L’APPORT DU SECTEUR EXTRACTIF DANS LES CAISSES DE L’ETAT SERA MINIME
Selon le document consulté par «L’As», le secteur offshore n’apportera aucune contribution significative aux finances publiques du Sénégal. Mieux, faiton savoir, les revenus atteindront à peine 2% du budget annuel, et pas avant les années 2030

Selon une analyse financière réalisée par la Société Open Oil et publiée sur son site internet, l’effondrement à court terme des prix en 2020 et les anticipations à long terme de déclin structurel dû à la transition énergétique ont mis en doute tout développement au-delà des étapes initiales annoncées. De ce fait, concluent-ils dans leur rapport, la contribution du secteur extractif aux finances publiques sera minime.
Alors que les députés s’attellent depuis plus d’une semaine au vote du budget, au titre de l’exercice budgétaire 2021, des différents ministères, Abdoulaye Daouda Diallo et Amadou Hott doivent avoir de quoi s’inquiéter. Car, au moment où le gouvernement continue de faire le pari sur l’exploitation prochaine du pétrole et du gaz pour arriver à une transformation structurelle de son économie, une étude réalisée par la Société Open Oil démontre le contraire.
Selon le document consulté par «L’As», le secteur offshore n’apportera aucune contribution significative aux finances publiques du Sénégal. Mieux, faiton savoir, les revenus atteindront à peine 2% du budget annuel, et pas avant les années 2030. En outre, l’analyse montre que les revenus pétroliers et gaziers ne peuvent pas alléger la dette publique du Sénégal d’environ 15 milliards de dollars. Et cela, renseigne-t-on, même si le secteur peut valoir 1 milliard de dollars en valeur actuelle nette totale, cette somme ne représente que moins d’un an de service de la dette actuelle. Sous un autre rapport, l’analyse montre également que la compagnie pétrolière publique sénégalaise, Petrosen, aurait besoin d’emprunter plus d’un milliard de dollars pour exercer pleinement son droit à la prise de participation dans le champ de Sangomar et Grande Tortue Ahmeyim (GTA), et ce, avec de l’énergie.
Non sans rappeler qu’il existe des scénarios réalistes dans lesquels Petrosen ne gagne jamais assez pour rembourser les prêts. « L’exercice du droit de participation contractuel du Sénégal pour sa compagnie pétrolière publique Petrosen expose le Sénégal à plus d’un milliard de dollars de dettes supplémentaires. Il existe un risque important que ces prêts ne soient jamais accordés, ce qui en fait des investissements déficitaires», nous apprennent les analystes de la Société Open Oil.
Par ailleurs, ce rapport qui vise à appliquer l’analyse économique classique du projet à l’impact de l’énergie transition et Covid-19 sur le Sénégal, en tant que futur pays producteur de pétrole, fait noter que la fenêtre de temps pour développer de nouvelles découvertes est probablement déjà fermée. Cela s’applique, indique-t-on, aussi bien au gaz qu’au pétrole, malgré son rôle de transition, car les marchés du gaz naturel liquéfié (GNL) devraient désormais être structurellement excédentaires la prochaine décennie.
Dans le cas du projet Grande Tortue Ahmeyim (GTA), signale l’étude de 28 pages, les investisseurs pourraient se livrer à des formes d’arbitrage pour améliorer leur situation financière soit par des accords autour du traitement du GNL qui doivent encore être conclus, ou des accords de vente. «L’un ou l’autre de ces cas peut réduire les revenus futurs du Sénégal par rapport au scénario de base», informe le document.