LES AGRICULTEURS DU BASSIN ARACHIDIER BOYCOTTENT LE PRIX AU KG FIXE PAR L’ETAT ET PREDISENT L’ECHEC DE LA SONACOS
Un échec plus sévère que celui enregistré lors de la saison dernière, c’est ce que prédisent les producteurs d’arachide du bassin arachidier qui expliquent qu’ils ne céderont pas leurs graines au prix fixé par l’Etat, 250frs.

Un échec plus sévère que celui enregistré lors de la saison dernière, c’est ce que prédisent les producteurs d’arachide du bassin arachidier qui expliquent qu’ils ne céderont pas leurs graines au prix fixé par l’Etat, 250frs. En effet, les agriculteurs fixent leurs prix entre 300 et 400frs, « à prendre ou à laisser » selon les zones de productions et estiment que la Sonacos est dans l’obligation d’acheter à ce prix ou rater la campagne de la plus moche des manières. En tout cas cette campagne s’annonce mal en ce sens que, certains producteurs ont retiré leurs graines du marché et attendent les plus offrant tandis que d’autres ont commencé à vendre à leurs propres prix en déviant les points de collectes traditionnels. Autre écho, il ressort qu’en réalité, il n’ya pas de points de collectes dans le Saloum encore moins de ponts bascules pour entrer dans la campagne.
Tout ça pour ça! Après des séries de séances de travaux de réflexion et de concertation pour fixer le prix au kilogramme d’arachide à 250FCFA, voilà que le bassin arachidier, balaie d’un revers de main, les 250FCFA de l’Etat du Sénégal. Que s’est t-il réellement passé ? En silence, les producteurs ont machiné un plan bien muri pour contourner le prix fixé par les autorités qui se vantent, osons le dire de sa « prouesse » car ayant augmenté le prix au kg par rapport à la campagne de la saison dernière. En effet, des organisations paysannes ont donné le mot d’ordre de vendre leurs graines entre 300frs et 400frs. C’est le cas du syndicat des agriculteurs, cultivateurs et maraichers du Saloum qui ne s’en cache pas et assume cette posture.
D’après Abdoulaye Thiam, le chargé des revendications dudit syndicat, « un mot d’ordre a été donné aux producteurs, de ne vendre leurs graines qu’entre 300 et 400 frs, sans négociation aucune ». En tout état de cause, d’autres organisations d’agriculteurs, tout comme celle susmentionnée sont déterminées à braver les autorités sénégalaises qui, à leurs avis « se lient aux opérateurs privés pour sucer les paysans comme si ces derniers ne représentent rien dans ce pays ». Ce n’est pas tout puisque le Sg national dudit syndicat, lui est plus catégorique : « Les producteurs du Saloum vont tous vendre leurs graines à 400frs », non sans préciser que, « le paysan qui vendait le kg de ses graines à 300frs avant l’ouverture officielle de la campagne, n’imagine même pas les céder aux moins offrants ».
« Les autorités ne peuvent pas empêcher les producteurs d’écouler leurs graines à 400frs… »
Certes, les agriculteurs du Saloum dont certains ont choisi de préserver l’anonymat se disent conscients d’un fait, « forcément il y’aura des spéculations sur le prix même s’ils soutiennent que les autorités ne pourront pas contrôler la campagne au point d’empêcher les producteurs de vendre leurs graines au prix qu’ils ont déjà eux même fixé, c’est-à-dire 400fr ». Seulement, ces producteurs semblent omettre une chose, au niveau des points de collecte, frauder sur le prix devient quasi impossible dans la mesure où, des agents agréés y sont déployés. En réponse à cette hypothèse, d’autres agriculteurs expliquent qu’ils ne vont justement pas vendre leurs graines dans ces points de collecte mais à des points qu’ils auront créées pour la circonstance.
« La Sonacos n’aura pas le tonnage qu’elle s’est fixé si elle refuse d’acheter à 300 ou 400frs… »
Par conséquent, la Sonacos qui s’est fixé une quantité de graines cette saison risque de connaitre le même échec que l’année dernière. En effet rappellent nos confidences, le Dg de la Sonacos avait avoué l’échec de la société lors de la campagne de arachidière écoulée : « A la date du 18 décembre 2019, la Sonacos a collecté 1732 ,947 tonnes contre 5804 tonnes à la même date l’année 2018 et à 16472 tonnes pour la même date de l’année 2017. De plus, fort de la détermination des producteurs à mettre en vente leurs graines à 400frs, chez certains, ils estiment que la Sonacos est dans l’obligation de ne pas respecter le prix de 250frs, pour se plier à la volonté des producteurs qui d’un seul ton ont décidé de ne pas empocher les 250frs de l’Etat ».
D’après Ibrahima Badiane président de l’Association des agriculteurs du bassin arachidier, « la Sonacos risque de perdre plus que la saison dernière car bien qu’il y’a quelques jours j’avais pensé que les producteurs allaient respecter les 250frs fixé mais la situation est autre car ils refusent de céder leurs graines à ce prix ». Il poursuit que certains d’entre eux ont ramené leurs graines chez eux même avec 290frs le Kg ». Donc, il en conclut que la Sonacos qui selon lui ne sait pas ce qui se fait sur le terrain va tomber plus bas que l’année dernière.
« Il n’y pas de points de collecte, les autorités nous endorment… »
A chaque saison de commercialisation d’arachide, l’on entend parler de ces fameux points de collectes. Mais en réalité ils n’existent que de noms selon les producteurs interrogés qui selon eux sont face à des autorités qui les ne leur tiennent pas un langage de vérité car, « dans le bassin, il n’y a même pas de lieux dédiés à la collecte d’arachide ». D’ailleurs, enchaine le Sg du syndicat des agriculteurs de Nioro, Kéba Sokhna, « il n’y’a même pas de pont bascules encore moins de matériels nécessaire pour la collecte. Ce qui lui fait dire que les autorités endorment les paysans, car elles même le savent mais préfèrent fermer les yeux ».
« L’unité industrielle de la Sonacos nous envoie balader… »
Votre serviteur a tenté d’entrer en contact avec les responsables de l’unité industrielle de la Sonacos de Kaolack, en vain. D’abord c’est le chef de l’administration Oumar Badiane qui nous oriente vers le chef service agent graine basé à la direction générale de la Sonacos, Michelle Cissé qui lui, n’a trouvé autre mot que de nous servir ceci avec courtoisie tout de même : « Nous avons une cellule de communication qui décide de qui doit répondre à vos questions contactez le responsable… » Seulement Babacar Ndiaye nous fait toujours attendre depuis 48h.
Que chercherait à éviter la Sonacos ?
Une chose est claire, la Sonacos est dans l’impasse après la division dans les rangs de producteurs dont une large majorité s’est dite exclue dans les pourparlers ayant abouti à la fixation du prix du kg d’arachide. Dés lors, impossible d’espérer, elle aurait certainement compris que sa campagne est perdue d’avance puisque déjà la compagne de commercialisation débuté avant son lancement officiel, avec un prix qui avoisine les 300 frs comme constaté par votre serviteur sur le terrain.
Résultat avec des intrants, des semences, des champs chers, les producteurs avaient proposé entre 300 et 400frs le Kg ce que le régime en place n’a pas appliqué. Cependant, le fait le plus simple qui pourrait expliquer le mutisme de la Sonacos c’est qu’elle sait qu’elle est face à un dilemme. Voici alors des interrogations qui l’attestent : Est-elle prête à acheter l’arachide au prix fixé par les autorités ou à celui des producteurs dans la mesure ou la réalité saute à l’œil puisque ses radars l’ont informé certainement que le prix du marché est fixé à 300frs avant l’ouverture de la campagne. Donc, quelle posture adoptée ?
Céder à la pression des producteurs ou choisir l’échec de sa campagne comme l’année précédente. Ou sera l’intérêt de fixer le prix chaque saison ? Il est également important de souligner que la Sonacos devrait dire si elle prévoit des points de « collecte Sonacos » avec ses propres gérants ou elle s’approvisionne. Et combien elle en prévoie, dans quelle localité précisément si on sait que les faits les points de collecte n’existent pas en réalité contrairement à ce que nous racontent nos autorités si l’on se fie aux producteurs. Surtout que ces points de collectes qui devraient mis en place par la Sonacos seront évités sans aucun doute par les paysans. Il s’y ajoute comment compte- elle drainer les graines vers les centres de réception du bassin arachidier que sont Kaolack, Foundiougne, Kaffrine, Kédougou, Koungheul et Tamba dans ce contexte de tension.
Enfin, il serait bien que la Sonacos dise aux Sénégalais si elle a noué un partenariat avec des opérateurs privés stockeurs réellement pour la collecte des graines ou pas. Dans ce cas, la Sonacos pense- t-elle que ces opérateurs privés qui achètent à 300frs auprès des producteurs (ce qui est constaté sur le terrain), vont revendre à la Sonacos à 250frs, alors qu’ils ont contracté des prêts auprès des banques pour en tirer bénéfice. Pas besoin de réfléchir, ce sont des questions complexes qui semblent- ils ont fait que pendant 48h le « Témoin » cherche un interlocuteur au sein de l’unité industrielle de la Sonacos en vain.