Hier, le procureur a requis une peine de 4 ans ferme contre Charbel Youssef Ayeche. Il est poursuivi pour les délits d’abus de confiance, d’escroquerie, de faux et usage de faux dans une écriture privée, blanchiment de capitaux portant sur plus de 600 millions de francs Cfa. La chambre correctionnelle va délibérer sur l’affaire le 13 décembre.
Le prévenu Charbel Youssef Ayeche a été poursuivi pour plus de 687 millions F Cfa par la société Imafer. Le Sénégalo-Libanais risque ainsi 4 ans de prison ferme. Le représentant du ministère public a requis les peines de 2 ans, 2 ans, 3 ans et 4 ans ferme respectivement pour les délits d’abus de confiance, d’escroquerie, de faux et usage de faux dans une écriture privée, blanchiment de capitaux. Il a ordonné en même temps la confusion des peines, donc la sanction la plus élevée est alors retenue dans ce cas. Le maître des poursuites a également demandé une amende qui équivaut au triple de la valeur des biens du prévenu dont la confiscation a été sollicitée.
Dans son réquisitoire, le procureur a donné les motivations pour rentrer en voie de condamnation, infraction par infraction.
Selon lui, le prévenu a reconnu l’existence d’une relation de travail avec la partie civile et que «cette relation de travail ne souffre d’aucune contestation». Il y a escroquerie, dit-il, parce qu’un client malien du nom de Lansana Sylla a porté plainte pour avoir remis 13 millions de francs Cfa, montant d’une commande de fer que le mis en cause n’a pas versé. Pour le délit de faux et usage de faux, le procureur estime que les faits sont établis. D’après lui, le prévenu détournait les chauffeurs, procédait au changement de bordereau avec un «faux» cachet pour encaisser l’argent remis par les clients pour la société. Et il poursuit que l’infraction de blanchiment de capitaux est aussi constante. Car, retient-il, le prévenu a reconnu avoir acquis une maison d’une valeur de plus de 90 millions de francs Cfa aux Mamelles, 12 terrains dans la zone de Maraud land. Des titres établis au nom d’enfants mineurs et aujourd’hui qui font l’objet d’une saisie conservatoire du magistrat-instructeur. «Il s’agit de déguiser l’origine illicite des biens. Vous avez devant vous un prévenu totalement versatile. Tantôt il reconnaît, tantôt il conteste. C’est quelqu’un qui pense qu’il est plus intelligent que tout le monde. Il s’est défendu mais il n’a pas emporté la conviction du ministère public», a ajouté le procureur.
La partie civile, Mounir Kawar, par le biais de ses avocats, a réclamé la somme de 700 millions de francs Cfa pour toutes causes et préjudices subis. D’après les avocats du plaignant, dans un enregistrement audio qui n’a jamais été contesté, le prévenu reconnaît qu’il est l’auteur de toutes ces malversations. Par ailleurs, selon toujours la partie civile, Charbel Youssef Ayeche, en plus des biens cités ci-dessus, reconnaît avoir acheté une voiture d’une valeur de 7 millions à son papa et un véhicule de 15 millions de francs Cfa à son épouse. «En deux ans, on ne peut pas gagner autant d’argent au Mali. Les faits sont là. Ils sont têtus et constants. Il était un employé. Et il a profité de ce statut pour détourner tout cet argent», a avancé un des conseillers de Mounir Kawar. La partie civile a indiqué au tribunal que sur ce «trou béant de plus de 600 millions» constaté, le mis en cause a remboursé la somme de 78 millions de franc Cfa.
D’après le témoin, Ousmane Guèye, responsable d’achat à Imafer, le prévenu avait au cours d’une réunion tenue à Bamako reconnu avoir commis des forfaits. Mais, le concerné ne reconnaît que la somme de 122 millions de francs Cfa qu’il doit à la société. Il dit qu’il ne l’a pas détournée mais qu’il s’agit d’une différence constatée entre les clients et la société. «Il n’y a pas eu de détournement encore moins de reconnaissance de détournement. On parle de détournement sans preuve, pas d’expertise. La preuve n’a pas été rapportée qu’il a détourné de l’argent», a expliqué la défense. Elle estime que les deux sociétés créées par leur client étaient bien connues de la partie civile. «Et c’était pour frauder le fisc malien», dit-elle. Les avocats ont plaidé une application bienveillante de la loi pénale. Délibéré au 13 décembre 2018.
Les exceptions soulevées, lundi dernier, par les avocats dans le dossier de l’affaire de la saisie de drogue à l’Ucad ont été rejetées hier par le juge. L’affaire sera jugée au fond lundi prochain en flagrants délits. Mohamed Niang, Mamadou Senghor, Martiale Sané et Mouhamed Diédhiou ont été arrêtés le 15 novembre en possession de chanvre indien à l’Ucad. La défense avait demandé l’annulation du procès-verbal d’enquête préliminaire pour «violation» de l’article 5 du règlement de l’Uemoa. Mais, les avocats ont considéré la perquisition effectuée par les vigiles de l’Ucad qui ne sont pas des officiers de police judiciaire comme étant une autre «violation».
Les agents de la pêche menacent d’aller en grève à partir de la semaine prochaine si leurs préoccupations ne sont pas prises en charge. Regroupés au sein de l’Intersyndicale des travailleurs de la pêche et de l’aquaculture du Sénégal (Sytrapas), ils dénoncent leur «mauvais traitement salarial», alors que le secteur «fait gagner à l’économie sénégalaise 240 milliards de nos francs».
«Le plan d’action élaboré par l’Intersyndicale pour mener ce combat s’articule en plusieurs phases dont la première est le dépôt d’un préavis de grève depuis le 25 octobre 2018. La lutte ne fait que commencer. Toutes les actions conformes à la loi seront mises à contribution pour la satisfaction des revendications des travailleurs. Nous appelons à la mobilisation pour la réussite de toutes les actions et plus particulièrement la grève après la fin du préavis.» C’est l’appel lancé à l’endroit des travailleurs de la pêche par Abdoulaye Roger Dieng, secrétaire général de l’Intersyndicale des travailleurs de la pêche et de l’aquaculture du Sénégal, hier au cours d’une conférence de presse. «Le rapport final de l’étude sur le système de rémunération au sein de l’Administration sénégalaise vient de confirmer la marginalisation des agents du ministère de la Pêche et de l’économie maritime. En effet, les ajustements préconisés ne tiennent nullement compte des revendications de ces derniers», s’est-il plaint.
Réclamant le «paiement des indemnités dues aux observateurs et l’intégration des contractuels dans la fonction publique», les agents de la pêche dénoncent «le recrutement des contractuels politiques avec des salaires exorbitants au détriment de diplômés de la pêche».
LA VERITE DES CHIFFRES
Production et exportation de l’anacarde en Gambie, au Sénégal et en Guinée-Bissau
Le tableau publié sur le site www.nkalo.com, faisant le bilan du marché de l’anacarde en 2018, montre que le commerce clandestin de noix de cajou entre la Guinée-Bissau, le Sénégal et la Gambie est en plein essor.
Le rapport révèle dans chaque pays les quantités de noix exportées et les stocks disponibles. Il révèle également les quantités fournies aux usines locales et les échanges locaux informels ainsi que les gros écarts. Il apparait que ces chiffres sont le plus souvent aux antipodes des productions nationales déclarées dans chacun de ces pays. Pour la Gambie, par exemple, à mi-août, on était à 20.000 tonnes d’exportation, 250 tonnes fournies aux usines locales, 1750 tonnes de stocks disponibles et 15.000 tonnes en échanges locaux informels qui visiblement cachent une bonne partie des quantités fraudées. Si on fait le calcul, on se retrouve avec un total de 37.000 tonnes soit un surplus de 30.000 tonnes comparées aux 7000 tonnes déclarées comme étant la production nationale.
Pour le Sénégal, à mi-aout on était à 32.000 tonnes d’exportations, 500 tonnes fournies aux usines locales, 7.500 tonnes de stocks disponibles et 5.000 tonnes enregistrées dans les échanges locaux informels. Si on fait le calcul, on se retrouve avec 45.000 tonnes soit un surplus de 10.000 tonnes par rapport à la production nationale déclarée qui est de 35.000 tonnes. Cependant, la Guinée-Bissau s’est retrouvée avec 25.000 tonnes de moins perdues à cause des échanges locaux informels. Autrement dit, 25.000 tonnes perdues dans le marché noir.
LA GAMBIE, TOUJOURS TRIBUTAIRE DU CAJOU VENANT DE SENEGAL
A Jimpex, en Gambie, entre Serrekunda et Banjul, les Indiens y ont établi leurs entrepôts. En cette matinée du 13 octobre 2018, un exportateur indien du nom de Manish Mehta nous ouvre les portes de son entrepôt où 50 tonnes attendent d’être exportées. Sa compagnie «Interagro » est présente à Ziguinchor, Kaolack, Dakar, Banjul et Bissau. Et pour ce qui concerne la Gambie, Manish Mehta exporte chaque année entre 4.000 et 6.000 tonnes environ. «La qualité est bonne ici, bien meilleure que celle de la Casamance où les noix sont petites. Mais, la quantité fait défaut», indique-t-il.
Si l’exportateur indien tient à respecter les règles établies par le gouvernement sénégalais, ce n’est pas le cas pour le vieux Dembo Diédhiou. Intrépide, ce Gambien, originaire de Tionk Essyl continue de tenir son business en Casamance entre Diouloulou, Karantaba, Bandjikaki, Kabadio… Il gagne entre 4 et 5 millions par campagne et connaît très bien les circuits clandestins de distribution. Il traite avec les producteurs de la zone. «Jusque-là, mon argent est entre les mains de certains d’entre eux. Je leur prête de l’argent en période de soudure. Ainsi en période de campagne, ils me remboursent en noix. Je leur donne aussi du riz, du sucre de l’huile, et même des barbelés pour clôturer leurs champs.
La fermeture des frontières est venue compliquer la situation », dit-il avant de jurer que personne ne l’empêchera d’acheter du cajou en Casamance et de le ramener en Gambie. «Partout, ce sont des sentiers et des pistes. On ne peut pas empêcher les gens d’acheter le produit. Personne ne m’a jamais arrêté et ils ne m’arrêteront jamais. Ils ne me verront même pas. Pour arrêter quelqu’un, il faut d’abord le voir. J’étais président de l’Union des transporteurs de la région de l’Ouest. Il y a beaucoup de routes connexes et clandestines. Cette année, j’ai fait entrer en Gambie plus de 70 tonnes de cajou. J’achète par exemple 4 tonnes que j’écoule. Je n’entrepose pas les noix. Je vends au fur et à mesure». Trouvé dans son magasin à Birkama, cet ancien émigré qui a vécu longtemps en Europe et aux Etats-Unis, est rentré au pays pour se consacrer au commerce l’anacarde depuis 1992. «J’ai eu même à me ravitailler en noix dans les champs de Yahya Jammeh à Kanilai. Il y avait un militaire qui vendait pour lui en période de campagne. Il avait un grand champ à Kanilai etje faisais des affaires avec eux.»
La noix de cajou est le principal produit d'exportation de la Guinée-Bissau, représentant plus de 17% des recettes fiscales et plus de 90% des exportations totales. Mais, environ 60 000 tonnes du produit sortent chaque année clandestinement du pays vers le Sénégal.
Bom... toca na Guiné... Ma ami nka tene Fala... Na bay Guinée... Nka lussa.(Ndlr (en français): Le Bombolong des lendemains meilleurs a lancé son appel. J’ai perdu la voix pour le relayer.Je vais rentrer en Guinée-Bissau.)» Ces paroles, en créole portugais, entonnées par le célèbre chanteur Rui Sangara lors des premières élections démocratiques de 1994 sont remises au goût du jour pour les besoins du recensement électoral. En cette chaude matinée d’octobre 2018, un véhicule pick-up arborant de gros baffles sillonnent les artères de la capitale diffusant de belles notes de Bombolong.
Les Bissau-guinéens sont sensibilisés à aller s’inscrire sur les listes électorales en vue des élections législatives. En effet, le pays est en proie à une instabilité politique depuis 2015. Mais cette situation n’a pas entravé l’essor de l’exploitation de l’anacarde dans cette République lusophone de l'Afrique de l'Ouest. Considéré comme le 4ème producteur en Afrique de l’Ouest et 8ème exportateur mondial d’anacarde, la Guinée Bissau exporte 96% de sa production vers l’Inde et les 4% restants vers le Vietnam.
Pour une bonne maitrise de la filière et une régulation du secteur, l’Etat bissau-guinéen a créé depuis 2012 une Agence Nationale Cajou (Anca) qui a pour objectif de réguler le secteur. Et selon, le Directeur du service de promotion et du développement, Abdoulaye Sow plus de 90% des productions des cellules familiales de la Guinée-Bissau sont tournées vers la production des noix de cajou, ce qui représente, dit-il, plus de 90% du PIB Bissau guinéen
EXPLOSION DU MARCHE NOIR A DESTINATION DU SENEGAL
Et pour fixer le prix de référence, la loi donne l’ANCA, le privilège de réguler le marché. Mais le Directeur des services de règlementation et des Affaires juridiques de l’ANCA, Andres Gomis, révèle des ingérences «politiques» qui dépassent largement le cadre économique de la commercialisation de l’anacarde. «C’est ce qui a entrainé l’augmentation du prix à 1000 FCFA.
L’ANCA avait proposé 500 francs le kilo. Mais, le chef de l’Etat a voulu que le prix de référence soit fixé à 1000 francs», a-t-il déclaré. De leurs côtés, les Indiens ont fait semblant de boycotter le marché pour faire chuter les prix et favoriser le commerce clandestin vers le Sénégal. Et selon l ’ANCA, en moyenne 50.000 à 60.000 tonnes de cajou sortent chaque année clandestinement du pays. «Une fuite massive des noix s’effectue en direction du Sénégal». Par ailleurs, le président de l’Association nationale des agriculteurs de Guinée-Bissau (Anag), Jaime Boles Gomes, indique que le secteur du cajou est totalement désorganisé dans son pays, pointant du doigt les techniques de production rudimentaires et obsolètes. Ce qui, dit-il, n’est pas sans impact sur la productivité, sans compter les attaques d’insectes. Hélas, dit-il, le gouvernement bissau-guinéen qui tire beaucoup de taxes de ce produit n’apporte guère de soutien aux producteurs d’anacardes.
Et la dernière initiative en faveur des producteurs fut un échec. Selon M. Gomes, l’Etat avait créé un Fonds pour la promotion de l'industrialisation des produits agricoles (FUNPI) en 2011. Ce fonds a été constitué à partir d’une taxe prélevée sur les opérateurs du secteur de la noix de cajou, principal produit d'exportation du pays. Le fonds avait généré 16 millions d'euros, soit un peu plus de 10 milliards FCFA entre 2011, année de création de ce fonds, et 2014, date à laquelle le gouvernement a ordonné sa suspension. «Aucun franc n’a été reversé à notre association pour améliorer la culture du cajou en Guinée Bissau.
Et ce fonds a disparu comme cela», s’est-il désolé. Malheureusement, force est de constater que la production depuis 2016 connaît une tendance baissière. Une situation due aux attaques d’insectes, au vieillissement des plantations d’anacardiers. Et le ministère de l’Agriculture ne fait rien pour changer la donne, selon l’ANCA. Aujourd’hui, la superficie occupée par les plantations d’anacardier tourne autour de 445.000 hectares. Ce qui représente 5% du territoire avec une production de 400 à 450 Kg par hectare.
SAO DOMINGO, POINT FOCAL DES FRAUDEURS
Cette année, la Guinée Bissau a tardé à écouler ses stocks. Au mois d’octobre, trois mois après la fin de la campagne, à l’entrée de Bissau, des hommes, torses nus éparpillent des amas de noix posés sur des bâches à l’entrée de la capitale pour le séchage. Vêtus de Bermuda, en sueur comme s’ils étaient enduits d’huile, ils s’activent dans leur besogne sous un soleil ardent. Toutefois, si certains spéculateurs bissau-guinéens ont raté leur campagne, ce n’est pas le cas pour les commerçants de Sao Domingo, dernière grande ville de Guinée Bissau avant la région de Ziguinchor toute proche. Cette ville est à 115 km de Bissau et 27 km de Ziguinchor. Ici, Abdoulaye Ba fait partie des barons de la filière anacarde.
Devant son magasin à Sao Domingo, des dizaines de camions stationnés en file indienne attendent de recevoir leurs cargaisons. Ces engins transportent en cette période des produits alimentaires. Mais en période de campagne, leur principale cargaison est le cajou. Pour Abdoulaye Ba, teint clair et svelte, rien ne vaut plus que le cajou en période de campagne. Ce commerçant peulh, vivant à Sao Domingo, est devenu au fil des années un acteur incontournable de l’exploitation de l’anacarde dans cette région. Il emploie une dizaine de personnes dans son magasin de produits alimentaires.
A l’occasion de la saison de l’anacarde, il fait travailler une cinquantaine de collecteurs. «Je suis en règle avec l’Etat bissau-guinéen. Je paie 150.000FCFA au ministère du Commerce pour avoir une autorisation de campagne, puis 1.500.000 FCFA au ministère des Finances pour avoir l’autorisation d’amener le produit à Bissau. J’ai collecté cette année 1675 tonnes. Le prix de la tonne me revient à 500.000 voire 700.000 FCFA. J’achète le kilo de cajou à 500 voire700FCFA.Pour le transport, c’est 300.000 FCFA par camion», a-t-il expliqué. Avec son partenaire indien, il fustige la cherté des taxes qui, selon lui, asphyxie la filière. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs, beaucoup d’Indiens ont fui la Guinée vers Ziguinchor.
Et malgré l’interdiction par le gouvernement Bissau-guinéen de tout transport de noix de cajou par voie terrestre, la plupart des villages autour de Sao Domingo continuent de vendre leurs récoltes à Ziguinchor. En passant par la brousse avec des vélos ou des tricycles qui font parvenir le produit à des intermédiaires Indiens massés le long des frontières. A Sao Domingo, en 20 minutes, sur une moto Jakarta, on peut traverser la frontière, sans contrôle au poste frontière, via les routes clandestines sous les bois pour ressortir à Mpack. Des routes de ce genre sont nombreuses. Elles servent de circuits parallèles de distribution de la noix de cajou et autres produits illicites.
Depuis le 11 novembre 2018, la Tvs Sea Invest refuse de peser les marchandises débarquées sur son site, sur les ponts bascules de la Cciad, avant de les sortir du Port Autonome de Dakar (Pad). Face à cette situation, les membres du Collège des Délégués de la Chambre de Commerce d’Industrie et d’Agriculture du Sénégal sont noirs de colère. Ils accusent le Pad et certaines autorités douanières d’être responsables de cette décision qui leur a fait perdre plus de 15 millions, en une dizaine de jours.
Des brassards rouges autour du cou et des bras, les membres du Collège des Délégués de la Chambre de Commerce d’Industrie et d’Agriculture de Dakar ont manifesté leur colère face au refus de la Tvs Sea Invest de peser ses camions et ses marchandises sur les ponts bascules de la Cciad.
Face à la presse, hier, ils ont dénoncé la situation en faisant savoir que cette décision leur fait perdre beaucoup d’argent. « Nous avons tenu cette rencontre pour exiger que Tvs Necotrans reprenne le pesage de ses camions et produits sur les ponts bascules de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture. Ils se sont levés du jour au lendemain pour dire qu’ils ne passeront plus sur nos ponts bascules.
La seule information qu’on a reçue, c’est qu’ils ont eu une discussion avec le Port Autonome de Dakar auparavant», explique Abdoul Aziz Sabaly, membre du Collège des Délégués de la Chambre de Commerce d’Industrie et d’Agriculture du Sénégal. Selon lui, la Tvs Necotrans représente 45% du chiffre d’affaire de la Cciad. « Donc, c’est une menace directe sur les emplois. D’autre part, le fait que Tvs Necotrans ne passe pas sur les ponts bascules peut entrainer la baisse des recettes douanières.
Depuis le 11 novembre, on a noté que deux bateaux n’ont pas été pesés sur nos ponts bascules. Et sur ces deux bateaux, la Chambre de Commerce a perdu entre 10 et 15 millions de francs, voire plus. Cela représente une menace pour l’économie du pays, dans la mesure où d’autres peuvent s’engouffrer dans la brèche et refuser de se faire peser en imitant la Tvs », dénonce M. Sabaly. Il accuse le Port Autonome de Dakar et certains agents des Douanes sénégalaises d’être responsables de la situation. Le Collège des Délégués de la Cciad jure de ne jamais céder sur ses prérogatives. «Ils ont eu également l’onction de certains agents des Douanes qui sont sur la plateforme portuaire.
Le Port Autonome de Dakar est en train de faire du louvoiement, parce qu’il est responsable de la situation qui nous oppose à Tvs. Nous avons un contentieux avec le Pad, relatif à la mise en œuvre du règlement 14 de l’Uemoa qui demande à toutes les plateformes portuaires et aéroportuaires de mettre en place des pesages essieux pour contrôler les camions avant qu’ils ne sortent du port pour aller sur le réseau routier. Ils ont acheté des ponts, ils les ont mis en place etils voudraient qu’on arrête de faire le pesage de la marchandise.
En tant qu’institution de la République, nous ne sommes pas d’accord avec cette démarche et nous n’allons pas céder sur nos prérogatives», jure-t-il, avant d’ajouter : « Nous sommes d’accord pour discuter avec eux pour trouver des solutions, parce que nous évoluons dans le même espace ». Il faut dire que depuis le début de cette affaire, le ministère du Commerce n’a pas réagi. Ce qui, selon M. Sabaly, est regrettable. « Parce que, explique-t-il, les missions que nous exécutons en direction des entreprises du secteur privé sont du ressort du ministère du Commerce. Donc, il doit nous accompagner dans cette lutte ».
HUIT PARMI LES SEIZE «THIANTACOUNES» MENACENT DE SE TUER
Les 16 talibés de Cheikh Béthio Thioune, en détention pour le double meurtre de Médinatoul Salam et qui attendent d’être jugés depuis 6 ans, ont adressé une lettre à l’Association pour le soutien et la réinsertion sociale des détenus (Asred) pour dénoncer leur longue détention provisoire. Huit parmi ces inculpés menacent de se suicider, alors que trois ont tenté de se tuer avec du détergent et par le feu.
Les 16 Thiantacounes pensionnaires de la maison d’arrêt et de Correction (Mac) de Thiès depuis 2012, dans le cadre du double meurtre de Médinatoul Salam, ont adressé une lettre le 20 novembre à l’Association pour le soutien etla réinsertion sociale des détenus (Asred) pour se plaindre de leur longue détention provisoire et des dégâts collatéraux ressentis au sein de leurs foyers respectifs.
Il s’agit de Mamadou Hanne, Mame Balla Diouf, Cheikh Faye, Ali Diouf, Moussa Dièye, Khadim Seck, Mouhamed Sène, Mamadou Guèye, Massamba Fall, Pape Ndiaye, Adama Sow, Demba Kėbé, Mor Talla Diop, Ablaye Diouf, Ali Diallo et Demba Diallo. Huit parmi ces inculpés menacent d’abréger leur séjour sur terre. «En effet, face au désespoir et au sentiment d’avoir été volontairement placés au fond des tiroirs des oubliettes, ces derniers comptent bien user de tous les moyens afin de se faire entendre et de réclamer ce qui leur revient de droit : un jugement !
En plus de 6 ans de détention dite «provisoire», nombreux d’entre eux ont vu leurs parents quitter ce monde sans pouvoir leur adresser leurs adieux ou même assister à leurs obsèques, d’autres ont vu leurs épouses venir au parloir demander vigoureusement le divorce … Plusieurs familles se sont ainsi disloquées, faute d’horizon limpide autant pour les détenus que pour leurs proches», dit un communiqué de l’Asred. Les «Thiantacounes» dénoncent aussi leurs conditions de détention marquées, selon eux, par «la torture permanente depuis maintenant plus de 2400 jours, qui est d’attendre de manière quotidienne pour ne pas dire permanente une fin à ce supplice, un honneur rendu, un horizon de liberté volée ... autrement dit un jugement », note l’Asred. «Comment pouvons-nous faire croire aux citoyens que nous sommes une République qui fonctionne lorsque celle-ci ne parvient pas à traiter un tel dossier en 6 ans ? Comment cette même République pense t-elle pouvoir affirmer à l’opinion publique et même internationale, préserver et respecter les droits de l’Homme?», se sont demandés les concernés.
Et de poursuivre : «Nous tenons à rappeler aux autorités judiciaires les responsabilités qui leur incombent à l’endroit des détenus que nous sommes au sein de la Mac de Thiès ! Diètes et tentatives de suicide n’ont servi à rien jusqu’ici. Notez que face au désespoir qui nous habite, nous comptons bien retrouver liberté et dignité devant votre juge ou devant LE JUGE, notre vie d’ici-bas n’ayant plus aucun sens». L’Asred a rappelé qu’un de ces détenus avait tenté de s’immoler par le feu dans les toilettes et «n’eût été l’intervention rapide de ses codétenus, l’irréparable se serait produit». Deux parmi ces inculpés avaient tenté le suicide en ingurgitant de l’eau de javel.
Pour finir, l’Asred «lance un appel solennel aux autorités judiciaires de prendre toutes les dispositions nécessaires pour que ces personnes puissent être jugées le plus rapidement possible, avant que l’irréparable ne se produise».
SERIGNE MBAYE SY MANSOUR IMPLORE LE PARDON JUSQU’AUX LARMES
Cette séquence a failli échapper à la presse. Le Khalife général des Tidianes a versé des larmes lors de la célébration du Gamou. Il a tellement insisté en implorant le pardon à la population et au Miséricordieux qu’il n’a pas pu contenir son émotion.
Il est rarissime de voir les larmes d’un guide religieux et de surcroit d’un Khalife général. Le Khalife général des Tidianes Serigne Mbaye Sy Mansour a pleuré lors de la clôture du Gamou devant les nombreux fidèles qui ont psalmodié toute la nuit les louanges du Prophète Mohammed (Psl). Durant cette nuit bénite, le guide religieux n’a pas pu contenir son émotion lorsqu’il implorait le pardon des fidèles et de Dieu Le Tout Puissant. «Je demande pardon à tous les musulmans du monde. J’implore le pardon à toute personne que j’ai une fois croisée et à qui j’ai jeté un regard inquisiteur. Je jure devant Dieu que je ne souhaite du mal à personne», a indiqué le khalife général des Tidianes assis à côté de Serigne Maodo Sy Dabakh.
Faisant ainsi montre d’une humilité sans précédent, il déclare : «je n’envie personne pour ses biens, parce que je sais que si Dieu en décide, j’aurai ma part. Ceux qui en donnent sans qu’on les sollicite, il faut prier pour que le Miséricordieux les protège et fasse qu’ils aillent de l’avant», ajoute le marabout d’une voix étreinte par l’émotion. Continuant toujours de solliciter le pardon des musulmans, il lance : «Frères en islam, j’implore encore votre pardon, et Dieu en est témoin». Serigne Mbaye Sy Mansour avec une voix tremblotante est interrompu par Serigne Maodo Sy Dabakh qui a compris que le marabout est profondément gagné par l’émotion.
Le fils de Dabakh de venir à sa rescousse. «Tu peux demander à tout le monde de se taire, mais tu n’arriveras jamais à canaliser les esprits. Vous (Ndlr, le Khalife) n’avez causé de tort à personne, à ce qu’on sache», a soutenu Serigne Maodo Sy Dabakh. Le khalife général a repris la parole toujours avec la même voix tremblotante, pour encore implorer le pardon des fidèles. «Je demande pardon aussi à Dieu et j’implore sa miséricorde pour tous les fidèles», dit Serigne Mbaye Sy Mansour gagné par une forte émotion.
«J’ASSUME ENTIEREMENT LES PROPOS TENUS PAR MON PORTE-PAROLE»
Serigne Cheikh Ahmed Tidiane, Khalife General de Thiénaba
La cérémonie officielle du Gamou de Thiénaba a été marquée cette année par une sortie retentissante du porte-parole Serigne Baye Diop Seck contre Macky Sall et son régime. La teneur du message est telle que d’aucuns pensaient que la position n’était pas ainsi prise par le Khalif Général Cheikh Ahmed Tidjane Seck. Mais, au contraire, ce dernier a confirmé les propos de son porte-parole.
«Le pouvoir de Macky Sall ne nous respecte pas», avait déclaré Serigne Baye Diop Seck, porte-parole du khalif général de Thiénaba, lors de la cérémonie officielle du Gamou, devant la délégation gouvernementale comprenant entre autres les ministres Alioune Sarr et Abdou Ndéné Sall.
Face à cette sortie qui a suscité un véritable tollé, le khalife général Serigne Cheikh Ahmed Tidjane Seck est sorti de sa réserve pour prendre la défense de Serigne Baye Diop Seck. «Les propos tenus par mon porte-parole émanent de moi et je les assume entièrement», martelé hier Serigne Cheikh Ahmed Tidjane Seck pour mettre fin à la polémique selon laquelle son porte-parole a exprimé une position personnelle.
Le guide religieux soutient que Serigne Baye Diop Seck a rendu fidèlement le message qui lui avait été confié. Pour rappel, lors de la cérémonie officielle, le porte-parole du khalif général de Thiénaba avait été particulièrement rude contre le pouvoir de Macky Sall. Serigne Baye Diop Seck n’avait pas mâché ses mots devant les ministres Alioune Sarr et Abdou Ndéné Sall pour exprimer la colère de la famille Seck contre Macky Sall et son régime. D’autant qu’il avait indiqué que «le respect et la considération que voue le khalif Général de Thiénaba au Président Macky Sall sont sans commune mesure et connus de tous. Quand il convoitait le fauteuil présidentiel, Macky Sall a effectué une fois la prière du crépuscule à Thiénaba.
Et à cette occasion, le Khalif Cheikh Ahmed Tidjane Seck avait longuement prié pour lui. Alors que personne n’y pensait, Macky Sall a été finalement élu en 2012. Après cette victoire à la présidentielle, le Khalif s’est impliqué pendant toutes les autres élections suivantes, pour que le Président Macky Sall gagne à Thiénaba, et toute la famille s’est toujours associée à cette démarche. Mais force est de constater malheureusement que l’Etat n’a pas rendu à la famille la monnaie de sa pièce ; et désormais, elle va adopter la même posture à l’endroit du régime». Selon lui, que tout le monde se le tienne pour dit, les véhicules 4X4, les résidences et les enveloppes n’intéressent pas la famille d’Amary Ndack Seck.