LA SOCIETE ICS TRAINEE PAR SES EMPLOYES ET EX-EMPLOYES DEVANT LA JUSTICE
« Actions frauduleuses sur les actions des employés des Industries chimiques du Sénégal, fraudes sur l’opération d’achat de ladite société et sur les recettes Ics utilisées pour acheter l’entreprise en question ».

Ce sont là les griefs soulevés par l’association des employés et ex-employés actionnaires des Ics contre la société minière, au cours d’un point de presse tenu ce jeudi 24 janvier à la mairie de Tivaouane. Une affaire qui sera jugée ce lundi 28 janvier au tribunal du commerce de Dakar.
Au cours de rencontre, le président de l’association des employés et ex-employés actionnaires des Industries chimiques du Sénégal (Ics), Demba Ba, a renseigné que « la Société financière internationale (Sfi) du Groupe de la Banque Mondiale avait, en 2002, cédé de manière préférentielle, aux employés des Ics, les 32763 actions qu’elle détenait dans le capital des Ics, valorisées alors à 327 millions de FCFA. La quasi-totalité du personnel (Dg, ouvriers, cadres) avait alors souscrit avec un minimum requis de 15 actions ». Il précise que « la plupart des ouvriers et employés, sans épargne et sans ressources, ont, malgré leurs contraintes de dépenses familiales de subsistance, fait le sacrifice d’emprunter pour acheter leurs actions. Dettes déduites de leurs salaires sur plusieurs périodes, faisant ainsi la preuve de leur attachement indéfectible à leur entreprise ».
L’opération, à en croire les employés et ex-employés actionnaires des Ics, « a connu un tel succès que pour 32763 actions proposées, 38 405 étaient demandées par les travailleurs, soit un taux de sursouscription de 117 % (supérieur à celui, emblématique, de la Sonatel lors de sa privatisation) ». Et de poursuivre : « par la suite, la valeur de ces actions du personnel a augmenté de 327 millions à 362 millions de FCFA, du fait des importants bénéfices de l’entreprise mis en réserve puis repartis entre les actionnaires (18 à 20 milliards de FCFA par an avant le projet de doublement de la production de 2000, soit un potentiel bénéficiaire de 50 milliards FCFA annuels, si les recettes export ne sont pas détournées) ». En 2008, note Demba Ba, « profitant de la confusion autour des tentatives (infructueuses) de la bande à Jérôme Godard de prendre le contrôle de l’usine d’engrais de Mbao, la nouvelle Direction générale à spolié, entre autres, tous les actionnaires salariés, avec la complicité du soi-disant repreneur. Demba Ba assure que « les salariés n’ont jamais approuvé les décisions frauduleuses prises en totale violation de la loi OHADA, prises lors de l’assemblée générale. Le droit préférentiel de souscription n’a pas non plus été respecté ». D’ailleurs, ajoute-t-il, « le coup de force de la Direction générale (Dg et Pca, complices) a été dénoncé par d’autres actionnaires (le bailleur de fonds BID, la banque SGBS et la RCI, notamment, qui ont voté contre les résolutions spoliatrices) ».
Fraudes sur l’opération d’achat de la société minière
Selon le président de l’association des employés et ex-employés actionnaires des Industries chimiques du Sénégal, « la Direction générale a fait créer de toutes pièces des sociétés-écran dans des paradis fiscaux offshore (Senfer Africa et Senfer investment à Chypre et à Jersey) pour faire le ‘’portage’’, de concert avec la société indienne Archean ». Des actions Ics « nouvellement et illégalement créées », dit-il. Avant d’indiquer : « ces trois sociétés, qui n’avaient été créées que pour cette raison, ont d’ailleurs disparu rapidement avec l’arrivée du nouveau repreneur Indorama, soi-disant indonésien mais en réalité une société dirigée par des Indiens ». A en croire toujours Demba Ba, « le Directeur général des Ics et ses complices ont non seulement escroqué les employés actionnaires » mais aussi « doublement escroqué le Sénégal de plusieurs milliers de milliards FCFA sur la durée de vie de 30 ans d’exploitation de la mine de phosphate actuelle de Tobène ». D’ailleurs, renseigne-t-il, « l’enquête des Panama Papers a confirmé que c’est la société indienne Archean, (qui a été introduite dans le circuit par le PCA/ICS et DG/IFFCO), qui a servi de prête-nom, pour faire le ‘’portage’’ des 99 995 Euros du capital de Senfer investment. Et dès que Indorama a racheté les ICS (en contrepartie du versement de quelque 29 milliards de FCFA), elle a disparu, après avoir empoché, pour lui et ses mandats, le juteux pactole, alors qu’il était censé faire un investissement durable en achetant ladite société ».
Fraudes sur les recettes des Ics utilisées pour acheter les Ics
« Le Pca et son complice, le Dg de la boite, avaient obtenu un financement-relais auprès de la Bank Of India (BOI), contre une domiciliation des recettes d’exploitation des Ics alors qu’à cette date, l’Etat du Sénégal détenait encore près de 50 % du capital », accuse encore Demba Ba. Il informe que « c’est la somme de quelque 29 milliards de FCFA de recettes export Ics détournée qui a servi à financer l’achat des Ics ». L’affaire sera évoquée ce 28 janvier 2019 au tribunal du Commerce de Dakar.