L’Etat du Sénégal, qui a versé trois milliards de FCFA aux universités privées accueillant les bacheliers orientés vers le privé, va décaisser le même montant dans les prochains jours afin de ramener la dette qu’elle leur doit de 16 à 10 milliards de FCFA, a annoncé lundi le ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane.
Cité par le rapport de la Commission de l’éducation, de la jeunesse, des sports et des loisirs de l’Assemblée nationale, le ministre rappelle que la dette de l’Etat due aux instituts privés est estimée à 16 milliards de francs CFA.
Cette dette avait poussé ces universités à renvoyer les étudiants orientés par l’Etat, pour exiger son paiement. En réaction, l’Etat avait décidé de procéder à un premier paiement de trois milliards.
Mary Teuw Niane a souligné qu’un "dialogue franc" est en train d’être mené avec les responsables de ces établissements privés.
"Depuis 2014, l’État à versé plus de 31 milliards aux universités privées", a souligné M. Niane dont le ministère est passé ce lundi à l’Assemblée nationale pour l’examen de son budget 2019.
Selon le rapport, il a invité les responsables des établissements supérieurs privés "à faire preuve de compréhension, en revenant sur la mesure consistant à renvoyer les étudiants".
Par ailleurs, le ministre à révélé que 47.427 nouveaux bacheliers ont été orientés vers les établissements privés d’enseignement supérieur de 2013 à 2018.
Il a également souligné que l’État paie pour tous les étudiants du 1er cycle la somme de 400 000 francs CFA par an.
Selon lui, seuls 10% des titulaires de la licence sont sélectionnés pour le master, à raison de 600 000 francs CFA par an et par étudiant.
Affaire Karim Wade - «Ce rappel à l’ordre à l’Etat du Sénégal face à ses engagements internationaux par le Comité des droits de l’homme de l’Onu est une humiliation» et les autorités doivent exécuter cette décision du Comité d'experts sinon ...
Il avait alerté, à l’époque, les autorités étatiques sur la mauvaise voie que prenait le dossier Karim Wade, sur l’iniquité de ce procès et illégalité même de la Cour de répression et de l’enrichissement illicite (Crei). Mais l’homme de droit n’avait pas été entendu. La récente décision du Comité des droits de l’homme des Nations Unies qui dénonce les conditions de jugement de Karim Wade donne raison à Me Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme. La décision du Comité des droits de l’homme, en effet, enjoint au Sénégalde en réviser le procès de Karim Wade en lui assurant «un recourséquitable» dans un délai de 185 jours à compter de la date de publication de ladite décision.
Réagissant à cette demande expresse adressée à l’Etat du Sénégal, dans cet entretien ci-dessus, Me Assane Dioma Ndiaye estime que l’Etat du Sénégal doit absolument exécuter cette décision du Comité des droits de l’Homme de l’Onu, faute de quoi, «il risque un isolement international» étant donné ses engagements internationaux relatifs aux droits humains.
Déjà, «ce rappel à l’ordre, cette humiliation, le Sénégal aurait pu l’éviter », regrette Me Assane Dioma Ndiaye, soutenant notamment que le dossier Karim Wade demeure une «affaire Karim Wade»attendu que «ce n’est pas une affaire purement juridique» mais la politique s’y est bel et bien invitée.
D’ailleurs pour l’avocat, « droits de l’hommiste, l’on s’achemine inexorablement vers un «imbroglio juridique» dans cette affaire. Toujours est-il que pour redorer son blason, du fait de cette « grosse tache noire», le Sénégal gagnerait à revenir à de meilleurs sentiments puisque le pays a toujours été un îlot de démocratie sur le continent. Le président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme développe son argumentaire dans l’entretien ci-dessus.
Regardez !
LES ÉTUDIANTS DU PRIVÉ EN ROGNE CONTRE AMADOU BA
Ce dimanche, en expliquant que l’Etat ne pouvait pas payer une dette qui n’était pas claire, le ministre des Finances a provoqué la colère de ces étudiants, sur le carreau depuis plus d’un mois
Au Sénégal, près de 40 000 étudiants passés de l’enseignement public au secteur privé sont sur le carreau depuis plus d’un mois car l’Etat qui est à l’origine de ce transfert faute de place dans les facultés, refuse, pour le moment, de régler la facture. Ce dimanche, en expliquant que l’Etat n’avait pas budgété suffisant de fonds et qu’il ne pouvait pas payer une dette qui n’était pas claire, le ministre des Finances Amadou Ba a provoqué la colère de ces étudiants qui ont manifesté ce lundi puis affronté les forces de l’ordre.
A l’origine de la colère, cet aveu d’Amadou Ba à l'Assemblée nationale : « Donc cette année nous avions des inscriptions budgétaires qui malheureusement ne permettent pas de couvrir les charges…»
Pour Zacharia Niasse, porte-parole des étudiants passés du public au privé à la demande de l’Etat, cette déclaration du ministre des Finances est une agression. « C'est pourquoi nous ripostons à cette agression. Aujourd'hui ce sont eux qui ont orienté les étudiants dans les écoles privées, ils savent quel est le montant précis qu'il doit payer. C'est qu'ils veulent nous leurrer. On n'a plus d'école, nous sommes dans la rue depuis un mois ! »
Sur les 16 milliards de francs CFA de dette, l’Etat a indiqué pouvoir en payer pour le moment trois aux écoles privées. Une aberration pour Colly qui étudie dans une école de Management : « Que l'Etat paie la dette pour que nous puissions retourner dans les salles. »
Des étudiants, cailloux à la main, prêts à en découdre pour retourner sur les bancs. Prêts aussi à discuter, comme Souleymane : « On avait toutes les autorités de ce pays pour pouvoir régler cette question. Mais qu'est-ce qu'on va faire ? Si on nous pousse à faire la violence, on va la faire pour régler la question. Mais si on privilégie le dialogue, on va le faire. »
Les étudiants ont donc appelé à une rencontre avec les ministres de l’Enseignement supérieur et des Finances. Une première réunion s’est tenue la semaine passée mais les grévistes n’y ont pas été conviés.
PAR BARA DIOUF
SONKO ET LA SORTIE DU FCFA
La proposition n’est une posture populiste, ni une naïveté des enjeux de la monnaie - Pour construire ce Sénégal nouveau, aucune solution n’est envisageable sans le recouvrement de notre souveraineté monétaire
Le candidat à l’élection présidentielle du 24 Février 2019, Ousmane Sonko a apporté un souffle nouveau à la démocratie sénégalaise par la publication de son livre vision "Solutions". Il décline sa vision d’un projet de renouveau adossé sur les valeurs millénaires de notre cher Sénégal avec comme maitre mot : la souveraineté nationale.
Dans cette veine, Ousmane Sonko, à la page 141 de son livre, propose une affirmation de notre souveraineté monétaire : "dans le cadre de l’UEMOA, de la CEDEAO ou isolément, nous travaillerons la reconquête de la souveraineté monétaire avec tous ses attributs". En termes triviaux, Ousmane Sonko propose la sortie du CFA.
Sortir du CFA n’est plus une question taboue, tant la littérature économique africaine depuis les années soixante révèle que le CFA est un obstacle au développement des pays de la zone franc.
En outre la question de la monnaie n’est pas l’apanage de spécialistes, ni la chasse gardée de super puissance occidentale, elle est par excellence une question politique. Il faut se rappeler que les mots « monnaie » et « loi » ont la même racine en grec ancien.
La sortie du CFA prônée par Ousmane Sonko ne se fera pas de façon précipitée, ni abrupte ou solitaire. Au contraire dans "Solutions" page 145-146, Ousmane esquisse le processus de sortie du CFA : "nous préconisons une sortie du système franc CFA sous sa forme actuelle, mais de manière graduelle avec une transition méritée :
Le schéma idéal, auquel nous accordons la priorité par la mobilisation de tous nos efforts diplomatiques, c’est de lancer une monnaie sous régionale dans le cadre de la CEDEAO. Cela suppose une Banque centrale forte sous contrôle démocratique exclusif des Etats, capable de maitriser l’émission monétaire……
…….. nous considérons que, tout en continuant à travailler sans relâche à l’atteinte de ce premier objectif, les pays de la zone UEMOA doivent dès à présent maintenir et faire évoluer leur unité monétaire. Il s’agit d’apporter les correctifs au système sans par ailleurs déstabiliser la zone et compromettre les acquis en termes d’harmonisation et de coordination des politiques sectorielles. Les mesures à prendre sont les suivantes :
Se départir de la tutelle monétaire de la France en lui retirant ses sièges au Conseil d’administration de la BCEAO
Conserver la centralisation des réserves de la zone auprès de de la banque centrale et cesser puis rapatrier les dépôts de 50% de ses réserves auprès du trésor français
Exploiter les marges qu’offrent, notamment les stocks de réserves de change n à mettre à disposition de nos Etats, propriétaires de la Banque, dans la limite d’un plancher prudentiel à définir ‘
L’option de sortie du CFA en plus de l’argument de la souveraineté, nous permettra de retrouver le contrôle de notre monnaie, une des principales sources de mobilisation de ressources pour financer notre développement.
Il est donc clair que la proposition de sortie du CFA n’est une posture populiste pour Ousmane Sonko, ni une naïveté des enjeux de la monnaie.
Pour construire ce Sénégal nouveau, aucune solution n’est envisageable sans le recouvrement de notre souveraineté monétaire.
Bara Diouf est secrétaire nationale des jeunes du MRDS
PAR CISSÉ KANE NDAO
HOMMAGE À JACQUES BAUDIN !
Il aura marqué son passage au ministère des Affaires étrangères tant par sa compétence que par son élégance et son raffinement, un vrai art de vivre cosmopolite par lequel il avait le don de mettre à l'aise ses interlocuteurs
Homme politique formé à l'école de Senghor, ancien magistrat "défroqué", Me Baudin avait l'élégance et le style qui allaient avec ses hautes fonctions ministérielles.
Représentant le Sénégal au niveau international, Me Baudin aura marqué son passage au ministère des Affaires étrangères tant par sa compétence que par son élégance et son raffinement, un vrai art de vivre cosmopolite par lequel il avait le don de mettre à l'aise ses interlocuteurs, avant de les entretenir de notre histoire, et de ses racines bien sénégalaises, qu'il revendiquait haut et fort.
Maire de la ville de Diourbel, il aura au cours de ses mandats successifs donné le meilleur de lui-même pour changer sa commune, et promouvoir de potentiels successeurs de son action politique à la tête du parti socialiste, dont il aura porté haut le flambeau au plus fort de leur traversée du désert.
Un mohican est tombé. Un monument de la République, acteur privilégié de notre histoire politique, un abîme de secrets dont les mémoires auraient éclairé la route des jeunes impétueux qui aspirent à renforcer la grandeur et le prestige du Sénégal, et qui ont, pour ce, besoin de repères.
Que Serigne Saliou, son illustre homonyme dont il décida de porter le nom au moment de se convertir à l'Islam l'accueille auprès de lui, au paradis firdawsi.
Amen.
"LE SÉNÉGAL AU CŒUR", LE NOUVEAU LIVRE SUR MACKY SALL
Pour la première fois, le chef de l'Etat se confie à travers cet ouvrage, sur ses combats et fait vivre au lecteur sa passion pour le Sénégal - COMMUNIQUÉ DE LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du service de communication de la présidence, daté du 26 novembre 2018, annonçant la parution d’un nouveau livre sur le président Macky Sall.
« La Maison d’édition Le Cherche Midi vient de publier le livre du président Macky Sall intitulé « Le Sénégal au cœur ». L’auteur y retrace son parcours, parle de sa famille et restitue des événements récents.
Pour la première fois, Macky Sall se confie sur ses combats et fait vivre au lecteur sa passion pour le Sénégal, une passion qui l’a conduit dans les profondeurs de ce pays, son pays, qu’il porte au cœur.
A quelques mois de l’élection présidentielle de février 2019, ce livre offre une vitrine saisissante pour comprendre l’homme et son action, partager son ambition et son espoir pour le Sénégal et l’Afrique. Un récit de cœur dépouillé et précis au style épuré. »
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, BACARY DOMINGO MANÉ
« CONVICTION RÉPUBLICAINE », DÉMOCRATIE EN BERNE !
EXCLUSIF SENEPLUS - La conviction républicaine de Macky l’isole de l’apport extérieur - Le président s’est fait une religion et ne quittera, pour rien au monde, le lit douillet de la certitude
Bacary Domingo Mané de SenePlus |
Publication 26/11/2018
Il nous a vendus, à grand renfort de publicité médiatique, sa camelote de « Conviction républicaine ». Un livre qui est un condensé des discours du prince, écrit par des conseillers dont certains souffrent du sentiment de «ne servir à rien » face au rouleau compresseur d’un président, que d’ex collaborateurs présentent, comme quelqu’un qui est convaincu de détenir la vérité absolue. Qui se suffit à lui-même. Plus enclin à s’écouter qu’à tendre l’oreille à la nuance, la remise en question, l’objection, voire, à la dérision. Il serait allergique à la contradiction et ne supporte pas ceux ou celles qui lui opposeraient un avis contraire à ses vérités gravées dans le marbre.
CE QU’IL DIT….
Des convictions républicaines, il en a, ou pour parler vrai, il en a clamées. Le président dit dans l’introduction du livre, « incarner la République et le renouveau » dont il « s’efforce chaque jour d’être l’adepte et l’artisan intransigeant dans l’action ». Et cela, « par conviction républicaine ». Tout, dit-il, dans son parcours d’élève, d’étudiant et de commis de l’Etat, conforte l’idée que « rien mieux que la République ne sanctionne l’effort dans la durée. C’est que la res publica a cette faculté de rendre la chose publique accessible à toutes et à tous du fait du mérite de chacune et de chacun. Parce qu’elle récompense le mérite plutôt que l’origine et le rang social ».
Son Excellence a aussi avancé dans « Conviction républicaine », « qu’être juste avec soi, c’est tout d’abord être juste avec tous les autres (personnes physiques et morales) dans la parole et dans les actes ». Et de conclure : « c’est cette conviction qui sous-tend, plus qu’une autre, mon discours et mon action à la tête de l’Etat ».
La conviction républicaine est-elle de l’ordre de la parole ou de l’acte ? Nous pensons qu’elle relève du second, puisque la politique est essentiellement action, reliée à la parole, selon les mots pleins de sens de la philosophe Hannah Arendt. C’est dans le feu de l’action que l’on peut juger de la posture républicaine ou non de celui ou celle qui le prétend.
Nous marchons sur les traces de Victor Hugo pour adresser au président Sall cette question : Qui de celui qui veut faire aimer la République ou de celui qui veut la faire haïr, est le vrai républicain ? Nous craignons que le chef de l’Etat soit dans le second cas de figure, à force d’agresser les libertés publiques.
…CE QU’IL FAIT
Notre République est mutilée, amputée, chahutée…avec ses libertés fondamentales (ou droits fondamentaux) malmenées, comme celle d’opiner, de marquer son adhésion, ou surtout son désaccord par rapport à une gouvernance hasardeuse ou une question d’enjeu national. Combien de marches interdites, parfois pour des raisons obscures ? Combien de citoyens sont pris à partie – lorsqu’ils veulent, contre vents et marrées, faire valoir leur droit à manifester - par des policiers ou gendarmes prompts à obéir aux ordres venus de la hiérarchie ? Il y a même des espaces et lieux interdits à la manifestation contestataire, matérialisés par l’insensé arrêté Ousmane Ngom, du nom d’un transhumant de luxe sous le parapluie du président Sall.
Le chef de l’Etat a aussi décidé de restreindre l’espace de liberté des réseaux aux fins de contenir certaines dérives portant les stigmates d’une société malade de ses élites et orpheline de repères.
Gare à tout discours qui ne va pas dans le sens de ce que pensent les tenants du pouvoir, pour courir le risque d’être taxé : « opposant », « ennemi de la République » ou « contempteur du chef de l’Etat ». Ou « politicien », lorsque vous marchez aux côtés d’une opposition qui exige le respect des libertés fondamentales. Ils assimileront à des « attaques » toute parole qui tentera de relever les incohérences d’une gestion présidentielle. Et comme des chiens enragés, ils se jetteront, toutes griffes dehors – parfois avec un brin d’hypocrisie – sur celui ou celle qui a osé « offenser » le prince. Ce ne sont pas Y EN A MARRE et Seydi Gassama que Macky Sall veut réduire au silence, qui nous démentiront.
C’est donc un secret de Polichinelle d’affirmer que la République est prise en traite et jetée par terre, au nom d’une « conviction républicaine » qui masque mal l’aversion pour les valeurs démocratiques opposées aux choix politiques du Léviathan. Deux poids, deux mesures !
Le président Sall dit que la «res publica a cette faculté de rendre la chose publique accessible à toutes et à tous du fait du mérite de chacune et de chacun. Parce qu’elle récompense le mérite plutôt que l’origine et le rang social ». Cette parole a-t-elle une emprise sur la réalité sociale ? Oui, dans une certaine mesure, puisqu’il y a des citoyens qui exercent des responsabilités publiques du fait de leur mérite. Mais cette denrée est en passe de devenir rare dans un pays où la pratique politique devient une profession qui nourrit son homme. Et cela ne nécessite aucune compétence pour se voir confier des responsabilités, si l’on détient la carte du parti aux affaires.
LOGIQUES PARTISANNE ET COMMUNAUTAIRE
Cette pratique, malheureusement, est venue corrompre cet équilibre social, en faisant prévaloir des logiques partisane et communautaire. Désormais la carte du parti et l’appartenance à une communauté bien déterminée sont des sésames qui ouvrent toutes les portes, en faisant sauter le verrou du mérite. Quid de la justice sociale ? Nous sommes tous et toutes, fils ou filles de la République, et avons choisi, soit de militer dans un parti, soit d’être apolitique (au sens de la politique partisane). Tout en se mettant à son service. Doit-on alors souffrir de nos choix, comme ces Directeurs de sociétés nationales à qui le président a demandé de battre campagne, conformément à la directive du jeudi 7 février 2013 : « Perdre les élections dans sa localité, c’est perdre son poste de DG ». Ajouter à cela, le fait que le chef de l’Etat livre à la justice des pilleurs de deniers publics proches de l’opposition, tout en mettant sous le coude les dossiers de ceux appartenant à l’APR, au camp des alliés, y compris le « bétail » politique (transhumants) toujours à la recherche de prairies prometteuses. Pourtant, c’est le premier des Sénégalais qui déclare dans son livre qu’« être juste avec soi, c’est tout d’abord être juste avec tous les autres (personnes physiques et morales) dans la parole et dans les actes».
Que vaut cette parole, face à une injustice flagrante ? Que vaut cette déclaration lorsqu’on dénie à l’autre sa capacité et son droit à être différent ? A penser autrement ? A faire des choix qui parfois menacent nos intérêts ? Visiblement la parole présidentielle est condamnée à l’errance, incapable de se poser pour cerner les contours d’une réalité tangible, parfois qui nous interpelle de manière tragique. En somme, la parole du président a perdu toute sa charge performative à force de se liquéfier sous la grisaille d’un quotidien qu’aucune feinte politicienne, aussi exquise soit-elle, ne peut contourner. Il est là, imposant et se conjugue dans un présent qui emprunte à l’éternité : le coût du loyer frise l’indécence face à des propriétaires de plus en plus boulimiques et un Etat démissionnaire ; le casse-tête de la dépense quotidienne a fini de transformer les pères et mères de famille en magiciens ; les prix de certaines denrées flambent sous les caprices d’un marché déréglé. Sans compter la cherté des frais de scolarité des enfants, le transport, la prise en charge sanitaire etc. Cette réalité ne saurait être voilée par un discours qui met plus l’accent sur les réalisations d’infrastructures (point fort de la gestion de Macky) que sur le capital humain.
VOUS AVEZ DIT « CONVICTION » …
Le cœur de notre réflexion, c’est la notion de « conviction » que nous voulons interroger, en la reliant au profil psychologique du président, pour comprendre les ressorts d’un comportement qui laisse peu de place à la réfutation. Et met à nu ce besoin non dissimilé et quasi obsessionnel d’un chef d’Etat, de montrer l’étendue de ses pouvoirs face à toute personne s’inscrivant dans l’altérité.
Le Larousse définit la notion de conviction comme l’« état d'esprit de quelqu'un qui croit fermement à la vérité de ce qu'il pense ; certitude ».
Visiblement le souci premier du président Sall en « écrivant » ce livre, est de partager avec le public sa « Conviction républicaine ». L’empathie dans ce cas de figure, est-elle possible ? La parole ensoleillée ne fera pas tarir l’océan des « convictions » qui se déploie dans une temporalité inamovible, synonyme d’éternité. Puisqu’en matière de conviction, rien ne vient ébranler nos certitudes. Par conséquent, elle ne se dit pas, mais se constate ou se montre. C’est pourquoi, faire part de sa conviction devient suspect, comme si vous avez atteint le point culminant du questionnement, lequel est travaillé par une réponse qui se situe entre l’hypothèse (vérité provisoire) et le doute.
Le président se veut alors dominant, en titillant le sommet de ce que l’humain peut savoir au sujet de la République. Sa conviction républicaine le plonge dans une sorte de quiétude qui l’isole de l’apport extérieur, des rencontres enrichissantes. N’allez surtout pas lui dire qu’une autre République est possible, dans sa forme plus élaborée que la sienne. Il s’est déjà fait une religion, et ne quittera, pour rien au monde, le lit douillet de la certitude qui soigne contre les courbatures et les contorsions du doute et de la remise en cause. Il ne se fera pas le plaisir de suspendre son jugement, le temps de poser un regard amusé sur les mirages des apparences, comme ces philosophes de l’Antiquité.
Non, son parcours d’élève, d’étudiant et de commis de l’Etat, lui montre qu’un autre chemin est impossible. Surtout pas de celui de l’opinion qui est flexible, s’adapte à l’environnement hostile des contingences.
Il est écrit sur le dos écaillé du poisson-chat : « Ici s’arrête le voyagecogitatif !» La conviction donne un coup d’arrêt au mouvement, à l’épreuve insupportable du doute, décrète la mort de l’esprit et clôt l’infini champ des interprétations. C’est en cela qu’elle peut être porteuse de violence. Il est difficile de voir l’autre s’opposer à mes convictions, à ma vérité. Et c’est là que réside la source de certaines dérives « républicaines », secrétées par des despotes éclairés. Cette façon d’appréhender le monde avec des œillères, explique-t-elle le bras de fer du président Sall avec son opposition ? Impossible de nouer le fil du dialogue avec ses adversaires qui, à leur tour, sont convaincus d’avoir toujours raison face à un président qu’ils peignent en noir. La communication violente du chef de l’Etat (lexique emprunté à la lutte et à la jungle) et celle de son opposition (discours musclé, va-t-en-guerre) font écho au choc des convictions qui ne donnent aucune chance à une rencontre constructive.
D’ailleurs, la plupart des crimes de masse, comme le génocide, les attentats et les guerres, porte l’empreinte des convictions.
DES CONVICTIONS SAINES
Mais il existe aussi des convictions saines, celles qui font bouger les lignes : lutter pour une justice sociale, combattre le mal, les brimades etc. Le héros, ici, n’est nullement en quête de reconnaissance, il n’affiche aucun culte de la personnalité. Au contraire, il sait se faire discret, en s’effaçant face aux grandes œuvres qui portent sa signature. Il se met au service de son peuple sans songer à se servir. Le héros a une haute idée de la République. Il ne se retranche pas derrière le confort d’une loi ou arrêté absurde pour donner un coup de frein à l’évolution des droits publics. Nous avons choisi la République, advienne que pourra !
VIDEO
BAGARRE À L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Les députés Bara Doli et Modou Mbaye en sont venus aux mains en pleine séance budgétaire
Le marathon budgétaire vient à peine de démarrer que les députés se donnent en spectacle avec une bagarre causée par le désaccord sur le temps de parole des uns et des autres. Ambiance...