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LES AFRICAINS VEULENT RÉPÉTER L'ERREUR COMMISE PAR L'EUROPE EN CALQUANT LEUR PROJET DE MONNAIE UNIQUE SUR L'EURO

Le FMI est une agence du coloniaslisme. Nous n’avons pas de monnaies nationales dans le Sud. Il y a, dans les pays en voie de développement, beaucoup d’illusions sur une politique de crédit offensive - Entretien avec Samir Amin

Publication 12/10/2021

Le texte ci-dessous est une version éditée d’une interview de Samir Amin (1932-2018) que Ndongo Samba Sylla a menée en préparation de son livre sur le franc CFA coécrit avec la journaliste française Fanny Pigeaud. L’entretien a duré un peu plus d’une heure (une version audio est disponible). Les échanges ont porté principalement sur la proposition de réforme du franc CFA en Afrique de l’Ouest que Samir Amin avait élaborée à la demande du président nigérien Hamani Diori à partir de 19693.

Parmi les sujets connexes abordés dans ce riche entretien : l’expérience du Mali en dehors de la zone franc (1962-1967), le projet d’intégration économique entre le Mali, la Guinée et le Ghana au début des années 1960, les limites de la monnaie unique de la CEDEAO et de l’euro dont elle s’inspire, la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le rôle jusque-là plutôt passif des intellectuels africains francophones dans la lutte pour l’émancipation économique et monétaire, etc. 

Eu égard aux débats actuels sur le franc CFA et l’intégration monétaire en Afrique de l’Ouest, nous pouvons retenir la leçon suivante de Samir Amin : « On ne résout pas les problèmes économiques par des moyens monétaires. On ne résout pas la question des moyens économiques sans disposer de l’outil monétaire. La monnaie n’est pas la clé du problème. C’est un outil. La clé, ce sont les choix en matière de politique économique et sociale. La monnaie est au service de ces choix. Si elle est au service des choix libéraux, c’est autre chose. »

Première partie.

Peux-tu revenir sur le projet de réforme que tu avais soumis à Hamani Diori ?

Hamani Diori connaissait mes écrits au sujet des États africains nouvellement indépendants. Il m’avait invité à échanger avec lui. Sa question a été la suivante : est-ce que la zone CFA [en Afrique de l’Ouest] ne devrait pas et ne pourrait pas être réformée de manière que les États africains puissent avoir une marge leur permettant de contrôler le crédit et de l’orienter vers des activités que nous jugeons plus utiles au développement ?Ma réponse a été : des réformes sont toujours possibles, elles sont presque toujours souhaitables ; aucun système n’est parfait et celui-là bien moins que d’autres. Ce système est un système colonial. Je n’utilise pas ce terme pour être méchant avec les Français. Ce système n’a rien changé à celui qui existait à l’époque coloniale, à savoir que la BCEAO (Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) est un institut d’émission, mais pas une banque centrale, même si on a changé son nom.

D’un côté, l’institut d’émission émet des CFA uniquement contre des francs, ce qui signifie que le franc CFA n’est rien d’autre que du franc français avec un dessin différent. D’un autre côté, les pays qui utilisent le franc CFA sont totalement intégrés avec l’économie française. Ils ont hérité cela de l’époque coloniale, avec l’installation de banques françaises. La situation demeure, même s’il est aujourd’hui autorisé à d’autres banques de s’installer dans la zone. Mais ce sont pratiquement de grandes banques françaises qui continuent de dominer le paysage bancaire. À l’époque, elles n’avaient pas de succursales africaines et commençaient tout juste à en avoir, comme avec Bicis/BNP. Par conséquent, elles n’ont aucun problème de liquidités parce que si elles en manquent, elles les font venir de leur siège français. Et si elles ont trop de liquidités, elles les envoient en France. Donc, aucune politique de crédit n’est possible, aucune politique nationale de crédit. Et ne pouvoir faire aucune politique n’est pas une bonne chose.Maintenant, attention aux illusions.

On peut faire une bonne politique de crédit ou faire une mauvaise politique de crédit – ai-je dit à Hamani en rigolant. De même qu’on peut faire une bonne politique quand on a un État indépendant, on peut aussi faire une mauvaise politique intérieure ou internationale. Mais vous avez le droit d’être indépendant. Vous l’avez conquis. Vous avez donc le droit de faire la politique que vous voulez, même mauvaise.J’ai aussi fait savoir à Hamani que je suis de ceux qui ne croient pas à l’efficacité prétendue des politiques de crédit que la théorie économique conventionnelle postule. La théorie économique conventionnelle donne aux politiques de crédit une puissance qu’elle n’a pas, à mon avis, dans le capitalisme. Nous sommes dans le capitalisme. Je ne parle pas d’un autre système imaginaire. Parce qu’il n’y a pas une offre et une demande de monnaie indépendantes l’une de l’autre, comme on pourrait imaginer qu’il y en a pour l’offre et la demande de mil ou de bicyclettes. La demande de monnaie crée son offre et c’est la raison pour laquelle le quantitativisme a toujours été scientifiquement sans fondement.

L’économie conventionnelle, pour ne pas dire bourgeoise, est une économie qui cherche à déterminer les prix relatifs des biens les uns par rapport aux autres, en fonction des techniques de production, des équations de production et des équations de la demande, sans monnaie. La monnaie, comme elle existe, doit être introduite. Elle est introduite après coup, sous sa forme la plus bête, c’est-à-dire quantitativiste. Keynes, que l’on considère comme non conventionnel, reste tout à fait conventionnel. Il ajoute simplement une demande particulière : la demande pour la liquidité.Pour Keynes, mieux vaut avoir un bien liquide qu’un bien négociable, comme tous les biens, mais dont le prix est incertain. D’où le prix de la liquidité. Il a donné au taux d’intérêt une raison double.

D’une part, c’est la rémunération du risque de l’investissement et d’autre part, c’est la perte de la préférence pour la liquidité. Mais cela reste une théorie quantitative.Marx a dit et répété que la demande de monnaie est une demande objective. Entre le moment de la production et le moment de la réalisation de leur production, c’est-à-dire celui où ils récupèrent leurs sous, les capitalistes ont besoin de disposer d’un crédit qui leur permette de traverser ce temps. Cette masse calculable, à l’époque, je ne l’avais pas calculée. J’avais juste affirmé dans ma thèse de doctorat en 1957 qu’elle était calculable. Depuis, je l’ai quantifiée dans un modèle très simple, dans La Loi de la valeur4 et surtout dans La Loi de la valeur mondialisée5. On peut donc calculer la masse de crédits nécessaires.Donc, voilà un autre point que j’ai abordé avec Hamani. Je voulais rester sur un langage relativement simple. Hamani n’était pas un économiste.

Quel était et quel est le type de politique de crédit souhaitable ?

Il y a, dans les pays en voie de développement, beaucoup d’illusions sur une politique de crédit offensive,
avec une optique du genre : nous allons affecter les crédits à l’industrialisation, à l’amélioration de la production agricole, à construire des infrastructures, etc. En fait, une politique de crédit doit être véritablement indépendante de la situation de l’économie mondiale. On peut limiter ses effets sur les importations induites en faisant attention à ne pas faire des investissements qui entraînent des importations dépassant nos capacités d’exportation, et qui créent donc un déficit extérieur. On peut également limiter ses effets sur les finances publiques.

Poursuivant, j’ai abordé le cas des pays africains qui ont, semble-t-il, une monnaie nationale, c’est-à-dire une apparence de banque centrale qui s’appelle Banque centrale du Ghana, Banque centrale du Nigeria ou Banque centrale du Kenya, et qui émet une monnaie qui a un nom quelconque et est considérée comme une monnaie nationale. Cette apparence est confortée par le fait que la banque centrale est une institution publique, appartenant à l’État, et qui est théoriquement en relation étroite avec le ministère des Finances, même si son gouverneur a du pouvoir. Mais ce n’est qu’une apparence. Cet aspect était moins visible à l’époque. Il l’est davantage aujourd’hui.

Pourquoi utilises-tu les guillemets quand tu parles des monnaies de ces pays ?

Ces monnaies apparemment nationales fonctionnent dans des pays où les portes sont relativement ouvertes (à l’époque, ce n’était pas tout à fait complètement ouvert) ; avec des banques étrangères qui s’établissent, à l’image des banques anglaises comme la Barclays au Ghana, au Nigeria et au Kenya. Celles-ci sont dans la même situation que les banques françaises en zone franc. Elles peuvent exporter et importer librement. Parfois, il y a des limites : elles doivent déclarer et donner le motif des exportations et des importations, mais on ne les en empêche pas. Et par conséquent, si elles disent « nous avons trop de liquidités ici, nous ne savons pas quoi faire. Nous allons les placer ailleurs », on les laisse faire. Et inversement, si elles n’ont pas assez de liquidités sur place, elles peuvent les trouver en métropole. Par exemple, au Kenya, il peut être rentable pour les banques anglaises de soutenir les éleveurs blancs ou les éleveurs noirs qui veulent améliorer leurs ranchs. Si les liquidités leur font défaut, elles peuvent les importer depuis l’Angleterre.

La situation n’a-t-elle pas évolué depuis lors ?

Aujourd’hui, le Fonds monétaire international (FMI) est ce que j’appelle l’Agence du colonialisme, de l’impérialisme mondial de gestion des monnaies du tiers-monde. Ce n’est rien d’autre. Le FMI ne s’occupe pas des relations entre le dollar, la livre sterling, le deutschemark ou le franc français à l’époque, l’euro aujourd’hui, ou le yen.Ces monnaies sont laissées à la gestion des politiques monétaires de ces pays et à leurs éventuelles négociations entre eux. Ou ces pays se font une guerre monétaire ou ils font la paix monétaire. Ce sont eux qui en décident. Le FMI n’a rien à voir là-dedans. Il ne fait qu’enregistrer leurs décisions. Par contre, concernant les monnaies des pays du Sud, il les gère exactement comme la Banque de France gère le CFA. C’est-à-dire qu’au lieu d’un colonialisme français, il y a un colonialisme général. Et aujourd’hui, le FMI impose l’ouverture totale au motif qu’elle va faire venir les investissements. Ça ne les fait pas venir, sauf pour piller.

Tu veux dire, si je comprends bien, que les pays africains n’ont pas le contrôle de leurs monnaies ?

Oui, nous n’avons pas de monnaies nationales dans le Sud. Nous avons des monnaies coloniales. Est-ce à dire que rien ne peut être fait avant que nous ayons un autre régime politique représentant un autre système que nous appelons socialiste (on l’appellera comme on voudra) ? Dans le cadre d’un tel système, nous aurions une indépendance monétaire, comme nous aurions une indépendance économique et comme nous aurions une indépendance politique. C’est mon opinion. Je l’ai dit à Hamani : c’est ce à quoi nous devrions aspirer, mais nous ne l’aurons pas demain. Je ne suis pas de ceux qui pensent qu’on peut avoir, par une révolution miraculeuse, un pouvoir qui peut assurer tout ça tout de suite. Des réformes sont possibles.

Je lui ai promis d’y réfléchir et de lui envoyer une proposition et une vision sur des réformes possibles.

Quelle a été ta proposition ?

Ma proposition de réforme était fondée d’abord sur la reconnaissance du fait que nous, en zone CFA, ne dépendons pas seulement de la France, mais de l’Europe. Ensuite, nous voulons faciliter et affermir l’intégration intra-africaine, pas seulement des anciennes colonies françaises, d’une part, et des autres, d’autre part, mais des deux, sur une base sous-régionale peut-être, dans une perspective panafricaine. Enfin, nous voulons avoir une marge de politique de crédit dans l’espoir que nous l’utiliserons intelligemment et bien. Nous avons le droit à l’erreur comme les autres. Voilà l’histoire de cette proposition.

À suivre...

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