«BIEN QUE RELEVE, L’EX-RECEVEUR DAOUDA DIALLO SERA POURCHASSE JUDICIAIREMENT …»
Très engagé dans la défense des droits environnementaux et fonciers, Babacar Mbaye Ngaraf est le coordinateur des victimes du receveur Daouda Diallo, l’ex-chef du bureau des Domaines de Guédiawaye

Très engagé dans la défense des droits environnementaux et fonciers, Babacar Mbaye Ngaraf est le coordinateur des victimes du receveur Daouda Diallo, l’ex-chef du bureau des Domaines de Guédiawaye récemment relevé de ses fonctions par le président de la République Macky Sall. A travers cette interview accordée au quotidien « Le Témoin », Babacar Mbaye Ngaraf remercie d’abord le chef de l’Etat d’avoir satisfait une vieille et douloureuse doléance c’est-à-dire le limogeage du receveur Daouda Diallo accusé de spoliation de terres, de corruption, de faux et usage de faux et d’abus de pouvoir. Non satisfait du départ du receveur des domaines Daouda Diallo, le coordinateur du Collectif des victimes compte le poursuivre voire le pourchasser davantage devant l’Ofnac et la Justice pour la restitution des terres aux légitimes propriétaires spoliés et l’annulation des nouvelles attributions de complaisance. Entretien avec un défenseur des droits qui n’a pas froid aux yeux…
Le Témoin : Quel commentaire faites-vous du départ tant réclamé du receveur des domaines de Guédiawaye Daouda Diallo ? Un départ que vous ne cessiez de demander…
Babacar Mbaye Ngaraf : D’abord, permettez moi de remercier très chaleureusement le président de la République Macky Sall d’avoir donné une suite tardivement favorable à notre vieille et douloureuse doléance voire revendication à savoir le départ du receveur Daouda Diallo, chef du bureau des domaines de Guédiawaye. Ce limogeage du tristement célèbre receveur Daouda Diallo ne doit pas être un ouf de soulagement. Car, des années durant, ce chef de bureau des domaines a fait beaucoup de victimes au sein de la population de Guédiawaye dont des pères et mères de famille qui étaient persécutés, menacés, expulsés et dépossédés de leurs biens fonciers. Si, en politique, on connaissait jusque là le « Machiavélisme » c’est-à-dire la doctrine de la ruse, l’absence de scrupules moraux, la mauvaise foi, on connait désormais le « Daoudisme » qui est la doctrine du braquage foncier audacieux. Et le receveur Daouda Diallo, qui s’identifie à sa propre doctrine, est un individu qui n’a foi en rien et ne respecte aucune loi ; et qui a contrario suit ses propres règles et ses intérêts personnels. Il est vrai que les membres du Collectif des victimes dont je suis le coordinateur se félicitent du départ de Daouda Diallo, mais ne sont pas encore soulagés !
Pourquoi ne l’êtes-vous pas alors que de départ de Daouda Diallo devait vous faire pousser un ouf de soulagement ?
Jamais ! Daouda Diallo a commis beaucoup de dégâts fonciers à Guédiawaye car il a attribué des terrains d’autrui à ses amis, ses parents et ses clients. Même des activistes et leaders politiques de l’opposition ont bénéficié illégalement des largesses foncières du receveur Daouda Diallo. Une manière pour lui de protéger demain ses arrières en cas de changement de régime. Suivez mon regard…Et si le président Macky Sall veut suivre mon regard, je suis prêt à l’orienter vers toutes les personnes à qui le désormais chef du bureau des domaines de Guédiawaye a illégalement attribué des terrains. Je sollicite une audience au président de la République non seulement pour lui remettre cette liste des attributaires mais aussi pour qu’il m’assiste au niveau de la Justice afin que toutes les victimes soient rétablies dans leurs droits. Et surtout pour l’annulation des attributions actuelles de manière illégale, l’audit sans délai du Plan d’urbanisme de Détail (Pud), l’aboutissement de la plainte déposée devant l’Office national de Lutte contre la Fraude et la Corruption (Ofnac) et l’annulation également des attributions de complaisance du lotissement Beydi Sèye. Au nom de tous mes compagnons victimes de Daouda Diallo, je suis plus que jamais engagé pour la satisfaction de toutes ces revendications. En collaboration avec le collectif, toutes les populations vont se mobiliser à travers des manifestations et sit-in pour la tenue d’un procès du foncier à Guédiawaye. Vous savez, le Sénégal a sa Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), ses chambres criminelles, son Tribunal du commerce, ses tribunaux militaires etc… Avec l’affaire Daouda Diallo, je vais me battre pour la création d’un Tribunal foncier au grand bonheur de tous les citoyens spoliés de leurs terres. Dans l’histoire administrative de notre pays, un collectif de victimes n’a jamais porté le nom d’un fonctionnaire. Donc, le cas du désormais ex-chef du bureau des domaines de Guédiawaye est une triste grande première ! Pour en revenir à votre question, notre soulagement n’interviendra qu’après la satisfaction totale de ces revendications dont je viens de faire état.
Avez-vous réellement porté plainte contre Daouda Diallo pour que justice soit faite ?
Evidemment ! Vous savez, le Sénégal a la chance d’avoir une administration centrale très bien organisée, très hiérarchisée, mais malheureusement cette chaine connait des dysfonctionnements à cause des maillons faibles de la corruption. Car, ces maillons faibles ne remontent jamais les informations à la hiérarchie. Or, dès le début des agissements de Daouda Diallo, j’ai saisi tour à tour, par ordre hiérarchique, le préfet de Guédiawaye, le gouverneur de Dakar, le chef du Centre des services fiscaux de Guédiawaye, le directeur général des Impôts et Domaines, le ministre des Finances et du Budget et le président de la République. Depuis des années, aucune de mes plaintes et lettres de dénonciation n’a connu une suite favorable, même pas un accusé de réception ! D’ailleurs, c’est une occasion de remercier encore le président de la République Macky Sall et son tout nouveau ministre des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba, d’avoir relevé de ses fonctions le receveur Daouda Diallo. En prenant cette mesure conservatoire salutaire, le président de la République montre sans doute qu’il n’a jamais été au courant de la criminalité foncière qui sévit à Guédiawaye. Un état de fait déplorable qui peut être dû au fait que Daouda Diallo bénéficiait d’une solidarité de corps. Mais moi, je préfère parler plutôt de complicité de corps dans toutes les structures de l’Etat. Comme ce fut le cas du projet de la Cité Ndiobène de Guédiawaye dont la régularisation par voie de bail est une œuvre de Son Excellence Monsieur le président de la République Macky Sall. Une initiative ô combien noble et humanitaire que les populations avaient appréciée à sa juste valeur. Malheureusement, tout a été remis en question par les pratiques nébuleuses et agissements frauduleux du receveur Daouda Diallo. Ce alors que depuis 2015, d’honnêtes chefs de famille, dignitaires religieux, fonctionnaires à la retraite, immigrés et autres gorgorlous ont emprunté la procédure normale de régularisation de leurs parcelles de terrain sises Cité Ndiobène. Au bout de ce long processus, certains ont pu obtenir des baux approuvés tandis que d’autres sont toujours dans l’attente de l’avis de la Commission de contrôle des opérations domaniales(Ccod). Daouda Diallo avait profité de cette situation pour déposséder les propriétaires et ayants-droit leurs parcelles en avançant des arguments puérils avant de finir par leur réclamer six (6) des seize (16) lots appartenant à des individus différents. Conscient de notre incapacité à le confondre pour cette forfaiture gravissime, faute de témoins ou de preuves (si ce n’est Dieu l’Omniprésent, le Meilleur des témoins), Daouda Diallo nous avait fait payer notre résistance à son chantage en nous excluant de ces mesures de régularisation ordonnées par le président de la République très attaché à sa politique sociale. Parce qu’à chaque fois qu’on interpellait l’ancien receveur Daouda Diallo, il versait dans la manipulation et les atermoiements en brandissant comme arguments tantôt « je régularise des occupations et non des terrains nus » ou alors que « ces terrains se trouvent dans l’école » avec toujours comme arguments supplémentaires « Mbaye Ngaraf a des centaines de terrains par chantage. Heureusement, il n’a jamais publié la liste de parcelles m’appartenant à moi, Babacar Mbaye Ngaraf. Pourtant, il était mieux placé pour le faire en sa qualité de receveur et tout puissant chef du bureau des Domaines de Guediawaye.
Quels sont les projets où des propriétaires légitimes ont été dépossédés de leurs terres ?
Ils sont nombreux ! Et parmi ces principaux projets où de pauvres ayants-droit ont été spoliés, celui du lotissement « Beydi Sèye » — du nom de l’ancien défunt maire d’une commune de Guédiawaye — qui avait pour but d’attribuer des terrains à des familles démunies sans toit. De même que les projets Brt, Cité de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums), Cité Ndiobène où des attributions faites à des gorgorlous ont été annulées par Daouda Diallo avant d’être réattribués aux membres et recommandés de sa clientèle. Et le plus grand scandaleux foncier sous l’ère Daouda Diallo, c’est le projet du Tribunal de grande instance (Tgi) de Pikine Guediawaye. Une construction initialement et officiellement prévue sur une superficie de 29.000 m2 par décret présidentiel portant affection foncière. Le triste ex-receveur Daouda Dialla a frauduleusement prélevé 9.000m2 sur l’assiette du Tgi pour ensuite les morceler en 36 parcelles attribuées à une tierce personne. Un vrai détournement d’objectif sur fond de micmac foncier qui ne restera pas impuni. D’ailleurs, je profite de l’occasion pour lancer une alerte à toutes les populations de Guédiawaye et aux victimes de Daouda Diallo à être prêtes pour une mobilisation de grande ampleur devant la direction générale des Impôts et domaines à une date qui sera communiquée.