LES PRODUCTEURS DE POMME TERRE ACCUSENT LES INDIENS DE CONCURRENCE DELOYALE
Cayar table sur une production de plus de 20 000 tonnes, cependant, ils ont exprimé déjà des inquiétudes sur l’issue de la campagne

La campagne 2020 / 2021 de production de pomme de terre est officiellement lancée à Cayar avec la réception des semences. Cette année, l’association des producteurs maraîchers de Kayar (apmK) a réceptionné 45 conteneurs de semences, soit 1 170 tonnes, pour une production attendue de plus de 20 000 tonnes.
La compagne de production de pomme de terre dans la zone des Niayes vient d’être lancée à Cayar, avec la réception de 45 conteneurs, soit 1 270 tonnes de semences. Et pour cette campagne 2020 / 2021, les producteurs de la commune de Cayar tablent sur une production de plus de 20 000 tonnes. Cependant, les producteurs ont exprimé déjà des inquiétudes sur l’issue de la campagne.
Selon Modou Fall Président de l’association des producteurs maraîchers de Cayar, la filière rencontre de sérieux problèmes depuis quelques années et liés surtout à la commercialisation. Il relève que les producteurs locaux sont victimes de la concurrence déloyale et malsaine des productions indiennes de Sen India qui inondent chaque fois le marché local.
En effet, les Indiens sont accusés de produire à volonté pour faire chuter les prix et décourager ainsi les acteurs locaux pour demain monopoliser la filière. Pour Modou Fall, il convient d’alerter dès à présent car les premiers semis auront lieu le 10 novembre et les premières récoltes de pomme de terre sont attendues au début du mois de février. D’où à ses yeux la nécessité pour l’Etat de prendre les décisions idoines pour protéger les producteurs locaux. Ce qui doit passer par une bonne régulation du marché et sur ce plan, il a interpellé l’Agence de Régulation des Marchés (ARM et le Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement Rural.
Pour lui, il faut aussi pousser les Indiens à faire en sorte que leur production cadre avec leur capacité de stockage, d’autant plus que les producteurs de la zone des Niayes sont dépourvus d’infrastructures de stockage et sont obligés de recourir à la méthode archaïque des meules de paille pour espérer conserver leurs récoltes. Et il reste convaincu qu’une telle situation fait partie des facteurs qui les mettent chaque année en position de perdants.
De l’avis de Modou Fall, il y a lieu donc que l’Etat prenne toutes les dispositions nécessaires pour protéger les producteurs locaux. En effet, renseigne-t-il, la pêche était l’activité économique principale à Cayar, mais avec la raréfaction progressive et continue des produits halieutiques, la population s’est tournée en masse vers l’alternative du maraîchage. Si ce secteur n’est pas bien encadré pour nourrir ses hommes, dit-il, il y a forcément le risque de voir la jeunesse emprunter en masse les pirogues du désespoir qui la mènera vers une catastrophe presque certaine. D’où à ses yeux l’urgence de prendre toutes les mesures de protection. Et à ce sujet, il affirme que la pandémie du coronavirus a déjà indiqué la voie, en montrant que chaque pays doit d’abord compter sur les opportunités locales. Autrement dit, les risques sont énormes de compter sur l’extérieur, sur les importations en masse. C’est pourquoi, dit-il, l’Etat du Sénégal doit davantage motiver les producteurs de pomme de terre, en agissant sur une subvention encore plus soutenue des semences.
Cette subvention était d’abord de 60% avant de chuter jusqu’à 50%, mais elle avait quand même permis de faire grimper la production, jusqu’à atteindre un niveau national de 100 000 tonnes. Mais, se désole Modou Fall, cette année, la subvention est de 46%, alors que la promesse avait été faite de la hisser encore au taux de 60%. Ce qui permettrait de réduire les coûts de production et donner de larges avantages, aussi bien aux producteurs qu’aux consommateurs.
Pour la campagne précédente, la commune de Cayar avait réceptionné 45 conteneurs de semences, pour une production de moins de 20 000 tonnes. Selon Modou Fall, cette baisse était consécutive au changement climatique observé, avec une forte chaleur qui avait impacté le développement végétatif. Et cette année, si les conditions s’améliorent véritablement, la production dépassera largement les 20 000 tonnes.