DES FAILLES DANS LA GESTION DE L'AUTOROUTE À PÉAGE
Le rapport de l’étude d’évaluation socio-économique et environnementale de l’exploitation de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio-Aibd révèle un montage financier considérable au bénéfice du titulaire de la concession Seeca Sa

L’état du Sénégal ne tire pas profit du partenariat public privé qui le lie à l’entreprise Senac SA devenue Seeca Sa, sur la construction et l’exploitation de l’autoroute Dakar-Diamniadio-Aibd financée à hauteur de 380,2 milliards Fcfa. Dans une étude rendue publique hier devant la presse, des experts regroupés autour du Collectif Citoyen des usagers de l’Autoroute à péage (Ccuap) ont dénoncé un montage financier de la part de Senac SA qui est seul bénéficiaire des rendements de l’autoroute.
Le rapport de l’étude d’évaluation socio-économique et environnementale de l’exploitation de l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio-Aibd révèle un montage financier considérable au bénéfice du titulaire de la concession Seeca Sa (dont le capital est détenu par Eiffage Sa). Un déséquilibre important entre la subvention étatique et les fonds propres engagés par Eiffage qui remet profondément en cause l ́équilibre financier recherché dans le cadre des contrats de partenariat public privé. En effet, le rapport révèle que pour «un coût d’investissement de 138 milliards FCFA, la subvention de l’Etat s é́ lève à 77,6 milliards Fcfa contre 61 milliards FCFA qui représente l’apport de Eiffage». Ce qui constitue un grand déséquilibre entre le montant de la subvention publique et le montant du financement privé. D’après toujours le rapport, Eiffage n ́a investi que 20,8 milliards de FCFA en fonds propres, le reste de sa contribution financière étant pris en charge par les partenaires privés, notamment les banques.
En plus de cet investissement, l’Etat du Sénégal apporte un concours financier sous forme de subvention d’investissement à hauteur de 77 673 025 000 FCFA qui est sujet à des pénalités en cas de retard dans la mise à disposition des fonds qui, elle, se situe entre 10% et 15%. Par ailleurs, le rapport révèle que le niveau élevé de la subvention de l ́Etat combiné à d ́autres aspects du contrat de concession comme le niveau élevé des tarifs montre clairement que le concessionnaire a été avantagé par rapport à l É tat. Qui plus est, il ressort de l’analyse financière une augmentation des recettes qui s’explique par la hausse du trafic qui dépasse les prévisions les plus optimistes.
Les experts du Ccuap ont relevé également des charges d’exploitation de 56.526 millions FCFA à la fin alors qu’il était prévu un montant de 36.652 millions FCFA, soit une hausse de 19.874 millions FCFA. Face à cette situation, ils exigent des explications de la part des autorités de la SECAA Sa. Sur un chiffre d’affaires de 143.757 millions FCFA, ils évaluent les charges d’exploitation à 56.526 millions FCFA, des impôts et taxes à 28.021 millions de FCFA et la masse salariale à 5.100 millions de FCFA. D’où un bénéfice de 10.677millionsde FCFA.
Suffisant pour que les experts (initiateurs de ce rapport) soutiennent que «l’ingénierie financière d’Eiffage SA est classique et banale, et la firme tire son profit non pas sur le résultat net, mais sur les charges d’exploitation avec les types d’investissements qu’elle propose à l’autorité». Ce qui revient à dire que les autorités de SECAA Sa proposent les investissements à faire à l’Etat qui se contente de les valider.