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21 septembre 2025
"L'AFRICAIN MET TOUJOURS SON INTÉRÊT PARTICULIER AU DESSUS DE L'INTÉRÊT GÉNÉRAL"
Sylvestre Amoussou explique comment il voit l’Afrique, ce qu’il pense des institutions comme le FMI et la Banque mondiale - Pour ensuite donner son avis sur la décision de la France de restituer 26 objets ‘’volés’’ à son pays, le Bénin - ENTRETIEN
a dernière tempête a bien ‘’mouillé’’ les cinéphiles de la dernière édition du Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Ce qui a permis à Sylvestre Amoussou, réalisateur de ‘’L’orage africain : un continent sous influence’’, de remporter le Yennenga d’argent. Le film a été projeté lors de l’ouverture officielle des Rencontres cinématographiques internationales de Dakar et a été très bien accueilli par le public. Sans langue de bois, le cinéaste explique à ‘’EnQuête’’ comment il voit l’Afrique, ce qu’il pense des institutions comme le FMI et la Banque mondiale. Pour ensuite donner son avis sur la décision de la France de restituer 26 objets ‘’volés’’ à son pays le Bénin.
‘’L’orage africain : un continent sous influence’’ est projeté à l’ouverture des Recidak. Comment avez-vous vécu ces moments ?
C’est très important pour moi. Dans ce film, j’ai rassemblé tous les sentiments de la jeunesse africaine sur le continent ou dans la diaspora. Il y a des années qu’il y a des frustrations. Je me suis proposé d’être le porte-parole de toutes ces frustrations. Quand j’ai vu l’accueil que le public lui a réservé, j’étais content. Je suis très content que les Recidak reprennent et que c’est un tel film qui est projeté à son ouverture. Je suis reconnaissant au Pr. Kassé, à Hugues Diaz et au comité d’organisation d’avoir eu le courage de faire passer ce film et de le faire passer en présence de membres du gouvernement. A la fin de la projection, j’ai vu le ministre de la Culture qui m’a félicité. Mais le plus important pour moi, c’est que les gouvernants sachent que nous savons. Ils regardent et ils savent qu’on sait, même s’ils rigolent. Mon objectif, c’est cela. Je lui ai dit ‘’Bonjour Monsieur le Ministre’’, mais il sait que je sais et quand je sais, le peuple le sait.
Vous parlez de nationalisation dans ce film. Est-ce réellement le rêve des jeunesses africaines ?
Personnellement, je ne nourris aucun rêve. Je veux que l’Afrique soit libérée. Il n’y a pas plus ultra libéral qu’Emmanuel Macron. Mais quand la France a eu des problèmes avec l’Italie, elle a fait une nationalisation partielle en attendant que des solutions soient trouvées. Il faut savoir où se trouve ses intérêts. Cependant, quand ce sont des Africains qui veulent procéder ainsi, on dit que c’est utopique. Quand c’est eux qui le font, on trouve que c’est normal. Quand vous détenez quelque chose qui attire et intéresse les autres, il faut s’asseoir et voir comment l’utiliser, d’autant plus que dans le cas que nous évoquons, c’est un patrimoine qui appartient à tout un peuple. Il faut donc s’asseoir pour sérieusement réfléchir et nationaliser, en attendant de voir ce qu’il faut faire pour gérer les ressources qui attirent tant les prédateurs.
Pensez-vous que les Africains sont assez matures pour passer à la nationalisation ?
C’est exactement de cela qu’on parle. Pourquoi doit-on toujours considérer les Africains comme de grands enfants ? Non ! On n’a pas à être considéré comme de grands enfants. Nous devons nous libérer de nos chaines. Et elles ne sont pas visibles aujourd’hui, elles sont dans la tête. Il faut que nous nous libérions pour parler d’égal à égal avec l’autre. Moi, je ne fais pas un film contre un peuple. Un film est une expression pour dire ce qu’on pense sérieusement pour qu’on puisse en discuter et qu’il ait un débat fructueux. Nous sommes dans la mondialisation. Il ne s’agit donc pas de s’enfermer sur soi, si l’on veut travailler. Les Africains doivent se libérer tout seuls. L’indépendance ne se donne pas, elle s’acquiert. Vous savez, même pour la Révolution française, des têtes sont tombées. Il y a eu beaucoup de morts. Nous les Africains, partout dans le monde, beaucoup nous marchent dessus. Personne n’a peur de nous.
On devrait plus prendre exemple sur la communauté arabe. On ne blague pas avec elle. Mais nous les Africains noirs mettons trop d’émotions dans tout ce que nous faisons, à l’heure de penser à nos intérêts. Mon objectif est de pousser les gens à prendre conscience que même nos dirigeants ne sont pas autonomes. Ils ne sont pas libres. S’ils parlaient un peu plus au peuple, il comprendrait. Quand le peuple a la vraie information et que le président n’est pas un prédateur, on pourra faire des choses. On pourra ainsi compter sur le soutien du peuple. Malheureusement, la plupart de nos présidents sont des valets qui ne travaillent pas pour leur peuple, mais pour les autres.
Vous parlez de l’Afrique, de ce qu’elle peut faire, mais vous semblez ne pas trop y croire, puisque dans le film vous montrez également que l’Afrique est l’ennemie de l’Afrique.
Effectivement, je parle de cela dans le film. Il y a des gens qui ne réfléchissent pas beaucoup et qui, quand ils voient le film, le prennent de suite au premier degré. Tous les mots utilisés dans ce film, je les ai pesés et ils sont réfléchis. Madame Afrique (Ndlr : l’un des personnages du film) dit : ‘’L’Africain met toujours son intérêt particulier au-dessus de l’intérêt général.’’ Je le dis. Les gens n’essaient pas d’analyser le film. Leur première impression reste souvent la lutte contre le Blanc. Non ! Je lutte contre le système. Le problème n’est pas lié au fait d’être blanc ou noir. Même en Europe, les Blancs dont on parle là, beaucoup ont travaillé avec moi sur ce projet. Le scénario est coécrit avec deux autres Blancs. Donc, vous voyez bien que ce n’est pas une question de Blanc ou de Noir, mais de domination. Il s’agit de l’oligarchie occidentale contre les potentats africains qui sont là pour mener leurs peuples à leur perte.
Il serait quand même difficile de ne pas voir cette lutte contre le Blanc, puisque vous semblez également dire que partout où il y a des guerres civiles en Afrique, il y a une main étrangère derrière.
Il y a toujours, toujours, toujours une main étrangère derrière, parce que là où il y a la guerre, le business prospère. Prenez l’exemple de la Centrafrique. Moi, je viens du Bénin, même si cela fait 38 ans que je vis en France, on a toujours vécu avec nos copains musulmans et chrétiens depuis qu’on est petit. La différence de religion n’était pas un problème. On allait manger chez les uns pendant la Tabaski et chez les autres pendant Noël. Quand les Occidentaux se sont rendu compte que les conflits entre ethnies ne passaient plus, ils ont créé un conflit entre religions. Ils ont déstabilisé le pays. Moi, j’ai fait mon film avant et aujourd’hui, c’est la Russie qui est en Tchad pour protéger Kundera. Je ne dis pas que la Russie est ce qu’il nous faut, mais elle est le seul gendarme aujourd’hui dans le monde, avec la Chine, à réguler les choses. Elles sont des prédatrices comme tout le monde. Si elles viennent maintenant, c’est parce qu’il y a de la place.
La France a joué les prédateurs tout le temps, sans rien nous donner en retour. On vit dans la mondialisation, donc si les autres prédateurs arrivent et qu’on doit négocier, il faut le faire suivant l’intérêt de son peuple. C’est tout ce que l’on demande. Dans le cas contraire, cela ne peut pas marcher. Une autre chose qui fait que cela ne marche pas, c’est l’Union africaine. On ne peut pas demander aux Européens de financer l’Union africaine. Il y a un non-sens. Ce n’est pas possible. Comme je dis dans le dernier discours que je fais dans le film. Je parle du FMI, de la Banque mondiale, des accords de partenariat économique qui ne font que ruiner l’Afrique. Le FMI est là pour paupériser l’Afrique. L’Afrique travaille pour les multinationales. Ils ont créé leurs machins là pour dire voilà je donne tel pays en exemple qui ferait de la bonne gouvernance. Non, là où le FMI ou la Banque mondiale dit qu’il y a la bonne gouvernance, c’est le contraire qui s’y passe. C’est faux (il le répète deux fois). A nous de créer nos outils pour évaluer nos dirigeants.
Est-ce pour cela que vous avez fait une plaidoirie contre le franc Cfa ?
Ah oui ! Le franc Cfa est la monnaie coloniale dont je parle. Comment voulez-vous que notre monnaie soit fabriquée en France et que cela soit la France qui garantisse notre économie ? Quand vous voulez emprunter de l’argent n’importe où dans le monde, c’est la France qui dit oui ou non pour qu’on vous prête. C’est la France qui décide et à la Banque centrale, elle y a un représentant qui est là et qui surveille notre monnaie. Nos économies dépendent de la France. Elle prend tout. En France, on dit que De Gaulle a été un héros, mais pour l’Afrique, De Gaulle a été un criminel. Il a mis en place un système bien verrouillé, bien structuré. Comme je dis souvent, il nous faut des institutions fortes. C’est cela qu’il faut pour l’Afrique.
De Gaulle a réussi à mettre en place une institution tellement forte pour la Ve République en France que n’importe quel président qui arrive met le costume de la Ve République. Leurs gouvernants viennent en Afrique et la pillent. Ils prennent en priorité les matières premières. C’est eux qui nous donnent l’autorisation de les vendre et après il faut leur déposer 50 % du prix sur leur Trésor public sous prétexte qu’ils sont nos garants. Comment voulez-vous que l’Afrique se développe dans ces conditions ? Elle va se développer avec quoi ? J’ai pour habitude de dire les choses avec des mots simples pour que le citoyen lambda comprenne. Je ne prends pas de gants pour dire ce que je pense. Quand c’est noir, c’est noir. Pour moi, c’est comme ça. Cela dérange. L’ennemi de l’Afrique-là, c’est nous-mêmes. Vous croyez que ce film est apprécié par tous nos frères africains ? Moi, je m’en f… je fais ce que j’ai à faire.
N’est-ce pas triste de voir dans ce film que c’est la Russie et la Chine qui libèrent le Tangara (pays imaginaire d’Afrique) et non les autres pays africains ?
J’ai laissé ce débat ouvert parce que c’est à ceux qui ont vu le film de réfléchir et de constater que nous n’avons pas d’institutions fortes. Dans le dernier discours, je dis qu’il faut que nos frères africains s’unissent pour mettre en place une armée forte. Si vous n’avez pas d’armée forte, vous ne pouvez combattre qui que ce soit. Les seuls qui font le gendarme, pour l’instant, c’est la Chine et la Russie. Elles ont vu que le gâteau est énorme et que tout le monde mange sauf les Africains. Elles ont l’arme atomique et peuvent se mesurer aux autres. Quand on est intelligent, on prendra quelqu’un qui nous donne un peu en attendant de tout mettre en place au lieu de quelqu’un qui prend tout, qui ne vous donne rien, qui vous tape et vous empêche de pleurer.
Dans ‘’L’orage africain…’’, les femmes occupent une place particulière. La garde rapprochée du président est composée de femmes et ce dernier ne prend aucune grande décision sans en parler auparavant à la première dame. Quel message voulez-vous faire passer à travers cette représentation ?
L’Afrique est le continent où les femmes décident de beaucoup de choses. On fait croire aux hommes que c’est eux qui décident. En Afrique, on dit souvent que la nuit porte conseil. Ce n’est pas la nuit qui porte conseil. C’est quand tu rentres dans la chambre et que la femme te dicte quoi faire. La femme a toujours joué un rôle important dans nos sociétés. Economiquement, nos mamans et nos sœurs font bouger les choses. Elles se lèvent à 4 h du matin pour aller au marché et tenir la maison. Les hommes cherchent à boire une bière ou trouver un deuxième et troisième bureau. Alors que les femmes pensent d’abord aux enfants et comment tenir la maison. Des fois, les hommes ne donnent pas la dépense et réclament tout de même à manger. Je parle de tout cela. Au Bénin, qui était le Dahomey dans les temps, la garde rapprochée du roi Béhanzin était composée de femmes. C’est un clin d’œil que je fais à l’histoire de notre pays. Les femmes sont fidèles, farouches et défendent leur terre. La journaliste d’investigation qui joue un rôle primordial dans le film est le reflet de la ténacité.
Qu’en est-il de la présence de ce journaliste étranger qui aggrave tout dans ses comptes rendus ?
Les media déstabilisent. Ils peuvent aggraver et déclencher une guerre. Si les media tempèrent, les choses iront bien. Malheureusement, les media ont toujours été manipulés. J’ai montré, dans ce film, les media pro-gouvernementaux. J’ai également montré comment une action est traitée par différents media. C’est un film qu’il faut voir plusieurs fois pour tout comprendre.
Parlons de tout autre chose. Que pensez-vous de la décision de la France de rendre au Bénin 26 objets de son patrimoine ?
La France n’a pas décidé de rendre. Nous avons réclamé. Il ne faut pas oublier cela parce que dans la dialectique, ils sont en train de vouloir manipuler l’histoire. C’est pour cela que je milite pour que nous-mêmes écrivions notre propre histoire. Nous avons réclamé notre patrimoine et ils ont mis une commission en place. Pour la restitution maintenant, ils ont commencé avec leurs media que c’est eux qui décident de rendre. Ce qui est faux. Et sur des milliers d’objets vous décidez de rendre 26. Je pense que c’est juste un début, parce que ce qui a été volé doit être rendu. Un voleur ne doit pas faire sa propre loi en disant oui j’ai volé, mais je m’interdis d’aller en prison. Si c’était un Africain qui était à la place de la France aujourd’hui, elle dirait ce qu’il m’a volé. Mais comme c’est d’elle qu’il s’agit, on parle de restitution.
Certains media français parlent aujourd’hui d’achat de ces œuvres et non de vol.
On l’a toujours dit. C’est toujours ainsi dans l’histoire. Pour nous culpabiliser davantage, on nous dit toujours qu’on a participé à l’esclavage. Quand on compare les prix avec lesquels ils l’ont acheté, l’on sait bien que ce n’est pas correct. Chez nous, les objets d’art sont des objets culturels et cultuels. Certains ont une valeur religieuse. Et puis cela n’a rien à faire chez eux. Combien ces objets ont-ils rapporté chez eux depuis des décennies ? Peuvent-ils rembourser cela ? Et quand on leur réclame cela, ils disent qu’on se ‘’victimise’’, or ce n’est pas cela. On réclame ce qui nous a été volé, point.
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YAOUNDÉ SOUS LE CHOC APRÈS LE RETRAIT DE LA CAN 2019
Après l’annonce du retrait de la CAN 2019 au Cameroun, les rues de Yaoundé se sont vidées - Entre frustration et résignation, les Camerounais semblent sous le choc - Le gouvernement, lui, parle d’une « injustice flagrante »
Jeune Afrique |
Franck Foute |
Publication 01/12/2018
Christophe Mbida a du mal à s’en remettre. Au lendemain de l’annonce du retrait de la CAN 2019 au Cameroun, ce propriétaire d’une maison d’hôte située dans le quartier Simbock, dans la périphérie de Yaoundé, s’inquiète.
« C’est une grosse déception », confie-t-il en pointant le domaine bâti sur près d’un hectare, flambant neuf, qu’il envisageait de rentabiliser pendant la compétition. « J’avais fait cet investissement en me projetant sur la CAN. Je dois reprendre tous mes calculs à présent », déplore le quinquagénaire, qui avoue avoir « dormi tôt » le 30 novembre, jour de l’annonce de la décision de la CAF.
Yaoundé désertée
Une attitude partagée par de nombreux Camerounais, qui ont rapidement déserté les rues, pourtant généralement bondées le vendredi soir.
C’est que le retrait de la CAN embarrasse. Sur la CRTV, l’office de radio et télévision publique, le sujet a été soigneusement esquivé pendant les tranches d’informations. Même silence chez les officiels camerounais, qui se sont abstenus de déclarations sur la question tout au long de la soirée du 30 novembre.
« Le ministre des Sports a convoqué une réunion en urgence samedi 1er décembre, à la première heure », s’est contenté de préciser à Jeune Afrique un cadre du ministère, sous couvert d’anonymat, vendredi après l’annonce fatidique.
La colère était pourtant perceptible, et certains ont tenu à se faire entendre. « C’était une question d’honneur, il ne fallait pas perdre la face. C’est comme si je recevais un coup de poignard », a ainsi commenté Cabral Libii, candidat à la dernière élection présidentielle.
Consternation affichée
Mais dès le lendemain, les éléments de langages du gouvernement étaient en place. « Cette décision est étonnante à plus d’un titre, car elle ne rend justice ni aux investissements colossaux consentis par notre pays, ni à l’engagement du peuple camerounais. Notre pays a fait l’objet d’un traitement qui ne peut que susciter des interrogations », a ainsi déclaré le ministre de la Communication, au cours d’un point de presse samedi.
Une consternation affichée et une colère vis-à-vis de la décision de la CAF qui contraste pourtant avec celle manifestée par ceux qui attribuent l’échec au pouvoir. Pour ceux-là, le retrait de l’organisation de la compétition était prévisible, et rien n’aurait été fait par le gouvernement pour l’empêcher.
Les autorités nous ont assuré que tout allait bien. Voila où le mensonge nous entraîne
« Il faut qu’on apprenne de nos erreurs. La décision de la CAF est une très bonne chose, car cela va nous servir de leçon pour l’avenir. Si nous avons encore un peu de dignité, il faut que les responsables de cet échec soient sévèrement sanctionnés », affirme ainsi Evina Essono, un jeune médecin de la capitale politique du Cameroun.
« Les autorités nous ont assuré que tout allait bien. Et à chaque passage des experts de la CAF, on nous rapportait qu’ils étaient repartis satisfaits. Voila donc où le mensonge nous entraîne », vitupère pour sa part Vanessa, une étudiante.
Quid des chantiers engagés ?
Sur les réseaux sociaux, la question du sort qui sera réservé aux travaux de construction déjà engagés mais inachevés revient fréquemment. Plusieurs internautes craignent que les chantiers ne soient purement et simplement abandonnés.
Et certains s’inquiètent de voir bientôt les fonds qui y ont été alloués être détournés. Issa Tchiroma Bakary se veut cependant rassurant : « Nous poursuivrons les travaux comme si de rien n’était. Ils se poursuivront et les équipements seront livrés à bonne date, comme s’y est engagé le président Paul Biya ».
Pas de déclaration officielle, cependant, sur la perche tendue par la CAF, qui a proposé au Cameroun de reprendre l’organisation de l’édition de 2021, initialement attribuée à la Côte d’Ivoire. « Le football africain ne pourra se hisser au niveau de celui des autres continents plus avancés sans respecter une certaine éthique », s’est contenté de commenter le ministre de la Communication.
Dakar, 1er déc (APS) - Le Professeur Emmanuel Basssène, a invité l’Etat à mettre les moyens nécessaires pour permettre aux chercheurs de valoriser directement le potentiel des plantes au bénéfice des populations.
’’Nous faisons des recherches sur les plantes et nous cherchons des partenaires qui puissent venir les exploiter pour le bénéfice des populations. J’ose espérer qu’avec le Plan Sénégal émergent, le gouvernement mettra en place des moyens nécessaires pour permettre à nos chercheurs de valoriser directement le potentiel que nous avons ici’’, a déclaré le professeur à la faculté de médecine, de pharmacie et odontologie de l’UCAD, Emmanuel Bassène, spécialiste des plantes.
’’Nous sommes pour le moment consommateurs de ces produits dérivés de plantes qui sont importés. Ce processus va aller crescendo. Nous devons prendre les devants, il ne faut pas qu’on se fasse devancer dans l’utilisation des plantes dans notre consommation’’, a-t-il affirmé, face à la presse, samedi, au deuxième jour de la première conférence internationale conjointe sur le potentiel de l’ethno-pharmocologie et de la médecine traditionnelle (30 novembre-2 décembre).
Cette conférence a pour thème ’’Découverte et développement des médicaments à base de produits naturels : recherche fondamentale et applications cliniques des résultats récents de la recherche pour un développement durable’’.
’’Nous sommes de plus en plus urbanisés, on ne mange plus autant d’herbes et de feuilles. Le plantes peuvent être présentés dans les produits que nous consommons couramment sans que nous allions en chercher dans la brousse’’, a-t-il ajouté.
Revenant sur les plantes au Sénégal, il a cité ’’le +Nébéday+, les écorces de plantes, les fruits locaux, le +Soumpe+, un produit banalisé, le Kinkéliba, le bouye (pain de singe) qui est un aliment d’avenir qui va remplacer tous les vitamines qu’on est en train de vendre’’. ’’On ne peut tous les citer’’, a t-il soutenu.
Cette conférence, a indiqué le Pr Bassène, ’’est la première qui s’organise sur la question en Afrique. à l’initiative d’éminents collègues du Nigéria, d’Afrique du sud, du Congo et des expatriés au Canada’’.
Il s’agit de voir ’’l’aspect moderne de la médecine traditionnelle en alliant la pratique de la médecine traditionnelle et ce qu’on peut en tirer pour faire une médecine moderne’’.
Selon lui, ‘’l’accent a été mis ur ce qu’on appelle la neutracitique c’est à dire ce qu’on peut faire des plantes en sorte que cela puisse être incorporé dans l’alimentation de l’homme et qui permet de pallier les carences qui sont dus aux produits industriels trop cuits ou conservés trop longtemps’’.
PAR PAPA ABDOULAYE SECK
ENCOURAGEMENTS ET FÉLICITATIONS À SADIO MANÉ
Le peuple sénégalais croit en vous et en vos capacités - Comprenez donc qu'il soit impatiemment intolérant à votre égard et tentez de transformer positivement ce rapport étroit qui vous lie à ces nombreux fans pour une meilleure entente
En ma qualité de militant inconditionnel du ballon rond, et au regard de mon passé d'ancien footballeur et pensionnaire du Club les Darnels et d'ancien Secrétaire Général de la Jeanne d'Arc de Dakar, il est de mon devoir de vous adresser un message de solidarité et d'encouragement pour vous témoigner toute mon admiration et mon affection.
En effet, après le coup de sifflet final du match ayant opposé la Guinée Equatoriale au Sénégal, vous avez versé de chaudes larmes. Ce fut une image forte et émouvante qui a eu à susciter beaucoup d'interrogations et de désolation.
Comme un signal assourdissant, quelles qu'en soient les raisons, d'aucuns retiendront que les critiques des compatriotes ont véritablement heurté votre conscience. Ce que nous avons tous regretté profondément, vu tout le sacrifice et toute l'énergie débordante que vous consentez au service de la nation.
Cet incident douloureux que vous venez de vivre me renvoie à mon quotidien de Ministre de l'Agriculture et de l'Equipement dans un pays qui s'appelle le Sénégal, un pays qui nous est si cher et pour lequel nous avons renoncé à tout pour nous mettre à son service. C'est ainsi une façon pour vous dire que, dans ma mission qui est de donner corps à la vision de S.E.M. Macky Sall, il m'arrive d'encaisser, régulièrement, énormément de tirs groupés injustifiés, incompréhensibles et insensés venant de gens malintentionnés dont l'unique but est de nuire à ma personne ou d'atteindre le Chef de l'Etat.
Je dois, donc, vous dire que, face à ces moments difficiles, teintés parfois d'incompréhensions, il faut une dose de sérénité et de mental fort qui puisse conduire à un pacte de confiance très rassurant. Pour cela, il y a lieu de considérer toutes ces déclarations offensantes comme un message positif à décrypter tout en sachant que, n'eut été votre talent incommensurable, vous ne feriez pas l'objet d'attaques de cet acabit.
Oui, mon cher Sadio, vous êtes victime de votre talent parce que vous êtes une valeur sûre de notre football et que le peuple sénégalais croit en vous et en vos capacités et vous admire. Comprenez donc qu'il soit impatiemment intolérant à votre égard et tentez de transformer positivement ce rapport étroit qui vous lie à ces nombreux fans pour une meilleure entente. Cela vous permettra de mieux gérer le temps qui doit mener à la gloire et d'offrir à notre cher pays, le Sénégal, son premier sacre au plan continental.
Par ailleurs, je voudrais vous adresser mes chaleureuses félicitations suite à votre cinquième distinction pour le Ballon d'Or Sénégalais et vous souhaiter également d'accéder à celui du continent Africain.
Tout en vous invitant à la persévérance, je vous prie d'agréer, mon cher Sadio, l'expression de ma parfaite considération.
LES MARIAGES PRÉCOCES N'ONT PAS DISPARU EN AFRIQUE DE L'OUEST
Malgré le lancement de nombreuses initiatives pour y mettre fin, le fléau persiste dans certaines régions du continent
The Conversation |
Aïssa Diara |
Publication 01/12/2018
« Musulmans et musulmanes du Niger, les lâches promoteurs du sexe pour tousayant rompu la fragile trêve, les associations islamiques se sentent en droit d'informer et de mobiliser les musulmans. » Cet extrait est issu d'une « Déclaration des associations islamiques contre la dégradation des mœurs et l'introduction de l'éducation sexuelle à l'école », publiée le 25 mars 2017 sur le site Niger Inter. Ces organisations prônent que cette « éducation » favoriserait une trop grande liberté sexuelle, contraire aux mœurs, pratiques religieuses, et serait par ailleurs fomentée par des agents étrangers. En même temps, ces associations s'opposent avec véhémence aux projets de loi interdisant « le mariage des filles de nos villes et villages avant l'âge de 18 ans ». Comment comprendre ces positions à première vue contradictoires ?
En 2014, le nombre de femmes mariées avant 18 ans est estimé à 700 millions, et plus de 1 sur 3 l'a été avant l'âge de 15 ans. La majorité des mariages précoces (MP) a lieu dans les pays en développement. L'Afrique de l'Ouest est la région du monde où la prévalence est la plus élevée. Parmi les 10 pays enregistrant les taux les plus élevés de MP, la moitié se situe dans cette région. Le Niger et le Mali sont les plus concernés, avec une prévalence de respectivement 77 % et 61 % de MP.
Notre recherche au Mali et au Niger, réalisée en 2016 et 2017, a porté sur les causes profondes qui expliquent la persistance du mariage précoce. Pourquoi et comment le mariage précoce est-il pratiqué et pourquoi persiste-t-il dans certaines régions malgré les multiples projets mis en œuvre pour y mettre fin ?
Une méthodologie mixte d'enquête combinant approches qualitative et quantitative a réuni des chercheurs des deux pays aux profils divers pour une analyse comparative menée sur la base de quatre approches disciplinaires : socio-anthropologie du développement, anthropologie de la santé, sciences de l'éducation, sciences juridiques. Nos résultats sur le Niger publiés dans le rapport "Filles pas épouses" et le Mali reviennent sur les facteurs couramment pointés du doigt, mais en développant des aspects sous-jacents et des causes profondes non analysées habituellement et non prises en compte par les pouvoirs publics et les ONG intervenant sur ces questions.
Le mariage précoce comme alternative
Les normes sociales locales au Niger comme au Mali influencent largement les logiques d'acteurs mobilisés dans les trajectoires matrimoniales des adolescentes. Dès la puberté, une fille non mariée est considérée comme une célibataire pour laquelle un conjoint est souhaitable et, passé 15 ans, cette situation est perçue comme constituant un problème. Durant l'adolescence, la principale crainte des parents est que leur fille puisse devenir enceinte hors mariage. En effet, l'idéal de virginité est loin d'être réalisé dans la pratique.
Il en résulte que plus une adolescente est mariée tôt, plus le risque d'une grossesse hors mariage s'éloigne. Face aux difficultés économiques mais aussi morales de prise en charge d'une fille-mère et ses enfants au sein du foyer familial, le mariage apparaît comme la meilleure solution aux yeux des parents.
Un choix pour de nombreuses jeunes femmes
Mais il faut souligner que c'est aussi souvent un choix des adolescentes elles-mêmes : au Niger, par exemple, d'après les rapports cités plus haut, 56 % des femmes mariées avant 18 ans déclarent que c'était leur choix personnel. La honte suscitée par une grossesse hors mariage vaut aussi pour les adolescentes (qui risquent d'être bannies par leur famille). Les garçons, quant à eux, ne subissent pas autant cette pression sociale.
En outre, le statut de femme mariée apparaît comme une promotion dès l'enfance, le mariage devient un idéal pour les filles (comme le montrent divers jeux de petites filles). Par ailleurs, le faible niveau et l'échec scolaire favorisent la décision du mariage précoce. Sur un effectif total de 916 femmes mariées précocement au Mali, 366 ont dû quitter l'école tandis que 294 ne sont jamais allées à l'école.
Le mariage précoce est un facteur de rupture scolaire mais aussi une conséquence de la faillite du système éducatif. L'école, qui devrait en principe être un facteur d'émancipation, n'est plus perçue comme un ascenseur social pour nombre de jeunes générations et de parents, elle est aujourd'hui d'une qualité déplorable et synonyme d'échec. On observe alors un cercle vicieux où la défaillance de l'école et les minces chances d'emploi qu'elle offre à terme favorisent le mariage précoce, qui à son tour contribue à la déscolarisation des filles.
La résistance se manifeste surtout à travers les discours, comme en témoignent ces extraits d'entretiens : « Dieu nous a fait le choix, nous devons le suivre… Nous devons suivre le prophète comme modèle, mais aujourd'hui, les organismes et certains oulémas sont en train de lutter contre le soi-disant mariage précoce, alors que beaucoup de filles de 13 ans tombent enceintes hors mariage. De ce fait, on a commis un péché. » (leaders religieux, commune I de Niamey, Niger.)
« Je suis convaincu que, s'il y avait eu le référendum, les Maliens allaient boycotter le code. Je suis convaincu aussi que les Maliens ne sont pas contre les mariages précoces. » (coordinateur des chefs de village, région de Kayes, Mali)
Comme le soulignent ces discours, collectés en 2017, issus des rapports de terrain (cités plus haut) et dont la synthèse sera bientôt publiée dans Études & Travaux du Lasdel, certaines communautés musulmanes vont ainsi à l'encontre des politiques de populations (espacement des naissances, planning familial), car elles sont influencées par certaines prescriptions coraniques et le poids croissant de l'idéologie salafiste.
Des pressions agressives, sur un ton extrêmement virulent, ont été exercées sur les élites politiques et ont parfois réussi à infléchir les positions gouvernementales. Au Niger, le projet du Code de la famille et du statut de la personne n'a jamais pu être adopté, et le projet de loi sur la scolarisation de la fille, incluant un module sur l'éducation sexuelle dans les programmes de l'enseignement secondaire, a été retiré par le gouvernement en 2014, à l'origine de ces projets, face à la mobilisation islamiste qui avait ébranlé sa propre majorité à l'Assemblée nationale. Par la suite, le gouvernement a adopté comme stratégie la dilution du programme d'éducation sexuelle dans deux autres programmes au secondaire (économie familiale et science de la vie et de la Terre).
Au Mali, sous la pression de certains courants religieux musulmans, un nouveau Code de la famille a été adopté en 2011, en nette régression sur le statut de la femme et de la fille par rapport à l'ancien. Mais l'opposition des conservateurs islamistes est aussi une réaction à ce qu'ils considèrent comme un impérialisme culturel, comme le témoignent ces propos collectés lors d'une étude sur les politiques de population au Niger (rapport à paraître dans Études & Travaux : « On ne nous imposera pas une vision occidentale de la famille ». (leader de groupe islamique, Tchadoua, Niger) ; « Les politiques de populations au Niger ne correspondent pas à la foi des Nigériens » (leader religieux, Radio Anfani Niamey, Niger).
Cet argument rencontre un fort écho au sein des populations, comme en témoigne une commerçante rencontrée à Niamey (Niger) : « Les Blancs n'aiment pas qu'on ait beaucoup d'enfants parce que, quand on a beaucoup d'enfants, ils n'auront pas notre richesse. C'est une façon de limiter les naissances, c'est Allah qui amène la maladie et c'est Allah qui amène la santé, les Blancs nous considèrent comme des animaux. »
Les politiques de contrôle de la natalité sont en effet promues par l'Occident (États ou ONG, souvent chrétiennes) et apparaissent comme méprisantes pour les valeurs identitaires africaines, qui considèrent la fertilité comme une valeur, et une nombreuse progéniture comme une richesse et l'assurance d'être pris en charge pour ses vieux jours.
Une lourde incompréhension quant à l'âge
Les politiques publiques se réfèrent à des normes internationales où sont clairement compartimentées les périodes de l'enfance, de l'adolescence et de l'âge adulte. Pour chaque tranche d'âge, des programmes spécifiques standardisés sont élaborés, mais ils sont mis en œuvre dans des contextes locaux où les normes de référence des communautés sont très différentes. Auparavant, les rites de passage et les classes d'âge permettaient, en Afrique, de préparer les individus à un nouveau statut social d'adulte.
Les enfants apprenaient ainsi un savoir-faire et les normes de conduite qui lui sont liées. Ces rituels sociaux ont presque totalement disparu. Aujourd'hui, des filles se retrouvent brusquement plongées dans le monde des adultes sans préparation, sans transition, munies de leur seul savoir-faire d'enfant qui s'avère inopérant pour leur nouvelle vie. La catégorie « adolescente » n'existe presque pas dans la réalité sociale, alors qu'elle est une cible favorite dans les programmes des institutions de développement.
La réalité des mariages précoces est donc plus complexe qu'il n'y paraît. Les nombreuses interventions jusque-là réalisées, pilotées de l'extérieur, ont certes contribué à maintenir le problème sur l'agenda des politiques internationales et nationales, mais sans modifier les comportements des populations de façon significative.
Il reste à saisir cette opportunité pour approfondir les connaissances sur les logiques sociales (pas forcément en lien avec la tradition) qui sous-tendent le mariage précoce et élaborer avec les populations des réponses adaptées à leurs contextes locaux et qui n'apparaissent pas comme des injonctions occidentales.
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COUP DE GUELLE D’UN AFRICAIN DE LA DIASPORA
Voter pour Ousmane Sonko au Sénégal, arrêter d’envoyer de l’argent aux Camerounais jeunes, prendre le pouvoir au Gabon plongé dans l’incertitude, dégager Patrice Talon au Bénin, telles sont les propositions de cet africain de la diaspora
Voter pour Ousmane Sonko au Sénégal, arrêter d’envoyer de l’argent aux Camerounais jeunes, prendre le pouvoir au Gabon plongé dans l’incertitude, dégager Patrice Talon au Bénin, telles sont les propositions de cet africain de la diaspora qui se préoccupe de la bonne gouvernance sur le continent. L’homme se définit comme spécialiste de la France, félicite le président Touadéra, d’avoir signé un accord avec la Russie pour assurer sa sécurité au nez et à la barbe de la France
CES GRANDS TRAVAUX QUI POURRAIENT PESER SUR LA PRÉSIDENTIELLE
À trois mois du scrutin, l'achèvement de nombreuses infrastructures du Plan Sénégal Émergent pourrait être décisif pour le bilan du président sortant Macky Sall
Le Point Afrique |
Manon Laplace |
Publication 01/12/2018
Critiqué sur le front social et démocratique, le gouvernement sénégalais met les bouchées doubles sur la réalisation de chantiers d'envergure lancés, pour la plupart, dans le cadre du plan Sénégal émergent (PSE). Ainsi de Diamniadio, future cité d'affaires en pôle ministériel en devenir au sud de Dakar qui continue à sortir de terre au milieu des vastes étendues de latérite. Dans le même temps, les wagons or et blanc flambant neufs du français Alstom sont déjà arrivés au port autonome de Dakar à bord de la Grande Angola. Il s'agit des premières voitures du Train express régional (TER) qui devra, à terme, relier la capitale sénégalaise au nouvel aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) sur 55 kilomètres.
Comme l'imposant pont de béton censé traverser la Gambie, long de 1,8 km, qui doit être inauguré en janvier prochain, il s'agit de l'un des projets phares du PSE. À l'approche du premier tour de l'élection présidentielle, fixé au 24 février 2019, les mastodontes infrastructurels s'inaugurent à tour de bras. Le 25 octobre dernier, l'asphalte de l'autoroute Ila Touba était foulé pour la première fois par les pèlerins en direction de Touba, pour le grand magal des Mourides. Plus tôt cet automne, la première pierre était posée pour l'érection du plus grand champ éolien d'Afrique de l'Ouest, dans la région de Thiès, au nord de Dakar. Une hâte qui sonne comme un piège électoraliste pour les opposants de Macky Sall et certains représentants sociaux.
L'émergence en leitmotiv
Les triptyques de flèches vert, jaune, rouge pointant vers le haut ont poussé comme des champignons dans les environs de Dakar. Devant le Dakar Arena, complexe sportif inauguré en août, à proximité de l'AIBD ou encore aux abords de Diamniadio. Ce logo, symbole du plan Sénégal émergent, illustre la volonté du gouvernement de laisser une marque visible. Celle de l'émergence. « L'aéroport, les routes, les ports, le transport de façon générale, la réouverture de la compagnie nationale Air Sénégal : ce sont des ouvrages structurants que tout pays émergent se doit d'achever », estime El Hadj Hamidou Kassé, ministre en charge de la Communication. « Le bilan est hautement visible, mais ce n'est pas un choix du gouvernement. L'inauguration de l'autoroute Ila Touba, par exemple, n'a pas vocation à aller chercher des votes mais à s'ouvrir sur l'intérieur du pays. Le rôle du pouvoir est de construire le pays, élection ou non », défend-il. « Évidemment, ce genre d'infrastructures est une bonne chose et tous les pays en ont besoin, admet Mamadou Diouf, coordinateur du Forum social sénégalais. Mais il y a une précipitation politico-politicienne selon laquelle il faut finir les travaux et inaugurer coûte que coûte pour intégrer ces infrastructures au bilan du septennat de Macky Sall. »
Masquer le vrai bilan ?
Pour Mamadou Diouf, ces réalisations sont un écran de fumée visant à dissimuler un bilan social et démocratique désastreux. Il déplore une ruée sur l'achèvement des infrastructures « pour donner l'illusion d'un bon bilan ». Et d'ajouter : « Le vrai bilan aurait dû se porter sur le renforcement des institutions républicaines, le changement de gouvernance, le passage du septennat au quinquennat. C'est pour ces promesses-là que 65 % des Sénégalais ont voté pour Macky Sall en 2012. Pour pouvoir manger ce que le Sénégal produit, être soigné et avoir accès à une école stable et de qualité. » D'autant que certains projets, comme l'aéroport international Blaise-Diagne ou le parc éolien de Thiès, furent initiés du temps de la présidence d'Abdoulaye Wade.
Des accusations que balaie le gouvernement : « Les infrastructures, c'est du matériel, c'est nettement visible. Le social revêt des figures qui ne sont pas immédiatement physiques, c'est du vécu. Mais nous avons fait plus sur le plan social que dans les infrastructures », avance El Hadj Hamidou Kassé. Accès à l'eau potable pour les populations rurales, couverture maladie universelle pour 47 % de la population, bourses familiales, valorisation des pensions de retraite, fin des délestages électriques…, le ministre de Macky Sall déroule un élogieux bilan social. S'il reconnaît que les ouvrages achevés pourront influer sur le vote des Sénégalais « parce qu'ils ont un impact concret sur la vie des gens », il se défend de toute accélération des chantiers. « On ne peut pas bâcler des réalisations aussi importantes sous prétexte qu'il y a des élections. Ça n'a pas de sens. »
« La précipitation nuit à la transparence »
Pourtant, du côté des populations impactées par les travaux du TER, on dénonce les manquements liés à l'achèvement accéléré du projet. Le premier tronçon, s'étirant de Dakar à Diamniadio et passant par 14 gares de banlieue de Dakar, devrait être inauguré le 14 janvier prochain. Selon le Collectif des impactés du TER, déjà 250 000 personnes auraient été déplacées, parmi lesquelles des familles ou des commerçants. C'est le cas de Jérôme Mendy, 35 ans, régulateur à la gare routière de Pikine. Avec sa femme, ses deux enfants et seize autres membres de sa famille, il habitait une grande maison de deux étages dans les quartiers de Pikine-Est, aux abords de Dakar. Depuis le 28 juillet, il n'en reste que des gravats et quelques carreaux rose et bleu qui constituaient la façade. Jérôme attend toujours les 50 millions de francs CFA de dédommagement promis et regrette la manière dont est mené le chantier. « Ces travaux ont interrompu le déroulement de notre vie. Je ne sais pas où je dois habiter, je ne peux pas inscrire mes enfants à l'école tant que je ne sais pas où je peux habiter. Et je ne peux pas racheter un logement ou en louer un sur le long terme tant que je n'ai pas été dédommagé », s'insurge-t-il.
Si le gouvernement estime que moins de 1 % des déplacés n'a pas encore été indemnisé, ils seraient plus nombreux selon le Collectif des impactés du TER. Il est difficile d'obtenir des chiffres précis, mais le mécontentement est réel. « Ce n'est pas un mécontentement politique, assure Macodou Fall. On comprend évidemment l'intérêt du chantier. Tout le monde n'est pas contre ce projet d'envergure qui vise à désengorger Dakar. Tout ce que demandent les populations, c'est d'être recasées comme on le leur a promis. » Et Mamadou Diouf d'ajouter : « La précipitation nuit à la transparence des projets, à leur durée de vie et donc à l'adhésion des populations à de telles installations. Les Sénégalais n'ont pas été suffisamment consultés et intégrés. Il faut garder en tête que ce sont les impôts des Sénégalais qui financent en partie ces grands travaux. » Plus que jamais, l'inclusion, dans toutes ses dimensions, apparaît comme l'un des défis majeurs que Macky Sall et son gouvernement auront à relever.
MACKY-BALDÉ, LES COULISSES D'UN RALLIEMENT
Entre Abdoulaye Baldé et Macky Sall, les négociations se sont poursuivies jusqu’à quelques heures avant le début de la réunion du Conseil national de l’Union des centristes du Sénégal (UCS) ce vendredi
-Entre Abdoulaye Baldé et Macky Sall, les négociations sur l’accord politique se sont poursuivies jusqu’à quelques heures avant le début de la réunion du Conseil national de l’Union des centristes du Sénégal (UCS) qui s’est tenue hier, à la Place du souvenir. Les derniers réglages du ralliement du maire de Ziguinchor au parti du chef de l’Etat (APR) ont été effectués hier, en débuts de matinée et d’après-midi. C’est vers 10 heures qu’Abdoulaye Baldé a reçu la visite d’un grand chef religieux de la famille Omarienne à son domicile à Yoff. Les deux hommes qui ont des relations personnelles très poussées et connues de leurs proches, s’entretiennent à huis clos pendant près de deux heures. Après quoi, ils quittent la résidence de Baldé pour une destination inconnue.
C’est après la grande prière du vendredi que la suite des réglages est connue. Toujours aux côtés de son «ami» marabout, le patron de l’UcCSs’introduit discrètement au King Fahd Palace où le chef de l’Etat et patron de l’Alliance pour la République (APR) l’attendait. L’audience ne dure pas longtemps, les deux nouveaux alliés signent l’acte final. Et chacun se dirige vers sa «base» pour présider le Conseil national de son parti. Les décisions sont prises : Baldé s’aligne derrière Macky pour la grande bataille de 2019.
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"LA LIAISON DAKAR-BAMAKO VA BIENTÔT REPRENDRE"
Le Franco-Sénégalais Kibily Touré, administrateur général de la ligne de chemin de fer Dakar-Bamako, est le Grand Invité de l’économie RFI-Jeune Afrique
Jeune Afrique |
Julien Clémençot et Jean-Pierre Boris |
Publication 01/12/2018
Ancien conseiller spécial de Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État français auprès du ministre en charge de l’Europe et des Affaires étrangères, Kibily Touré est depuis la fin du mois d’octobre administrateur général de la ligne de chemin de fer Dakar-Bamako. Il est le grand invité de l’émission Éco d’Ici Éco d’ailleurs diffusée ce 1er décembre à 12h10, heure de Paris. Extraits.
De la France au Sénégal
« J’ai en la matière des prédécesseurs. Félix Houphouët-Boigny a signé la constitution française en 1958 en tant que ministre d’État. Léopold Sédar Senghor a été membre du gouvernement français. Plus récemment, Philippe Ba a été conseiller juridique du gouvernement sénégalais au moment des lois sur la décentralisation, avant de devenir quelques années plus tard Secrétaire général de l’Élysée, puis ministre français. La France et le Sénégal entretiennent une relation où il y a toujours eu une forme de mutualisation des élites. »
Dakar Bamako Ferroviaire
« C’est est l’organe de gestion d’une ligne binationale, c’est un outil d’intégration politique. Il prend le relais du concessionnaire qui s’était lui même substitué à deux sociétés d’État, l’une malienne et l’autre sénégalaise. Quand les États ont mis fin à la concession [de Transrail, en 2015, NDLR], ils l’ont fait sur la base d’un constat d’échec.
Depuis avril, les rotations ferroviaires sont arrêtées, mais des trains circulent sur un modèle de redevances de péage pour des industriels, des miniers qui louent une partie de la ligne. Mais la liaison Dakar-Bamako va refonctionner rapidement parce que nous avons finalisé l’acquisition d’une flotte de onze locomotives. (…) Il faut redonner à l’entreprise sa dignité, en faisant que les trains aillent et viennent. L’objectif des deux États, c’est une rénovation complète. Le ticket d’entrée est de 200 millions de dollars. Davantage encore si l’on prend également en compte la rénovation des gares.
Urgence
Aujourd’hui, j’ai un plan d’urgence pour reprendre les rotations entre Dakar et Bamako. Nous avons besoin de 20 milliards de francs CFA (30 millions d’euros). Et – je vais vous surprendre -, c’est à la mesure des États, et même de la société Dakar Bamako Ferroviaire. J’ai des concessions ferroviaires qui me rapportent 720 millions de F CFA par an.
Autre levier, avant même d’aller voir mes ministres sénégalais et malien : les industriels comme Dangote qui ont besoin d’un transport de masse. Sur ce corridor, il y a un potentiel de quatre millions de tonnes marchandises qui actuellement sont transportées par camions.
Absent
Dans la première expérience de concession, il y a une acteur qui était absent : le régulateur. Il y avait seulement un comité de suivi.
Dans le schéma que nous avons retenu, il y aura deux sociétés de patrimoine, une malienne et une sénégalaise, un régulateur et un exploitant, idéalement un privé, professionnel du transport. Si demain, nous avons des opérateurs maritimes ou routiers, il y a beaucoup plus de chance que cela marche.
Chinois
Je vais mettre un pavé dans la mare. Je pense que la présence chinoise est fantasmée. La Chine ne prospère pas partout. Elle a même des fois du mal à exister dans certains endroits.
Il faut être cohérent. On ne pas dire d’un côté la France est partout et il faut que la France me paie des études. Il faut construire dans les pays africains des offres d’éducation aux standards mondiaux.