LE SG DU SUDES-ES DENONCE UN DETOURNEMENT DE FONDS PUBLICS POUR UN PRIVE FRANÇAIS
«La mise en place d’un campus franco-sénégalais montre que le gouvernement français veut bien de l’argent des étudiants africains solvables mais ne veut pas de leur proximité. »

Le Chef de l’Etat a posé, mercredi, en Conseil des ministres, un acte de plus dans la mise en place du campus franco-sénégalais, en nommant le français Jean Peeters à la tête de son Conseil d’Administration. Révolté par la nouvelle, le Secrétaire général du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal/section enseignement supérieur et recherche parle d’un détournement de fonds publics au profit d’un étranger, et qui auraient pu servir à relever la carte universitaire en proie à plusieurs difficultés.
«La mise en place d’un campus franco-sénégalais montre que le gouvernement français veut bien de l’argent des étudiants africains solvables mais ne veut pas de leur proximité. » C’est sous cet angle que le SG du Sudes/esr pose le débat sur la mise en place de cet espace universitaire au lendemain de la nomination d’un français à la tête du Conseil d’Administration du campus franco-sénégalais.
Interrogé par « L’As », Oumar Dia affirme ne pas être surpris par cette nomination inédite dans l’histoire du Sénégal. « Nous percevons ce campus comme une façon d’acter et de valider le projet du président Macron qui veut contenir les étudiants africains solvables en Afrique. C’est ce que le gouvernement et le Président Macky Sall ont exécuté à la lettre », s’offusque le syndicaliste. Cette nomination n’est rien d’autre, à ses yeux, que l’attitude du colonisé complexé qui pense que l’expertise n’appartient qu’à l’ancien colon et qui paie cette expertise au coût que lui fixe le colon.
Mieux, il déclare que ce projet « est un détournement de fonds publics pour un privé français. Parce que les fonds publics sénégalais, c’est pour les universités publiques sénégalaises. Le montage du campus franco-sénégalais qui est en train d’être fait, c’est qu’en réalité, on est en train de développer une université privée française au Sénégal sans que le privé français ne débourse le moindre le sou », s’indigne le SG du Sudes/esr.
Par ailleurs, il juge honteux que le gouvernement du Sénégal collabore avec ce projet inique au moment où les universités publiques agonisent faute de moyens. Pour Oumar Dia, cet argent du contribuable sénégalais mobilisé pour financer la mise en place de cette université privée française au Sénégal aurait pu servir à relever la carte universitaire, c’est-à-dire d’achever les chantiers de l’université publique et les conditions de travail des enseignants sénégalais et des étudiants.
Ulcéré, Monsieur Dia assure qu’il n’est pas question pour le Sudes/esr que les fonds publics sénégalais servent à un privé français qui veut développer un enseignement supérieur privé au Sénégal. « L’urgence nationale, c’est d’achever le chantier de l’Université Amadou Makhtar Mbow qui est à l’arrêt depuis longtemps, de continuer les travaux de l’université Sine-Saloum et de mettre en place l’Université du Sénégal Oriental dans la région de Tambacounda, comme cela était prévu par la concertation nationale pour l’avenir de l’Enseignement supérieur de 2013 qui a été acté dans les décisions présidentielles, et qui est resté en l’état 7 ans après », rappellet-il.
Sur cet esprit, renseigne-t-il, le Sudes/esr va protester vigoureusement contre cette situation. Car, estime le syndicaliste, si le gouvernement du Sénégal consent à être humilié par celui français, la communauté universitaire sénégalaise n’acceptera pas d’être humiliée par celle française.