akar, 22 nov (APS) - L’attaquant sénégalais de Liverpool (élite anglaise), Sadio Mané, a été désigné jeudi ’’Ballon d’or sénégalais’’ 2018 par les rédactions sportives.
L’Association nationale de la presse sportive (ANPS) a dépouillé ce jeudi les votes des différentes rédactions pour l’élection des ’’meilleurs sportifs 2018’’.
L’ancien sociétaire de Génération foot, Amadou Dia Ndiaye, a été élu ’’meilleur footballeur local’’.
L’équipe nationale féminine de basketball remporte le titre de ’’meilleur sportif de l’année’’.
Le lutteur Emeu Sène a été désigné ’’meilleur lutteur avec frappe’’ tandis le titre de ’’meilleur lutteur sans frappe’’ est revenu à Emile François Gomis ‘’’Fran’’.
LE JOURNALISTE MOHAMED TIDIANE NDIAYE DE L’APS, LAURÉAT
Dakar, 22 nov (APS) - Le chef du bureau régional de l’Agence de presse sénégalaise (APS) à Ziguinchor (sud), Mohamed Tidiane Ndiaye, vient de remporter le prix du "Meilleur article de presse", dans le cadre de l’édition 2018 du "Grand Prix" de la Fédération atlantique des agences de presse africaines (FAAPA).
L’Agence d’information du Burkina (AIB) a été également primée (photo), à l’issue de la sixième réunion du conseil exécutif de la FAAPA, mardi et mercredi, à Brazzaville.
Nous republions le reportage de Mohamed Tidiane Ndiaye, qui avait été publié sur le site de l’APS, le 31 août dernier, sous le titre : ‘’Casamance : les femmes se rebellent contre la pauvreté’’.
=== Les femmes investissent de plus en plus les filières économiques rentables dans le sud du Sénégal, profitant de l’accalmie consécutive à une longue période d’insécurité dans la région.
A leur manière, les femmes casamançaises participent à la reconstitution du tissu économique de leur région, sans compter qu’elles contribuent par ce biais aux efforts pour briser les chaînes de la pauvreté.
Elles ne lésinent pas sur les moyens, pour participer à la relance d’une économie malmenée par une crise sécuritaire, dans cette région gorgée d’importantes ressources agricoles.
A Kabiline, un village de la région de Ziguinchor, situé à quelques kilomètres de la Gambie, les femmes mènent des activités de maraîchage, d’aviculture et de transformation de produits agricoles locaux, en vue de leur autonomisation.
A la sortie du village, au milieu d’une forêt dense, caractéristique de la verdoyante Casamance, considérée comme "le poumon économique du Sénégal", en raison de ses impressionnantes potentialités agricoles, les femmes de Kabiline ont aménagé un périmètre maraîcher qu’elles entretiennent avec un soin particulier. Une intense activité agricole rythme leur quotidien.
"Nous passons la journée en brousse. Dès la matinée, nous arrosons les parcelles composées de plusieurs variétés maraîchères", affirme la secrétaire générale du Groupement des femmes de Kabiline, Fanta Mari, qui peine à cacher sa fierté.
Des arrosoirs solidement empoignées des deux mains, des enfants dodelinant sur le dos de certaines d’entre elles, une dizaine de femmes arrosent les sillons de piment, de gombo, de carottes, choux, d’oignon, de tomates et tant d’autres variétés cultivées dans ce bloc.
Après une matinée d’intense labeur, les femmes du GIE de Kabiline regagnent le village où elles mènent des activités d’élevage dominées par l’aviculture, via une ferme comprenant plusieurs centaines de poussins.
Sur place, elles nettoient les mangeoires et les abreuvoirs, avant de les remplir.
"Cette ferme avicole est l’un des volets de notre GIE. Nous écoulons la marchandise dans notre village, dans les villages environnants aussi. C’est un plaisir de gagner de l’argent de la sorte et de satisfaire la demande en viande des villageois, qui en raffolent", s’enorgueillit Fanta Mari.
"Nous ne mangeons que des produits bio"
Dépourvu de moyens de transport adéquats pour écouler leur production, le GIE de Kabiline se débrouille en mettant en place ce que ses membres considèrent comme "une stratégie commerciale interne".
"Chaque membre de la structure doit acheter une partie de la production de poulets, le restant étant écoulé dans les autres villages par des femmes qui parcourent plusieurs kilomètres à pied", explique une femme vêtue d’une tenue de travail manifestement usée par les longues journées de labeur.
Comme tant d’autres villages de la Casamance, celui de Kabiline a subi les conséquences des affrontements entre l’armée sénégalaise et une rébellion née dans cette partie du pays en 1982.
A cause de ce conflit, ses habitants étaient de potentiels candidats à l’exode vers les centres urbains ou vers la Gambie voisine.
"Les initiatives agricoles féminines ont fixé les populations. Le village commence à renaître. Les femmes cultivent des produits bio. Nous ne mangeons que du bio", se réjouit Ibou Sékou Mané, un père de famille de Kabiline.
Les femmes de ce village suivent aussi des cours d’alphabétisation en leadership, gestion, genre et nutrition – en diola, la langue dominante.
"Nos journées sont très chargées. Si nous ne sommes pas dans les activités maraîchères ou celles de la transformation des produits, nous sommes à la ferme avicole ou en classe", explique Mme Mari.
A travers d’autres initiatives similaires en Casamance, d’autres femmes gagnent leur vie, comme à Mandina Mancagne, village du nord de Ziguinchor célèbre pour avoir été le théâtre d’affrontements sanglants entre l’armée et les combattants de la rébellion, en août 1997. Vingt-cinq soldats avaient péri. Mandina Mancagne s’est par la suite vidé de ses habitants gagnés par la panique.
Une impressionnante rangée de périmètres maraîchers se dresse désormais dans les environs de ce village, à la mesure de ses nombreuses potentialités agricoles -des filières diverses, une pluviométrie abondante, une terre fertile.
Les villageois de Mandina Mancagne font visiblement preuve d’une forte détermination pour vaincre la pauvreté, l’accalmie consécutive aux violences aidant.
"A Mandina Mancagne, nous avons retrouvé notre dignité"
Des femmes obligées, par le passé, de quitter leur village tentent de prendre leur revanche sur ce triste épisode. Elles viennent de Bissine, un village voisin rudement affecté par le conflit. A Mandina Mancagne, elles s’investissent dans la transformation des déchets en briquettes de charbon écologique, une activité qui leur ouvre les portes de la réinsertion sociale.
Réunies dans un vaste hangar, les ex-habitantes de Bissine, dont neuf sont en situation de handicap, transforment les feuilles d’arbres mortes et les noix de cocotier en briquettes de charbon.
Elles sont équipées d’une petite unité de transformation. Le charbon produit a l’avantage de se consumer sans gaz carbonique, au bonheur des usagers. Il est commercialisé à des centaines de kilomètres à la ronde.
"Nos stocks de charbon sont épuisés. Les commandes sont nombreuses. Nous transportons plusieurs sacs de charbon à Dakar. Nous n’arrivons plus à satisfaire la demande", renseigne Awa Sagna, la présidente du Collectif de ces femmes déplacées.
Mme Sagna, dont le défunt mari vivait de la coupe de bois, se réjouit de cette innovation. Une technologie permettant de produire ce combustible écologique sans détruire la flore. C’est dire que les femmes de Bissine tentent de dissimuler leur douloureux passé de déplacées dans l’exercice de cette nouvelle activité économique.
"Nous avons retrouvé notre dignité en gagnant notre vie. Nous étions très affectées par le conflit. Nous avons perdu des proches, des biens et des terres. Nous étions dans une situation d’extrême pauvreté et avions perdu tout espoir", se souvient Awa Sagna
Ces femmes tentent maintenant de convaincre les pouvoirs publics sur les enjeux économiques de leur nouvelle filière en vue d’inciter les investisseurs pour passer à l’industrialisation de leur activité.
D’autres femmes des zones rurales s’activent en grand nombre dans la filière anacarde, dont la saison bat son plein en Casamance.
"Les femmes ont pris en main les foyers"
Dans le village de Baconoum, par exemple, les femmes passent des journées entières à ramasser des pommes d’acajou. Sous le soleil, elles trient les noix avant de les transporter au magasin de séchage.
"La noix d’acajou, c’est notre pain quotidien. Nous prenons nous-mêmes en charge la scolarité et les soins de santé de nos enfants. Même après la saison, nous continuons à vivre de nos revenus", se réjouit Elise Diatta, la présidente du GIE de femmes de Baconoum.
Dans de nombreux villages casamançais regagnés par les ex-déplacés, la filière anacarde procure d’importants revenus aux femmes, qui "prennent maintenant en main les foyers", constate Alphonse Diatta.
Les dépenses familiales sont de plus en plus assurées par la gent féminine, reconnaît cet homme dévoué à cette révolution du pouvoir d’achat, aidant son épouse à ranger les noix d’acajou dans des sacs.
A Barafe, un village voisin de Baconoum, Noëlle Niouky incarne la réussite féminine. Cette quinquagénaire exploitant un champ hérité de ses parents, incarne dans ce patelin la réussite sociale que procure la filière anacarde.
Noëlle Niouky se rend chaque matin dans son champ à l’aide d’une charrette tirée par un âne. Elle emploie plusieurs femmes, qui ramassent les noix d’acajou.
Sur la route, des hommes s’affairent autour d’une unité de transformation artisanale de la pomme de cajou devant laquelle se dresse une longue file d’attente.
"Nous avons une grande clientèle. Nous exploitons d’autres filières à l’intérieur de ce champ", dit-elle, ajoutant avoir investi dans la riziculture.
Noëlle Niouky et les siens avaient quitté leur village à cause des heurts entre l’armée et la rébellion. Revigorée par le retour progressif au calme et l’installation d’une base militaire dans la zone, elle décide d’exploiter les terres abandonnées par ses parents.
"C’était difficile, mais j’y ai cru. Aujourd’hui, j’emploie plusieurs personnes. Avec la patience, j’y suis arrivée. Il m’arrive de délaisser mon âne pour prendre l’avion, à destination d’autres pays, pour des salons internationaux, en attendant de pouvoir me lancer dans l’industrie", dit Noëlle Niouky, pleine d’ambitions.
DEVOIR DE TRANSPARENCE
ITIE : les entités déclarantes invitées à divulguer les paiements effectués
Dakar, 22 nov (APS) – Le ministre sénégalais de la Justice, Ismaïla Madior Fall, a appelé jeudi à Dakar les entités déclarantes à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) à procéder à la mise à jour rapide de leur système de divulgation des paiements effectués.
’’J’invite toutes les entités déclarantes à l’ITIE, à travers l’interfaçage de leurs systèmes d’information avec le Système intégré de gestion de l’information financière (SIGIF) mis en place par le gouvernement, de faire les mises à jour nécessaires pour permettre davantage de systématiser la divulgation des paiements effectués par les entreprises extractives’’’, a-t-il notamment déclaré.
Intervenant à une rencontre nationale de présentation du rapport de conciliation de l’ITIE portant sur l’année fiscale 2017, le Garde des sceaux a réitéré l’engagement du gouvernement à veiller à ce que toutes les compagnies minières divulguent les noms des entités bénéficiaires du secteur extractif à l’horizon 2020, une exigence de la norme ITIE.
’’La transparence des bénéficiaires effectifs permet de lutter contre l’évasion fiscale, la corruption, les conflits d’intérêts et les flux financiers illicites ainsi que d’améliorer le climat des affaires’’, a fait valoir Ismaïla Madior Fall.
Il a ainsi souhaité que les conclusions de l’atelier national de dissémination du rapport ITIE 2017 puissent servir de levier à des réformes visant à renforcer le dispositif actuel de gestion des ressources pétrolières, gazières et minières.
Le dernier rapport de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives publié lundi sur le site internet du comité national ITIE fait état d’une hausse de la production d’or au Sénégal, dont les quantités extraites ont atteint 7,25 tonnes en 2017 contre 6,72 tonnes en 2016.
Outre la production d’or, passée de 182 282 onces (5,66 Tonnes) en 2015 à 216 282 onces (6,72 Tonnes) en 2016 avant de s’établir à 233 119 onces (7,25 Tonnes) en 2017, le rapport 2017 l’ITIE renseigne que la production de minéraux lourds et de calcaire a également enregistré "une forte hausse" en 2017.
S’agissant des minéraux lourds (zircon, ilménite, rutile, leucoxène), les quantités extraites sont ainsi passées de 478 248 tonnes en 2015, à 478 642 tonnes en 2016 avant de se porter à 584 160 tonnes en 2017.
Concernant les revenus générés par le secteur des hydrocarbures, le rapport souligne qu’elles ont également connu une hausse de 10 milliards de francs CFA.
"Cette hausse s’explique par le paiement par Total EP Sénégal, d’un bonus de signature d’un montant de 5 422 490 233 FCFA encaissé par Petrosen et de l’appui versé au Trésor public par la compagnie Total EP Sénégal dans le cadre de la mise en place effective de l’Institut national du pétrole et du gaz. Ce paiement s’élève à 2 711 250 000 FCFA", note le rapport ITIE.
Il constate parallèlement une baisse continue du volume de production de gaz de la société Fortesa international Sénégal, qui a produit 35 163 770 Nm3 de gaz en 2014, 22 675 044 Nm3 de gaz en 2015, 21 064 534 Nm3 de gaz en 2016 et 17 647 366 Nm3 en 2017.
Selon le même document, les revenus générés par le secteur extractif de manière générale ont atteint 126,7 milliards FCFA pour l’année 2017, contre 116, 8 milliards en 2016.
Ce rapport qui couvre la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2017, fait un état de rapprochement des paiements déclarés versés à l’Etat par les entreprises extractives, et les paiements déclarés reçus par l’Etat de la part de ces entreprises.
Dakar, 22 nov (APS) - L’Organisation des Nations-Unies pour le développement industriel (ONUDI) a décerné jeudi au président sénégalais, Macky Sall, le titre de Champion de la troisième décennie pour le développement industriel en Afrique, a appris l’APS.
L’annonce a été faite le même jour à l’occasion de l’inauguration par le chef de l’Etat sénégalais d’une plateforme industrielle érigée dans la Nouvelle ville de Diamniadio, dans la région de Dakar.
"Au nom de l’ONUDI, je décerne au président Macky Sall, la distinction de Champion de la troisième décennie pour le développement industriel en Afrique", a notamment déclaré, Christophe Yvetot, représentant résident de l’organisation au Sénégal lors de la cérémonie d’inauguration.
"Cet événement marque une étape importante dans la mise en œuvre d’une véritable opportunité pour les entreprises. Avec cet environnement industriel, nous avons un écosystème des affaires propice à l’investissement pour des résultats concrets"’, a-t-il souligné au sujet de cette infrastructure.
"Les résultats sont déjà là avec l’installation effective de sept entreprises en activités. Le Sénégal est cité en exemple en matière d’industrialisation en Afrique. C’est le temps de l’Afrique et j’espère qu’on se souviendra de cet événement comme un pas important vers l’émergence du Sénégal", s’est-il ainsi réjoui.
Le chef de l’Etat Macky Sall a présidé la cérémonie officielle d’inauguration de la Plateforme industrielle de Diamniadio, présentée comme "un des principaux leviers de la politique industrielle du Plan Sénégal émergent (PSE)", le programme de développement mis en œuvre par le gouvernement sénégalais.
"Cette infrastructure industrielle moderne et de dernière génération fait partie des Plateformes industrielles intégrées qui constituent un des principaux leviers de la politique industrielle du Plan Sénégal Emergent (PSE)", indique un communiqué reçu à l’APS.
Il ajoute que cette Plateforme industrielle internationale "a pour objectif de créer les conditions pour l’émergence et le développement d’une zone d’attrait d’investissements directs et étrangers, de compétitivité et de création massive d’emplois avec des effets d’entrainement comme la réduction du déficit de la balance commerciale".
"D’un coût d’une vingtaine de milliards de nos francs et entièrement financée par l’Etat", la nouvelle infrastructure industrielle "commence à changer le visage de Diamniadio mais surtout a réussi à attirer des investissements étrangers et sénégalais et permis la création de milliers d’emplois", peut-on lire.
Elle constitue "l’une des Plateformes industrielles intégrées dont la conception, la réalisation et la gestion ont été confiées à l’Agence d’aménagement de promotion des sites industriels (APROSI), une structure administrative placée sous la tutelle du ministère de l’Industrie et de la Petite et Moyenne Industrie", signale le communiqué.
L’APROSI, souligne la même source, "a pour missions d’acquérir des réserves foncières, d’aménager et de promouvoir des zones industrielles sur l’ensemble du territoire y compris la réhabilitation des anciens domaines industriels, d’assurer la bonne gestion des zones industrielles entre autres".
"Ces actions visent à mettre en place des domaines et plateformes industrielles aménagés avec des infrastructures de qualité conformes aux normes internationales et aux exigences environnementales", conclut le texte.
PAR L'ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, DEMBA NDIAYE
MANÉ, MACKY, MAOULOUD...
EXCLUSIF SENEPLUS - C'est parce que la foi a quitté les cœurs que chaque fête religieuse, donne lieu à des orgies de lamentations sur des supposées valeurs perdues et des prières auxquelles plus personne ne croit
C’est parce que nous avons majoritairement marre de cette gouvernance gabégique et des gouvernants de « reniements et de mensonges », que nous chérissons et défendons le mouvement « y en a marre », ces vigiles citoyennes ; c’est parce que les « Lions », notre équipe de foot est ...une armée mexicaine aux talents disparates, que nous voulons par force, faire de Mané un Messie (frère jumeaux de l’autre Messi) qui conduit le peuple vers les cimes « footeuses » d’un futur rêvé et sublimé face à un présent fait de désespérance, de suicides maritimes ou désertiques ; c’est parce que la foi a foutu le camp des cœurs et des esprits, que chaque fête religieuse, donne lieu à des orgies de lamentations sur des supposées valeurs perdues et, des tonnes de prières pour « la paix » auxquelles plus personne ne croit.
Il semble que le président, n’aime qu’une certaine jeunesse. Celle qui lui cire les pompes tout en lui pompant nos deniers que lui et son clan, son camp, ses alliés, ont soustrait de la caisse commune, et qui n’ont qu’un seul espoir (yakaar) continuer « ensemble » (Benno) à sucer, dépecer, dilapider les ressources présentes, mais surtout, se préparer à des razzias encore plus dévastatrices, contre les ressources annoncées : pétrole, gaz, fer, or...
Mais qu’une partie de cette jeunesse ait l’outrecuidance de vouloir participer avec d’autres acteurs sociaux, à servir de vigiles contre lui et ses partisans prédateurs, c’est le sabre qu’on brandit avec de lourdes menaces de décapitation. Seulement, si charia on devait appliquer aux vrais voleurs (pas de poules ou de cacahuètes) de deniers publics, les candidats viendraient par dizaines de son camp. Et non des sentinelles « y ‘en a marristes » qui firent partie il n’y a pas longtemps, parmi ses plus fidèles compagnons de route contre les projets de succession très peu démocratique de son ancien mentor.
Mais voyez-vous, dans cette Afrique-là, surtout dans ce Sénégal ci, où le pouvoir est plus qu’une obsession, une maladie hautement contagieuse, refuser des postes ministériels ou de responsabilités, décliner des « offres d’achat de conscience et d’intégrité, est hautement suspect. Donc, « un casus belli ». Pour avoir refusé de s’assoir à la table de Bamboula de la « nouvelle République » et ses nouveaux républicains aux « convictions » douteuses, « Y en a marre » se voit frappé là où ça fait mal, au cœur : les sources de ses ressources. Donc les moyens de ses combats. Les nôtres, par délégation.
Mais, à notre époque, où les nouvelles technologies permettent l’accumulation, l’accession à des ressources par des moyens rapides et licites, un mouvement d’ensemble de solidarité devrait s’organiser pour que « Y en a marre » ait le droit de mener ses actions : les financements participatifs citoyens. C’est efficace et personne n’y peut « nix » !
On aurait cru à la sincérité du « président-candidat-réélu au premier tour », s’il levait le coude sur les dossiers toxiques de ses responsables politiques et autres nouveaux alliés ; s’il appliquait les textes sur le fonctionnement des partis politiques, son parti en premier lieu (tenues régulières de congrès et d’instances, rapports annuels des financements, etc.). Et puis, qui connaît les sources, provenances, bailleurs, des dépenses de campagnes des candidats ? A commencer par lui. Où est-il écrit que tous les DG, et autres responsables du service public, peuvent utiliser leurs véhicules de service ? Bénéficier des dotations d’essence avant (pré campagne) et pendant la campagne électorale ? Ils ont ces privilèges pour servir les citoyens dans le cadre de leurs fonctions, et non pour battre campagne pour leur candidat. Ces abus devraient cesser ici et maintenant. Si tant est que tous les candidats sont égaux devant la loi électorale...
Pour les théoriciens que les « marabouts sont des citoyens comme les autres », la cour qu’il leur fait s’apparente plus à du. ...harcèlement de foi. Et, le Maouloud, nous en a encore donné la preuve : pour obtenir un deuxième mandat, la foi devient une simple marchandise, que l’on peut acheter-payer. Les guides religieux, de vulgaires marchands de voix, et les fidèles, des variables mercantiles.
Tragique erreur d’appréciation ! La foi n’a rien à voir avec le choix citoyen, du choix de celui et de ceux à qui je confie la gestion de mon quotidien et de l’avenir de mes enfants. Il me revient des flèches par presse interposée entre un membre du directoire de campagne du candidat Macky Sall et de celui de Me Wade. C’était entre les deux tours. Le journaliste avait demandé à l’homme de Wade : « votre adversaire reçoit des jeunes, des ONG et vous, vous recevez au palais des imams, des marabouts et des personnes âgées … ».
L’homme du candidat Wade avait répondu d’un ton méprisant : » Waw, gnom niou guiss xalé yi, gnoun, niou guiss kilifa yi ». D’accord, mon ouolof est exécrable, mais en gros, la traduction pourrait être la suivante : « oui, eux ils rencontrent les enfants, nous, les responsables (les grandes personnes, chefs religieux, imams, associations de retraités etc.). Justement, parmi les « enfants » que le candidat Macky courtisait durant ce deuxième tour, il y avait justement, « Y en a marre ». En première ligne. Qu’il veut aujourd’hui financièrement asphyxier, et rendre politiquement aphone. C’est cela qui explique en partie, le discrédit moral de la « classe » politique. Leur instabilité éthique.
Le cas Sadio Mané. Quand vos rêves d’un présent et d’un futur meilleur se noient dans les gouvernances exécrables de la cité ; quand vous n’avez plus de repères politiques et sociaux ; quand la mort dans le désert et dans la mer restent vos horizons, ou chercher le rêve sinon dans ce légendaire « opium du peuple » qu’est le sport. Le foot en l’occurrence. Les gestes de Mané, là-bas, à Liverpool ravivent des rêves brisés ici dans votre quotidien improbable. Les trahisons de vos dirigeants politiques, les connivences de vos guides religieux avec les prédateurs d’en haut, effectuent un « transfert » des gestes magnifiques de Sadio.
Parce que orphelins de repères, vous adoubez l’enfant de Bambaly. Seulement, vous lui en demandez trop : Messie, guide, artiste. Bref, celui qui peut et doit vous faire oublier votre misérable présent. Dans l’armée mexicaine qu’est l’équipe nationale, où avez-vous vu un Salah à droite, un Firmino au milieu pour distribuer, et lui à gauche. Ou sont vos Milner et Wijnaldum ? D’accord, vous avez un Kalidou Koulibaly qui n’a rien à envier à la tour de contrôle des Reds, Van Djik...Vous en demandez trop à un artiste qui erre comme une âme en détresse dans un paysage hostile. Vous voulez des miracles là où par définition il n’y en a pas. Vous voulez un guide là où seul le talent compte.
Et comme Sadio (Mané) n’est pas El Hadj (Diouf), un « bad boy » magnifique qui se fiche des codes et des « qu’en dira-t-on », et comme vous n’avez dans votre troupeau ni un lapin Camara ou un gaucher magnifique K., alors, votre génie reste tragiquement humain : à vos attentes démesurées, il vous oppose des larmes d’impuissance. Alors, foutez-lui la paix...
Si tant est que Karim Wade a été justement condamné par la Crei, si tant est que son procès n’a pas été une parodie judiciaire, pourquoi la plus haute autorité politique se permet-elle une si grande légèreté dans la gestion de ce dossier ?
L'idée funeste dite de patrimonialisation du pouvoir qui a fait florès sous le règne des Wade semble être en fin de compte une constante chez les politiciens gâteux de la République. Le candidat Macky Sall qui avait fait mille et une promesses autour des biens publics est lui aussi passé à la trappe, un peu plus vite qu’on ne l’aurait imaginé. Des textes de loi sur la transparence ont certes été votés par l’assemblée nationale sur instigation du palais de la République, mais une cohérence globale fait défaut aux intentions annoncées. Le sabordage volontaire et impitoyable de l’Ofnac, juste 4 ans après sa mise sur pied, est le symbole vivant de cette boulimie destructrice des espoirs de bonne gouvernance entrevus.
La patrimonialisation des biens publics s’est donc institutionnalisée dans nos mœurs gouvernantes, incrustée quelque part dans cet espace complexe qu’est le cerveau humain. Le dernier exemple en date concerne bien évidemment le chef de l’Etat sénégalais dans sa façon curieuse de «gérer» le «cas» Karim Wade. Le 23 mars 2015, ce dernier a été condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) à six ans de prison et à une amende de 138 milliards de francs Cfa pour le délit d’enrichissement illicite.
Quinze mois plus tard, en juin 2016, l’ex ministre d’Etat est exfiltré de la prison de Rebeuss, nuitamment, pour être déposé au Qatar. La présidence sénégalaise indique que Karim Wade a demandé et obtenu la grâce du chef de l’Etat. Une grâce dont les termes non encore rendus publics semblent avoir imposé l’exil au fils de l’ancien chef de l’Etat, sous la supervision de l’Emirat gazier du Golfe. Novembre 2018, le dossier est devenu une patate chaude pour le président de la République, englué dans ses réflexes politiciens d’enfer, à quelques semaines du premier tour de l’élection présidentielle.
La grâce présidentielle «offerte» à Karim Wade dans cette affaire est objet de divergences. Mais c’est l’autre versant de la sentence prononcée par la Crei qui interpelle : l’amende de 138 milliards de francs Cfa. Elle est devenue l’arme de chantage contre Karim Wade auquel des autorités centrales et périphériques promettent l’application rigoureuse de la contrainte par corps. Le message à l’endroit du fils Wade ne comporte aucune ambiguïté : ne remettez pas les pieds au Sénégal et on passera l’éponge sur votre dette.
C’est donc d’un bien public (l’amende en question) dont le président de la République se sert pour combattre un adversaire politique transformé en exilé de luxe. Macky Sall peut-il mettre en gage des deniers supposément publics en échange de sa propre tranquillité, pour ses ambitions personnelles ? Si tant est que Karim Wade a été justement condamné par la Crei, si tant est que son procès n’a pas été une parodie judiciaire, pourquoi la plus haute autorité politique se permet-il une si grande légèreté dans la gestion de ce dossier ? Dans aucun pays démocratique respectable, une telle confusion des genres ne saurait être admise par les institutions de contre-pouvoir. Mais quand un système de patrimonialisation est en vigueur, rien n’est impossible.
PAR PATRICE FINEL
LA FRANCE DOIT LAISSER LE GABON PRENDRE SON DESTIN EN MAIN
La France insoumise met en garde le gouvernement français contre toute tentative de contrecarrer les aspirations démocratiques du peuple gabonais !
Victime d’un AVC le 24 octobre 2018, le Président Ali Bongo n’est plus apparu, toujours hospitalisé en Arabie Saoudite dans un état jugé irréversible malgré les dénégations du gouvernement gabonais et le silence complice du gouvernement français..
Dans ce contexte, les proches d’Ali Bongo jouent la montre et tentent de sauver ce qui reste d’un système féodal installé par la France en 1967.
La présidente de la Cour Constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo, ex-belle-mère d’Ali Bongo est une nouvelle fois à la manœuvre. Elle fût l’instigatrice des coups d’État électoraux de 2009 et 2016 par son interprétation personnelle de la constitution gabonaise.Son dernier coup de force, en violation de ses prérogatives, est de permettre au Vice- Président Maganga Moussavou de tenir un conseil des ministres, avec pour seul argument une incapacité temporaire d’Ali Bongo. Cette initiative a fait l’objet d’une mise en garde de l’Union Africaine qui a exhorté à un strict respect de la constitution. La loi gabonaise prévoit qu’en cas de vacance longue ou définitive de la présidence, l’intérim est assuré par la Présidente du Sénat, Mme Lucie Milebou-Aubusson.
Le Gabon se retrouve dans une impasse institutionnelle tant les textes ont été interprétés, remaniés ou amendés aux grès des besoins du clan BONGO pour se maintenir au pouvoir. Le PDG, parti présidentiel, est en proie à une guerre clanique tout comme l’est l’entourage direct du président Bongo. Un projet de révolution de palais en chasse un autre, pendant que le peuple gabonais souffre des conséquences d’une captation systématique de ses ressources et d’une économie exsangue.
Pour autant, le pays n’est pas dans une impasse politique. En 2016, les partis d’opposition ont su se fédérer et porter une candidature unique qui a vu le Président Jean Ping remporter les élections à près de 60% des voix. Seul un coup de pouce appuyé de Marie-Madeleine Mbrorantsuo a permis le maintien de Bongo, la encore avec le silence complice du gouvernement français, l’union européenne ayant elle dénoncé la fraude.
Jean Ping continue légitimement de revendiquer cette victoire, véritable lueur d’espoir pour les gabonais d’en finir avec cinquante ans de dynastie Bongo.Dans la diaspora la mobilisation ne faiblit pas pour tourner la page. Au Gabon les salariés s’organisent autour de la centrale syndicale Dynamique Unitaire pour s’opposer aux mesures d’austérité drastiques faisant des travailleurs les boucs émissaires de la gabegie orchestrée par le gouvernement.
Le 3 novembre 2018, le Président Ping a fait une déclaration appelant les Gabonais de tous bords, majorité et oppositions, société civile à se rassembler et à transcender leurs clivages, placer la Nation au-dessus des intérêts particuliers, ethniques et claniques.
Nous saluons cette déclaration, seule offre politique crédible pour dessiner une sortie de crise pérenne et pacifique de la gouvernance et des institutions gabonaises. Aujourd'hui, il appartient au peuple gabonais de définir les prochains contours constitutionnels qui leur permettront une véritable transition démocratique.
Nous encourageons toutes les parties prenantes ; des responsables politique, de la société civile, des organisations syndicales et de la diaspora à répondre favorablement à l’appel de Monsieur Ping, l’unité étant la condition impérieuse à une transition démocratique au Gabon, face aux appétits personnels, voir transnationaux.
La France Insoumise met en garde le gouvernement français contre toute initiative visant à entraver le cours de l’histoire et la volonté du peuple gabonais à prendre son destin en main, seule garantie des intérêts de la France. Cette alerte doit être sérieusement prise en compte dans les discussions, qui se veulent discrètes, en cours de façon ininterrompues depuis 15 jours,entre l’Élysée et les différents émissaires gabonais.
PAR CÉCILE THIAKANE
MENDICITÉ DES ENFANTS, IL EST URGENT DE SORTIR DU DÉNI
À quel avenir peuvent prétendre tous ces enfants maltraités, privés de leur enfance et de leur dignité ? Qui sont les coupables : les parents, les chefs de daara, les autorités gouvernementales, ceux qui continuent à leur donner l'aumône ?
Le Point Afrique |
Cécile Thiakane |
Publication 22/11/2018
La Journée mondiale de l'enfance offre l'occasion d'attirer l'attention sur ces dizaines de milliers d'enfants appelés « talibés » et contraints à la mendicité dans les rues de Dakar, entre autres villes.
J'ai croisé récemment un jeune garçon en plein centre-ville de Dakar... C'était un jeune talibé... Il était relativement tôt. En discutant avec lui, je me rends compte qu'il ne connaissait pas son âge ! Il doit avoir entre 7 et 8 ans. Il m'apprend qu'il vient d'un daara, centre d'éducation religieuse musulmane, situé à Guédiawaye dans la grande banlieue de Dakar. Tous les jours avec les autres garçons de son daara, ils sont conduits, à l'aube, en car au centre-ville ! Le soir venu, ils refont le trajet inverse pour rentrer.
Scènes courantes de la vie des talibés
Ils passent leurs journées à errer dans les rues de Dakar. Des journées entières passées à interpeller les passants, à quémander pour atteindre un objectif de recettes fixées par des adultes, leurs responsables de daara. Et ils sont sévèrement punis quand ils n'atteignent pas le montant journalier fixé.
J'ai encore en mémoire ce douloureux souvenir, un échange avec de jeunes talibés, l'année dernière en pleine période des fêtes de fin d'année. Il était tard et il faisait un peu frais ce soir-là. Les rues du centre-ville de Dakar étaient presque désertes. Ces jeunes talibés, eux, n'avaient pas la chance de rentrer dans leur daara le soir venu ! Ils restaient en ville, dormaient à même le sol sur des cartons. Ils étaient livrés à leur triste sort, et à tous les dangers de la nuit. On sait qu'il y a déjà eu des cas d'abus sur de jeunes garçons qui ont été victimes de prédateurs sexuels…
Une histoire édifiante
Dernièrement, un samedi soir, en sortant d'un restaurant, aux Almadies, haut lieu de la nuit dakaroise… Il était 1 h 30 du matin… Il y avait foule, notamment beaucoup de jeunes qui se sont donné rendez-vous dans ce quartier le week-end pour se divertir. Je remarque un bon nombre de personnes assises sur le trottoir en train de mendier à une heure aussi tardive, des visages de la vulnérabilité de certaines couches de la population sénégalaise. Mon attention est vite attirée par une toute petite fille assise à côté d'une femme, elle ne semble pas avoir plus de 3 ans. Tout à coup, elle se lève d'un pas alerte dès qu'elle me voit et me tend la main. Sa rapidité d'exécution à une heure aussi tardive me sidère. Je lui prends ses deux mains et m'accroupis en face d'elle pour lui parler. Elle se contente de me sourire, et quel sourire innocent. Mais elle ne répond pas à mes questions. Je m'adresse à la femme assisse à côté d'elle, c'est sa maman. Elle me confirme que sa fille a 2 ans et demi. Je lui demande pourquoi elle est encore dehors à cette heure, avec une fille aussi jeune. Cette petite fille devrait être en train de dormir, lui dis-je. Elle m'explique qu'elle est veuve et n'a pas d'autre choix. Qu'elle est obligée, pour survivre, de faire la manche avec ses trois enfants : cette petite fille et ses deux frères jumeaux de 4 ans. D'ailleurs, l'un des jumeaux est en train de dormir à même le sol à côté de sa maman. Elle m'avoue qu'ils quittent Keur Massar tous les vendredis et les samedis pour faire la manche à cet endroit. Ils passent toute la nuit dehors, espérant profiter de la générosité des passants. Je note cependant que la majorité des passants, devenus certainement insensibles, car habitués à ces scènes, ne prêtent même pas grande attention à ces mendiants. Quand je donne un billet à la petite fille, son visage s'illumine comme un enfant qui a reçu son cadeau le plus désiré un matin de Noël. Elle s'empresse de remettre l'argent à sa maman.
Ces différents exemples, loin d'être des cas isolés, illustrent l'étendue et la complexité de ce problème de mendicité des enfants dans les rues des grandes villes au Sénégal, surtout à Dakar.
Beaucoup de questions en suspens
En plus des talibés – il paraît que leur nombre serait de plus de 40 000 dans les rues de Dakar –, on note de plus en plus de jeunes enfants accompagnés de femmes, certainement leurs mamans, qui mendient de jour comme de nuit. Je n'ai pas abordé le cas des enfants en situation de handicap, mais il y en a aussi un nombre non négligeable faisant la manche dans la rue. Je suis partie avec une pléthore de questions et un sentiment d'impuissance. Est-il possible que cette petite fille de 2 ans et demi ait si bien assimilé son rôle dans ce sombre dispositif ? Est-elle l'atout « sensibilité » pour sa maman ? Comment résister à ce visage si innocent ? Comment ne pas lui donner une pièce ? À quel avenir peuvent prétendre tous ces enfants maltraités, privés de leur enfance et de leur dignité ? Qu'est-ce qui peut bien justifier que des parents, des adultes responsables de mineurs puissent instrumentaliser la mendicité des enfants ? Qui sont les coupables : les parents, les chefs de daara, les autorités gouvernementales, ceux qui continuent à leur donner l'aumône ? Quelles sont les pistes solutionnaires pour éradiquer durablement ce fléau et redonner à ces enfants leur dignité en respectant leurs droits primaires ? Pourquoi dans un pays comme le Sénégal, où la population a soi-disant le culte de la solidarité, nous n'excellons pas dans la promotion de la justice sociale ? Comment réussir à créer des dynamiques d'inclusion qui vont au-delà de la sphère familiale, mais servant toute la communauté ?
Une justice sociale nécessaire pour poser des bases saines pour l'Afrique de demain
Parce que la misère entrave la dignité de l'homme partout où elle sévit, ces couches de la population, dans leur profonde vulnérabilité, voient leur dignité s'effriter chaque jour davantage face aux poids de leurs urgences de survie ! Il est crucial d'œuvrer concrètement pour la justice sociale. Elle reste un des vecteurs de développement durable, car réduisant les inégalités, mais aussi l'impécuniosité caractérisée, et favorisant le bien-être des populations. La place de ces enfants n'est pas dans la rue, mais dans des endroits sécurisants et structurants pour leur donner une opportunité de forger leurs destins. Ils ont besoin et ont le droit de prendre le meilleur départ possible dans la vie.
Cela passe par la satisfaction de leurs besoins primaires, par l'éducation, la sécurité, la paix et le droit à l'enfance... Comme nous le savons, lorsque l'enfant ne prend pas le meilleur départ possible dans la vie, cela entraîne un coût élevé pour lui et pour la société. Nul doute que nous aurons tous à payer cette addition et elle est partie pour être très salée. Ces enfants, qui représentent l'avenir, subissent ces violations de leurs droits dans l'indifférence de la communauté, et ont de fortes chances de grandir sans qualifications, sans repères et d'atterrir à la périphérie de la société. Aussi passons-nous à côté de futurs atouts pour nos pays, des génies, des créateurs, des scientifiques…
Il est urgent d'appliquer la loi et de sortir
Depuis plus de quarante ans, des textes de loi ont été votés par les différents gouvernements pour interdire la mendicité de tout genre, mais leur mise en application n'est jamais effective. Une loi sénégalaise contre la mendicité des mineurs a été mise en place dès 2005. Elle a été rarement appliquée.
Jusqu'à quand allons-nous continuer à signer des conventions, ratifier des traités internationaux sur les droits et la protection des enfants pour satisfaire aux ODD ou pour être éligible par rapport aux différents critères de financements des institutions internationales et autres bailleurs de fonds tout en sachant pertinemment que leur applicabilité sera problématique ; la source du problème n'étant pas solutionnée ! Sans considération de l'ensemble de la chaîne de valeur pour mettre en œuvre les conditions économiques, sociales et culturelles idoines, nous aurons des solutions en silo. Les enfants sont l'avenir, et pour avoir un bel avenir ils ont besoin d'être accompagnés. Nous avons le devoir et l'obligation de ne plus laisser une partie d'entre eux être privés de ses droits fondamentaux.
Au-delà du droit, des solutions existent. Mettons-les en œuvre !
Pour éradiquer ce fléau de la mendicité infantile, les solutions seront endogènes et nécessiteront une mise en commun d'initiatives faisant intervenir toutes les parties prenantes : État, autorités religieuses, familles, société civile, ONG… Certaines comme celles citées ci-dessous peuvent adresser le problème dans sa globalité.
- La redynamisation des territoires ruraux pour éviter l'exode rural de familles entières qui se retrouvent en ville sans avoir les moyens d'y vivre de façon décente et qui peuvent venir augmenter les rangs des candidats à la mendicité. Il y a aussi tous ces jeunes garçons, venant de ces zones rurales qui subissent de plein fouet les profondes mutations du monde rural avec l'abandon de l'agriculture vivrière et de l'élevage. Ces garçons se retrouvent envoyés dans des daaras en zone urbaine.
- Certaines croyances culturelles et religieuses gagneraient à être questionnées. Informer, sensibiliser mais surtout conscientiser les familles sur l'urgence de la situation de leurs enfants et à quel point ce « modèle de daara » s'est éloigné du concept initial et peut représenter un sérieux handicap dans leur vie future.
- Une politique sociale inclusive pour améliorer le niveau de vie des couches les plus vulnérables et en finir avec les urgences de survie quotidiennes.
- Subventionner les daaras, pour les moderniser et les structurer. Cela permettrait de prendre en charge décemment les talibés et les accompagner de manière optimale dans leur apprentissage.
- Santé de la reproduction à promouvoir et à faire adopter davantage par les familles démunies qui continuent à enregistrer un fort taux de natalité sans pour autant avoir les moyens de subvenir aux besoins de leurs enfants.
Le 20 novembre, Journée mondiale des droits des enfants, reste un moment privilégié pour se rendre compte des nombreuses injustices que subissent encore les enfants dans le monde. Stop à la mendicité ! Stop à la maltraitance ! Stop à toutes les formes d'injustice qui inhibent la croissance harmonieuse des enfants. Nos enfants ont droit à l'amour, à l'éducation, à la santé, à une vie décente et aussi à l'enfance. Une société qui ne protège pas ses enfants, une société qui n'éduque pas ses enfants ne se ferme-t-elle pas les voies de l'émergence ?
Cécile Thiakane, actrice du développement social, est basée au Sénégal
"RESTITUER LE PATRIMOINE, CE N'EST PAS QUE RESTITUER DES ŒUVRES D'ART"
Au micro de RFI où elle réagissait aux premières notes dévoilées du rapport sur la restitution des œuvres, Marie-Cécile Zinsou s'est montrée intraitable sur la souveraineté des Etats africains, à disposer de ces objets comme bon leur semble
《Derrière le masque de la beauté, la question des restitutions invite en effet à mettre le doigt au cœur d’un système d’appropriation et d’aliénation, le système colonial, dont certains musées européens, à leur corps défendant, sont aujourd’hui les archives publiques.》 Les premières phrases du rapport sur les restitutions du patrimoine africain sont limpides. En 2017, suite à la demande du Président Talon, la Présidence française a mandaté deux experts pour se pencher sur la question du retour des oeuvres pillées sous la colonisation. Le rapport est prêt à paraître et il va même peut être un peu plus loin que prétendument voulu par son commanditaire. Il recommande des “restitutions temporaires d’une part, et des restitutions définitives d’autre part”.
Et la présidente de la Fondation Zinsou est loin d’être déçue. Au micro de RFI où elle réagissait aux premières notes dévoilées du rapport sur la restitution des oeuvres, elle a savouré le moment, indiquant que “Restituer le patrimoine, ce n’est pas que restituer des oeuvres d’art. C’est la restitution d’une histoire, d’une fierté.” Droit dans ses bottes, Marie-Cécile Zinsou ne s’est pas ensuite retenue de rétorquer au journaliste qui est revenu sur la bien surprenante et déjà irrecevable question de la capacité des états africains à préserver les oeuvres, que “la France ne devrait pas mettre une conditionnalité à la restitution. La souveraineté nationale nous autorise à faire ce que nous voulons de nos collections et d’autre part, le Bénin s’est engagé à construire trois nouveaux musées et à restaurer l’existant”.
L'UVS, DU NUMÉRIQUE AU PHYSIQUE
Après des débuts hasardeux en 2013, l’Université Virtuelle du Sénégal, qui dispense ses cours en ligne, a revu sa copie : près de 27 000 étudiants y ont fait leur rentrée cet automne
Le Monde Afrique |
Salma Niasse |
Publication 22/11/2018
Quand l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) vont à Dakar, c’est à l’Université virtuelle du Sénégal (UVS) qu’ils se retrouvent. Il y a un mois, c’est là que les deux prestigieux établissements français ont organisé un atelier d’initiation à l’analyse des réseaux. Depuis que l’UVS, premier établissement de ce type en Afrique francophone, a ouvert ses portes il y a cinq ans, Dakar est entré de plain-pied dans l’ère numérique.
Enterrés les doutes et les balbutiements des débuts. Aujourd’hui l’UVS a trouvé sa place dans le paysage. Près de 27 000 étudiants y ont fait leur rentrée cet automne. On y prépare désormais douze licences allant des mathématiques aux sciences politiques, en passant par la gestion ou les arts graphiques. Une majorité des formations sont à visée professionnelle, avec un accent fort mis sur le numérique. Dix masters sont aussi disponibles et, depuis avril, tout est accessible aux salariés dans le cadre de leur formation continue. Preuve qu’un long chemin a été parcouru depuis la création, en septembre 2013, de ce programme qui paraissait au mieux audacieux, au pire totalement hasardeux.
Ajustements majeurs
Cependant, même si la notoriété du lieu s’est accrue, Fatoumata Niang, étudiante en licence 2 de communication numérique, ne nie pas les craintes qu’elle a ressenties lors de son arrivée en première année et avoue même s’être « inscrite dans une formation privée en parallèle ». Quelques mois lui ont permis de lever ses doutes et, aujourd’hui, elle étudie « sans filet » à l’UVS, projetant même d’y faire son doctorat. Et les cours de l’espace numérique ouvert (ENO) de Guédiawaye, en banlieue dakaroise – l’un des douze centres où sont répartis les étudiants de l’université –, font désormais partie de son quotidien.
Si aujourd’hui de nouveaux bacheliers sont enthousiastes pour intégrer l’UVS, c’est aussi parce que le système pédagogique a largement évolué, en s’adaptant aux besoins des étudiants. A la rentrée 2017, l’université a connu des ajustements majeurs. Le modèle est passé du cours à suivre seul devant son écran, sans soutien spécifique, à une organisation plus encadrée. « Des enseignements où la présence de l’étudiant est obligatoire au sein de l’ENO viennent désormais compléter les cours en ligne, rappelle Yacine Samb, responsable au sein de la structure de Guédiawaye. Et depuis 2015, les examens requièrent la présence physique de l’étudiant. »
Il ne s’agit pas d’une remise en cause de la virtualité des enseignements, juste d’un accompagnement offert aux étudiants, parfois en difficulté dans le travail solitaire. Toujours pas de professeur « en chair et en os », donc, si ce n’est pour les cours de remise à niveau dispensés avant les examens. La seule concession au modèle est la mise en place d’un cours projeté pour que les premières années apprennent à accéder à la plate-forme. La mesure a été mise en place pour juguler le taux d’abandon précoce de 30 % lors des premières promotions.
La première année avait été assez chaotique. Compte tenu de la faiblesse de l’encadrement administratif, huit mois ont été nécessaires pour assurer le démarrage. Un retard qui a repoussé la première cohorte de licenciés à janvier 2018. « En fait, on a fait notre licence en quatre ans », résume Alpha Diallo, un étudiant en licence 3 qui fait partie des « pionniers », comme il aime à se baptiser. Des pionniers « actifs », car les étudiants ont aussi été les moteurs des changements de l’UVS.
Travaux de groupe et entraide
Fini les couloirs vides des premiers mois. Dans les différents espaces numériques, les étudiants ont investi les salles de cours à toute heure pour y monter ensemble des travaux de groupe ou réviser à plusieurs avant les examens. Chaque ENO a mis en place son bureau des étudiants, le « BENO ». Et, en plus de cette entraide au sein des promotions, les anciens jouent le rôle de moniteurs auprès des nouveaux et servent de relais pour les informations relatives aux œuvres sociales. Non contents d’avoir investi physiquement le lieu, ils ont aussi mis en place des pages spécifiques sur les réseaux sociaux, pour la discussion et l’entraide, afin d’éviter de rester seul face à ses blocages.