La Grande chancelière de la République de Côte d’Ivoire, Henriette Diabaté a invité les Ivoiriens à s’inspirer de la vision de Félix Houphouët Boigny, père fondateur de la Côte d’Ivoire, dont le 25ème anniversaire à été célébré vendredi à travers une messe à la Cathédrale de Dakar.
"C’est une occasion d’interpellation de chacun d’entre nous pour une vraie prise de conscience afin que nous puissions imiter l’acte de Houphouët Boigny, c’est-à-dire une Côte d’Ivoire unie et indivisible", a dit Mme Diabaté en séjour au Sénégal dans le cadre du parrainage du "Homecoming" des alumini de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
"C’est un moment très émouvant, mais en même temps je pense que nous devons le saisir pour entrer en nous-mêmes et nous interroger est-ce que nous avons fait ce qu’il attendait de nous", a-t-elle soutenu à l’issue de la messe organisée à la Cathédrale Notre Dame des victoires de Dakar.
"J’ai eu le privilège et la chance de travailler longtemps aux côtés du président Houphouet Boigny. C’est lui qui m’a formé et m’a conduit dans les allées du pouvoir", a-t-elle ajouté.
Elle a précisé que cet événement "a coïncidé avec la célébration des 100 ans de la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontolo-stomatolgie [de l’Université de Dakar] qui a aussi comme parrain l’illustre disparu Felix Houphouët Boigny".
L’abbé Abbé Michel Cor Sène qui a dirigé la messe, a également appelé "à la paix dans les cœurs et dans les esprits".
Cette messe a enregistré la présence du gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), l’ivoirien Tiémoko Koné, du Doyen de la Faculté de médecine de Dakar et d’autres personnalités.
Le film ‘’Yao’’, tourné au Sénégal par le réalisateur français, Philippe Godeau, sera projeté en avant-première mondiale au Grand Théâtre de Dakar, mardi à 19 heures, a appris l’APS de ses producteurs.
La projection se fera en présence de l’équipe du film, dont l’acteur français d’origine sénégalaise, Oumar Sy, soulignent les producteurs dans un communiqué parvenu à l’APS.
Le tournage du film "Yao" s’est déroulé au Sénégal de février à mi-avril 2018 à Dakar, Thiès, Saint-Louis, Podor, Loumpoul et Dioffior, a récemment indiqué son réalisateur, le Français Philippe Godeau.
’’Le long métrage fiction raconte l’histoire du jeune garçon Yao interprété par Lionel Basse, originaire de Saint-Louis qui depuis son village du nord du Sénégal aime les livres et rêve d’aventures’’, avait-il expliqué.
Yao organise sa fugue et parcourt 387 kilomètres jusqu’à Dakar pour y rencontrer son héros, Seydou Tall, interprété par Oumar Sy, un célèbre acteur français invité dans son pays d’origine…
Le film de Philippe Godeau dont le scénario est coécrit avec Agnès De Sacy a également enregistré la participation de l’actrice malienne Fatoumata Diawara qui interprète le premier rôle féminin.
Selon le réalisateur, la comédienne et chorégraphe Germaine Acogny participe également au film ‘’Yao’’, ‘’un long métrage fiction produit par Pan-Européenne et Korokoro, coproduit par France 2 cinéma, en partenariat avec Canal+ et Ciné+’’.
Parmi les films déjà réalisés par Philippe Godeau, figurent "11.6", ou encore "Le dernier pour la route".
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, DEMBA NDIAYE
L’EMPEREUR ET SON ARÈNE
EXCLUSIF SENEPLUS - Y-a-t-il un article dans le cahier des charges de « Dakar-Macky-Arena », disant que seul le parti au pouvoir et ses différents alliés, peuvent et doivent jouir de cette salle?
S’il ne se prend pas pour Jupiter, ou en tout cas sorti pas loin de ses cuisses, il endosse les habits d’un Empereur, jaloux de « ses » arènes où seul LUI, peut convoquer sa cour, ses courtisans, pour admirer ses lutteurs. Ainsi, l’Empereur Macky Sall ne veut voir personne organiser des séances de lutte dans « son » Dakar Arena. Il a ainsi expulsé le PUR (parti de l’unité et du Rassemblement) de l’enceinte de l’édifice. Pour le coup, le Pur du Pr. Issa Sall et de Moustapha Sy, n’ont pas fait montre d’un grand courage qu’on leur avait connu durant les années de braises (enfin les Moustarchidines), en acceptant de se plier aux ordres de Son Empereur les « Rondeurs », qui proclame à la face du monde, ses « convictions républicaines » et qui, prétend-il, a le « Sénégal au cœur » ! A défaut de l’avoir « à cœur » !
Dire du Sénégal qu’il vogue vers des prairies toxiques avec les multiples petits pas qui dessinent le parcours d’un État autoritaire, est, semble-t-il, faire preuve d’un nihilisme inqualifiable et d’une cécité dont seule la mauvaise foi peut expliquer. Soit. Mais qu’on m’explique au nom de quoi et de qui un parti légalement constitué, voire toute autre structure, ne pourrait pas occuper la salle en échange de paiement rubis sur ongles. Y-a-t-il un article dans le cahier des charges de « Dakar-Macky-Arena », disant que seul le parti au pouvoir et ses différents satellites-alliés, peuvent et doivent jouir de cette salle ? Gratuitement ou en payant ! Du reste, l’opinion est en droit de savoir les conditions d’accès, d’occupation, de cette salle. Comme du reste le coût de son occupation et combien le « candidat » de Benno bok yaakar a payé pour l’organisation de son show d’investiture ? N’est-ce pas cela la transparence commerciale ?
Parce que tout de même, que l’on sache, l’Etat, (donc, les contribuables) a contracté une dette vis-à-vis de la Chine pour ériger cette infrastructure ; que ce sont eux, les contribuables, qui rembourseront les chinois ; que cette salle doit être rentabilisée non seulement pour le remboursement de la dette chinoise, mais aussi pour faire face à ses dépenses de fonctionnement !
Les comptes rendus de presse ne donnent nulle part les raisons données aux responsable du Pur pour leur refuser la salle. Par contre, on apprend qu’ils font contre mauvaise fortune bon cœur et délocalisent leur manifestation à la fameuse avenue et place du Centenaire. Avec ses symboles et souvenirs tragiques ! Car, même si on est en décembre, tous les esprits se rappelleront les tragiques évènements du 16 février 1996 qui se sont soldés par la mort de 6 policiers, plusieurs blessés et des dizaines d’arrestations dont le président du Pur, Sérigne Moustapha Sy. Plusieurs responsables et militants de l’opposition Wade, Bathily, Landing, Pape Malick Sy ( si ma mémoire est bonne) etc., furent interpellés, arrêtés et parqués dans un hangar à la gendarmerie de Colobane.
Ce n‘est pas jouer à l’oiseau de mauvais augures que de rappeler ce dramatique fait historique encore présent dans l’esprit des victimes, parents de victimes, et les acteurs politiques et syndicaux de l’époque. Mais c’est volontairement qu’on rappellera les combats menés par l’opposition de l’époque (années 80-90) contre l’occupation illégale et anti républicaine des édifices publiques (Assemblée nationale, Palais présidentiel) par le Parti socialiste alors qu’il avait « Sa » Maison à Colobane. Me Wade était à la tête de ce combat. Le PS finit par organiser ses réunions ailleurs. Mais Me Wade lui-même, finit par tomber dans les mêmes travers. Et fit même pire en transformant le Palais en auberge espagnole, une arène nationale de lutte de ses militants et le lieu de corruption des repentis et autres truands de la République.
En digne héritier et fils putatif, le nouvel Empereur est même allé plus loin que son ancien mentor : ses ouailles en ont forcé les grilles et se sont bagarrés pour le partage du butin présidentiel, fruit de rapines très peu républicaines et très loin du « cœur Sénégal ». La démocratie et les valeurs républicaines sont le fruit de combats ...des démocrates et des républicains. Elles ne sont jamais données. Et leur approfondissement ne va jamais de soi.
C’est pour cela qu’il ne faut pas accepter que le « meilleur candidat » autoproclamé, rogne chaque jour que Dieu fait les acquis démocratiques et républicains, fruits de plusieurs décennies de luttes. Il ne peut pas exister d’édifices publics destinés au seul usage du prince du moment et de ses compagnons de prédation. Comme il ne devrait y avoir de quartiers où on ne peut pas marcher, se rassembler ; des quartiers exemptés de gaz lacrymogènes et d’autres quartiers-poubelles. Cela s’appelle la ségrégation ; l’inégalité de droits.
Les fameux « gilets jaunes » français viennent de rappeler à « Jupiter Macron », que le Palais de l’Elysée et l’avenue du même nom appartiennent à toute la République. Y compris aux nouveaux sans culottes qu’ils sont.
La République est UNE et INDIVISIBLE. Quand on commence à la charcuter, morceau par morceau, avec « un tailleur constitutionnel » hors pair, on est sur les sentiers périlleux de la dictature. Et la dictature est le régime préféré des « princes » et autres « aspirants empereurs ». Et qui, contrairement à ce que leur ego démesuré leur fait croire, sont loin d’être les « meilleurs » futurs présidents. Par contre, il est vrai qu’ils sont les plus grands « renieurs » des engagements et autres serments, mais aussi les « meilleurs » protecteurs des voleurs de la République.
A l’envolée « lyrico-griotique » du ministre d’Etat Mbaye Ndiaye, maître d’œuvre de l’évènement, qui déclare sans rire : « vous êtes à la tête de la plus grande coalition politique de l’Afrique », j’en ajoute une couche : « la plus grande coalition de voleurs de deniers publics » que vous avez soustrait des rigueurs de la justice. Même la veille du congrès, un centriste auto-proclamé a appris à ses dépens, que la posture du centre, est d’une imposture politique très instable. Les houles politiques ne permettent pas des postures d’équilibriste.
PS : Paix et salut au grand frère Sidy Lamine. Qui, avec BT (Babacar Touré), m’accueillirent chez eux quand la RTS jugea dans les années 80, que j’étais « incompatible » avec la définition qu’on avait du service public à l’époque. A voir comment on traite encore l’information dans ces services, je me demande si cela a beaucoup changé depuis.
Repose en paix le grand pionnier. Tu ne mérites pas que ceux qui disent t’aimer, se déchirent alors que ton corps était encore chaud ! Et même pas encore sous terre.
EXCLUSIF SENEPLUS - Le reniement de la parole donnée, l'obsession d’un second mandat, la transhumance, la manipulation de la justice - Bruno Derneville relève les éléments d'une gouvernance calquée sur les dérives du précédent régime
‘’Lorsque la première phase du Plan Sénégal Emergent a consommé presque trois fois plus que le budget initial qui était prévue avec ses résultats aussi médiocres… je dis qu’il y a un réel problème de gestion dans ce pays’’, tonne Bruno Derneville. Le président du parti l’Action citoyenne fait un bilan insatisfaisant du chef de l'Etat.
Mais la crainte de Bruno se situe à un autre niveau. ‘’Si par un quelconque hasard, Macky obtient un second mandat, la crainte c’est qu’il déclare en arrivant au terme, que c’est son premier mandat de 5 ans’’, alerte-t-il.
Le patron de l’Action citoyenne craint que Macky Sall ne suive la même démarche que son mentor Abdoulaye Wade. ‘’Il a déjà fait du waxx waxxet. Il applique actuellement les mêmes dérives que l’on dénonçait sous Wade. La transhumance, la manipulation des éléments de la justice, le système mécanique d’imposition au niveau de l’Assemblée nationale, sont autant d’actes qui montrent qu’il est entrain de suivre les pas de son prédécesseur''.
La seule différence entre Wade et Macky, selon Bruno, c’est que ce dernier maitrise davantage les forces de police.
Voir la vidéo
VIDEO
COMPRENDRE LES CONTRATS PÉTROLIERS AU SÉNÉGAL EN 5 MINUTES
Le géologue Fary Ndao, revient les éléments constitutifs d'un contrat pétrolier, ses différents acteurs, ainsi que la part de chacun d'eux
Un contrat pétrolier au Sénégal est toujours un contrat de recherche et de partage de production (CRPP) signé entre l’État du Sénégal d'une part et un contractant d'autre part. Ce contractant est composé de Petrosen, la société des Pétroles du Sénégal, et d'une compagnie pétrolière internationale. En cas de découverte d'un gisement pétrolier ou gazier, des investissements coûteux sont effectués par le contractant et la production permet de couvrir ces investissements appelés "coûts pétroliers". Une fois que ces coûts pétroliers sont recouvrés, l'Etat et le contractant se partagent ce qu'il reste de la production. On appelle ce reste de la production, les "profits pétroliers". Ainsi, dans un contrat pétrolier, l'Etat du Sénégal gagne des revenus via trois principaux canaux :
1 - La part de l'Etat dans les profits pétroliers
2 - La part de Petrosen dans les profits pétroliers du contractant (dont la comptabilité diffère de celle de l’État, mais qui est détenue à 100 % par l’État)
3 - L’impôt sur les sociétés (IS) payée par le contractant Quand on cumule ces trois parties, l'Etat du Sénégal est toujours majoritaire dans les profits pétroliers. Mais, choses importante, ces profits pétroliers dépendent des coûts pétroliers qu'il faut essayer de réduire autant que possible.
PAR HAMIDOU ANNE
ET MAINTENANT QUI DÉFENDRA LE PEUPLE?
EXCLUSIF SENEPLUS - Le courage de Sidy Lamine Niass, son rôle de sentinelle de notre démocratie gênaient l’oligarchie politico-religieuse - Quand les puissants imposeront leur volonté au peuple du Sénégal des profondeurs, qui le défendra dorénavant ?
Je retiens de Sidy Lamine Niass sa liberté et son courage. Il a toujours pensé en dehors des canaux classiques qu’empruntent souvent nos intellectuels et nos hommes d’affaires pour préserver les privilèges que leur confère leur position. Il n’a jamais eu peur de penser contre sa famille, qui appartient à la lignée religieuse de Léona Niassène, contre les intellectuels et contre les gouvernements. Sidy Lamine Niass était un maximaliste dans le champ de la liberté. C’est un homme qui a toujours réfléchi hors du confort de la meute. A l’heure des répétitions vaseuses et du suivisme facile, il savait être impopulaire pour défendre, contre son peuple, des positions, et parfois il avait raison sur nous tous. L’affaire Cheikhou Charifou en fut la plus belle illustration.
Sidy Lamine Niass, journaliste, intellectuel, mais aussi et surtout militant politique engagé, n’hésitant pas à penser contre lui-même. Il a tenu des meetings dans les années 80 aux côtés du libéral Abdoulaye Wade et du communiste Amath Dansokho, lui le croyant, pratiquant, et issu d’une grande famille religieuse.
Militant, il fut un artisan du changement en 2000. Si notre pays a connu sa première alternance politique, après 40 ans, il la doit en partie à Sidy Lamine Niass, qui a maillé le territoire de reporters qui donnaient, au fur et à mesure du dépouillement, les résultats, rendant toute fraude impossible.
Mais Sidy Lamine Niass était plus que l’homme du 19 mars 2000, il est celui qui a donné la parole à ceux que l’on n’entendait pas, ceux à qui la bourgeoisie du Dioufisme avait refusé l’existence dans l’espace public.
Notre génération est née dans la fièvre du Sopi qui marchait inexorablement vers le pouvoir. Abdoulaye Wade, vieux combattant acharné, a longtemps mobilisé les foules qui rêvaient d’un devenir meilleur. Cet écho des entrailles du pays profond n’a jamais été relayé par les médias publics qui lui refusaient l’accès aux canaux institutionnels.
Sidy Lamine Niass a transformé la colère de la rue en un discours audible à travers les ondes et les colonnes du groupe Walfadjri qui, depuis, est resté la voix des sans-voix. Il a montré la masse malade, pauvre, moche, excitée ; ce peuple défiguré par la pénibilité du quotidien que les régimes successifs ne voulaient ni voir ni montrer. C’était ça Sidy Lamine Niass, la voix de nos parents, de nous les gens issus des classes populaires brimés par des politiques socialistes injustes et libérales confuses. Après 2000, Sidy Lamine Niass est resté droit dans ses bottes, même quand le Sopi se mua en un appareil d’accaparement des richesses et de rétrécissement des libertés publiques, abandonnant son peuple pour ne servir que les volontés de son unique variable, la famille Wade. Sidy Lamine Niass est enfin, après 2012, quand toute la presse fit allégeance au nouveau régime, celui qui continua à défendre les nôtres, qui souffrent de la trahison des transfuges de classe.
Par son courage, Sidy Lamine Niass gênait. Les attaques physiques de milices religieuses, la pression fiscale de régimes successifs l’ont prouvé.
Le courage de Sidy Lamine Niass, son choix de ne point s’enfermer dans une camisole de guide religieux rackettant les plus pauvres, sa dimension politique, son engagement pour un islam progressiste, son militantisme, son attachement à la liberté d’expression malgré les siens, son rôle de sentinelle de notre démocratie à travers une presse libre gênaient l’oligarchie politico-religieuse. Cette caste qui, pour l’argent et les privilèges, transigent avec les valeurs.
Nous l’avons critiqué, conspué, humilié parfois. Nous l’avons même taxé de fou. Mais il était un incompris. Il était aussi un amoureux de notre pays qu’il souffrait de voir renier le combat pour les plus faibles, les opprimés, ceux que la gauche ne défend plus, que la presse a abandonnés et que les gouvernants préfèrent tromper et narguer.
Bien sûr, Sidy Lamine Niass pouvait avoir tort et persister dans son erreur. C’était son péché mignon. Il a fait d’Idrissa Seck un apostat, accusé Macky Sall de collusion avec la franc-maçonnerie, entre autres errances intellectuelles. Mais j’aime les gens convaincus, ceux qui ne retournent pas leur veste au gré des circonstances et surtout des privilèges. Il tranchait avec beaucoup de nos journalistes et intellectuels alimentaires dont la souplesse dans le reniement demeure impressionnante.
Sidy Lamine Niass pouvait avoir tort. Mais personne ne peut lui nier un amour profond pour notre pays. Il manquera énormément au Sénégal, lors notamment des échéances inquiétantes qui arrivent.
La voix de Sidy Lamine Niass manquera au débat public. Elle nous manquera surtout, à nous autres des classes populaires. Quand les puissants imposeront leur volonté au peuple du Sénégal des profondeurs, qui le défendra dorénavant ?
Paix à son âme.
Que Dieu veille sur ce pays qu’il aimait et à qui il a donné sa vie.
LE CIO DEMANDE AU SÉNÉGAL DE COLLABORER DANS L'AFFAIRE DIACK
Pressé par la justice française qui enquête sur l'attribution des JO de Rio-2016 et de Tokyo-2020, le patron du CIO Thomas Bach a officiellement demandé la coopération du Sénégal, où s'est réfugié l'un des acteurs clés de ces dossiers, Papa Massata Diack
Le juge d’instruction Renaud van Ruymbeke, qui mène deux enquêtes sur la corruption dans le sport mondial, « nous a fait part des difficultés auxquelles il a été effectivement confronté pour l’exécution (de) deux commissions rogatoires internationales adressées au ministre de la Justice du Sénégal », écrit notamment Thomas Bach à « son excellence », le président du Sénégal Macky Sall, dans un courrier du 16 novembre.
« L’engagement de votre gouvernement (…) serait particulièrement apprécié », ajoute le patron du CIO, espérant que ces demandes « puissent être exécutées dans les meilleurs délais », poursuit-il dans un courrier envoyé à Dakar quelques semaines seulement après l’attribution au Sénégal par le CIO des Jeux olympiques de la Jeunesse (JOJ) 2022, une première pour l’Afrique, le 8 octobre à Buenos Aires.
Deux enquêtes distinctes
Un mois plus tard, le 14 novembre, Thomas Bach a été entendu, comme partie civile, dans le bureau du juge van Ruymbeke. Depuis trois ans, le magistrat et ses collègues tentent, dans deux enquêtes distinctes ouvertes par le parquet national financier, de faire la lumière sur un système de corruption à la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) destiné à retarder des sanctions pour dopage en Russie, et sur des soupçons de corruption dans l’attribution par le CIO des Jeux olympiques de Rio-2016 et de Tokyo-2020.
Au centre des dossiers, le Sénégalais Papa Massata Diack, fils de l’influent patron de l’IAAF (1999-2015) Lamine Diack, et lui-même puissant conseiller marketing de cette fédération. Il est soupçonné d’avoir touché plusieurs millions d’euros de pots-de-vins sur des contrats de sponsoring, ou pour favoriser les candidatures de Rio et de Tokyo aux JO 2016 et 2020. Dans la presse, il s’en est toujours défendu, mais n’a jamais été entendu par la justice française, alors que son père est mis en examen pour corruption et ne peut quitter le territoire français.
Un mandat d’arrêt international toujours sans effet
Dès le début de l’audition, le juge Van Ruymbeke a rappelé la situation à Thomas Bach: « PMD », « réfugié » au Sénégal, fait l’objet d’un mandat d’arrêt international resté sans effet, et sa demande pour étudier ses comptes bancaires est restée lettre morte. « Cette absence totale de coopération du Sénégal, constante, entrave le bon déroulement des investigations », a déploré le magistrat. Lamine Diack avait révélé aux enquêteurs que la Russie avait financé des campagnes électorales au Sénégal en échange de la mansuétude de l’IAAF sur les cas de dopage. La justice sénégalaise a ouvert sa propre enquête et a fait savoir qu’elle n’extraderait pas un de ses nationaux.
Depuis Buenos Aires, Thomas Bach disait avoir reçu des « assurances du Sénégal (…) que si les autorités françaises veulent entendre Papa Massata Diack, elles peuvent venir au Sénégal ». « Quelles sont ces assurances? », a demandé le juge. « Pensez-vous que cela soit suffisant ? », « que pouvez-vous faire maintenant (…) ? », a insisté le magistrat, en ajoutant cette pique : « Je vous fais observer que j’ai délivré un mandat d’arrêt contre Papa Massata Diack, qui a toujours voyagé dans le monde entier, et que la justice française n’est pas à sa disposition ».
ILS LISTAIENT DES "FILLES FACILES" SUR WHATSAPP
Des étudiants sénégalais accusés d’avoir créé et diffusé sur Internet une liste contenant les coordonnées de dizaines de jeunes femmes présentées comme des « filles faciles » risquent la prison ferme, selon les réquisitions du parquet
Des étudiants sénégalais accusés d’avoir créé et diffusé sur Internet une liste contenant les coordonnées de dizaines de jeunes femmes présentées comme des « filles faciles » risquent la prison ferme, selon les réquisitions du parquet, vendredi 7 décembre, au tribunal correctionnel de Dakar. Douze mois de prison, dont trois fermes, ont été requis à l’encontre de trois des quatre prévenus poursuivis pour « collecte illégale de données », un délit punissable d’un maximum de deux ans de prison ferme, selon le Code pénal sénégalais. La décision du tribunal a été mise en délibéré au 12 décembre.
Les quatre jeunes gens avaient créé en 2017 un groupe sur l’application de messagerie instantanée WhatsApp, dans lequel ils partageaient les numéros de jeunes filles et jeunes femmes qu’ils contactaient ensuite pour obtenir des faveurs sexuelles, a expliqué la procureure. Cette liste contenant l’identité, les numéros de téléphone et l’adresse de 233 jeunes femmes a été rendue publique sur les réseaux sociaux en novembre. Certaines des jeunes filles, dont des mineures, ont ensuite reçu des appels malveillants et des images à caractère pornographique. Une soixantaine d’entre elles ont porté plainte.
La procureure a dénoncé les « ravages » des réseaux sociaux:« Utilisés à mauvais escient, ils ont des conséquences dramatiques. Ces jeunes n’avaient pas conscience de l’ampleur de leurs actes pour la vie de ces jeunes filles », a-t-elle dit. Les quatre prévenus, âgés d’une vingtaine d’années, ont reconnu avoir créé le groupe WhatsApp, dans lequel ils rajoutaient des noms au fur et à mesure, mais nié être à l’origine de sa large diffusion. « On a fait ça pour s’amuser, on n’a jamais pensé que ça se retrouverait sur Internet », a soufflé l’un d’eux.
Les avocats de la défense ont plaidé l’acquittement. « Ayez pitié pour ces jeunes qui ont de l’avenir. Passer en jugement devant sa famille et ses amis est déjà une peine suffisante », a argué Me Aboubacry Barro devant une salle comble et largement acquise à leur cause.
VIDEO
VISITE GUIDÉE DU MUSÉE DES CIVILISATIONS NOIRES DE DAKAR
L’ouverture de ce site, dédié au patrimoine culturel et scientifique du continent, coïncide avec le débat sur la restitution des biens africains - Le bâtiment de 14 000 m2, financé par la Chine, pourra accueillir 18 000 pièces
Après sept ans de travaux, le Musée des civilisations noires a été inauguré jeudi 6 décembre à Dakar. L’ouverture de ce site, dédié au patrimoine culturel et scientifique du continent, coïncide avec le débat sur la restitution des biens africains. Le Sénégal, qui réclame à la France le retour de ses œuvres, propose aussi de conserver le patrimoine des pays africains peu dotés en musées. Le bâtiment de 14 000 m2, financé par la Chine, pourra accueillir 18 000 pièces. Visite guidée.
PAR NIOXOR TINE
GOUVERNANCE LUDIQUE ET ÉLECTORALISME FUTILE
Le congrès d’investiture du candidat de BBY, loin de constituer un exercice républicain venant couronner des procédures démocratiques, n’aura été qu’un piteux scénario de politique-spectacle rappelant les grand-messes du Parti du travail de Corée
Le congrès d’investiture du candidat de la méga-coalition Benno Bokk Yakaar, loin de constituer un exercice républicain venant couronner des procédures démocratiques éprouvées n’aura été qu’un piteux scénario de politique-spectacle rappelant les grand-messes du Parti du travail de Corée.
Il ne s’est agi, en réalité que de jeter la poudre aux yeux de l’opinion publique, pour accréditer le “coup KO” qu’ils sont en train de concocter. En fait de congrès d’investiture, rassemblant des délégués dûment mandatés, il s’est plutôt agi d’un méga-meeting, auquel étaient conviés, outre les militants de Benno Bokk Yakaar, beaucoup de sénégalais oisifs laissés en rade par le système néocolonial, tout heureux de bénéficier d’un T-shirt et d’un peu d’argent de poche.
Comble d’inélégance, la manifestation était parrainée par des personnalités peu recommandables. Il s’agit notamment de membres du syndicat des chefs d’État, laquais serviles de la Françafrique et d’un dirigeant crypto-fasciste voire raciste, cautionnant des pratiques esclavagistes dans son pays. Il y avait également des émissaires d’un régime autoritaire n’hésitant pas à licencier ou emprisonner des milliers de ses citoyens et un représentant du néo-impérialisme chinois devenu pragmatique, plus soucieux de ses intérêts économiques que de la libération des peuples africains.
Le meeting électoral s’est tenu dans l’immense salle de basket de Dakar-Arena, que notre président exhibe fièrement comme une de ses réalisations phares, ce qui est aussi symbolique de la gouvernance ludique de Benno Bokk Yakaar centrée sur le tryptique (lutte – musique – danse), au moment où des étudiants sont affamés ou jetés dans la rue.
Malgré toute cette mise en scène, les politiciens de la majorité ne réussiront pas à occulter le caractère minoritaire de la coalition Benno Bokk Yakaar, déjà acté par les résultats des législatives de juillet 2017, qui rend une victoire au premier tour du président Macky Sall quasi-inconcevable. L’histoire récente nous enseigne, en effet, que les méga-meetings d’Abdou Diouf en 2000 et d’Abdoulaye Wade en 2012 ne les ont pas préserrvés de défaites cinglantes.
Il y a aussi le fait que la coalition Benno Bokk Yakaar, qui se veut massive, est en réalité très fragile et vulnérable pour plusieurs raisons. De fait, elle s’apparente à une armée mexicaine organisée autour d’un parti présidentiel toujours pas structuré, traversé par des rivalités fratricides, très sectaire, avec des velléités hégémoniques vis-à-vis d’alliés, rarement consultés et condamnés à continuellement avaler des couleuvres.
Autant dire que cette Coalition si encline à organiser de grand-messes folkloriques, risque de se révéler impuissante face à une crise politique majeure, comme celle que pourrait occasionner la tentative de hold-up électoral, que nos autorités politiques s’entêtent à vouloir perpétrer.
En effet, tout dans le comportement de nos gouvernants donne à penser qu’ils cherchent à transformer notre précieuse démocratie multi-partisane chèrement conquise en un système monolithique, régi par la pensée unique.
Leur obsession quasi-maladive à dépasser la barre fatidique de 50%, au soir du 24 février les a conduit à instrumentaliser l’appareil d’État en vue de “réduire l’opposition véritable à néant”, pour ne se mesurer qu’à des adversaires plus commodes, qui leur serviront de faire-valoir à un simulacre de compétition démocratique.
C’est dans le cadre de cette démarche qu’il faut comprendre la loi sur le parrainage, dont les effets pervers commencent à se manifester sous forme de renonciation de plusieurs candidats à leurs ambitions présidentielles. Les malheureux recalés n’ont plus d’autres choix que de se reconvertir dans l’observation électorale, rejoindre d’autres candidats de l’opposition ou transhumer tout bonnement.
D’ailleurs le ralliement de certains d’entre eux au pouvoir, loin d’être une adhésion au programme du président-candidat, relève du dépit et a plutôt les allures d’une opération sauve-qui-peut, pour éviter une mort politique certaine. Pour preuve, certains de ces transhumants de dernière minute vont même jusqu’à maintenir leurs réserves sur la manière dont les dossiers des opposants Khalifa Sall et Karim Wade ont été gérés par la Justice.
Mais toutes ces combines apparaissent futiles, si on prend en compte les menaces qui pèsent sur la paix civile pouvant compromettre la tenue de l’élection présidentielle en février-mars prochains.
La situation actuelle dans les pays occidentaux, avec la montée en flèche de l’extrême droite et le développement fulgurant des dynamiques protestataires renseignent sur les dangers de l’alchimie politique, qu’affectionnent particulièrement les spin-doctors yakaaristes.
En France, plus particulièrement, le mouvement des gilets jaunes a montré les dangers inhérents au brouillage de cartes et à l’absence de lisibilité du jeu politique, qui ont fini par entraîner un divorce entre les masses populaires et les élites politico-syndicales.
Dans notre pays traversé par d’innombrables antagonismes sociaux et lignes de fractures (religions, ethnies, confréries, castes…), les risques de déstabilisation n’en sont qu’accrus, surtout si on prend en compte la convoitise, par les majors pétrolières, de nos nouvelles ressources pétrolières et gazières.
Pour sauver la patrie des griffes des monopoles impérialistes, l’heure est plus que jamais au renforcement de la cohésion nationale et à la responsabilisation citoyenne que pourraient compromettre l’électoralisme effréné et la boulimie pouvoiriste de nos gouvernants actuels.