ELON MUSK QUITTE LE GOUVERNEMENT TRUMP APRÈS L'ÉCHEC DU DOGE
Le patron de Tesla et SpaceX abandonne son poste de conseiller de Donald Trump, juste avant la date butoir qui l'aurait obligé à rendre des comptes au Congrès

(SenePlus) - Elon Musk a annoncé son départ du département de l'efficacité gouvernementale (DOGE) qu'il dirigeait depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump le 20 janvier dernier. Cette décision, survenue samedi 24 mai lors d'une panne massive du réseau social X, marque la fin d'une aventure politique qui s'est soldée par un échec retentissant.
"Retour au travail 24 heures/24 et 7 jours/7, et à dormir dans les salles de conférences, les serveurs et les usines. Je dois me concentrer sur X/xAI et Tesla (ainsi que sur le lancement de Starship la semaine prochaine), car nous déployons des technologies critiques", a posté le milliardaire sur son réseau social, comme le rapporte Le Monde.
Le timing de cette annonce n'a rien du hasard. "Cette décision intervient juste avant la date butoir du 28 mai, soit 130 jours après sa nomination, durée maximale qu'il pouvait passer au sein de l'équipe gouvernementale sans remplir des obligations de transparence et de contrôle du Congrès", indique le quotidien français.
Le patron de Tesla et SpaceX, qui avait investi près de 300 millions de dollars dans la campagne électorale de 2024, se retire également partiellement de la politique. "Je vais faire beaucoup moins dans le futur. Je pense que j'en ai fait assez", a-t-il confié à l'agence Bloomberg le 20 mai.
Un bilan désastreux pour le DOGE
L'aventure du DOGE, censée rapporter 1 000 milliards de dollars d'économies au budget américain, s'est transformée en fiasco. Jason Furman, économiste à Harvard, dresse un constat sans appel dans les colonnes du Monde : "créé un chaos microéconomique sans impact macroéconomique. C'est certes un désastre pour l'aide [américaine au développement avec notamment la fin des activités de l'agence Usaid] mais l'ampleur globale des dépenses n'a guère changé".
"Elon Musk n'a réussi selon les données de son propre site qu'à économiser 170 milliards de dollars, moins d'un dixième du déficit public américain", précise Le Monde. Pire encore, ses mesures pourraient paradoxalement alourdir le déficit, les licenciements dans les effectifs du fisc risquant d'entraîner une baisse de la collecte de l'impôt.
L'entrepreneur s'est heurté à quatre adversaires majeurs. Le premier fut Donald Trump lui-même, qui "l'a empêché de facto de sabrer dans les trois postes principaux de dépenses de l'Etat fédéral – la retraite par répartition (Social Security), la santé des personnes âgées (Medicare), et la défense".
Les tensions avec l'équipe gouvernementale ont également joué un rôle crucial. "Une altercation mémorable en réunion de cabinet le 6 mars a obligé Donald Trump à tempérer son conseiller", révèle Le Monde. Le désaveu fut patent quand Trump remercia mi-avril le favori de Musk nommé à la tête du fisc.
Un retrait qui fait écho à l'histoire
David Nasaw, professeur d'histoire émérite à l'université Cuny de New York, résume dans le New York Times : "Elon Musk pensait pouvoir changer le cours de l'histoire. Au lieu de cela, elle l'a brisé". Son parcours s'ajoute à la longue liste des entrepreneurs ayant échoué en politique, à l'image d'Henry Ford ou plus récemment de Rex Tillerson.
Malgré cet échec politique, Elon Musk se tourne vers l'avenir avec trois priorités. "Nous aurons probablement des centaines de milliers, voire plus d'un million, de Tesla autonomes aux Etats-Unis", a-t-il annoncé à CNBC le 20 mai, visant un lancement d'ici fin 2026.
SpaceX devait également tenter mardi 27 mai le lancement d'une nouvelle fusée Starship de 122 mètres pour accélérer le programme lunaro-martien. Selon Le Monde, citant le Wall Street Journal, "ces fusées pourraient être utilisées pour transporter du matériel sur le champ de bataille en une heure de l'autre côté de la planète".
Enfin, Musk se positionne dans la course à l'intelligence artificielle. "Son passage à Washington lui a permis de fusionner X avec sa société xAI, résolvant le problème de la dette accumulée lors du rachat de Twitter pour 44 milliards de dollars".
L'entrepreneur, qui s'affublait de pseudonymes sur son réseau social, a repris son patronyme d'Elon Musk, "faisant mine de tenter un retour aux affaires, comme si rien ne s'était passé", conclut Le Monde.