Dakar, 11 déc(APS) - Le président de la République, Macky Sall, a exhorté mardi les Sénégalais à faire preuve de patience au sujet d’un retour définitif de la paix en Casamance, évoquant "une grande amélioration" de la situation dans cette région méridionale.
"Nous ne pouvons pas nous immiscer dans la gestion interne du groupe’’, a prévenu le chef de l’Etat en allusion au Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) qui combat depuis 1982 pour l’indépendance de la partie sud du Sénégal.
Il a souligné que l’Etat cherche à "créer les conditions d’un dialogue ouvert’’. "Ce dialogue a donné des succès. Nous devons être patients" , a-t-il dit lors de la présentation de son ouvrage "Le Sénégal au cœur".
La Casamance, région naturelle regrouant les régions de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor, est secouée depuis 1982 par un confit armé lié à la rébellion du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC).
Depuis 2012, les affrontements entre l’armée sénégalaise et les combattants du MFDC ont laissé place à une certaine accalmie.
"Aujourd’hui, les populations de la Casamance vaquent à leurs occupations. Il y a une grande amélioration. Ce processus, il faut juste le consolider (…). Nous sommes sur un processus de consolidation de la paix. A terme, il y aura la paix définitive et durable", a assuré Macky Sall.
Le chef de l’Etat a indiqué que le gouvernement cherche une paix définitive et durable et non pas à humilier les factions du MFDC.
"Tant que nous pouvons parler à tout le monde, nous pouvons les amener à observer cet esprit de paix, que les populations ne soient pas dérangés dans les travaux champêtres (…) , nous allons gagner la paix. Le reste, c’est une question de temps. Il faut laisser le temps faire son œuvre", a dit le président Sall.
LES REGRETS ET PROMESSES DU PRÉSIDENT SALL
"Il faudra réformer. C’est ce que nous n’avons pas assez fait ces sept dernières années, parce que nous ne pouvons pas tout faire. Nous avons développé des projets pour la Casamance, pour les territoires frontaliers, pour les doter du minimum"
Dakar, 11 déc (APS) - Le chef de l’Etat Macky Sall a dit mardi son regret de n’avoir pas pu mener "assez de réformes" durant son premier mandat à la tête du Sénégal, promettant d’en faire davantage une fois élu pour un second mandat.
"Il faudra réformer. C’est ce que nous n’avons pas assez fait ces sept dernières années, parce que nous ne pouvons pas tout faire", a-t-il dit lors de la présentation de l’ouvrage "Le Sénégal au cœur", qui retrace son parcours.
Le président Sall dit s’être surtout attelé à faire certains rattrapages sur le plan des infrastructures et dans le domaine de l’électricité par exemple, lors de son premier mandat.
"Nous sommes tranquilles aujourd’hui (…). Nous avons développé des projets pour la Casamance, pour les territoires frontaliers, pour les doter du minimum. Nous allons les poursuivre", a-t-il promis.
Il a annoncé l’amplification de certaines des actions visant à "réformer l’administration", "la manière de travailler", avant de souligner la nécessité d’agir "aussi sur l’environnement" dans la capitale sénégalaise.
"Nous devons avancer de façon déterminante sur nos ambitions d’émergence. Je crois sincèrement que le Sénégal peut être une des étoiles de l’Afrique, nous en avons toutes les capacités", a poursuivi le président de la République.
Selon lui, le gouvernement "doit se battre pour l’accès universel à l’eau potable, à l’électricité, mais également pour "faciliter le déplacement" des populations via "un vaste programme de désenclavement".
"Ce sont là des choses que nous devons faire. Nous devons absolument atteindre ces objectifs. Ils sont à notre portée. Il nous faut nous focaliser sur les résultats. Il faut que nous atteignions les objectifs pour lesquels nous nous battons", a insisté Macky Sall.
Le président Sall a présenté son ouvrage devant les journalistes, les diplomates accrédités, des présidents des hautes institutions de la République ainsi que des membres du gouvernement.
Il y avait aussi des députés, des militants de partis de la majorité présidentielle ainsi que des universitaires.
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MACKY EST LE MEILLEUR CANDIDAT
Moustapha Niasse a encore chanté les éloges de Macky lors de la réception des fiches de parrainage du mouvement Rahma
Boubacar Badji, et Oumar Niane |
Publication 11/12/2018
Pour Moustapha Niasse Macky est le meilleur candidat de la présidentielle de 2019 . Le président de l’assemblée l’a fait savoir lors de la réception des fiches de parrainage recueillies par le mouvement Rahma pour parrainer le candidat Macky.
Avec 32 860 signatures enregistrées pour parrainer le candidat de la coalition Benno Bokk Yaakar, le mouvement Rahma se place en tête de la course aux parrains dans la région de Kaolack. Mamadou Ndiaye Rahma était à l’assemblée pour remettre à Moustapha Niasse ses fiches de parrainage.
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PLAINTE CONTRE L’ETAT DU SENEGAL
Le collectif des diambars du Golf ont marché de la place de la nation jusqu’à hauteur du rond situé en face de la Rts pour réclamer leurs indemnisations
Le collectif des diambars du Golf ont marché de la place de la nation jusqu’à hauteur du rond situé en face de la Rts pour réclamer leurs indemnisations.
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L'ALTERNANCE GRÂCE AUX CONSIGNES DE VOTE ?
Pour la présidentielle, Macky Sall fait face à une opposition dont les principales têtes d'affiches sont en passe d'être écartées en raison de poursuites judiciaires - Mais les mots d'ordre de Karim Wade et Khalifa pourraient tout changer
Les candidats à l'élection présidentielle sénégalaise ont commencé à déposer leur dossier de candidature pour le scrutin du 24 février 2019. Contrairement aux précédents scrutins présidentiels, l'actuel chef d'Etat et candidat à sa succession fera face à une opposition dont les principales têtes d'affiches ont été écartées en raison de poursuites judiciaires.
C'est les cas de Karim Wade, fils de l'ancien président Abdoulaye Wade, et de Khalifa Sall, ancien maire de Dakar. Malgré tout, selon Abou Sané, ancien député de la coalition Sopi qui avait porté au pouvoir Abdoulaye Wade, les consignes de ces deux poids lourds de la scène politique sénégalaise pourraient faire basculer le vote en défaveur de Macky Sall.
BOUGANE GUÈYE AUTEUR D'UNE FAKE NEWS
Le leader de « Gueum sa Bopp », a récemment indiqué que « le Sénégal arrive 47e au classement de l’Indice du développement humain (IDH) des pays africains » - Les chiffres officiels démontrent qu'il a eu tort
Bougane Guèye Dany, le leader du Mouvement d‘opposition sénégalais « Gueum sa Bopp », indique que « le Sénégal arrive 47e au classement de l’Indice du développement humain (IDH) des pays africains ».
« Pour vous montrer à quel point notre pays est mal gouverné, je vais vous donner une idée du classement de l’IDH en Afrique : le Sénégal est classé 47e sur 53 pays », a souligné M. Guèye, candidat déclaré à l’élection présidentielle du 24 février 2019, sur la radio Zik FM, le 10 décembre 2018.
164e au classement mondial, 31e en Afrique
Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui publie l’IDH depuis 1990, indique que celui-ci « mesure le niveau moyen auquel se trouve un pays donné selon trois critères essentiels du développement humain : longévité, instruction et conditions de vie ».
La dernière mise à jour de l’IDH a été faite le 14 septembre 2018. Le Sénégal est 164e au classement mondial (sur 189 pays) et 31e à l’échelle africaine (sur 53 pays). Pas 47e comme indiqué par Bougane Guèye Dany.
« Bien que l’IDH ne soit pas une mesure complète de développement humain, c’est une valeur de bien-être élargie qui montre à quel point les mesures de développement humain sont devenues essentielles pour évaluer les progrès au cours des 25 dernières années », note le PNUD – Ass Momar Lô (11-12-2018)
KARIM S'EN REMET À LA CEDEAO
Le candidat du PDS à la présidentielle a saisi la Cour de justice de la CEDEAO pour faire reconnaître son droit, contesté par le gouvernement sénégalais, de s’inscrire sur les listes électorales afin de se porter candidat
Le candidat officiel du PDS à la présidentielle est dans l’attente d’une décision de la Cour de justice de la CEDEAO qui pourrait intervenir dans les prochains jours. Il entend faire reconnaître son droit, contesté par le gouvernement sénégalais, de s’inscrire sur les listes électorales afin de se porter candidat.
Pour Karim Wade, c’est la procédure de la dernière chance. Le 6 novembre, les avocats du candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) ont introduit une requête auprès de la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Ils estiment en effet que le Sénégal n’a pas respecté ses engagements internationaux en l’empêchant de se porter candidat à la présidentielle du 24 février 2019.
Au cœur du litige, l’inscription du fils de l’ancien président Abdoulaye Wade sur les listes électorales, effectuée par l’intéressé au Koweït en avril dernier. Le 2 juillet suivant, le ministère sénégalais de l’Intérieur rejetait cette inscription au motif de la condamnation de Karim Wade à six années de prison pour enrichissement illicite, en 2015.
Une condition sine qua non pour se présenter
Le ministère avait alors invoqué les dispositions de l’article L31 du code électoral, selon lesquelles toute personne condamnée à une peine plus de cinq ans de prison se voit priver du droit de figurer sur les listes électorales. Or, depuis la révision constitutionnelle adoptée en avril par l’Assemblée nationale, l’inscription sur les listes électorales est une condition sine qua non pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle(…)
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LA PRÉSIDENTIELLE N'EST PAS GAGNÉE D'AVANCE POUR MACKY
Même si les deux principaux rivaux du président sortant sont sortis de la course, la concurrence pourrait être rude
C'est aujourd'hui (11 décembre) que débute au Sénégal le dépôt de candidatures pour l'élection présidentielle de février prochain. Une élection qui pourrait théoriquement être gagnée d'avance par le président Macky Sall puisque ses principaux rivaux ont été écartés.
Il y a d'abord eu Karim Wade, le fils de l'ancien président Abdoullaye Wade, incarcéré après avoir été condamné pour enrichissement illicite, puis libéré sur grâce présidentielle. Khalifa Sall, l'ancien maire de Dakar, a alors été accusé à son tour de détournement de fonds publics et condamné à cinq ans de prison.
Le politologue sénégalais Moussa Diaw estime toutefois que l'élection pourrait être plus difficile qu'il n'y paraît pour Macky Sall.
LA CADENCE PRÉSIDENTIELLE
Les membres du Conseil constitutionnel ont le devoir de ne pas céder aux pressions du pouvoir politique dont l’une des icônes – le premier ministre - affirmait il y a quelques jours que le nombre de candidats à la présidentielle ne dépassera pas 5
Cette semaine, on entre vraiment en territoire présidentiel avec la réception des dossiers de candidature par le Conseil constitutionnel à partir du mardi 11 décembre. C’est le compte à rebours ! Les « Sages » qui ont décidé de se faire aider par des « observateurs » extérieurs pour sortir du guêpier des parrainages se sont peut-être rendu compte qu’ils pourraient avoir été piégés dans un embrouillamini électoral sans précédent.
Eplucher des dizaines de dossiers individuels contenant des centaines de milliers de noms de citoyens pour qui il faudra minutieusement authentifier les identités et les signatures relève d’une complexité inouïe. Une mission d’autant plus fastidieuse qu’il faudra veiller au respect fondamental du droit à l’expression libre de chaque individu. Cela suppose des qualités : minutie, patience, justice et équité dans le traitement d’une paperasserie montagneuse.
Devant l’histoire, les membres du Conseil constitutionnel ont le devoir impérieux de ne pas céder aux pressions du pouvoir politique dont l’une des icônes – le premier ministre - affirmait il y a quelques jours que le nombre de candidats à l’élection présidentielle du 24 février 2019 ne dépassera(it) pas 5.
Slogan ou simple injonction, une telle «prophétie» ne peut lier le juge électoral. Si le président de la République a cru devoir recourir au système du parrainage pour que le scrutin ne soit pas un bazar ouvert, la logique et le bon sens commandent d’accepter qu’il y ait 10 ou 15 ou 20 prétendants à sa succession si le Conseil constitutionnel en décidait ainsi…
"SOUTENIR LE PRIVÉ, C'EST ENCOURAGER UNE ÉDUCATION À DEUX VITESSES"
Chercheur à l’Institut de recherche pour le développement, Hamidou Dia met en garde contre une explosion sociale due à un système éducatif inégalitaire
Le Monde Afrique |
Coumba Kane |
Publication 11/12/2018
Depuis plusieurs semaines, le Sénégal fait face à des grèves dans l’enseignement privé. Ce secteur est devenu un acteur majeur de l’éducation dans le pays. Il attire 30 % des élèves, du primaire au supérieur, et son marché pèse 21 milliards de francs CFA (32 millions d’euros). Même l’Etat sénégalais, submergé par l’arrivée de nouveaux bacheliers, se tourne vers le privé où il oriente une partie des étudiants, en échange du paiement de leurs frais d’inscription.
Mais voilà, ces derniers mois, l’Etat endetté n’a pas réglé sa facture. Les écoles privées en grève menacent de renvoyer 40 000 élèves participant au dispositif. Cette situation alarmante relance le débat sur la part du privé dans l’enseignement au Sénégal où, en cinq ans, le nombre de bacheliers a augmenté de 61 %. Hamidou Dia, sociologue et chercheur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), met en garde contre une explosion sociale due à ce système éducatif à deux vitesses.
Le privé attire un tiers des étudiants aujourd’hui au Sénégal. Comment s’est-il fait une telle place face à l’enseignement public ?
Au Sénégal, l’enseignement privé dans le primaire et le secondaire a longtemps été confessionnel. Il est arrivé dans le sillage du christianisme et de l’islam au XIXe siècle. Mais c’est dans les années 1990, suite aux injonctions du FMI et de la Banque mondiale de réduire les dépenses publiques, qu’il s’est structuré. Puis, face à la pression démographique, il a fallu scolariser en masse conformément aux Objectifs du millénaire pour le développement des Nations unies qui fixait, à 2015, l’accès à l’éducation pour tous.
Parallèlement à l’essor du privé, on constate une méfiance des parents vis-à-vis du public, miné par des grèves à répétition. Pensez qu’entre 1960 et 2008, nous avons comptabilisé trente grèves, dont quatre qui ont duré des mois. Pour les familles, ces paralysies récurrentes dans l’éducation publique jettent un doute sur la qualité des enseignements. D’autant que par souci d’économie, des maîtres ont pu être recrutés, sans formation.
L’Etat lui-même se tourne vers le privé en finançant les droits d’inscription de certains bacheliers, environ 10 000 cette année. Cette situation vous inquiète-t-elle ?
Oui. C’est une fausse bonne idée que l’Etat finance le privé avec des deniers publics ! Il y a déjà le problème des professeurs du public qui vont enseigner dans ces écoles privées. Il faut au contraire donner cet argent aux universités publiques. Soutenir le privé, c’est encourager une éducation à deux vitesses. Au Sénégal, les disparités sociales sont très fortes. Une minorité mène une vie huppée, mais 47 % des 6-16 ans ne vont pas à l’école car leurs parents n’ont pas les moyens de payer 4 000 francs CFA [6 euros] par an ou ne se reconnaissent pas dans l’institution scolaire qu’ils jugent trop éloignée de leur histoire et de leur représentation du monde. L’alternative, c’est l’école coranique où 30 % des moins de 16 ans, non scolarisés, sont inscrits.
Les écoles publiques manquent d’infrastructures. En province, et près de Dakar, à Niaga, les cours ont lieu dehors faute de murs ou sous ce qu’on appelle des « abris provisoires ». Face à ces inégalités criantes, l’Etat doit assumer son rôle en offrant une éducation de qualité pour tous. D’autant qu’une loi a été votée en 2004 pour assurer cela. Le privé, lui, est dans une autre logique : il doit dégager des bénéfices, c’est sa raison d’être.
Mais l’Etat n’a peut-être pas les moyens de soutenir le public…
Pas du tout ! L’Etat doit actuellement 16 milliards de francs CFA [environ 24 millions d’euros] à ces écoles privées qui se sont mises en grève pour réclamer leur dû et menacent de renvoyer 40 000 élèves ! 16 milliards de francs CFA, c’est le montant des frais d’inscription des bacheliers qui ont été orientés vers ces établissements. Cette somme aurait pu être investie dans l’université publique en souffrance. En 2014, le budget de l’université de Dakar, l’une des meilleures d’Afrique, était de 20 milliards de francs CFA pour une masse salariale qui s’élevait à 23 milliards de francs CFA, selon les syndicats d’enseignants. Les besoins de fonctionnement n’étaient donc même pas couverts par le budget.
Quand l’Etat verse 16 milliards à l’enseignement privé, il envoie un mauvais signal aux plus modestes, aux populations rurales, de l’intérieur du pays et de la banlieue. Evidemment, les ressources de l’Etat ne sont pas infinies, mais il peut donner un gage fort à ceux qui manquent quasiment de tout. Actuellement, il y a un sentiment d’injustice préjudiciable à la cohésion sociale. La République doit éviter qu’un gigantesque rideau d’argent ne se dresse entre ses enfants des quartiers huppés et ceux du reste du pays.
Paradoxalement, au Sénégal, plus le niveau d’études est élevé, plus le taux de chômage est important. Le privé permet-il de mieux s’insérer sur le marché du travail ?
Nous n’avons aucune information à ce sujet car les écoles manquent de transparence. Cependant, je constate de manière empirique que beaucoup de diplômés, attirés par des formations professionnalisantes, se retrouvent au chômage. Le vrai problème, ce n’est pas le trop grand nombre d’étudiants au Sénégal, mais la stratégie de développement du gouvernement. Il faut une politique économique pour créer de l’emploi, peu importe si l’on passe par le public ou le privé. Certaines universités privées malhonnêtes ont même délivré des diplômes pendant dix ans alors qu’elles détenaient un agrément provisoire d’un an. Leurs étudiants diplômés s’étonnent ensuite de ne pas trouver de travail.
Le gouvernement français a annoncé l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants extra-européens, dont 40 % sont africains. Quelles conséquences cette mesure peut-elle avoir sur l’éducation supérieure au Sénégal ?
Cette mesure va creuser les inégalités. La France veut des étudiants africains fortunés. Or les plus riches ne vont déjà plus dans l’Hexagone. Ils se tournent vers le Canada, les Etats-Unis, l’Australie où ils ont plus de chance d’être recrutés après leurs études. En France, ils sont confrontés à des obstacles administratifs et à un discours public violemment anti-étranger. Pour les étudiants modestes en revanche, c’est une mauvaise nouvelle. Même avec une bourse, ils ne pourront pas vivre en France à cause du coût de la vie. S’ils souhaitaient y suivre des études dans des secteurs de pointe, ils devront renoncer à leurs plans et choisir une autre filière dans un contexte sénégalais déjà engorgé et précaire.
Cette mesure est-elle une bonne nouvelle pour l’enseignement privé ?
Certainement, car certains étudiants vont être attirés par des écoles qui promettent des cursus avec la mention « international ». Or ces formations alléchantes ne sont pas toujours des gages de qualité.
Qu’est-ce que cette mesure peut changer dans les relations entre la France et les jeunes Africains ?
La France a beaucoup à perdre car ces étudiants participent à son rayonnement international. Le lien entre les élites va aussi se distendre. Ils étaient les ambassadeurs de la France et participaient à la diplomatie d’influence. Or la France leur dit : “Vous ne nous intéressez plus ! Nous voulons des Asiatiques et des anglophones, car ils peuvent payer” ! La France prend le risque de perdre sur les deux tableaux, car il n’est pas dit qu’elle parvienne à attirer les étudiants asiatiques. Ils vont plutôt au Canada, en Grande-Bretagne, en Australie, en Malaisie, en Inde, car l’anglais est la lingua franca.
On peut aussi y voir une manière d’encourager les Etats africains à développer leur enseignement. On accuse souvent la France de piller les cerveaux africains…
Oui, ce message doit pousser les Etats africains à prendre en charge le destin de ces jeunes. Mais à l’heure de la mondialisation, ces derniers ont aussi le droit d’étudier à l’étranger et y apprendre ce qu’il y a de mieux.
La France, elle, cultive une ambivalence. D’un côté, elle évite d’être accusée de néocolonialisme, car cette mesure décourage la fuite des cerveaux. Mais, d’un autre côté, elle revendique une place de puissance mondiale. Son rayonnement passe aussi par la formation dans ses universités des étudiants étrangers. En rejeter certains sur une base économique, c’est paradoxal. Le message est peu clair quand on repense au discours de Ouagadougou d’Emmanuel Macron il y a un an. Face à un parterre d’étudiants, il avait promis que l’éducation serait la base du nouveau partenariat entre la France et l’Afrique. C’est mal parti !