OPA DES FISCALISTES «MARRON-BEIGE» SUR LES SOCIETES NATIONALES JUTEUSES !
La Banque Agricole, la Banque nationale de développement économique (Bnde), la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) et la société nationale La Poste ont à leur tête des inspecteurs des Impôts et Domaines

Quel est le point commun entre la Banque Agricole, la Banque nationale de développement économique (Bnde), la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) et la société nationale La Poste ? Elles ont toutes à leur tête des inspecteurs des Impôts et Domaines ? Banco !
Depuis quelques mois, l’essentiel des nominations à la tête des sociétés nationales ou des structures publiques bénéficie effectivement à des agents de ce corps déjà parmi les mieux payés et les plus privilégiés de la Fonction publique. Or, subitement, on assiste à une accélération de la cadence de propulsion de ces fonctionnaires d’une des principales régies financières de l’Etat à la tête de ces boîtes sur-liquides à l’exception de La Poste qui, elle, est plutôt en cessation de paiement. Cette accélération semble intervenir depuis que M. Amadou Ba a été nommé Premier ministre en septembre dernier. Or, M. Bâ lui-même est un membre éminent de ce corps et a même occupé les fonctions de directeur général des Impôts et Domaines avant d’être promu ministre de l’Economie et des Finances. Un poste stratégique où il a été remplacé au bout de quelques années par M. Abdoulaye Daouda Diallo, lui aussi inspecteur des Impôts et Domaines ! D’ailleurs, ce poste de grand argentier de l’Etat avait fini par être considéré par les agents de ce corps comme leur revenant de droitsi bien qu’ils ont accueilli très fraichement — c’est le moins que l’on puisse dire ! — la nomination de l’excellent Mamadou Moustapha Ba comme ministre de l’Economie et des Finances. L’actuel titulaire du poste étant un ingénieur de la planification, les inspecteurs des Impôts et Domaines considèrent mezza voce qu’on leur a pris leur dû ! Et si donc Amadou Ba a été promu Premier ministre, Abdoulaye Daouda Diallo, lui, s’est retrouvé à la direction du cabinet du président de la République, la fonction la plus importante qui puisse être dans un régime présidentiel, son titulaire étant en contact direct et quotidien avec le président de la République dont il gère l’agenda mais aussi ayant la haute main sur la plupart des services névralgiques de l’Administration. Certes, Amadou Ba et Abdoulaye Daouda Diallo sont comme chien et chat mais ils s’entendent au moins sur l’impératif de promouvoir à toutes les stations juteuses de ce pays des membres de leur même corps ! Cette OPA desfiscalistes à la tête des banques et structures financières en particulier commence à faire jaser puisque, à la BNDE et à la Banque Agricole notamment, les nouveaux directeurs généraux remplacent des banquiers professionnels ayant blanchi sous le harnais et totalisant individuellement au moins plus de 30 ans de services. Et si, dans la première structure, le DG sortant a atteint l’âge de départ à la retraite, à la BA, l’entrant est plus âgé que celui qu’il remplace ! Un sortant qui, avantage supplémentaire, était un ingénieur agronome avant d’embrasser une carrière de banquier. Autrement dit, il avait incontestablement le profil de l’emploi s’agissant de diriger un établissement dédié au monde rural.
De manière générale, que ce soit dans ces deux banques ou à la Caisse des dépôts voire à La Poste, il existait des profils plus adaptés que ceux des inspecteurs des Impôts et Domaines nommés aux commandes de ces structures publiques. Qui plus est, en raison de la nature particulière de ces établissements qui travaillent tous avec l’argent de déposants, il n’est pas indiqué qu’ils soient dirigés par des personnes politiquement exposées (Ppe), comme on les appelle, c’est-à-dire des politiciens !
Fiscalistes « marrons-beiges »
Or, les nouveaux DG de la CDC, de La Poste, de la BA et de la BNDE, en plus d’être des inspecteurs des Impôts et Domaines, sont tous des responsables du parti présidentiel, c’est-à-dire de l’Alliance Pour la République (APR) ! Bien évidemment cette politisation des banques et des établissements financiers nationaux a de quoi inquiéter au point que certains se demandent ce qu’attend la Commission Bancaire d’Abidjan pour mettre le holà. Un redéploiement des cadres fiscalistes dans d’autres structures qui a pour effet de dégarnir la maison DGID sise rue de Thiong. Résultat : une stagnation voire une baisse des recettes issues de la fiscalité intérieure. D’ailleurs, le chef de la délégation du FM qui vient de séjourner dans notre pays a déclaré mardi dernier, en parlant de la situation des finances publiques, que « les recettes fiscales ont été légèrement inférieures aux prévisions ». N’allez pas chercher trop loin la cause de cette contre-performance !
Au-delà, il est permis de se demander si cette mainmise de fiscalistes sur des établissements brassant beaucoup de milliards n’obéirait pas à un agenda politique à peine caché de l’actuel Premier ministre qui voudrait ainsi se donner des moyens supplémentaires de réalisation de ses ambitions politiques. Des inspecteurs des Impôts et Domaines qui, pour mieux réussir leur objectif de conquête du pouvoir politique suprême, n’ont pas mis tous leurs œufs dans le même panier. C’est ainsi qu’on y trouve autant de membres de la mouvance présidentielle que… de membres de Pastef, le leader de ce parti, Ousmane Sonko, lui-même étant un inspecteur des Impôts et Domaines.
Entre « Apéristes » et « Pastéfiens », la maison DGID vogue décidément dans des eaux…politiques ! Mais bon, l’essentiel, doivent se dire les inspecteurs des Impôts et Domaines, n’est-il pas que, comme disait l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, « on gagne ou on gagne » !