Sonko : «Tanor, quémandeur d’une institution budgétivore ; Niasse, un grabataire qui s’accroche au perchoir»
En meeting à Paris samedi, Ousmane Sonko s’est attaqué à ceux qui assimilent son âge (44 ans) à un manque d’expérience. Et sous ce rapport, il s’en est pris à Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng. Mais le candidat déclaré à la Présidentielle a aussi résumé le bilan de Macky Sall en un «échec».
C’est sans doute ce qu’on pourra retenir comme «La déclaration de Paris». Le meeting de Ousmane Sonko à la salle Dock Pull Man, samedi, aura drainé du monde… de la diaspora. Un 24 novembre pour triompher le 24 février 2019. Et le candidat déclaré à la Présidentielle est, dans son discours diffusé sur YouTube, largement revenu sur sa jeunesse qu’il considère plutôt comme un «atout», s’en prendre à Macky Sall, et surtout à ses principaux alliés. «C’est là-bas, au Sénégal, que nos adversaires politiques continuent à se ridiculiser en cherchant à faire croire à nos concitoyens un certain nombre de contre-vérités sur notre personne. Je ne reviendrai pas sur les accusations farfelues parce que ça ne sert absolument à rien, le Peuple sénégalais est suffisamment mature et averti. Mais il est constant, ne serait-ce que sur l’une des accusations, d’entendre dire aux citoyens que Sonko est jeune et donc inexpérimenté. Ils oublient peut-être que, si ce n’est leur cécité habituelle qui leur empêche de se rappeler, deux des plus illustres prophètes de l’humanité ont été révélées : l’un, Jésus Christ à l’âge de 30 ans, et l’autre Mohamed (Paix et salut sur lui) à l’âge de 40 ans», souligne-t-il.
Ensuite, le leader de Pastef/Les patriotes tire sur Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng dans un style allusif et ironique. Il dit : «Oui je suis jeune en effet. Je n’ai que 44 ans. C’est très peu, mais c’est beaucoup. J’ai 44 ans et c’est un atout parce je ne suis pas grabataire et ma dignité, mon honneur et ma sagesse m’auraient empêché de m’accrocher au perchoir de l’Assemblée nationale à l’âge de 80 ans et d’empêcher les débats sur le vote des lois ou sur des questions intéressant les générations futures.» Une pique au secrétaire général de l’Afp. Il ajoute : «Oui je suis jeune, en effet. J’ai 44 ans et c’est un atout. A mon âge, je suis suffisamment conscient des priorités du Sénégal pour ne pas avoir à quémander une institution budgétivore comme le Hcct, inutile et taillée sur mesure pour satisfaire mes caprices et une rivalité née d’un congrès sans débat.» Un missile contre le secrétaire général du Ps.
Suppression des fonds politiques, démission de la présidence de Pastef
Sonko rappelle aussi à ses «détracteurs d’un autre âge» que Abdou Diouf est arrivé au pouvoir à 46 ans, Thomas Sankara à 38 ans, Barack Obama à 47 ans, Macron à 39 ans, etc. En revanche, il estime que toute l’expérience que ses détracteurs revendiquent est en réalité «une expertise affinée au fil des années en matière de détournements, de surfacturations et de compromissions». Après avoir constaté que le bilan du régime de Macky Sall se résume en un «échec», il propose ses solutions. Sonko dit être «prêt à mettre fin à l’hyper-présidentialisme», à «supprimer les fonds politiques», à démissionner de la présidence de son parti, à «ériger un culte de la transparence et de la reddition des comptes, à détacher l’Ige, la Cour des comptes, la Centif et l’Ofnac de la tutelle de la présidence de la République, à élargir leur rayon d’actions», à «conquérir notre souveraineté monétaire par une sortie graduelle de la zone franc, imposant la mise en place d’une banque centrale forte dans le cadre de la Cedeao et une monnaie africaine facilitant les échanges ou, à défaut, une monnaie nationale gérée avec responsabilité».
Le chef de l’Etat espère créer avec le Dac de Sangalkam, dont les travaux ont été lancés ce samedi, plus de 600 emplois directs et 1 900 indirects. En attendant, il a demandé à son Premier ministre de payer dans les délais l’entreprise Green 2000 qui l’a réalisé pour permettre sa réception dans quatre mois.
C’est vraiment ambitieux : 6 250 tonnes de produits maraîchers, 1 million 125 mille litres de lait, 48 mille poulets de chair, 3 millions 285 mille œufs de ponte et 307 tonnes de poisson. Ce sont les productions attendues annuellement du Dac de Sangalkam dont les travaux, qui devront durer quatre mois, ont été officiellement lancés samedi par le chef de l’Etat. «Le Dac de Sangalkam coûtera quatre milliards et la livraison clés en main est prévue dans quatre mois. L’apport de la jeunesse pour le développement durable n’est plus à démontrer, car elle est une richesse inestimable et une force de remplacement pour relever les défis du développement dans la stabilité et la cohésion sociale. Voilà qui fonde mon option de faire du capital humain, Axe II du Pse en particulier, des jeunes un levier fondamental de notre émergence (…) C’est le sens de la création du Prodac qui vise la création massive d’emplois, notamment les jeunes et les femmes», a laissé entendre Macky Sall qui s’est dit enchanté par les résultats déjà acquis à travers ce programme. «Il convient de rappeler qu’avec ce programme des domaines agricoles, nous avons démarré avec Keur Samba Kane dans la région de Diourbel, Keur Momar Sarr à Louga, le Dac d’Italo à Kédougou et celui de Séfa à Sédhiou. Les résultats fort encourageants notamment au Dac de Séfa nous confortent dans notre option», a-t-il souligné. «Le Dac de Sangalkam offrira aux bénéficiaires la possibilité de produire dans les filières végétale, animale et aquacole.
Le développement de ces filières sur toute la chaîne de valeurs avec des métiers in situ favorisa une production de haute qualité. Le programme novateur va permettre la mise en valeur des grands domaines allant de 1 000 à 5 000 ha. Le Dac de Sangalkam va contribuer à restaurer la vocation nourricière des Niayes au bénéfice des populations de la région», a enchaîné le président de la République, faisant de l’infrastructure dont vont bénéficier «les populations du département et de la région de Dakar» un moyen de restauration de «la vocation nourricière des Niayes». Dans le domaine de l’Isra où va être érigée une partie du Dac, il est prévu, d’après le document de presse remis par les organisateurs, «l’aménagement de 200 hectares de terres à des fins de production, l’installation de batteries de production avicole, la construction d’une écloserie et d’un bassin piscicole, la mise en place d’une unité de transformation». Il y est projeté 662 emplois directs et 1 936 indirects à la lecture du document.
C’est Green 2000, qui a réalisé le Dac de Séfa, qui est maîtresse d’œuvre du Dac de Sangalkam. Le chef de l’Etat a d’ailleurs félicité l’entreprise israélienne qui, «malgré les difficultés de tous genres, a su maintenir le cap». «Monsieur le Premier ministre, il faut veiller à ce que l’entreprise soit payée et que la livraison se fasse dans les 4 mois contractuels», a exhorté le chef de l’Etat.
HARO SUR LES CONTRADICTIONS ENTRE LES LEGISLATIONS INTERNATIONALE ET NATIONALE
L’Etat du Sénégal devrait lever «les contradictions qui existent entre les instruments juridiques internationaux et la loi interne en ce qui concerne le droit à l’avortement», a plaidé samedi Ndèye Madjiguène Sarr de l’Association des juristes sénégalaises (Ajs). «Le Sénégal a signé et ratifié l’essentiel des instruments juridiques internationaux, régionaux et sous-régionaux consacrant le droit à l’avortement. Malgré cela, il n’existe toujours pas de cadre juridique interne favorable à l’accès à l’avortement médicalisé», a-t-elle notamment déploré. Elle s’exprimait ainsi à travers une communication axée sur le thème «Environnement juridique de l’interruption de grossesse au Sénégal et la cartographie des législations africaines» dans le cadre d’un atelier de formation organisé par l’Association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd).
L’atelier porte sur la clarification des valeurs et le cadre juridique relatif au plaidoyer sur les Droits et santé sexuels et de la reproduction et l’avortement médicalisé. La rencontre entre dans le cadre de la troisième phase du projet «Voix pour la santé». L’Association des journalistes en santé, population et développement, selon son président Alassane Cissé, «organise un atelier de formation, car leur (les journalistes) implication est nécessaire pour une meilleure connaissance et un meilleur traitement de l’information relative à l’avortement médicalisé». «Au Sénégal, il est souhaité une modification du Code pénal pour autoriser l’avortement médicalisé en cas de viol ou d’inceste», a plaidé la juriste. Aussi évoque-t-elle le protocole à la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples, adopté par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement à Maputo (Mozambique) le 11 juillet 2003, ratifié par le Sénégal le 8 janvier 2005. Par exemple dans le protocole de Maputo, a-t-elle expliqué, «dans l’article 14, il est dit que les Etats assurent le respect et la promotion des droits de la femme à la santé, y compris la santé sexuelle et reproductive. Ces droits comprennent : le droit d’exercer un contrôle sur leur fécondité, le droit de décider de leur maternité, du nombre d’enfants et de l’espacement des naissances, le libre choix des méthodes de contraception».
Revenant sur la législation en matière d’avortement dans certains pays africains, Mme. Sarr a souligné que «l’avortement est dans la plupart des pays africains illégal ou d’un accès très restrictif. Seuls trois pays sont totalement sortis du cadre normatif colonial en rendant gratuit l’Interruption volontaire de grossesse (Ivg) tant que la grossesse n’a pas atteint 12 semaines». Il s’agit de la Tunisie en 1973, du Cap-Vert 1986 et de l’Afrique du Sud en 1996. Selon elle, «au Burkina Faso, le Code pénal autorise l’avortement en cas d’inceste et de viol et au Ghana la loi autorise, depuis 1985, l’avortement en cas de viol, d’inceste ou de menace pour la santé mentale ou physique de la mère». En Côte d’Ivoire, l’article 367 du Code pénal dit qu’il «n’y a pas d’infraction lorsque l’interruption de la grossesse est nécessitée par la sauvegarde de la vie de la mère gravement menacée». En Zambie, a-t-elle ajouté, «on peut pratiquer l’avortement pour cause de risque pour la santé mentale de la femme ou de la fille enceinte. Il est requis l’autorisation d’un psychiatre».
LE SENEGAL ET LE NIGERIA APPROFONDISSENT LEURS RELATIONS
Le ministre des Affaires étrangères du Nigeria a effectué du 22 au 25 novembre 2018 une visite officielle au Sénégal. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères du Sénégal, «cette visite entre dans le cadre du renforcement des excellentes relations d’amitié, de fraternité et de coopération qui unissent le Sénégal et le Nigeria et marque la volonté de leurs plus hautes autorités communes de hisser la coopération entre les deux pays en partenariat stratégique». Les échanges entre Sidiki Kaba et Geoffrey Onyema ont concerné plusieurs secteurs tels que «la défense, la sécurité, la diplomatie, les hydrocarbures, le tourisme, les transports aériens, le commerce, l’industrie, la pêche, l’aquaculture, mais aussi la coopération judiciaire». En outre, d’après le document, la visite M. Onyema au Sénégal a été l’occasion pour les deux pays de «s’accorder sur le rôle prépondérant du commerce en vue d’une augmentation significative des flux d’échanges dans l’espace Cedeao et, à cet effet, de converger sur la nécessité de lever toute entrave à la libre circulation des personnes et des biens».
Par ailleurs, «au plan multilatéral, les deux ministres ont réitéré leur volonté de continuer à œuvrer ensemble pour la promotion de la paix, de la démocratie, du développement, du respect des droits de l’Homme et de la sécurité dans le monde, en particulier en Afrique et dans la sous-région», dit le communiqué. En ce sens, «ils ont évoqué la situation politico-sécuritaire dans la sous-région et sont convenus de la nécessité de mutualiser les efforts pour lutter contre le terrorisme et l’extrémisme violent, sans manquer d’apprécier à leur juste valeur les résultats enregistrés par le Nigeria et ses voisins de la région du lac Tchad dans le cadre de la Force multinationale mixte». En plus, Geoffrey Onyema et Me Sidiki Kaba n’ont pas, dans la foulée, passé sous silence leurs vœux concernant la position de l’Afrique au sein des Nations unies, en insistant «sur la nécessité d’une réforme du système des Nations unies qui donne à l’Afrique sa juste place».
PAR MADIAMBAL DIAGNE
UNIVERSITÉS, LE COURAGE DE CHANGER DE PARADIGMES
Les études coûtent de plus en plus cher et les Etats ne peuvent plus assurer l’éducation universelle gratuitement - Qui pourra jeter la pierre à la France pour avoir augmenté les droits d’inscription des étudiants étrangers ?
L’Etat français vient d’augmenter les droits d’inscription universitaires des étudiants étrangers, non originaires de pays membres de l’Union européenne. La mesure a provoqué une certaine levée de boucliers et on peut dire même qu’elle a déchaîné les passions. Des réactions indignées sont enregistrées çà et là, et des étudiants ont même décidé de manifester contre une telle décision. On a entendu des voix demander aux gouvernements africains, qui comptent le plus grand nombre d’étudiants concernés, de protester contre cette nouvelle politique d’accueil des étudiants étrangers en France. Une telle perspective ne semble pas envisageable et d’ailleurs, pour ce qui concerne le Sénégal par exemple, le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, a coupé court à tout suspens quant à la possibilité du gouvernement du Sénégal d’élever la moindre protestation. Le ministre Serigne Mbaye Thiam s’est voulu clair, affirmant prendre acte de la décision des autorités françaises, annoncée par le Premier ministre Edouard Philipe. Il a précisé qu’il revenait aux étudiants étrangers de s’adapter à ladite mesure. Franchement, on ne peut qu’acquiescer à un tel propos, car une autre posture aurait été absurde, voire même ridicule. La France n’a pas pour vocation de subventionner et de garantir la formation des élites des autres pays, au risque de ne plus pouvoir assurer à ses propres fils et filles une formation de qualité.
Les universités françaises qui faisaient rêver tout étudiant de par le monde ont perdu de leur superbe depuis de nombreuses années. Le classement Shanghai qui constitue un baromètre au niveau mondial de la qualité des universités le montre tous les ans. Cette situation est due essentiellement au manque de moyens. Les allocations de l’Etat français aux universités n’arrivent plus à répondre aux besoins de plus en plus croissants, tant en matière de traitement des professeurs que de l’acquisition d’équipements et de matériels de formation, sans compter la nécessité d’accroître les infrastructures. Les élites universitaires françaises se tournent de plus en plus vers les universités nord-américaines ou vers de nouvelles universités de pays émergents où l’offre salariale est plus intéressante et les conditions de travail et de recherche mieux élaborées. La décision d’augmenter les droits d’inscription devrait générer quelque 1 milliard d’euros de plus au profit des universités françaises ; à peu près l’équivalent de la dotation annuelle que l’Etat français accorde à ses universités publiques.
Il convient donc pour l’Etat français de rechercher les moyens pour améliorer son système universitaire en injectant plus de moyens financiers. Il est naturel que la stratégie de la «politique des petits pas» soit de rigueur. En effet, dans de pareilles situations, il faudrait jouer sur les leviers les moins sensibles surtout dans un contexte de tension sociale et économique. La hausse des droits d’inscription pour les étudiants français soulèverait une levée de boucliers et donnerait des motifs de contestation légitimes aux étudiants français. Déjà l’été dernier, certaines universités françaises avaient été gagnées par une vague de contestations d’étudiants qui réclamaient de meilleures conditions de vie et d’études. Ainsi, une hausse généralisée des droits d’inscription ne manquerait pas d’en rajouter aux motifs de contestation. Il est de notoriété publique que les universités françaises sont en crise. Le candidat à l’élection présidentielle française Emmanuel Macron avait annoncé la couleur. Il préconisait la hausse des droits d’inscription des étudiants étrangers provenant de pays hors Union européenne. Il s’y ajoute qu’au-delà du droit légitime de chaque pays de définir sa politique éducationnelle, la mesure prise par le gouvernement français nous rappelle à nos propres devoirs et à une meilleure prise de conscience.
Le Sénégal avait quelque part montré la voie à la France
Qui pourra jeter la pierre à la France pour avoir augmenté les droits d’inscription des étudiants étrangers ? On dénombre des milliers d’étudiants africains de par le monde. Et dans la plupart des pays accueillant des étudiants étrangers, ces derniers s’acquittent de droits d’inscription bien supérieurs à ceux payés pour les nationaux du pays, à moins qu’il n’existe d’accords particuliers entre le pays hôte et le pays d’origine de l’étudiant. Mieux, il peut arriver dans un même pays que les droits d’inscription à des universités publiques soient différents, que l’étudiant soit ou non originaire de la province qui participe au financement de l’université. C’était le cas du Canada à une époque, avec les étudiants résidents d’une province, les étudiants issus d’autres provinces et ceux venant de pays étrangers. Les étudiants étrangers dans les universités sénégalaises, notamment l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et ses annexes, ont vu l’Etat du Sénégal décider de manière unilatérale d’une hausse à des proportions très importantes. Par exemple, là où l’étudiant sénégalais payait des droits d’inscription annuelle de l’ordre de 4 840 francs Cfa (8 euros environ), les étudiants étrangers notamment provenant d’autres pays africains payaient des droits d’inscription de plus de 300 mille francs Cfa (500 euros environ). Au journal Le Quotidien, nous avons eu connaissance du cas d’un jeune Français, stagiaire au sein de notre rédaction, qui avait choisi de suivre ses études en journalisme au Centre d’études des sciences et techniques de l’information (Cesti) et qui s’acquittait de 350 mille francs de frais d’inscription alors que ses camarades de classe sénégalais ne payaient que 25 mille francs. C’est dire simplement que toutes choses égales par ailleurs, le Sénégal n’a pas pour vocation de se substituer à aucun autre pays pour lui assurer la formation de ses élites.
Il n’en demeure pas moins que dans le cadre d’une coopération bilatérale, des aménagements spécifiques peuvent exister pour une entraide internationale. On avait par exemple observé que le Sénégal aidait des élites comoriennes à fréquenter les universités et autres institutions publiques de formation, à des conditions avantageuses. Cela répondait à une politique de coopération. En effet, en matière de politique internationale, le concept du «soft power» a été développé.
Le «soft power», théorisé par le Professeur américain de relations internationales Joseph Nye, renvoie à une diplomatie «douce», notamment à travers l’éducation, la culture, la religion ou l’humanitaire. Il sert depuis quelques décennies de nombreux pouvoirs politiques en Occident comme en Orient. Il repose sur la capacité d’un Etat à influer sur un autre en ce qui concerne des pratiques, orientations de politiques publiques et d’impact sur les citoyens. De nombreux travaux s’intéressent ces dernières années à l’utilisation de la religion comme «soft power» par des pays du Moyen-Orient, notamment en Afrique. Des programmes d’études à l’étranger proposés sous nos cieux sont une illustration de cette option diplomatique de certains Etats.
En guise d’exemple, le programme de bourses américaines Fulbright qu’avait prôné Colin Powell rentre dans un tel registre. Par une bourse d’étude basée sur le mérite, des étudiants étaient invités à poursuivre leurs études aux Etats-Unis. L’objectif de tels programmes est de créer pour l’étudiant poursuivant son cursus à l’étranger des relations affectives, d’attachement au pays d’accueil pour une insertion et une contribution par les aptitudes professionnelles à la bonne marche. La France aurait peut-être estimé que cette politique ne lui serait plus bénéfique, car on voit de plus en plus des étudiants étrangers, notamment africains, fréquenter les universités françaises et parfois, grâce à des tours de passe-passe, arriver à obtenir le passeport français avec lequel ils font le tour du monde, tout en manifestant une hostilité grandissante à l’endroit de la France.
L’urgence de s’adapter aux réalités du monde
Les études coûtent de plus en plus cher et les Etats ne peuvent plus assurer l’éducation universelle gratuitement. Cela est d’autant plus vrai pour l’enseignement supérieur. Il est alors attendu des parents ou des étudiants eux-mêmes une contribution qui devient de plus en plus importante, eu égard au renchérissement du coût de la vie et des frais d’études. Il est aberrant pour un parent de dépenser pour son enfant étudiant à l’université bien moins que pour la scolarité de ce même enfant au lycée, au collège, à l’école élémentaire ou même à maternelle.
Nos universités sont à vau-l’eau par manque de financements nécessaires. En plus des allocations budgétaires étatiques, il urge de trouver d’autres ressources comme le paiement de frais de scolarité et autres droits d’inscription. On comprend parfaitement que les gens sont de fortunes diverses et c’est pourquoi il s’avèrerait nécessaire de préconiser un système de financement transparent sous forme de prêts et autres bourses au profit d’étudiants socialement défavorisés. Ce schéma avait été imaginé par la mission de réflexion alors confiée à un groupe de travail dirigé par le Professeur Souleymane Bachir Diagne qui avait identifié des pistes intéressantes et assez novatrices pour pouvoir permettre à nos universités de sortir de l’ornière et de se réhabiliter. Seulement, il manqua un courage politique pour faire adopter de telles mesures. La démagogie et la crainte d’affronter des contestations estudiantines ont eu raison de ce projet prometteur. En attendant, les niveaux des étudiants et de leurs enseignants continuent de baisser et les conditions de travail dans nos universités restent lamentables. Ainsi, des étudiants doctorants n’arrivent pas à aligner deux phrases correctes et cela ne semble pas émouvoir ou même inquiéter quant à l’avenir de ce pays. L’autre piste proviendrait des «alumni» qui devraient être appelés à contribuer pour aider leurs universités à garder le niveau de qualité des diplômes délivrés. Les réseaux se constituent peu à peu avec des associations de diplômés de différents établissements sénégalais qui voient le jour. Tout diplômé devrait bien aimer voir son diplôme demeurer attractif et constituer même une référence. En outre, l’université devrait s’ouvrir davantage au monde de l’entreprise pour pouvoir mobiliser des financements.
«JE SUIS SUR D’ETRE LE MEILLEUR PARMI CEUX QUI POSTULENT»
En marge de la cérémonie de lancement de la deuxième phase de la Délégation à l’entreprenariat rapide (Der), Macky Sall a répondu aux questions soulevées par les jeunes républicains. Se départant de toute modestie, le Président a soutenu qu’il est le meilleur candidat parmi tous ceux qui prévoient de briguer la magistrature suprême.
«En tant que jeune, pourquoi devrions-nous voter pour vous en 2019? », c’est la question que le très remuant directeur de la DER Pape Amadou Sarr a posée au président de la République en marge de la cérémonie de lancement de la deuxième phase de la DER. Et la réponse du candidat de Benno Bokk Yakaar (Bby) est sans appel. «Mon combat n’est pas un combat personnel. Je ne cherche pas non plus à être juste renouvelé, mais je suis sûr d’être le meilleur parmi tous ceux qui postulent», se vante Macky Sall devant un public composé en majorité de jeunes entrepreneurs. Visiblement très décontracté et dans une posture qui rappelle les campagnes à l’américaine, le chef de l’Etat affirme qu’on ne peut plus revenir sur des politiques dépassées. «On ne peut pas passer tout le temps à discutailler, à faire des formules ou à parler le plus beau français. Le débat, c’est le développement économique du pays, la réponse pour l’emploi des jeunes et la construction des infrastructures», indique le Président Sall qui s’est employé à dresser son bilan.
Sous son magistère, dit-il, «le Sénégal est à plus de 210 km d’autoroutes. Le Sénégal devra continuer sa trajectoire vers l’émergence et pour cela, il faut un capitaine pour bien ternir le gouvernail». Vantant les mérites de ses 7 ans de gouvernance il argue que le lexique a complétement changé. «On parle maintenant de la DER, de la CMU, du FONSIS et de la BNDE. Il y a 6 ans, ces concepts n’existaient pas. Aujourd’hui, ils sont élaborés quotidiennement et dans la discrétion». Evoquant justement la Der, le Président Sall affirme qu’en moins de 6 mois, «la DER a fait des résultats extraordinaires, d’abord par le ciblage, la méthode de travail et la transparence dans le processus». Manifestement très «satisfait» du travail du délégué général Pape Amadou Sarr, il annonce que le gouvernement va continuer à soutenir le projet en y mettant davantage de moyens pour atteindre le maximum de Sénégalais surtout les femmes et les jeunes.
LA DER A INJECTE 10 MILLIARDS FCFA DANS L’ECONOMIE
Pour sa part, le délégué général Pape Amadou Sarr a renseigné qu’ils ont injecté plus de 10 milliards FCFA dans l’économie sénégalaise pour l’autonomisation des femmes et des jeunes. «Nous avons mis aussi 3 milliards FCFA en soutien aux PME et 4 milliards FCFA en structuration de ce qu’on appelle la chaine de valeur que ce soit la mangue ou l’anacarde», dit Pape Amadou Sarr. A l’en croire, il y a eu plus de 50.000 bénéficiaires et 45.000 comptes bancaires ouverts. «Nous avons octroyé 500 millions FCFA aux cordonniers. Nous avons remis aussi 400 millions FCFA à la Fédération nationales des professionnels de l’habillement. Tous les corps de métiers ont été touchés par la Der», indique-t-il. Pour la deuxième phase, annonce Pape Amadou Sarr, il est prévu d’intégrer plus de personnes qui pourront créer des entreprises et de l’emploi. Dans une ambiance de grande fête rythmée par la prestation remarquée du rappeur Carlou-D, le Président Macky Sall a remis des chèques à des bénéficiaires pour les aider à booster leurs jeunes entreprises.
Aj-Pads/Authentique a investi Macky Sall pour la présidentielle du 24 février 2019. L’annonce est de son secrétaire général. Landing Savané estime que «le bilan du Président Macky Sall est globalement positif et totalise des réalisations économiques, sociales et financières sans précédent».
Le conseil national And Jef Pads Authentique s’est Réuni samedi dernier au Théâtre national Daniel Sorano sous la présidence Landing Savané, le Conseil national d’Aj-Pads/Authentique a investi Macky Sall comme candidat à la prochaine présidentielle. «Nous nous engageons à faire de Macky Sall notre propre candidat à la prochaine élection présidentielle de février 2019», informe le secrétaire général des follistes qui appelle toutes les fédérations et structures du parti ainsi que tous les militants et sympathisants à se mobiliser pour une victoire éclatante de Macky Sall au premier tour. Pour justifier ce choix, Landing Savané invoque le bilan du chef de l’Etat qu’il juge globalement satisfaisant. «Le Sénégal a réalisé sous l’impulsion du Président Macky Sall des bonds qualitatifs en matière d’amélioration des conditions d’existence des populations, particulièrement des couches les plus défavorisées, de consolidation des bonnes pratiques politiques et sociales, d’instauration d’un Etat de droit équitable, de réduction de la fracture numérique, de restauration de la gouvernance locale et de l’image de marque du Sénégal, qui est devenu un pays respecté dans le monde pour le rôle qu’il joue au sein des organisations internationales et pour la sauvegarde de la paix et de la sécurité collective».
Poursuivant ses louanges, il soutient qu’en dépit du renchérissement du prix du baril du pétrole, les prix des produits de consommation courante ont été stabilisés. «En outre, il y a aussi une attention toute particulière portée au développement de l’agriculture et au monde rural avec le Programme de Relance et d’Accélération de la Cadence de l’Agriculture au Sénégal (Pracas) et du Programme d’Urgence de Modernisation des Axes et Territoires (Puma) », affirme-t-il. Landing Savané pense que «si la cadence actuelle est maintenue et articulée, avec les retombées attendues de l’exploitation du pétrole et du gaz en 2020, la gouvernance améliorée, le dialogue renforcé, l’émergence du Sénégal se fera bien avant 2035 et de manière inclusive».D’où sa décision de soutenir Macky Sall pour lui permettre de rempiler à la tête du pays en 2019.
«ON NE PEUT PLUS FRAUDER DE FAÇON SIGNIFICATIVE DES ELECTIONS AU SENEGAL»
Suite aux accusations de l’opposition à propos d’un probable coup d’État électoral que serait en train de préparer le régime pour remporter la présidentielle de février 2019, les militants d’Aj-Pads/Authentique ne manquent pas de rire sous cape et parlent de craintes non fondées. «L‘opposition doit comprendre qu’on ne peut plus frauder de façon significative des élections au Sénégal. Le fichier électoral du Sénégal est l’un des meilleurs sur le continent africain», dit Landing Savané. C’est pourquoi, il invite la classe politique à dépasser les querelles inutiles. Venue présider la rencontre, la coordinatrice du pôle parrainage de la coalition Benno Bokk Yakaar, Aminata Touré, s’est félicitée du choix fait par Landing Savané et ses camarades. A l’en croire, c’est la la première fois au Sénégal qu’on a une coalition présidentielle qui dure 7 ans sans voler en éclats.
CHEIKH OMAR HANNE ET RACINE SY REMETTENT LE POT D’OR A MANSOUR FAYE
Le département de Podor a largement atteint l’objectif qui lui a été assigné dans l’opération de collecte de signatures pour la candidature de Macky Sall. Mieux, le ratio qu’il affiche permet de le positionner comme la locomotive de la région de Saint-Louis. C’est en tout cas la conviction du délégué régional de Benno Bokk Yaakar qui recevait, le weekend dernier, les parrainages collectés par le mouvement Alsar (And Liguéye Sénégal ak racine SY) et la «Nouvelle dynamique» dirigée par Dr Cheikh oumar Anne
Mansour Faye avait fait le déplacement à Podor pour recueillir les signatures collectées par la «Nouvelle dynamique» et le mouvement «Alsar», le weekend dernier . Dr Cheikh Oumar Anne a ainsi remis au maire de Saint-Louis 41 312 signatures et Mamadou Racine Sy en a remis 12.000. «Ces résultats attestent éloquemment de l’important travail de terrain que vous avez abattu pour rassembler un maximum de parrains pour porter la candidature du président de la République», a martelé Mansour Faye.Aleur tour, ces derniers ont pris la parole pour remercier les militants et les sympathisants avant d’expliquer la démarche empruntée pour obtenir ces résultats probants. Ainsi Dr Cheikh Oumar Anne a souligné l’intérêt et la pertinence de la mise sur pied de la «Nouvelle dynamique», en ces termes : «aujourd’hui, les chiffres nous donnent raison car, en mettant sur pied cette nouvelle dynamique, nous avions visé l’animation et la proximité dans tous les recoins du département. Nous n’avons pas créé cette structure pour combattre qui que soit, mais tout le monde reconnait désormais notre poids, et Podor est notre propriété privée». Ensuite, il est revenu largement sur les relations fraternelles qu’il entretient avec Mamadou Racine Sy dont il a salué «la politique sociale» dans le département de Podor.
Pour le coordonnateur de la «Nouvelle dynamique», le compagnonnage avec ALSAR est bien parti pour durer, afin de réélire Macky Sall dès le premier tour en 2019. Quant à Mamadou Racine Sy, il a salué le déplacement du délégué régional Mansour Faye sur Podor, en soulignant que ce dernier a honoré le département. «Le mouvement Alasar ne fait pas de la politique politicienne, nous sommes motivés pour la réélection de Macky Sall», a-t-il dit avant de préciser : «ce nombre de 12 000 signatures remis à Mansour Faye est notre participation pour Podor et notre mouvement, qui a une envergure nationale, remettra des fiches dans chaque région au délégué désigné».
A noter que cette rencontre a enregistré la présence des maires de Fanaye, Golléré, Pété, Guédé Village, Guédé Chantier, Gamadji Saré, en plus du député Moussa Thiam et du membre du Hcct Rougui LY.
CETTE RÉUNION À L'ÉLYSÉE OÙ LA RESTITUTION DES ŒUVRES D'ART AFRICAINES EST DEVENUE RÉELLE
Felwine Sarr et Bénédicte Savoy, qui plaident pour qu’on rende à l’Afrique les arts spoliés, décryptent leur réception à l’Elysée et leurs espoirs d’une nouvelle relation avec l’Afrique
Le Monde Afrique |
Maryline Baumard |
Publication 26/11/2018
Dans la soirée de vendredi 23 novembre, dans le « salon vert » du palais de l’Elysée s’est écrit au crayon de papier une nouvelle page de l’histoire de France. Ce qui aurait pu être une réunion de travail comme il s’en déroule tous les jours dans le même lieu, a entraîné dans la foulée l’annonce que 26 œuvres d’art seraient rapidement rendues au Bénin. Un espoir pour le continent spolié et l’ouverture de possibles bien plus grands.
C’est en tout cas ce que veulent croire l’universitaire et économiste sénégalais Felwine Sarr et l’historienne d’art, professeuse à Berlin et au Collège de France, Bénédicte Savoy. Tous deux, étaient venus remettre leur « Rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain »,etont senti vendredi que le sous-titre de leur travail « Vers une nouvelle éthique relationnelle » était peut-être en train de s’enclencher en direct sous leurs yeux.
La restitution est passée de virtuelle à réelle
Autour de la table, ils étaient douze pour ce rendez-vous de travail. Si le chef de l’Etat, Emmanuel Macron, présidait la séance avec face à lui les deux auteurs du rapport, le ministère de la culture et celui des affaires étrangères étaient là eux aussi. Et tout le monde ne partageait pas l’idée qu’il y avait urgence à rendre les milliers d’œuvres d’art dérobées ou achetées à bas prix durant la période coloniale. Invités, dimanche 25 novembre, de l’émission « Internationales », réalisée par TV5 Monde en partenariat avec Le Monde et Radio France internationale (RFI), Felwine Sarr et Bénédicte Savoy ont décrypté en direct ce moment, où la restitution de virtuelle est devenue réelle.
Quand il entre dans la pièce, vendredi, son rapport à la main, l’écrivain Sarr n’a « pas le sentiment que les choses sont acquises ». Si le travail réalisé avec Mme Savoy préconise bien de rendre aux pays africains les œuvres d’art spoliées ou acquises à un prix hors marché, rien n’est joué. Même si le rapport a été commandé par le chef de l’Etat, il n’engage pour l’heure que ses auteurs. Même si ces derniers ont senti partout un accueil favorable à ce geste éminemment politique, c’est l’Elysée qui décidera in fine. En s’installant dans le salon vert, « on a eu le sentiment que ce n’était pas un moment formel et qu’en fonction de ce qui s’y dirait, les opinions pouvaient changer (…) On s’est retrouvé là dans une sorte de dialectique où des visions différentes du monde étaient en mouvement », rappelle-t-il dimanche midi. Façon polie de noter que le consensus n’était en rien acquis… « On est entrés sans savoir quel serait le résultat et (…)quelques heures après le chef de l’Etat annonçait la restitution de 26 œuvres au Bénin », se réjouit rétrospectivement Mme Savoy, pudique, sur un huis clos qui doit aussi garder sa part de secret.
Bénédicte Savoy parle pourtant de « frottements », ajoutant qu’« un des interlocuteurs estimait qu’il restait beaucoup de travail à faire sur la provenance » avant de commencer à rendre les objets… M. Sarr et elle réussissent pourtant à convaincre le chef de l’Etat que « ce travail a été fait », que « c’est un travail scientifique de très haut niveau réalisé par les équipes du Musée du quai Branly », comme le rappelle l’historienne. C’est ce musée qui concentre le plus d’œuvres d’Afrique subsaharienne, les seules concernées. Bref, tous deux emportent la mise et la petite histoire veut même que le communiqué de presse prévu doit être modifié.
Craintes sur la conservation des œuvres
Cette première réticence levée, les deux intellectuels réussissent ensuite à rassurer le chef de l’Etat sur la conservation future des œuvres rendues. Un autre point de doute, et un sujet que Mme Savoy et M. Sarr ont beaucoup travaillé durant leurs huit mois d’enquête. Pour l’intellectuel sénégalais, c’est un faux problème. Ce dernier rappelle volontiers que certaines pièces ont été conservées durant deux siècles sur le continent africain avant que les forces françaises ne fassent main basse dessus. En définitive, chacun sait dans le fond que le sujet est ailleurs que dans la recherche de cette réassurance. A force d’entretiens, Felwine Sarr et Bénédicte Savoy ont acquis la conviction que la persistance de nos fausses inquiétudes réside plutôt dans notre difficulté à nous décentrer et à penser autrement l’objet d’art.
Pour convaincre le public de TV5 Monde, comme ils ont convaincu l’Elysée, les deux auteurs du rapport, qui sort en livre ce mardi, (Restituer le patrimoine africain, chezPhilippe Rey-Seuil 190 pages, 17 euros), rappellent comment à Bafoussam, au Cameroun (plus précisément à Foumbam), les chefs traditionnels conservent leur patrimoine. « C’est une manière excessivement différente de ce qu’on connaît dans les musées occidentaux, explique l’historienne. Il y a des objets qu’on peut sortir des musées pour certains rituels et qui y retournent ensuite. » Felwine Sarr ajoute même que « les sociétés sont imaginatives » et ont inventé « une pluralité de mode d’accueil » qui ne passe pas toujours par « le musée classique très XIXe siècle ». Il « a sa cohérence interne, estime l’économiste, mais n’est pas le seul modèle ». Pour l’auteur d’Afrotopia, essai majeur sur l’avenir de l’Afrique, « un universel qui se respecte est pluriel et prend en compte la pluralité des occurrences ». Autre façon de dire qu’il faudrait un peu sortir de l’idée que le vieux monde est le seul à être capable de conserver des pièces artistiques et que le musée est le seul modèle qui vaille pour entreposer l’art.
Aujourd’hui, deux jours après la remise du rapport, Felwine Sarr espère que ces avancées sur l’art esquissent aussi une autre politique plus globale entre la France et l’Afrique. « Ce qui s’écrit là va plus loin que le retour d’œuvres d’art. Ces objets deviennent les médiateurs d’une nouvelle relation », ajoute l’intellectuel. « Souvent le débat se limite aux discussions techniques… Mais ce que les sociétés africaines réclament, c’est un acte de considération », pointe encore celui qui ajoute que « l’espace artistique est un espace symbolique. Un espace tectonique. Si cet espace se met en mouvement ça déborde sur les autres lieux de la relation ».
Et sur ce point Felwine Sarr veut faire entendre son optimiste. « Moi, je pense que ça va déborder parce que les révolutions viennent de l’espace des imaginaires. La Révolution française était déjà dans les imaginaires cinquante ou soixante ans avant, dans les chansons populaires, etc. Les grands changements dans les sociétés sont déjà dans les imaginaires avant de déchirer la trame de l’histoire (…). L’espace de l’imaginaire a une puissance disséminatrice excessivement forte. Pour moi le grand enseignement à tirer, c’est que si on refonde les modalités relationnelles dans cet espace-là, on peut les refonder ailleurs dans l’espace économique, dans l’espace du politique, et je ne vois aucune raison pour qu’on ne puisse pas le faire », insiste celui qui estime que l’« art est un levier pour le reste. »« Il y a un moment où on ne peut plus aller contre l’histoire », ajoute pour sa part Bénédicte Savoy. Un pari, sans doute. Mais celui qui ne joue pas ne gagne jamais.
LES «Y EN A MARRISTES» EXPLIQUENT POURQUOI LE REGIME LEUR EN VEUT
Sensibilisation pour le retrait massif des cartes d’electeur
Le torchon brûle entre «Y en a marre» et les actuels tenants du pouvoir. Hier à Mbour dans le cadre de l’opération «Parel» appelant les Sénégalais à aller récupérer leur carte d’électeur, les responsables du mouvement «Y en a marre» sont revenus sur les raisons pour lesquelles ils sont devenus l’une des cibles du régime. Selon Kilifeu, porte-parole du jour, président de la république a tout tenté de les enrôler.
«Lorsqu’il nous a proposé des postes, nous avons refusé parce que ce n’était pas l’objet de notre combat. Nous avons décidé d’être des sentinelles et de rester aux côtés du peuple. Ce qui ne plait pas à ce régime, c’est de n’avoir pas réussi avec nous ce qu’il a fait avec Abdou Latif Coulibaly et les autres. Nous allons continuer à dénoncer. Nous n’avons jamais été leurs partisans et nous ne le serons jamais. Notre relation avec Macky Sall a été claire», tranche le rappeur du groupe Keur Gui. Il accuse le pouvoir d’user d’armes non conventionnelles pour combattre «Y en a marre» après avoir échoué dans sa tentative de recrutement. «Vouloir obtenir un second mandat ne doit pas pousser une personne à être malhonnête.
Les extraits de vidéo sont là lorsque Macky Sall faisait les éloges du mouvement «Y en a marre». Maintenant que nous lançons l’opération pour inciter les populations à aller récupérer leur carte, ces gens nous en veulent», tonne Kilifeu qui pense que Macky Sall et son régime n’ont pas à les combattre mais à convaincre une population lasse des promesses jamais tenues dont la réduction du mandat et le chômage endémique des jeunes. «On nous avait demandé de lui accorder l’état de grâce, nous avions refusé parce qu’il connait déjà l’Etat pour avoir servi dans plusieurs postes de responsabilités. Malgré tout, les Sénégalais se sont rendus compte que les mêmes pratiques malsaines persistaient. C’est ainsi que Keur Gui a sorti un album dénommé «Jogoufi» pour dénoncer. Nous avons été de tous les combats, mais il faut dire que Macky Sall a vassalisé certains groupes de presse en corrompant leurs propriétaires pour que ces médias ne divulguent plus les activités de Y en a marre. Heureusement qu’il y a une presse certes minoritaire, mais crédible». Considérant que le pouvoir se trompe d’adversaires, Kilifeu a tenu à énumérer les nombreux crocs-en-jambe qu’ils ont subis de la part du locataire du Palais et de ses sbires. «Il y a de cela trois mois, nous devions recevoir un financement venant de IPEC. Fadel et moi sommes allés au bureau du ministre de l’Intérieur.
Le ministre Aly Ngouille Ndiaye lui-même nous a reçus et a qualifié notre démarche d’exemplaire », dit-il avant de rappeler la convocation de «Y en a marre» devant l’OFNAC. «Après l’inspection, Nafi Ngom Kéita, ancienne présidente de l’OFNAC nous a dit que depuis qu’elle est à la tête de cet organe de contrôle, nous sommes la seule structure qui n’a rien à se reprocher».En collaboration avec le mouvement «Mbour Justice», les responsables de «Y en a marre» ont sillonné les rue de la capitale de la Petite Côte pour demander aux Sénégalais d’aller récupérer leurs cartes d’électeur.