Plus de 200 personnes ont ‘’été arrêtées et présentées au parquet pour diverses infractions’’ depuis septembre 2017, dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité, a révélé, vendredi à Rabat, le Dr Papa Guèye, commissaire de police et chef de la division spéciale de cybersécurité de la Police nationale du Sénégal.
‘’Nous ne cessons de recevoir des plaintes des victimes. Je peux même vous donner des statistiques, car, de septembre 2017 à nos jours, plus de 200 personnes ont été arrêtées et présentées au parquet pour diverses infractions’’, a-t-il dit à la presse sénégalaise, à la 3ème édition du Forum sur la paix et la sécurité de Rabat.
La rencontre est axée autour du thème : ‘’Redéfinir les axes de la coopération internationale face aux menaces du XXI ème siècle.
Papa Guèye a indiqué les 200 individus en question ont été arrêtés pour des infractions ‘’relatives au piratage, à la collecte déloyale de données à caractère personnel, comme le fait d’utiliser l’image d’une personne ou sa voix sans sa permission à des fins délictuelles’’.
Au terme des procédures, les mis en cause ont été identifiés et arrêtés, puis présentés devant les juridictions habilitées pour ce genre de délits. Il a également indiqué que des institutions financières ont déposé des plaintes au niveau de la division et que ‘’ces cas ont été élucidés’’.
‘’C’est la raison pour laquelle je peux dire que les citoyens qui font appel à nos services voient des résultats et sont satisfaits du travail fait par la police nationale’’, s’est-il félicité.
Il a toutefois admis que la question de la lutte contre la cybercriminalité nécessite aujourd’hui la mise en place de deux mécanismes de lutte.
‘’Le premier consiste à mettre en place des outils permettant de traquer les délinquants. Le second est une réponse préventive, et à ce titre, il faut aller au-delà de la prévention. Il faut sensibiliser et éduquer les populations avec l’implication de tout le monde’’, a indiqué M. Guèye.
Il a ainsi invité les populations à collaborer avec la police nationale pour démanteler les réseaux ou les personnes malintentionnées qui se livrent à certains agissements sur le net.
‘’Vous pouvez, en tant que citoyen responsable de la sécurité de votre pays, signaler les cas qui peuvent porter atteinte aux personnes et aux biens. La personne sera protégée et son identité ne sera pas dévoilée’’, a-t-il exhorté.
Sa conviction est que la lutte contre la cybercriminalité ne peut être menée par uniquement la police.
"LE FICHIER ÉLECTORAL CONSTITUE UNE BASE SOLIDE"
Pour le comité de suivi, il n'y a pas de doute sur la fiabilité dudit fichier
Le fichier électoral bien que perfectible constitue une base solide pour l’organisation des prochaines élections, a assuré vendredi Issa Sall, membre du comité de suivi des recommandations de la mission d’audit du fichier électoral.
"Le fichier électoral bien que perfectible reste cohérent et de bonne qualité et constitue une base solide pour l’organisation des prochaines élections", a dit Issa Sall, lors d’un point de presse sur le suivi du fichier électoral.
"Il s’agissait d’un audit après les législatives et si le fichier avait des problèmes avant les élections, j’espère qu’il ne peut qu’être meilleur présentement", a-t-il notamment indiqué.
Selon lui, il a été constaté globalement, que la chaîne d’inscription-enrôlement jusqu’à la figuration sur la liste électorale "reste maîtrisée et cohérente".
Les moyens de contrôle mis en place par la Direction de l’automatisation des fichiers (DAF) facilitent cette cohérence qui permet de rectifier la grande majorité d’erreurs commises et introduites lors des opérations comme en l’atteste l’écriteau d’anomalies constatées, a-t-il souligné.
PRÉSIDENTIELLE SÉNÉGALAISE DE FÉVRIER 2019
Le dépôt des des candidatures démarre le 11 décembre prochain
Le dépôt des candidatures à l’élection présidentielle du 25 février démarre le 11 décembre et vont se poursuivre jusqu’au 26 décembre, a annoncé vendredi le directeur de la formation et de la communication de la direction générale des élections, Bernard Casimir Demba Cissé.
"Les dépôts des dossiers de candidatures à l’élection présidentielle démarrent le 11 décembre et vont se poursuivre jusqu’au 26 décembre’’, a dit M. Bernard Casimir Demba Cissé, lors d’un atelier de partage sur le thème "Constitution et dépôt des dossiers de déclaration de candidature".
"Tous les candidats sont soumis à l’obligation d’être investis par des partis politiques et de coalition de partis politiques ou d’une entité indépendante légalement constituée", a-t-il souligné.
Un parti politique peut déposer le dossier de son candidat dès le 11 décembre, selon Cissé.
Il a précisé que les coalitions de partis politiques ou d’entités indépendantes doivent, au plus tard le 10 décembre, "notifier d’abord au conseil constitutionnelle le nom de leur coalition ou de leur entité indépendante".
"Il faudra bien le faire avant de déposer le dossier de candidature, la loi dit au plus tard la veille des dépôts des dossiers, pour que le nom de la coalition ou de l’entité indépendante ait été notifié au conseil constitutionnel", a expliqué M. Cissé.
La coalition de partis politiques ou d’entités politiques "n’existent que pour les élections pour lesquelles elles ont été déclarées", a-t-il expliqué.
"Le modèle de la déclaration de candidature, le modèle de notification et celui de la déclaration d’investiture s’imposent à tous les candidats", a-t-il fait savoir.
"La déclaration de candidature s’impose à tous les acteurs indiquant la présentation du candidat, son âge, sa profession, une déclaration sur l’honneur signée par le candidat lui-même", a-t-il souligné.
LES "POINTS FORTS" ET LES "POINTS FAIBLES" MIS EN EXERGUE
Dakar, 23 nov (APS) - Le comité de suivi des recommandations de la mission d’audit du fichier électoral a fait part, vendredi, de l’existence de plusieurs points forts et faibles dans ce fichier, à l’issue de six mois de travail, a constaté l’APS.
"Lors de la restitution, les auditeurs avaient estimé le taux d’erreurs entre 1,241% et 1,989%", a souligné Issa Sall, membre de ce comité de suivi, au cours d’un point de presse.
Dans le rapport d’audit présenté au cadre de concertation sur le processus électoral (CCPE), a-t-il indiqué, les auditeurs ont listé les "points forts et les points faibles du fichier électoral constitué après la refonte partielle des listes électorales".
Concernant les points forts, il a noté l’absence de mineurs, de doublons électroniques ou de lieux de vote et de bureaux non référencés.
Il a aussi parlé d’adresses électorales bien référencées pour chaque électeur et de données cohérentes.
Evoquant le point faibles, Issa Sall a signalé que le total des problèmes les plus importants représente "77.589 enregistrements, soit un taux de 1,241%".
"Si l’on y ajoute les problèmes mineurs, le total est porté à 124 326 enregistrements, soit un taux de 1,989%", a-t-il dit, précisant que des recommandations ont été suggérées à cet effet, pour éviter de telles erreurs.
Parmi les recommandations, il a évoqué la mise en place d’un algorithme tendant à supprimer le forçage des validations et tant d’autres.
"Pour le comité de suivi, l’utilisation d’un algorithme offre une sécurité plus grande bien que la crainte de lenteurs émise par la DAF soit considérée comme légitime", a-t-il fait remarquer, estimant qu’il faudra attendre la fin du processus électoral actuel pour régler cette question.
MARCEL MENDY REVIENT SUR L'AFFAIRE HABRE DANS UN OUVRAGE
La nouvelle publication de M. Mendy se veut un "livre-vérité sur une histoire triste parce que douloureuse, complexe parce que mêlant politique, justice et géostratégie".
Le journaliste sénégalais Marcel Mendy annonce la parution de son nouveau livre consacré à "l’affaire Habré", du nom de l’ancien président tchadien Hissein Habré dont il fut "témoin et acteur" du procès à Dakar, en qualité de coordonnateur de la cellule de communication auprès des Chambres africaines extraordinaires(CAR), de 2013 à 2017.
Intitulé "Affaire Habré, entre ombres ; silences et non-dits", l’ouvrage sera présenté au public au cours d’une cérémonie de lancement prévue le 1er décembre prochain à Saint-Louis, à la salle du Grand Conseil de l’AOF, sous le parrainage de Me Moustapha Mbaye, président du conseil départemental de la capitale nord du Sénégal.
La nouvelle publication de M. Mendy se veut un "livre-vérité sur une histoire triste parce que douloureuse, complexe parce que mêlant politique, justice et géostratégie".
"Témoin et acteur", Marcel Mendy apporte dans son livre "sa modeste contribution à la connaissance de ce dossier en partant de son vécu empirique depuis son implication dans le processus", peut-on lire dans un communiqué transmis à l’APS.
M. Mendy, d’abord conseiller technique chargé de la Communication du ministère de la Justice en juillet 2005, a ensuite occupé les fonctions de coordonnateur de la cellule de communication auprès des Chambres africaines extraordinaires (CAR), de 2013 à 2017.
Ce tribunal spécial, basé à Dakar et créé en vertu d’un accord entre l’Union africaine (UA) et le Sénégal, où Hissène Habré s’était exilé après sa chute du pouvoir fin 1990, avait condamné à vie l’ancien orésident tchadien le 30 mai 2016, pour crimes contre l’humanité.
La Chambre d’appel du même tribunal avait confirmé ce verdict en avril 2017, avant de fixer à 82 milliards 290 millions F CFA, le montant global des dommages que Habré doit payer à ses victimes, soit 20 millions de francs CFA par personne.
"Pour mieux situer les mensurations de l’affaire Habré, Marcel Mendy nous replonge dans les contextes historiques et les enjeux géostratégiques qui ont présidé à sa genèse : la lutte contre le Terrorisme international incarné alors par le Guide libyen, Mohamar Kadhafi, sous la houlette de l’Américain Ronald Reagan, président des États-Unis d’Amérique", souligne le communiqué reçu de l’auteur.
Il cite aussi "les guerres fratricides opposant différentes factions politiques au Tchad, pour le contrôle du pouvoir, avec ses multiples rebondissements’’, M. Mendy passant également en revue "les moments forts qui ont rythmé la procédure de mise en place des Chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises jusqu’à l’arrestation de Hissein HABRE, point de départ d’une longue phase d’instruction riche en bouleversements".
"C’est de tout cela que traite Marcel Mendy dans ce livre" publié par les Mamelles d’Afrique, maison d’édition créée depuis 2016 à Dakar et dont c’est "le produit inaugural", signale le communiqué. (APS)
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FADEL BARRO RETABLIT LA «VÉRITÉ»
À propos des 350 millions de francs que Y en a marre » aurait reçu de l’association Lead Afrique francophone que l’Etat du Sénégal traquerait… De la fiction ?
Le coordonnateur du mouvement citoyen Y en a marre, Fadel Barro récuse le montant de 350 millions qu’aurait reçu son mouvement et défie quiconque de montrer les preuves de ces allégations mensongères. L’activiste explique comment Lead Afrique francophone a concrètement travaillé avec Y en a marre depuis le début de leur partenariat. Voir la vidéo
En marge du cinquième sommet Union africaine-Union européenne, fin novembre 2017 à Abidjan, plus d’une centaine de chercheurs avaient signé un « appel en faveur de la science et de la technologie », afin d’obtenir un soutien plus important des décideurs africains pour la recherche scientifique. Un an plus tard, au Sénégal, les chercheurs sont toujours confrontés aux mêmes difficultés, notamment pour l’accès à Internet.
« La connectivité est médiocre, déplore Ousmane Ka,chercheur en physique des matériaux à l’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar. On est souvent obligés d’utiliser la 4G de notre téléphone et de partager la connexion. Une étudiante a même dû abandonner sa thèse car la bande passante ne permettait pas l’accès aux données du laboratoire américain avec lequel elle collaborait. »
Chaque chercheur a son lot d’anecdotes qui témoignent des difficultés au quotidien. Pour Alassane Traoré, chercheur dans le nucléaire, c’est un important appel vidéo avec l’EPA,l’agence de protection environnementale américaine, qui a été empêché, faute d’une connexion stable. « Nous avons l’habitude, relativise-t-il. Avant la rentrée de janvier, on est restés six jours sans Internet à la faculté des sciences et techniques. Les notes ont été rentrées tardivement et toute l’administration était bloquée. »
Fractures numérique et scientifique
Depuis 2015 pourtant, le Sénégal a amélioré sa connectivité, avec une bande passante de 310 kilobits par seconde. Seulement, les étudiants et les enseignants-chercheurs sont plus de 100 000 dans les six universités publiques du Sénégal. « A titre de comparaison, l’université Ashesi, au Ghana, dispose de la même bande passante pour moins de 1 000 étudiants. A Lagos, on est entre 13 et 15 kilobits par utilisateur, là où les Sénégalais en ont 3 », dénonce Boubacar Barry, chercheur au département de physique et directeur général du Réseau de l’Afrique de l’Ouest et du Centre dédié à l’éducation et à la recherche (Wacren).
Fracture numérique, donc, mais aussi fracture scientifique, avec des calculs et des transferts de données qui nécessitent parfois plusieurs jours. Conséquence : des travaux et des résultats au compte-gouttes, mais aussi des ordinateurs en surcharge de mémoire, avec une durée de vie affaiblie. Face à cette situation ubuesque, une solution précaire a été adoptée par certains chercheurs : embarquer leur disque dur lors de leurs voyages d’études pour faire analyser leurs données à l’étranger et les rapatrier ensuite au Sénégal.
Pour pallier ces difficultés, le Wacren a mis en place AfricaConnect2, un projet visant à interconnecter les pays africains, avec une meilleure connexion et un coût d’accès Internet moindre, financé par l’Union européenne pour un coût global de 26 millions d’euros (17 milliards de francs CFA). Le Sénégal était l’un des tout premiers pays à intégrer le programme, en 2011.
Mais sept ans après, l’adhésion au Wacren n’est toujours pas effective, alors que le déploiement du réseau a eu lieu le 15 mars à Lomé. Le hub qui était prévu à Dakar a finalement été transféré à Abidjan, où les premières installations sont en voie de réalisation, pour une capacité de 10 000 mégabits à terme. « Ce projet était pourtant le nôtre, regrette Alassane Traoré. Mais c’est bien connu qu’ici, on a déjà tout pensé, tout écrit, mais on peine à passer à l’action. »
Un supercalculateur… non connecté
« Au Sénégal, nous n’avons pas attendu le Wacren. On a fait notre propre réseau », réagit le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Mary Teuw Niane, qui a placé le numérique au cœur de son action : « L’interconnexion est faite entre toutes nos universités et c’était ça notre priorité. L’objectif maintenant est d’avoir une bande passante de 1 ou 2 gigabits pour une meilleure connexion. Le problème est que, dans certains pays, il n’y a pas d’interconnexion entre les différentes universités, alors comment être interconnecté à eux maintenant ? »
Le projet AfricaConnect2 prévoit la connexion aux différents réseaux mondiaux, comme Géant en Europe, ainsi qu’une mutualisation des ressources pédagogiques entre les différents chercheurs africains. Aujourd’hui, le Ghana et le Nigeria sont connectés. Pour le Togo, c’est en cours, tandis que la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Mali le seront courant 2019. Ce qui va creuser le retard avec les chercheurs sénégalais, qui, pour se consoler, pourront compter sur le supercalculateur prévu dans la Cité du savoir en construction à Diamniadio, une ville nouvelle à l’est de Dakar. « Mais ce supercalculateur ne sera pas connecté aux autres alors que nous sommes à l’heure du numérique »,ironise M. Barry.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, SERIGNE SALIOU GUÈYE
VIOLENCE HANDICAPANTE OU MORTIFÈRE À REBEUSS, LA HONTE DE LA RÉPUBLIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Nos prisons ne sont plus des purgatoires où l’on amène l’individu fautif à la résipiscence mais des abreuvoirs de honte, des mouroirs où les détenus sortent trépassés, éclopés ou estropiés
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 23/11/2018
Le vendredi 2 novembre 2018, devant les grilles du palais présidentiel, en plein jour, un homme d’une quarantaine d’années du nom de Cheikh Diop a décidé de s’immoler par le feu. N’eût été l’intervention d’un automobiliste qui a utilisé son extincteur pour éteindre le feu qui consumait le corps de cet ex-détenu de Rebeuss, ce dernier aurait rendu l’âme séance tenante. Mais cette mort qu’il cherchait à travers son geste suicidaire de désespoir survient deux jours plus tard à l’hôpital Principal où il était admis aux soins d’urgence. Ainsi Cheikh Diop, depuis qu’il a reçu cette injection handicapante d’un infirmier major de Rebeuss, venait de mettre fin à plusieurs mois de souffrance due à l’indifférence de l’Etat, qui, à travers son agent judiciaire Félix Antoine Diome, n’a jamais voulu se prononcer clairement sur l’indemnité afférente à son bras qui a été amputé.
C’est ici le lieu de fustiger les traitements dégradants et inhumains que subissent impunément et régulièrement les détenus de Rebeuss. Ce qui est incompréhensible, c’est le fait que l’infirmier incriminé, premier maillon de la chaine de faits qui ont abouti au passage à l’acte létal de Cheikh Diop ne soit pas entendu ni poursuivi. Dans une vidéo parue sur le site emedia.sn, Cheikh accuse le major Mamadou Ndiaye de lui avoir inoculé une substance qui a abouti l’amputation de son avant-bras droit.
L’agent de santé pénitentiaire n’est pas ce maton qui, très souvent, dans nos prisons, entretient des relations d’animosité voire d’hostilité avec les détenus. Comme le dit Evelyne Picherie, infirmière aux Unités de consultations et de soins ambulatoires (Ucsa) de Nantes, dans un document traitant du rôle de l’infirmier(ère) dans la trajectoire des soins pendant l’incarcération, « le personnel soignant doit savoir, lors des consultations, qu’il n’accueille jamais un individu en tant que détenu, mais en tant qu’être humain avec son vécu et ses difficultés ». Elle ajoute que « savoir écouter permet de mieux comprendre, de créer cette relation de confiance indispensable dans le soin, de signifier au patient qu’il peut être entendu, aidé, soigné et que la prison n’est plus ce lieu d’exclusion qu’il fut autrefois » avant de conclure que « soigner derrière les barreaux, c’est avant tout proposer la même qualité de soins qu’à l’extérieur, mais c’est aussi assurer le respect inhérent à la personne humaine ».
Malheureusement le respect de la dignité humaine des détenus a déserté les lieux détentions. Nos prisons ne sont plus des purgatoires où l’on amène l’individu fautif à résipiscence mais des souffroirs immondes, des abreuvoirs de honte et de dégoût, voire des mouroirs abjects où les détenus sortent trépassés, humiliés éclopés ou estropiés physiquement ou psychologiquement. Cheikh Diop est sorti de Rebeuss avec un bras amputé. Ibrahima Mbow est sorti le 20 septembre 2016 de Rebeuss dans une bière. Il a été abattu implacablement comme un chien à la suite d’un rassemblement de protestation que les matons de Rebeuss ont qualifié de mutinerie. Assane Diouf qu’on taxe d’insulteur public est aujourd’hui estropié. Les gardes pénitentiaires n’ont pas hésité à lui fracasser la jambe pour avoir voulu simplement rencontrer un codétenu du nom de Cheikh Mbacké Gadiaga. Le major qui est de loin la cause lointaine de la mort de Cheikh Diop, le maton qui abattu Ibrahima Mbow et les gardes qui ont fracassé la jambe d’Assane Diouf plastronnent dans la prison de Rebeuss sans être inquiétés alors que dans un Etat de droit de pareils actes auraient déclenché sans délai de poursuites judiciaires. A la suite de la soi-disant mutinerie de Rebeuss où Ibrahima Mbow a perdu la vie après avoir reçu une balle, le procureur de la République avait tenu une conférence de presse pour avouer honteusement l’échec de la justice et de la police sénégalaise pour n’être pas parvenues à identifier le tireur tueur de Rebeuss. Pourtant, des détenus libérés ont déclaré reconnaitre l’auteur de la mort d’Ibrahima Mbow mais pour le maître des poursuites, les déclarations d’anciens délinquants ne valent pas roupie de sansonnet.
La vraie justice devrait punir sans avilir si, du moins, l’on continue de penser qu’elle est rendue au nom d’une certaine conception de la personne humaine. Le rôle d’une administration judiciaire n’est pas de martyriser ni de tuer mais de corriger, d’assister et d’éduquer. C’est le triptyque de principes qu’on attribue au milieu carcéral. Mais dans nos prisons surpeuplées, les détenus souffrant le martyre, doivent porter stoïquement la croix de leur souffrance sans moufter. Faute de quoi, les conséquences risquent d’être néfastes dans les mitards.
Pour en revenir à Cheikh Diop, il faut dénoncer la responsabilité du personnel soignant de Rebeuss, de cette justice qui a refusé de reconnaitre la faute médicale de l’infirmier piqueur à l’origine de l’amputation de son bras. Après être débouté en première instance et en appel de ses demandes d’indemnisation par la justice qui n’a jamais voulu reconnaitre la culpabilité du major Mamadou Ndiaye, Cheikh Diop, après avoir déclaré dans une vidéo qu’il n’en pouvait plus, posait ipso facto le primum movens de son acte suicidaire qui interviendra quelques jours après.
La sédimentation de frustrations et de désespoir a poussé l’ancien détenu de Rebeuss rendu infirme à franchir le Rubicon. A travers son geste suicidaire, cet ancien émigré en Italie ne recherchait pas la mort, mais voulait mettre un terme à une souffrance profonde pour laquelle il ne voyait plus de solution. Ainsi, l’autodestruction était devenue pour lui la catharsis, voire la thérapie qui allait le libérer ou le guérir de toutes les injustices et souffrances que son Etat lui a infligées depuis cette injection létale jusqu’à cette matinée dominicale funeste où il a rendu le dernier soupir sur son lit d’hôpital. Mort dans des conditions atroces, justice doit lui être rendue et que ceux qui ont contribué à sa mort répondent devant la loi ! C’est un impératif catégorique de l’Etat de droit ! Mais ne risquons-nous pas de prêcher dans le désert si l’on sait que le Sénégal est une terre d’impunité où une certaine caste de politiciens (gens du pouvoir) et une certaine catégorie de fonctionnaires (magistrats, policiers, gendarmes, douaniers…) nanties d’une immunité étatique ne connaitront jamais l’enfer des cachots ?