L’ETUDIANT OUSSEYNOU DIOP DEVANT LE JUGE CORRECTIONNEL AUJOURD’HUI
L’étudiant en maths-physique Ousseynou Diop arrêté au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo pour avoir fait un post sur sa page Facebook approuvant l’attentat, sera face au juge correctionnel aujourd’hui.

L’affaire, appelée le 26 décembre dernier, avait été renvoyée au 08 janvier du fait que de nouveaux avocats s’étaient constitués. Il fallait donc leur donner le temps de s’imprégner du dossier. Cependant la liberté provisoire plaidée par la défense avait été refusée au prévenu.
Sauf revirement de dernière minute, l’étudiant Ousseynou Diop fera face au juge correctionnel aujourd’hui. Poursuivi pour actes et menaces terroristes, Ousseynou Diop est détenu depuis décembre 2015. Il avait été interpellé suite à une dénonciation des autorités françaises qui s’étaient offusquées du post sur sa page Facebook approuvant les actes commis dans les locaux du journal satirique « Charlie hebdo » et qui avaient fait une quinzaine de morts.
Suite donc au signalement de l’ambassade de France à Dakar, le jeune étudiant avait été arrêté et jeté en prison. Autrement dit, il est incarcéré depuis plus de trois ans. Face à cette situation, sa maman a sollicité l’appui de la société civile pour que son rejeton puisse recouvrer la liberté. Depuis, l’Ong Jamra a pris son bâton de pèlerin pour solliciter non seulement le jugement de l’étudiant en maths- physique mais aussi son élargissement pour lui permettre de continuer ses études supérieures. Les plaintes et complaintes des partisans de Mame Mactar Gueye mais aussi d’autres secteurs de l’opinion nationale ont finalement été entendues par la justice qui a programmé le jugement d’Ousseynou Diop le 26 décembre dernier. A cette date, l’affaire a fait l’objet d’un renvoi comme on l’a vu. Certains avocats de la défense nouvellement constitués avaient sollicité le renvoi pour mieux s’imprégner du dossier. Le juge n’y ayant vu aucun inconvénient avait accédé à leur requête. La défense en avait profité pour plaider la liberté provisoire en faveur de l’étudiant. Les robes noires avaient soutenu qu’il n’y a plus de risque de troubles à l’ordre public.
Selon Me Assane Dioma Ndiaye, le dossier d’Ousseynou Diop a atterri en correctionnelle alors que le prévenu risquait d’être jugé devant la chambre criminelle à formation spéciale habilitée à connaître des dossiers en lien avec le terrorisme. Argumentant devant le juge correctionnel, le président de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme avait dit que le préjudice déjà subi du fait de sa longue détention a largement couvert les faits pour lesquels Ousseynou Diop est poursuivi tels que prononcés par le magistrat instructeur dans son ordonnance de renvoi. Le représentant du parquet ne s’était pas opposé à la liberté provisoire sollicitée par la défense. Cependant, à la surprise générale, le tribunal avait refusé d’accorder la LP demandée avant de renvoyer le procès au 08 janvier.
Me Assane Dioma Ndiaye n’avait pas caché son étonnement et, à la sortie de la salle d’audience, il s’était expliqué en ces termes. « C’est une surprise, puisque le procureur de la République ne s’est pas opposé à cette demande. Et comme nous l’avons rappelé, en matière correctionnelle, le mandat de dépôt ne peut pas dépasser six mois. Cette longue détention s’explique par le fait que notre client était, au départ, poursuivi pour une affaire criminelle, mais aujourd’hui l’affaire est correctionnalisée. Et au regard de la détention qu’il a déjà faite malheureusement, le tribunal estime que le trouble à l’ordre public ne s’est pas encore dissipé, ce qui pose problème, car nous sommes dans une dynamique de contestation. Nous plaidons la présomption d’innocence. L’apologie du terrorisme est au centre du dossier. Pour la défense, c’est un préjudice qu’a subi le prévenu. On ne peut pas poursuivre pour actes de terrorisme ou apologie du terrorisme, alors que vous n’avez aucune preuve concrète » avait expliqué Me Assane Dioma Ndiaye. Rendez-vous est donc pris pour aujourd’hui.