«LES FEMMES ET LES FILLES TRAVAILLENT PLUS ET GAGNENT MOINS»
Les groupements de femmes membres du Groupe d’initiative pour le progrès social (GIPS/WAR) ont dressé un dur réquisitoire en ce qui concerne leurs conditions de vie, en affirmant qu’elles sont sous-évaluées.

Les groupements de femmes membres du Groupe d’initiative pour le progrès social (GIPS/WAR) ont célébré la journée mondiale de lutte pour l’élimination de la pauvreté.0 C’est le périmètre exploité par le groupement Takku Liggey de Ngembé Dieng, membre de GISP/WAR, qui a abrité l’évènement. A cette occasion, les femmes ont dressé un dur réquisitoire en ce qui concerne leurs conditions de vie, en affirmant qu’elles sont sous-évaluées.
En dépit des efforts faits depuis plusieurs années, les conditions de vie des femmes évoluent de façon extrêmement lente. En effet, elles sont confrontées à plusieurs obstacles tant sur le plan juridique que sur le plan culturel, qui sont listés à longueur de journée, mais les solutions définitives tardent à venir. Ce qui a poussé les groupements de femmes membres du Groupe d’initiative pour le progrès social (GIPS/WAR) à dresser un dur réquisitoire en ces termes : «Les femmes et les filles restent sous-évaluées, elles travaillent plus et gagnent moins, avec des perspectives plus limitées. Elles subissent des formes diverses de violence chez elles et dans les lieux publics. Un recul des avancées féministes durement acquises est par ailleurs à craindre.» C’était lors de la célébration de la journée mondiale de lutte pour l’élimination de la pauvreté, qui se féminise d’année en année, par les femmes membres de GIPS/WAR, un réseau de femmes agricultrices en zones périurbaines et rurales. C’est le périmètre fonctionnel de 3 ha de Ngembé Dieng Keur Massaër, dans le département de Thiès, qui a abrité l’évènement, pour rendre visible le concept «Bày Dunde» de GIPS/WAR.
Selon Julie CisséDirectrice Exécutive et Coordonnatrice de GIPS/WAR, contexte de pandémie du coronavirus oblige, trois dates importantes sont célébrées en même temps. Il s’agit, au-delà de cette journée dédiée à l’élimination de la pauvreté, de la journée internationale de la femme rurale célébrée chaque 15 octobre, mais aussi de la journée de l’alimentation le 16 octobre. Et selon elle, les trois thématiques sont étroitement liés et concerne l’agenda 2030 de GIPS/WAR. Elle ajoute : «L’objectif général de la célébration des journées mondiales est de faire entendre la voix des femmes et filles rurales, pour un accès à des infrastructures durables, aux services publics et à la protection sociale au service de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles des régions rurales.»
Le choix du périmètre de Ngembé Dieng s’explique par le fait que le village était un épicentre de la pauvreté. En effet, selon Julie Cissé, les femmes quittaient le village à 5 heures du matin pour aller à Thiès et certaines allaient au marché central pour de petits travaux autour du poisson, tandis que d’autres allaient faire le linge dans les familles ou s’adonnaient aux travaux domestiques. Elles étaient obligées de rentrer à 14 heures au village pour s’occuper de la popote familiale. Mais depuis 8 mois, dit-elle, avec le périmètre de 3 ha obtenu grâce à la bonne volonté et à la plaidoirie pour l’accès des femmes à la terre, et exploité par le groupement Takku Liggey de Ngembé Dieng, membre de GISP/WAR, plus de 75% des femmes restent maintenant au village et s’adonnent à des activités économiques qui leur permettent de scruter l’avenir avec plein d’espoir. Elle affirme que la pandémie de la COVID-19 a fini de montrer la fragilité de nos systèmes de sécurité alimentaire et de tels modèles de périmètres sont de nature à assurer la sécurité alimentaire des familles, non seulement du village de Ngembé Dieng, mais des villages environnants.
D’ailleurs, dit-elle, le périmètre de Ndiéfoune Farba, dans la commune de Touba Toul, a bien démontré cette thèse. En effet, Ndiéfoune Farba était jadis un lit de pauvreté et d’insécurité alimentaire, et c’est ainsi que les bras valides étaient obligés de migrer vers les centres urbains en période de saison de sèche. Mais la tendance est fortement atténuée par l’exploitation du périmètre maraîcher de 4 hectares aménagé par GIPS/WAR, appuyé par le ministère allemand de la Coopération à travers une initiative dénommée «Hilfe für Afrika». Lors de la période de couvre-feu consécutive à la pandémie du coronavirus, ledit périmètre maraîcher s’est positionné comme une réponse locale aux difficultés liées aux restrictions consécutives au couvre-feu, pour la simple raison que tous les villages environnants venaient s’y approvisionner en légumes frais.
Ainsi, «GIPS/WAR cherche à donner aux femmes rurales agricultrices le pouvoir économique de jouer un rôle moteur dans les efforts, visant à réduire la vulnérabilité des communautés agricoles pauvres face aux effets néfastes du changement climatique. Cela passe par la promotion de la gestion intégrée de l’eau, la réhabilitation des terres forestières dégradées, la protection des écosystèmes de mangrove et la conservation de la biodiversité agricole, afin de renforcer la résilience des communautés au changement climatique et la lutte contre la désertification au Sénégal. L’augmentation de la production agricole etla diversification pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, l’utilisation efficace des ressources en eau et la génération de revenus figurent parmi une foule d’initiatives visant à soutenir les activités d’adaptation au changement climatique en utilisant les ressources locales».