : La construction d’un centre hospitalier digne de ce nom aurait coûté un peu plus de 7 milliards de francs CFA. Avec les 416 milliards de l’autoroute Ila Touba, combien d’établissements sanitaires aurions-nous pu construire à travers le pays afin que chacun ait accès à des soins médicaux de qualité ?
Arène nationale ou salles de classe : Pendant que le Sénégal comptait 6 369 salles de classe dites « provisoires », la construction d’une arène nationale à 32 milliards était prioritaire dans votre programme. Le coût approximatif pour les transformer en véritables lieux d’enseignement se monterait à 40 milliards de francs CFA.
Un centre de conférence et un complexe sportif ou une usine de dessalement : Le centre international de conférence Abdou-Diouf et le complexe sportif Dakar Arena nous ont coûté plus ou moins 126 milliards. Une usine de dessalement de l’eau de mer coûte 135 milliards de francs CFA. Ne devait-on pas le faire avant ces infrastructures électoralistes ?
Le TER, ce fameux TER : Quel est le coût ? 750 milliards ? 1000 milliards ? Peu importe. Monsieur le président, nous sommes l’un des pays les plus pauvres du monde. Le Sénégal compte 0,07 médecin pour 1 000 habitants, affiche un taux de pauvreté de 47 % et la dette publique représente plus de 61 % du PIB. Monsieur le président, et le BRT ?
Comment se fait-il que les programmes d’accès aux services sociaux et les programmes de protection sociale ne sont pas prioritaires dans le PSE ? Monsieur le président, la santé et l’éducation au lieu des milliards dans ces infrastructures sans utilité, l’assainissement du pays, l’emploi des jeunes, le secteur agricole, le secteur primaire en général, les industries, le secteur minier avec ces mauvais contrats, l’exode urbain, le transport aérien national au lieu du TER, le transport interurbain, les contrats pétroliers et gaziers…
Parmi les réalisations dont vous vous vantez, elles dérivent pour la plupart de dons, de prêts concessionnels ou d’alliance. Notre budget ne sert pas à grand-chose à part maintenir cet extravagant train de vie, on dirait Monsieur le président. On a mis la charrue avant les bœufs monsieur le président, je vous assure. Les « bœufs » sont affamés et ont dit « qu’un bœuf affamé est un bœuf en colère ».
Monsieur le président, les priorités devaient être la santé et l’éducation tout en n’ignorant pas les autres secteurs. En 2018, pendant que nous nous vantons d’infrastructures de dernière génération, nous n’avons toujours pas de modèle économique. Le PSE est un programme et non un modèle économique. L’économie du Sénégal a été en mode auto pilote et rien n’a été fait pour changer cela à part parler de croissance. Bien sûr que la croissance sera forte à cause des investissements publics. A défaut d’investissements privés, cette croissance chutera. Monsieur le président, je conclus en disant que le PSE a été un échec et sera toujours un échec. Monsieur le président, le gouvernement a montré ses limites durant ce mandat et je ne pense pas que cinq années supplémentaires puissent changer grand-chose. Comment se fait-il que l’emploi des jeunes ne soit pas le moteur de votre action dès vos premiers jours au magistère suprême ? Ne dit-on pas "qu’il est aisé de faire des promesses, mais difficile de les tenir" ?
PAR JÉRÔME CARLOS
DE QUOI MEURENT LES DÉMOCRATIES?
Ce que nous tenons pour « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » n’est pas frappé du sceau de l’éternité - Au moins trois virus mortels peuvent sceller le sort de toute démocratie
Les démocraties sont mortelles. Elles peuvent disparaître corps et biens, tel un navire pris dans la tourmente des éléments déchaînés. Ce que nous tenons pour « Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » n’est donc pas frappé du sceau de l’éternité. Au moins trois virus mortels peuvent sceller le sort de toute démocratie. Quels sont-ils ces virus ?
Il y a d’abord l’ignorance. C’est la mère de toutes les tares. Qui ne réussit pas à prendre pied sur le théâtre du savoir et de la connaissance se condamne à être et à rester un être fantomatique. Un être qui s’enfonce, chaque jour davantage, dans les ténèbres. Celui-là ne peut se sentir concerné par les choses d’ici, étant plutôt un être de là-bas. Celui-là ne peut peser sur le cours des choses, s’étant installé dans la stérilité d’un exil qui le tient loin de l’essentiel. Celui-là ne peut compter en quoi que ce soit, étant bouché à tout.
L’ignorance des citoyens, voilà le rideau de fumée derrière lequel la plupart des politiciens jonglent et manipulent à loisir. Ils font croire aux citoyens que leur bulletin de vote ne vaut pas plus qu’un bol de riz ou qu’un modeste billet de banque. Ils font applaudir, tresser une couronne de gloire à ceux qui, pourtant, affament et assoiffent des populations entières, privent celles-ci de soins de santé ou de la chance de s’instruire. Tout ce cirque s’orchestre à coups de marches de soutien, de cultes d’action de grâce, de meetings géants pour cheptel bêlant, pour hordes gueulantes.
C’est la preuve par neuf que l’ignorance n’aide pas à voir le monde à l’endroit. L’ignorance est un mal absolu qui enterre absolument vivant celui qui en est atteint.
Il y a, ensuite, le silence. Il ne s’agit pas seulement du fait de ne pas se faire entendre, de ne pas s’exprimer. Le silence, ici, recouvre plusieurs formes et se pare de divers sens.
Le silence de ceux qui, contraints et forcés, sont réduits à devoir la boucler. En somme, on leur fait ravaler leur vérité pour que triomphe « la voix de son maître ». On le sait : le silence des cimetières n’offre même pas aux morts la possibilité d’exercer leur droit à la parole.
Le silence de l’indifférence, synonyme d’inconscience et d’irresponsabilité. On se tait dès lors qu’on limite tout à soi ; qu’on réduit le vaste monde aux frontières de son propre monde ; qu’on ne veut pas voir plus loin que le bout de son nez ; qu’on laisse tout glisser sur soi, sur son corps et sur son esprit, comme l’eau sur les plumes d’un canard.
Le silence complaisant ou complice qui confine à la conspiration du silence. Il s’agit de ce hold-up parfait opéré par certains individus, contre tous et à l’insu de tous, en se barricadant dans le couvent de leur vérité. Ces individus ferment les yeux sur tout pour plaire. Ils se bouchent les oreilles pour chérir le statu quo, synonyme de régression. Ils laissent courir et pourrir pour sauvegarder d’éphémères privilèges et avantages.
Il y a, enfin, la parodie. A définir comme une peinture fausse. C’est de l’imitation. C’est de la contrefaçon grotesque. On joue à être démocrate ou à être en démocratie. On met en place, dans un désert de démocratie, toutes les apparences démocratiques :l’appareillage, le rituel, la liturgie, les institutions, les élections, le discours… Comme on le voit, tout est formellement en place pour simuler une démocratie. Mais rien n’est substantiellement en mouvement pour vivre une démocratie ou pour être dans une démocratie.
Il ne reste plus qu’à se laisser couler dans le moule d’un dispositif démocratique en trompe l’œil. On a affaire à un contenant sans contenu, à une démocratie sans démocrates. En somme, une coquille vide.
Oui, les démocraties sont mortelles. Elles meurent quand elles sont privées des lumières de la pensée. Elles meurent quand elles sont sevrées des flux vibratoires de la parole qui libère. Elles meurent quand elles sont déconnectées de toutes réalités, de l’action efficace qui construit. C’est sûr : la guérison est à la porte de qui sait là où il a mal.
Le Syndicat des travailleurs de la justice (Systjust) est décidé à obtenir gain de cause dans le bras de fer qui l’oppose à la tutelle suite aux engagements pris par le chef de l’Etat au mois d’avril dernier. Après avoir tenu de multiples sit-in, Me Ayé Boun Malick Diop et ses camarades ont battu hier le pavé de la place de la Nation au rond-point de la rtS.
Comme annoncé, le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) est descendu dans la rue pour dénoncer le non-respect par le ministre de la Justice des engagements pris par le président de la République. De la place de la Nation au rondpoint de la RTS, Me Ayé Boun Malick Diop et ses camarades, en brassards rouges et certains en robes noires, ont battu le macadam. « Pour la matérialisation des promesses du président de la République» ; « Nous exigeons le respect du protocole d’accord du 17 octobre 2018» ; « Nous voulons des ministres qui font respecter les engagements du chef de l’Etat»… Ces slogans figuraient sur les banderoles et autres pancartes que portaient les manifestants. Au terme de la marche, le secrétaire général du Sytjust a accusé le ministre de la Justice d’être à l’origine de tous leurs maux. «Les travailleurs du service public de la justice sont victimes d’un mauvais plan de carrière. Ils souffrent de mauvaises rémunérations. En somme, nos préoccupations les plus sérieuses ne sont pas prises en compte par notre ministre tutelle», fulmine Me Ayé Boun Malick Diop.
A l’en croire, le mal du Sytjust découle du non-respect des engagements pris par le chef de l’Etat à l’audience qu’il leur a accordée le 5 avril dernier. Pourtant, révèle Me Diop, la loi de finances a été votée à l’Assemblée nationale et des dépenses ont été prévues. Seulement, se désole-t-il, rien n’a été fait jusqu’à présent. «Il y a une volonté manifeste de la tutelle de nuire à nos intérêts. Quelque part, il y a une main invisible animée par un esprit tordu qui nous empêche de profiter de cette volonté du président de la République.
Et c’est celle du garde des Sceaux et de ses collaborateurs qui sont animés d’une certaine méchanceté corporative. Celui qui devait être notre avocat pour prendre nos doléances en charge, c’est celui-là qui est en train de poser des actes dans le sens de pourfendre toute la volonté politique exprimée par le Président Macky Sall », martèle Ayé Boun Malick Diop qui s’en est également pris au ministre des Finances coupable, à ses yeux, d’avoir remis en cause l’exécution du protocole d’accord signé le 17 aout dernier. «Notre espoir pour une vie meilleure est hypothéqué au motif que les 5.199.000.000 FCFA qui avaient été inscrits aux dépenses du personnel ont été torpillés par le ministre de la Justice qui a expliqué au président de la République que c’était trop d’argent pour des travailleurs de la justice», affirme le leader du Sytjust. En dépit de la volonté de la tutelle qui fait obstacle à l’exécution de leurs doléances, Ayé Boun Malick Diop et ses camarades ont décidé à poursuivre le combat pour le respect des engagements pris.
ADOPTION EN CONSEIL DES MINISTRES DU DECRET SUR L’ELARGISSEMENT DE L’ASSIETTE DU FOND COMMUN Le Sytjust applaudit mais ne désarme pas
Le mouvement d’humeur du Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) sanctionné, hier, par une marche de la place de la Nation au rond-point RTS est sur le point de porter ses fruits. D’autant qu’en conseil des ministres hier, le président de la République a adopté trois projets de décret relatifs à l’élargissement de l’assiette du fond commun. En effet, il s’agit de trouver de nouvelles sources d’approvisionnement du fond commun des travailleurs de la justice. Selon le secrétaire général du Syjtust, Me Ayé Boun Malick Diop, cette démarche du Président Macky Sall est une réparation, puisqu’ils ont été spoliés d’un droit, en l’occurrence, les frais de nantissement, supprimés pour attirer les investisseurs. Un prétexte qui avait, en son temps, soulevé le courroux des travailleurs de la justice. Même si le chef de l’Etat a répondu favorablement à l’une des doléances du Sytjust relative au fond commun, Me Ayé Boun Malick Diop et ses camarades n’entendent pas enterrer la hache de guerre. Au contraire, ils comptent poursuivre le combat pour l’application effective des engagements pris par le chef de l’Etat. Ce, d’autant que le point relatif au régime indemnitaire qui a fait l’objet d’un décret n’est toujours pas appliqué. Dans ce sillage, deux autres décrets ont été adoptés depuis le 25 juillet dernier en conseil des ministres concernant le statut des greffiers et le centre de formation pour régler la revendication relative au plan de carrière n’ont toujours pas été signés. «Est-ce que le décret sur l’élargissement du fond commun ne connaitra pas le même sort», se demande le patron du Sytjust. Revenant sur le plan de carrière, Me Diop révèle que le texte adopté en conseil des ministres a été bloqué par la tutelle avant de le retourner au Comité technique alors qu’il devait être présenté au chef de l’Etat pour signature. Le comité technique, dénonce-t-il, est inférieur au Conseil des ministres. Cependant, cette démarche de la tutelle est justifiée par le patron des travailleurs de la justice comme une tentative de rendre difficile la mise en œuvre de ces décisions.
MBALLO DIA THIAM ANNONCE LA MARCHE DE «AND GEUSSEUM» LE 19 DECEMBRE
Lors de leur marche hier, les travailleurs de la justice ont bénéficié du soutien de Mballo Dia Thiam de «And Geusseum» venu leur prêter main forte. Comme Me Ayé Boun Malick Diop, le syndicaliste de la santé a dénoncé le refus de la tutelle depuis 2015 d’appliquer les engagements du président de la République. «Aucune proposition concrète n’a été faite, si ce n’est des menaces. Pire, le budget dégagé a été retiré au dernier moment. Du jamais vu dans un pays organisé», peste M. Thiam qui, dans la foulée, annonce la marche de «And Geusseum» le 19 décembre prochain à la place de la Nation pour exiger un régime indemnitaire pertinent et équitable. «Il faut que cette politique deux poids deux mesures observée cesse», lance t-il. Le leader de «And Geusseum» n’exclut pas de fédérer leurs forces pour plus d’impact dans la lutte d’autant qu’ils appartiennent à la même centrale syndicale.
A leurs détracteurs, Mballo Dia Thiam indique que les syndicalistes n’ont pas de calendrier électoral et ne sont pas des politiciens non plus. «Nous avons commencé à alerter depuis 2017. C’est le gouvernement qui a donné à tout le monde rendez-vous à la veille des élections. Il n’a qu’à assumer cette posture et se mettre à la disposition des syndicats parce que le gouvernement est là pour régler les problèmes de la justice, de la santé et de l’éducation. C’est son devoir régalien», tonne Mballo Dia Thiam qui soutient que dans un avenir proche, on ne parlera plus d’élection, contrairement au sort des travailleurs qui sera toujours d’actualité
«ON A ANNONCE LA MORT D’UN DETENU ALORS QUE SA FAMILLE IGNORAIT QU’IL ETAIT INCARCERE»
Agnes Ndiogoye, première et seule femme inspecteur
L’actuelle directrice de la Maison d’arrêt et de Correction (Mac) de Rebeuss, l’inspecteur Agnès Ndiogoye, nommée à ce poste en 2016 est non seulement la première femme à diriger cette prison mais aussi la seule et première femme de l’administration pénitentiaire à porter la casquette d’Inspecteur. Elle est entrée dans le corps en 2014 et est titulaire entre autre, d’un Master 2 en sécurité défense.
Sur la question de l’information sensible, l’Inspecteur a pris l’exemple d’une personne décédée à Rebeuss. Alors qu’ils en étaient juste aux formalités, l’Association pour le Soutien et la Réinsertion Sociale des Détenus (Asred) a annoncé la nouvelle, relayée dans la presse. Mais ce que les journalistes ne savaient pas, c’est que la famille du détenu ignorait que ce proche était en détention, ce qui a grandement perturbé sa quiétude. Cependant, l’Irap de Thiès Mohamed Lamine Diop estime que l’administration pénitentiaire doit communiquer, parce que si elle ne le fait pas, «les autres vont le faire à sa place et dire des inexactitudes». L’Irap de Ziguinchor, l’inspecteur Mbaye Sarr, a rappelé que la sortie irrégulière de correspondances est un délit en matière pénale.
«THIEP BI MO NEKH», 100 RECIDIVISTES PAR SEMAINE
Selon la directrice de Rebeuss, il y a 100 cas de récidivistes par semaine. Pour dire que la vie en prison est moins dure pour certains que celle de l’extérieur, elle a raconté qu’un détenu, qui refusait de jeûner pendant le Ramadan, interpellé par son père, a répondu : «Mais papa, ici nous avons du pain-chocolat». Certains, ajoute l’inspecteur, disent:«thiep bi mo nekh». En plus, ils disposent de matelas, ventilateurs, Canal Horizon... «Il faut comparer avec ce qu’ils ont à l’extérieur. J’ai eu un détenu qui passait la nuit dans une voiture aux Hlm».
REVELATION DE SALIOU FAYE, EDUCATEUR SPECIALISE
Un mineur maintenu au Ford B pour des soins sur sa jambe Saliou Faye, éducateur spécialisé à la prison pour mineur du Ford B, a évoqué le cas d’un mineur en situation de pré-amputation de l’une de ses jambes. S’il est jugé et libéré, il ne pourra plus être soigné par l’administration pénitentiaire et son état de santé risque de s’aggraver. Pour l’intérêt supérieur de cet enfant, il sera donc maintenu en prison. Un clin d’œil aux défenseurs des droits de l’homme pour dire qu’il ne s’agit pas d’une détention arbitraire. Le Colonel Bocandé lui demande pourquoi on ne mettrait pas l’enfant dans un centre d’éducation surveillé. «Parce qu’il ne dispose pas du plateau médical adéquat», répond Saliou Faye.
MOHAMED LAMINE DIOP, IRAP DE THIES
«Nous faisons les transfèrements à notre corps défendant» Abordant les effets pervers du transfèrement, l’inspecteur régional de l’administration pénitentiaire (Irap) de Thiès, Mohamed Lamine Diop dit que pour désengorger Thiès, ils ventilent des détenus à Diourbel, Mbacké et Bambèye. «Nous savons que cet éloignement est difficile pour les détenus et leurs familles, mais nous le faisons à notre corps défendant », explique l’Irap. En plus à leur libération, s’ils se retrouvent sans un rond pour rejoindre leurs proches ou subvenir à leurs besoins, ils récidivent et retournent en prison. Ce qui fait dire à l’Irap de Kaolack, l’inspecteur Souleymane Faye que la solution serait la construction de nouvelles prisons.
INSPECTEUR SOULEYMANE FAYE, IRAP DE KAOLACK SUR LA GREVE DE LA FAIM «ON A PARLE DE 600 DETENUS, ALORS QU’IL S’AGISSAIT DE 50»
Abordant le mouvement d’humeur à la prison de Kaolack, l’inspecteur Souleymane Faye explique : «Tout est parti d’une saisie de deux cornets de chanvre indien, le 28 novembre, au soir. Les détenus concernés ont été conduits devant le juge, placés sous mandat de dépôt, ramenés à la prison et directement conduits en cellule. Le lendemain, on a parlé de grève de la faim. Ce qu’ils voulaient, c’est poursuivre la détention de chanvre indien, ce que nous n’accepterons pas. On a parlé de 600 détenus, alors qu’il s’agissait de 50».