OUSSEYNOU DIOP BENEFICE D’UNE LIBERTE PROVISOIRE
L’étudiant Ousseynou Diop, âgé de 24 ans, a comparu hier à l’audience des flagrants délits du tribunal de grande instance de Dakar.

Ce pour répondre des faits d’apologie du terrorisme. Il a bénéficié d’une liberté provisoire après avoir passé plus de trois ans en prison. Son affaire est mise en délibéré pour le 22 janvier prochain.
Attrait hier à la barre de la chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Dakar pour le délit d’apologie du terrorisme suite à une dénonciation des autorités françaises qui s’étaient offusquées d’un de ses posts sur sa page Facebook, l’étudiant en math-physique de l’Ucad, Ousseynou Diop, a pu enfin s’expliquer sur ce dont il est accusé. Ce après plus de trois ans de détention préventive.
A la barre, le prévenu a nié les faits qui lui sont reprochés. « Je n’ai jamais fait de l’apologie du terrorisme, je ne savais même pas ce que veut dire apologie avant d’aller en prison ». Son fameux commentaire posté sur une page Facebook était ainsi libellé « Je suis très content de l’attentat parce que vous ne devez pas oublier ce que Charlie Hebdo avait fait au prophète Mohamed, vous, les Français, vous êtes maudits. Vous méritez cela après ce que vous avez fait à Coulibaly ». Trois jours après son commentaire, le chef de la police nationale avait demandé à ce que l’auteur du post signé « Ousseynou Weus » soit identifié. C’est ainsi que la division des investigations criminelles a interpelé l’étudiant. « Je ne croyais qu’aux chiffres et aux théorèmes qui existaient dans mon environnement », a-t-il soutenu.
C’était une blague qui m’a poussé à faire un commentaire sur l’attentat qui avait été commis lors du match Angleterre-France. Je ne savais pas que ce petit commentaire pouvait me faire perdre tout ce temps », a déploré le jeune prévenu. L’étudiant qui rêvait de devenir ingénieur en génie civil a perdu trois longues années en prison. Selon le père du prévenu, il n’a perdu de vue son fils que pendant son incarcération. A en croire le ministère public, le prévenu a reconnu les faits à l’enquête préliminaire et à l’information judiciaire. Il a utilisé un outil informatique qui est un support Facebook accessible au public. La première condition de l’apologie c’est la publicité. Le représentant du paquet parle de provocation étant donné que le prévenu s’est glorifié de l’acte. Il a prédit dans son commentaire un attentat lors du match Nice-Lyon.
Pour la répression, le procureur a requis trois ans de prison ferme. Avocate de la défense, Me Anta Mbaye a déploré le fait que le prévenu a fait une détention préventive de 3 ans. Mieux, soutient la robe noire, on a fait peu de cas du droit de la défense et de la présomption d’innocence. A en croire l’avocat, c’est la France qui a demandé qu’on poursuive l’étudiant. Ce alors que la même jurisprudence en France a vu un prévenu coupable de faits d’apologie être condamné à 6 mois de prison assortis du sursis. Un jugement au tribunal des flagrants délits! Il s’y ajoute que, selon l’avocat, le délit n’est pas constitué, l’élément moral manque dans le dossier. Pour Me Alassane Dioma Ndiaye, si on était en France, ce dossier d’Ousseynou Diop n’allait pas atterrir au tribunal correctionnel. Il parle d’incohérence du dossier. « On ne peut pas appliquer une loi antérieure aux faits. Facebook est un cadre privé, on échange avec ses amis et rien n’est public », a soutenu le président du Conseil sénégalais des droits de l’homme. Selon lui, l’apologie est un discours rationnel qui s’articule avec des moyens. La défense a sollicité le renvoi de l’étudiant des fins de la poursuite sans peine ni dépens ou, une liberté provisoire de l’étudiant au cas où l’affaire serait mise en délibéré. A l’arrivée, le juge a ordonné la liberté provisoire du prévenu Ousseynou Diop. Quant à l’affaire, elle est mise en délibéré pour le 22 juillet.