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21 septembre 2025
PAR ADAMA GAYE
LETTRE IMAGINAIRE D'UN DÉFUNT
L’extase de ceux qui me préfèrent là-haut qu’au milieu des débats politiques autour de l’élection présidentielle est si profonde qu’elle perce derrière les discours élogieux qu’en public ils servent à mon endroit
C’est, j’en suis sûr, le dernier retournement spectaculaire de situation auquel vous vous attendiez, au milieu de tout le brouhaha autour de ma dépouille et de l’émotion, qui me touche, suscités par ma disparition. Avant même que mon corps, maintenu dans une morgue glacée, ne finisse par retrouver sa place dans la tombe où j’ai un rendez-vous avec mon Seigneur, je n’en finis pas de me demander une question principale: c’est quoi tout ça ?
J’ai entendu même avant-hier le communiqué du conseil des Ministres évoquant, à son entame, ma mémoire, pour la saluer. Bah, me suis-je dit, ce n’est jamais trop tard pour bien faire. Oh, certains m’en voudront de laisser passer, sans rappeler à mes nouveaux fans officiels combien ils avaient rendu intenable la fin de mon séjour terrestre.
N’étaient-ce pas eux les commanditaires des projets déstabilisateurs portés par des huissiers et agents du fisc, nantis de redressements mortels, dans le seul but de faire taire la voix que représentait l’œuvre de ma vie -le groupe Walfadjri. En me ciblant, leur ambition était de l’abroger. Afin que ce groupe médiatique, installé avec d’autres sur la scène publique nationale, ne puisse plus s’acquitter de sa mission. Je le répète, sa seule raison d’être était et doit demeurer la production d’une information plurielle, citoyenne, patriotique, critique des pouvoirs tentés par quelque dérive autoritaire ou par la mal-gouvernance. N’en changeons rien !
Le faire serait se jeter dans les bras de mes bourreaux que je perçois d’où je me trouve. Je sens surtout à quel point ils sont mal à l’aise. Je les vois hésitant à faire dans la récupération. Ils ont des raisons d’être frileux, conscients que les populations sénégalaises qui ont suivi leurs actes d’un passé récent ne leur permettraient pas de prendre en ce label que, mort, je porte avec munificence, selon les indiscrétions de quelques anges. Tous craignent même que, furieux, certains d’entre-vous ne pourriez retenir vos huées en direction des usurpateurs en puissance, voire qu’ils puissent être la cible de vos débordements malheureux, s’ils tentent de matérialiser leur funeste rêve...
Maintenant que j’ai fermé la page des banalités de la vie terrestre, je rigole de ce que le pestiféré que j’étais, de mon vivant, soit devenu une icône nationale, au point d’être célébré par tous, à commencer par ceux qui, il n’y a guère, me houspillaient ou organisaient les orgies d’insultes, de répondeurs patentés, en ma direction.
J’entends même des voix s’élever pour demander si je n’ai pas été...marabouté, empoisonné, bref si je n’ai pas été la victime de quelque complot ourdi par ceux, nombreux, dont le rêve le plus cher était de me voir...dégager.
Oh, je sais, je sais: je n’ai pas toujours été accommodant. Trop de fois, j’ai été l’empêcheur de tourner en rond. Mon verbe, trop cru, notamment sur les plateformes des moyens de communication de masse que j’avais fondés, n’était pas toujours bien reçu. En une ère où compromis et compromissions conduisent des gens, longtemps restés droits dans leurs bottes, à bifurquer de leur chemin pour aller au banquet, à la soupe, mes valeurs m’ont toujours soufflé qu’il ne fallait pas vendre son âme. Pour rien au monde.
Je suis donc resté intraitable. C’est dire, en un mot, que ma mort arrange beaucoup de gens. Sans doute, n’osent ils pas le montrer en public mais qui sait ? ils ont probablement esquissé quelques pas de danse en mode célébration du départ d’un fauteur de troubles. Leur joie à peine contenue s’explique. Sachant que dans environ trois mois, lors d’une élection présidentielle aussi incertaine que décisive, j’aurais été un poison bruyant et mortel, intransigeant, capable de mobiliser tous les protestataires contre les manigances électorales que d’ici je vois se préparer au risque de mettre le feu sur la poudrière que notre pays est devenue.
L’extase de ceux qui me préfèrent là-haut qu’au milieu des débats politiques autour de l’élection présidentielle est si profonde qu’elle perce derrière les discours élogieux qu’en public ils servent à mon endroit.
Cela dit, dans l’atmosphère triste, authentiquement triste, que ma brutale disparition cause auprès de l’immense majorité des sénégalais, je trouve vraiment le réconfort d’avoir été utile quand j’ai passé le plus clair de mes 68 ans d’existence terrestre en leur sein. En y pensant, j’espère que cette partie, positive, de mon bilan sera rémunérée à sa juste valeur par mon Seigneur. Je le sais: il a toujours recommandé que ses disciples se consacrent à des combats nobles au service de l’intérêt général, de la démocratie, de la vérité. En plus de lui être dévoué, par une pratique religieuse. J’ai donné modestement ma part sur ces différents fronts.
En quittant cette vallée des larmes, je savais cependant que beaucoup de problèmes restaient à résoudre et que la société sénégalaise, fracturée, n’était pas sortie de l’auberge. Pauvreté, mal-gouvernance, corruption, insécurité, tensions sociales, domination étrangère, endettement public, bradage des ressources naturelles du pays, ou encore déficit d’infrastructures les plus critiques en matière de santé, d’école, de routes, et j’en passe, ont fini par éloigner des sentiers vertueux ce pays qui me fut si cher ma vie durant. Quand l’Ange Gabriel (Djibril, l’Ange Azrafi-Malakal-Mawti, chez les wolofs), envoyé du ciel est venu sonner à mon chevet pour me signifier l’heure fatidique, j’avais le sentiment de quitter trop tôt alors que tous les combats méritaient non pas d’être abandonnés mais intensifiés. C’est, de fait, une crise systémique sans précédent par son ampleur qui frappe notre pays. Ses valeurs immatérielles se sont aussi étiolées. Sa base sociale s’est effondrée.
Et, bien évidemment, je n’ai pas besoin de vous donner la dernière preuve qui en est la plus poignante illustration: sur mon corps, se chamaillant comme des chiffonniers, pour-je-ne-sais quelles raisons, ou que je devine trop pour m’y appesantir, des membres de ma famille se donnent en spectacle devant leurs compatriotes sonnés et médusés. Sous leurs yeux, ce qui était parti pour être un grand moment de retrouvailles et de réconciliation, de sobre réflexion sur le sens de la vie, n’est plus la belle saga que l’unanimisme autour de ma dépouille avait provoqué. Ce n’est plus qu’un vaudeville, forcément émergent, qu’elle devient.
Je n’aurais pas aimé voir d’ici ma famille s’étriper, se donner en spectacle, devenir, en somme, la dernière variante des tourments qui agitent les foyers sénégalais, hier socles de la socialisation initiale, et, maintenant rings publics, dès qu’il s’agit de liquider héritages et cérémonies post-mortem, en leur sein. Je ne peux d’ici trancher mon cas. Cela ajouterait à la confusion ambiante. Je me permets simplement d’en appeler à toutes les parties prenantes pour qu’elles fassent preuve de retenue, sérénité, respect des principes religieux et sociaux supérieurs. Je sais qu’il y a beaucoup de sénégalais, dont des autorités publiques et religieuses, offusqués par cette pitoyable scène qui se joue alors même que je reste encore dans la glace, attendant d’être livré à mon Seigneur. J’attends de tous, et des premiers concernés, membres de ma famille, qu’ils œuvrent à trouver le bon compromis, sans humilier ni écraser qui que ce soit...
Je forme un vœu: aujourd’hui, vendredi, grand jour du Seigneur, dans ma religion, c’est l’occasion de taire les rancœurs et donner droit à ce qui est juste. Faites-le au nom de Dieu; faites-le pour tous les sénégalais qui ont compati à l’annonce de mon décès; faites-le en hommage au long combat de ma vie terrestre; faites-le parce que l’explosion des bisbilles autour de mon nom envoie un message contraire à celui qui, d’ici, me tient à cœur. Je veux que mes compatriotes gardent de mon passage sur terre le souvenir d’un homme qui, en être faillible, a tenté tout ce qu’il pouvait, par soumission à son Seigneur, pour faire avancer les causes qui lui paraissaient justes.
En état d’être retourné à mon Dieu, vers la vraie demeure d’où je venais, celui d’où nous venons tous, je reste, impuissant, entre les mains de ceux que j’ai laissés sur terre, sachant toutefois que l’Etre fondamental ne dort pas.
Il tranchera. Et tout rentrera dans l’ordre!
Priez pour moi.
Je crois aux forces de l’esprit.
Nous resterons en contact.
Dans ma tombe, j’ai plus que jamais le Sénégal à...cœur!
Jummah Mubarak !
SLN, message posthume...
LA LETTRE DE SAÏF AL-ISLAM KADHAFI À POUTINE
Présidentielle en Libye
La Tribune Afrique |
Ibrahima Bayo Jr. |
Publication 08/12/2018
Depuis qu’il est reparti libre de sa cellule de la prison de Zintan en juin 2017, Saïf al-Islam Kadhafi ronge son frein. Désormais, le fils cadet de Mouammar Kadhafi semble se préparer à sa première sortie sous les projecteurs pour affirmer son poids politique. En préparation de sa candidature à la présidentielle, Saïf al-Islam Kadhafi s’est fendu d’une lettre à Vladimir Poutine, le président de la Russie, seule puissance étrangère à juger que Kadhafi fils a un rôle à jouer dans la résolution de la crise libyenne. Mais le calcul serait beaucoup plus large.
Entre le glaive de la CPI qui le menace de poursuites et la pression de sa condamnation par un tribunal de Tripoli, Saïf al-Islam Kadhafi a trouvé une troisième voie plus salutaire. A mots couverts, le second fils de Mouammar Kadhafi s'apprête à endosser son costume de présidentiable. Et le projet commence plutôt par la quête d'alliés pour une légitimité internationale.
Présidentiable, il valide la feuille de route onusienne
Ce 4 décembre, Saïf al-Islam envoie Mohamed al-Kaïlouchi et Mohamed al-Ghadi, deux émissaires à la tête d'une délégation pour rencontrer Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre russe des Affaires étrangères et envoyé spécial du président Poutine pour l'Afrique. Non sans plaider d'abord la cause du second fils de Mouammar Kadhafi, les deux émissaires se sont faits les porteurs d'une lettre destinée au président russe Vladimir Poutine. Que contient donc cette missive ?
A moins d'être dans les secrets du Kremlin, difficile de répondre avec exactitude à cette question. Mais l'on subodore que Saïf al-Islam y plaide sa cause en perspective de la présidentielle que la communauté internationale souhaite qu'elle se tienne en juin 2019 lors des élections générales. Avec sa missive, le fils de Mouammar Kadhafi établit des contacts avec la Russie afin que celle-ci pèse de tout son poids diplomatique dans la feuille de route tracée par l'ONU pour une sortie de crise.
«Saïf al-Islam soutient, fait savoir Mohamed Al Kaïlouchi dans une interview au site arabophone de "Russia Today", la tenue d'une conférence nationale de tous les Libyens sans exclusion, loin de toutes interférences extérieures» pour tenter de faire sortir, par une réconciliation nationale suivie d'élections, la Libye de la crise dans laquelle elle est plongée depuis la mort de Mouammar Kadhafi en 2011. Même si le second émissaire tente de brouiller les pistes, l'évidence est visible.
Le poids de la Russie de Poutine
Saïf al-Islam Kadhafi sera bien candidat à la présidentielle libyenne puisqu'il «sera inscrit sur les listes dès que celles-ci seront ouvertes. Le peuple libyen a le droit de choisir», comme le confirme son avocat Khaled al-Ghouwail dans une conférence de presse aux médias russes. Dans ce projet, le fils de l'ex-guide de la Jamahiriya a vite fait de relever auprès de la Russie son adhésion sans restriction à la feuille de route de l'ONU pilotée par Ghassan Salamé. Un moyen de jouer une puissance contre les autres ?
Le lobbying russe au sein de l'ONU devrait lui permettre d'avoir un siège à la table des discussions sur l'avenir de la Libye. La Russie a estimé que le fils de Mouammar Kadhafi est un des personnages clés dans le règlement de la crise libyenne. La légitimité de Saïf al-Islam fera sans doute le reste. Auréolé de son titre de chef du Conseil suprême des tribus libyennes, il pourrait se poser en alternative à Fayez al-Sarraj que l'on dit trop débonnaire face aux rebelles et Khalifa Haftar, que l'on dit malade. De là à en faire le successeur de son père, il y a un fossé que seule la tenue effective des élections pourrait confirmer
L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE, LE FUTUR DU CONTINENT
Clé de changements profonds en Afrique, l'IA crée autant d'opportunités que de défis
A Paris, fin novembre, les dirigeants d'entreprises de services numériques, directeurs de systèmes d'information, organisations patronales africaines, personnalités politiques et représentants de la société civile ont eu l'occasion de revenir longuement sur l'Intelligence artificielle et les opportunités qu'elle représente pour le continent africain. L'intelligence artificielle soulève également de nombreux défis à relever pour l'Afrique.
L'Intelligence artificielle (IA) en Afrique a été au cœur des débats lors des Assises de la transformation digitale en Afrique (ATDA), les 22 et 23 novembre derniers à Paris. Selon un document transmis à la presse qui revient sur les grands aspects des échanges, l'IA «devrait être réellement implantée [en Afrique] d'ici 3-4 ans».
Les participants à l'ATDA ont expliqué que cette nouvelle technologie ne nécessite pas le déploiement d'infrastructures particulières, un facteur qui aurait pu empêcher son éclosion sur un continent qui est en manque de moyen financier. «Longtemps handicapées par les lourds investissements nécessaires au déploiement des serveurs indispensables au traitement de gros volumes de données, les entreprises africaines ont désormais un accès simplifié grâce au cloud [stockage de données en ligne]. Désormais, les jeunes développeurs peuvent, partout sur le continent, innover sur des applications simples et apporter des solutions nouvelles», explique le communiqué.
L'IA dit-on, permet de répondre à un réel besoin en Afrique, à savoir d'avoir un «reach» massif, alors que le continent connaît une croissance démographique extrêmement rapide, et cela sans s'appuyer sur des structures installées, qu'elles soient humaines ou infrastructurelles. A ce propos, le ministre marocain de la Réforme de l'administration et de la fonction publique, Mohammed Benabdelkader, a estimé que l'IA peut être une opportunité pour la réalisation des Objectifs du développement durable en Afrique, mais que cela suppose une prise de conscience dans la préparation en parallèle des aspects réglementaires et éthiques «qui pourront facilement, dans le cas contraire, constituer un frein à l'émergence de cette nouvelle niche économique». Il a ajouté que l'implantation de l'IA pourrait impliquer des progrès en matière démocratie, de gouvernance et faciliter la vie aux populations.
Ainsi, les participants à l'ATDA ont recommandé que l'IA, soit utilisée au bénéfice du plus grand nombre. «L'IA est une technologie puissante, et comme toute technologie puissante elle doit être utilisée au bénéfice du plus grand nombre», a exhorté Emmanuel Lempert, directeur des affaires publiques du groupe SAP, ajoutant qu'«elle va très certainement s'accompagner d'une croissance de la production de richesses par habitant mais la question pour les décideurs est comment distribuer ces nouvelles richesses. C'est une question politique, c'est aussi une question sociale...».
De grandes opportunités pour l'Afrique
L'implantation de l'IA ouvre beaucoup d'opportunités pour les populations du continent africain. Celle-ci permettra selon les participants de l'ATDA, l'émergence de tissu entrepreneurial dynamique et plutôt jeune. Aussi, grâce à cette avancée, l'on compte beaucoup plus de jeunes startuppers, d'autant plus que ni le niveau d'études, ni l'âge ne seront plus des facteurs de blocage. «Enfin, le coût d'investissement à l'entrée est relativement bas, ce qui permet d'entrer sur le marché sans forcément lever de financements importants», ajoute-t-on.
L'implantation totale de l'IA aura également des conséquences positives dans divers autres secteurs, ceux dans lesquels les solutions venues d'ailleurs ne sont pas adaptables d'un continent à un autre. «Dans le secteur de l'agriculture, par exemple, l'aridité des sols est un exemple de défi spécifiquement africain : la start-up E-farm propose ainsi des capteurs permettant de mesurer l'aridité des sols, et devrait à terme permettre de créer une base de données indiquant le niveau d'aridité du sol pour l'ensemble du continent», note la déclaration.
La même source évoque également l'éducation et la formation, indiquant que l'IA rendra possible un suivi robotisé et personnalisé des élèves, ce qui permettra d'optimiser les potentialités dans des pays où le manque de financements publics crée des classes surpeuplées, atteignant parfois jusqu'à 80 élèves pour un professeur. «Enfin, l'IA devrait donner à l'Afrique les moyens d'exploiter ses propres données, alors que celles-ci sont déjà convoitées par les plus grandes multinationales. L'extrême rareté des "data analysts" en Afrique faisant de sa data une réserve largement inutilisée ; le "machine learning" et ses modèles prédictifs permettront de traiter celle-ci de façon automatisée, en limitant le recours aux ressources humaines», a-t-on ajouté dans la déclaration transmise à la presse.
Des défis liés à l'implantation
L'implantation de l'IA s'il s'agit de grande réalisation positive pour le développement du continent, elle demande cependant de la part des autorités du continent de relever un certain nombre de défis inhérents. «Si l'IA ne nécessite pas la mise en place d'infrastructures particulières depuis le passage au cloud, l'accélération de la couverture internet sur le continent reste un enjeu de taille, quand seulement 20% de la population africaine bénéficie d'un accès à internet. Plus spécifiquement, l'accès au haut-débit reste marginal alors qu'il est bien souvent nécessaire sur les applications et services ayant recours à l'IA. Se pose aussi l'enjeu du tarif de la connexion, qui doit devenir plus accessible dans un contexte de revenus médians faibles», averti-t-on dans la déclaration. En dehors du problème de l'accès à Internet, nait un défi : celui de la sécurité des données mises en ligne. «La cyber-sécurité est le premier défi du développement digital, quel que soit le continent : aucun terminal, aucune interface, du smartphone au desktop, ne nous mettent à l'abri d'attaques», a déclaré Pascal Naudin, directeur B2B de Kaspersky Lab en Afrique du Nord, cité dans le document.
En dehors de ces défis très importants, un autre défi est celui de la fuite des cerveaux. Les participants de l'ATDA ont expliqué que la recherche universitaire malgré le dévouement des jeunes chercheurs, a du mal à suivre. Ainsi, certains ne peuvent compter que sur des géants internationaux ou universités étrangères, ce qui crée une fuite des cerveaux et des idées, voire parfois même un manque à gagner pour les acteurs locaux qui s'engagent à former les jeunes. «La fuite des cerveaux, c'est un désavantage pour nos économies et pour nos sociétés, mais c'est également un réel manque à gagner en termes de formation. Dans le cadre de mon studio de jeux vidéos, je forme des jeunes africains à la programmation, ce qui revient environ à 15 000 euros par formation. Lorsque ces jeunes partent dans les studios français, canadiens, étasuniens, c'est une fierté pour mon studio, mais c'est aussi une perte sèche», a expliqué Mohamed Zoghlami, directeur de Saphir Prod, studio de jeux vidéos tunisien.
Rappelons que les participants à l'ATDA sont notamment issus du monde du numérique, à l'instar de dirigeants d'entreprises de services numériques et de directeurs de systèmes d'information.
Les appels à la raison de Talon, Akufo et Buhari n’empêchent pas Faure Gnassingbé de foncer vers des législatives que son parti remportera sans doute le 20 décembre. A l’Asokoro District à Abuja, le débat, insonorisé, se fait houleux entre commission et parlementaires. A Lomé, la campagne à vitesse unique suit son cours et les Togolais des deux camps redoutent le pire. Reportage !
L’amplitude de la tension politique gagne en magnitude, et la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest est confrontée à ses limites. D’un côté, le Pouvoir de Lomé auquel fait front, de l’autre, le regroupement de l’opposition. Faure Gnassingbé fonce tête baissée vers d’hypothétiques législatives et la campagne électorale bat son plein à vitesse unique. Et de ce fait, la majorité présidentielle tricote entre les lignes des recommandations de sortie de crise édictées par l’organisation sous régionale, pour toute seule, en scelle sur sa belle monture – la CENI unitaire – conduire le processus électoral. La résistance de la C14 est farouche mais n’ira pas au-delà de la contestation. Elle reconquiert, le droit qu’on lui a retiré, de manifester et depuis quelques jours, voltige entre rassemblements dispersés et vraie manifestation rendue difficile par un déploiement de forces de l’ordre disproportionné. Malgré l’ouverture de la campagne électorale, la psychose de toutes les incertitudes plonge les populations dans la peur. Les demandes de reports émanant de la Cedeao et l’insistance de chefs d’Etat éviteront-ils le « chaos » que craint Brigitte Adjamagbo ?
Le feu proche des poudres
« Nous demandons au ministre de nous montrer la loi qui interdit les manifestations publiques quand on fait la campagne électorale » insiste Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson défiant le ministre de l’administration territoriale qui oppose une fin de non-recevoir à son courrier l’informant de la volonté de la C14, le principal regroupement de l’opposition, de manifester le 4 décembre, date du démarrage de la campagne des législatives. Malgré la mise en garde de Payadowa Boukpessi, quelques milliers de Togolais, ont traversé la capitale à moto bien loin des 350 à 400.000 manifestants du 1er décembre qui ont exigé, sans être entendus, « l’arrêt du processus électoral et des élections inclusives ». C’est pour cela que les manifestations vont se poursuivre sous toutes les formes légales », promesse de Jean-Pierre Fabre, le chef de file de l’opposition. Des menaces qui ne semblent avoir aucun effet sur Gilbert Bawara. Ce pur produit de l’enseignement catholique qui entretient une grande amitié avec plusieurs évêques du Togo dont Mgr Alowonou, président de la conférence épiscopale n’est pas non plus inquiété par la crainte du pire exprimé par les prélats dans un communiqué fin novembre. « Le processus électoral entamé est irréversible » martèle le ministre de la fonction publique pour qui, « même si on lui accorde une année, l’opposition ne sera pas prête ». Dans les rues de Lomé, les populations ont du mal à dissiper l’agonie. « Même si nous gagnons ces élections, la crise restera intacte » s’inquiète Martine, infirmière et militante de l’Union pour la République (Unir) au pouvoir. Un avis partagé par Ramy à sa sortie de mosquée ce vendredi à Bafilo, 400 km de Lomé. « Le mal est inévitable, je prie Allah de nous épargner du pire » insiste cet ancien fervent sympathisant de Tikpi Atchadam, leader politique originaire du septentrion qui a déclenché les manifestations dites du 19 août.
Face à la menace des affrontements qui pointent à l’horizon, la Cedeao s’est vue obligée de donner de la voix dans un discours clair et net sans être trop officiel : « Il ne faut pas précipiter les élections », a déclaré la vice-présidente du parlement régional. Aminata Toungara a invité expressément les autorités togolaises à « mettre la balle à terre, et à reporter les élections à mars ou avril » 2019. En attendant, alors que la tension monte chaque jour un peu plus à Lomé, le gouvernement préfère l’usage de la force légale. Au-delà des centaines de gendarmes déjà visibles, un effectif de renfort a été mobilisé par Yark Damhame qui enchaine les réunions de sécurité à son cabinet. Ce vendredi matin, au 3e jour de campagne, le ministre de la sécurité a appelé les commissaires de police à « être aux aguets » et à ne pas « s’éloigner de leurs territoires d’autorité » craignant des surprises au cours du week-end.
La Ceni sous l’emprise du pouvoir
Amputée de la moitié de ses membres qui devraient être remplacés par la C14, la commission électorale nationale indépendante (Ceni) fonce dans l’organisation du scrutin. « Aucune voix dissonante de l’intérieur », reconnaît un membre, « ils sont tous du Rpt finalement » constate Pédro Amuzun. Cet ancien journaliste trop proche de l’opposition y avait siégé pour le compte des présidentielles et bien qu’élu de nouveau depuis fin septembre, il a refusé, comme les 8 membres proposés par l’opposition de prêter serment. Dès lors que désormais, elle est unilatérale, exclusivement composée de représentants du camp présidentiel, elle a les coudées franches pour dérouler son chronogramme. Insensible aux nombreuses contestations, celles notamment de la C14 qui condamne toutes ses initiatives, et n’a de cesse d’interpeller la Cedeao afin qu’elle « invalide » ses activités et lui intime l’ordre de « se conformer » selon Jean Pierre Fabre, « aux prescriptions de la feuille de la route ». L’inclusivité souhaitée dans la composition de la CENI se trouve ainsi foulée au pied. Ce qui aura fait la joie de deux autres partis, le MPDD de l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo et le Nouvel engagement togolais (Net) de l’ancien militaire proche du pouvoir, Gerry Taama. Ils ont pu maintenir leurs représentants ainsi que celui de l’Union des forces de changement (Ufc) devenue alliée idéale du pouvoir. Contre le remboursement de ses dettes à Londres et Accra et le versement d’un montant colossal, Gilchrist Olympio cloîtré par un diabète chronique et rongé par la goutte qui lui bouffe les pieds, participe depuis 2010 au gouvernement par le biais de son parti. Il sera, avec Agbéyomé Kodjo, les dernières cautions d’un scrutin d’exception. Du haut de son doctorat Honoris Causa de l’Ecole de business de Lyon réceptionné début décembre, l’ancien président de l’assemblée nationale qui sera sans difficulté élu dans le Yoto, peut espérer devenir le prochain chef de file de l’opposition.
La Cedeao dans l’embarras
Au 101 du légendaire « Yakubu Gowon Crescent » où trône l’institution au cœur de la capitale nigériane, l’embarras est fort. Des députés ivoiriens, sénégalais, ghanéens et nigérians ont pris l’initiative d’exiger une séance d’explication, jeudi, avec Jean Claude Brou. La vice-présidente ivoirienne à l’initiative de l’idée de report insiste pour « un débat d’urgence » et une saisine du conseil des chefs d’Etat. Le président de la commission préfère quant à lui, « laisser les chefs d’Etat aviser ». La prochaine rencontre étant prévue pour le 22, donc au lendemain des législatives qui constituent en partie le nœud de la discorde, le Nigéria a tenté vainement d’obtenir une rencontre « d’urgence » que le Togo a réussi jusque là à repousser. L’équation s’avère compliquée pour l’organisation sous régionale confinée dans ses limites, aucune de ses décisions n’étant contraignante. La culture de la souveraineté des Etats prend le dessus même si Nana-Addo Akufo (Ghana) et Patrice Talon (Bénin) ont demandé avec insistance auprès de Faure Gnassingbé, sans l’obtenir, un report. La personnalité terne et trop consensuelle du président ivoirien de la commission n’a pas permis à la Cedeao de se débarquer des dictats de Lomé et surtout, d’expliciter sa propre feuille de route restée « imprécise et vague » sur l’essentiel. Le refus par Lomé d’introduire le texte constitutionnel de l’expert assermenté par la Cedeao pour étude au parlement, alors que l’institution y a marqué son adhésion, est au minimum un affront du pouvoir togolais à l’égard la communauté. Une mollesse qui suscite le doute au sein de la coalition des 14, et pousse les Togolais à s’en prendre à la « Cedeao des Chefs d’Etat » qui tue celle des peuples. Dans la dernière semaine du mois de novembre, le régime avait entrepris plusieurs missions dans les capitales africaines. Faure Gnassingbé était vendredi au Mali chez Ibrahim Boubacar Kéita (son seul grand soutien), puis le lendemain à Accra chez Nana Akufo Addo l’autre facilitateur dans la crise togolaise. Parallèlement une délégation conduite par le conseiller spécial du chef de l’Etat Barry Moussa Barqué, ministre sans interruption depuis 4 décennies, s’était rendue au Niger puis au Nigéria. « Il s’agit de visite dans le cadre des relations bilatérales », avait déclaré depuis Abuja le discret conseiller du président togolais dont il a servi le père à divers postes. Le chef de l’Etat nigérian qui est donné pour inflexible vis-à-vis du pouvoir de Lomé, doit préparer sa réélection. Ayant bénéficié par le passé du soutien de Aliko Dangoté, Muhammadou Buhari hésite à se mettre au dos le milliardaire nigérian qui s’est rapproché ces dernières années du président togolais après un bref quiproquo sur la vente à Lomé du ciment sorti de ses usines d’Obajana dans l’Etat de Kogi. Plus tournée vers l’économie que la politique, la Cedeao qui n’a réussi que l’intégration régionale peine à jouer en faveur de la démocratie. La crise togolaise repose la question de son utilité et surtout, de son avenir.
Jusqu’où peut aller la C14 ?
Presque nulle part. Elle est minée par des querelles intestines. Tikpi Atchadam qui en est l’un des piliers d’influence est porté disparu depuis une année et se cache au Ghana, voulant faire croire, même à des proches, être au Togo. Si Jean Pierre Fabre est tenu par l’intransigeance de ses lieutenants, Atchadam croit aux marabouts plus que le Pape ne croit au crucifix. Sauf que ce regroupement aura réussi un pari inattendu, son unité que même les instruisions « trébuchantes et sonnantes » du pouvoir n’ont pas réussi à exploser. L’appel au boycott peut aujourd’hui, être remis en cause. L’opposition togolaise aurait pu, selon plusieurs observateurs locaux contactés par Afrika Stratégies France, pousser ses militants à s’inscrire sur la liste électorale tout en « maintenant la pression pour les réformes ». La C14 pouvait aussi, si elle siégeait à la Ceni, dénoncer de l’intérieur et ainsi, créer le scandale comme a pu bien le faire, en 2015, lors de la présidentielle, Pedro Amuzun, son ex-radicale représentant. En se mettant hors de tout le système, elle prête crédit aux accusations de la majorité présidentielle. Au mieux, elle pourra continuer les manifestations tant que le pouvoir, qui s’est illustré par le passé comme « sanguinaire », ne se décide en finir avec. La C14 dont les dépenses ne repose que sur des cotisations aléatoires des membres a aussi manqué de moyens pour faire face aux besoins de lobbying. Sa voix a tonné fort à l’intérieur, sans être perçue à l’extérieur où tout a été miné. Alors que Robert Dussey faisait le tour des capitales du monde à défendre une « démocratie à la togolaise », Reckya Madougou, ancienne garde des sceaux du Bénin devenue conseillère spéciale a mobilisé ses réseaux anglo-saxons ici et là. Quant à Gilbert Bawara, il multipliait prises de contacts avec des institutions où il dispose d’un bon carnet d’adresse. Pendant ce temps, des membres de l’opposition devraient échanger avec la diaspora et quelques élus sans influences dans des cafés de Bruxelles, Berlin ou Paris. Faute de moyens pour taper plus haut et plus fort.
Mais en imposant ce scrutin, Faure Gnassingbé amplifie des frustrations et tensions qui peuvent faire naître de plus fortes contestations. A un peu plus d’un an de la présidentielle de 2020, c’est un pari risqué.
Pratiques illicites dans les brigades de Gendarmerie – Le Général dénonce un racket organisé par les commandants et leurs adjoints – «C’est une pratique à l’échelle nationale»
Stupéfiant ! Dans une note de service, le commandant de la Gendarmerie territoriale n’a pas caché sa colère pour dénoncer l’existence de 3 caisses alimentées par «un racket organisé» dans des Brigades de gendarmerie. Il s’agit des caisses journalière et spéciale du commandant de brigade, la caisse hebdomadaire, qui servent à payer le planton, le décodeur ou entretenir le matériel de l’unité.
Il était souvent constaté l’existence d’une «petite corruption» sur les différents axes routiers du pays. Mais il était presqu’inimaginable de penser qu’il s’agissait d’une pratique généralisée et souvent institutionnalisée par de hauts gradés qui ont pourtant juré d’appliquer et de faire respecter la loi. Surtout dans la gendarmerie. Dans une note de service, signée le 28 novembre dernier, le général de Brigade Moussa Fall, commandant de la Gendarmerie territoriale, s’est retrouvé contraint de mettre en garde ses hommes, à contrecœur sans doute, sur l’existence «de caisses illicites dans les brigades». Il dit : «Il m’a été donné de constater que dans les brigades de la Gendarmerie territoriale, des caisses sont ouvertes au nom de l’unité sans aucun fondement légal.» Et il en existe trois dont les raisons qui ont amené à leur instauration sont invraisemblables d’un cas à un autre.
Selon le général Fall, il y a d’abord «la caisse journalière du commandant de brigade, tenue à hauteur de 10 mille francs et plus, selon l’importance du réseau routier et des services effectués». Ensuite, il y a «la caisse hebdomadaire établie à 15 mille francs/jour sous prétexte de subvenir aux besoins et problèmes liés à l’entretien du matériel de l’unité, au salaire du planton, au payement du décodeur…» Enfin, la «caisse spéciale du commandant de brigade, instaurée au profit de ce dernier avec des versements d’une à deux fois par semaine de 100 mille à plus en fonction de la densité du réseau routier». Comment un tel système a pu être instauré au sein d’un corps qui a toujours forgé le respect ? «Toutes ces caisses sont alimentées à chaque retour de service par un racket organisé par les commandants de brigade et leurs adjoints. C’est le cas de trois brigades décelées aux Légions de gendarmerie sud, centre-ouest et centre», détaille le commandant de la Gendarmerie territoriale dans sa note.
Il est très probable que ces pratiques aient atteint des proportions plus importantes. Il admet que «les investigations se poursuivent et les résultats révèlent que c’est une pratique à l’échelle nationale». Très courroucé, le général Moussa Fall ne mâche pas ses mots pour condamner ses maux. Il tonne, en annonçant qu’il sera intransigeant sur cette question et tous les manquements seront sévèrement sanctionnés : «De telles pratiques scandaleuses, qui n’honorent point l’institution encore moins la valeur incarnée du gendarme, méritent d’être dénoncées et les commanditaires sanctionnés. Les commandants de légion et de compagnie sont invités à s’investir personnellement pour faire cesser définitivement de tels agissements.» Les commandants de Légion territoriale sont chargés de mettre fin à ces pratiques.
BIENHEUREUX ÊTES-VOUS !
Béatification des dix-neuf martyrs catholiques tués en Algérie en 1996
Dix-neuf martyrs chrétiens tués en Algérie entre 1994 et 1996 seront béatifiés demain à Oran, au sanctuaire de Notre-Dame de Santa Cruz, ce 8 décembre 2018. Cela concerne notamment les moines trappistes enlevés au prieuré de Notre-Dame de l’Atlas à Tibhirine en mars 1996 mais le choix du lieu pour la cérémonie rappelle la figure de Mgr Pierre Claverie, évêque d’Oran, tué par une bombe le 1er août 1996 avec son jeune chauffeur algérien.
La tragédie la plus célèbre reste celle de sept moines trappistes de Notre Dame de l’Atlas, enlevés dans leur monastère en mars 1996 et retrouvés morts deux mois plus tard décapités. Leur mort avait été annoncée par le groupe armé islamique algérien (GIA), insurgé. La tragédie a inspiré un film français en 2010, « Des hommes et des dieux », mettant en vedette Lambert Wilson et Michael Lonsdale, qui a remporté le Grand Prix du Jury lors du Festival de Cannes 2010. (lire aussi sur ce sujet : Massacre des moines du Tibéhirine : l’armée algérienne pointée du doigt)
Le décret du pape qui a donné son feu vert à la béatification pour le martyre remonte à janvier 2018. « Rendre hommage aux 19 martyrs chrétiens – dit le père Georgeon qui a plaidé le cas à Rome pour la béatification – signifie rendre hommage à la mémoire de tous ceux qui ont donné leur vie en Algérie dans les années 1990« . Il a précisé que c’était la première fois que l’Église organisait une telle cérémonie dans un pays musulman.
Entre cent cinquante et deux cent mille personnes – essentiellement des citoyens ordinaires, mais aussi des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme, des intellectuels et des imams – ont été massacrés dans les années sombres du terrorisme islamiste. C’est pourquoi la béatification des 19 martyrs chrétiens ouvre la porte sur les nombreuses souffrances endurées par le peuple algérien. »Chacun d’entre eux était un témoignage authentique de l’amour du Christ, du dialogue, de l’ouverture aux autres, de l’amitié et de la fidélité au peuple algérien. Avec une foi immense dans le Christ et son Evangile » avait déclaré le Père Thomas Georgeo.
Le pape François a écrit une lettre au cardinal Giovanni Angelo Becciu à l’occasion de la béatification imminente de ces 19 martyrs d’Algérie, samedi à Oran. « Les persécutions ne sont pas une réalité du passé, nous les éprouvons aussi aujourd’hui, que ce soit par effusion de sang, comme c’est le cas avec tant de martyrs contemporains, ou par des moyens plus subtils, par calomnie et mensonges. » a expliqué le pape. « À d’autres moments, la persécution peut prendre la forme de plaisanteries qui tentent de caricaturer notre foi et nous semblent ridicules ».
Le pape a conclu sa lettre en affirmant que ces martyrs avaient pardonné à leurs assassins, montrant qu’ils aimaient davantage la vie éternelle, et maintenant « ils possèdent ce qu’ils ont aimé et ils le posséderont encore plus pleinement à la résurrection des morts« .
Abdoulaye Wade sur la disparition de Sidy Lamine Niass : «Une perte incommensurable pour notre pays et l’Afrique»
«Le départ de Sidy est une perte incommensurable pour notre pays et l’Afrique.» C’est en ces termes que Abdoulaye Wade a rendu hommage au Président directeur général (Pdg) du groupe Walfadjri, décédé mardi dernier et inhumé hier à Kaolack. Dans une lettre de condoléances adressée à Ahmed Khalifa Niass, l’ancien chef de l’Etat salue «l’indépendance d’esprit» du disparu. M. Wade en veut pour preuve sa détermination ayant conduit à la création de son groupe de presse. «Quand j’ai ouvert la voie de la presse non gouvernementale, il a été le premier à suivre avec Walfadjri. A une époque où tout était difficile, créer un journal n’était pas évident. Avec l’intolérance générale qui régnait à l’époque et est venue s’ajouter à l’esprit dirigiste de l’Etat prétendu socialiste, peu de gens croyaient que l’organe pourrait vivre longtemps», a-t-il rappelé. Le Président Wade ajoute dans son document qu’au plan politique, «les organes de presse du groupe ont su maintenir l’équilibre entre le pouvoir et l’opposition». D’ailleurs, il souligne qu’ayant «été pendant longtemps chef de l’opposition», il n’a jamais eu à se plaindre des organes Walfadjri.
«Il disparaît au moment où je travaillais avec lui sur un projet consistant à faire de Walf-Tv un projet toujours plus large»
Mais tout en présentant ses condoléances aux membres du groupe Walfadjri et à sa famille, Me Wade a aussi fait une révélation de taille en indiquant qu’il travaillait avec Sidy Lamine Niass «sur un projet consistant à trouver des ressources permanentes pour faire de Walf-Tv un projet toujours plus large, toujours plus solide, à l’instar des grandes télévisions mondiales». Et il ajoute : «Si mon offre intéresse le successeur qui aura la difficile tâche, tant il est vrai que remplacer à la tête du groupe un homme de la dimension de Sidy Lamine Niass ne sera pas un exercice facile, mais nous le soutiendrons de toutes nos forces.»
Me Abdoulaye Wade a rendu hommage au «géant de la presse africaine», mais également au «croyant combattant infatigable pour notre religion dont il a une maîtrise rare». Il souhaite que «l’exemple de Sidy Lamine Niass qui a réussi le parcours du combattant sur un chemin montant, difficile et malaisé, parsemé de fosses et de trappes, avec partout des embusqués, ennemis de la liberté et de la vérité» puisse «inspirer les jeunes Africains».
UN BOL D'AIR POUR LA SONACOS
Un financement de 35,6 milliards de Fcfa pour le secteur agricole
La Tribune Afrique |
Emmanuel Atcha | |
Publication 08/12/2018
Le Sénégal a signé cette semaine deux accords de financement d'un montant global de 61,5 millions de dollars, soit près de 35,6 milliards de francs CFA, a-t-on appris d'un communiqué du ministère sénégalais en charge de l'économie. Les fonds sont destinés à l'agriculture et à la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal.
61,6 millions de dollars, soit environ 35,6 milliards de francs CFA. C'est le montant global d'une enveloppe dont le Sénégal vient de bénéficier auprès du Fonds saoudien de développement (FSD) et de la Société islamique pour le financement du commerce international (ITFC). Selon un communiqué officiel, les parties concernées ont signé cette semaine deux accords de financement en ce sens. Le ministre de l'Economie, des finances et du plan, Amadou BA, «a procédé à la signature en début de semaine, de deux accords de financement d'un montant total de 61,5 millions de dollars, soit 35,6 milliards de francs CFA», indique le communiqué qui donne également les détails de l'opération.
Financement de l'agriculture
Le premier accord, signé avec le FDS, porte sur une enveloppe de 11,5 millions de dollars, soit 6,6 milliards de francs CFA. Selon le communiqué, le montant est «destiné à la mise en œuvre du projet de réhabilitation et d'extension des casiers de la cuvette de Savoigne sur une superficie de 394 ha», dans la zone nord du Sénégal. La même source indique que ce projet visé s'inscrit dans le cadre du Programme national d'autosuffisance en riz (PNAR).
Quant au second accord, lequel a été signé par ministère sénégalais de l'Economie avec l'ITFC, il porte sur un montant de 50 millions de dollars, soit quelque 29 milliards de francs CFA. Les fonds financeront le programme de collecte de graines d'arachide de la campagne 2018-2019 de la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (SONACOS)
Sera candidat, ne sera pas candidat. Karim Wade, lui, y croit. Nous avons appris que le candidat du Parti démocratique sénégalais a déposé sa caution hier à la Caisse des dépôts et consignations. Et c’est le secrétaire général adjoint de la formation de Abdoulaye Wade, Oumar Sarr, qui était «chez» Aliou Sall. Cependant, Wade-fils n’a pas encore notifié le nom de son parti ou sa coalition devant le Conseil constitutionnel, comme l’ont déjà fait certains candidats déclarés. C’est donc un acte posé en direction de la Présidentielle du 24 février alors même que sa condamnation à 6 ans de prison ferme et à une amende de 138 milliards de F Cfa ne plaiderait pas en faveur de la validation de sa candidature. Qui plus est, son inscription sur les listes électorales a été rejetée.
En attendant la décision des 7 «Sages», le Pds continue de collecter les parrainages pour son candidat et n’envisage pas un plan B. Ce qui est d’ailleurs à l’origine du clash entre Wade et Me Madické Niang qui a préféré aller à la Présidentielle sous sa propre bannière. Le retour de Karim Wade a été plusieurs fois annoncé, mais il est scruté. Le pouvoir brandit une épée de Damoclès sur la tête de M. Wade. Il paie ou il va en prison.
Le Conseil national de lutte contre Sida vise d’ici à l’horizon 2030 à éliminer le Sida dans le pays. Pour ce faire, des innovations ont été apportées dans la prise en charge des personnes infectées afin de mesurer la charge virale qui permet de rompre la chaîne de transmission.
Eliminer le Sida d’ici à 2030 est l’objectif que s’est assigné le Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls). En tout cas, c’est la principale conclusion de la 2e journée scientifique sur le Sida qui s’est tenue du 3 au 5 décembre à Diamniadio. Pour obtenir ce résultat, il faudrait atteindre d’abord les trois «90» dont l’un consiste à mettre la main sur 90% des personnes infectées. Lesquelles doivent savoir qu’elles sont infectées et qu’elles doivent être mises dans les circuits de soins et réussir à faire marcher leur traitement.
En fait, la volonté des professionnels de la santé et des chercheurs, qui ont pris part à cette 2e journée scientifique organisée sous le signe de l’innovation dans le cadre de la prise en charge, du diagnostic et de l’accompagnement de l’élimination de la transmission mère-enfant, est de permettre à 90% de personnes infectées d’ici à 2020 d’être mis dans les circuits de traitement. Ce qui permettra, selon le Professeur Alimatou Diop Ndiaye, responsable de l’Unité biologie moléculaire au niveau du laboratoire de bactériologie de l’hôpital Aristide Le Dantec, de mesurer la charge virale. Ainsi, pour éliminer le Sida d’ici à 2030, «il faut que 90% de ces populations soient sous traitement et aient une charge virale indétectable», souligne-t-elle.
D’après Alimatou Diop Ndiaye, si la charge virale est indétectable, cela veut dire que le virus ne se multiplie pas dans l’organisme. Et selon elle, il ne peut pas être transmis à quelqu’un d’autre. Cela, précise-elle, permet de rompre les chaînes de transmission. «Nous espérons que si nous atteignons ces objectifs intermédiaires en 2020 et les trois ‘’90’’, on pourra d’ici à 2030 espérer pouvoir éliminer le Sida au Sénégal», rassure-t-elle. En écho, Pr Pape Saliou Sow, parrain de cette journée, renchérit : «Nous devons être en mesure de commencer le traitement le plus tôt possible.»
A l’en croire, les études ont démontré que la prise en charge immédiate du traitement viral permet de diminuer la charge virale le plus longtemps possible et de retenir le patient. Selon le Professeur Sow, il faut réexaminer notre système de soin en utilisant le «papier buvard» pour ceux qui sont dans les régions et l’envoyer à Dakar. Ces nouvelles stratégies, informe-t-il, sont pratiquées dans les pays de l’Afrique de l’Est et du Sud pour le rendu des résultats et pour l’éducation des patients. «Ces pays utilisent ces nouvelles technologies pour envoyer des messages le matin pour dire au patient bonjour afin de lui rappeler de prendre son médicament», dit-il, en suggérant l’invention de nouveaux processus pour la prise en charge des malades afin d’atteindre les trois «90». Toutefois, sa collègue Aminata Diop Ndiaye reconnaît qu’il y a encore des difficultés pour identifier des personnes porteuses du virus du Vih si l’on sait que les nouvelles infections proviennent des jeunes. «Au sein des familles, on a parfois une maman qui est affectée, mais on ne sait pas la situation des autres enfants», indique-t-elle.